11/05/2017
22:44:00
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale Archives des Rencontres Internationales Rencontre abandonnées et / ou impliquant des pays disparus

Rencontre entre la Thidarie et le Jashuria

1686

Rencontre entre l’Etat populaire de Thidarie et la Troisième République du Jashuria



Palais du Suprême

La rencontre a lieu le 16 janvier à Thawdar, la capitale de l’Etat populaire de Thidarie. Pour la première fois de la décennie, le Suprême recevait une délégation étrangère dans son palais. Le but n’était pas de sortir la Thidarie de son isolationnisme mais de normaliser ses relations avec son voisin géant. L’Etat populaire de Thidarie ne souhaitait que la paix à l’extérieur mais à l’intérieur, c’était une autre histoire, la Thidarie avait instauré un système totalitaire où aucune contestation n’était permise. Quiconque tentait de fuir le pays était fusillé sur-le-champ et de toute façon il fallait du courage pour traverser les hautes montagnes qui entouraient (étouffaient) le pays.

Le Palais était à l’image de son Suprême, intimidant et de jaune vêtu. Le jaune était d’ailleurs la couleur exclusive du Suprême, aucun Thidarien n’avait droit de le porter. La délégation jashurienne qui faisait le long périple pour arriver jusqu’au Palais ne pourra pas voir l’état de délabrement des campagnes, elle n’aura droit qu’à deux images du pays: celle du port par lequel elle est arrivée et le Palais. Le Suprême ne voulait pas refléter une tout autre image de la Thidarie qui serait négative. Mais il sera question durant la rencontre d’aborder des questions économiques et trouver de nouveaux débouchés aux produits de ses manufactures…

Vers quinze heures, le Suprême Chankrisna Khaing attendait ses invités sur son trône. Ces derniers recevront les dernières touches de maquillage. Il avait également été demandé à la styliste de choisir une tenue adéquate si la Première Ambassadrice du Jashuria était une femme séduisante. Face au Suprême, elle devra s’asseoir en tailleur sur un coussin moelleux. En effet, dans la plupart des foyers thidariens, on n’utilisait pas de chaises, on s’asseyait à même le sol.
4365
Entrer en Thidarie était l’expérience la plus éprouvante que Lalana Preecha avait du affronter depuis ses passes d’armes avec l’Empire Listonien. Si le Ministre Costa était un rustre et le porte-parole Santos un idiot fini, ils restaient peu dangereux en comparaison. Ils aboyaient beaucoup, mais ne mordaient pas. Mais la Thidarie, en revanche, était un autre type de menace … Ce pays, retranché derrière ses montagnes, s’était complètement isolé à la suite de la montée en puissance du Suprême. Le Jashuria n’avait pas pu intervenir à l’époque, bien trop occupé à essayer de stabiliser sa propre contrée et à développer son économie. Il n’en restait pas moins que la présence d’une dystopie totalitaire aux portes de la Troisième République du Jashuria était une source d’inquiétude, même pour les députés les plus placides du Cercle Extérieur et les ministres du Cercle Intérieur.

Le Jashuria avait timidement établi des relations diplomatiques avec son inquiétant voisin. Si la république ne doutait pas pouvoir affronter pied à pied la Thidarie et la balayer d’un revers de la main, l’éventualité d’un conflit ouvert avec cette nation n’était en rien une perspective plaisante, surtout à une période où le Jashuria cherchait à apparaître comme une nation capable de régler les conflits à la pointe d’une plume et non à la pointe d’un glaive. La Thidarie pouvait rester une dystopie totalitaire, avec un peuple asservi et fanatisé, tout cela satisfaisait le Jashuria, du moment que des relations pacifiques pouvaient être nouées. Après tout, il valait mieux conserver une ligne de communication, même avec ses ennemis.

A mesure que Lalana Preecha et son interprète franchissaient les checkpoints et les mesures de sécurité outrageusement complexes imposées par le Suprême et son administration, l’ambassadrice éprouvait un sentiment d’extrème impuissance. Même l’Empire Latin Francisquien n’était pas aussi sévère dans son protocole de sécurité. Il était probable qu’en cas de faux pas, elle ne puisse ressortir vivante de son entrevue. Ceci entrainerait une guerre et des milliers d’innocents se retrouveraient criblés de balles ou éparpillés par les tirs de mortiers. La pression qui pesait sur ses frêles épaules était énorme à ce moment.

Arrivée dans l’antichambre, la Première Ambassadrice fut assaillie par une armée de petites mains serviles, qui lui imposèrent de se changer, comme le protocole l’exigeait. Le jaune était proscrit. Seul l’énigmatique Suprême avait le droit d’en porter. C’était une certaine constante dans les monarchies nazumies : l’aristocratie, pour se distinguer, portait des couleurs difficiles à se procurer. Cela permettait de marquer un certain ascendant sur le bas-peuple. Le styliste en charge de la garde-robe impériale ne mit pas longtemps à faire venir les tenues préparées et sélectionnées par le Suprême en personne. En quelques minutes à peine, Lalana s’était retrouvée vêtue d’une splendide robe de soie rouge rubis aux motifs impériaux. Les maquilleuses, muettes comme des carpes, finissaient leur ouvrage sur son visage, créant une image parfaite de l’ambassadrice. La dernière fois qu’elle avait été aussi bien maquillée et habillée, c’était lors d’un bal à Carnavale. Elle était resplendissante et les chaussons brodés que le Suprême avait sélectionnés étaient des plus confortables. Au moins, le Suprême était un homme de goût. On ne pouvait lui retirer cet honneur.

Enfin apprêtée, elle fut conduite dans une nouvelle antichambre, où de nouveaux serviteurs s’assurèrent une dernière fois que les règles de sécurité étaient bien comprises par l’ambassadrice et son traducteur. On lui fit répéter par trois fois les consignes, par mesure de sécurité. Lalana comprit que si jamais elle ne les respectait pas, non seulement, une crise diplomatique était certaine, mais en plus … des têtes de serviteurs risquaient de tomber. Elle déglutit et se prépara à rencontrer enfin, l’énigmatique Suprême de Thidarie.

Les portes s’ouvrirent et un serviteur en livrée l’annonça par ses titres complets. La tête baissée, Lalana entra à pas feutrés dans l’immense salle d’audience parée de jaune et d’or. Deux coussins moelleux les attendaient. Elle prit place, sans jamais lever le regard vers le Suprême et s’inclina respectueusement par trois fois lorsque le serviteur lui en donna l’ordre. Elle répéta alors avec politesse et emphase les mots indispensables pour s’adresser au Suprême.

« Votre Majesté Sérénissime, Souverain des Cieux et de la Terre, Béni et Egal des Dieux, Fureur des Volcans et Sagesse de l’Astre Lunaire et Solaire, Suprême parmi les Hommes, que votre bienveillance soit louée et reconnue jusqu’aux confins du monde. Nous vous remercions pour l’éternité de l’honneur que vous faites à votre humble servante de l’accueillir en votre demeure céleste. »

Elle s’inclina à nouveau par trois fois, comme le voulait le protocole … et attendit que le Suprême lui accorde l’autorisation de se présenter.
2192
Les serviteurs de la cour de Thidarie étaient peu rodés à l’accueil de dignitaires étrangers et pour beaucoup d’entre eux, c’était une première. Les visages de certains d’entre eux étaient très crispés, l’un transpirait à pleines gouttes malgré la fraîcheur des lieux. Le Suprême se montrera magnanime pour cette fois, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Il observa la délégation jashurienne et porta un regard assez admiratif en direction de la belle Lalana Preecha, Première Ambassadrice. Cette robe rouge la seyait à merveille! Les maquilleuses seront également récompensées. À côté du Suprême, la petite et menue traductrice-interprète lui chuchotait à l’oreille, en prenant bien soin d’articuler et de ne commettre aucune faute de traduction. Le protocole était parfaitement respecté et le Suprême ouvrit les bras en guise de bienvenue pendant vingt longues secondes, sans dire un seul mot. Puis, il prononça ces quelques phrases :

Chankrisna Khaing

« Je vous souhaite la bienvenue en Etat populaire de Thidarie. Je vois que vous appréciez la robe que j’ai choisie pour vous, gardez-la en guise de présent. Les compétences des maquilleuses thidariennes ne sont également plus à démontrer, elles recevront ma gratitude pour cet excellent travail. L’Etat populaire de Thidarie sait distinguer les artistes des contrefacteurs.

L’Etat populaire de Thidarie sait également reconnaître les entreprises sincères de collaboration entre Etats des tentatives opportunistes de spoliation. Je sais gré de mon défunt père de m’avoir légué son sens du discernement, grâce auquel j’ai pu apprécier la sincérité de votre démarche. »


Le Suprême claqua des doigts et un serviteur pressa le pas pour amener la première missive qui avait envoyée par le Jashuria. Malgré le marbre glacial du Palais, le serviteur était pieds nus, les bruits de pas incommodant le Suprême.

« J’ai ici la première lettre que vous m’avez envoyée. Je crois savoir que nous partageons le même dessein de faire rayonner le Nazum face à l’arrogance des peuples d’Eurysie notamment. J’en ai eu la preuve à la réception d’une lettre totalement impersonnelle d’un autre Etat d’Eurysie. Ces Etats de bureaucrates, fussent-ils militaires ou banquiers, s’adressent au Nazum comme on s’adresse à une vache dont on veut tirer le lait. L’Etat populaire de Thidarie est ainsi heureux de pouvoir collaborer avec la Troisième République du Jashuria pour redonner au Nazum les lettres de noblesse qui lui sont dues. Quelle est votre vision à ce sujet ?
2557
L’Ambassadrice attendit que le Suprême ait fini de s’exprimer pour envisager de répondre. Elle ne leva pas les yeux vers lui un seul instant, comme le voulait le protocole et ne put s’exprimer que lorsque le serviteur l’ayant annoncé lui donna l’autorisation de s’adresser à sa majesté sérénissime et plénipotentiaire.

« Votre Majesté Sérénissime, vos mots m’honorent et honorent notre pays par la même occasion. Nous vous en remercions grandement et espérons de grandes choses de ce rapprochement historique entre l’Etat populaire de Thidarie et la Troisième République du Jashuria.

Votre majesté, la préoccupation de la Troisième République du Jashuria est, et à toujours été, la prospérité du Nazum et son rayonnement par-delà les océans. Notre peuple, fier de ses racines et ancré dans la mondialisation, a réussi à s’imposer sur la scène internationale et à obtenir le respect des grandes puissances mondiales, jusqu’à lui-même en faire partie. Les nations eurysiennes n’ont plus leur lustre d’antan et vivent désormais sur les ruines de leur passé. La guerre, la famine et l’instabilité sont le lot commun des pays eurysiens du nord et il ne subsiste guère que de vagues havres de paix tels que le Novigrad ou le Pharois pour tenir le cap. Le reste, est malheureusement à l’avenant, ce qui constitue une opportunité unique pour les pays du Nazum.

La Troisième République du Jashuria a eu maille à partir avec la Listonie, mais nous pouvons désormais considérer ce dossier comme clos dans la mesure où l’empire listonien s’effondre sous le poids de ses propres contradictions. La Péninsule du Nazum devrait redevenir dans quelques mois un havre de paix et de prospérité, comme elle y est destinée. Bien entendu, la présence de l’empire de Xin au nord-ouest aurait pu constituer un sujet d’inquiétude, mais notre diplomatie a su trouver les mots pour tisser un réseau d’échange prospère avec cet ancien empire à grande inertie, mais qui reste l’un des Grands du Nazum.

Aujourd’hui, la Troisième République du Jashuria ne souhaite qu’une chose : assurer la prospérité à laquelle le continent nazumi est destiné. Nous souhaitons profiter de la débâcle eurysienne pour réaffirmer la vitalité de notre continent, quitte à pousser quelques murs pour nous y sentir à l’aise.

Mais étant donné que nous ne sommes pas seuls au Nazum, une telle stratégie ne saurait voir le jour si nos pays respectifs maintiennent des relations froides et distantes. L’Eurysie est le parfait exemple de la division qui précède la guerre. Nous, les Nazumis, savons observer et apprendre, car notre réflexion se fait sur le temps long et sur les générations. La poudrière eurysienne nous impose de ne pas reproduire les mêmes erreurs et pour cela, nous ne pouvons maintenir des relations distantes avec nos proches voisins.

Comme le dit un proverbe jashurien : celui qui veut jardiner la jungle, doit d’abord débroussailler son propre jardin. Qu’en pense votre majesté ? »



2082
Le Suprême grimaça légèrement lorsque son interprète lui traduisit le mot Majesté. D’autant que la diplomate jashurienne avait eu l’imprudence de le prononcer à plusieurs reprises. Avant de poursuivre la conversation, la traductrice mit en garde les invités :

« Je crains que le prédicat de Majesté ne soit pas approprié. Considérer le Suprême comme un monarque revient à dire qu’il ne mérite son statut qu’au seul fait du sang et de l’hérédité. Nous exécrons tous en Thidarie les systèmes monarchiques puisqu’ils sont les systèmes des héritiers et des ingrats alors que l’Etat populaire de Thidarie gouverne pour le peuple et par le peuple. Le Suprême est un homme du peuple. N’ayez crainte toutefois, le Supême ne tiendra pas rigueur de cet impair. Il est préférable de l’appeler simplement Suprême. »

Tout en regardant ses pieds, la traductrice semblait réciter machinalement une leçon apprise par cœur à l’école. Pendant ce temps, le Suprême garda le regard fixe… avant de répondre à la question de son invitée.

« C’est un proverbe tout à fait approprié. Je le ferai inscrire dans la pelouse du grand jardin public de Thawdar justement pour que tout un chacun se le remémore. Comme vous l’avez mentionné, l’instabilité caractérise l’Eurysie, là où le Nazum garantit la patience et la stabilité. Aussi, la Thidarie serait ravie de concourir à ce projet commun pour le Nazum mais pour ce faire, il est impératif que nous ayons un intermédiaire en qui vous avez une confiance absolue et qui s’installera, s’enracinera en Thidarie. Certains Etats appelleraient cette personne un ambassadeur mais je préfère le terme de Grand Invité. L’ambassadeur n’est souvent qu’un fonctionnaire qu’on rappelle et déplace en cas d’imprévu… il est facteur d’instabilité dans les relations bilatérales. Le Grand Invité aura à l’inverse vocation à résider en Thidarie et à s’y faire une place. Bien entendu, la Thidarie dotera ce Grand Invité de confortables moyens pour vivre et assurer sa mission. Cette condition vous convient-elle ? Avez-vous le nom d’une personne qui pourrait répondre à ces exigences de confiance et de stabilité ? »

Sans le dire, le Suprême propose ni plus ni moins que le Jashuria envoie un ambassadeur qui devra vivre en Thidarie sans jamais pour en sortir, et qui ne pourra remplir sa mission d’intermédiaire que sous l’étroite surveillance du pouvoir thidarien.
2103
La Première Ambassadrice s’inclina respectueusement quand l’interprète lui fit remarquer sa faute de langage. Le Suprême était une personne dure, mais particulièrement à cheval sur l’étiquette. La Première Ambassadrice était encore étrangère au protocole thidarien, aussi se jura-t-elle de faire plus attention lors de ses prochains discours. Elle attendit que l’interprète lui redonne la parole pour s’exprimer sur la vision du Suprême. Mais avant toute chose, elle présenta de respectueuses excuses au Suprême pour son impair avant de prolonger son discours sur la vision commune que la Thidarie et le Jashuria pourraient dessiner.

« Estimé Suprême, vos mots nous honorent. Sachez que la Troisième République du Jashuria sera ravie d’apprendre que le Suprême lui-même s’intéresse à cette vision que nous désirons porter. Votre proposition de création d’un poste de Grand Invité est un honneur et nous accueillerons de notre côté l’ambassadeur thidarien que vous souhaiterez nous envoyer. Si vous le souhaitez, je vous proposerai d’ici quelques semaines les personnes qui seraient les plus disposées à remplir ce rôle de Grand Invité auprès de vous. Cela vous conviendrait-il ? »

Lalana Preecha savait bien ce que cette demande signifiait en réalité. Il s’agissait ni plus ni moins que de livrer un otage à la Thidarie pendant l’intégralité de la durée des relations diplomatiques avec le pays. En contrepartie, la Thidarie enverrait elle-même un ambassadeur, qui ne serait de toute façon, qu’un pion remplaçable sur l’échiquier du Suprême. La vie de son peuple n’ayant pas grande valeur aux yeux du tyran thidarien, en cas de refroidissement des relations diplomatiques, ce dernier disposerait d’un otage et les Jashuriens … d’un simple fanatique. L’échange n’était absolument pas équitable, mais l’ambassadrice savait pertinemment que toute discussion avec la Thidarie impliquerait des concessions. L’idée était de faire en sorte que le pouvoir thidarien se sente assez en confiance pour faire confiance au Jashuria. Le pays ne pouvait pas se permettre d’avoir un ennemi à ses portes et si la république des deux océans pouvait parfaitement massacrer les Thidariens jusqu’aux derniers, la population thidarienne ne méritait pas de souffrir en représailles des horreurs de son tyran. Restait à savoir qui accepterait au Jashuria d’aller vivre en Thidarie jusqu’à la fin de ses jours …
1113
« Bien sûr, prenez le temps dont vous avez besoin. Une décision prise à la hâte ne pourrait être que fâcheuse…

Je souhaiterais maintenant aborder le chapitre économique si vous voulez bien. La Thidarie a à cœur de développer ses relations avec son voisin et profiter des infrastructures fluviales jashuriennes pour commercer avec le reste du monde. Pour cela, nous avons l’ambition de construire une ligne ferroviaire qui irait de Thawdar au port jashurien le plus proche.

Carte de la Thidarie
Carte de la Thidarie

Cette ligne sera exclusivement consacrée au fret, pour importer ce dont la Thidarie a besoin comme de la machinerie, des pièces électroniques et des matières premières, et exporter divers biens comme le textile ou des équipements ferroviaires.

Le chantier est important, il faudra creuser les montagnes mais le peuple thidarien est disposé à travailler dur pour mener à bien ce projet, qui sera celui de toute une vie pour beaucoup d’entre eux. Cette idée a-t-elle votre soutien ? »


Des serviteurs apportèrent sans un mot aux membres de la délégation jashurienne de grands verres de ce qui s’apparentait à des smoothies à base de mangue, consistants et particulièrement compacts. Une cuillère en bois accompagnait le mets. C’était un signe encourageant, qui symbolisait le bon déroulement de la rencontre.
1850
« Suprême de Thidarie, nous accueillons avec joie cette proposition de développement des infrastructures commerciales entre nos deux pays. Il va de soi que la création d’un tel complexe ferroviaire est un projet de grande ampleur et nécessitera des relevés précis et une excellente coordination entre nos deux pays. Le port qui pourrait accueillir un tel projet est le port de la cité de Pantaseeha, à deux cents kilomètres d’Agartha. Le projet de voie ferroviaire pourrait parfaitement s’intégrer à notre réseau actuel et venir se connecter à celui de la Thidarie passant par les montagnes séparant nos pays respectifs.

La question du franchissement des montagnes restera à mon sens le point saillant de ce projet, mais la Troisième République du Jashuria peut parfaitement utiliser ses machines de forage afin d’épauler les Thidariens dans cet ouvrage. Nous allons mettre au vote cette décision lors des prochaines assemblées plénières du Cercle Extérieur et du Cercle Intérieur. Je suis persuadée que ce projet retiendra toute l’attention de la Troisième République, notamment celle de notre ministre en charge des Grands Projets, madame Sirisopa. »


Lalana regarda le verre de smoothie à la mangue avec un sourire. Elle n’avait pas besoin de réclamer une compensation … le simple fait de pouvoir ouvrir des échanges commerciaux avec la Thidarie était déjà porteur de retombées économiques incroyables pour le Jashuria. D’une part, l’argent thidarien permettrait de développer les lignes existantes, mais en plus, l’essor du commerce entre les deux pays promettait des retombées en termes de taxation. Bien entendu, il se trouverait toujours des organisations pour protester contre l’utilisation de la misère thidarienne à des fins purement capitalistes, mais il était encore pire de laisser le pays s’enfoncer dans l’isolationnisme le plus pervers.

L’ambassadrice attendit le signal des serviteurs pour pouvoir goûter le smoothie à la mangue. Celui-ci était plutôt savoureux. Un peu épais, mais délicieux.

« Suprême de Thidarie, souhaiteriez-vous aborder d’autres sujets avec la Troisième République du Jashuria ? »
Haut de page