11/05/2017
16:19:30
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale Archives des Rencontres Internationales Rencontre abandonnées et / ou impliquant des pays disparus

Voyage en eau trouble : Grand Kah, Pharois Syndikaali & Norstalkian

https://zupimages.net/up/22/16/a3wf.jpeg
10 Howard II Street, résidence officielle du Premier ministre

La situation internationale est catastrophique, entre les conflits internes, les attentats, les provocations, le jeu des alliances et les agressions sans précédent. Comment vivre dans des conditions pareilles... où le monde entier est dynamite et chaque pays allumette. La situation norstalkienne est critique, que choisir entre un partenaire économique et commercial fournissant la protection de tout un pays et un allié de longue date auquel la stabilité de toute une région est basée par des accords de grande ampleur.
Il est temps pour les géants de ce monde de s’unir pour stopper le conflit de manière bilatérale, cette réunion entre alliées doit être bénéfique et utile pour chaque nation présente. Nous avons le droit de savoir réellement ce qui se passe. Nous avons le droit d’être réellement informé sans censure, sans endoctrinement et sans propagande. La vérité doit sortir de la bouche des chefs d’états pour pouvoir se faire confiance et savoir qui est réellement notre alliée ou notre ennemie.

Le lieu de la réunion ne peut être qu’au Norstalkian, pays concerné indirectement par la crise du Pontarbello ayant des intérêts dans les deux camps. Pourquoi ne pas avoir invité Alguarena ? Car c’est tout simplement une réunion entre alliés de longue date, de pays ayant des liens solides. Le Grand Kah étant un allié direct du Pharois Syndikaali, soudés par le pacte Libertaire et belligérant direct de la crise du Pontarbello est l’invité d’honneur du 10 Howard II Street. Le Syndikaali étant un habitué des lieux ne peut être invité car il est symboliquement chez lui.

C’est par une journée ordinaire que les dignitaires Kah-tanais et Pharois arrivent à Howard Street tantôt en bateau pour les parois tantôt en avion pour les kah-tanais. Ces hommes et femmes furent accueillis par le célèbre pluie norstalkienne, froide, glacée, gelée. Après une traversée de la capitale ceux-ci pénétrèrent enfin dans la célèbre rue. Il furent pris en charge par leurs ambassadeurs devant l’emblématique porte noire. Ils descendirent chacun le grand escalier jusqu’au sous-sol qui avait été aménagé pour l’occasion.

https://zupimages.net/up/22/16/h0mv.jpeg
Salle de réunion
Mastodontes

https://www.zupimages.net/up/22/16/robv.jpg

Plus encore que l’annonce d’une conférence de crise réunissant Grand Kah, Pharois et Norstalkian, ce fut l’absence du Capitaine Mainio à celle-ci qui fit les choux gras de la presse du Syndikaali cette semaine-là. « Où est le Capitaine Mainio ? » titrait le Helmi Soir, quand le Journal de Pharot se contait de poser sobrement la question : « Le Parti du Progrès ne sera pas présent au 10 Howard II Street – vers une compartimentation de la politique internationale pharoise ? ».

Il est vrai que la chose aurait de quoi étonner quand on sait qu’encore quelques semaines au paravent c’était muni d’un blanc-sein et d’un mandat de confiance de tout le gouvernement pharois que le Capitaine Mainio avait été envoyé à la table des négociations pour fonder l’Union Albienne. L’état de grâce a vécu semble-t-il et pour des raisons encore obscures mêlant divergences politiques et escalade verbale le torchon brûle à présent entre le Parti Communiste Pharois et le Parti du Progrès, renvoyant le pays à sa tripolarisation.

C’est donc en vertu de son ministère de la Défense territoriale que le citoyen Sakari a pu écarter le Capitaine Mainio de la rencontre Norstlakian-Grand Kah. Il est vrai que la situation avait de quoi inquiéter, la troisième puissance mondiale venant d’essuyer un important revers face à l’aviation alguarenno, experts en géopolitique et conseillers de défense stratégique tiraient depuis plusieurs jours la sonnette d’alarme quant à une escalade de la violence au Platoterra, pouvant aller jusqu’à la guerre ouverte. Une guerre dans laquelle le Syndikaali pouvait parfaitement se laisser embarquer, si son allié kah-tanais choisissait de porter l’affaire devant le Haut Bureau pour la Sécurité du Liberalintern.

Premiers défenseurs de cette alliance trans-Espérance, les communistes du PCP géraient le dossier depuis ses débuts et ne semblaient pas disposés à l’abandonner aux mains des libéraux du PdP. En plus, il n’était pas exclu que ces derniers confondent le matérialisme dialectique avec le fait d’acheter des bagnoles en causant. Pathétique inculture qui ridiculiserait à coup sûr les représentants Pharois aux yeux de leurs homologues Kah-tanais.


https://www.zupimages.net/up/22/08/9evz.jpg https://www.zupimages.net/up/22/08/dw3j.jpg https://www.zupimages.net/up/22/08/t32g.jpg

De gauche à droite, le Citoyen Killikki, ministre des Propriétés publiques et du Bien Commun, la Capitaine Marketta, ministre de la Planification et le Citoyen Sakari, ministre de la Défense territoriale.


Parce qu’on ne faisait pas les choses à moitié et que de toute façon le 10 Howard II Street n’était pas très loin, ce furent les trois ministres communistes qui se déplacèrent pour cette entrevue, soit tout de même un tiers du gouvernement pharois, bien décidés à faire démonstration de force politique. La pluie gelée d’Albi vous rappelait que vous étiez à la maison, au sortir du bateau, et le chemin jusqu’à la porte noire se fit sans anicroches.

On enleva les manteaux mouillés, on se servit du café, passées les salutations d’usage la réunion pouvait débuter.

Marketta : « Pour entrer à présent dans le vif du sujet, il me semble que plusieurs questions doivent être mises sur la table : premièrement le Grand Kah est-il prêt à assumer un conflit ouvert avec l’Alguarena ? Si c’est le cas vous comprendrez assurément que la teneur des discussions ne sera pas la même pour le reste de la réunion.

La seconde questions qui se pose sera bien évidemment la réaction de la communauté internationale et la parole conjointe des grandes puissances pour condamner le coup d’Etat du Pontarbello. Actuellement force est de reconnaitre que l’Alguarena peut jouer cavalier seul ce qui, semble-t-il, la porte à croire que tout lui est permis. La paix dans le monde et au Platoterra ne peut se construire sous une épée de Damoclès vous en conviendrez. »

Plus avachis, plus dépenaillé, Kyllyki hocha la tête d’un air las.

Killikki : « Parce qu’elle est un capitalisme de connivence, la nature de l’Alguarena la pousse naturellement à l’impérialisme. C’est un fait, il faut en tenir compte. Mais des gens moins éclairés que nous pourraient ne pas s’en rendre compte. Anticipant la menace inéluctable, Sakari ne me contredira pas si je dis que la seule solution viable est la constitution d’un cordon sanitaire comme nous avons pu y travailler avec le Walserreich ? »

Sakari : « Heu… non non. »
Le Dernier Voyage de l’Estimable ?

Ce fut ce titre qui, à l’annonce de la conférence, fut donné à la une du toujours très critique Miroir Rouge. Dernier Voyage de l’Estimable, sous-entendu : ce dernier ne serait peut-être pas reconduit. Le Regard préférait s’attarder sur les amitiés intercontinentales et l’important réseau de gouvernement humanistes de la péninsule albiennes. D’autres, enfin, comme l’Intendant, soulignèrent simplement qu’on imaginait pas une conférence d’un tel degrés de précision sans la présence de la citoyenne Iccauhtli. Et effectivement, Actée était de la partie.

On l’avait dépêché en vertu de ses compétences diplomatiques et de son rôle dans le Commité. Elle n’était cependant pas venue seule. Ce n’était pas la coutume Kah-tanaise, la situation ne s’y prêtait pas et, enfin, elle n’y tenait pas particulièrement. Il y avait au sein de la Convention plusieurs courants qu’il convenait de faire travailler ensemble. Des courants qu’il fallait impérativement convier à ce genre de réunion stratégique, sinon pour éviter que les biais des autres ne s’expriment trop fortement, au moins parce qu’ils avaient des choses utiles à avancer.

Pour le Grand Kah c’était un défi de taille. Premièrement, la situation allait tester le sens profond du LiberalIntern, dont les pays faisaient désormais face à un risque potentiellement existentiel. Ensuite, c’était l’aspect plus désagréable encore, la situation pouvait entièrement être analysée découlant de la politique du Commité. On venait en quelque sorte pour rendre des comptes. Ce fut ce pourquoi on se dépêcha. Les délégués de l’Union se déplaçaient rarement rapidement. Une importante conscience écologique et un amour un peu suranné de la croisière avait poussé toute leur culture dans les bras chaleureux des zeppelins et navires longs-courriers. L’avion était presque sacrilège.

Cette fois, cependant, on le prit.

Il fut extrêmement soulageant pour les kah-tanais d'apprendre qu'ils seraient confrontés aux communistes, et qu'on risquerait moins de leur scier les oreilles avec des notions économiques de bas-étages qu'avec des remontrances d'un genre un peu plus légitime. Bien entendu les rouges n'étaient jamais qu'un des partis de la coalition au gouvernement, et il ne fallait pas compter sur un soutien absolu, la stabilité de l'allié nordique restait précaire et extrêmement importante à préserver. On avait préparé des fiches, des pistes de réflexion, plusieurs inventaires, justification, analyses. Actée, comme à son habitude, avait fait un véritable travail de fond pour assurer que chaque membre du Commité soit en mesure d'avoir une idée précise de ce qu'il allait dire, et de pourquoi il allait le dire. Pas qu'ils s'exprimeraient avec ses mots, mais elle avait ce don pour imposer à tout son entourage de pousser ses réflexions à leurs conclusions logiques, et de les enrichir de preuves et de sources. Un héritage de sa période universitaire.

https://cdn.discordapp.com/attachments/580193395729760257/967395532278464572/unknown.png https://cdn.discordapp.com/attachments/580193395729760257/967395553895923742/unknown.png https://cdn.discordapp.com/attachments/580193395729760257/967395561361776640/unknown.png

Actée Iccauhtli "l'auteur" : Commissariat aux affaires extérieures, Commissariat aux affaires éducatives. Aquilon Mayhuasca "le radical" : Coordination à la théorie politique, rapporteur de la Volonté Publique auprès du Parlement. Edgar Alvaro Maximus de Rivera "la raison" : Commissariat à la Santé, Commissariat au Consensus.

Ce fut presque un tier du Comité de Volonté publique qui émergea sur la piste d’atterrissage. Trois petites silhouettes qui à l'exception d'une seule n'étaient pas habituées au climat eurysien, et virent en cette sale pluie froide un genre de mauvais présage. Les pluies, à Axis Mundis, étaient chaudes, au moins.

Déjà il y avait l'inévitable Actée Iccauhtli. Cette petite femme aux traits asiatiques. Le visage un peu grêlé. Elle souriait peu, mais bien. Se tenait toujours droite, attentive, et était devenu en l'espace de cinq ans le visage de la diplomatie Kah-tanaise. D'une extrême politesse, d'une extrême précision, probablement un peu trop polie pour être honnête. Difficile à dire. Elle sonnait tout de même très franche. Par le passé, avant l'ouverture du Grand Kah, elle était une universitaire reconnue et une auteure scientifique (et de poésie en prose) à succès interplanétaire. Elle visitait déjà les cinq continents avant d'entrer à la Convention, pour y faire des conférences, y signer des autographes.

Ensuite, un peu plus étonnant, le citoyen Aquilon Mayhuasca. On ne le surnommait pas le radical pour rien. À l'origine une figure obscure, orateur assez moyen de la convention mais bureaucrate hors-père, il était avec le temps devenu la voix de toute la radicalité kah-tanaise. Capable de dégager une importante force de travail, il avait ainsi porté le projet visant à réarmer le Grand-Kah, sujet tabous dans un pays qui sortait à peine d'un énième coup d’État militaro-royaliste, insisté sur l'importance du rapprochement avec le Pharois, fait quelques déclarations assassines à propos des nations capitalistes, notamment le Lofoten. Avec le temps son aspect maigrelet et son apparence nerveuse étaient même devenues comme les marques visibles de sa profonde conviction. Tout de même, on ne l'avait vu sous des latitudes aussi froides qu'à l'occasion de la fondation du Liberalintern.

Enfin, figure extrêmement éminente mais aux rôles assez obscurs, Edgar Alvaro Maximus de Rivera. Très grand, l'air toujours un peu maussade, taiseux d'une façon qui imposait elle-même le silence. La Raison, comme on le surnommait, passait pour plutôt conservateur (dans l'application que le mot avait au sein du Grand Kah). Actée l'avait notamment accusé, lui et "sa génération", de vouloir gélifier la Révolution dans un statu-quoi. D'avoir peur du mouvement. Malgré tout il était globalement considéré et admit qu'il était la force motrice du Commité. Plus précisément, il était l'individu qui conciliait ses composantes les plus radicales avec celles plus modérées. Un passif de militaire et de révolutionnaire, il passait généralement pour calme, mesuré, relativement pragmatique.

Une fois les kah-tanais débarrassés de leurs parapluies, de leurs capes imperméables, et installés devant des tasses chaudes de thé - le café n'avait jamais été très consommé au sein de l'Union - fidèle à la maxime voulant qu'un vendeur de drogue évite d'en consommer lui-même -, on pu commencer les échanges. Actée pris soin dire quelques mots à Sakari en premier lieu. Se contentant de souligner en des termes très formels qu'elle était heureuse d'enfin le rencontrer en personne, bien que la situation n'était pas des plus festive. Puis elle s'exprima pour tout les autres.

Actée : « Messieurs-dames, camarades, toute la Convention, et donc l’Union, vous remercie par notre intermédiaire. Il va de soi que l’importance capitale de ce sommet ne nous échappe pas, et que sa nature est d’autant plus exceptionnelle qu’il a été organisée à l’initiative d’une puissance avec laquelle nous n’entretenons pour l’heure aucun traité particulier. » Elle se leva pour s’incliner en direction norstalkians, bras le long du corps. Lorsqu’elle reprit place, son air un peu cérémonieux avait été remplacé par une mine grave. « La situation qui nous amène n’a pas nécessairement évoluée à l’avantage de l’Union. »
Puis avala une grande gorgée de thé. À côté d’elle, Maximus de Rivera se tenait un peu vautré en avant. Il avait haussé un sourcil en entendant les propos de la citoyenne, notamment la conclusion de son laïus introductif, mais acquiesça tout de même. Aquilon prit le relais. Il tenait un petit style dont il tapotait nerveusement la pointe sur la marge d’un cahier de note.

Aquilon : « Hmhm. Bien. » Il lança un coup d’œil au traducteur, comme s’il testait une machine. Le test dû être concluant, car il continua. Il parlait plus vite qu’Actée, s’arrêtait de temps à autre pour chercher le mot juste ou simplement claquer sa langue contre son palais. « Je pense que nous pouvons tous nous accorder autour du fait qu’une guerre ouverte avec l’Alguanera serait un désastre, à ce stade. Oui, la force de destruction pure qu’est capable de déployer la fédération rend, selon toutes les estimations du moment, la victoire très improbable. Même dans le cas d’une participation active de tout nos alliés, la capacité de déploiement opérationnel de notre coalition resterait insuffisante. Du reste, passé les premières batailles navales, les pertes pour le Pharois seraient probablement incapacitante, limitant le front à une invasion terrestre de l’Union qui pourrait à terme amener à des pertes matérielles, économiques mais surtout humaines, difficilement acceptables. Bon. »
Il renifla, leva un peu le menton et traça une ligne, nette, sous l’une des phrases inscrite dans son carnet. Il releva les yeux vers les Pharois.

Aquilon : « Camarade Marketta. Le Grand Kah est, fondamentalement, une forteresse que l’on ne peut pas prendre. Si une guerre se déclare, nous tiendrons les années qu’il nous faudra pour venir à bout de la motivation des capitalistes. Dans l’idéal il nous semble préférable de ne pas en arriver là. Je crois que nous sommes donc principalement rassemblés ici pour discuter de comment éviter une guerre, bien qu’envisager des plans de contingence serait bienvenue. »
Actée acquiesça doucement. Sur le point de la réaction internationale, c’était à elle de s’exprimer. De Rivera observait en silence.

Actée : « Pas tout à fait cavalier seul, en fait. À ce stade le Lofoten a joint ses forces diplomatiques à l’Alguanera, et nous avons des rapports très crédibles démontrant l’intervention de mercenaires lofotens dans le conflit du Pontarbello. Rien que vous ne sachiez déjà, j’en suis sûre. L’Alguanera est un empire, et comme tout empire il n’existe que pour dévorer ses environs, croitre, et satisfaire ses élites. » Elle fit un petit geste de main, assez las. « Voilà ce que nous envisagions de faire. Mettre en place une campagne de communication auprès de différents partis de gauche, média d’opinion, associations de nature humaniste, université, ainsi de suite à travers le monde. Souligner que toutes les indépendances d’anciennes colonies Listoniennes se sont faites de façon démocratique et pacifique, à l’exception du Pontarbello. Créer un narratif commun au sein duquel l’Alguanera est simplement une puissance néo-coloniale. Quelques idées à ce sujet : son blocus sur les mers centrales, notamment en ce qui concerne la côte sud de l’Izcalie. Sa propension à vendre des armes y compris à des dictatures sanguinaires : exemple, les bombardements en damannie. Autre point : pour le moment le gouvernement Izcale se montre d’une lâcheté assez déplorable, mais si vous me permettez l’expression, nous tenons leur président à la gorge. »
Elle se passa une main sur le visage, dégageant une mèche de cheveux qui lui tombait sur le front.

Actée : « Nos services collaborent sur la traque de l’ancien dictateur local. À la base il s’agissait d’une mesure strictement humaniste. Cet… Individu, a participé au financement de la junte dont a souffert le Kah il y a vingt ans. Maintenant il devient de plus en plus évident que sans notre concours, cet homme ne sera pas amené devant les tribunaux. Une promesse de campagne sur laquelle repose la potentielle chance de réélection du président Trottier. »
Aquilon s’esclaffa. Lâchant quelque-chose qu’on pouvait traduire par "Les démocraties représentatives", à prendre comme une exclamation un peu méprisante. Il n'ajouta cependant rien, et lança un regard en biais en direction de ses hôtes, comme pour leur signifier que ça ne leur était en aucun cas destiné.

Actée : « Quoi qu'il en soit ça nous offrira la possibilité d'en faire un allié, au moins sur le plan diplomatique. De façon plus générale nous pouvons aussi parier sur le soutien d'Aumérine, seule grande puissance capitaliste à s'être clairement exprimée contre le coup d’État pour le moment. Ce qui signifie que nous avons une porte d'entrée en Aleucie. Je crois avoir fait le tour ? »
Le citoyen De Rivera acquiesça lentement à la mention du cordon sanitaire. Il lâcha ses premiers mots. Sa voix était étonnamment profonde, il aurait sans doute fait un chanteur d'opéra des plus compétents.

Maximus de Rivera : « A terme, il faut les étouffer. Qu'ils crèvent de ne pas avoir assez d'air. »
Un conflit en préparation

Pendant la réunion les relations alguareno-norstlakienne se sont détériorées par un refus de livraison d’armes par peur qu’elles soient utilisées en l’encontre de la Fédération. Le climat mondial se réchauffe peu à peu devenant gaz et chaque nation flammes. Le sud du monde peut vaciller et les nations sœurs plongées au centre d’un conflit incontrôlable, inénarrable, imprévisible.
Les alliés réunis autour de la table ronde au sous-sol du 10 Howard II Street parlaient peu, mais leurs regards sincères, hardent de vérité et de solution s’observaient attentivement. Qui du côté norstalkien était présent pour défendre ces intérêts et sa personne ? Le Premier ministre Alexander Johansen avait réuni ces Secrétaires d'État les plus chevronnés et expérimentés dans le domaine telle une cellule de crise.
Les membres du gouvernement Johansen étaient froids et prêt à enclencher la discussion bien que celle-ci risquait de déboucher sur des événements graves risquant de mettre en danger des vies humaines.

https://zupimages.net/up/22/16/n8wr.jpeghttps://zupimages.net/up/22/16/wab2.jpeghttps://zupimages.net/up/22/16/o7qg.jpeghttps://zupimages.net/up/22/16/zw0e.jpeg
Angelo Pieterman, Alexander Johansen, Hans de Veen, Anne Marije van der Stel

Après une matinée ordinaire les secrétaires quittèrent leurs Cabinet pour un trajet à travers les rues de la capitale. Le temps était suspendu, les véhicules s’écartaient à leur passage, les policiers saluaient les différents véhicules qui continuaient leur chemin jusqu’à la porte noire. Une fois sur place ils s’installèrent autour de la table ronde.

Alexander Johansen : « La situation est critique messieurs et mesdames, il nous faut réagir. »
Ayant laissé parler leurs homologues, c'est Sakari qui reprend la parole au nom des Pharois. Il dispose de nombreuses fiches sous les yeux qu'il feuilletait sans cesse pendant que les autres parlaient, les annotant pour pouvoir réagir ensuite sans perdre le fil.

Sakari : « Sur l’escalade des hostilités avec l’Alguarena, nous vous rejoignons. Tout nous invite à la refuser avec la plus grande fermeté enfin, le communisme n’est pas va-t-en guerre, ce n’est pas très sérieux de penser une chose pareil… La guerre, c’est toujours un drame. »

Killikki : « D’autant plus un drame si nous la perdons. »

Son cadet lui adressa un regard noir avant de reprendre.

Sakari : « Nous vous faisons pleinement confiance pour assurer la défense du territoire kah-tanais des fois que… »

Marketta : « De toute manière la question n’est pas là. Si nous devions en arriver à ce stade, il y aurait d’autres conseils de guerre. Ce que nous devons discuter ici c’est la façon d’étouffer ce conflit dans l’œuf, si possible à notre avantage. »

Sakari : « Oui, j’y venais, vous pourriez éviter de me couper ? Je perds le fil après. »

Marketta : « … »

Sakari : « Vous avez raison de souligner que le Lofoten est aussi de la partie d’après les derniers rapports il semblerait que… »

Killikki : « Le Lofoten… je dé-te-ste ces types. »

Sakari : « … »

Killikki : « Il me semblait que la question avait pourtant été réglée à Port-Hafen ? Et leurs gouvernement soc-dem n’a pas l’air plus futé que le précédent ! »

Sakari : « … »

Marketta : « Ce n’est pas vraiment la question. Mainio arrondit les angles mais cela prend du temps. »

Sakari : « … »

Killikki : « Mainio, Mainio, t’as confiance en ce type-là toi ? »

Sakari : « … c’est un patriotes et… »

Marketta : « Ce n’est pas un sujet dont nous discuterons ici Killikki. »

Sakari : « Dites... »

Killikki : « Alors je reformule excuse moi mais enfin quand je propose un cordon sanitaire ce n’est pas pour enculer la Trylonie tu m’excuseras, si ça ne concerne pas le Lofoten je ne vois pas qui d’autre. »

Sakari : « … »

Marketta : « Je n’ai jamais dit le contraire, je dis que nous devons d’abord harmoniser notre discours avec celui de nos alliés avant toute autre chose et que notre relation avec le Lofoten ne concerne que très indirectement cette réunion. »

Sakari : « … »

Killikki : « Soit soit. »

Killikki soupire et s’avachit légèrement sur son siège, semblant en façade se désintéresser de la discussion.

Sakari, semblant hésiter :


Sakari : « Je peux ? »
Marketta lui fait un signe pour l’inviter à reprendre.

Sakari : « Merci. En ce qui concerne votre proposition en termes de narratif, nous y souscrivons et pouvons agir de notre côté sur les autres ex-colonies listoniennes qui viendraient offrir un contre modèle prospère et démocratique à ce qui se passe au Pontarbello et… »

Killikki : « Vous n’êtes pas les seuls à avoir des dossiers sur les dirig… »

Sakari : « Killikki tu m’interromps encore et juré je te purge à la sortie ! »

L’autre se tait.

Sakari : « Veuillez m’excuser. Un écueil à éviter serait de faire collectivement bloc. Bien entendu le Syndikaali se tiendra officiellement aux côté du Grand Kah mais nos positions auront plus de poids si nos adversaires peinent à les réfuter d’un seul bloc. Je propose de multiplier les messages : d’une part celui des colonies listoniennes, d’autre part celle du Liberalintern, ajoutons à cela des nations n'ayant pas de lien direct avec nous. C'est le concert des critiques qui tendra à les légitimer mutuellement et rendra difficile la riposte, si nous présentons un front trop uniforme il sera aisé de nous caricaturer. »
Il se tourne vers les norstalkiens.

Sakari : « Peut-être l’Union aurait-elle également son mot à dire dans cette affaire ? Ou du moins pourrions nous voter un boycotte partiel des importations provenant de l’Alguarena, cela mettrait la pression sur leurs industries ? »
Maketta hoche la tête puis cherche le regard de Sakari avant d’intervenir.

Marketta : « En ce qui concerne l’Aumérine, je suis certaine que la promesse de gagner des parts de marchés sur sa rivale pourrait nous valoir sa loyauté. »

Sakari : « De manière plus générale, vous n’êtes pas sans savoir que l’Organisation des Nations Commerçantes élit actuellement son président et que l’Alguarena propose un candidat ? Peut-être pourrions nous travailler à ce que celui-ci ne soit pas élu en jouant de nos réseaux diplomatiques respectifs ? Ce serait un camouflet pour les Îles… »
Alexander Johansen et ces secrétaires écrivirent également les inquiétudes de leurs homologues pour ne point perdre le fil des discussions. Les échanges entre les représentants du Pharois Syndikaali étaient assez burlesques bien qu'inquiétants sur le fond, comment des hommes pareils puissent être à la tête de la 3e puissance militaire au monde. Comment vous dire que les représentants Kah-tanais et norstalkien se regardaient beaucoup cherchant des yeux rassurant dans un univers noir.
Après avoir écouté attentivement les Pharois, le Premier ministre prit la parole qui était sans doute prioritaire sur les kah-tanais étant l’hôte de ce sommet frôlant le conseil de guerre. Alguarena risque de payer à court ou à long terme.


Alexander Johansen : « Je suis d’accord avec le citoyen Marketta, nous devons impérativement avoir le même discours pour montrer à ces latinos que nos sommes soudées et unis. »

Hans de Veen : « Si je peux me le permettre l’idée du citoyen Sakar n’est pas à écarter, mais vous n’êtes pas sans savoir que c’est le Parlement de l’Union albienne qui a dernier mot. Je suppose que dans tous les cas celui-ci votera pour… mais nous devons rester avec un esprit démocratique. »

Angelo Pieterman : « À moins que nous censurons le parlement Albien, cela reste démocratique non ? »

Alexander Johansen : « Pieterman malgré tout le respect que j’exprime à votre égard il me semble que je vous ai donné le cabinet de l’Intérieur et non celui des affaires étrangères ou des relations avec le parlement Albien. N’outrepassez pas vos fonctions, bien que je vous rejoigne sur ce point. Censurons le parlement Albien pendant la durée des événements. »

Anne-Marije van der Stel : « Je n’aime pas non plus ces lofotens se croyant nombril du monde… leur nouveau gouvernement me semble guère plus efficace que le précédent. J’ai cru en leur nouveau chancelier jusqu’au déploiement de leur milice privée. Cela prouve leur inefficacité  flagrante et leur manque de courage. Il ne souhaite pas s’impliquer pleinement au Pontarbello par peur des représailles internationales. Si nous boycottons Alguarena nous devons également le faire au Lofotene et à sa milice de merde. »

Hans de Veen : « Calmez-vous donc madame Van der Stel, ce comportement ne vous va pas. Mais je peux comprendre votre énervement, il est vrai que le Lofoten est un allié de taille pour Alguarena, si nous le mettons hors-service alors les latinos seront grandement affaiblis. »

Alexander Johansen : « Reste à savoir comment, interdisons nos ports à ces deux nations ainsi qu’à tous les pays achetant quoi que ce soit chez eux. Contrairement à ce que vous pouvez penser je pense profondément que la lutte armée ne doit pas être écartée, mais seulement en dernier recours. »

Angelo Pieterman : « Nous devons également prioriser le commerce interne pour arriver peu à peu à une autosuffisance. Si nous atteignions ce but, nous gagnerions une bataille, nous sommes en pleine guerre froide pardonnez-moi le terme. »

Anne-Marije van der Stel : « Il faudrait nous fournir des canons anti aérien monsieur Killikki histoire de prévenir le drame. Je propose également que nous envoyons navires et militaires en direction du Grand-Kah pour les mettre en réserve. »

Alexander Johansen : « Je vais également ordonner la mobilisation de soldats Norstalkiens pour protéger l’enclave pharoise au Pontarbello. »
La première conclusion que se firent les représentants Kah-tanais, ayant écoutés, coup sur coup, l'échange particulièrement coloré des communistes pharois, et les diatribes non-moins fleuries des dirigeants sociaux-démocrates Norstalkien, fut que l'Eurysie du nord était, définitivement, une fabuleuse terre d'opportunité don le climat extrêmement rude donnait, manifestement, naissance à des "personnalités". Ou bien c'était quelque-chose dans l'eau. Dans tous les cas le choc culturel était intense, et provoqua un petit rire gêné chez le citoyen Aquilon, qui eut droit à un petit coup de coude de la part de Maximus de Rivera, et à un regard pesant de la part de la citoyenne Actée. On aurait dit deux parents grondant leur gosse. Ce qui n'était pas tout à fait inexact. Actée était clairement l'une des personnes les plus responsables du Commité, et Maximus de Rivera avait fait de sa mission personnelle le fait de stabiliser l'exécutif Kah-tanais malgré ses potentielles divisions.

Le terme latino, cependant, fit à nouveau réagir les deux hommes qui se lancèrent un coup d’œil surpris, puis haussèrent silencieusement les sourcils quand il fut - brièvement - question de censurer le jeune parlement de l'Union Albienne avant d'acquiescer l'air sombre lorsqu'il fut fait référence à la milice de merde Lofotenoise. Actée elle-même avait reçue des informations de premier ordre confirmant la présence de mercenaires nordiques au sein de la colonie occupée. Tout de même, il s'agissait officiellement de forces privées et elle se gardait bien d'émettre le moindre commentaire à ce sujet, ce pourquoi l'approbation silencieuse de ses collègues la fit se racler la gorge. Sobrement, mais fermement.


Actée : « Messieurs. Je suis comme vous. Je considère le Lofoten avec le regard qu'on porte à cette jolie voisine qu'on aimerait bien apprendre à connaitre mais qui persiste à voter à droite. Cependant. »
Elle se redressa un peu dans son siège, et se passa une main sur le front. Elle cherchait manifestement les mots juste pour synthétiser sa pensée sans mettre en cause la santé mentale de tout les partis impliqués.

Actée : « Je propose que nous gardions la Jolie voisine hors des discussions pour le moment. C'est un sujet ô combien passionnant, mais contingent au vrai problème : la Fédération. »

Aquilon : « Une jolie voisine, Actée ? »

Maximus de Rivera : « Aquilon, vous avez quelque-chose à redire à ce propos ? »

Aquilon : « J'ai une bonne amie lofotenoise, figurez-vous. Mais si vous parliez de leur chancelière... »

Maximus de Rivera : « De toute façon elle n'a pas été réélue. »

Aquilon : « Oui, oui. »

Maximus de Rivera : « Et c'est tant mieux. »

Aquilon : « En fin de compte on pourrait dire que la voisine... »

Maximus de Rivera : « Inutile s'étendre sur sa beauté, ce serait sexiste de l'objectifier. »

Aquilon : « ... A finalement votée à gauche. »

Maximus de Rivera : « Mais il faut voir quelle gauche. »

Actée : « Je proposais. » Elle posa le plat de ses mains sur la table et pencha la tête sur le côté, fixant ses camarades. « De garder le Lofoten. Hors de l'ordre du jour. »

Un petit moment de flottement.

Actée : « Maximus, si vous voulez répondre sur l'aspect militaire de la question ? »

Maximus de Rivera : « Hmhm. Bien. Bien entendu l'éventuelle mobilisation de troupes étrangères sur le sol de l'Enclave Pharoise ne conerne que vos deux pays, mais nous pensons que cela ne serait pas nécessaire. À ce stade il faut considérer que le Pontarbello sera occupé militairement par l'ennemi. Nous voulons éviter un conflit, donc nous préconisons plutôt une désescalade de la situation. Nous demanderons à nos amis des Brigades Solaires de quitter les lieux, et éviterons de pousser la Fédération, qui doit se sentir intouchable pour le moment, à porter atteinte aux intêréts Pharois dans la région. Concernant les éventuelles technologies antiaériennes, nous sommes en mesure de procéder à un transfert de matériel, à terme. Cependant il nous semble que pour le moment l'Eurysie ne compose pas un théâtre à risque.

Ce que nous pourrions vous proposer, cependant, serait une série d'exercices militaires communs sur le Sol du Grand Kah. Nous luttons contre des guérillas religieuses au sud de la région et dans le cas très improbable où un conflit ouvert éclaterait contre la Fédération vos troupes seraient ainsi formées aux opérations en terrain équatorial, ce qui pourrait s'avérer utile sinon vital. »

Actée : « À vrai dire ce "presque-conflit", si vous me permettez l'expression, offre de très nombreuses opportunités que nous ne pouvons pas ignorer. Inutile de revenir sur les aspects les plus évidents : pour commencer la situation impose à la plupart des puissances de prendre parti, directement ou indirectement. On me rétorquera qu'un bon service diplomatique rendait déjà ces informations évidentes mais au moins maintenant les choses sont claires, nous savons qui se situe où. Pour en revenir à ce que vous proposiez... Oui ? Allez-y Aquilon. »

Aquilon : « Concernant l'Organisation des Nations Commerçantes, je tenais simplement à dire que les cartes que nous avons à jouer de ce côté sont extrêmement limitées. Les puissances membres sont au mieux indifférentes au Liberalintern, au pire extrêmement hostiles à ses membres. L'idée est bonne, en pratique j'ai peur que cela nous coûte une énergie qui serait mieux utilisée ailleurs. Sauf votre respect, camarade Sakari. »

Actée acquiesça doucement. Elle était manifestement d'accord, même s'il lui peinait de fermer une prote avant même de s'y être engagée.

Actée : « Mais nous avons d'autres cordes à notre arc. Pour rebondir sur ce qui se disait plus tôt : nous pouvons ouvrir plusieurs fronts diplomatiques. Pour commencer il y a effectivement l'Union Albienne, qui pourrait devenir une voix puissante en Eurysie. Bien entendu ils vous qualifieront aussitôt de poupées communistes et que sais-je encore. Nous ne pouvons pas nous attendre à grand-chose d'autre qu'à des insultes, de leur part. Cela renforcera probablement la position de l'Union. Quand on est suffisamment mal insulté par les bonnes personnes, on engrange des points.

Et à ce propos, il y a l'affaire des... Caricatures racistes. »

Parmi les rares asiatiques dans la salle, son ton exprimait du dégoût et son expression une colère froide.

Actée : « Les services de propagande de l'Aguenara ont accusés les hommes des brigades solaires de crime de guerre. Ce qui est ridicule : ce sont des hommes formés au strict respect des conventions et droits humains. Cette propagande outrancière est d'autant plus ridicule que les positions civiles bombardées se trouvaient derrière les lignes des Brigades, attestant mécaniquement que les bombardement et tirs les ayant ciblés étaient ceux de l'ANPL. Et enfin, bien entendu, il y a des caricatures. Des. Saletés. De caricatures. Le Grand Kah est une nation syncrétique et cosmopolite. Les nazuméens composent un peu plus de 30% de la population. La plupart des brigadiers solaires volontés lors de ce conflit sont à priori des latinos-paltoterrans et des hommes issues de populations paltoterrannes autochtones. Qui ressemblent, ethniquement, à des nazuméens, mais n'en sont pas. Ces caricatures font ressurgir les heures les plus haïssables du péril jaune et sont, par ailleurs, parfaitement répugnantes dans ce qu'elles disent de la vision du monde de la Fédération et de ses États fantoches. Ce point est extrêmement utile puisqu'il a déjà provoqué des véritables réactions de rejet de la part de plusieurs pays, notamment Afaréens, ayant subits la colonisation et le racisme eurysien. Sauf votre respect, messieurs. »
Elle toussota.

Actée : « Ces agressions symboliques et l'incapacité des médias fédéraux à les condamner ou à en comprendre la violence, créent un climat extrêmement délétère mais parfaitement profitable : nous tombons mécaniquement dans le camp du bien, puisque nous faisons littéralement face au racisme décomplexe, globalement considéré comme, tout de même, pas très sympa. Cela signifie pouvoir compter sur l’opinion publique, sur le soutien de pays altermondialistes tel que le Banairah, l'Althalj, et ouvre la voie à des campagnes d'influence que nous pourrions mener à ce sujet au sein du Nazum. Plus jamais ça, sus au racisme, ainsi de suite. L'opportunité est immense et le mouvement déjà enclenché par la société civile. Pour en revenir à l'Afarée, c'est clairement là que les services de la Fédération comptent étendre leur influence à l'avenir, donc compter sur le soutien de puissances régionales sera essentiel pour assurer que les indépendances Listoniennes se fassent désormais dans de bonnes conditions. Nous luttons contre l'impérialisme, ici, rien de mieux que le faire en compagnie des premiers concernés. »

Maximus de Rivera : « Hm. Une dernière chose. Nous savons que la Fédération va organiser des élections au sein du Pontarbello. C'est une simple formalité visant à asseoir leur domination néo-coloniale sur la province. Ils veulent probablement effacer la nature paramilitaire de leur invasion, et assoir une légitimité démocratique. »

Aquilon : « On sait comme l'apparence de "démocratie" suffit à calmer l’opinion des libéraux. »

Maximus de Rivera : « Ces élections ne doivent pas être négligées. Nous pourrions peut-être, les changer en fiasco tournant à l'avantage des forces réellement indépendantistes. »

Il se renfonça un peu dans son siège.
Les Pharois ne relevèrent pas l'emploi du terme latino en présence des kah-tanais, Killikki se contentant d'esquisser un discret sourire moqueur qu'il adressa à ses ongles manucurés de noir. La délégation norstalkienne, contre toute attente, se révélait assez véhémente sur la question des mesures politiques à prendre. Or en toute honnêteté si on s'attendait à un certain rigorisme martial de la part des communalistes du Grand Kah, c'était un peu plus surprenant d'entendre s'emporter le premier ministre Johansen parler censure et opération coup de poing sur la table des négociations. La mention du parlement albien fut accueillie par un silence poli de la part des Pharois. Le bloc communiste n'y était pas majoritaire, loin de là, en fait comme on pouvait s'y attendre Albi gravitait autour d'un centre gauche plein de bonne volonté. Peu importait en vérité, les institutions de l'Union n'avaient jamais été réfléchies pour faire de l'ingérence à l'international, elles n'avaient qu'un rôle d'harmonisation interne entre des territoires au final fortement interconnectés.

Lorsqu'il fut évoqué la livraison de canon anti-aériens, les yeux de Killikki se mirent à briller mais comme ce n'était pas encore aux tour des Pharois de s'exprimer, on laissa la parole aux Kah-tanais.

Le débat repartit sur une comparaison assez tendancieuse quant à la place qu'occupait le Lofoten dans le paysage politique d'un quartier métaphorique et Sakari, que les affaires du cœur concernaient du fait de son âge, hocha plusieurs fois la tête avec conviction, tout en continuant de prendre des notes.
La citoyenne Marketta s'y était d'ailleurs mise également, afin de pouvoir répondre point par point aux sujets évoqués.


Sakari : « Alors heu, pour essayer de reprendre les choses sans l'ordre.... »
Killikki : « Sachez juste qu'en ce qui concerne la production de défenses anti-aérienne, le Syndikaali peut s'en charger et avec une certaine efficacité. Le Parti Communiste Pharois collabore activement avec plus d'une dizaine de kollektiivinen, c'est au moins deux lignes de production complètes qui peuvent être attribuées à la DCA et d'une très bonne qualité. »
Sakari : « Oui sur la question de la production militaire, sans pouvoir faire parfaitement jeu égal avec l'Alguarena nous la talonons dans la plupart des domaines et notre industrie est réactive. Si nous devons fournir le Norstalkian ou le Grand Kah en urgence, cela est parfaitement possible... Je voulais rebondir sur plusieurs choses. Tout d'abord oui, l'Union Albienne peut faire levier. Ce n'est pas souvent que quatre nations parlent d'une même voix après un vote parlementaire mais j'insiste sur le fait qu'il faudra respecter les règles de la démocratie. On ne peut entacher le projet si tôt avec des controverses. Les élus du parlement ne sont pas des buses et les nationalistes ont tendance à surréagir quand on les chatouille trop, je ne doute pas que nous parviendrons à former un front pour condamner les évènements du Pontarbello.

En ce qui concerne le territoire précisément, je rejoins monsieur de Rivera, une intervention militaire sur place est inenvisageable et se retournerait contre nous. »

Marketta : « L'ennemi est supérieur en tout, sauf en matière grise, là est notre levier d'action. Le nombre et l'intelligence diplomatique sont nos forces. Comme vous l'avez souligné, citoyenne Actée, de nombreuses voix s'élèvent déjà pour dénoncer l'omnipotence des Alguarenos et somme toute, bien peu soutiennent la Fédération à l'heure actuelle. Même le Lofoten ne s'est pas prononcé ouvertement en soutien à la Fédération. Le Jashuria non plus. A part peut-être la République Fédérale de Novigrad je ne leur compte pas beaucoup d'alliés.

L'histoire des caricatures est fâcheuse et la dénonciation du racisme n'est pas qu'un enjeu de communication politique cynique... »

Elle jette un furtif coup d'oeil du côté d'Alexander Johansen.

Marketta : « Le racisme d'aujourd'hui prépare les atrocités de demain, il ne faut pas sous-estimer cela. L'Alguarena prépare sa population à accepter moralement l'idée de la guerre, nous reconnaissons les signes des poussées bellicistes et fascisantes. Cela implique de prendre la chose au sérieux et nous permet d'ouvrir un front politique pour le Liberalintern, sans en passer par ses leviers militaires. »
Killikki : « Je me permets ? »
Marketta : « Allez-y. »
Killikki : « L'idée de monsieur Pieterman est fondamentale. Il y a déjà eu la crise du missile francisquien, il faut la réactiver. La vente d'arme d'origine alguranero tue et continuera de tuer demain encore. Organisons une campagne de boycott pour stimuler notre marché intérieur et coupons à la Fédération son principal poumon économique. Si nous mettions en avant les industries aumérinoises et nous pourrions, côté Pharois, tenter de faire passer un vote pour ouvrir notre production à l'export... »
Sakari : « Ce sera compliqué. »
Killikki : « Les kollektiivinen ont voté pour honorer la commande norstalkienne. »
Sakari : « A titre exceptionnel. »
Killikki : « Il suffira de proposer un accord électoral au Parti Pirate. Ils adorent tout ce qui ressemble de près ou de loin à une stratégie de contrebande. »
Sakari : « Oui enfin c'est tambouille interne tout ça. On verra en privé, je ne peux pas garantir de parvenir à ouvrir l'industrie militaire pharoise au marché international, ou alors de manière ciblée, en proposant des contre-offre, éventuellement...

Peut-être, en ce qui concerne les élections au Pontarbello, il me semblait que Marketta...? »

Marketta : « Oui je travaille actuellement avec le capitaine Mainio... »
Killikki renifle.

Marketta : « ... pour la constitution d'une entité politique post-Listonie impériale en réunissant autour d'une même table les anciennes colonies et leurs garants. Si nous parvenons à parler d'une même voix avec la République Hafenoise, Saint-Marquise, Porto Mundo, le Shibh Jazirat Alriyh, l'Althalj, Jadida, Albigärk, la province de Kodeda, et le Banairah, le Pontarbello, même validé 'démocratiquement' si l'on peut appeler cela ainsi, en faisant bande à part perdrait assurément en légitimité pour apparaitre pour ce qu'il est réellement : un pion de la Fédération.

Réussissons à inviter les représentants de Macao et du Jashuria et le rapport de force sera définitivement en notre faveur. »
Haut de page