Torches, flambeaux et lanternes illuminent la place de l'église.
L’isolement relatif de Port-Hafen n’a jamais été une excuse pour ne pas s’amuser. Les colons listoniens qui se sont installés par la force sur ce territoire non revendiqué (soi disant) quelques siècles au paravent, ont importé avec eux leur culture métropolitaine qui, au contact des autochtones et de la météo, a progressivement évolué pour devenir quelque chose de proche, mais différent.
Lorsque l’hiver s’en vient, les froides latitudes du nord de l’Aleucie contraste fortement avec les températures plus douces de la métropoles listonienne, dont le climat à la pointe sud est rendu supportable grâce au contact avec les eaux chaudes de la Leucytalée. Tandis qu’on cultive les oranges à Listonia, Port-Hafen préfère le sirop d’érable.
Il faut donc s’occuper lorsque la nuit est noire et que le vent souffle à l’extérieur. De longs mois de gel et de glace attendent les Hafenois et passées les fêtes de noël et du nouvel an qui célèbrent le début de l’hiver, janvier et février semblent pour beaucoup interminables.
Heureusement, la ville a depuis longtemps développé ses petites traditions et rituels dont l’un d’eux, la fête des lumières, se déroule le premier février, au plus dur de la saison. Loin de singer noël, la fête des lumières prend place sur la place de l’église, qui se trouve également être la place de la mairie et ouvrir sur une salle polyvalente transformée pour l’occasion en piste de danse.
Lors de la fête des lumières, alors que le vent souffle et que la neige gronde, l’éclairage publique se coupe vers 20h. les Hafenois qui souhaitent participer se dotent alors de lampes à huile, héritage de la vocation première des ports listoniens destinés à la chasse à la baleine, et, presque à l’aveugle, prennent le chemin de la place du village.
Sur le trajet, les plus vieux et les plus jeunes, et ceux qui pour divers raisons préfèrent rester chez eux, ouvrent leurs volets et leurs indiquent le chemin à prendre dans les rues. La grande farce attendue étant bien sûr d’indiquer la mauvaise route. Le temps d’une soirée, voilà la ville devenue un petit labyrinthe et si bien entendu la plupart des habitants savent se repérer même sans lumière, il arrive toujours que quelques-uns se perdent, souvent les plus jeunes ou les plus ivres.
La tradition impose alors pour le pauvre confus de crier trois fois « à moi » et alors on viendra lui ouvrir une porte, lui offrir un verre de vain chaud et lui indiquer la bonne route, voire carrément l’accompagner. Il sera accueilli par des applaudissements s’il est petit, et par les moqueries de ses amis s’il a l’âge d’être taquiné.
Vers 21h, quand tout le monde est arrivé, on accroche les lanterne à l’arbre devant la mairie, un vieil arbre particulièrement tordu et vieux, dont les branches les plus basses tombent à hauteur de buste d’homme si bien qu’il faut baisser la tête quand on marche dessous pour traverser la place.
Les portes de la salle polyvalente – pardon, la salle de bal – s’ouvrent alors et c’est l’occasion de danser et de chanter des chansons de Listonia et des mélodies de marins partis en mer à la recherche de baleines.
Une bien jolie tradition qui aura lieu cette année encore, pour le plaisir des petits et des grands !