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[Fortuna - Clovanie] Entre gens de culture...

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10 Mai 2008,
Aéroport San Lorenzo, Rivoli,
Sérénissime République de Fortuna,

La façade de l'aéroport San Lorenzo de Rivoli
La façade de l'aéroport San Lorenzo di Rivoli est à l'image du reste de la ville emplie de décorations diverses, ici de la verdure, agissant ainsi en tant que vitrine de ce haut lieu de la culture en Fortuna.


Rivoli à l'image de ses consoeurs de métropole était une cité merveilleuse à bien des égards, disposant d'une histoire riche et s'étalant sur des siècles et des siècles, dont les instants les plus glorieux remontaient à l'aube de l'époque moderne et durant le moyen-âge à l'époque où ladite ville était encore indépendante et disposait d'une influence non négligeable sur le monde médiéval de l'époque. Pionniers dans les divers domaines de l'art allant de la peinture à la gravure en passant par la mosaïque ou la fonte, les Rivoliens avaient en toute époque su mettre au monde des virtuoses de la création, de l'interprétation ainsi que dépasser toute forme de concurrence, peu importe sans provenance, dans le mécénat. Un état de fait que l'on devait aux puissantes banques de la ville dont les usuriers avaient les bras long et des contacts dans toute l'Eurysie fut un temps, celle des Mancini, les princes locaux en tête de file entre autre.

Fait amusant, même après plusieurs siècles de passage à travers les âges, s'adaptant et agréant à l'usage et la mise en place de nouvelles techniques, de nouveaux savoirs, la cité en elle même n'avait pas tant que ça changé en vérité. Joyaux de patrimoine, son identité était déjà marquée et définit depuis le règne du prince Federico le Sublime, un des coeurs du mouvement de la renaissance qui avait vu les grands esprits de l'époque s'envoler dans une épopée artistique encore jamais vue à travers tout le continent tout en trouvant sa source ici, à Rivoli sous les encouragements et les financements bienveillant dudit Prince. Qu'il s'agisse de l'architecture typique de l'époque que l'on décrivait sous le terme de "Destinienne" en référence à la péninsule de la Destina sur laquelle la cité siégeait, où des ajouts postérieurs à l'époque moderne et en particulier des monuments d'anthologie pourrait-t-on dire tel que le Grand Opéra de la Spalla construit sur la fin du XVIIIe siècle ou encore des Grandes Galeries qui avaient pour ainsi dire pris possession au début du XXe siècle du pont de Santa Regallia, le plus grand édifice traversant le fleuve du Rialdo qui coupait la ville en deux, il y avait en fin de comptes pleins de choses à voir et à contempler. L'on ne comptait plus accessoirement les villas d'époques parfaitement conservés et encore habités pour la plupart, les églises et notamment la Basilique de San Monica en plein coeur de la ville ou plus simplement les très nombreuses places et allées richement décorées et espacés afin de permettre une fluidité de mouvement des plus harmonieuses. En d'autres termes, la ville elle même était une oeuvre d'art contenant des oeuvres plus petites.

C'était d'ailleurs l'un des intérêts majeurs du choix de cette ville afin que se tienne la rencontre officielle entre les instances dirigeantes de la Sérénissime et leurs estimés invités de la République Impériale Pétroléonienne, d'une part car il était toujours plus agréable de discuter dans un environnement agréable à l'oeil, et d'autant plus entre gens sachant apprécier l'art à sa juste valeur, mais aussi et surtout car cela permettrait de faire bonne figure devant la presse. En effet, il était plus doux à l'oreille d'entendre dans la bouche des vendeurs de canards que cette rencontre officielle c'était déroulée sous les auspices d'un Gala artistique avoisinant une exposition de peintures romantiques ou même dans une longue visite de la campagne destinienne et tout le charme pittoresque qui la caractérisait plutôt que dans les antichambres isolés du Palais des Doges où l'on aurait à tout les coups soit disant discuter d'affaires martiales et autres complots et divers. On les connaissait après tout les chercheurs du sensationnels, il n'en avait jamais assez et les suppositions douteuses étaient leur fond de commerce en somme.

Quoi qu'il en soit, rien n'était moins sur que la teneur des sujets qui seraient abordés durant cette journée, seul le temps le dirais mais d'ores et déjà la Sérénissime par l'intermédiaire de ses représentants avaient quelques idées en tête. Et quitte à parler des représentants autant les nommer, siégeant dans l'un des salons VIP de l'aéroport, attendant l'arrivée des estimés Clovaniens, c'était sa Grâce le Doge, Francesca Federica di Fortuna elle même qui allait recevoir ses derniers, car c'était là la coutume que de procéder ainsi en plein coeur de la métropole Fortunéenne, qui plus est cela montrerait l'estime de la Sérénissime vis à vis de ses interlocuteurs en plus de changer les idées de sa Grâce qui commençait pour ainsi dire à "saturer" quand à un certains nombre de dossiers épineux qui allaient et revenaient régulièrement sur son bureau à Fortuna même. Ceci dit, ne demeurait jamais loin dans le cadre de relations diplomatiques officielles le visage humain de la diplomatie Fortunéenne, Il Signore Patrizio Derrizio, qui avait tenu d'une main ou plutôt d'une plume de maître les relations épistolaires avec le ministre des affaires étrangères clovanien serait aussi de la partie, l'occasion pour le maître de la Torre Bianca de converser avec son homologue éventuellement autour d'une lampée d'hypocras.

Sa Grâce le Doge
Sa Grâce Francesca Federica di Fortuna, Doge Sérénissime de la République Fortunéenne et Patricienne affiliée à l'Albergo della Res Publica

Il Signore Patrizio Derrizio dit "Le Grand ami de Dallas"
Il Signore Patrizio Derrizio, Ministre della Terra Incognita, Maître della Torre Bianca et Patrice de Fortuna affiliée ausi à l'Albergo della Res Publica

Concernant ladite rencontre, la Sérénissime avait mis les petits plats dans les grands, ayant presque privatisé la moitié de l'aéroport de Rivoli afin de permettre un accueil officiel en bonne et dû forme incluant autant les portes-étendards que les fanfares et la garde républicaine traditionnel afin e souhaiter la bienvenue à leur estimés invités. Inutile de dire que les lieux grouillaient littéralement de policiers, gardes du corps et même de militaires, quelques officiels de l'amirauté accompagnant aussi les patriciens, assurément afin de discuter de sujets bien précis pour leurs part. En vérité, seuls les Mancini, les Princes de la Ville manquaient à l'appel, ou tout du moins pour l'instant car si Dame Clarissa, la Matriarche e la dynastie avait à faire au sénat fortunéen car disposant d'un siège perpétuel là bas, son fils, Diamantaire de Renom tenant la Diamanterra Sérénissima, compagnie internationale renommée de joailliers dont les quartiers principaux se trouvaient dans les quartiers des affaires de Miraglia, le coeur économique de la métropole, devait faire une apparition à un moment donné de ce qui se disait. En l'état, l'on murmurait surtout à son égard qu'il s'affairait à achever un présent pour les représentants étrangers mais que son oeuvre avait pris un peu de retard, l'on verrait bien ce qu'il en était plus tard.

Toujours est-il que l'heure tournait et qu'il serait bientôt temps de débuter les formes, car voilà désormais que à l'horizon se profilait l'ombre d'un bâtiment aérien imposant. Les valses diplomatiques allaient pouvoir commencer sous peu.
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10 Mai 2008,
Dans les environs de Rivoli
Sérénissime République de Fortuna,



c

Gaspard Razoumikhine, Ministre Impérial des Affaires Étrangères de la République Impériale Pétroléonienne, regarda sa montre d'un air calme. 11h46. Il était installé dans un confortable fauteuil blanc au dossier somnifère et aux accoudoirs moelleux. A sa droite était installé l'Empereur de Clovanie, Pétroléon V. Chaque fois qu'il se trouvait dans une situation pareille, Gaspard éprouvait un ébahissement incroyable. Lui, fils de jardinier, avait réussi à grimper tous les échelons de l'administration Impériale pour se retrouver là, assis aux côtés de l'homme le plus adoré de toute la Clovanie. Il n'en revenait pas et ne cessait de se frotter les yeux dans ces situations, pour vérifier s'il n'était pas victime d'un rêve trompeur depuis toutes ces années.

"Votre Excellence Impériale, interpella-t-il son voisin de droite, nous atterrissons dans deux minutes.
- Merci Monsieur Razoumikhine."

L'Empereur Pétroléon V se replongea dans ses pensées. Une certaine nervosité l'habitait : il était sur le point d'effectuer la première visite diplomatique de son règne, une première depuis la politique de fermeture nationale de son père feu Pétroléon IV. Et les premières relations qu'avaient entretenu son Ministre ne l'avaient pas plus enchanté que cela. Tout d'abord, il y avait eu la Loduarie. C'était tout de même quelque chose ! A peine sorti du gouffre diplomatique que la Clovanie s'attirait déjà la malveillance d'une autre nation. Depuis, la situation s'était envenimée mais l'Empire n'avait pas perdu la face. Des troupes avaient été massées à la frontière et d'autres puissances étrangères s'étaient ralliées à sa cause. En même temps, comment ne pas haïr les dirigeants de la Loduarie... Mais bon, Razoumikhine aurait pu y aller plus doucement dans ses courriers diplomatiques.

Razoumikhine se frotta les yeux. Il se frottait souvent les yeux et Pétroléon retardait sans cesse de l'interroger sur cette curieuse manie qui était la sienne.

Ensuite, il y avait eu une incartade avec Carnavale, à la suite de laquelle Razoumikhine avait démissionné. Carnavale n'en avait pas pris ombrage, mais l'Empereur était certain que cela avait joué dans l'absence de réponse que leur dernière missive avait rencontré auprès de la famille Obéron. Et même si cela n'avait pas joué, Pétroléon en ressentait une honte profonde, comme en témoignait sa lettre d'excuse. Sacré Razoumikhine, tout de même...

Mais l'Empereur avait rappelé Razoumikhine. Et il l'avait rappelé pour une raison.

Parce que c'est le meilleur.

Oui, c'est le meilleur, et il suffit pour cela de jeter un regard à sa correspondance avec le Signore Patrizio Derrizio pour s'en rendre compte. A vrai dire, ses lettres à l'encontre de la Loduarie valaient aussi leur pesant d'or mais elles diffusaient une sensation d'adversité, une hargne propre aux Clovaniens mais annonciatrice de conflit. Au contraire, ses courriers vers Fortuna dénotaient d'une culture sans pareille, d'un savoir et d'une maîtrise de la langue digne des plus grands poètes. Pétroléon regardait son Ministre s'affairant avec ses dossiers sur la table de l'avion avec une fierté quelque peu camouflée. Il faut garder l'oeil sévère avec lui, au risque de lâcher complètement la bride.

Mais à y réfléchir, Pétroléon V réalisa qu'une prose telle que Razoumikhine en avait fait usage à l'égard des représentants de Fortuna n'avait pu être possible qu'avec le répondant de ces derniers, incarnés par la magnifique personne du Signore Patrizio Derrizio. En effet, pensa-t-il, on ne danse une valse qu'à deux, et si l'un des deux est un piètre danseur, l'autre ne peut rien y faire. Et Monsieur Derrizio est un excellent danseur. A vrai dire, c'est de son initiative que s'est lancé l'élan lyrique de Razoumikhine ; il avait suffi d'une lettre magnifiquement composée, résonnant à l'âme comme un concerto pour violon, pour tirer le Ministre des Affaires Etrangères de sa routine administrative et pour dévoiler cette maîtrise de la langue dont il avait fait preuve.

Un homme portant l'uniforme des Hommes de Bord Impériaux fit son apparition dans l'embrasure de la petite portière située au fond de la cabine.

"Votre Excellence Impériale, Monsieur le Ministre, nous atterrissons.
- Merci."

Razoumikhine se leva pour laisser passer son souverain et reboutonna sa veste.

Au bruit sourd des roues de l'avion heurtant la piste d'atterrissage, les deux hommes comprirent qu'ils avaient posé le pied sur le sol de Fortuna. Les portes de l'avion s'ouvrirent et Pétroléon entama sa descente. En foulant de ses impeccables chaussures les marches du petit escalier le menant au tarmac, l'Empereur réfléchit aux sujets qu'il allait aborder avec les représentants de Fortuna. Mais il fut tiré de ses songeries par la vue de la charmante silhouette de Sa Grâce la Doge de Fortuna. Elle était entourée de nombreuses personnes, dont Pétroléon reconnut en l'une d'entre elles le susnommé Patrizio Derrizio. Tout autour, de nombreux militaires et policiers étaient en faction, et tout cela dans un aéroport des plus accueillants. Tous les regards étaient tournés vers lui, lourds comme le soleil de Fortuna qui s'abattait sur lui à ce moment.

Cette rencontre allait être pleine de surprises.

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10 Mai 2008,
Dans les environs de Rivoli
Sérénissime République de Fortuna,
Aux environs de midi,


Garde Républicaine Fortunéen
La garde républicaine fortunéenne en tenue traditionnelle est présente à toutes les cérémonies officielles internes comme externes.

Alors que les douze coups de midi sonnait au loin dans tout Rivoli grâce aux puissantes cloches des églises qui donnaient de la voix, ces dernière se virent reléguer au second rang à mesure que l'avion de ligne Clovanien se rapprochait encore et toujours plus de la piste d'atterrissage. Un processus qui prit tout de même une poignée de minutes avant que l'imposant appareil ne se fige, laissant dévaler tel une cascade les marches de la rampe de débarquement. La tension momentanée qui s'instaura par la suite en attendant devoir émerger les occupants de l'avion se dissipa bien assez vite lorsque l'un des membres d'équipage en ouvrit la porte afin de laisser passer la délégation impériale qui n'était emmenée que par nul autre que l'Empereur Pétroléon V en personne, avec à sa suite ce que l'on devinait être l'estimé ministre des affaires étrangères, Monsieur Gaspard Razoumikhine. Il n'en fallut pas plus, à peine l'apparition de l'ombre du tenant du titre impérial pour que les membres de la garde républicaine, qui avaient pris place en contrebas de la rampe ne débutent les formes d'accueil officielles.

Officier de la Garde Républicaine - Gardes républicains ! Présentez Armes. ! Demi tour, droite ! Saluez !

Le son des bottes et les cliquetis propres au mouvement des cuirasses raisonna tandis que les lames, entre des mains expertes, faisaient leur oeuvre, créant peu à peu une authentique haie d'honneur pour l'Empereur et son ministre tandis que des valets arborant la livrée des Di Fortuna s'affairaient à déployer un tapis rouge alors que dans le même temps la fanfare stationnée non loin sous l'impulsion d'un chef d'orchestre venu tout droit de l'opéra de la Spalla faisait virevolter sa baguette afin de commander tel un chef de guerre fifres et hautbois dans une fine reproduction de l'hymne Clovanien. L'on reconnaissait là la marque des services diplomatiques de la Sérénissime qui avait mis un point d'honneur à préparer cette démonstration de courtoisie comme un maître artisan confectionnerait avec passion une de ses créations.

Et le maître d'oeuvre quand à lui, Il Signore Patrizio Derrizio, brillait aujourd'hui dans son costume d'ébène surmonté d'un pardessus, confectionnés spécialement pour l'occasion, au même titre que la robe de sa grâce par ailleurs, par les plus prestigieux tailleurs de la République et qui incorporaient ainsi dans leur oeuvres de la soie traditionnelle de première qualité tout droit venue d'un des lointains empires du Nazum. A cela le maître della Torre Bianca avait décidé d'ajouter sur son crâne un haut-de-forme assortie à l'ensemble tandis que des gants d'albâtre cerclaient ses mains pour mieux tenir une canne ornée sur laquelle il s'appuyait. Le Doge Sérénissime avait pour sa part opté pour des teintes azuréennes rappelant les cieux et l'océan et qui étaient plutôt agréable à l'oeil en cette saison, ce plus encore lorsque l'on notait la présence d'assortiments et autres accessoires de joaillerie tel qu'un collier en or intégrant autant des saphirs que des améthystes ainsi qu'un assortiment de boucles d'oreilles et de chevalières similaire que les connaisseurs savaient être issus des mains du Maestro de la joaillerie, il Signore Juan-Francisco di Riviera, PDG de la Diamanterra Serenissima qui ne travaillait qu'avec le meilleur du meilleur des pierres précieuses ainsi que l'or et l'argent le plus pur qui soit, et ce sur commande en dehors de ses expositions.

En somme, au delà de simplement paraître à la pointe de la mode, il s'agissait là d'une manière de faire de la publicité à ces maîtres artisans qui s'étaient vu ravie d'offrir aux intéressés une bonne part desdits accessoires qu'ils arboraient au vue de la notoriété qu'ils en retireraient de par la présence des photographes et des caméras de la télévision qui pour ainsi dire étaient extrêmement nombreuses et se seraient fait un plaisir de se déverser tel une horde enragée sur le tarmac si ce n'était pas pour la vigilance de la police qui veillait au grain afin de les tenir à distance respectable.

Ainsi, tandis que les bannières Fortunéennes et Clovaniennes emmenés par les portes-étendards de la garde républicaine se levaient fièrement face au vent, Il Signore Derrizio se découvrit une fois arrivée en bout de la haie d'honneur aux côté de sa Grâce le Doge qui, mains gantés jointes devant elle affichait un large sourire bienveillant destinée aux dignitaires impériaux.


Francesca Federica di Fortuna - La Sérénissime vous souhaite la bienvenue en la ville de Rivoli votre Majesté Impériale Pétroléon Ve du nom.

Entama le Doge d'une part en coordination presque parfaite avec son homologue patricien qui suivait dans les formes cette dernière.

Patrizio Derrizio - Ainsi qu'à son Excellence Monsieur le Ministre Gaspard Razoumikhine, l'ensemble du gouvernement républicain que nous représentons en ce jour espère que votre envolée littérale à travers les nuages n'a guère été trop éprouvante. D'aventure si cela eut été le cas, nous avons pris la liberté de préparer des rafraichissement typiques préparés d'une main de maître par les chefs étoilés des Princes Mancini qui nous ont fait l'amabilité de mettre leurs talents à disposition pour cette rencontre officielle.

Afin d'appuyer ses propos, le ministre tapa une fois de ses mains, laissant des valets portant des plateaux en argent, sur l'un siégeaient des verres à pied d'une transparence remarquable ainsi que ce qui était vraisemblablement des bouteilles de vins aux allures diverses que l'on devinait être des cépages variés en goût et en provenance. Sur un second siégeait une théière en porcelaine orientale où étaient disposés ci et là des tasses aux ornements complexes que quelqu'un avec un peu de savoir sur les cultures du Nazum devinerait être Jashuriennes. Enfin, sur un troisième, d'autres tasses cette fois ci avec des motifs afaréen faisant bloc autour d'une seconde théière dont émanait une puissante odeur de café. Ci et là l'on remarquait aussi quelques assiettes annexes où étaient disposés des petits blocs de sucre ainsi qu'un pot de miel afin d'agrémenter le thé ou le café si envie il y avait.

Patrizio Derrizio - Comme promis lors de nos correspondance épistolaires avec Monsieur le Ministre, j'ai remué ciel et terre afin de déterrer d'une cave antique une lampée d'Hypocras. Cependant, le mariage des épices et du vin n'étant pas au goût de tous, j'ai dû me résoudre à le faire accompagner d'alternatives... Champagne, Vin Rouge ou blanc sont ainsi à disposition des fins palets. Pour les habitués des salons, du thé infusé comme il se doit à base d'herbes Jashuriennes qui sont les plus prisés du monde quand à cette boisson des plus relaxante. Et si quelque chose de plus fort est à votre goût, un superbe café aussi noir que l'obscurité qui à défaut d'être sorti des ténèbres de l'au delà a su pousser sous le soleil de l'afarée en toute sérénité avant d'atterrir entre les mains de nos chefs.

Francesca Federica di Fortuna - Les avantages d'une présence mondiale, l'on ne manque jamais d'agréments afin d'enjoliver son existence. Qui plus est, c'est un avant-goût des plus gustatifs en attendant de déguster un repas digne de ce nom. Par ailleurs, au vue du fait qu'il est midi, et qu'il serait regrettable de commencer à converser le vendre vide. Aussi la Sérénissime vous propose-t-elle, Votre Majesté Impériale, de débuter cette rencontre doublée d'une visite par une tournée au sein de la gastronomie locale en partageant notre table. Nous aurons tout loisir de discuter matières d'état en contemplant le couchant depuis les quartiers surélevés de la ville en terrasse ce autour d'un met préparé avec talent.

L'invitation était on ne peut plus explicite, en plus de faire partie d'un calcul minutieux de la part des autorités fortunéennes qui comptait bien dévoiler l'ampleur de la grandeur de leur civilisation.
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10 Mai 2008,
Dans les environs de Rivoli
Sérénissime République de Fortuna,
Aux environs de midi,



A l'invitation de Sa Grâce Le Doge, Pétroléon répondit d'une voix forte qu'il acceptait avec le plus grand plaisir de déguster les hauts mets Fortunéens, s'ils étaient à l'égal des boissons qu'il venait de goûter. De cette manière, il souhaitait montrer que c'était lui qui prenait les initiatives dans son pays. En Clovanie, pas de détours administratifs, pas d'homme en livrée pour transmettre les ordres, c'est l'Empereur en personne qui prend toutes les décisions. Et cette coutume date d'un siècle, depuis Pétroléon Ier, qui a le premier remis au goût du jour la présence physique du souverain autant dans les opérations militaires que dans les affaires intérieures. Cette façon de procéder a grandement contribué à la popularité des Empereurs de Clovanie, elle les a rendu proche du peuple, et cela, Pétroléon V voulait le montrer aux représentants Fortunéens.

La petite troupe suivant le souverain accepta donc docilement mais d'un pas ferme de se faire mener à la salle prévue aux réjouissances gustatives. En s'avançant dans les couloirs de l'aéroport, Gaspard Razoumikhine admira avec attention les minutieuses moulures situées au plafond et faisant tout le charme de l'architecture de Rivoli, chacune mettant en scène un épisode biblique. Ce sont des gens qui n'ont pas perdu le sens de la Beauté, se dit-il à part lui. En effet, les Fortunéens ont bien compris cet axiome développé par le grand Théodore Mikhailovitch il y a déjà plusieurs siècles, selon lequel la Beauté sauvera le monde. Oui, il n'y a que la Beauté qui puisse faire battre le coeur d'un homme. Avec la Bonté et la Vérité, mais cela revient au même.

Une fois attablés, les convives échangèrent quelques formules de politesse afin de lancer les hostilités. Gaspard Razoumikhine dévorait tous les plats qu'on lui servait avec délices et sa gourmandise frisait à certains moments la malséance, mais un regard paternel de son souverain suffisait à le calmer et à lui faire afficher un visage impassible au moment de faire pénétrer les délicieux mets dans son gosier. C'est alors que Pétroléon V prit la décision de passer aux sujets sérieux, bien qu'il mourrait d'envie de continuer à discuter de littérature et d'histoire avec son homologue fortunéenne.

"Votre Grâce, commença l'Empereur, si je puis me permettre d'embrayer la conversation sur des rails un peu plus graves et formels, je tenais à m'entretenir avec vous d'affaires commerciales. En effet, nous sommes, comme vous le savez sûrement, victime d'un manque cruel d'armements dans le domaine aérien. Aussi, avec mon Ministre de la Guerre et des Armées qui a été malheureusement retenu à Legkibourg pour des affaires administratives, nous avons convenu de vous passer commande de plusieurs avions de chasse. Le nombre de ces deniers n'a point encore été fixé, mais nous pourrions dépenser une somme environnant les 667 millions Pétroléons d'Or (HRP = 10 000 points).

A ces mots Sa Grâce Le Doge ouvrit la bouche pour offrir sa réponse à l'assistance de sa voix cristalline.

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10 Mai 2008,
Salle de réception des VIP, Aéroport de Rivoli,
Sérénissime République de Fortuna,
Un peu après midi,



De toute évidence, les "échantillons" mis à disposition comme les convenance le dictaient avaient été un franc succès pour les papilles clovaniennes qui semblaient le cas échéant enchantées à l'idée de poursuivre cette épopée gustative comme il se devait. Aussi, sans plus attendre les officiels des deux nations prirent le chemin de la salle de réception réservés aux personnalités V.I.P qui avait été spécialement aménagé pour un repas diplomatique. Les Fortunéens notèrent fort bien dès les premiers échanges que c'était l'Empereur Pétroléon qui était l'esprit fort de la nation si l'on pouvait dire, l'âme du gouvernement, LE décideur pour reprendre un comédien Francisquien. De toute évidence, c'était avec lui en priorité que l'on traiterait, le ministre était là pour faire office de soutient voir interagir sur des sujets un peu techniques dont son souverain n'était pas nécessairement au fait de l'ensemble des subtilités qui les composaient. Ce qui était normal en soit, nul n'était parfait et il était commun de déléguer afin de ne point perdre en efficacité. Toujours est-il que au delà de ces considérations ci, durant le trajet vers la salle, l'on nota aussi l'intérêt bien établit des estimés invités pour les fresques et décorations de la bâtisses, les sourires mêmes légers et passagers qui s'élevaient ne serait-ce que l'espace de quelques secondes en disaient long. De toute évidence, le choix de Rivoli comme site pour cette rencontre avait été une initiative des plus habiles, la vitrine culturelle et artistique qu'était la ville dans toute sa largueur faisait son effet comme attendu.

Un régal pour les yeux qui se poursuivit à table avec l'arrivée des canapés alliant autant des pièces de charcuterie locale que du saumons et quelques assortiments confectionnés avec soin par les as de la cuisine locale. Ajoutant à cela un menu incluant gibier agrémentés à grand renforts de sauces incluant pour certaines du vin Blanc ainsi que au titre du dessert des trésors pâtissiers dont seuls les fortunéens avaient le secret, ce afin de parachever une authentique épopée mais surtout afin de rendre bien plus agréable la discussion sur de tous autres sujets bien plus sérieux qui allaient s'en suivre, et débuta le cas échéant au détour d'un civet de lapin des plus goûtu. Personne n'était dupe autour de cette table, chacun savait en son âme et conscience de quel sujet l'on allait converser en premier, actualité oblige, après tout la pluie et le beau temps étaient certes des plus fascinants mais n'impactaient que peu les peuples, si ce n'est quelques vieillards atteints de la goutte et des jardiniers malcontents. Quel dommage cependant de cesser de théoriser sur les intentions d'artistes du XVe dont les oeuvres ornaient littéralement l'ensemble des murs de la salle, illustrant autant de grands épisodes de mythes narrés par les récits religieux catholans qu'immortalisant les portraits de personnalités ayant marqué l'histoire. Mais c'était là le devoir qui appelait, et ce dernier passait avant tout.

Le Doge, adepte des mondanités conserva un faciès des plus angéliques à l'écoute de l'Empereur. Celui ci avait d'ores et déjà annoncé la couleur de sa volonté et ce que cela impliquait dans les premiers temps. Ironiquement, l'écoute de ses propos aurait pu pousser assurément la moitié des détracteurs de l'Aumérine ou de l'Alguerana à reporter leur attention vers la Sérénissime en fronçant les sourcils dans des angles improbables, cependant en digne fortunéenne, de tels considérations morales n'avait cure en l'état. Ou plus exactement, comme les enseignements du célèbre Emilio Montevelli, auteur du traité politique "Il Signore" le dictaient : Les fondements des états stables sont de deux natures et incluent les bonnes lois comme les bonnes armes. Et en l'espèce s'il était incertains de l'état des lois en Clovanie, l'on pouvait au moins s'assurer d'une puissance martiale pouvant amener à la stabilité pour l'Empire. Au moins de quoi se prêter à l'autodéfense, ce qui était de rigueur au vue de l'énergumène qui gonflait les muscles plus au nord et élevait le ton contre tout et chacun à la moindre occasion où il ne manquait jamais de s'offusquer pour un oui ou un non tel une de ces antiques girouettes grinçantes siégeant au sommet des clochers branlants.

Mais à la différence des structures pourris classiques qui chancelaient, la Loduarie elle menaçait plutôt de s'écraser dans un immense fracas de tout son long sur quelqu'un d'autre afin d'au moins emporter quelqu'un si jamais elle devait chuter. Assurément entrerait-t-elle dans l'histoire pour ceci, et c'était là plus facile que de se décréter maçon ou charpentier afin de cimenter, mais était-ce glorieux de devenir la nouvelle Clemence ? Peut être pas. Dans tous les cas, la réponse républicaine serait la même peu importe la situation et les faits, il fallait tout tenter pour sauver le statut quo et à l'heure actuelle, rééquilibrer les forces était la façon la plus simple de procéder. Après tout, à l'exception des fols, même la plus enragée des bêtes comprenait le principe de destruction mutuelle et personne d'un tant sois peu sain d'esprit n'oserait se lancer dans une entreprise où nul ne serait gagnant. Qui plus est, d'un autre point de vue incorporant les intérêts géopolitiques directs, la Clovanie se montrait jusqu'à preuve du contraire plus fréquentable que les rouges de l'ouest et il était de bon aloi que la république impériale notoirement amicale se maintienne en l'état, car personne ne saurait supporter le mal de crâne qui résulterait de la cacophonie perpétuelle vouée à s'installer au sénat en cas de chute de cet état et de la mise en place d'une couche de peinture écarlate fraîche.


Francesca Federica di Fortuna -
Votre Majesté Impériale, soyez assurés que la Sérénissime dont la vocation commerciale n'a plus à être démontrée est très intéressée par vos propos. De fait, qu'il s'agisse de fraises, de café, de voitures ou d'armes, cela importe peu, le négoce reste le négoce et les devises restent des devises. Une denrée, une ressource, un bien, cela n'a guère d'âme, c'est l'usage que l'on en fait qui défini sur quelle échelle morale l'on se trouve, n'en déplaise aux moralisateurs de carrière qui à travers le monde fustiguent les transactions du marché de l'armement afin de mieux recevoir subsides et dividendes pour cibler certains et écarter d'autres de leurs invectives.

Le Maître della Torre Bianca profita d'une pause dans l'élocution du doge afin d'ajouter quelques précisions.


Patrizio Derrizio - D'autant plus que de ce qu'il se dit au sein des divers canaux diplomatiques à travers le monde, certains pays aux teintes pourpres ne se gêneraient pas afin de se fournir de leur côté et si la plupart sont relativement calmes et serein, l'on ne peut s'empêcher de noter la présence, vous me passez l'expression, d'excités infréquentables arborant des humeurs aussi changeante que le Grand Kah.

Voilà qui était dit.

Francesca Federica di Fortuna - Le cas échéant, nous ne voyons aucune raison de nous opposer à cette commande dont vous nos évoquez là la teneur. Cependant, nous ne sommes guère ingénieurs ni pourvoyeurs de matériels de pointe, aussi je ne saurais vous affirmer avec exactitude ce qui pourrait se faire avec la somme que vous êtes prête à mettre en jeu si j'ose dire. Je crains qu'il ne faille consulter les experts, et si ma mémoire ne me joue pas des tours, il me semble que Dom Neverini et ses employés régentant la société Damoclès, qui prospère dans le domaine des cieux, serait le plus à même d'aborder de tel sujets.

Le Ministre della Terra Incognita acquiesça dans la foulée.

Patrizio Derrizio - Il est vrai, que Dom Névérini est autant au fait du cours du vin que des coûts de fabrication d'un missile balistique, l'on ne croirait pas que sa principale source de revenue provient des vignobles à l'écouter. Mais sans être un grand expert sur la question, je suppose d'ores et déjà qu'il interrogera votre état-major afin de s'enquérir du degrès de modernité et du nombre d'appareils que vous recherchez... D'ailleurs... Peut-être pourrions nous...

Le vieil homme passa sa main dans sa barbe, réfléchissant un instant tout en portant un regard interrogateur au Doge.

Francesca Federica di Fortuna - Rogner sur les coûts en faisant jouer des relations... Certainement, les bons comptes font les bons amis après tout et nous pouvons bien nous permettre quelques gestes de bonne foi... Ceci dit, j'ose espérer que nous n'allons pas converser uniquement d'échange de carlingues. Après il y tant dont nous disposons et pouvons acquérir qu'il est possible de vendre, des denrées des plus exotiques en autre. Enfin, autant aller droit au but.

Le Doge marqué une pause, joignant ses mains devant elle.


Francesca Federica di Fortuna - Votre majesté impériale, sachez que si nous devons commercer, la Sérénissime entends bien satisfaire votre commande d'ordre militaire, mais nous ne souhaitons pas nous arrêter à ceci. Nous souhaiterions de façon générale une normalisation du formalisme respectif afin de faciliter les échanges du commun, et notamment des denrées et ressources si appréciés du domaine civil. Notre "catalogue" si j'ose dire est des plus vastes et conséquent aussi je gage que vous même comme vos officiels ainsi que vos sujets y trouverez tous votre compte. Mais au delà de ça, et cela va de pair avec ces discussions sur le négoce, nos ingénieurs ainsi que des investisseurs nous ont il y a peu soumis l'idée, au vu des risques potentiels que les liaisons navales passant par le Golfe Carnavalais peuvent... Subir... De disperser nos oeufs dans plusieurs paniers. En d'autres termes, créer une ligne ferroviaire annexes reliant nos territoires limitrophes permettrait d'assurer une prospérité économique durable autant que d'empêcher quelconque acteur externe de se monter... Comment dirais-je ? Désagréable... Oui, c'est là le mot.
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10 Mai 2008,
Salle de réception des VIP, Aéroport de Rivoli,
Sérénissime République de Fortuna,
Un peu après midi,



En écoutant ses interlocuteurs, l'Empereur but une gorgée du délicieux vin qui lui était servi et s'éclaircit la voix. Quand le Doge eut achevé sa dernière phrase, il se pencha en avant et déclara d'un air calme :

« Bien sûr, avoir entamé ces pourparlers par la question martiale a pu passer pour un signe de mauvais augure, mais Nous tenions à aborder ce sujet en tout premier lieu afin de l'expédier le plus rapidement possible. Vous n'êtes pas sans savoir que les armes sont capitales afin de tenir une nation debout, surtout connaissant nos pays frontaliers, comme vous venez si bien de le montrer. Nous ne pouvons nous passer d'un arsenal puissant si nous souhaitons continuer à faire face à l'épidémie de rage qui se propage dans notre monde et que nous connaissons sous le nom de communisme. Or, il est primordial pour les Clovaniens d'affirmer leurs idéaux, et ceci même à l'international.

Aussi, nous passerons donc commande auprès de votre arsenal régalien dans les plus brefs délais afin de nous enquérir du coût que moyenne une transaction telle que celle décrite plus avant. Nous vous prions, Votre Grâce, de constater que vous représentez la seule nation auprès de laquelle nous ayons acheté du matériel militaire, et cela comporte une raison. Fortuna est un voisin puissant de la Clovanie, et un pays que nous admirons. En effet, Notre Ministre Razoumikhine ici présent vous a déjà fait parvenir les éloges que votre République mérite, et je vous les confirme encore une fois les yeux dans les yeux. Il n'y a qu'à promener le regard sur les murs de cette pièce pour réaliser le degré de raffinement et de beauté auquel votre civilisation est parvenue; il suffit de tremper les lèvres dans le verre que je tiens dans ma main pour ressentir toute la passion qu'habite votre Sérénissime République. De plus, nous avons échangé jusqu'ici les rapports les plus amicaux et les plus cordiaux possibles, si bien qu'au nom de la Clovanie, nous vous dévoilons notre désir de collaborer avec vous le plus durablement et le plus étroitement possible, tout en conservant la souveraineté de nos nations respectives, cela va sans dire.

C'est donc dans cette démarche que Nous tenons à faire de Fortuna le principal fournisseur d'armements de la Clovanie. Un contrat d'exclusivité pourrait se négocier entre nos deux arsenaux, s'il comporte des baisses de tarifs assez avantageuses pour nous.

Dans la même optique, Nous acceptons avec joie la mise en place d'un réseau ferroviaire traversant notre frontière commune. Ce projet pourrait, comme vous l'avez magnifiquement exposé, permettre à la Clovanie et à Fortuna d'échanger davantage encore qu'elles ne le faisaient avant. Nous pourrions accompagner cela d'une baisse des taxes concernant l'alcool et les produits alimentaires. La ligne de chemin de fer que vous proposez pourrait relier Locce à Minères, si cela vous convient. Nous nous ravissons de la perspective que vous venez d'ouvrir. Les Clovaniens pourront goûter avec allégresse à la délicieuse ivresse conférée par vos vins et les Fortunéens pourront agréablement surprendre leurs gosiers avec nos eaux de vie fruitées. »
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10 Mai 2008,
Salle de réception des VIP, Aéroport de Rivoli,
Sérénissime République de Fortuna,
Aux alentours de 13h,


Les Fortunéens ne purent qu'acquiescer silencieusement en accompagnant un hochement de tête à l'écoute des réponses de l'Empereur aux propositions réalisés. Voilà qui dans l'ensemble était des plus satisfaisant et allait dans un sens on ne pouvait plus positif. N'importe quel négociant en ce bas monde connaissait l'importance de disposer d'un monopole sur un marché défini et en l'espèce, devenir la source de vente privilégiée de la Clovanie en termes de matériel militaire était une occasion qui ne se présenterait assurément pas deux fois. L'exclusivité, un terme attrayant en somme qui laissait entrevoir des bénéfices incroyables et ce en dépit des réductions de prix ou des divers avantages concédés en échange, des concessions normales dans ce genre de négoce, ce qu'il fallait octroyer afin de fidéliser la clientèle. Qui plus est, c'était aussi là de pousser le vice de la politique, et donc de poursuivre le rétablissement de ce statut quo tant désiré.


Francesca Federica di Fortuna - Se délester des sujets les plus fâcheux est toujours des plus agréables, surtout lorsque ces derniers sont... Imposants dirait-on, nous aurons dès lors tout loisir de discuter de façon apaisée de sujets autres. Par ailleurs, nous sommes tout à fait ravie de votre volonté explicite de collaborer avec nous sur le long terme, c'est là le signe d'une relation saine et mutuellement bénéfique.

Le Doge marqua une pause, s'empara l'espace d'un instant de son verre afin d'ingurgiter une gorgée de d'hypocras.


Patrizio Derrizio - Le principe même de Co-prospérité comme nous aimons à le nommer. Tout le monde y trouve son compte. Et si nous ne saurions nous prononcer sur la nécessité d'exporter les idéaux et les philosophie à l'étranger, ou tout du moins sur sa capacité, il est assurément bien plus facile de défendre ces derniers à domicile lorsque les vents contraires tonnent aux portes de façon véhémente. Nonobstant, au vue de vos remarques tout à fait flatteuse sur les oeuvres exposés ici, nous pourrions assurément vous en faire cadeau de quelques unes afin que vous puissiez en apprécier les tournures et surtout le fin pinceau qui leur a donné vie.

C'était là aussi le signe que les sujets d'ordres plus culturels allaient revenir au goût de la conversation, à peine un signal lancée aux convives. Mais avant cela, il convenait de clore le sujet des infrastructure.

Francesca Federica di Fortuna - Les terrains élevés et relativement inégaux aussi boisés que montagneux de la Locquerie feront assurément de la mauvaise volonté quand à l'établissement de la voie de chemin de fer, mais rien que les ingénieurs du génie civil ne saurait outrepasser, un petit défi à relever avec brio mais qui satisfera là encore tout le monde. Mais dans l'ensemble, relier Locce à Minères semble tout à fait faisable oui. Quand au sujet des douanes, abaisser celles ci sur les exportations de cépages et l'agroalimentaire semble raisonnable, et je suis certaine que les palais ravis qui découvriront les merveilles culinaires ne sauraient qu'en demander plus encore, dans les deux sens cela va de soit."

Le Maître della Torre Bianca pris immédiatement la suite afin d'emmener les interlocuteurs impériaux sur un sujet qui leur tenait littéralement à coeur, et bien plus agréables que de traiter sur la nature de la politique en tant que telle et toutes ses nécessités aussi odieuses puissent-elles êtres.


Patrizio Derrizio - C'est là la nature des échanges de se faire les uns avec les autres, mais il serait dommage de ne s'arrêter qu'à remplir les gosiers de nos nations. De même que le sujet fâcheux le plus important si l'on peut dire ayant été traité, autant s'en retourner à des envolées plus lyriques et des domaines moins malmenés. Votre mention des "idéaux clovanien" m'intrigue au plus haut point, et pas seulement moi, nombreux sont ceux parmi mes cercles de contact qui y portent aussi un certains intérêt, et puisque vous parliez plus tôt d'affirmer ceci à l'internationale ma foi..."

Il plissa les yeux sur ces mots tout en affichant un air solennel sur le reste de son faciès.


Francesca Federica di Fortuna - Pourquoi donc ne pas permettre aux avocats de ces idéaux d'en faire l'éloge et de les présenter, je crois que c'est cela que vous vouliez dire très cher. Et j'ajouterais aussi, peut être pourrions nous pousser la chose et organiser des échanges culturels. Je suis certains que nos cercles et académies artistiques gagneraient à accueillir de nouveaux élèves afin que les mouvements classiques, romantiques et de la nouvelle renaissance, qui sont très en vogue ces temps ci, s'exportent eux aussi et des éloges que vous faites vis à vis de notre art, je gage que vos pairs en seraient tout autant fasciné.

Le ministre se contenta d'acquiescer aux propos du Doge.

Patrizio Derrizio - Les échanges universitaires sont choses communes de nos jours, et permettre à nos jeunes de voir le monde est autant une manière de s'informer que d'exporter. Qui plus est, notre présence mondiale est un avantage indéniable quand il s'agit de contempler la planète et l'humanité de manière générale tel qu'elle est dans sa totalité, ses affres mais surtout sa magnificence. Oh mais bien évidemment, votre majesté impériale, si vous avez des requêtes particulières à formuler, n'hésitez pas à nous les faire connaître. Nous sommes à votre écoute.
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10 Mai 2008,
Salle de réception des VIP, Aéroport de Rivoli,
Sérénissime République de Fortuna,
Aux alentours de 13h



L'Empereur écouta avec la plus grande attention les dires du Doge et de son voisin de droite et devisa avec la plus agréable des manières au sujet des enrichissements que pourraient apporter les échanges culturels proposés par Sa Grâce entre Fortuna et la Clovanie.

"Vous pourriez assurément nous faire découvrir davantage vos artistes, qui pourraient, qui sait ? faire germer de nouveaux talents clovaniens. A l'inverse, je parie que vous trouverez la plus grande délectation en en apprenant plus sur l'architecture clovanienne, ou même la religion Ortholique."

Ainsi, il poursuivit son discours, faisant couler un agréable flot de paroles aux oreilles présentes.

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