21/02/2015
15:51:36
Index du forum Continents Afarée Althalj

[RP] Téarmaíocht / Alrahba

Voir fiche pays Voir sur la carte
5418
Triotopolis - Empire Latin Francisquien


Le soleil chauffait le sable de la plage et piquait la peau avec ravissement. Nous n'étions pas la haute saison, toutefois les gens avaient afflué massivement vers les côtes afin de se déshabiller et parfaire un bronzage et une culture du "m'as tu vu" au bureau. "Ouais, je sacrifie un peu de mon capitale solaire afin de rentrer dans la catégorie de l'idéal de beauté jet set, qui profite et peut se payer des vacances exotiques."
La société traditionnelle Francisquienne n'avait pas échappé à cette pression sociale, d'être vu, d'être beau. Et ce n'est pas un soucis, du moment que les gens en sont heureux... La plage locale avait peut être le don d'égaliser un peu les chances de rentrer dans ce moule et permettre aux enfants d'embrasser cette culture de la crème solaire (ou non), mais avant toute chose (ou par concomitance) de leur créer de bons souvenirs.

Les couples souriaient, se disputaient. Rien n'était laissé au hasard, chaque groupe, famille se plaçait de manière stratégique. Trop d'algues sèches et de cailloux là, trop pentu, le sable est encore mouillé ou le sera dans 33 minutes très exactement, trop à côté de ce groupe de touristes Aumérinois bruyant et alcoolisé... As tu pris le matelas gonflable ?


Chéri ! Tu m'écoutes ?! Je ne vais pas TOUT faire comme d'habitude hein... allez j'ai compris, laisse MOI faire, s'énerva la dame dont la peau d'une couleur de nacre laissait déjà de lourdes rougeurs irritantes dessiner un vêtement sûrement porté au soleil la veille.

Le mari bougonna et l'empêcha de saisir le matelas aplati et l'appareil pour le gonfler et en fait... il envoya sa femme bouler avec un commentaire désobligeant sur ses humeurs cycliques : classe.

Les enfants quant à eux étaient déjà occupés à saisir ce moment si particulier. Un des frères avait déjà trempé ses chaussures et éclaboussait ses vêtements avec un brin de sable fin gris encroûtant la robe de sa soeur devant lui. Celle-ci hurlait d'arrêter. Le petit frère était resté à côté de ses parents, une pelle et un seau à la main, prostré, pantois et ébloui par le soleil. Sa mère, ulcérée par la situation, vit dans le gamin le digne fils de son père, mou et peu entreprenant et décida d'en changer la donne. Un petit coup d'énergie pour lui montrer l'exemple ; elle lui enfonça un chapeau sur la tête et commença à lui étaler des litres de crème solaire blanche collante, cette dernière bien décidée à se fixer plutôt qu'à s'étaler.


La soeur et le grand frère les rejoignirent avec beaucoup d'émotion pour l'une et un rire extatique pour le second. Ils voulaient saisir les serviettes du panier et déversèrent le slip propre du père et les clés de la voiture dans le sable sans se soucier des réprimandes et du ton odieux du père bien décidé à gonfler le matelas dans un temps record. En effet, il appuyait frénétiquement de son pied droit sur la pompe qui s'écrasait et se regonflait au fur et à mesure de la cadence décroissante du père. Un coup de sueur, le père avançait et le matelas se gonflait et les deux grands tournaient autour de la famille et se lançaient du sable. Le grand frère s'en prit une volée dans les yeux et hurla sur sa soeur une grossièreté, qui se mit immédiatement à le narguer en lui renvoyant la pareille avec des gestes des mains. La mère s'interposa en pointant un doigt inquisiteur et un regard infernal et devint toute rouge en commençant à son tour à hurler... sur le père qui avait presque fini de gonfler, lui même pivoine.


Cette scène peut faire rire ou mettre mal à l'aise du fait d'une certaine familiarité.
Toutefois ce qui est peut être le plus invraisemblable, c'est que la tête dans le guidon, sous cette pression parentale de bien faire, il n'y avait eu aucun discernement de la situation qui se passait au dessus et tout autour de la famille.


En effet, la plage était pleine quand ils étaient arrivés et les rires, le bruit des vagues étaient normaux, typiques d'une belle journée de plage.
Après quelques secondes seulement sur la plage, diverses détonations avaient été entendues par la foule présente et les doigts inquiets ou impressionnés avaient été pointés vers le ciel et les longues trainées blanches qui s'y dessinaient.

Très peu avaient décidé de quitter le plage, tandis que la majorité des vacanciers ne s'en souciaient que trop peu.
Aucune raison de s'en faire après tout. L'Empire n'était pas en guerre, ou du moins, il était clair que l'Impératrice ne laisserait personne attaquer le sol même de l'Empire sans un combat, quelque chose de franchement discernable et audible. Donc bon, quelques feux d'artifices ratés ne seraient pas très dérangeants ou révélateurs d'une situation de crise.


Devant la fatigue de la fin de journée, des disputes et remontrances, les enfants pleurnichèrent quand il fallait partir.
Au moment de charger la voiture, la catastrophe s'accentua, le couple n'y résistera pas par la suite... Ils avaient oublié le matelas à la plage.


Tu ne l'as pas dégonflé ?! Il est fixé sur la voiture, comme ça avec un sandow ?!

Oui, écoute, il va pas s'envoler, arrête tu veux bien !

Le mari eut raison. Une fois à la maison, devant l'énervement général, le matelas fut mis au garage avec les pelles et seaux remplis de sable mouillé durci, balancés dans un coin derrière la voiture et le couple n'en parla plus de la semaine.




Un mois après,

Dans la douleur et la réalité macabre, l'amour familial et du couple n'avait jamais été aussi fort, oubliant les cris et le statut de boniche de l'une ou de bouc émissaire de l'autre.
Mais l'inévitable ne tarda pas. L'ensemble de la famille était décédée des suites de symptômes virulents, sauf le petit garçon timide.

Afin de rembourser l'emprunt et permettre de garder un petit pécule pour le garçon pour ses études quand il en aura besoin, une vente aux enchères de quelques affaires s'organisa sur le trottoir ; très sympathique de la part du voisinage. Et derrière une pancarte en carton et une écriture au gros feutre noir, les affaires du garage dont une pelle et un seau encore tout sablonneux étaient en vente pour une somme dérisoire, pour le geste quoi. A côté, personne n'avait pris le temps de dégonfler le matelas qui était presque étonnement encore bien dodu et gonflé après un mois dans le garage.


- Je vous achète le matelas.

- Ah mais c'est super ça ! Je vous le dégonfle si vous voulez ? On doit avoir la pompe quelque part, attendez je vais voir.

- Inutile, juste le matelas, merci.
2484
2004, Varanya


La respiration sifflante et coupée par des décharges de douleur...

Le corps hurlant de toutes parts, le vent envoyait des bourrasques de poussières et de sable sur un visage collant de sueur. La joue contre la chaleur naturelle du sol, les yeux n'arrivaient pas à s'ouvrir correctement face à la salissure qui entrait par les interstices de ses paupières.
Le vacarme était presque ahurissant, toutefois les bras ankylosés, immobiles le long du corps, ne lui permettaient pas de couvrir ses oreilles.

Les pots d'échappement toussaient par intermittence et les moteurs vociféraient et en quelques longues secondes, le bruit s'éloigna et au fur et à mesure que les gaz d'échappements s'amenuisaient. Le calme, le silence assourdissant prenait place.

Les paupières s'ouvrirent doucement, obstruées et râclant les yeux de grains de sable.
Le clignement des yeux n'aidaient pas, les yeux étaient secs et rien n'améliorait la situation.
Les paupières à moitié ouvertes, il put distinguer les véhicules blindées au loin.
Un fusil mitrailleur à moitié endommagé gisait à quelques centimètres de son visage.

La gorge le fit souffrir, essayant de ne pas respirer la poussière qui s'insinuait à chaque bouffée haletante. Il était face contre terre.
Un goût ferreux s'ajouta à quelques obstructions au niveau de l'œsophage et il toussa en émettant quelques gargouillis étranges, sentant quelques lampées de sang humidifier ses lèvres meurtries et sèches, de même que le sol alentour sa bouche.

Impossible de bouger les bras, ils ne répondaient pas.
Pareil pour les jambes, pourtant il essayait de s'enfuir, de courir comme un chien qui bouge les pâtes, plongé dans un rêve.

Vint ensuite l'odeur.
La chair brûle et elle n'est pas si désagréable que ça au final... les entrailles toutefois... cette odeur nauséabonde colle à la peau, comme une latrine mise à feu.

Il essaya de bouger la tête et de changer de côté et enfin le corps réagit doucement. La douleur était très intense, à chaque petit effort de changer sa tête de position. Rien n'y faisait, la tête était lourde comme un rocher et les muscles du cou n'étaient pas en mesure de mener à bien une telle oeuvre.

Et il comprit.
Dans ce moment qui suit la clairvoyance, la panique prit place.
Il essaya de gesticuler et pivoter et émit un gémissement terrible tant la douleur le foudroya.
La localisation de la douleur confirma ses conclusions.

Et après de très longues minutes de panique, de douleurs et d'infructuosités, la panique cèda place au désarroi.

Anir laissa les larmes couler, creuser des sillons dans la poussière plaquée sur le visage, ruisselantes sur son nez et le sol.

Voilà de longues minutes qu'une immense partie de son corps ne répondait plus.

Seul, le désarroi se mêla avec la colère.
Anir, simple éleveur caprin, fixa le logo d'une industrie Paltoterrane sur le fusil à quelques centimètres seulement, sentant presque l'odeur du métal brossé.

Et il rumina.

Seul, Anir rumina.




3555
Téarmaíocht / Alrahba

La fraîcheur de cette semaine et de cette pluie qui éclabousse sur le visage et les flaques alentours rappelait sans aucun doute un été en Damanie.
Sautant prestement au dessus d'un muret bordant un talus de terre, il ne s'arrêta pas lorsqu'il arriva à pied joint dans une mare de boue, dont la surface était chahutée par les clapotis et explosions tonitruantes de l'averse.
Habillé d'une veste brune en coton tout à fait Eurysienne et d'une casquette d'ouvrier du siècle dernier, revenant fortement à la mode sur le continent, il continua sa course à travers une étendue d'herbe grasse sur une pente douce vers un moulin effacé par une pluie drue et importante.
Le ciel montrait des ombres grises foncées à ne plus en finir et laissait pourtant à la couleur émeraude de la nature luxuriante des bosquets environnants une place centrale de ce tableau empli de contrastes.

Le jean entièrement trempé par sa course effrénée sous cette douche saisonnière, il alourdissait de plus en plus ses pas pourtant déterminé.

La détonation, estompée par le chahut de la pluie rebondissante dans l'herbe, donna une estimation de la distance qui les séparaient.


Bloody hell !


Le coeur battant la chamade, le jeune homme changea de cap vers le bosquet le plus proche, s'agrippant encore plus à la poignée de la valise en vieux carton et cuir cabossé. Il sentait l'eau dégouliner de sa manche sur sa main en un flot presque constant.
L'herbe devint plus grande pendant un temps, léchant ses genoux, en mouillant ce qui ne pouvait l'être plus encore. La boue n'aidait aucunement, il devait réajuster sa course, dérapant par moment, déstabilisé par la valise bien remplie. Comme un pantin désarticulé, il essayait de ne pas glisser et tomber tout en gardant la vitesse nécessaire à son salut.

Une autre détonation se fit entendre et une autre immédiatement après et cette fois-ci, il sentit l'air changer un instant, comme un rideau de pluie transpercé par des sifflements léthaux.

La gorge déchirée et les poumons en feu, l'homme sembla se recroqueviller un instant dans sa course infernale pour reprendre encore plus de vitesse dans une petite pente descendante menant au bosquet.
Les arbres ne laissaient percer aucune lumière dans cet espace salvateur, la végétation plus dense sortant de ses abords à travers ses buissons et arbustes.

Le pied droit dérapa dans la boue une fois de plus, mais cette fois-ci, il ne réussit pas l'impossible et évitant la glissade et malgré une main gauche visant à atténuer la chute, il ne réussit pas à utiliser sa main droite ancrée férocement sur la poignée de la valise et il s'étala de tout son long dans l'herbe humide et boueuse, le visage heurtant un caillou dans l'herbe.
Pas de temps pour gémir ou se plaindre, il se releva, titubant un peu. L'adrénaline faisait son travail et permettait au corps de subjuguer ses forces habituelles. L'adrénaline et cette boule au sein des viscères
qui rappelle que l'Homme dispose du même instinct de survie que les autres mammifères.

Endolori légèrement au niveau de sa cheville, elle ne répondait pas comme à l'accoutumée.


God d@mmit !


Il tituba et accéléra comme il le pouvait pour rejoindre enfin un arbuste et batailla pour le passer un instant, sans prendre en considération les déchirures causées à sa veste. Il attrapa de sa main sa casquette et cracha un peu de boue qui s'était surement insinuée dans la bouche lors de sa chute.
Il força et sous la pression et avec beaucoup d'énergie, une branche se brisa et le jeune homme traversa et arrachant la valise prise au piège de l'arbuste touffu.

Dans l'ombre du bosquet ombragé, il chercha une issue à cette mésaventure.







Le rapport de la police Zélandienne confirma le meurtre de trois personnes attablées à un pub Damanien d'un village non loin de Siegmarinen.
Les témoins ont confirmé qu'une voiture Eurysienne s'est arrêtée devant l'établissement à l'heure de midi et après une brève fusillade, deux hommes ont pourchassé un jeune homme à travers une ruelle et vers les champs bordant le bourg.
Les témoins et la police n'ont pas pu donner plus amples informations, sauf que l'accent des personnes attablées était fort et laissé à penser à des origines Damaniennes.
Haut de page