Posté le : 05 juin 2023 à 17:00:03
4295
L'ECONOMIE, ESPACE DEMOCRATIQUE ?
Le développement du système capitaliste au Banairah est relativement récent, et diffère quelque peu de ceux que l'on peut étudier au Lofoten, en Alguarana ou au Jashuria par exemple. La mise en commun de capitaux prend ses origines dans des alliances de grandes familles marchandes faisant front commun pour agrandir leur fond commercial : ports, routes commerciales, entrepôts, flottes...Se reconnaissant dans l'exemple mercantiliste fortunéen, les grandes familles bourgeoises vont peu à peu s'inspirer des systèmes capitalistes et proto-capitalistes à travers le monde du XXème siècle. Trouvant des intérêts communs, certaines vont se répartir la charge d'investissements et rétribuer les retombées économiques excédentaires aux contributaires afin que ceux-ci se remboursent, et conserver le restant pour la création d'autres infrastructures leur appartenant. Mettant en concurrence différents partenaires claniques, cette nouvelle façon de concevoir l'économie réinvente une forme de capitalisme. Par le poids des corruptions, conflits d'intérêts et accords à l'amiable avec certaines localités, les grandes familles propagèrent leurs idées dans une société massivement régie par la mise en commun des ressources de travail, spatiales et matérielles, et au sein de laquelle les décisions sont prises collégialement. Un véritable choc qui déplut largement et qui fut rapidement l'objet de mesures de lutte contre la privatisation de la prise de décisions de développement, une atteinte fondamentale à la démocratie. Néanmoins, la réussite économique des premières expériences de terrain fit reconnaître à plusieurs que le système pouvait s'avérer intéressant, avec pour contexte une Afarée toujours attaquée et à défendre, et une augmentation nécessaire en puissance nationale afin d'assurer l'existence même du pays dans la durée. Le système capitaliste banairais fut donc l'objet d'une intégration dans la sphère de décision publique, et fut encadré par les premiers garde-fous : système de nationalisation des secteurs jugés cruciaux, obligation de consultation de l'ensemble du personnel de l'entreprise, établissement d'un cadre juridique précis, obligation de complémentarité des offres (une mesure enfreignant de premier abord la libre concurrence, mais permettant d'induire une synergie économique forte, par exemple en construisant un réseau de transports cohérent)...
Cependant, cette nouvelle façon d'approcher les échanges économiques est longtemps resté le fait d'une minorité fortunée, souvent connu comme étant des mécènes des localités, villages, de l'état, d'artistes ou d'unités de recherche. Affaire de famille clanique, les entreprises suivant ce modèle ont rapidement pris en ampleur, s'implantant à l'étranger, commerçant de nombreuses matières premières, et constituant de véritables monopoles influents au sein du pays, un revers de l'obligation de complémentarité. La perspective pour certains artisans ou commerciaux talentueux de rencontrer plus de succès et de prestige dans les nouvelles organisations aspira une partie de l'élite ouvrière et commerciale banairaise, au point que certaines communautés urbaines eurent du mal à faire face aux consortiums privés de ce qui ressemblait de plus en plus à une oligarchie financière. Le pic de ce qu'on appellera durant l'époque "la démocratie faillie" ou "le rêve de verre", en référence à la fragilité du système libertaire banarais, fut les années 1960 et 1970 : grands groupes médiatiques, publicité de masse, corporations tentaculaires pétrolières et d'énergie comme KaraKorp, conflits d'usages entre l'agriculture traditionnelle vivrière et régionale pour le forage de mines...La chute de l'état dans l'état que formaient ainsi les privilégiés se déroula durant les années 1970 avec les manifestations contre les grands groupes privés médiatiques et le vote de plusieurs corpus de lois garantissant l'appartenance des médias aux citoyens et au domaine publique exclusivement, rendant obligatoire la séparation entre profits et partage et création de l'information, et incitant à la pluralité des intervenants. L'activisme économique, grand mouvement de l'époque, consista en la reprise de capitaux par des collectivités territoriales, des unions nomades ou d'autres organes nationaux afin de faire rentrer le débat démocratique et rétablir l'équilibre des forces au sein du pays. La nationalisation partielle d'entreprises capitales permit de mettre fin à la crise tout en ne faisant pas s'effondrer l'économie, pas encore dépendante d'une bourse du fait de la limitation à l'échelle nationale du système capitaliste du pays. Le Banairah aurait bien pu effectuer un grand retour en arrière ou devenir communiste si le plan de nationalisation et de démocratisation des assemblées d'actionnaires n'avait pas abouti.
[HRP : je poste maintenant pour avoir les points, mais je terminerai plus tard]