Posté le : 11 déc. 2022 à 14:39:56
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LA MARONHI ET LES HOMMES
Nous essaierons ici de rappeler brièvement les éléments naturels et humains les plus pertinents de l' « univers maronhien », surtout ceux qui peuvent être directement corrélés avec le domaine pharmaceutique. Pris à grande échelle, la Maronhi est un fragment de l’immense ensemble de la forêt vierge paltoterrane. Les variations climatiques se font du couchant au levant avec une diminution progressive des précipitations. La combinaison de ces facteurs est à la base de la diversité des formations végétales, accentuée par une micro-diversité des peuplements végétaux dont les causes sont en cours d’étude. Tout cela influence à son tour la nature des pharmacopées des différentes populations, par exemple par la rareté de certaines espèces utilisées, poussant les hommes à bien en connaître les peuplements, ce qui pourra être le monopole d’un individu, d’une famille, d’un groupe ethnique. Quant au panorama humain contemporain de la Maronhi, il est le produit de l’histoire coloniale récente en tant que facteur dominant et de l’histoire indigène antérieure en tant que facteur secondaire.
La pharmacopée et la médecine maronhiennes représentent un exemple de synthèse réussie. Des conceptions issues de la vieille médecine nippone et cathayenne cohabitent avec des conceptions maronhos. Quant à la pharmacopée, elle est véritablement une somme de connaissances soit empruntées aux populations de Maronhi d’hier et d’aujourd’hui, soit pour une part plus modeste de découvertes faites au fond des bois et des savanes. L’autre pôle, le plus ancien cette fois, du panorama humain maronhien est représenté par les sociétés indigènes maronhos. Sociétés dans leur immense majorité bien insérées dans leur milieu, relativement indépendantes les unes des autres, elles ont dû depuis la fin du XVIème siècle se réadapter sans cesse face à l’expansionnisme culturel et économique de l’Orient. Sur ce point précis de l’attitude des Paltoterrans face à l’impact de l’Orient, les conclusions des spécialistes divergent. Notre position initiale part du principe que face aux coups répétés de l’Orient, les autochtones se sont sans cesse réadaptés avec l’idée de préserver, en vue de jours meilleurs, l’essentiel de leur culture, en l’occurrence une production économique tournée vers le surplus générateur de loisirs, une conception de l’organisation sociale rejetant l’étatisme, et une relation immanente avec l’ensemble des composantes de la nature. En conséquence de quoi les Maronhos condamnent profondément à la fois la protection, même si elle se justifie en fait pour des raisons humanitaires, et l’assimilation, choisissant la voie de l’autonomie légale et admettant la collaboration tactique avec le monde extérieur.
Les sociétés précoloniales dont il est question ici illustrent bien, à travers l’exemple de leur ethnomédecine, deux facettes de cette situation.
Tandis que certains clans ont dû leur survie à la fois à l’absorption d’éléments humains et culturels disparates, et à un recentrage permanent à partir de systèmes sociaux claniques. L’ethnomédecine actuelle de ces clans est connectée à un système de représentation du monde strictement paltoterran, tandis que leur conception de la pathologie met sur un même plan une bonne partie des maladies « traditionnelles » et des maladies importées. Leur pharmacopée est composée de remèdes venant de tous les milieux naturels et, dans une assez forte proportion, empruntés aux populations voisines. D'autres clans, quant à eux, sont des populations émigrées de l'arrière-pays, choisissant un isolement partiel, ont dû se réadapter à une contrée quelque peu différente. Leurs systèmes de valeurs métaphysiques et leurs conceptions de la pathologie du corps sont largement celles des autres Maronhos restés plus à l'Est, tandis que leur pharmacopée en dépit de quelques emprunts, est à la fois la prolongation de connaissances anciennes et la transposition de savoir antérieur sur des espèces proprement maronhiennes. Dans les deux cas, opportunisme à court terme et permanence culturelle à long terme sont les deux mots clés qui s’appliquent le mieux à ces sociétés.