29/03/2015
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[Enquête] Diffusion de l'hellénisme pendant l'Antiquité

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CIRASH


Dr Vicénzos Kornáros,
Historien spécialiste de l’ère antique agréé par le CIRASH,
Enseignant-chercheur titulaire auprès de l’Université fédérale d’Helladēs.



Revue scientifique du CIRASH :
De la diffusion de l’hellénisme pendant l’Antiquité.


Ruines helléniques
Vestiges d'un temple hellénique du panthéon en Apamée près de Théodosine.


I. Les origines d’une civilisation :

L’étude des origines de l’hellénisme n’est pas la plus simple des démarches épistémologiques tant les sources historiques de cette civilisation sont teintées d’une brume de mysticisme et d’incohérences assumées par les historiens d’antan. C’est aujourd’hui une discipline majeure de l’archéologie eurafaréenne qui conserve toutefois encore de nombreux mystères, un jeu de piste de plusieurs millénaires qui trouve son origine dans le golfe eurafaréen jusqu’à preuve du contraire. La civilisation hellénique fut probablement l’une des plus avancée de l’antiquité, son omniprésence culturelle et architecturale sur le pourtour leuctytaléen est encore l’une des preuves qui attestent de l’importance de cette civilisation à l’aube même de l’émergence des plus anciennes peuplades eurysiennes et afaréennes. De nos jours, des nations comme Elpidia, la Cémétie, Novigrad et même l’Empire Rémien de Théodosine participent au rayonnement moderne de la culture hellénique contemporaine faisant de cette dernière l’une des plus importantes diasporas démographiques à travers le globe et l’histoire.

Mais comment pouvons-nous alors réellement estimer l’origine d’une civilisation si plurielle et dispersée ? C’est la question à laquelle tentent encore aujourd’hui de répondre de nombreux historiens et archéologues aguerris. On retrouve néanmoins certains indices en Eurysie du Sud-Est sur un territoire aussi vieux que le monde, celui de l’antique civilisation novirienne. Avant de devenir ce qu’elle est de nos jours, c’est-à-dire une nation helléno-slavique, Novigrad était la terre d’accueil de l’une des plus importante civilisation hellénique du monde antique. C’est sur ce territoire qu’on retrouve d’ailleurs certains des vestiges les plus anciens du continent eurysien, parmi lesquels l’antique cité d’Aros fait office de pièce-maîtresse et de sujet d’excitation pour des générations d’archéologues.

Construite vraisemblablement à la fin du VIe millénaire av. J.-C, la cité d’Aros-la-Vieille ; nom que lui donnent les locaux ; semble être la plus ancienne preuve de sédentarisation précoce découverte en Eurysie et peut-être même dans le monde. C’est en creusant profondément sous les ruines de la cité antique que les archéologues découvriront des fondations antédiluviennes datées du néolithique ainsi que plusieurs idoles de marbre travaillées à l'obsidienne et supposées appartenir au culte hellénique de la première heure avant son institutionnalisation et la création de son récit mythologique. Longtemps avant de devenir une puissante cité hellénique, Aros semble donc avoir été le point de rendez-vous de plusieurs tribus du néolithique qui peuplaient les environs. La légende de la fondation d’Aros est d’ailleurs le fruit d’une tradition orale millénaire qui s’est transmise jusqu’à nous par le biais des philosophes et autres conteurs antiques. C’est une histoire intéressante pour les historiens puisqu’elle permet de dégager certains indices quant aux origines des peuplades helléniques primitives et de comprendre les conditions qui ont amenés à la construction de cette cité légendaire sur les bords du fleuve bayrön et aux pieds des collines.

Conformément au récit mythologique comme on le rapporte toujours dans les vieilles traditions, les premiers hellènes auraient été guidés par Kràtos, le roi des divinités du panthéon des hellènes, qui prenant forme humaine aurait fait traverser les Monts Olympus à son peuple pendant un terrible hiver. Cette ascension montagneuse aux nombreux périls semble avoir été un véritable traumatisme culturel qu’on retrouve pour l’ensemble des tribus de cette époque lointaine, on peut donc ici supposer que cet épisode peut s’apparenter à une migration massive des tribus nomades venues de l’Ouest pendant le néolithique tardif. La figure d’autorité représentant l’enveloppe mortelle de Kràtos pouvant alors être simplement la perception mythique d’un chef charismatique de jadis oublié de tous. Mais le récit ne s’arrête pas à cette traversée mythique, moins connue, une version trouvée dans les archives impériales de Théodosine aborde un épisode quasi oublié de cette histoire. Celle-ci évoque ainsi la construction d’un palais gigantesque que Kràtos réclama aux hellènes en guise de tribut pour le passage des monts alors enneigés de l’Olympus.

Certaines théories analysent d’ailleurs cet épisode mystérieux comme le résultat d’une confrontation entre deux civilisations inconnues, les hellènes ayant alors subit l’asservissement de cette mystérieuse entité. Néanmoins la présence de ruines au cœur des Monts Olympus n’est aujourd’hui toujours pas attestée et l’épisode de l’esclavage des hellènes n’est pas non plus reconnu par la communauté des historiens hellénophiles. La théorie la plus vraisemblable et admise restant celle d’une simple invention mythologique organisée par quelques conteurs de l’ère antique en mal de reconnaissance artistique. Toujours selon les mythes, la cité d’Aros fut fondée dans des temps immémoriaux par deux jeunes frères d’une tribu locale. Ces derniers auraient alors fait la rencontre d’un immense taureau écarlate, représentation physique du Dieu Minös, qui leur inculqua la culture de la terre et des bêtes. Les premières installations humaines à Aros coïncident donc avec une potentielle découverte de l’agriculture par les locaux profitant notamment des terres noires et fertiles qui abondent aux abords du fleuve bayrön.

Comme vous pouvez désormais probablement le comprendre, il est toujours utile de porter son intérêt vers les mythes et légendes qui entourent les premières peuplades helléniques. Ce sont tout autant de matériaux historiques qu’il convient alors d’analyser avec patience et logique tant les sources divergent et arrangent parfois l’histoire à leur convenance. Les historiens de l’ancien monde n’étaient pas exempts d’une volonté de propagande, n’oublions jamais que c’est le vainqueur qui écrit l’histoire. L’histoire d’Aros est néanmoins en définitive, le témoignage le plus proche de l’origine de l’hellénisme dont nous disposons à l’heure actuelle. La cité d’Aros jouit donc d’une grande influence dans le développement de l’hellénisme à travers l’histoire même si ce sera finalement la cité de Novir qui volera complètement la vedette à Aros pendant le reste de l’antiquité. Novir est-elle aussi une cité de première importance dans le monde hellénique antique, c’est même la principale rivale d’Aros, une situation qui mènera à de nombreuses guerres entre les deux cités occasionnant même la destruction d’Aros à la toute fin des conflits qui ébranlèrent la civilisation hellénique. Construite sur la rive droite de l’embouchure du fleuve bayrön, à l’endroit où il se jette dans la Mer Leucytalée, la fondation de Novir est estimée au IIIe millénaire av. J.-C. Selon la version rapportée par le philosophe novirien Hecaton le Sage, la création de Novir serait la finalité de l’exil forcé de plusieurs familles d’Aros qui se seraient rebellées contre le pouvoir alors en place. Dès lors, Novir, va rapidement devenir la plus importante des cités helléniques du premier millénaire av. J.-C grâce notamment à son accès maritime et au contrôle de l’estuaire du bayrön. Grands navigateurs, les noviriens vont être les premiers à se lancer à la conquête des mers et des terres jusqu’alors inconnues des hellènes donnant par ailleurs naissance au monde hellénique antique.

Il convient donc dans la suite de notre étude de porter notre réflexion plus en avant sur les évènements qui vont permettre la diffusion de l’hellénisme à travers le pourtour leucytaléen et même jusqu’au Banairah pendant le premier millénaire av. J.-C. La suprématie navale de la cité de Novir n’est pas étrangère au développement de l’interculturalité hellénique, profitant d’un esprit de syncrétisme religieux étonnant pour l’époque, les noviriens vont rapidement réussir à s’implanter durablement sur des territoires qu’ils considèrent pourtant alors de « terres barbares ». Les expéditions noviriennes vont donc fortement participer à la diffusion de l’hellénisme et à son ouverture sur le monde, elles sont l’objet de notre étude suivante.
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II. Les expéditions noviriennes.

Un hoplite novirien.

Le premier millénaire avant J.-C marque l’âge d’or de l’hellénisme antique. C’est pendant cette période propice aux grandes évolutions culturelles que les civilisations helléniques vont commencer à se structurer et à apparaitre sous le jour dont nous les connaissons. L’évolution la plus notable se matérialisera par un perfectionnement considérable des techniques de navigation et de conception des navires. Une avancée inespérée qui va rapidement servir aux noviriens alors coincés entre la menace d’Aros dans les terres et l’immensité d’une mer encore très peu pratiquée. Mais ce n’est pas la seule évolution qui aura un impact remarquable sur la diffusion de l’hellénisme, la lente institutionnalisation du Culte des Hellènes, notamment encouragé par l’influence de l’Oracle d’Aros, participera à l’émergence d’une économie palatiale qui profitera d’ailleurs grandement au clergé païen de l’époque. Toutes les conditions étaient alors réunies pour permettre l’ouverture de l’hellénisme sur la monde, tout d’abord par une volonté de commerce avec les indigènes mais bientôt avec une avidité coloniale.

De nos jours, l’impact des expéditions noviriennes en Leucytalée n’est plus matière de débat de la part de la communauté des historiens. Selon Hécaton le Sage, ce sont les Noviriens qui, les premiers à avoir accompli des navigations lointaines, voyagèrent non pas à bord de vaisseaux ronds mais sur des « vaisseaux à cinquante rames ». Ces navires s’appelaient alors des pentécontores (πεντηκόντερος), ils avaient été construits pour permettre aux marchands noviriens de s’éloigner du littoral et ainsi tenter de faire commerce avec certaines lointaines contrées dont les rumeurs parvenaient d’ores et déjà aux oreilles des noviriens. Bientôt les expéditions se firent de plus en plus ambitieuses et même les embarcations des pêcheurs s’éloignèrent toujours plus loin en haute-mer. Plus tard, les pentécontores furent abandonnés au profit des birèmes qui étaient des navires de guerre longs et étroits conçus pour la vitesse. Enfin ce sont les trières (τριήρης), avec 170 rameurs étagés sur trois rangs, qui dominèrent le reste de l’antiquité à partir du IVème millénaire avant J.-C.

Carte des expeditions noviriennes.
Cette carte permet de reconstituer les parcours qu’entreprirent les explorateurs noviriens pendant le premier millénaire avant J.-C. Elle est aujourd’hui une preuve concrète de l’influence de ces expéditions sur la diffusion de l’hellénisme pendant l’Antiquité.


• L’exil des Elpides (-721 avant J-.C)

Exil elpidia

Au VIIème siècle avant J.-C, la première guerre pour le contrôle du fleuve bayrön déchire les campagnes. Le Roi d’Aros, Aslan Ier, ne supportant plus les taxes imposées par les gardiens de l’estuaire, décide de lancer une invasion massive en direction des terres méridionales alors sous le contrôle des hoplites noviriens. Pendant près d’une année complète, les hellènes vont s’entretuer pour le contrôle des voies fluviales, marquant durablement les esprits de l’époque tant le carnage était celui d’une génération entière. C’est dans ce contexte que de nombreuses familles de l’entre-deux vont entamer un long périple vers le Nord afin de fuir les violents combats qui ravageaient alors les campagnes. Dans les chroniques antiques, cet épisode prend le nom de « voyage de l’exil » (στόλος ξενιτεία), une exode qui sera d’ailleurs reprise de nombreuses fois par les conteurs pendant le reste du millénaire. Bien que cette affaire ne se rapporte pas exactement aux expéditions noviriennes, elle symbolise la première migration des hellènes vers un nouveau territoire. Celui-ci deviendra plus tard le territoire des Cinq-cités, la terre d’Elpidia, un important bastion de l’hellénisme d’autrefois.
• La première expédition de Philëas (VIème siècle avant J.-C)

Première expédition

Parmi les explorateurs du monde antique, Philëas est probablement le plus célèbre de tous. Riche armateur novirien, maître en astrologie, il finance deux importantes expéditions qu’il mènera lui-même de son vivant. Avec l’augmentation de la densité démographique à Novir, les candidats aux aventures maritimes sont nombreux et Philëas parvient sans peine à rassembler plusieurs équipages désireux de faire fortune en commerçant avec des peuples exotiques, voir même en fondant de nouvelles colonies. La période de la première expédition est estimée au milieu du VIème siècle avant J.-C, elle fut semble-t-il au départ de Novir et en direction des régions occidentales en longeant le littoral eurysien.

La première étape de l’expédition amena la flotte de Philëas à s’amarrer près de l’île d’Altis où une communauté vivant de la pêche s’était déjà assemblée dans certaines régions de l’île. Selon le récit, les noviriens firent construire un temple à la gloire de Thalos ainsi qu’un comptoir commercial, cette brève étape ne fut néanmoins que de courte durée et ils ne restèrent pas plus d’une demi-saison sur l’île laissant toutefois une trace durable dans ce futur royaume hellénique.
Philëas poursuivit son voyage envers et contre tout, traversant même une tempête maritime près de l’île de Rème, les noviriens n’eurent pas d’autres choix que de se mettre à l’abri près de la pointe de la péninsule de l'Ostremont. Considérant l’emplacement stratégique que conférait cette terre inhabitée, ils fondèrent la colonie de Leandros qui deviendra une puissante cité occidentale quelques siècles plus tard.

Persévérant dans son désir de découvrir de nouvelles contrées, Philëas insista pour continuer l’expédition malgré l’opposition de plusieurs notables de son équipage. Après une tentative de mutinerie avortée, les marins reprirent finalement la mer en direction la baie d’Arcanie où ils s’enfoncèrent jusque sur le littoral de l’actuel Youslévie. Là-bas au milieu des calanques, ils fondèrent la colonie de Baltos et commencèrent à commercer avec les tribus locales. Ce fut le dernier acte de cette première expédition, Philëas revint à Novir avec de nombreuses marchandises et l’annonce de l’expansion du monde hellénique.

• La seconde expédition de Philëas (VIème siècle avant J.-C)

Seconde expédition de Philëas

Vingt-années après le succès de la première expédition, le goût de Philëas pour l’aventure ne faiblissait pas malgré son âge avancé. Le vieil homme rêvait plus que tout de revoir les calanques de Baltos et les eaux turquoise de Leandros tant qu’il avait encore un peu de vigueur. Fort de la réputation qu’il avait cultivée pendant près d’un quart de siècle, il finança une seconde expédition à grand coût. L’objectif était double, s’il souhaitait bien évidemment découvrir de nouvelles terres colonisables, il voulait, dans un second temps, déménager ses biens et sa fortune à Baltos où il avait l’intention de finir ses vieux jours. C’est donc un beau matin de la fin du VIème siècle avant J.-C que la seconde expédition s’éloigna du littoral novirien avec la ferme intention de surpasser la toute première aventure de Philëas.

Il faut bien comprendre qu’à cette époque, les exploits de Philëas s’étaient répandus au cœur du monde hellénique. Aussi de nombreux vétérans des affrontements entre les cités, s’organisaient désormais en flottille pirate, conscients que l’existence même des colonies allait engendrer un flux constant de navires marchands qui essayeraient de rejoindre la mère patrie. Il faut alors bien contextualiser la réputation qu’avait Philëas à ce moment-là, le vieil homme était une véritable célébrité, richissime et influent dans le Sénat Novirien, certaines rumeurs lui prêtaient une fortune colossale qu’il aurait ramené de son expédition, bien évidemment il est fort probable que ces rumeurs n'aient été que le fruit d’une profonde jalousie. Il reste néanmoins que les rumeurs atteignirent bientôt les oreilles des pirates qui préparèrent un piège à Philëas, avec la ferme intention de déposséder le vieil homme de sa fortune légendaire.

Ainsi alors que le soleil était encore haut dans le ciel, la flotte novirienne fit irruption dans la baie d’Arcanie sur le chemin pour rejoindre la colonie de Baltos. Tandis qu’ils avançaient imprudemment dans les eaux qui bordent l’île d’Arcanie, ils furent pris à parti par une flottille pirate qui s’attaqua en premier lieu à l’arrière-garde. Les pirates étaient tous des hellènes, souvent des marins désœuvrés et quelques hoplites vétérans en quête de fortune facile, ils connaissaient les manœuvres noviriennes et mirent bientôt en difficulté toute la flotte. La plupart des vaisseaux de Philëas se détournèrent pour rejoindre la bataille et repousser les pirates, mais de son côté, le vieil homme céda à la panique et ordonna à son équipage de faire voile vers Baltos, fuyant les combats et abandonnant le reste de sa flotte. Cette décision scella son destin car tandis qu’il fuyait, il tomba nez à nez avec plusieurs embarcations embusquées qui l’abordèrent aussitôt. La légende raconte que les combats furent féroces et que même s’il était d’ores et déjà un vieil homme, Philëas se défendit comme un lion avant de tomber sous les lances des malfrats.

Lorsque le reste de la flotte de Philëas revint victorieuse, ses hommes découvrirent avec horreur le sort qui lui avait été fait. Ils transportèrent son corps jusqu’à Baltos où il fut incinéré selon les rites païens de l’époque et ses cendres furent ensuite jetées dans les calanques bordant la colonie. Mais ce ne fut pas la fin de son expédition, bien au contraire, lorsque le deuil fut enfin terminé, les hommes de Philëas décidèrent qu’il était temps de le venger et ils firent alliance avec certains équipages locaux qui se souvenaient encore que ce fût le vieil homme qui avait été à l’origine de la fondation de leur colonie. Dès le début de l’été, ils entreprirent de traquer les pirates survivants et ils remontèrent la baie jusqu’au détroit où ils retrouvèrent finalement la trace des malfrats. S’en suivit alors une course poursuite de plusieurs semaines près des côtes occidentales du Sud de l’Eurysie. Les pirates fuyaient habilement devinant le sort funeste qui les attendaient si la flotte novirienne parvenait à les rattraper et c’est dans cette fuite désespérée qu’il se retrouvèrent au cœur d’une terrible tempête au large des côtes de l’actuelle Listonie. Les hommes de Philëas perdirent la trace des pirates lors de cette tempête, frôlant d’ailleurs la catastrophe avec de nombreux navires endommagés par les fortes intempéries.

Ce fut la fin de la seconde expédition de Philëas, celle-ci ne fut pas inutile en fin de compte, puisqu’accostant pour réparer les navires endommagés par la tempête. Les noviriens découvrirent les plaines fertiles de l’actuelle Listonie et ils construisirent la colonie de Listos, qui deviendra quelques siècles plus tard, la ville de Listonia, capitale d’un vaste empire colonial. Quant aux pirates évadés, c’est seulement de nos jours que nous savons précisément ce qu’il est advenu d’eux. Les survivants de la tempête dérivèrent pendant de nombreux jours avant de s’échouer sur l’île de Fortuna, là-bas craignant que les vengeurs reviennent à la charge, ils se mêlèrent aux populations locales, formant bientôt une nouvelle civilisation hybride : les fortunéens, qui eurent eux-aussi un puissant empire colonial à travers le globe.

• La bataille de Nisikalo (Vème siècle avant J.-C)

Salvins vs Iphares

Au Vème siècle avant J.-C, le développement culturel et commercial des cités helléniques est à son sommet. Du côté occidental, le Royaume des Salvins prend de plus en plus une forme hellénisée malgré les origines diverses de cette ethnie venue de l’ouest près d’un siècle auparavant. Sovapolis est devenue une véritable cité du monde antique et elle fait désormais la fierté du peuple Salvin. Toutefois malgré tous les efforts de ce peuple, c’est Novir qui prend toujours la part du lion grâce à ses colonies qui lui apportent une richesse considérable. Sovapolis est particulièrement jalouse de Novir et alors l’élite de la ville se met rapidement en tête de financer une expédition visant à établir des colonies salvines à l’Ouest. C’est vers la fin du Vème siècle avant J.-C que l’expédition est lancée, la flotte salvine remonte aisément le littoral novirien et s’enfonce en direction de ce qui deviendra plus tard, l’Arovaquie. Les colons salvins débarquent finalement sur l’île de Nisikalo où ils envisagent alors de construire une colonie côtière afin d’entretenir le commerce avec Sovapolis. Mais les premiers contacts avec les populations indigènes se déroulent mal et bientôt les colons doivent aussi faire face à la colère des Iphares, ces tribus qui peuplent alors les environs. La bataille s’engage bien trop rapidement et elle est sanglante, les hoplites salvins rencontrent une farouche résistance des guerriers iphares qui repoussent finalement aisément les colons à la mer. Cette défaite restera longtemps un traumatise pour les citoyens de Sovapolis et elle est à l’origine de la popularisation du mot « barbares ».

• L’expédition d’Helianos (IVème siècle avant J.-C)

Helianos

Si Philëas est probablement un précurseur dans le domaine de l’exploration maritime et dans la colonisation hellénique, Helianos fut assurément le précurseur du commerce antique. Marchand influent de la cité d’Helladēs, il est le fils cadet de l’Archonte de la ville. Pendant sa jeunesse, Helianos se passionne pour la philosophie, l’art, l’économie mais aussi pour la cartographie, c’est en étudiant les premières cartes du monde antique qu’il en apprend un peu plus sur les côtes afaréennes encore trop peu explorées par les navires noviriens. Les rumeurs de civilisations évoluées et de richesses exotiques finissent par provoquer une véritable obsession chez lui et le jeune homme se met en tête d’en explorer les contours. Au IVème avant J.-C, l’influence de la Ligue hellénique de Novir est considérable et la plupart des cités se soumettent à contre-cœur au monopole commercial de la cité. Bien que très puissante, la cité d’Helladēs préfère accepter les conditions de Novir, souhaitant éviter une famine voir un conflit ouvert. C’est dans ce contexte très particulier que va grandir Helianos qui atteignant la vingtaine mettra au point un plan pour tenter de contrer la toute-puissance novirienne.

Grand orateur et profitant de la situation de son père, il persuade les marchands d’Helladēs de financer une expédition vers le Sud, opération bien évidemment financée sans le consentement de Novir. Grâce à la complicité d’un village de pêcheurs de la baie des Hellènes, il embarque avec près d’une dizaine de vaisseaux en direction des côtes afaréennes où il entend construire un réseau de comptoirs commerciaux et cartographier les littoraux visités. Le commerce antique commence donc très tôt, il est indéniable que le monde hellénique dû recourir au commerce maritime pour se développer, en raison de la nécessité d’importer le blé. Helianos espère aussi pouvoir importer du papyrus, des épices, tissus et autres métaux, qui se vendent à prix d’or sur les marchés helléniques. De leur côté, les cités exportent généralement du vin, des céramiques et de l’huile d’olive.

La flotte d’Helianos descend tout d’abord jusqu’aux abords des côtes de l’actuelle Cémétie, les marins réalisent quelques échanges avec les locaux mais ne s’attardent pas, craignant croiser quelques équipages noviriens qui connaissaient déjà la région. Ils longent ensuite les côtes afaréennes en direction du détroit de leucytalée, sur le chemin ils fondent trois comptoirs commerciaux : le premier près de l’actuel territoire fortunéen à l’ouest de la Cémétie, le second près de l’actuel territoire du Bérégost, enfin le troisième près des côtes du Tamaret où ils rencontrèrent une nouvelle civilisation. Après une saison au Tamaret, ils reprennent la mer, toujours en direction du détroit qu’ils n’atteignent qu’à la fin de l’automne. Ils débarquent alors sans encombre près de l’actuel territoire afaréen de Kronos où ils s’installent pour l’hiver profitant du climat doux de la région. Là-bas, certaines familles de l’expédition décident de ne pas repartir et ils fondent Naxos, colonie qui deviendra rapidement importante du fait de sa proximité avec le détroit.

Au milieu du printemps, Helianos s’impatiente et il enjoint ses hommes de reprendre la mer, il est alors persuadé qu’il découvrira de nouvelles terres au sud après le détroit. Mais surtout il souhaite plus que tout finir la carte qu’il a commencé à dessiner dès le début de son expédition et qui lui vaudra sa postérité même de nos jours. La flotte se décide finalement à continuer l’exploration non sans que Helianos ne leur ai promis plus de richesses pour qu’ils le suivent, elle prend la direction du détroit puis descend en sud vers des terres encore inconnues des hellènes. La flotte s’aventure près du littoral de Gokiary, actuel territoire du Grand Kah, là-bas ils font la rencontre d’un puissant monarque qui enjoint les explorateurs à rester quelques temps auprès de lui afin de lui raconter ce qu’ils savaient sur le vaste monde. Ils restèrent près d’une saison à Gokiary, profitant d’un traitement royal de la part des locaux et consolidant un futur accord commercial très avantageux avec le monarque du coin. Finalement ils battirent une ambassade et même un comptoir commercial qui devait accueillir les futurs navires helléniques qui feraient la liaison vers le vieux-continent. Cet épisode assouvit finalement les ambitions aventureuses d’Helianos, cette-fois-ci il accepta d’entamer le chemin du retour et de revoir enfin sa belle-cité.

Ce que les chroniques de l’époque racontent généralement assez timidement, c’est ce qu’il se passa ensuite lors de son retour à Helladēs. Entre temps, les noviriens avaient appris l’existence de cette expédition et ils n’étaient pas contents d’avoir été mis à l’écart. Les opposants du père d’Helianos avaient profité de cette crise diplomatique pour usurper son pouvoir et ils détenaient désormais les clefs de la cité. Lors de son retour Helianos fut mis aux arrêts et il se retrouva bientôt au cœur d’une polémique citoyenne. Recevant le soutien de nombreux philosophes et autres intellectuels qui reconnaissaient son génie pour la cartographie, il resta en attente de son exécution pendant près de trois ans. Mais il n’échappa finalement pas à son destin et lors d’un hiver difficile, les usurpateurs le firent exécuter discrètement au mépris de la vague de soutien qu’il avait reçu. Quelques années après son décès, les comptoirs commerciaux et la colonie de Naxos dont il était le fondateur, furent tous repris par la Ligue Hellénique de Novir qui en profita pour agrandir son réseau commercial.

• La colonisation lente de la Cémétie (IVème siècle avant J.-C)

Pyramide de Cémétie

La Cémétie fut assurément une civilisation hellénique très puissante à travers l’histoire. De nos jours, elle accueille la communauté hellénique la plus importante démographiquement et elle participe activement au maintien de la culture eurafaréenne propre à son histoire. Au IVème siècle avant J.-C, la Cémétie n’est pas encore une terre hellénique, bien au contraire, elle accueille les vestiges d’une civilisation précurseur. Son emplacement n’est alors pas inconnu des navigateurs helléniques, ces côtes ayant d’ores et déjà été découverte par quelques pêcheurs aventureux plusieurs siècles auparavant. Au retour de l’expédition d’Helianos, la navigation se démocratise considérablement dans le monde hellénique, elle n’est plus seulement l’apanage des plus fortunés et des cités, certaines familles modestes commencent à se cotiser et à investir dans des embarcations moins onéreuses.

Ce contexte permet la multiplication des expéditions dont l’initiative ne revenait à aucune cité ou guilde marchande, une première jusqu’ici dans l’histoire hellénique. De nombreux équipages modestes tentent leur chance et bientôt les côtes cémétéennes deviennent une destination phare pour faire fortune. Quelques comptoirs commerciaux sont construits et un commerce prospère s’installe durablement dans le paysage local marquant la région par le sceau du raffinement hellénique. Cette ouverture soudaine du territoire cémétéen au reste du monde hellénique causera rapidement sa perte attirant l’avidité de quelques seigneurs de guerres qui conquerront plus tard les terres de la Cémétie. Cette dernière deviendra alors une grande nation hellénique qui développera durablement l’expansion des hellènes en Afarée et même jusqu’au continent nazuméen notamment en Iskandriane.

• La flotte de fer et la crise de l’encens (IIème siècle avant J.-C)

Hellènes vs Banairah

Au début du deuxième siècle avant J.-C, le monde hellénique est pleinement formé et désormais cette civilisation ne s’arrête plus aux frontières du golfe euraféen. L’activité en Mer Leucytalée est intense et certaines colonies sont devenues de véritables cités indépendantes. Le territoire novirien se développe considérablement grâce à la paix obtenue à la suite de la destruction de la cité d’Aros par les flammes. Des routes relient désormais les quatre cités et l’arrière-pays accueille d’importantes communautés rurales qui participent à l’unification progressive du territoire. Bien évidemment, la cité de Novir est toujours la grande puissance de la région voir même de l’époque, son commerce avec l’Afarée subsiste encore et permet le maintien de sa prospérité. Toutefois l’émergence de la civilisation rémienne en occident va fortement contribuer à mettre définitivement fin aux liens qu’avaient les anciennes colonies avec la cité-mère de Novir. Une perte de profit qui secouera violement l’ensemble du monde novirien et qui poussera même ces derniers à militariser leur flotte de peur de perdre aussi le monopole du commerce eurafaréen. Une crise économique va lentement se répandre sur l’ensemble du territoire hellénique de l’actuelle Novigrad, c’est d’ailleurs tout particulièrement une ressource qui sera le symbole de cette instabilité économique primitive. Cette ressource c’est l’encens, une résine produite uniquement sur les côtes d’Afarée de l’Est et dont le prix vient de se multiplier par dix sur les marchés de la Ligue Hellénique de Novir. La principale cause de cette augmentation, c’est le développement conséquent du clergé hellénique et la construction de nombreux temples, l’encens est alors une ressource obligatoire pour les fumigations religieuses qui accompagnent la majorité des rites païens des hellènes. Cette grave crise va faire trembler le monde novirien et conduire à l’élection d’un militariste à la tête de la ligue novirienne, ce dernier transformera durablement les relations avec l’extérieur marquant l’époque de son impérialisme agressif sur la route antique de l’encens.

La trière (τριήρης), est une galère de combat antique, développée à partir du pentécontère. Navire plus court que son prédécesseur, il reçoit 170 rameurs étagés sur trois rangs, d'où son nom. Léger et agile, il permet le développement de la manœuvre d'éperonnage grâce au rostre de bronze ou de fer monté sur sa proue, technique qui donnera lieu aux premières batailles à caractère réellement naval de l’antiquité. Ce navire exceptionnel, qui restera le fleuron de la Mer Leucytalée même pendant l’époque impériale de la Rème, fut construit pour la première fois dans les chantiers navals de Novir. Il permettra aux hellènes de lutter efficacement contre le phénomène de la piraterie qui compliquait déjà le commerce depuis plusieurs siècles. À l’époque de la crise de l’encens, l’Archonte de Novir convoquera la plupart des marchands de la ville et leur soutirera les destinations où ils achètent habituellement l’encens. Une manœuvre visant à faire de l’encens, une propriété publique contrôlée par le pouvoir de la Cité. La réponse qui revenait le plus souvent était celle d’une lointaine terre que les marchands nommèrent « terre de l’encens », cette contrée étrangère dont les habitants semblaient encore primitifs mais où l’encens abondait. La crise s’intensifiant avec la pénurie, l’Archonte annonça la construction d’une immense flotte pour braver le détroit apaméen et descendre vers les terres où on pourrait accaparer la production de l’encens, bien que cette décision fût contestée par d’éminents philosophes, le clergé païen consacra beaucoup de soutien à cette expédition qui allait dans le sens d’une sortie de crise.

C’est ainsi que fut construit la flotte de fer, la plus puissante flotte hellénique que l’antiquité ait connue. Près d’une centaine de trières aux éperons en fer, manœuvrées par le fleuron de la marine novirienne et abritant plusieurs centaines d’hoplites aguerris. La flotte prit les eaux dès le début du printemps de l’année suivant la déclaration de l’Archonte et elle se dirigea aussitôt vers le détroit de l’Apamée. Selon les témoignages de l’époque, la traversée fut aisée mais sur le chemin, ils croisèrent de nombreux villages construits près des berges du détroit, les noviriens pillèrent et incendièrent alors les villages avec une violence inouïe. Ce massacre choqua profondément les royaumes voisins qui en conclurent que le passage de la flotte de fer était une véritable menace pour eux, ils assemblèrent leur flotte coalisée près de la sortie du détroit dans la Mer Blême et tentèrent de piéger les noviriens. Cette bataille navale est connue comme la première à opposer les équipages helléniques à ceux d’une autre civilisation, elle semble avoir été une victoire éclatante des noviriens qui massacrèrent sans peine la flotte adverse. Les survivants furent condamnés à l’esclavage dans les galères noviriennes et les chefs furent exécutés. La flotte novirienne continua ensuite son parcours jusqu’aux régions septentrionales de l’actuel Banairah, ce prétendument pays de l’encens. Sur place, ils ne furent pas déçus et ne rencontrèrent aucune résistance réellement organisée, ils soumirent rapidement les tribus de la région puis ils construisirent trois colonies : Actydon, Tylestias et Ephapolis qui actèrent la présence hellénique sur ce territoire.

Pendant près d’un siècle, les colonies se développèrent considérablement devenant de véritables petites cités avec des temples et des édifices urbains. La pression qu’exerçait les colons helléniques sur les tribus du Banairah était terrible, le commerce de l’encens finançant l’ensemble des agrandissements sur les trois colonies. La Ligue Hellénique de Novir allait rapidement devenir dépendante de cet approvisionnement en encens et sa présence dans la région était toujours plus impérialiste. Ce siècle de colonisation se rompu à la fin du deuxième siècle avant J.-C à cause d’un incident qui allait entraîner des conséquences terribles pour les hellènes de Novir. Le massacre d’une tribu entière par des hoplites noviriens parce qu’elle ne voulait plus faire le commerce de l’encens fut le tournant majeur de l’histoire de la fondation du Banairah. En réponse à ce massacre déshonorant, les tribus s’unifièrent et engagèrent de sanglants affrontements contre les colons noviriens qui finirent par abandonner les trois colonies. Cette cuisante défaite au Banairah participa grandement à la ruine de Novir et à sa conquête par les légions rémiennes pendant le premier siècle avant J.-C.


• Le Varanya antique, le pire ennemi de Novir (IIème siècle avant J.-C)

Guerre de l'encens

Si la civilisation hellénique était l’une des plus avancées de l’antiquité, elle rencontra finalement son égal afaréen au Varanya. Cette civilisation persique qui était déjà particulièrement avancée pendant l’ère antique fut la véritable Némésis de Novir pendant la fin du deuxième siècle avant J.-C. Tandis que les colonies noviriennes au Banairah rapportaient d’importants revenus à la cité-mère, l’Empereur Varanyen comptait bien concurrencer l’hégémonie hellénique. Cette situation engendra de nombreux affrontements sur terre comme sur mer pendant ce qu’on appelle désormais « les guerres de l’encens ». Il semble que le conflit ait fortement affaibli les forces noviriennes et qu’il participa indirectement à la défaite des colons au Banairah. Néanmoins cet épisode permit la fondation de l’ancêtre de Jadida, la colonie novirienne la plus éloignée de toutes.

Après une si longue lecture, vous comprenez désormais l’influence considérable qu’eurent les expéditions noviriennes sur la diffusion de la civilisation hellénique en Eurysie comme en Afarée. Bien sûr, nous ne prétendons pas avoir fait le résumé complet de toutes les expéditions helléniques de l’histoire mais il nous semble que celles que nous vous avons présentées sont des points clefs de cette diffusion culturelle pendant l’antiquité. Tous les témoignages de cette époque lointaine nous confortent dans l’idée que les noviriens furent un peuple très influent du monde antique, il conviendra néanmoins d’aborder dans la suite de cet article, le cas de la civilisation rémienne, ce peuple hybride helléno-latin.
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