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Rencontre Diplomatique Elpidia – Netharia à Eskad (04-06/12/2007)

Eskad, Bureau du ministre des Affaires Etrangères, ministère des Affaires Etrangères, 18h37

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Bureau du ministre des Affaires étrangères

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Mikhail Ivanovitch STEINER, ministre des Affaires étrangères


Comme à son habitude à cette heure, Mikhaïl Ivanovitch sirotait un thé glacé. Devant la fenêtre, la main gauche dans le dos, la droite tenant son verre, il regardait les bourrasques souffler la neige sur les malheureux gardes royaux affectés à la surveillance du bâtiment. Il songeait au calvaire que devait vivre ces hommes présentement, à attendre dehors dans le noir et le froid, prisonniers du devoir qui était le leur, alors que lui pouvait se payer le luxe d’un thé glacé dans son bureau. Derrière lui se tenait son office, un bureau et une bibliothèque murale en bois précieux, qui couvrait deux des quatre côtés de la pièce. Sur son bureau était ouvert un épais dossier, rempli de feuilles agrafées et couvertes de chiffres et d’annotations, à côté se trouvaient une paire de petites altères et des élastiques de musculation.
Quelqu’un toqua à la porte.

- Entrez !
- Mr le ministre, l’Avion de l’Archonte Elpidien est annoncé à l’aéroport dans 30 minutes.
- Bien, je vous remercie. Prévenez le secrétaire de sa majesté et celui de Monsieur O’Bourne, je pars pour l’aéroport.

Sans attendre de réponse de la part du nouvel arrivant, qu’il n’avait même pas regardé, il le congédie d’un geste. Le temps d’un soupir, un regard au tremblement qui commence à agiter sa main droite et il termine son verre d’un trait.

- Quand ‘faut y aller, ‘faut y aller… courage !!

On a beau avoir les dents longues, arriver ministre des Affaires étrangères à 35ans, ce n’est pas donné à tout le monde, et l’Archonte Elpidien, Méridéas Pericléïde, n’était pas n’importe qui. Mikhaïl saisit le dossier sur son bureau, sa veste et sorti de son bureau, immédiatement suivi par deux gardes royaux assurant sa protection. Autant il avait fini à se faire à ceux qui gardaient le bâtiment, autant il avait encore du mal à supporter la protection dont il faisait l’objet. Netharia était un pays calme, aucune menace ne venait troubler sa sérénité pour le moment, alors pourquoi ces deux gugusses à chapeau en peau d’ours pour le suivre partout où il allait ? De plus ils portaient des armes. Le jeune homme les avait en horreur depuis un incident de tir lors de son service militaire. Elles étaient utiles, certes, mais leur proximité le rendait nerveux. Pour se calmer, tout en descendant rapidement les marches le menant à sa voiture avec chauffeur, il regarda rapidement le nom sur son dossier : Méridéas Pericléïde.

Ce qui avait frappé le jeune ministre des Affaires étrangères, c’était qu’ils avaient le même âge, et qu’ils avaient tout deux fréquenté les rangs de l’armée. Mais c’étaient peut-être leurs seuls points communs selon son dossier, car là où lui n’avait fait que son service militaire obligatoire pour tout citoyen de Netharia, Pericléïde avait vraiment combattu, et ce très tôt, à un âge où les Nethariens sont encore au Lycée. Il avait rapidement grimpé les échelons de la hiérarchie grâce aux aléas des combats, et avait fini à la tête de son gouvernement. Un personnage qui avait de quoi intimider quelqu’un qui n’avait affronté que la politique, avec certes son lot de vipères et de coups bas, mais, jusqu’ici, personne n’en était mort.
Au téléphone dès son entrée dans sa voiture, il ne raccrocha qu’une fois arrivé devant le grand terminal 1 de l’Aéroport International Anton Kagelhart, l’aéroport d’Eskad.

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Aéroport International Anton Kagelhart, Grand Terminal 2, départs

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Grand Terminal 1, arrivées

En descendant du véhicule, il aperçut du coin de l’œil un officier de la garde royale donner les dernières instructions à sa formation, en attente de part en d’autre d’un grand tapis rouge. Sa voiture partie, une grande limousine vint s’arrêter à l’extrémité du tapis. Mikhaïl secoua la tête. Tant de salamalec pour une rencontre commerciale, cela le dépassait. Lui, dont la diplomatie n’était absolument pas la spécialité, qui se retrouvait à diriger celle de son pays. Lui qui était fait pour donner les conseils dans l’ombre se retrouvait à présent sous les feux de la rampe, tout ça parce qu’un homme un peu trop droit s’était peut-être fait un devoir de récompenser ses meilleurs conseillers et amis. Et qu’il avait peut-être jugé que le physique avenant du jeune homme serait un premier contact sympathique avec le pays.

*Quelle connerie* pensa Mikhaïl en s’engouffrant dans le grand hall 1, ses deux inséparables gardes sur les talons. Il traversa le hall à grands pas et retrouva le couple royal et le premier ministre devant la sortie 3 du grand hall 1.

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Grand Hall 1

Il s’inclina profondément devant le couple royal, qui paraissait coincé dans leur costume de cérémonie. Les jeunes souverains lui répondirent en hochant la tête avec un sourire. Des personnes normales propulsées à un rôle auquel ils n’aspiraient pas, voilà l’image qu’ils revoyaient. Pour les avoir pratiqués depuis quelque temps, Mikhaïl savait que le roi Klaus et la Reine Alexa, bien que souverains officiels du royaume de Netharia, n’aimaient guère le cérémoniel entourant les réceptions diplomatiques et mondaines, et encore moins les costumes qu’ils étaient obligés de porter. Klaus ne jurait que par le couple pantalon cargo et chemise à carreaux, quant à Alexa, elle préférait celui du jean et d’un bon pull en laine.

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Le jeune couple royal en tenue protocolaire.

Se tournant vers le premier Ministre il lui serra chaleureusement la main. Les deux hommes étaient unis par une franche amitié qui s’était renforcée pendant la campagne électorale. Mikhaïl se demandait néanmoins souvent pourquoi Arthur l’avait placé aux affaires étrangères plutôt qu’à le garder comme conseiller.

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Le premier ministre Arthur O'Bourne

- Tu arrives juste à temps, Mikhaïl, il vient de finir son roulage, dit Arthur O’Bourne en montrant le bi-réacteur Elpidien en approche de la porte mobile.
- Il est arrivé en avance sur ce qu’on m’avait dit !
- Une histoire de vent favorable lors de la descente, précisa le roi.
- Le genre qui fait gagner dix minutes… ces phénomènes resteront un mystère pour moi…
- Tu te sens près ? demanda le premier ministre, sachant que c’était la première grande épreuve diplomatique de son ami.
- Tu rigoles ? Je tremble tellement que je pourrais te faire une mousse au chocolat sans efforts !!

Arthur O’Bourne fit une accolade fraternelle à son jeune ami et le regarda avec un sourire confiant. Pas besoin de paroles pour dire que Mikhaïl avait toute sa confiance. La fanfare derrière eux commença à jouer l’hymne Elpidien alors que le cordon de la garde se mettait au garde à vous. Aux premières notes Mikhaïl sursauta. Selon le protocole, c’était à lui d’accueillir l’Archonte et de lui présenter le couple royal et le premier ministre. Il vit la porte de l’avion s’ouvrir. Sa première rencontre d’un officiel étranger en tant que ministre des Affaires étrangères allait commencer.

Il s’avança vers l’homme qui ressemblait à la photographie sur son dossier de l’Archonte Pericléïde, sans tiquer outre mesure sur la toge portée par le jeune chef d’état. Après tout, Arthur O’Bourne portait bien le kilt chez lui et Mikhaïl n’était pas sectaire. Le fait que l’Archonte ai le même âge que lui finit par le calmer à mesure qu’il se rapprochait de lui, et il salua enfin son vis-à-vis, un sourire franc sur le visage.

- Bienvenue à Netharia, Excellence, j’espère que vous avez fait bon voyage. Permettez que je vous présenter son Altesse le roi Klaus et son épouse, la reine Alexa, qui seront nos hôtes pour ce soir. Je vous présente également le premier ministre Arthur O’Bourne, qui nous accompagnera aussi le temps du repas dans la résidence royale.
En sortant de l’avion Méridéas sentait en vent d’air frais de ces terres que son père lui avait tant parlé. Alors qu'il s'approchait de ses hôtes il laissa traîner son oreille pour écouter l'hymne national elpide joué par-là fanfare netharienne. Il remarqua que l'exécution et t'es parfaite sans aucune fausse note.

Arrivé à la hauteur du ministre des affaires étrangères, il ne put s'empêcher de contempler le couple royal netharien en tenue d'apparat. C'était la première fois qu’en visite officielle il rencontrait des personnes de sang royal, même si ses plus proches conseillers l’avaient prévenu c'était un véritable choc des cultures pour l'Archonte. Leurs accoutrements royaux richement décoré de parures et de dorures sembler complètement en décalage avec sa toge d’apparat traditionnelle. Même si la toge de l'archonte bénéficier de quelques fils d’ors tissé cela n'avait rien de comparable avec l'extravagance des habits du couple royal.

Mais que de culture fut elle que l'archange ressenti deux sentiments contraires. Tout d'abord il se sentait subjugué par la beauté et extrême finesse des habits du roi et de la reine, Ses habits avaient dû nécessiter un travail de minutie et d'une qualité sans pareil. Toutefois d'un autre côté il se sentait un peu mal à l'aise et pas forcément à sa place devant une telle extravagance. Cependant en regardant le couple royal il remarqua aussi que ces derniers ne se sentaient pas forcément à l'aise dans leurs tenues protocolaires, cela le rassura un peu.

Après avoir écouté la brève présentation du ministre des affaires étrangères netharien, Méridéas Péricléïde déclara :

« Altesse Klaus, Altesse Alexa, Monsieur le Premier ministre O’Bourne, et enfin Monsieur le ministre Steiner, je vous remercie de m'accueillir sur vos terres. Je ne sais pas si Monsieur Steiner vous en avez déjà fait part mais pour moi c'est très particulier de pouvoir venir dans votre royaume Altesse, puisque mon défunt père m'a beaucoup parlé du Royaume de Netheria et cela durant toute mon enfance.

Toutefois je ne tiens surtout pas à vous mettre de pression quant as des attentes que j'aurai en venant ici, bien au contraire. Sachez juste qu’au-delà du formalisme politique et diplomatique j'ai une curiosité dévorante pour ce qui concerne votre royaume qui reste pour la plupart des elpides une sacrée énigme. En tant que représentant de mon peuple je porterai donc aussi mon florilège de questions quant à votre histoire à votre culture qui sera de ce fait un peu en dehors du cadre formel de cette rencontre.

Enfin Altesses, sachez qu’en Elpidia nous ne sommes pas forcément très à l'aise ni très habitué avec tout ce qui a trait à la royauté du fait de notre histoire. Disons que les rois et reines, les empereurs, ainsi que tout le pataquès royal n'a jamais vraiment pris au sein du territoire des Cinq-Cité. De ce fait je tiens à prévenir que du fait de différences culturelles je risque peut-être de poser des questions qui pourront s'avérer impoli où blessante quant à votre culture ou à votre histoire, mais sachez que je ne le fais pas par souhait mais plutôt par ignorance pour vous us et coutumes. N'hésitez donc pas à me le faire remarquer si je commence à parler de sujets trop sensibles.
»

Mikhail décela comme une curiosité de la part du jeune archonte. Cela le renforça dans son idée qu’au final, ils n’étaient pas si différents. Le choc des cultures apporte son lot d’interrogations, de curiosité, d’incompréhensions, mais c’est aussi de cela qu’était fait ce qui était son métier à présent. Le Protocole voulait que ce soit à présent le tour du Roi de prendre la parole, ce qu’il s’empressa de faire. On sentait qu’il avait hâte d’en finir avec le protocole, bien qu’un soulagement assez visible fût apparu sur les visages du couple royal après les paroles de Méridéas Péricléïde.

- C’est un plaisir de vous recevoir à Eskad, Excellence, dit le jeune roi, Nous sommes ravis que notre nation ai à ce point marqué votre père, dans le bon sens nous espérons. Nous ferons en sorte qu’il en soit de même pour vous et tâcherons d’assouvir votre curiosité, tout en abreuvant la notre de vos réponses, car votre nation représente également un sujet de curiosité pour nous. Notre premier Ministre, Monsieur O’Bourne, et notre ministre des Affaires étrangères, monsieur Steiner, ont pensé que vous souhaiterez sans doute vous restaurer à votre arrivée. Aussi, nous avons organisé un repas dans une de nos résidences, le Palais Royal étant momentanément en travaux.

Le Palais Royal n’était pas vraiment en travaux, le jeune couple n’aimait juste pas y séjourner. Trop impersonnel, trop de rituels, trop d’attention, ils avaient été les premiers de la famille royale à complètement délaisser ce bâtiment pour vivre dans une des résidences secondaires. Sans doute que l’Archonte Elpidien le savait, mais il fallait malgré tout conserver les apparences, protocole oblige. Le roi, malgré un soulagement visible, avait eu la sagesse de ne pas dire qu’il ne tiendrait pas rigueur d’éventuels manquements à l’étiquette, bien au contraire. Cela aurait constitué une entorse au protocole.

- Si vous voulez bien nous suivre, excellence, nous allons rejoindre nos véhicules, dit O’Bourne en désignant la sortie du Grand Hall 1 perdue dans un gigantesque mur végétalisé.

Le groupe se mis donc en marche, parcourant rapidement le hall. Une fois les portes ouvertes, ils se retrouvèrent encadrés par un autre cordon de gardes royaux, de part et d’autre d’un grand tapis rouge que la neige, qui tombait en bourrasques, commençait à recouvrir par endroits.

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Gardes royaux sous une tempête de neige

Le tapis menait à deux limousines garées, dont les portes furent ouvertes par un garde quand le groupe, relativement protégé du vent glacé par ce rempart humain, arriva à deux mètres des véhicules. Le couple royal monta dans une des voitures avec des gardes royaux, tandis que O’bourne fit signe à Péricléïde de le précéder dans le second véhicule, Mikhaïl fermant la marche, la porte se refermant sur lui. Il eut à peine le temps de s’assoir et de boucler sa ceinture, le convoi démarra.

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Limousine officielle de Netharia

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Intérieur des limousines officielles

Les sièges étaient confortables, et le bouquet de fleurs, placé là sans que Mikhaïl sache trop pourquoi, dégageai un envoûtant parfum de roses, une des fleurs favorites du jeune ministre. Il en saisi une et en huma le parfum. Cette action eu pour effet de l’apaiser encore davantage.

- Excusez Mikhaïl Ivanovitch, Excellence, dit le Premier ministre, un sourire goguenard aux lèvres, les roses sont son petit péché mignon. Les massifs de roses qu’il entretient chez lui sont absolument magnifique… peut-être aurez-vous l’occasion de les voir si vous revenez aux beaux jours ?
- Désolé, dit Mikhaïl, un peu honteux d’avoir oublié son rôle. Il se râcla la gorge avant de reprendre, nous nous dirigeons à présent, comme son altesse vous l’a dit, dans une résidence secondaire de la famille royale, où ils habitent la plupart du temps. Installez vous le plus confortablement possible, nous en avons pour une heure de trajet. Non parce que nous sommes loin, mais bien à cause des conditions météorologiques.

Du coin de l’œil, il regarda Arthur remplir un verre de Pflaumenlikör, liqueur de fruit très appréciée en apéritif. Il en remplit deux autres et les proposa aux deux occupants de la limousine. Mikhail accepta le sien avec gratitude, mais continua de présenter la suite des évènements.

- Vous l’avez sans doute remarqué, le jeune couple royal n’est pas à l’aise avec le protocole, et ils sont plus à l’aise lorsqu’on leur parle d’égal à égal. Vu ce que vous avez dit tout à l’heure dans le hall d’arrivée, je ne pense pas que vous aurez du mal à vous y faire. Vous pouvez vous détendre, ce repas sera tout à fait informel, pas de protocole à respecter, pas d’accrocs à l’étiquette à craindre. Cela dit, le roi Klaus nous a fait savoir qu’il vous était possible, si vous le souhaitez, d’en profiter pour commencer les discussions diplomatiques et commerciales. Nous pouvons aussi les commencer dans cette voiture, mais je pense que vous devez avoir la tête à autre chose présentement.
- Nous pouvons aussi commencer à faire connaissance autour de cet excellent Pflaumenlikör, un alcool de fruit que nous aimons boire en apéritif, dit O’Bourne, C’est très sucré, mais aussi très fort, à boire à petites gorgées pour en apprécier le fruité. Il est aussi possible pour vous de dormir une petite heure, les sièges sont inclinables il me semble.
L’Archonte souriait l’accueil protocolaire avait été conforme à ce qu’il pensait même s’il avait été surpris par le malaise du couple royale de se retrouver dans leurs accoutrements royaux. Toutefois il sentait que le courant passait plutôt bien avec les représentants locaux, et espérait pouvoir discuter plus amplement avec le couple royal plus tard dans la journée.

Méridéas : « Je ne pense pas que parler déjà de sujet aussi important dans cette belle limousine soit bien évident. Nous serions sans doute mieux pour discuter lors du repas ou même encore plus tard si vous le souhaitez. En revanche je ne suis pas contre une petite présentation de chacun. Demarchos je te laisse commencer. »

L’Archonte fut pris d’un instant d’hésitation et sorti en conséquence un petit cahier sur lequel était inscrits des notes en grec. Il tourna quelques pages, puis son visage s’illumina à la lecture d’une page en particulier :

Démarchos : « Demarchos pour vous servir messieurs. Je suis un ancien esclave de la brillante famille des Péricléïde, mais je ne souhaite pas être résumé à mon ancienne condition surtout depuis l’abolition de l’esclavage en Elpidia celle-ci n’a plus beaucoup de sens. Je suis en réalité depuis toujours le mentor du jeune Méridéas, ce qui a fait de moi son plus proche conseiller lorsque celui-ci a atteint la plus haute fonction de la République d’Elpidia. On me surnomme dans les couloirs de la politique elpidiane "le vieux sage" à cause de mon appétence pour toute sorte de savoir, notamment les arts oratoires et politique mais aussi les langues anciennes et étrangères.

Voilà je pense m’être suffisamment présenté. Je te laisse te présenter Méridéas.
»

Méridéas : « Méridéas Péricléïde, premier serviteur de la République Fédérale d’Elpidia. J’ai eu un passé militaire très jeune et assez long du fait des évènements dans le territoire des Cinq-Cité, dans les années 1990. J’ai eu disons une carrière militaire assez fulgurante durant la Guerre d’Unification, me permettant en quelques années le rôle de Colonel puis la fonction de Stratègos au sein de la cité d’Utopia. Depuis la fin de la guerre et l’unification du territoire en 2000, je me suis rangé dans le jeu politique en devenant Citoyen-Elus (l’équivalent de député) au sein de l’Agora Fédérale, me permettant de découvrir de nouvelles passions tel que l’écriture et la recherche scientifique et culturelle. Puis en 2004 la merveilleuse fonction d’Archonte m’est tombé entre les mains.

Je dirais que ma trajectoire a été à l’image de mon peuple, guerrière en premier lieu, fou amoureux de politique, profondément curieux de sciences et enfin incessamment ébloui par nos histoires helléniques.
»
(pour faciliter la lecture, je teste l'attribution d'un jeu de couleur en fonction du personnage : Mikhail Ivanovitch Steiner (ministre des affaires Etrangères), Arthur O'Bourne (Premier Ministre))

Alors que la tempête de neige s'intensifiait, lançant sur le convoi de voitures de véritables traits de neige, les forçant à ralentir encore d'avantage, Mikhail écouta la présentation des Elpides, en sirotant son verre de Pflaumenlikör. Ainsi, l'homme qu'il avait à ses côtés, et qui n'était pas mentionné dans son dossier sur Péricléïde, était en fait son mentor. Il n'avait certes pas usurpé son surnom de "vieux sage" tant émanait de lui la sagesse, rappelant au jeune homme son défunt grand père, un érudit qui lui avait transmit sa passion des roses. Peut-être que le "vieux sage" considérait le jeune Archonte Elpide comme son petit fils ? Mikhail se demanda furtivement si tel n'était pas le cas. En tout cas, avec un tel mentor, le jeune ministre comprenait un peu mieux la fulgurante ascension au pouvoir de l'Archonte, preuve qu'associer un véritable puits de savoir avec un esprit brillant faisait toujours des étincelles. La présentation de Méridias ne lui appris rien qu'il ne sache pas déjà, les services de renseignement avaient fait du bon travail. Ou peut être était-ce juste ce que le jeune Archonte avait laissé paraître ? Toujours est-il que c'était à leur tour de se présenter. Un bref échange de regards entre Mikhail et Arthur, un hochement de tête, ils n'avaient pas besoin de plus pour communiquer.

- J'ai bien peur de n'avoir pas grand chose à vous apprendre que vous ne sachiez déjà, Excellence. Je suis Arthur O'Bourne, actuel premier ministre de Netharia, fils de maîtres de chai d'une de nos plus prestigieuses maisons viticoles, j'ai suivi une éducation normale, j'ai fais mes 18 mois de service militaire dans l'infanterie et à l'issue ai commencé des études en logistique. Pendant mes études j'ai rejoint un club de rhétorique et me suis pris au jeu. C'est dans ce club, la dernière année de mes études, que j'ai rencontré Mikhail, dont c'était la première année d'études, nous avons rapidement sympathisé. J'ai été embauché dans une compagnie logistique affiliée à la Société Netharienne des Chemins de Fer, dans laquelle je suis resté jusqu'à être tenté par le jeu de la politique. J'ai rejoint un parti et ai réussi à être élu Bourgmestre et Großbürgermeister de ma cité d'alors. Reconduit dans mon mandat, j'ai été choisi pour représenter la Cité de Rebenshügel à la chambre des consuls. J'ai eu la surprise d'y retrouver Mikhaïl, alors conseiller d'un membre d'un autre parti. Nous nous sommes affronté à de nombreuses reprises, mais cela n'a pas affecté notre amitié, au contraire. Lorsque j'ai décidé de me présenter aux élections de premier ministre, il est venu m'apporter son soutien. Et je m'en suis souvenu lors de la nomination des ministres. Je suis sûr qu'il se demande bien pourquoi je l'ai placé là, mais j'ai pleinement confiance en ses qualités personnelles pour mener à bien sa mission de ministre des affaires étrangères.

Le jeune Steiner se demandait en effet très souvent pourquoi Arthur l'avait placé là, et avait toujours pensé qu'il l'avait été uniquement en remerciement de l'aide apportée pendant la campagne. Du reste, il le croyait toujours, malgré ce qu'il venait d'entendre. Mais le fait de savoir qu'il avait la totale confiance de son supérieur et ami pour la tâche qui était la sienne faisait toujours plaisir à entendre. Il bu encore une gorgée de liqueur avant de prendre à son tour la parole.

- Je suis pour la part Mikhail Invanovitch Steiner. Fils d'un artisan ébéniste et d'une pharmacienne, j'ai également suivi une éducation normale, j'ai fais mes 18 mois de service militaire, j'ai commencé dans l'infanterie de montagne mais ai terminé au sein de l'administration de l'armée, comme ordonnance au sein de notre Grand Etat-Major. Mon supérieur devait régulièrement rendre compte à la chambre des communes, j'ai donc très tôt fréquenté les hautes sphères de notre politique. A la fin de mon service, j'ai décidé d'embrasser une carrière dans la politique, et ai donc commencé des études en ce sens. J'ai rencontré Arthur dans le club de rhétorique de notre université, et ai fini par en devenir le président. Puis, une fois diplômé, j'ai rejoint un parti, plus pour tester mes compétences que par réelle conviction, ce qui m'a permis de rejoindre Arthur sans état d'âmes lorsqu'il s'est présenté. J'ai su faire valoir mes capacités de conseil et je pense pouvoir affirmer, tu me corrigeras Arthur si je me trompes, que j'ai grandement contribué à sa victoire aux dernières élections.

Mikhaïl prit bien soin de ne pas laisser le temps à qui que ce soit de rebondir sur son service militaire, le traumatisme ayant entraîné sa mutation aux services administratifs était encore un sujet sensible. Arthur était au courant, ils en avaient longuement parlé un soir, autour d'un excellent whisky. Mais le simple fait d'évoquer son service militaire fit remonter quelques souvenirs que le jeune ministre aurait bien conservé enfouis. Il sera les poings et ferma les yeux. Brièvement, une tentative vaine de les faire fuir, il le savait, mais qui avait le mérite de lui permettre de prendre sur lui quand ces souvenirs ressurgissaient trop fort. En rouvrant les yeux, il éclusa ce qui restait de sa liqueur.

- Comment trouvez vous ce Pflaumenlikör messieurs ? Un verre n'en appelle-t-il pas un autre ? ou peut être désirez vous quelque chose d'un peu plus corsé en goût ? Nous avons un excellent McPherson single malt, un très bon whisky... Mikhaïl, tu m'accompagnes ?

Arthur connaissait suffisamment bien son ami pour savoir qu'il avait davantage besoin d'un bon whisky que d'une liqueur de prune, la question était purement d'ordre diplomatique. Mikhail acquiesça avec un sourire.

- Volontiers. Mais n'abusons pas, je tiens à marcher droit quand nous descendrons de la voiture, si tant est que nous arrivions un jour.

Arthur lui servit un bon verre en riant, et en proposa du regard aux deux autres occupants de la banquette.
L’Archonte écoutait attentivement ses hôtes. L’histoire de Mikhail Ivanovitch Steiner et d’Arthur O'Bourne le refit plonger dans ses propres souvenir... l’armée, la guerre, la haine, l’amour, la paix, la solitude et désormais le pouvoir. Elpidia et le Netharia avait vraiment pris des trajectoires différentes comme lui avait indiqué son père. Il ne répondit pas tout de suite à la sollicitation de ses hôtes bien trop perdu dans ses réflexions, de sorte qu’il fallu un léger coup de coude de son mentor et conseiller Demarchos pour qu’il réponde :

Méridéas : « Ah... Euh non merci ça ira parfaitement. Votre Pflaumenlikör est très bon, mais je préfère être certain de rester sobre afin de garder l’esprit claire lorsque nous discuterons plus sérieusement. »

Démarchos : « De mon côté je passe mon tour, loin de moi de vouloir vous offenser. Votre alcool est très bon mais comme le dit mon ancien élève... notre esprit doit rester parfaitement fonctionnel. Si je dois vous faire une petite confidence messieurs, le problème chez nous avec les elpides c’est que nous tenons très bien l’alcools provenant de nos propres productions, mais les alcools étrangers... passé 2-3 verres nos esprits s’embrume déjà et nos corps s’engourdissent vite. Vous comprendrez donc notre prudence quant à reprendre un autre verre d’alcool quel qu’il soit, nous ne souhaiterions pas montrer une mauvaise image à la famille royale dès une première rencontre officielle. »

Un léger silence s’installa dès que l’Archonte se mis à regarder vers la fenêtre, admirant la neige ruisselait sur la limousine netharienne. Cette neige lui fit penser le jour de la proclamation de l’Unification d’Elpidia le 2 février 2000. Un jour qui était sous le joug de la joie et de la paix comme jamais Elpidia ne l’avait connu. La neige était tombée ce jour-là à Utopia, alors que la météo avait prévu un grand soleil. Les météorologues elpides n’avaient su quoi répondre au journaliste, beaucoup de religieux pensaient qu’il s’agissait d’une journée bénie des dieux et que la neige était la démonstration de la satisfaction des Dieux Hellènes. Même s’il était un adepte habituel de la rationalité avant tout, quand Méridéas repensait à cette journée, cela lui faisait penser que tout rêve devenait alors possible tant que les « Dieux », sa bonne étoile, ou quoi que ce soit, étaient de son côté. Il souriait bêtement en regardant cette vitre... que donc l’attendais sur ces terres que son père lui avait tant parlé... son impatience finissait par le démanger.

Ses hôtes et Demarchos avait laissé l’Archonte à sa réflexion par pudeur et par respect pour cet homme qui avait déjà beaucoup vécu en plus d’une trentaine d’année. Après quelques instants encore Méridéas Péricléïde brisa le silence avec une voix qui semblait sortir du tréfond de ses expériences de la dernière guerre, tel un vieux sage :

Méridéas : « J’ai deux questions à vous poser en attendant que nous arrivions. J’aimerez que vous me répondiez avec toute la franchise du monde messieurs. Tout d’abord j’aimerai savoir quel est votre rêve le plus cher ? Qu’est-ce qui vous motive à vous lever le matin ? Des hommes d’Etat comme vous doivent bien avoir quelque chose qui vous motive. Si vous vous demandez pourquoi je vous pose cette question la raison est simple. En Elpidia nous avons un dicton : "Il y a deux manières de juger un homme : en le combattant on comprend ce que son corps a vécu et ce qu’il est prêt à endurer et à donner pour vivre, en sondant profondément son cœur on peut déterminer le niveau de pureté et de noblesse de son âme". Il est évident qu’un combat singulier à l’épée ou a main nue ne serait pas de bonne tenue même si en Elpidia cela se fait encore couramment. De ce fait par cette simple question philosophique je souhaiterai connaître un peu plus les hommes avec qui je discuterais en tant que chef d’Etat. Je vous répondrais évidement par la suite en toute sincérité.

Enfin deuxième question, moins dans l’ordre de la philosophie mais plus sur une question d’ordre politique. Ma question est encore une fois à la fois simple et complexe : comment voyez-vous l’évolution du Netharia a l’avenir ? Sur quelle force ce pays pourra-t-il compter pour se faire une place dans le concert des nations Eurysiennes... et plus globalement du monde ? .
»
[l'expérience a eu l'air concluente, je poursuis donc : Mikhail Ivanovitch Steiner (ministre des affaires Etrangères), Arthur O'Bourne (Premier Ministre)]

D'un geste de la main, Arthur O'Bourne signifia aux deux hommes qu'aucun ombrage n'était pris. Il n'était pas dans la coutume de Netharia d'imposer à ses invités de boire, Arthur lui même ne se servait que pour accompagner son ami Mikhail, qui avait besoin de boire quelque chose de costaud pour se remettre les idées en place. Aucun des deux hommes n'était un alcoolique, bien que la présente expérience puisse tendre à prouver le contraire, ils aimaient boire ensemble et partager leurs rêves une fois atteint l'état où on se sent juste bien.

Mikhail, pour sa part eu un petit sourire en coin, mais se contenta de boire une bonne gorgée de whisky, savourant le trajet brulant de l'alcool dans son œsophage. Le silence s'installa pendant de longues minutes, juste le ronronnement étouffé du moteur venant donner à la limousine en cet instant la légère torpeur qui accompagne certains voyages. Méridéas semblait presque en transe, perdu dans ses pensées. Peut être cherchait-il à orienter la conversation dans une certaine direction ? Mikhail, ne se sentant pas d'en faire de même, laissa le jeune archonte dans son silence, en jetant un regard par la fenêtre en face de lui. Il reconnu un panneau et estima qu'ils avaient encore une vingtaine de minutes de trajet.

Soudain, Méridéas brisa le silence. Et de quelle façon... ses rêves ? Mikhail en avait, bien sûr, mais de là à les exposer de la sorte... Il regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes le jeune archonte avant de tourner le regard vers Arthur. Ce dernier souriait en regardant le liquide ambré du whisky dans son verre.

- Des rêves, j'en ai pléthore, excellence, je suis un grand rêveur. J'ai pour ambition de servir au mieux mon pays, d'en faire un pôle économique et culturel. Mais mon rêve le plus cher, c'est bien de posséder mon propre vignoble dans les montagnes, d'y travailler, d'y avoir de grandes salles et de les proposer au monde comme zones totalement neutres où pourraient se régler les conflits sans que les armes ne parlent. Et qu'une fois les conflits évité, et seulement dans ces cas là, qu'on boive pour fêter ça. Malheureusement, ça ne restera qu'un rêve, si les conflits se réglaient aussi facilement, nous n'aurions pas la situation actuelle au Prodnov... cela m'a toujours fasciné à quel point il était aisé d'envenimer une situation, et à quel point s'en sortir était compliqué...

Arthur resta quelques secondes les yeux dans le vague, fixé sur son whisky qu'il faisait tourner lentement dans son verre. Puis il prit une inspiration et une petite gorgée du breuvage avant de reprendre.

- Peut être qu'il faudrait unifier le monde, pour que nous puissions tous aller dans la même direction ? Hah !!... Une parole, un autre rêve inaccessible, vous voyez, je suis un grand rêveur... Quant à savoir ce que nous voulons pour Netharia, ma foi... nous voulons conserver sa neutralité. Je pense que notre pays pourrait et devrait être un terrain d'une neutralité quasi totale pour de futures rencontres et négociations diplomatiques, les forces de ce pays, nous sommes en train de les remodeler pour le transformer en une petite forteresse. Mais nous réduire à une armée est quelque peut réducteur, nous avons notre savoir faire ferroviaire, notre industrie sidérurgique très prospère... et notre histoire, prouvant que plusieurs cultures différentes peuvent cohabiter et se battre dans un même but si elles se respectent, et que si on cherche Netharia, on trouve Netharia, et que c'est rarement bon.

Mikhail réfléchissait à ce qu'il pourrait donner comme réponse au jeune archonte pendant la tirade de son ami, reconnaissant qu'il ai été le premier à se jeter à l'eau. Son rêve le plus cher était d'avoir un grand domaine avec des massifs composés de toute les sortes de roses du monde, des ruches et de produire du miel de rose. Pouvait-il s'en ouvrir de la sorte ? Était-ce ce qu'espérait Méridéas ? Devait-il pour autant essayer de voir le type de réponse qu'attendait le jeune Elpide ? Il fit un choix rapide après une gorgée d'alcool.

- Personnellement, mon rêve le plus cher est d'avoir un domaine avec des massifs de toutes les roses du monde, d'avoir des ruches et de faire du miel de roses. Rien à voir avec le rêve d'Arthur, auquel je crois d'avantage que lui au passage. Pour ce qui est de ma vision de Netharia dans le futur... ma foi, je ne l'imagine pas sans trains. Je pense que le ferroviaire peut vraiment être la grande force de Netharia, un élément vraiment moteur de notre pays, contribuant à son rayonnement, et peut être diffusant son message au monde ?

Mikhail fut surpris de constater que sa vision était, finalement, moins "militaire" que le final de son ami... mais il était à présent curieux de savoir quel était le rêve de Méridéas.

- Quant à vous, excellence ? Et Demarchos ?

Demarchos écouta attentivement les paroles de ses hôtes et ria poliment lorsqu’on lui demanda naïvement ses rêves :

Démarchos : « Ah mes rêves ! Voyons à mon âge je n’en ai plus vraiment. Mon seul souhait est que mon élève réussisse dans les tâches qu’il s’est décidé d’accomplir. Enfin je dis ça mais j’ai bien un rêve, même s’il est vraiment irréalisable. Mon rêve serait d’atteindre l’immortalité... mais non pas pour devenir maitre du monde ou quoi que ce soit d’autre que vous pouvez voir dans les films populaires de nos jours. J’aimerai devenir immortel afin de pouvoir contempler et étudier l’humanité jusqu’à la fin de ses jours. Non pas pour rester un simple observateur énigmatique mais plutôt pour servir de véritable vieux sage qui pourrait rappeler à l’humanité ses erreurs et l’aider à aller de l’avant.

J’aime cette image, car elle peut être pris au sens littéral comme au sens figuré. Au sens littéral on pourrait me penser alors complètement utopiste et fou. Mais si l’on prend le sens figuré et philosophique de mes propos ont pourrait comprendre que je souhaiterai laisser une trace dans l’histoire qui puisse guider le destin des hommes, et dans ce cas on pourrait aisément penser que je suis arrogant et fou. Je vous laisse y réfléchir hehe !
»

L’Archonte de son côté souriait. Ses hôtes lui avaient bien ouvert leur cœur tout comme lui avait prédit son père : de la manière la plus naturelle qu’il soit et empli de paix. Toutefois, il souriait non pas parce qu’il avait réussi à ce que le ministre et le Chancelier leur avoue leur rêve les plus fous, mais plutôt parce que son père lui avait encore fait la leçon... onze ans après que sa mort. Il se rappela des mots qu’il lui avait été prononcé il y a de cela dix-sept années et répondit à ses hôtes :

Méridéas : « Avant que vous réponde à votre question j’aimerai vous faire par aussi de quelque chose qui me tient à coeur... des souvenirs qui je pense mériteraient d’être évoqué. »

L’Achonte leur raconta ce fameux moment avec son père dix-sept ans auparavant, durant l’hiver 1991 :

Souvenir de Méridéas a écrit :Père de Méridéas : « Mon fils. Dans ce monde il n’y a que trois voies qui semble s’offrir aux hommes. Peux-tu me les citer ? »

Méridéas : « Démarchos me l’a appris père... alors... hmm... nous avons la voie du guerrier, la voie du philosophe et... euh... il y a une troisième voie ? »

Le père du futur Archonte souriait d’un regard empreint de philosophie et de tendresse vis à vis du jeune lieutenant qu’était devenu son fils.

Père de Méridéas : « Absolument, il s’agit de la voie du batisseur, mais elle est peu étudié en cour de philosophie. D’après toi laquelle serait la plus importante pour arriver à ses fins ? C’est parce que tu as une vision biaisé des choses Méridéas. Chez les elpides nous "classons" grossièrement les gens dans ces différentes voies depuis des siècles afin d’essayer de comprendre et de hiérarchiser la réalité de ce monde, mais nous sommes sans cesse dans l’erreur. »

Méridéas : « Même si Demarchos me dit que la voie du philosophe est importante, je dirais plutôt la voie du guerrier. Quand je vois le déroulement de cette guerre, je me dis que seule vaux la puissance de l’épée que le poids des mots certes important, mais qui paraissent bien futile face à un interlocuteur qui refuse la discussion. Quant à la voie du bâtisseur... je dirais que si ça fait référence à bâtir des monuments ou autres choses ça peut avoir son utilité mais sans plus pour imposer son opinion. »

Père de Méridéas : « Ça mon petit Méridéas c’est parce que tu as une vision biaisé des choses. Vois-tu chez les elpides nous "classons" grossièrement les gens dans ces différentes voies depuis des siècles afin d’essayer de comprendre et de hiérarchiser la réalité de ce monde, mais nous sommes sans cesse dans l’erreur. »

Méridéas : « Que veux-tu dire père ? »

Père de Méridéas : « En Elpidia, nous formons nos citoyens sur deux moules particuliers depuis plusieurs siècles. Le premier moule est celui des guerriers : centré sur la force et la stratégie militaire, il vise avant tout à assouvir les rêves de gloires, d’honneur et de grandeurs. C’est ce qui fait le fondement des différentes cités depuis des générations : le citoyens-soldat. Le second moule est celui des philosophes : centré sur la force de la pensée et des opinions, mais aussi sur la capacité à réfléchir sur des choses qui nous dépasse. Nous avons bien intégrer la force de la pensée et des opinions du fait de nos différents systèmes politique au sein des Cinq-Cité, mais le dernier point et beaucoup trop négligé... le sait-tu pourquoi ? »

Méridéas : « Demarchos m’a dit qu’on trouvait inutile un philosophe qui ne faisait que penser car on estime qu’il ne servirait à rien, car il ne serait pas acteur de son destin et de la destinée du monde mais au mieux qu’un simple observateur énigmatique pour ses contemporains.... Même si je pense que c’est un peu réducteur cette définition en effet. Et la troisième voie ? »

Père de Méridéas : « La troisième voie est celle des bâtisseurs : centré sur la volonté de construire toute sorte de choses que ce soit de manière utilitaire ou pour construire des choses qui les dépasses. Ce ne sont pas forcément de grand stratège ou de grands-penseurs, mais leur visions utilitariste et réaliste est ce qui manque cruellement chez nous les elpides car c’est celle-là qui permet de faire avancer le monde. Vois-tu où je veux en venir ? »

Méridéas : « Je crois comprendre. Vous voulez dire qu’il faudrait associer la voie du bâtisseur au deux autre ? Mais je croyais que le monde fonctionnait sur la lutte entre ces différentes voies, celle du guerrier voulant instaurer son opinion par la force de son épée, celle du philosophe par le poids de ses mots, et si je comprends bien le bâtisseur, la force de construire des choses. »

Père de Méridéas : « Encore une erreur mon fils. Le guerrier semble bien le plus fort mais il peut s’avérer bien imprudent et sanguinaire, car au nom de ses idéaux qui peuvent s’avérer bon il s’avérer destructeur et sans merci pour les défendre. De son côté le philosophe, bien que ses mots atteignent bien plus facilement le cœur de ses cibles, lorsque le danger peut se présenter à lui il se retrouvera confronté à ses propres idéaux qu’il ne souhaitera en aucun cas trahir par pur principe guidé par la raison. Il finira par préférer une fin permettant de garder sa dignité plutôt que de trahir ce qui lui est le plus cher à ses yeux, c’est à dire ses principes moraux et philosophiques. Enfin le bâtisseur peut paraître comme simple d’esprit car incapable de se projeter dans une stratégie militaire de grande envergure, ni incapable de comprendre les grands fondements des théories philosophiques les plus sophistiqués. Même s’il a l’air d’être le plus simplet des trois, c’est celui qui construit des choses, c’est celui qui donne un sens au pouvoir des militaires et rend possible la réalité imaginée par les philosophes. »

Méridéas : « Un tel pays développant parfaitement un tel équilibre entre les trois voies existe-t-il ? »

Père de Méridéas : « Un équilibre parfait ? Je ne sais pas si cela pourrait exister. Nous avons peu de contact avec les pays du reste du monde au-delà de nos proches voisins sur le continent eurysien. Chaque pays cherche à trouver son équilibre entre les trois voies, toutefois en ce qui nous concerne la voie du bâtisseur a été délaissé depuis trop longtemps en Elpidia et c’est pour cela que nous marchons sur des tas de ruines depuis un an déjà. C’est logique... notre peuple est depuis bien trop longtemps enivré par les démesures de la guerre avec lesquelles nous avons appris à vivre, et même appris a aimé. »

Méridéas : « Il n’y a donc aucun espoir pour nous ? »

Père de Méridéas : « C’est pour cela que nous avons démarré cette guerre. Pour bâtir quelque chose qui ressemble à la paix. Je connais même certains peuples qui sont l’exacte opposé du notre basé uniquement sur la voie du citoyen-soldat, et qui sont un véritable havre de paix. J’ai entendu parler de Sainte-Marquise et du Royaume de Netharia. Bien que je n’aie pas été au premier, j’ai pu me rendre au second. Là-bas, le peuple netharien paraît des plus énigmatique au premier abord ce qui peut amener une prudence naturelle... toutefois je n’ai rarement vu un peuple autant emplis de paix et en même temps sur de sa force. J’ai pu voir de mes propres yeux ce peuple en commerçant avec eux sur le fleuve Bayrön et j’ai pu admirer la paix dans laquelle ils vivaient. Une paix tel que nous n’avons jamais vraiment connue dans les Cinq-Cités. Ce sont des bâtisseurs tel que nous n’en voyons plus en Elpidia depuis au moins deux siècles, car au-delà de leurs grands monuments, leur installations destinés au public ne sont pas régit par la simple utilité militaire en cas de conflit mais plutôt par la manière de rendre au plus grand nombre leur construction utile. Enfin sache que c’est un peuple fier de sa paix et de son indépendance tout comme nous, mais les citoyens qui compose le Netharia ouvrent leurs cœurs en tout simplicité et en toute honnêteté. Leur manière de discourir est certes très commune, mais tu trouveras en eux des hommes fiables qui auront à t’offrir une autre vision du monde. »

Méridéas réfléchit puis demanda :

Méridéas : « Et la gloire, l’honneur, la grandeur ? Qu’en est-il de toute ces valeurs ? »

Père de Méridéas : « Ta question me fait penser que le chemin pour les elpides est bien long pour arriver à ouvrir véritablement la voie des bâtisseurs. Tu comprendras ce que je voulais te dire lorsque tu iras au Netharia. »

Un petit silence se fit lorsque Méridéas pris un vers d’eau bien frais. Demarchos affichait une mine nostalgique à l’évocation du souvenir du père de Méridéas, tandis que le Chancelier et le Ministre semblait avoir une mine assez indéchiffrable.

Méridéas : « Ah mon rêve... j’y ait longtemps réfléchi durant la guerre d’unification et j’avoue notamment monsieur le Chancelier que le rêve d’une vie paisible à la campagne à s’atteler à son vignoble m’a traversé l’esprit. Il faut dire que la famille Péricléïde possède historiquement de nombreux vignobles aux sud d’Utopia, il est donc aisé d’envisager ce genre de retraite. Toutefois à la mort de mon père en 1997, j’ai abandonné cette idée en voyant le chantier qu’il restait pour unir Elpidia et rétablir la fierté d’un peuple qui n’avait connu que l’isolement et les guerres fratricides depuis plusieurs siècles. Et en 2000 lorsque j’ai vu l’ampleur des choses à construire pour que la paix puisse s’établir sereinement et j’ai donc décidé de consacrer mon temps à cette nouvelle tâche. Tout ce que je souhaite véritablement c’est que le peuple elpide puisse vivre en paix avec lui-même et avec les autres.

Toutefois... voyez-vous je crains qu’il ne s’agisse d’un vœu pieux. En effet, les elpides sont avant tout des guerriers avant d’être des philosophes et des bâtisseurs, et je ne crains que notre condition première ne revienne au galop. La guerre est une chose terrible pour le commun des peuples, mais nous les elpides y avons été baigné depuis plusieurs millénaires, nous avons appris dangereusement à l’aimer et parfois même à la réclamer... j’espère que l’histoire me donnera tort. En tous cas mon père avait raison, mon peuple à beaucoup à apprendre du votre.
»

[ Mikhail Ivanovitch Steiner (ministre des affaires Etrangères), Arthur O'Bourne (Premier Ministre), Klaus Ier (Roi), Alexa (Reine)]

Les deux hommes restèrent sans voix, se regardant. C'était donc ainsi qu'ils étaient vus depuis l'extérieur : un peuple amoureux de la paix et sur de sa force. Arthur avait un sourire en coin pendant que Mikhaïl méditait sur ce qu'avait rapporté l'Archonte Elpide. Ils étaient des bâtisseurs. Sans trop savoir pourquoi, il aimait ce terme les désignant. L'idée de construire, d'édifier quelque chose de pérenne, quelque chose qui allait servir d'autre que lui, et des générations après lui plaisait. Il se sentait aussi fier d'être citoyen d'une nation ayant à ce point impacté positivement le père de l'actuel dirigeant d'une autre nation.

- Ma foi, Excellence, c'est ce qui fait la richesse du monde, le fait que chacun ai quelque chose à apporter à l'autre. Elpidia a quelque chose à nous apporter, nous le savons. La richesse de sa culture par exemple, votre histoire remonte à des millénaires sur les lieux qu'occupe votre pays, notre histoire n'a que 400ans. Et méfiez vous des vœux pieux, ils ont parfois tendance à se réaliser.

Arthur ne s'était pas défait de son sourire. Lui aussi semblait apprécier que Netharia ai impacté positivement Elpidia.

- Arthur a raison, Excellence. Même les soldats peuvent être fatigués de la guerre. Quoi qu'elle puisse apporter en terme de renommée et d'honneur il arrive un moment ou même les plus bornés subissent ses affres. Votre nation compte nombre de bâtisseurs, j'en suis convaincu. Il faut peut être juste leur donner d'avantage la possibilité d'être entendus ?

Pendant que Méridias évoquait les souvenirs d'avec son père, la tempête s'était légèrement calmée, permettant au convoi de voitures de rattraper le retard accumulé. Mikhaïl, jetant un œil par la fenêtre en même temps qu'il prononçait ces paroles, reconnu le portail d'entré de la grande propriété.

- Nous sommes arrivés, messieurs, dit-il en éclusant le fond de son verre d'une gorgée. Vous n'aurez hélas pas le loisir d'admirer les jardins ce soir, mais demain sans doute ?

La porte de la limousine s'ouvrit, laissant sortir Mikhaïl qui d'un geste invita Demarcos et Méridéas à en faire de même. Deux serviteurs arrivèrent avec d'énormes parapluie pour protéger les occupants des voitures de la neige. L'un d'eux, portant en plus un petit plaid, se précipita vers le couple royal et posa le plaid sur les épaules de la reine. Mikhaïl et Arthur savaient que cet homme n'était autre que le mentor de la Reine, celui qui avait remplacé son père et sa mère, trop accaparés par leurs affaires, celui qui avait toujours été là pour elle, et qui le prouvait une fois de plus ce soir.

- Messieurs, la reine et moi allons nous changer, je vous propose que nous nous retrouvions au salon. Werner, pouvez vous guider nos hôtes ?

L'homme qui protégeai de son parapluie les Elpides acquiesça et les guida rapidement vers l'entrée. Une volée d'escalier plus tard, alors qu'ils étaient à l’abri dans l'entrée et après avoir passé l'immense parapluie à une servante, il guida les quatre hommes jusqu'à une grande salle. Les murs de cette salle étaient couverts par une bibliothèque à deux étages, au fond, dans une imposante cheminée, ronflait un bon feu. Devant cette cheminée, une série de fauteuils et de canapés accueillait les convives autour d'une table basse placée devant l'âtre. Derrière les canapés se trouvait un imposant bloc, dans lequel se trouvait un bar, qui pouvait servir de table de lecture.

bouquins

De la main, Werner invita les convives à s’installer sur les fauteuils de part et d'autre du canapé, visiblement réservé au couple royal. Il demanda aussi si quelqu'un souhaitait boire quelque chose. Arthur opta pour un cocktail sans alcool, Mikhaïl, lui, demanda juste un grand verre d'eau. Pour le jeune homme, cette salle était une première. En entrant, il avait pu lire quelques tranches des livres posés dans le meuble : essentiellement des livres traitant du monde ferroviaire. Le train était très présent, les couloirs qu'ils avaient arpentés pour venir jusqu'ici avaient les murs couverts d'aquarelles représentant des locomotives à vapeur ou de photographies de trains. Mikhaïl, qui était mordu du monde ferroviaire, comme nombre de Nethariens, s'était plu à reconnaître la quasi totalité des matériels représentés. Mais ici, l'essentiel des représentations concernaient d'anciens membres de la famille royale.

Membres de la famille royale qui firent d'ailleurs leur entrée dix minutes plus tard, rayonnant maintenant qu'ils étaient débarrassés de leurs costumes d’apparat. Sans surprise, le Roi avait revêtu une chemise à carreaux et un pantalon cargo, la Reine était en jean et arborait un superbe pull blanc en laine. Sans autre cérémonie, le jeune couple s'installa sur le canapé.

- Merci de nous avoir attendu messieurs. Désolé du délai mais ma femme et moi détestons ces costumes, tout ce cérémoniel nous empêche de nous concentrer sur le but de la cérémonie. Excellence, permettez moi de vous souhaiter de nouveau la bienvenue à Netharia, mais cette fois en mon nom propre. Comme vous vous en doutez sans doute maintenant, à moins qu'un des deux ministre n'ai vendu la mèche, c'est bien ici que ce tiendra l'entrevue diplomatique. Nous avons délaissé l'atmosphère étouffante du palais royal pour venir vivre ici, cet endroit est tout aussi propice aux discussions, ne trouvez vous pas ?

Demarchos et Méridéas admirait le salon avec une oeil neuf et constamment aux aguets, n’hésitant pas à imprimer dans leur esprit chaque détail du salon avec attention. Le luxe de la pièce il y goutait relativement peu ... un peu trop « royal » à leur goût à certains endroits, toutefois la curiosité l’emporta notamment sur la bibliothèque du salon. Les livres étaient pour la plupart en langue allemande, et quelques rares en langue grecque. Un livre particulier tapas dans l’oeil de Démarchos, c’était une petite encyclopédie un peu datée d’Elpidia avec l’édition 1980 (le livre datait d’avant la guerre d’unification et portait la mention « édition 1980 »). De l’autre l’Archonte s’intéressa à une vieille livre elpide qui datait des années 1930. Il s’agissait d’un recueil militaire écrit en langue grecque, sur le nouvel intérêt des engins motorisés dans la guerre moderne écrit par le général Hellados de la cité de Minea.

A l’arrivé du couple royal les deux hommes rangèrent les livres de la collection avec soin et s’asseyaient sur le canapé en face du jeune couple.

Méridéas : « Je comprends votre inconfort face au poids des traditions, des cérémonies, moi-même j’ai du mal avec les cérémonies républicaines, bien que profondément républicain... c’est parfois lourds. J’ai souvent l’impression que l’ensemble du regard de nos aïeux nous fixe en permanence, tout comme celui de nos concitoyens attachés à ces traditions. Ne penses-tu pas Demarchos ? »

Demarchos : « Je vous comprend effectivement tous les trois, mais c’est le lot des grands de ce monde. A la différence que tu n’as pas avec nos royales hôtes c’est que toi tu as véritablement choisi de participer à cette élection et donc indubitablement tu as pris part avec ton élection à la tradition républicaine d’Elpidia. Quant à nos hôtes si je ne me trompe le choix n’est en rien dans l’attribution de ce rôle royale, il s’agit d’un don ou d’un malheur selon les points de vus qui viennent de votre sang uniquement... et des liens du mariages qui vous unis.

Voilà que je me mets encore à philosopher mon ancien élève. Je te laisse la main avant que je ne parte dans une nouvelle prose qui ne ferait perdre tout le monde y comprit toi. Je crois que nous avons de nombreux sujet d’ordre économique et culturel à explorer Méridéas.
»

Méridéas : « En effet, Demarchos, en effet. »

Méridéas se tourna vers ses hôtes, croisa ses jambes et pris un ton à la fois sérieux et énigmatique en s’adressant à toute l’assistance (couple royale et ministres) :

Méridéas : « Je souhaiterai d’abord aborder avec vous des enjeux plus culturel et administratifs. Je sais bien que nos missives diplomatiques parlaient évidemment beaucoup de question économique mais je pense qu’une entrée en matière plus douce et en bonne et due forme est nécessaire pour le bon déroulement de cette rencontre.

Tout d’abord au niveau administratif, nous possédons un petit réseau d’ambassade en Netharia, toutefois nos citoyens respectifs sont toujours obligés de passer par des contrôles assez stricts en termes d’allé et venu sur nos territoires respectifs. Pour faciliter le tourisme (et j’anticipe aussi les futurs échanges commerciaux), je propose des visas spécifiques pour nos citoyens respectifs de sorte que les allez et venue au sein de nos deux nations soient plus aisées. Cela sera bénéfique pour le tourisme et le commerce, et incitera les compagnies aériennes et fluviales à favoriser les échanges entres nos deux pays.

Sur le plan culturel j’avais une proposition particulière et "audacieuse" je pourrais dire. Nos peuples ont vécu uniquement par le biais de liens commerciaux directs et indirects sans forcément apprendre à se connaître. De ce fait nous souhaiterions mettre en place un véritable programme d’échange culturels via des échanges universitaires et l’ouverture à court et moyen terme de classe d’allemand en correspondance avec des élèves du Netharia pour le plus jeunes. Pour ce qui concerne l’universitaire, nos universités sont très réputées pour leur savoir-faire méthodologique et scientifique dans les domaines des mathématiques, du droit, de l’économie, et des sciences sociales et politiques. Bon... cependant pour être honnête sur les sciences chimiques et technologique nous accusons un retard certains pour des raisons historiques.

Enfin j’ai un autre ambitieux projet pour nos deux pays avec le souhait d’Elpidia de construire un Institut Hellénique à l’Etranger dans votre capitale à Eskad. Cet institut servirait grandement les échanges entre les cultures netharienne et elpide, en remplissant de multiple fonction : office d’information et de réservation pour un éventuel voyage en Elpidia pour vos populations, dispense de cours de langue grecque, bibliothèque elpide avec à disposition des manuels, des atlas et encyclopédie mais aussi de la littérature typique d’Elpidia. Ce lieu pourrait ainsi à la fois servir de point de repère culturel pour nos futurs étudiants expatriés et pourrait permettre de tisser des premiers liens entre nos deux peuples via le prisme culturel.

Qu’en pensez-vous ?
»

[ Mikhail Ivanovitch Steiner (ministre des affaires Etrangères), Arthur O'Bourne (Premier Ministre), Klaus Ier (Roi), Alexa (Reine)]

L'annonce du jeune Archonte fut suivi d'un bref silence. Certes, les échanges épistolaires faisaient surtout état de négociations d'ordre économiques, mais Mikhail avait eu l'intention de proposer un programme d'échange entre les musées des deux pays, histoire de clôturer les discussions sur un ton un peu plus culturel. Méridéas inversait complètement ce que le jeune ministre des affaires étrangères avait prévu, mais dans les fait, cela ne le dérangeait pas plus que ça. En effet, il était de notoriété publique que la Reine était une grande amatrice des arts et de la culture, et était devenue amie avec l'actuel ministre de la culture et de l'enseignement primaire et secondaire après sa nomination à ce poste. Ainsi, c'est rapidement vers elle que se tournèrent les regards Nethariens suite à la déclaration de l'Elpide. Sentant soudainement trois paires d'yeux sur elle, la jeune reine paru momentanément gênée, mais elle se ressaisi vite , comprenant qu'elle était sans doute la plus à même d'évoquer la position Nétharienne sur le sujet.

- Ma foi... je ne suis pas la plus versée dans les choses administratives, je laisserai à Mikhail Ivanovitch le soin de préparer une réponse à ce sujet. Mais concernant l'aspect culturel, nos universitaires ont toujours soif d'apprendre, donc organiser un programme d'échange avec des universités étrangères les ravira profondément, et en enthousiasmera certains sans aucun doute. Il nous faudra organiser des rencontres entres les représentants de nos universités et ministères respectifs pour structurer les programmes d'échange et poser les bases de ceux-ci.
- Ce ne sera pas un problème de notre côté, votre altesse.
- Je pense que nos deux ministres seraient ravis, en effet... pour ce qui est de la suite, votre institut hellénique est plus que bienvenue à Eskad, nous pourrions même vous proposer d'installer des annexes dans chaque capitale de cité, afin d'éviter à ceux souhaitant user de leurs ressources de venir jusqu'ici. Et tant que nous nous trouvons sur le terrain de la culture, j'en profite pour proposer quelque chose qui me tiens à cœur, un programme d'échanges entre nos musées afin de partager nos culture et art respectifs.

Mikhail resta un bref instant interdit. La reine venait de proposer quelque chose qu'il avait gardé sous le coude jusque là et qui devait, le pensait-il avant que Méridéas n'entame les discussions sur ce sujet, clôturer les discussions diplomatiques. Il n'en avait parlé qu'à Arthur, qui avait donné son accord de principe. En avait-il parlé au couple royal ? Un bref coup d’œil vers son ami lui confirma que non, il n'en était rien. Il constata que la reine le regardait avec insistance, et se souvint qu'il avait son mot à dire dans cet état de fait.

- Pour être honnête, je souhaitais également mentionner la chose, et avait déjà pris les devant en demandant aux directeurs des musées nationaux lesquels seraient intéressés : absolument tous ont répondu positivement. Si vous le souhaitez, excellence, je vous remettrait une liste desdits musées, qui est en cours de mise en page actuellement car j'escomptais terminer l'entrevue diplomatique sur ce terrain.

Mikhail ne le savait pas, car il n'avait pas senti son téléphone portable vibrer, mais ladite liste était en cours d'acheminement, son secrétaire avait fait du bon travail, et rapidement qui plus est.

- Concernant l'aspect administratif et la mise en place de ces visas, proposez vous un programme de libre circulation des biens et des personnes entre nos deux états ? Netharia n'est pas contre l'idée, mais comment envisageriez vous la chose ?

Le jeune ministre des affaires étrangères n'avait pas besoin de consulter son supérieur et amis à ce sujet, car la chose avait elle aussi déjà été évoquée. Certes, Netharia n'était pas fermée à un programme de libre circulation des biens et des personnes, mais, de part sa position de neutralité, la nation ne pouvait pas faire de favoritisme. Ainsi, si le gouvernement commençait à autoriser la libre circulation des biens et des personnes à un état, d'autres allaient souhaiter la même chose. Cela pouvait représenter un intérêt certain en terme de retombées économiques, les entreprises de transport étant d'avantage sensibles à un trajet moins cher et plus rapide qu'un autre, mais également signifier un danger tout aussi certain, à cause d'une réduction des contrôles, et donc faciliter l'accès au territoire à des éléments indésirables, qu'ils soient humains (terroristes) ou matériels (drogue).

De plus, Netharia avait une position très stricte en matière de transport sur son territoire. Ainsi, les poids lourds étrangers avaient interdiction de traverser le pays sur les routes et autoroutes nationales, ils devaient emprunter les services de ferroutage mis en place par la SNCF - sauf si leur destination finale se trouvait à moins de 60km de la frontière - sous peine d'amendes conséquentes. Heureusement, le réseau ferré national était suffisamment bien fourni pour permettre aux camions et/ou marchandises d'arriver à bon port sans risquer de contraventions. Mais cette politique de libre circulation n'allait elle pas pousser les lobby du transport à faire pression pour l’annulation de cette loi ? La position du gouvernement resterai stricte, mais les tensions allaient survenir, et sans aucun doute ces lobby trouveraient des états pour les soutenir. Mikhail savait qu'Arthur avait prévu de rencontrer la ministre de l'industrie et des transports prochainement pour évoquer le sujet et renforcer la position du gouvernement à ce propos, mais cela suffirait-il ?

Puis une autre pensée arriva : au final, pourquoi se torturer l'esprit avant de savoir ce que Meridéas avait en tête avec ces visas ?
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