Introduction : La Pavillon des Lettrés est en lui-même le lieu de l’Archive par excellence, il représente à la fois un centre d’archives très important, regroupant la totalité des ouvrages publiés en Maronhi depuis l'époque des Provinces Combattantes. C’est également un lieu de formation réservé aux étudiants souhaitant devenir kamakiri (traduisible par "mante"), s’apparentent ici à la fois à des archivistes, à des érudits, à des guerriers et à des moines formant une véritable classe isolée de lettrés. Ils connaissent les sciences dures, humaines ainsi que la tradition bouddhiste. Ces savants forment un corps enseignant composé exclusivement d’hommes, souvent très âgés, vivants à l’écart du monde selon un mode de vie particulier, en ermite, et sont entièrement consacrés à l’étude et à la préservation des fonds d’archives. Enfin, le Pavillon des Lettrés est présenté comme une sorte de grande bibliothèque indépendante, sous la forme d’un vieux temple créole-nazumi, rappelant immédiatement ceux d'extrême orient. Ce lieu de conservation de la mémoire écrite est donc un symbole de l’éclairage, de l’illumination du pays entier, rayonnant de connaissances et de savoirs. La Pavillon des Lettrés traite tout autant des archives historiques que des informations très contemporaines. Perdue au milieu de la chaîne de montagnes des Lances du Ciel à l'est de la Maronhi, le Pavillon est relié au reste du monde et à l’ensemble de la Maronhi par une correspondance permanente établie par des pirogues, communiquant avec le monde extérieur. Autrefois totalement indépendante, cette institution possède un statut spécial d'autonomie vis-à-vis du pouvoir maronhien, et ce depuis la conquête de l'arrière-pays par Eijirō Susano au début du XIXème siècle. Les proclamations de la Première et de la Deuxième République n'y changeront rien.
(Gauche) Kamakiri-bushi (mantes-guerriers) en charge depuis la porte d'enceinte à l'époque shogunale, illustration de manuel historique, 1987. (Droite) Pavillon historique dit "le Pavillon de l'Été invaincu" au milieu des Lances du Ciel, illustration touristique, 2006.
La figure du kamakiri ou mante est elle aussi très liée au stéréotype de l’archiviste ; à la fois ermite, guerrier et érudit, la mante a pour fonction première de conserver les connaissances du monde, de copier et préserver les documents produits par l’ensemble des sept provinces du pays et au-delà, dans d’autres régions plus éloignées. On remarque cependant que l’enseignement dispensé au Pavillon des Lettrés est réservé à une petite minorité : d’abord des hommes, les femmes et les enfants en étant exclus ; et des lettrés, des hommes capables de manipuler des documents de tous types et d’en faire bon usage. Les colliers de perles en bois accompagnent les habits des mantes et servant principalement à la récitation de prières et de mantras se font aussi le symbole de la dévotion au savoir. Les mantes sont à l’écart, en retrait du monde et adoptent une position neutre face aux événements, ayant pourtant toutes les connaissances, savoirs et preuves à leur disposition, ils décident de garder le silence, selon une sorte de devoir de réserve vis-à-vis de leurs contemporains.