29/03/2015
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Almanach de l'Ostremont

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IzildaPinto

Grand-mère de la nation siliquéenne, Izilda Pinto a légué à sa mort en 1737 une production pléthorique de chroniques sur l'histoire, les us et coutumes de l'Ostremont qui n'avaient jamais été publiées. L'intellectuelle est connue pour avoir rédigé l'ouvrage le plus abouti sur le XIVe siècle en Manche Silice. Sa petite-fille, Aida Magalhaes, éditrice, a décidé pour le 1er janvier 1802, la publication d'un almanach au succès immédiat. Cet épais livre, réédité tous les ans avec de nouvelles production, compile récits, poèmes et anecdotes. Avec le temps, tous les écrits d'Izilda Pinto ont été publiés. Alors, pour entretenir le filon, la maison d'édition Magalhaes a embauché des auteurs anonymes pour enrichir la collection et inscrire l'ouvrage dans son temps.
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Style : l'étonnant voyage du cauri

Kapelusz

Il n'est pas de costume folklorique de l'Ostremont sans son kapelusz, ce chapeau de feutre noir à bord long orné de petits coquillages blancs. Comment les cauris, ces petites porcelaines fendues qui ne se trouvent que dans les mers chaudes, à des dizaines de milliers de kilomètres de la Manche se sont retrouvés sur les têtes de nos braves peuples montagnards ? Voilà quelques éléments de réponse.

La présence humaine sur les deux versants de l'Ostremont démarre au 1er siècle avant notre ère avec le pastoralisme et l'agriculture pratiquée tant par les peuples Tchenkov que les Incarnados. Les premières traces ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques à La Source. Il s'agissait d'un petit hameau dans lequel ont été retrouvées des sépultures mais aussi des habitats où l'on a découvert des fibres végétales, des aiguilles, et autres outils nécessaire à la couture. Quelques chroniqueurs grecs du IIIe siècle, de passage dans la région, vont décrire des habitants, "taiseux, rustres, le corps recouvert de tuniques en cuir doublées de la laine épaisse de leurs moutons". La première évocation d'une calotte en poil d'animal non identifié pour se protéger du frimas est mentionnée dans un atlas des peuplades du Ve siècle. Le texte ne parle pas de motifs ou d'accessoires ornementaux particuliers. En revanche, le codex Tchenkov du clan Granica, qui recense les populations de sa zone d'influence, mentionne en 602, les coquillages sur le chapeau des bergers.

Il y a aujourd'hui consensus dans la communauté des historiens médiévistes pour attribuer l'introduction de ces coquillages, aux marchands de Léandre. La Superbe a démarré le commerce avec les Tchenkov à partir de 510 après la signature du traité de La Source. Cette thalassocratie comptait à cette époque de nombreuses possessions outre-mer et employait des cauris comme monnaie d'échange pour le commerce avec certains peuples pratiquant le troc. Ainsi les montagnards de l'Ostremont ont-ils découvert ces coquillages et se les ont appropriés au fil des siècles pour en faire un élément intrinsèque de leur culture.

Les légendes restent silencieuses sur l'origine léandraise de ces coquillages. Les croyances locales attribuent leur existence à la présence, durant des temps immémoriaux, d'un océan. Toujours est-il que les cauris sont des objets sacrés pour les peuples de l'Ostremont. Au départ, les coquillages venaient récompenser les bergers, colporteurs et bateliers qui réalisaient la traversée du massif. Un cauri supplémentaire venait orner leur chapeau à chaque nouveau voyage et récompensait ainsi le travail accompli pour le ravitaillement/l'approvisionnement de la communauté. Cet honneur a donc longtemps été réservé à une petite partie du peuple avant de se démocratiser. Aujourd'hui, les femmes et les enfants peuvent en arborer sans crainte. D'ailleurs, il n'est pas rare d'en trouver dans les boutiques de souvenirs pour les touristes de passage.
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Gastronomie : l'œuf mou de l'Estuarial

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Les œufs mous de l'Esturial peinent à se faire une place dans la gastronomie siliquéenne et pour cause, ils restent largement méconnus. La consommation de ces friandises a longtemps marquée dans cette ville du littoral evasien la fin des périodes de jeûne précédant les festivités autour du culte des Azules. Aujourd'hui, les "oeufs mous" sont vendus dans les pâtisseries de la métropole pratiquement toute l'année, au grand dam des puristes. Il est également fréquent de voir des Estuariens en déguster un en prenant leur café, au milieu de l'après-midi.

L'histoire de cette confiserie remonte à l'an 1420. Un temple de piété Azule a été érigé depuis plusieurs décennies et une communauté religieuse s'est formée à ses abords. Quand ils ne s'adonnent pas à la prière, les pieux servants exercent des métiers, essentiellement lié à la pêche, longtemps activité principale de la ville. Pour marquer les 50 ans de la fondation de l'ordre des Talveiros (du nom de son initiatiateur Candido Talveira), il est demandé au servant Bruno Basto, travaillant parallèlement comme boulanger, de proposer un dessert à la fois simple mais festif. L'artisan cherche pendant de longues journées comment parvenir à ses fins. Désespéré, il mélange des jaunes d'œufs, du sucre et de l'eau. La cuisson transforme la préparation en une pâte collante. Il décide alors de l'envelopper dans une croute de pain non-levé de couleur blanche. Ces "oeuf mous" sont un succès longtemps réservé aux fêtes des Talveiros. Il faudra attendre l'expulsion de la communauté du servant-boulanger Jeronimos Tremel pour débauche en 1578, pour que l'artisan ouvre son commerce et propose à la vente les œufs mous, à chaque fin de jeûne.

Entre temps, d'autres boulangers pâtissiers découvrent la recette et l'agrémentent çà et là de petite variété. Telle échoppe va proposer des croutes aux formes originales, tel commerce introduit des versions chocolatées, au fruit, salées. Puis progressivement, le produit dont la périodicité était liée au calendrier religieux va finir par figurer dans les étals toute l'année, avec la sécularisation de la société. Les oeufs mous les plus courants sont nature et se conservent dans des enveloppes moulées dans de petites ogives pour leur donner une forme ovoïdale.

Recette des oeufs mous de l'Estuarial (pour 6 personnes) :
Pâte à hostie : 500 g de farine, 125 ml d’eau et 25 ml d’huile d’olive

Garniture : 6 jaunes d’œufs, 6 cuillères à soupe de sucre en poudre, 6 cuillères à soupe d’eau et des blancs d’œufs
Mélanger la farine avec l’eau et l’huile d’olive dans un bol, étaler la pâte au rouleau sur une fine épaisseur. Disposer la pâte dans des mini-moules selon la forme souhaitée.

Préchauffer le four en mode statique à 160°C. Enfourner durant quelques minutes. Sortir du four et laisser refroidir avant de démouler. Dans une casserole sur feu vif, verser le sucre et l’eau. Porter à ébullition en remuant jusqu’à ce que le sucre fonde et laisser à ébullition durant environ 10 min environ pour faire un sirop (environ 110°C au petit boulé). Sortir du feu et laisser refroidir.

Dans une autre casserole, fouetter les jaunes d’œufs jusqu’à ce qu’ils épaississent. Verser petit à petit le sirop refroidi tout en remuant vivement. Mettre sur feu doux et continuer à battre de 7 à 8 min jusqu’à obtenir un mélange qui nappe la cuillère. Sortir du feu et laisser refroidir en remuant de temps en temps pour éviter la formation d’une croûte.
Laisser refroidir complètement. Garnir les moules de crème, superposer et sceller avec du blanc d’œuf. Servir et déguster !
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Littérature : le poète Hector (1623-1681), intellectuel mythifié

Hector

Anibal Honza Espartero dit Hector est passé à la postérité de son vivant, au XVIIe siècle, en rédigeant La Manche, un texte constitutif de la future nation siliquéenne. Les historiens se sont depuis attaqués à la légende. Si le renom du poète et la qualité de son œuvre ne fait pas débat, en faire l'oracle de l'union ostremontaise est une exagération bien commode.

Né en 1623 à L'Estuarial d'un père armateur, Esteban Espartero, et de Befana Torrao, nièce d'un échevin de La Bastide-Mandréas, Anibal Honza, reçoit une éducation bourgeoise. Il échange en léandrais avec sa famille maternelle et en incarnew avec le côté paternel. Il grandit à une époque où les relations entre les deux peuples sont apaisées. Les affaires sont florissantes. Mais, les Landrins restent privés de droits civiques et politiques. Ils subissent une lourde tutelle et sont interdits d'accès à des tas de responsabilités (politique, syndicats, corporations, armée) et fonctions symboliques. Au cours des décennies 20, 30 et 40, l'intelligentsia d'ascendance landrine impose progressivement l'idée que les temps ont changé et qu'il est temps de revenir sur la privation de 1559.

L'irrédentisme ostremontais est incarné par des événements et des figures aujourd'hui méconnues. C'est le cas du révérend-père Pau Faltarabas, qui depuis Podestavre, publie une bulle qui autorise les mariages mixtes dès 1602. Trois ans plus tard, Reginald Llapit, responsable de la Guilde aux festivités, ouvre le Carnaval aux Incarnados. Dans les arts et lettres, la première partie du XVIIe siècle regorge de travaux consacrés à l'égalité entre les deux peuples historiques du sud-Ostremont.

En 1643, Anibal Honza Espartero est baigné par ces influences lorsqu'il décide de se lancer dans la poésie, à sa sortie de l'université mandréanne. Dès ses premiers ouvrages, il connaît le succès. Il signe sous le nom d'Hector en écho au mouvement philhelléniste. En 1644, il publie Le Roi est Mort, une biographie grinçante à propos du dernier souverain landrin. En 1647, il s'essaye au théâtre avec Franchir l'Aguapa, une satire sur l'hubris landrin vis-à-vis du voisin incarnew. En 1649, il traduit du salvonipe au landrin et à l'incarnew des légendes tchenkov et les réunit dans un livre, le Bréviaire des Hommes des Nord. Quand il publie La Manche, en 1655, il est au sommet de sa gloire. Le texte fantasme un État qui s'étendrait de Rio à Meulière en passant par Podestavre et Castelisière. Il capture parfaitement l'esprit du moment et a le mérite de doter cette construction évanescente, la Manche. Cette même année, les landrins recouvrent leurs droits après presque 100 ans de sanction.

L'historiographie siliquéenne a associé les deux événements. Hector et sa Manche ont été faits symboles d'un pays qui n'existait pas encore, à posteriori.
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Bestiaire siliquéen : le Medvek
Bestiaire

L'animal-roi du Brame-Zubr

Dans les chroniques helléniques des premiers historiens, le massif forestier du Brame-Zubr est évoqué à plusieurs reprises. Les auteurs décrivent une forêt lugubre inhabitée par l'homme au nord d'une chaîne de montagne et d'un golfe de l'Eurysie occientale. Ce vaste espace joue déjà un rôle de frontière naturelle abritant une faune réputée dangereuse.

Avec l'installation des Tchenkov du clan Zelenina dans la région, les contacts avec le massif forestier vont se multiplier. Le peuple élève du bétail et les responsables tribaux ont le privilège de chasser le gros gibier.

Des fouilles archéologiques menées en périphérie de Belleselve et de Garoloup exhument les restes de communautés ancestrales. Des os de sangliers, de cervidés, de lièvres, de félins, de loups et d'ours sont découverts autour de restes d'habitats. Dans le Brame-Zubr, l'ours a été chassé essentiellement pour sa fourrure, la viande, les dents et les griffes pour des usages ésotériques.

Dans les codex Tchenkov des clans Zelenina qui nous sont parvenus et sont datés du VIIe siècle, la chasse est limitée à des périodes déterminées (entre l'équinoxe de printemps et l'équinoxe d'automne) et protégeait l'ours, témoignage de la place à part qu'avait acquis entre-temps le plantigrade. Seules les grandes familles sont autorisées à chasser un ours mâle par saison. Le braconnage est sévèrement réprimé.

Polythéistes et animalistes, les peuples Tchenkov vénèrent depuis des temps immémoriaux le Medovnik, une constellation astrale évoquant un ours. A Serdce, l'astre cordiforme, pendant maternel (fécondité, joie, santé, chance, savoir) du panthéon Tchenkov, Medovnik revêt les attributs du mâle (virilité, force, violence, endurance). Aujourd'hui, les descendants des Tchenkov des forêts possèdent d'ailleurs un patrimoine génétique atypique, ils sont porteurs de la trichinellose mais n'en développent pas de symptômes.

Il existe des centaines d'ours répartis essentiellement entre le massif du Brame-Zubr, mais l'exploitation forestière séculaire les a poussé à migrer vers les contreforts de l'Ostremont occiental, autour du Mont Halte Zubr et le Mont des Clans. La cohabitation avec les élevages d'ovins de la vallée de l'Aguapa est problématique du fait des actes de prédation sur les troupeaux. Seuls les tirs d'effarouchement sont autorisés. Des plantigrades ont également été aperçus aux abords de La Source.
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Bestiaire siliquéen : coléoptères et superstitions

Coleopteres

Bien que désuet, l'usage de la cétoine comme porte-bonheur n'a jamais complètement cessé dans les foyers de Manche Silice. La bébète que l'on trouve un peu partout dans le pays a acquis sa valeur de talisman grâce à la légende médiévale du battement d'ailes de Garoloup.

Le consensus historique fait remonter l'origine de ce récit à la fin du Xe siècle puisqu'il fait référence à une période antérieure au traité de coopération entre les peuples Tchenkov et Incarnew de 1055. A cette époque, les conflits aux marges des pays des deux ethnies sont disputés et donnent lieu à des batailles rangées meurtrières.

Version la plus fréquente de l'histoire :
Le prix du sang réclamaient les clans Zelenina réunis en plaid du Brame-Zubr.
Deux lunes plus tôt, les affranchis des Hautes Cimes à la peau tannée ont tué une famille installée en lisière de forêt. Ces derniers avaient quitté leur logis pour participer aux rites. Les étrangers, croyant les lieux abandonnés s'installent. Au retour des locaux, le confrontation est sanglante. En infériorité numérique, le couple et leurs deux jeunes fils sont battus à mort.
Les proches, sans nouvelles, découvrent bientôt la terrible destinée et demandent la convocation d'une assemblée délibérante, le plaid.
Le chef du clan Zelenina décide alors de lever rien moins qu'une armée de mille hommes pour reprendre le contrôle de tout la zone.
Anticipant ce mouvement, les affranchis incarnew obtiennent des renforts. Une bataille s'engage alors près de Garoloup.
Après les premières minutes de joute, une nuée vert métallique scintille dans le ciel. Le vol de cétoine est lu par les deux chefs de guerre comme une injonction à l'arrêt des hostilités.
Les troupes lèvent le camp. Les Incarnew promettent de ne plus grignotter le territoire Zelenina et rétribuent les proches de la famille défunte.



Cette histoire comprend de nombreuses variantes et s'est inscrite dans la mémoire collective à grands renforts d'œuvres littéraires, de reproductions graphiques, de contes et pièces de théâtre.

Depuis des temps immémoriaux il est donc d'usage de décorer son chez-soi avec une amulette-cétoine verte.

Aujourd'hui, de nombreux commerces en proposent sous forme de reproductions en plastique de plus ou moins bonne qualité (diverses gammes de prix). Les familles les plus fortunées ou y accordant de l'importance n'hésitent pas à solliciter des artisans professionnels taxidermistes.
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Festivités siliquéennes : les joutes de Calesèche

Joutes

Située à la frontière entre les Pays Minier et Landrin, la petite cité portuaire de Calesèche accueille chaque année lors du dernier week-end de juin une fête votive de renommée nationale. Ces trois jours sont consacrés à la concorde entre les nombreuses communautés installées depuis plusieurs siècles sur la côté du golfe Biscère. Le bourg qui est peuplé à l'année de moins de 3 500 habitants voit sa population multiplié par cinq lors des "joutes".

Ces festivités tirent leur nom d'un événement inaugural organisé en 1835 soit un an après le rattachement du Sewerin à la Manche à l'initiative du despote Demetrius Pomerrigio, soucieux de divertir le peuple de moins en moins enclin à accepter l'autoritarisme de son régime. Calesèche est un petit village de pêcheurs où se côtoient paisiblement depuis plusieurs décennies des Tchenkov, des Landrins et d'autres groupes ethniques. Le pouvoir y voit un symbole de concorde nationale et une source de légitimation. Le préfet installé à Bourg-du-Golfe, Boniface Przemislide organise l'événement.

Mémoires de Boniface Przemislide a écrit :
Plusieurs fêtes rythmaient déjà la vie de Calesèche à cette époque (les louanges à la mer mi-mars, la fête des moissons en août, la Paques landrine ou la veillée du Krtek,...). Il convenait donc d'instaurer ce nouveau temps de réjouissance là où le calendrier nous le permettait encore. Après avoir consulté les notables locaux dans leur diversité, nous avons convenu du dernier week-end de juin pour établir les journées de la fierté manchonne. Le programme était le suivant :
  • Premier jour : procession dans la ville des corporations, maisons et cultes, buffet offert sur la grand'place et bal dansant
  • Deuxième jour : tournoi adulte et enfant des joutes, régates et parade marine
  • Troisième jour : office inter-religieux, banquet et spectacle
  • Des délégations de tout le pays ont été invitées à se joindre à cette manifestation, de même que des diplomates et des chroniqueurs pour faire de la publicité à ces joutes. Demetrius Pomerrigio s'est déplacé en personne le premier jour. Il n'y a eu aucun incident à déplorer à l'exception de quelques heurts entre des groupes de jeunes mécontents des résultats des épreuves.

    Malgré la transition trépublicaine et les péripéties de l'histoire contemporaine, les joutes se sont perpétuées tous les ans depuis leur création. La deuxième journée consacrée aux joutes, autrefois essentiellement réservée aux notabilités s'est progressivement popularisé avec la participation du petit peuple. Lors de la 165e édition, en l'an 2000, deux premières équipes professionnelles se sont affrontées. Les joutes en amateur et professionnelles cohabitent désormais.

    La règle des joutes est immuable depuis leur lancement. Les embarcations doivent embarquer six rameurs et un picador munit d'une lance et d'un bouclier. Les limiers des deux canaux doivent toucher l'adversaire voire le faire tomber à l'eau afin de marquer des points. Toucher son adversaire aux jambes ou aux bras permet d'empocher 10 points par contact. Toucher la poitrine ou la tête assure 50 points. La chute du limier dans l'eau est récompensée de 100 points. Les matches s'achèvent une fois qu'une équipe a marqué 300 points. Pour se protéger, les limiers, aussi appelés duelistes, possèdent un casque et des équipements de protection rembourés.
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    Patrimoine naturel : les Foibes Landrines

    Foibe
    Les Foibes sont des cavités naturelles formées dans le sol. Il en existe de nombreuses sur la côté landrine, notamment autour de Podestavre. Ces dolines creusées par des millénaires d'érosion ont eu plusieurs usages. Elles ont servi d'habitat primaire et de sanctuaires puis de dépotoirs. Au XVe siècle, avec l'installation massive d'exilés de Léandre, ces abris naturels offrent des caches, des garde-manger, des réserves d'eau potable, opportunément utilisées durant la guerre des Ostremonts.

    Dans la culture, les foibes ont également inspiré de nombreux artistes comme l'écrivain Elefante au XVIIe siècle qui s'en sert de décors pour ses tragédies historicistes, Picola Piuma, au XVIIIe siècle, les personnifie en sexes féminins, dans des romans érotiques.

    D'après un inventaire récent de la région autonome du pays landrin, près de 300 foibes sont recensées. Il peut s'en former de nouvelles, et les plus anciennes ont peut être été bouchées depuis. Régulièrement, des cadavres sont retrouvés au fond des gouffres. Morts accidentelles, suicides, meurtres en série, la zone est défavorablement perçue par les autorités qui souhaitent un comblement préventif au mépris de l'histoire locale et de son caractère paysager unique.
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    Patrimoine immatériel : l'appel syncopé en pays Tchenkov

    LeSignal

    Dans la plupart des localités du Sewerin, du Pays Minier et du nord des Coupes-Cimes, il n'est pas rare d'entendre de bon matin un rapide morceau de clairon répété à quatre reprises depuis un promontoire. Il s'agit du Zwawy, un mot hérité du lexique salvonipe (le langage des Tchenkov) signifiant l'alarme. Un officier civil ou militaire joue en direction des quatre points cardinaux ces notes de musique qui varient selon les villes. On parle ainsi du Zwawy Matkove pour celui joué à Matka, ou du Zwawy Castelak à Castelisière.

    Cette tradition provient de l'histoire ancienne Tchenkov, avant même leur installation dans la région au début de notre ère. A l'époque, les clans sont nomades et montent des camps au gré des saisons. Pour se protéger des prédateurs ou d'ennemis, les hommes organisent alors des tours de garde et peuvent alors donner l'alerte. Avec le développement des communautés et le développement de proto-villages, il devient nécessaire d'utiliser des moyens plus efficaces que la voix pour signaler la présence d'intrus. Les fouilles archéologiques témoignent de la production de cornes servant très certainement à sonner l'alerte.

    Les instruments se sont perfectionné et les premiers cors ont été retrouvés sur des sites funéraires dans le massif des Werinn indiquant leur utilisant dès le début de notre ère. Leur installation dans le nord Ostremont est de mieux en mieux documentée et l'on a découvert dans tous les foyers de peuplement, des élévations artificielles d'où les gardes pouvaient observer l'horizon et sonner le rappel. La transmission des morceaux de musique s'est longtemps faite par l'oralité. Vers le 9e siècle, un érudit met par écrit les notes de musiques d'une Zwawy syncopée sans en indiquer la provenance ni le lieux où il est joué. Nul ne sait si à l'époque, la même mélodie était jouée partout où si, déjà, chaque communauté avait adopté une mélodie différente.

    Au 16e siècle, pendant la guerre de l'Ostremont, le Zwawy est utilisé sur les champs de bataille pour sonner la charge. Deux siècles plus tard, en plein période de domination lendave, le Zwawy est interdit par les autorités. Les mouvements de résistance se l'approprient et en font un symbole de leur lutte pour l'indépendance. De nos jours, le Zwawy a perdu sa connotation politique et le brassage culturel et démographique du nord de l'Ostremont l'a presque fait tomber en désuétude. A Poludnie, Meulière, Calepleine et La Source, des habitants demandent l'arrêt du Zwawy quotidien, source de nuisances.

    Le Zwawy de Nowe Miasto
    Composé en 1712 dans la clandestinité après l'exécution des étudiants Przemyslaw Ksiadz, Malgorzata Kosciol et Marian Powiat, le morceau se termine sur une note volontairement interrompu pour rappeler la chute brutale de la guillotine sur le cou des martyrs des séparatistes du Sewerin.
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    Patrimoine immatériel : 1943, la Siamoises Fuschia mania

    Siamoises Fuschia

    Elles trônent tout en haut du panthéon musical siliquéen. Les Siamoises Fuschia forment un quatuor de musette actif de 1919 à 1974. En 55 ans de carrière, ces chanteuses et accordéonistes ont écoulé, à ce jour, quelques 34 millions d'albums. Nul n'est parvenu à les égaler et malgré leur disparition, les "nénettes de La Tourocre", continuent d'influencer la nouvelle génération des artistes de Manche Silice.

    Tout commence au conservatoire incarnew de la Tourocre en 1910. L'institution publique dispense des cours de solfège et de musique aux enfants de la ville sans condition de revenu. Plusieurs artistes de la fin du XIXe siècle ont fait leur gamme dans cet endroit comme le chef d'orchestre Luciano Davitamone (1849-1907), la cantatrice Dorota Planicka (1829-1898) ou le clarinettiste Ulrich Tschesche (1831-1913). L'école incarnew est dirigée par un maestre, qui, au début du XXe siècle, se trouve être Federica Dum (1968-1947), accordéoniste talentueuse n'ayant jamais rencontré le succès escompté par ses pairs.

    Elle jette son dévolu sur une fratrie de quatre filles : les Niewidziala. Rute (1904-1983) est l'aînée, suivent deux jumelles, Paula (1907-1990) et Marlena (1907-1988), puis Filipina (1909-1978). Leurs parents sont potiers. Ils ne roulent pas sur l'or mais sont loin d'être les plus malheureux de la commune. La famille encourage les enfants à poursuivre leurs études et à pratiquer la musique. Les quatre soeurs collectionnent les premiers prix lors des galas de fin d'année. En 1917, Federica Dum décide de les inscrire à un concours de radio-crochet organisé par une station de Bourg-du-Golfe. Les jeunes filles adorent le belcanto mais pour leur maestre, c'est hors de question, jugé démodé. Elle leur impose alors l'accordéon et la polka-musette, un style alors balbutiant.

    Radio Crochet

    Elles remportent la compétition haut la main. Federica Dum se fond alors en imprésario des soeurs Niewidziala, rebaptisée Niewid par commodité. D'abord, elles se produisent dans des cafés-concert de la côte biscère, de Calepleine à Podestavre. Leurs débuts sont poussifs. Rute, qui n'a alors que 16 ans, vit mal les regards concupiscents des hommes, elle craint aussi pour ses cadettes, ébahies par cette vie d'artiste vagabond. La famille Niewidziala place alors une confiance aveugle en Federica Dum. Or, cette dernière néglige le bien-être de ses jeunes clientes.

    En dépit de moments déplaisants, les soeurs Niewid sortent leur premier disque où figure une chanson phare : La soupe aux cailloux. Ce morceau mélancolique est le récit biographique de quatre soeurs dans la misère. La confusion savamment entretenue entre l'histoire fictive et la vie des Niewidziala accroît l'intérêt du public qui voit dans Rute, Paula, Marlena et Filipina, des transfuges. Des pauvresses devenues vedettes. Jusqu'en 1928, la stratégie de Federica Dum fait recette. Des textes à faire pleurer dans les chaumières sur des musiques dansantes.

    Paroles de La fleur en bouquet fane, 1924 a écrit :
    Oh mon père, oh ma mère, séchez, vos larmes,
    Du sou et du son je m'en vais chercher,
    Vous m'avez faite belle et fort agréable,
    Alors de ce pas je m'en vais pêcher

    Refrain
    Qu'il soit beau, qu'il soit grand, qu'ils soit in telligent,
    Qu'il soit fat, qu'il soit sot, qu'il soit sale comme un rat,
    Je ne peux refuser ma vertu au quidam
    Sans quoi vous périrez, le ventre vide et sans dents

    Ma fleur est perdue, mon bouquet vendu,
    A vot'bon coeur mes soeurs, il est l'heure

    A la fin des années 20, les soeurs Niewid ne veulent plus travailler pour Federica Dum. Le pathos et la vulgarité des chansons déplaît tout autant aux jeunes femmes qu'à leurs proches. Certes, elles ont amassé un pactole comme nul autre personne avant, mais elles ne veulent plus se compromettre. Elles cherchent alors un nouvel agent et se rapprochent de Leopold "Polter" Sroda (1902-1986) qui va modifier leur image. C'est à partir de cette époque qu'elles optent pour les Siamoises Fuschia, mais ce brusque changement n'est pas du goût du public qui boude leurs trois albums suivants. Elles vivent alors une véritable traversée du désert. Parallèlement, chacune des soeurs se marie et devient mère.

    En 1939, Sroda et les "nénettes de La Tourocre", un surnom des années 20 qui continuera longtemps à être utilisé, travaillent sur un projet secret. Avec l'université de La Bastide-Mandréas, ils mettent au point les premiers instruments de musique électronique : des accordéons. Ils produisent des sonorités et des rythmiques alors méconnues. "A ce moment là, nous repartions d'une page blanche. Il ne nous aurait pas été possible de tenter pareille expérience si nous avions été au faîte de notre gloire", relate Filipina dans un entretien télévisé pour ManCanalTV à la fin des années 70.

    Electro Accordeon

    Leur huitième album, Etrange vendange, sort en 1941 et s'attire les foudres du public. Paroles incompréhensibles. La critique est partagée. Deux ans plus tard, les Siamoises Fuschia ont revu leur copie. Elles conservent les innovations d'Etrange vendange mais proposent des textes figuratifs, tournés vers les préoccupations de la société de cette époque. "Contrebande mou", rencontre un grand succès. Dans cette chanson, le quatuor relate les amours déçus d'une jeune femme dont le mari est rendu impuissant par l'abus de boissons alcoolisées frelatées. "Mort aux tyrans", est d'abord interdite de diffusion par le Triumvirat avant d'être finalement autorisée sous pression populaire. C'est un morceau qui critique les dirigeants belliqueux et défend le pacifisme. Les Siamoise Fuschia, qui fêtent pourtant leur 20 ans de carrière sont devenues des symboles d'une contre-culture et des arts contestataires. Cette même année, elles sortent une version polka musette électronique de La Moldau, l'hymne national. Là encore, le succès est au rendez-vous. Elles font salle comble pendant deux mois à l'Opéra de Meulière, puis au Théâtre national de Rio de l'Estuaire. Le Triumvirat créé une décoration spéciale pour les distinguer : l'ordre du poète Hector, destiné aux grands artistes du pays et dont elles deviennent les premières récipiendaires.

    Après la folie des années 44, 45 et le point d'orgue 1946, les Siamoises Fuschia s'accordent du repos. Une pause qui sera fatale au groupe et que les spécialistes appelleront plus tard : le coup du bandonéon. Les jumelles Paula et Marlena ont alors 39 ans et voyagent au Nazum avec maris et enfants. Le succès du groupe formé avec leurs deux autres soeurs n'a pas franchi les océans. Là-bas, elles découvrent un cousin de l'accordéon, le bandonéon. Elles rentrent en Manche Silice avec l'instrument dans l'espoir d'apporter un peu de nouveauté. L'initiative des jumelles déplaît fortement à l'aînée Rute. La benjamine, Filipina, au contraire se laisse tenter. Le groupe explose.

    Rute tente la carrière solo qu'elle a toujours rêvé de faire mais essuie un cinglant échec commercial et critique. Elle disparaît de la vie publique à la fin des années 40 et s'éteint à 79 ans, sans s'être réconciliée avec ses soeurs. Les trois Niewid restantes conservent le nom de Siamoises Fuschia et sortent de nouveaux albums. Comme avec la polka musette électronique, qui près d'une décennie plus tôt, avait dépoussiéré l'univers musical siliquéen, l'apport du bandonéon, a renouvelé le genre et permis aux nénettes de La Tourocre de s'offrir une belle fin de carrière. En 1975, elles s'offrent une tournée d'adieu qui se joue à guichet fermé. Filipina s'éteint trois ans plus tard à 69 ans. Les jumelles publient leurs mémoires, En finir avec les nénettes, peu de temps avant de s'éteindre.

    Jubilée

    Aujourd'hui, divers genres musicaux et groupes contemporains du paysage musical de Manche Silice se réclament de l'héritage des Siamoises Fuschia. Ci-dessous un schéma pour prendre conscience de l'importante filiation du groupe.

    Schemamusique
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    Bestiaire siliquéen : consanguinité féline

    Chat

    Aussi étrange que cela puisse paraître, il n'y a aucune trace de la présence des chats en Manche Silice avant le XVIIIe siècle. L'animal a été introduit dans la péninsule d'Ostremont en 1709. Rigoberto Aru et Rebecca Tourocrezza, chercheurs-biologistes à l'université mandréanne sont sommés par leur autorité de tutelle de trouver un moyen de lutter contre la prolifération de rongeurs autour des minoteries de la vallée de l'Aguapa. Les meuniers, les agriculteurs, les commerçants de ces territoires ruraux tentent difficilement de se débarrasser de ces campagnols avec des pièges dangereux et peu efficaces.

    Les deux chercheurs sollicitent alors des confrères des Pays Kénètes pour obtenir un couple de chats. Le specimen, de race Ragdoll, ne tardent pas à s'accoupler et dans leur laboratoire de La Bastide-Mandréas, Aru et Tourocrezza, pouponnent et pratiquent une sélection destinée à accroître certaines caractéristiques physiques et comportementales. En six ans, ils mettent au point le Felis Kenetus Mandreus. Un bel animal, vif, agressif avec des canines si allongées qu'elles sortent de la bouche. Ils sont alors introduits dans les environs d'Aguapaqui et d'Aigues-Fauves. Le résultat est bluffant. En 1716, les doléances à la chambre des élus de l'Ostremont ont nettement baissé dans les terres concernées par l'expérimentation.

    Rodrigue Santiago, personnage politique important de ce début de siècle, s'approprie cette réussite et va incorporer ce chat aux armes de sa famille. En dehors des campagnes, où le rôle de chasseur de l'animal reste dans tous les esprits, les habitants des villes se mettent à accueillir des chats comme animal de compagnie. En dépit de sa prolifération, Felis Kenetus Mandreus est fragile. La consanguinité intrinsèque à cette espèce partageant une même descendance homogénéise sa génétique et le rend ainsi vulnérable aux maladies. Certaines malformations congénitales effraient la population : des chats bifides. Les religieux y voient la manifestation de mauvais présages. D'autres au contraire, vénèrent cette "monstruosité".

    En 1813, plus d'un siècle après l'introduction du chat, le dictateur Demetrius Pomerrigio ordonne par décret le meurtre des chats à deux têtes. De nombreux propriétaires cachent leurs animaux malformés. Le texte contesté est abrogé au changement de régime en 1845. Depuis lors, régulièrement, se pose la question de ces chats bifides et des problèmes de consanguinité féline. En 2008, le Triumvirat de Manche Silice obtient de la Kénétie le don de chats de gouttière sevrés qui sont introduits dans tout le pays pour diversifier le profil génétique des chats de l'Ostremont.
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    Festivités siliquéennes : os monstros tourocrezzi

    Tourocrezzi

    Os monstros tourocrezzi est une fête votive de La Tourocre (Pays Landrin) qui s'est aujourd'hui répandue à l'ensemble de la Manche Silice. Elle puise ses sources dans le folklore et l'histoire des premiers Incarnados. Elle se déroule chaque année au cours des deux derniers week-end d'octobre et consiste à garder l'entrée de son domicile inviolé en se tenant debout tout en arborant une "panoplie monstrueuse" pendant 48 heures. Il est de coutume que les familles préparent à la main un costume.

    Il y a aujourd'hui un consensus historique sur l'origine de cette tradition. Il s'agirait du lointain héritage des tours de garde effectués toutes les nuits pour veiller à la sécurité des premières communautés urbaines incarnew. Avec la fortification des villes et villages puis la pacification des rapports humains, l'usage des veilleurs nocturne (as sentinelas da noite) est progressivement devenu obsolète. Afin de préserver la mémoire de cet état d'alerte et de vigilance, et en remerciement des forces surnaturelles ayant contribué à la paix, des familles à la Tourocre et dans les zones géographiques à dominante incarnew ont entamé vers le 1er siècle de notre ère des rites de protection de leurs habitats.

    Tout au long de l'année, les Incarnados se recueillent dans des offertoires aménagés dans leurs logis. Courant septembre, il était de coutume de sortir les objets de dévotion des offertoires pour les "recharger" à la lueur du ciel étoilé. Après l'an 500 et le recul du religieux en Pays Incarnew, la sortie des objets religieux des domiciles s'est raréfiée. S'est peu à peu substitué un autre rite : la protection des offertoires. Des plaisantins s'étant amusés à dérober les objets de dévotion dans plusieurs habitation de La Tourocre, de pieuses familles se sont défendues en gardant les portes de leurs maisons. Pour effrayer les éventuels cambrioleurs, certains se fardaient et portaient des costumes destinés à apeurer le quidam.

    Les faits de vols d'offertoires ont cessé. En remerciement aux divinités, les pieuses familles de La Tourocre ont perpétué cette tradition bientôt baptisée "os monstros", tant les costumes arborés se perfectionnaient pour donner l'apparence de monstres aux gardes. Peu à peu, l'aspect religieux de cette pratique s'est perdu et de plus en plus de ménage l'ont adopté. Au 7e siècle, "os monstros" font la notoriété de la Tourocre dans la région et deux siècles plus tard, le rite est observé ailleurs, exporté par les flux de population incarnew (Podestavre, Bourg-du-Golfe, Fioruscita, Camposanto, Aguapaqui ou même Rio de l'Estuaire).

    Aujourd'hui, il s'agit de l'une des festivités les plus populaires de Manche Silice qui a définitivement perdu son origine religieuse et s'est mue en un événement festif et commercial qui attire les touristes. Les costumes de La Tourocre et le savoir-faire des panoplies ancestrales est conservé par quelques rares familles qui se transmettent les secrets de fabrication par voie orale. Aujourd'hui, la plupart des tenues sont de piètres fabrication.
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    Irrédentisme léandrais

    Tourocrezzi

    L'irrédentisme léandrais est le projet politique de réunifier Léandre aujourd'hui sous souveraineté de Fortuna et le Pays Landrin, son arrière-pays historique qui appartient à la Manche Silice. Cette doctrine a été forgée au début du XVIe siècle par des juristes au service de Gianfranco Marinelli, le dernier Podestat de Léandre ayant restauré son trône à Podestavre.

    Actes refondateur du conseil du Podestat - 1504 a écrit :
    Partant du principe que le Podestat a été oint des huiles saintes et prêté serment sur les reliques de Saint-Marie du Rocher que nous détenons, personne d'autre ne peut se prévaloir de la qualité de maître de Léandre. En dépit de la défaite militaire face aux armées ennemies, l'annexion de notre territoire et l'exil des occupants millénaires, ce territoire appartient au Podestat et doit revenir, de quelque manière que ce soit, à la couronne landrine. Nous ne reconnaissons pas la souveraineté de Fortuna sur Léandre et jurons d'utiliser tous les moyens à notre disposition pour qu'un beau jour, la bannière bleue et blanche du Podestat flotte à nouveau sur la vieille ville.

    L'irrédentisme léandrais culmine entre 1550 et 1559, où les armées du Podestat conquièrent rapidement toute la péninsule d'Ostremont avant de pêcher par suffisance en fondant sur Léandre où un anéantissement militaire condamne pour toujours leurs espoirs de réunification. Cette pensée politique entame alors un rapide déclin. Longtemps majoritaire, le courant ne subsiste plus qu'aux marges de la société landrine. À l'université mandréanne, des corporations estudiantes maintiennent l'héritage et accroissent le corpus intellectuel avec des essais politiques et des textes engagés.

    Au milieu du XVIe siècle, de nombreux léandrais, frustrés par le refus de ne pas retrouver leurs droits civiques, retrouvent de l'intérêt pour les thèses irrédentes. Un parti s'organise autour de la cour de Podestavre qui retrouve un peu de son lustre. Quand en 1655, le congrès lève la sanction et autorise les léandrais à voter à nouveau, toute une bourgeoise landrine acquise à la nouvelle entité nationale manchonne accède alors aux fonctions électives. En parallèle, les irrédents ou les identitaires léandrais vont devenir un creuset pour les pans de la populations hostile au nouveau régime. Au XVIIIe siècle, les irrédents vont se vouer au clan Pomeriggio, qui entre 1740 et 1840, va s'approprier les institutions manchonnes, accéder au pouvoir et imposer une dictature.

    L'infante Alessandra Marinelli va trahir les irrédents et hâter la proclamation de la trépublique. Passés dans la clandestinité, ils représentent depuis une minorité agissante particulièrement influente dans la région du Pays Landrin. Ils se signalent une fois par an lors d'une procession qui a lieu le 2 octobre et au cours de laquelle une procession part de Podestavre jusqu'au mur de Léandre pour planter, telle une banderille, un drapeau de la maison Podestat.
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    Champignons mystiques du Brame-Zubr

    Champignons

    Passe-temps favori des habitants des Coupes-Cimes, la cueillette des champignons du Brame-Zubr est longtemps restée un privilège clanique. Les édits des chefs Zelenina retrouvés sur des sites archéologiques à Belleselve sanctionnent lourdement les récoltes sauvages (dix jours de cachot et une amende correspondant à la valeur des produits prélevés). En 1614, à l'issue de la guerre du Sewerin, Gustav Gornik supprime cette règle.

    Interdits à la consommation, ces champignons s'écoulaient discrètement dans des marchés noirs au profit de puissantes familles au service du clan Zelenina. Une recette de terrine aux trompettes de la mort datée de 1502 a été retrouvée dans les cuisines de notables de Garoloup au milieu du XVIe siècle. La rareté de ce produit, sa cherté et l'interdit clanique ont participé à la construction d'une mystique autour des champignons particulièrement répandue dans la population riveraine du massif forestier du Brame-Zubr.

    Plusieurs légendes ont traversé le temps, notamment celle des amanites des Zelenina. Ces champignons à cuticule dorée ont été utilisés comme étalon monétaire dès l'installation des Tchenkov dans le Sewerin (IIe siècle de notre ère). Les chefs de clans les auraient placés dans un coffre-fort dont l'emplacement s'est perdu avec le temps. Chaque génération connaît ses chasseurs d'amanites, des Zelenina systématiquement soldés d'échecs.
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    Nudité et naturisme

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    Au VIe siècle, Socristophax, un savant participant aux explorations de Léandros s'aventure profondément dans la péninsule d'Ostremont. Autour de l'actuelle ville de La Tourocre, il rencontre des communautés villageoises incarnew. Dans ses récits de voyage, il évoque avec un certain dédain leur nudité. Si à cette époque, la majorité du peuple Incarnados se vêtit, ce n'était pas le cas au début de cette ère. En l'espace de trois siècles, les contacts croissants avec les Tchenkov, les Léandrais, les Biscères, les Yous ou les Lèves, vêtus, ont provoqué des phénomènes d'imitation et le développement de la pudeur.

    Aujourd'hui, parmi les siliquéens d'ascendance incarew se distinguent deux types de naturistes. D'abord, les spiritualistes, partisans d'un retour aux fondamentaux culturels et religieux. Ils seraient plusieurs dizaines de milliers. Ensuite, les événementiels, qui choisissent de se dévêtir pour des temps forts de l'année comme les fêtes votives de La Tourocre, Camposanto, Barcopaz, Confluençia, Paços dos barcos, Fioruscita ou Stabile di Rei. Même chose lors de la procession des humbles à Piedonne chaque année lors du second samedi de juin, ou pour le festival des azules, le troisième samedi de juillet.

    Chez les Tchenkov, peuple venu des froides Werinn, point de naturisme. Pas plus chez les Landrins où le poids de la morale catholique sur les mœurs encourage au contraire à se couvrir.

    La Manche Silice autorise la pratique du naturisme dans des zones balisées. Il existe des plages autour de Placowka, Morsky Dum, Grand'Voile, Costa Tramposa et sur tout le littoral biscère. Le Bosque Rebelde et le Brame-Zubr offrent également des sentiers de randonnées.
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