Les élections fédérales législatives qui avaient porté les socio-démocrates au pouvoir s'étaient jouées sur la politique hasardeuse de la Chancelière sortante Sigrid Olfgarson, jugée bien trop agressive et interventionniste. Cependant la victoire du nouveau Chancelier Atreus Fjörgyn tenait dans un mouchoir de poche, et dans une démocratie où les médias sont sont considérés comme le quatrième pouvoir, le moindre faux pas diplomatique peut faire vaciller une carrière politique, ou, dans le pire des cas, y mettre brutalement un terme.
Tout le petit personnel du Palais de la Chancellerie s'affairait dans les couloirs feutrés du Palais de la Chancellerie, à nettoyer et briquer l'argenterie, épousseter les nombreux tableaux et portraits des grands personnages politiques des Provinces-Unies, tandis que les agents de sécurité et des membres de la garde fédérale fourmillaient pour inspecter et passer au peigne fin l'intérieur comme l'extérieur du bâtiment. Tout devait être impeccable pour l'arrivée des hôtes eurysiens, et surtout que la sécurité soit optimale. Le Palais de la Chancellerie était un vrai moulin, Atreus Fjörgyn tenant à ce que le palais ne soit pas la grande bâtisse blanche, austère et vide que tout le monde avait l'habitude de voir, mais une maison familiale pleine de vie.
S'il est de coutume que les Chanceliers s'y installent avec leur famille, celle-ci est très souvent écartée des cercles du pouvoir ou demeure cantonnée aux quartiers privés dédiés aux proches. M. Fjörgyn rompit le protocole et autorisa ses enfants à déambuler partout dans l'immense bâtiment, et ses jardins attenants avec quelques restrictions tout de même. Pas question de s'aventurer dans le Bunker Loki, le poste de commandement sécurisé qui se trouve sous le Palais, ou bien dans l'aile des ambassadeurs.
Tandis qu'Atreus Fjörgyn faisait les 100 pas lors de sa petite promenade matinale en compagnie de son fils, Atreus Jr, un agent du Département d'Etat Fédéral aux affaires étrangères vint le trouver et lui susurra à l'oreille :
"Monsieur, désolé de vous interrompre mais je me dois de vous informer que la délégation présidentielle du Finnevalta vient d'attérir à l'Aéroport International. J'ai fais mandater le convoi de sécurité habituel, ils seront au Palais d'ici une demi-heure".
"Parfait, je vous remercie, je les accueillerais moi même sur le perron de la Chancellerie, puis nous les conduirons dans le Salon Doré".
35 minutes plus tard, les véhicules noirs des services de sécurité de la Garde Fédérale se garèrent dans la cour intérieure du Palais. Les couleurs des Provinces-Unies et du Finnevalta avaient été hissés, et comme le veut le protocole diplomatique, l'hymne du Finnevalta était joué par l'Orchestre National de la Milice. A son tour le Chancelier mit un point d'honneur à s'improviser en maître de cérémonie, un rôle qu'il affectionnait particulièrement à endosser :
"Madame la Présidente de la République Fédérale du Finnevalta. Mes hommages, c'est un honneur et un privilège que de vous accueillir vous ainsi que votre délégation en notre belle terre du Lofoten. Je serais accompagné par Mme Willow Rosenberg, notre vice-chancelière, ainsi que Mme Alexis de Vengerberg, conseillère d'état fédérale aux Affaires Etrangères, et Monsieur Alfrid Van Rädeberg, conseiller fédéral du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme.
J'espère que vous avez fait un excellent voyage, je sais que la distance qui sépare l'Eurysie de la Nord-Aleucie est grande, et que les trajets peuvent paraître très longs. Vous aurez à loisir de vos reposer et vous restaurer pendant votre séjour ici, notre hospitalité est renommée de par le monde. Je vous prie de bien vouloir me suivre s'l vous plaît, nous allons nous installer confortablement dans le Salon Doré."