11/05/2017
22:54:42
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale Archives des Rencontres Internationales Rencontre abandonnées et / ou impliquant des pays disparus

Fraternité en Afarée de l'Est [Rencontre Banairah/Yufraïstan]

Fraternité en Afarée de l'Est : rencontre entre les représentants du Banairah et du Yufraïstan à Abunaj

Pour une fois, il ne faisait pas si chaud à Abunaj, capitale de la République Directe. Pas que cela soit mieux ou quoi que ce soit d'autre : les Abjan, comme le reste des Banairais, étaient plus qu'habitués aux températures élevées, et pour les moins résistants, il y avait toujours possibilité de trouver refuge sous les palmiers et facades qui arrivaient plus ou moins à prodiguer aux passants une ombre rafraîchissante. Le quartier de l'Ambe, à savoir le Ministère des Affaires Extérieures, était mieux logé que le reste de la ville : axé autour de la Grande Arche, le boulevard traversant toute une partie de la périphérie de la capitale, il s'était fait doté au cours des siècles de multiples oasis artificielles et trottoirs arborés. Il s'agissait d'ailleurs d'une des rares routes de gros calibre de la ville qui curieusement ne croulait pas sous les automobiles : ici, on préférait les transports en commun comme les trams ou les vélos, moins chers et remarquablement entretenus. A l'extrémité de la Grande Arche se trouvait l'aéroport international d'Abunaj ainsi que l'aéroport dédié aux cortèges diplomatiques. La Grande Arche était également réputée pour ses nombreuses bâtisses et œuvres artistiques qui depuis sa création complétaient ses côtés. Ainsi, dès la sortie du jet privé, les représentants pouvaient admirer ce que le Banairah faisait de mieux en art, prenant leurs premiers repères dans un cadre idyllique. Comme quoi, ce n'était pas pour rien que la capitale était vue et reconnue comme la vitrine du Banairah : après tout, cela était vite devenu la raison même de son existence, mis à part les considérations terre à terre de regroupement des institutions politiques. Certains avanceraient que même celles-ci jouaient un rôle crucial dans l'image du pays : en montrant une relative centralisation du pouvoir, l'état banairais affichait un visage bien plus compréhensible et rassurant au monde extérieur. Et en cette rencontre entre une démocratie directe et une monarchie absolue, chose pour l'instant jamais encore rencontré dans le paysage politique national depuis des décennies, cela prenait tout son sens.

Le programme était simple mais chargé : après la réception de la délégation à l'aéroport, l'ensemble des représentants discuteraient d'accords, commerciaux entre autres, au sein du Ministère des Affaires Extérieures. Etant donné la proximité géographique des deux pays, le Khasser attendait beaucoup de cette réunion : avec les événements du Varanya, une unité continentale ou au moins régionale était plus que nécessaire afin d'éviter qu'un tel scénario n'arrive de nouveau. Il s'agissait également, bêtement et méchamment, d'œuvrer pour la sûreté des convois maritimes dans la zone et de trouver de nouveaux marchés étrangers. Quoiqu'il en soit, l'acceptation de l'invitation par le gouvernement du Yufraïstan constituait déjà une étape, certes simple, mais encourageante.
La rencontre diplomatique avec les représentants du Banairah à Abunaj était le premier voyage diplomatique du nouveau et jeune — très jeune, même — roi, Farez. Son couronnement officiel n'avait pas encore eu lieu, mais cela n'empêchait pas le souverain de gouverner légalement sur le pays et de représenter son peuple à l'étranger. En cette journée spéciale pour lui, le Roi Farez était légèrement stressé. Quoi de plus normal pour un enfant aux lourdes responsabilités. Mais les responsabilités n'étaient pas l'unique préoccupation du Roi : le voyage en jet privé ne le rassurait pas, et pour cause : l'accident demeurait un traumatisme dans son esprit. En regardant par les hublots de l'avion, il pouvait admirer les montagnes de Manah, chaîne yufraï qu'il fallait survoler pour quitter le pays en direction de l'ouest. Les pics s'échappaient du sol comme des griffes. Que les montagnes étaient proches de l'avion ! Mais le Roi restait silencieux, contemplant la menace comme si cela lui permettait de mieux vaincre la peur qu'il en avait. Nul doute, Farez savait garder son sang froid, malgré son jeune âge ; qu'aurait-on dit d'un roi qui ne sait garder raison ?

La veille, le Roi et son premier ministre s'étaient entretenus pour discuter de la rencontre. L'inexpérience du jeune Roi avait obligé le ministre Malik Al-Yafer de lui faire la leçon sur les arts et coutumes des rencontres diplomatiques. Bien évidemment, il était hors de question que le Roi s'y rende seul, Malik tenait à être présent pour aiguiller les décisions du Roi. Que savait-on de ce que le Roi aurait pu décider ? Après tout, il n'était qu'un enfant, à l'esprit encore perturbé par la perte de ses parents.

C'est ainsi que le Roi et son premier ministre, accompagnés d'un interprète et deux gardes du corps issus de la garde royale du Yufraïstan, arrivèrent à l'aéroport d'Abunaj. Le Roi Farez fut le premier à sortir de l'avion, à son grand soulagement, et tomba en admiration devant les couleurs et les œuvres que le Banairah affichait à l'entrée de son territoire. Le garçon aimait les couleurs : il fallait dire qu'il en avait l'habitude. Le palais royal d'Al-Zalaad regorgeait également de tons variés, et la tenue du Roi, aux rouges et ors, n'était que preuve de cette richesse de teintes. L'enfant descendit alors les marches jusqu'au bitume de l'aéroport, sautant à pieds joints la dernière marche. Et, un peu perdu, ne sachant qui saluer en premier, il se retourna pour attendre son oncle et premier-ministre, espérant de lui qu'il lui montre l'exemple.

L'homme descendit d'ailleurs pour retrouver le Roi. D'une main dans le dos, il guida le Roi Farez en direction des représentants du Banairah. Farez était un peu intimidé, mais passant outre son ressenti, il tendit la main vers eux, et les salua en arabe. Le premier ministre adressa à son tour ses salutations, en langue arabe, que l'interprète s'empressa de traduire en Tehak.

« Bonjour. C'est un honneur pour moi, le Roi et le peuple Yufraï de rencontrer enfin les représentants de la République Directe de Banairah. Nous vous remercions pour votre accueil dans ce beau pays qu'est le vôtre. »
《C'est assurément un plaisir partagé. Avez-vous fait bon voyage ? répondit Saroud Al'Tenhè, le Khasser du Banairah. À son tour, la ministre des Affaires Extérieures salua les représentants du Yufraïstan. Venez, nous allons rejoindre le Ministère, continua-t-il.》
L'escorte diplomatique se mit donc en route, empruntant un segment de la Grande Arche puis la route menant à l'Ambē. Même si Saroud connaissait cette route par cœur, elle ne cessait de l'émerveiller : que de sculpteurs, peintres, architectes étaient passés par là au fil des siècles ! Assurément, on pouvait difficilement faire mieux en matière de tourisme express.

Et, arrivant au bâtiment, passant les imposantes portes, traversant le couloir et le patio, ils arrivèrent à la salle de réunion choisie pour la rencontre. Éclairée par des fenêtres donnant sur le patio et agrémentée de plantes discrètes mais très ornementales, la pièce apportait un puissant sentiment de réconfort. Des tapis aux motifs arabiques recouvraient le sol du centre de la pièce, protégeant les pieds de sièges confortables et d'une table servant thé et fruits confits, comme le voulait la tradition d'accueil. Connaissant les invités, l'administration avait pris soin de suivre celle-ci : la délégation du Yufraïstan, pays arabe très traditionnel, y seraient probablement sensibles. Et quelle meilleure méthode pour mettre ses interlocuteurs en confiance ?

Et alors qu'on leur servait leur thé, Saroud entreprit d'ouvrir l'échange en lui-même :

《Comme nous vous l'avions proposé lors de l'organisation de cette rencontre, nous souhaiterions vous proposer de créer une mission diplomatique et d'envisager des échanges commerciaux entre nos deux pays. À la vue des derniers événements ayant secoué le Varanya, nous aimerions également vous proposer un plan de coopération pour sécuriser notre région contre les déstabilisations et intrusions étrangères. Commençons donc par le plus simple : nous vous proposons la mise à disposition de locaux d'ambassade au sein de notre capitale afin d'y entretenir une équipe de liaison entre nos deux pays, et de faire de même en votre pays. Pour ce qui est du commerce, nous avons plusieurs propositions à vous faire, mais tout dépend des accords que vous êtes prêts à tisser : quelles limitations possédez-vous en votre pays dans ce domaine ? 》
Haut de page