03/06/2015
18:38:27
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[RP] Le Journal de Vasil - Légende du net.

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Photo conceptuelle
Photo conceptuelle de la "forteresse de Podilskyï", lieu d'accueil du centre spécial selon le mythe sur internet.

Note pour les lecteurs : Phénomène sur le net novigradien, le « journal perdu de Vasil » est considéré comme une légende de la toile bien qu’elle cristallise de nombreuses théories du complot pour les internautes. D’après les rumeurs, les pages de ce journal auraient été retrouvés à l’intérieur d’une bouteille en plastique près d’un ruisseau dans une région normalement inhabitée de l’Ourak dans le nord du pays. Les autorités ont plusieurs fois démenties cette histoire dénonçant un fantasme populaire des internautes novigradiens. Bien évidemment, l’auteur de cette histoire n’a jamais été retrouvé, « Vasil » étant probablement un pseudonyme d’écrivain.

[Journal de bord – Automne 2002]
[Premier Jour]


Je me réveillais haletant, épongeant mon front en sueur avec la manche de ma chemise. Malgré mon excitation évidente, je n’arrivais pas à me détendre, un mauvais pressentiment habitant mes rêves depuis déjà plusieurs jours. Il faut dire que les rumeurs à propos de cet endroit ne manquaient pas de se rendre effrayante et l’obsessionnelle prudence de mes nouveaux employeurs n’avait fait que renforcer mon sentiment naissant de malaise. C’était ma première mission journalistique sous couverture, ce qui devait être l’article qui allait lancer ma carrière dans le milieu occupait toutes mes pensées. Bien sûr, la rédaction s’était montrée réticente lorsque j’avais évoqué l’idée d’une enquête sur les rumeurs qu’on trouvait en ligne depuis quelques temps. L’infiltration au sein d’un programme fédéral avait de toute façon ses risques et il avait été d’ailleurs très difficile de convaincre les recruteurs que je n’étais qu’un jeune aide-soignant en quête d’un travail. C’est de cette manière que je m’étais embarqué dans le prochain convoi de ravitaillement qui rejoignait ce complexe gouvernemental dont la localisation était inconnue du public. Mon chauffeur s’était d’ailleurs assuré que je ne puisse pas voir la route en m’affublant d’une place dans la remorque d’un camion militaire de transport.

Le cliquetis des suspensions se heurtant aux nombreux nids de poules sur cette route si mal goudronnée ainsi que le vrombissement en provenance du moteur à bout de souffle de ce camion vieillissant, me sortaient finalement de mon songe. Me débattant avec ma ceinture trop serrée, je me détachais dans l’espoir de trouver un indice sur le lieu où nous nous trouvions. Tout en enjambant les nombreuses caisses de ravitaillement, je me rapprochais enfin de ce qui semblait être une mince ouverture vers l’extérieur causée par une défaillance mécanique de la charnière qui retenait la porte-arrière du camion, bien évidemment l’extérieur était tout aussi énigmatique que ce qu’on pouvait imaginer. Tout autour, je n’apercevais qu’une forêt lugubre vêtue de sa robe d’automne qui encerclait d’ailleurs de part et d’autre l’improbable route qui la traversait. J’avais l’impression qu’on se trouvait quelque peu en altitude mais mon expérience de citadin ne me permettait pas d’en être complètement certain surtout que je n’apercevais alors qu’une infime partie de la route. Après un moment d’hésitation, je me décidais à reprendre ma place et à dormir un peu tant l’attente semblait interminable à ce moment-là.

Bientôt sans que je ne m’en aperçoive, je me réveillais de nouveau sur mon siège rudimentaire coincé entre deux tonneaux de carburant. Cette fois-ci je sentais bien que le camion était à l’arrêt, à l’extérieur j’entendais le vacarme du vent qui s’abattait contre la carcasse du véhicule. Mon chauffeur discutait bruyamment avec un autre homme dont l’accent me rappelait inévitablement le patois slave de l’Ourak. La nausée montait subitement en moi, mon cœur s’accélérait frappant ma cage thoracique tel un forgeron sur une enclume, je comprenais finalement que mon aventure commençait dès maintenant. Après une petite dizaine de minutes qui me parurent presque une heure, on se décidait enfin à me libérer de la remorque qui me retenait tel un prisonnier clandestin. Mon chauffeur m’invita à descendre m’indiquant sans ménagement et avec son habituelle vulgarité que nous étions arrivés à destination.

Je découvrais alors pour la première fois ce qui allait être l’objet de mon enquête, pris d’une pointe d’émotion je restais silencieux et immobile quelques instants, détaillant d’un regard surpris l’environnement qui m’entourait. Construite au flanc de la montagne, cette vieille forteresse réhabilitée en « centre spécial de réhabilitation pour les jeunes orphelins en difficultés » me paraissait encore plus lugubre que ce que j’avais imaginé. L’endroit ressemblait plus à une prison fortifiée qu’à un centre éducatif pour des enfants turbulents, les gardiens portaient d’ailleurs des uniformes militaires et quelques-uns étaient mêmes armés de fusils-mitrailleurs. Je commençais à me dire que les rumeurs étaient finalement peut-être vraies, je m’étais de toute façon douté dès le départ qu’il y avait quelque chose d’étrange à propos de ce lieu, le financement fédéral qu’il recevait était bien supérieur aux habituels budgets de ce genre d’établissement.

Rapidement on me convia à l’intérieur de l’édifice impressionnant, un secrétaire administratif au visage grave m’interrogea pendant environ une demi-heure examinant en détail par la même occasion le contenu de ma lettre d’embauche. Quant enfin ce dernier fut véritablement satisfait, il m’invita à le suivre à travers les couloirs bétonnés de la forteresse. En tant qu’aide-soignant novice disposant d’une faible accréditation, je n’avais pour l’instant pas vraiment le droit d’explorer le lieu. Je me persuadais donc de me tenir à carreau pour les premiers jours, le temps pour moi de comprendre dans quelle situation je m’étais fourré. Sans surprise, l’endroit ressemblait plus à un hôpital-prison qu’à autre chose tandis qu’on me guidait à travers ce dédale perturbant de couloirs, j’observais les portes blindés marquées de mystérieux numéros, lorsque je tentais de questionner mon guide à ce propos, il m’ignorait m’invitant à le suivre dans le silence. Après un moment, j’arrivais finalement à ce qui allait être ma chambre pour les prochaines semaines, c’était une petite pièce confortable qui disposait même de sa propre fenêtre offrant d’ailleurs une agréable vue sur la vallée en contrebas de la forteresse. Un petit lit, une table rudimentaire avec une chaise ainsi qu’une armoire ancienne meublaient cette chambre qui semblait n’avoir pas été occupée depuis un moment, c’est du moins ce que témoignait la fine couche de poussière présente sur les draps de mon nouveau lit.

Dehors, la nuit tombait tranquillement, on apercevait déjà la robe rougeoyante de l’astre qui disparaissait lentement à l’horizon à travers le cime des arbres qui recouvraient les environs inhabités et inhospitaliers, on devinait déjà les contours de la pleine lune qui allait inonder la vallée de sa pale lueur nocturne. Je ne commencerais à travailler que le lendemain matin alors je me décidais à explorer l’étage où se trouvait ma chambre. C’était sans aucun doute, l’étage réservé au petit personnel, il y avait plusieurs salles de bains communes ainsi qu’une large pièce servant de réfectoire et de cuisine pour les occupants de l’étage. Etrangement, je ne rencontrais personne ce soir-là, la plupart des chambres semblaient inoccupées et celles qui ne l’étaient pas étaient fermées à double tour. Devinant que je n’avancerais pas beaucoup ce soir, j’avalais un modeste bol de Borsch, cette soupe à la betterave très appréciée des habitants de la région de l’Ourak. Puis je retournais dans ma chambre profitant de l’occasion pour écrire ces quelques lignes avant de m’offrir enfin une bonne nuit de sommeil avant la journée de demain qui s’annonçait déjà trépidante.
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[Jour 2]

On me tirait de mon lit à l’aube, m’enjoignant de descendre au deuxième étage avant 7h du matin. Tandis que je me dirigeais vers l’une des salles de bains qui étaient à ma disposition, j’en profitais pour jeter un œil timide à ceux qui allaient être mes collègues pendant cette enquête sous couverture. Je croisais tout d’abord un vieil homme, celui-ci se promenait alors presque dénudé dans le couloir, sans une once de gêne, il me salua avant de s’éloigner rapidement en direction de sa chambre. Ensuite alors que j’allais atteindre ma salle de bain, je tombais nez à nez avec une jeune femme, l’air agacée, elle m’évita avant même que je trouve le temps de lui dire quelques mots. J’apprenais plus tard qu’elle s’appelait en fait Alexa et qu’elle était l’assistante de l’infirmier en chef. Je découvrais d’ailleurs cela alors que je me rendais à la rencontre avec mon tuteur pour cette première journée de travail. L’infirmier présent s’appelait Maximos, il était en charge de l’accueil des nouveaux, celui m’indiqua toutes les instructions que je devais absolument retenir. L’une d’elle m’interloqua fortement, je n’avais pas le droit d’adresser la parole aux pensionnaires. Je me rassurais en me disant qu’après-tout les adolescents détenus ici étaient généralement condamnés par la justice et qu’il y avait donc une ambiance carcérale qui n’avait rien à envier aux prisons pour les jeunes. Ce matin j’avais la charge de servir le petit-déjeuner à un groupe de pensionnaires, je n’hésitais pas à faire savoir ma surprise étant normalement engagé comme aide-soignant. Maximos déclara avec un air de dédain qu’ici les aides-soignants servaient à toutes les tâches et j’allais parfois devoir sortir du domaine médical pour lequel on m’avait engagé.

Dans le réfectoire, je croisais enfin pour la première fois, les jeunes adolescents qui vivaient dans la forteresse. Tandis que je servais les assiettes aux différentes tables, j’observais d’un œil curieux les pensionnaires. Ce groupe-là réunissait seulement des garçons dont l’âge devait se situer entre 10 et 13 ans. Ils étaient tous étrangement imberbes et chauves, comme si ce groupe réunissait des garçons atteints de leucémie pourtant rien n’indiquait que le centre accueillait des enfants malades. La plupart n’osaient pas me regarder et il régnait un étonnant silence de plomb dans la pièce tandis qu’ils dévoraient tous goulument le petit-déjeuner que je leur servais. Dans un coin de la pièce, un gardien me suivait du regard avec insistance, croisant les bras avec un air menaçant, il m’intimidait pas mal, aussi je décidais donc de faire semblant de ne pas l’avoir vu. Après le petit-déjeuner, on me laissa à la plonge pendant près de deux heures avant de finalement me libérer pour que je puisse prendre une pause à mon tour. Je fumais alors une cigarette dans la cour de la forteresse, tout en observant discrètement l’intriguant va-et-vient des médecins en blouse blanche qui visitaient tour à tour les différentes ailes séparées de l’édifice. Je n’avais toujours pas eu l’occasion de discuter avec un médecin ou même un gardien, jusqu’ici seuls les autres aides-soignants ainsi que les infirmiers m’adressaient la parole, j’espérais que j’aurais plus de chance dans les jours à venir. Surtout qu’on ne me laissait toujours pas me promener à ma guise, j’étais constamment sous la surveillance de quelqu’un.

La suite de la journée fut très banale et épuisante, on m’assigna tour à tour plusieurs corvées de nettoyage, de lessive et même de cuisine. Je ne rencontrais pas grand monde et je n’étais toujours pas en contact avec les pensionnaires, il faut dire que l’infirmier Maximos s’était déjà plaint plusieurs fois de mes papotages, je décidais donc de rester discret pour le reste de la journée. Toutefois la soirée s’avéra plus intéressante, alors que j’allais prendre mon diner, je me retrouvais seul au réfectoire avec la fameuse Alexa que j’avais rencontré plus tôt dans la journée. C’était une brunette au teint blafard et aux yeux bleus, cette fois-ci elle me sembla plus sympathique et disposée à la discussion, je tentais donc ma chance tandis que je dégustais un sandwich à la même table qu’elle. Par chance, elle accepta de discuter un peu avec moi, j’apprenais donc qu’elle était ici depuis déjà trois mois et qu’elle espérait rester encore six mois de plus. C’était une fille d’Ouressa, la capitale provinciale de l’Ourak, elle avait abandonnée dans sa jeunesse ses études d’infirmière et s’était finalement retrouvée en difficulté financière. Elle avait donc accepté ce travail pour pouvoir rembourser ses dettes et puis la solde était bonne après-tout. Elle éluda rapidement mes questions sur la nature de cet endroit prétextant ne pas vraiment en savoir plus que moi, je soupçonnais bien évidemment qu’elle en sache plus que ce qu’elle ne veuille bien me dire mais j’abandonnais mon interrogatoire afin d’éviter d’éveiller ces soupçons. Après un moment, je décidais d’aller me coucher, profitant de la tranquillité de ma chambre pour continuer ce journal. J’espère que les prochains jours me permettront d’en apprendre plus, nous verrons...
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