08/02/2018
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Activités étrangères en Carande

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Activités étrangères en Carande

Ce topic est ouvert à tous les joueurs possédant un pays validé. Vous pouvez publier ici les RP concernant les activités menées par vos ressortissants dans la Patrie de Carande. Ceux-ci vous permettront d’accroître l'influence potentielle de votre pays sur les territoires locaux. Veillez toutefois à ce que vos écrits restent conformes au background développé par le joueur de Carande, sinon quoi ils pourraient être invalidés.
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PRÉLUDES À L’OMBRE


Il y a des guerres qui se gagnent sans fusils, sans tirer de coups de feu, sans même déclaration de guerre. Des conquêtes qui se murmurent à l’oreille d’un peuple endormi lourdement. Des victoires que l’ennemi ne voit qu’une fois sa volonté brisée, ou des victoires qu'il ne remarque jamais.

Les vagues de la Mer de Vélès charrient plus que du sel, rabote plus que le papier de verre, éclaboussent plus que le sang qui gicle. Elles portent des promesses anciennes, mystiques, mystérieuse. Elles portent des soupirs d’âmes perdues et damnées et les échos d’un empire que le temps n’a pas consumé, mais que la brume mondialiste n'a pas révélé. Les terres de Carande entendent cet appel, mais elles l'ignorent... pour le moment. Elles dansent encore sous les chandelles de sa propre illusion, dans la douce lumière et la chaleur réconfortante du déni.

Elles ne savent pas. Elles ne savent pas que son crépuscule a commencé.

Les agents sont déjà là.

Dissimulés dans la foule, glissés entre les ombres des marchés nocturnes, infiltrés dans les salons parfumés de l'aristocratie carandaise. Ils parlent peu. Ils écoutent beaucoup. Ils tissent une toile invisible et dangereuse où chaque fil est un doute, une peur, une contre-vérité, une rumeur, un frisson d’incertitude qui s’insinue dans l’âme de Carande.

Ils chuchotent dans les tavernes, où les marins usés boivent pour oublier les tempêtes et où leur discernement n'est plus qu'un vague souvenir. Ils rédigent des pamphlets, imprimés dans l’obscurité et glissés sous les portes closes. Ils modifient les bulletins d’informations, brûlent les bulletins des votes, si tant est qu'il en existe encore dans ce pays, laissent filtrer des vérités altérées, des demi-mensonges qui deviennent des réalités. La réalité n'est que l'avatar de la volonté des ombres.

L’invisible conquête a commencé. L'invisible est déjà là. L'invisible vous étrangle sans que vous en rendiez compte.

Carande ne tombera pas sous les bombes, les tirs, le feu, le fer, les chenilles, ni sous les bottes. Elle tombera sous le poids de ses propres certitudes effritées. Sous le poids de contradictions trop lourdes. Sous le poids d'inquiétudes trop oppressantes. Sous le poids d'une atmosphère à l'odeur du soufre des rumeurs.

Et lorsque la brume de la Mer de Vélès se lèvera enfin, elle n’aura plus de dieux à prier. Elle n'aura plus de larmes à verser. Elle n'aura plus de dirigeants pour la sauver. Elle n'aura plus rien. Rien à part le vide d'un côté et la Vérité de l'autre.

Le Maréchal-Régent observe, analyse, décrypte, ordonne, mais reste silencieux. Et il sait, alors tous savent, que bientôt, Carande appartiendra à la Vélèsie.

"Une nation ne meurt pas par le feu. Elle meurt par le doute."

HRPMes excuses, ce post était précédemment placé dans les Activités Étrangères en Northelm cependant le joueur est inactif et je le redirige vers Carande en conséquences ; )

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QUAND L'OMBRE S'ÉTEND



C'est aujourd'hui une nuit sans lune sur le port de Lankad. D'une obscurité presque impénétrable. Dense. Compacte. Lourde. Imperméable.

Sauf pour les ombres elles-mêmes...

L’eau noire des eaux de la mer, autrefois vectrice de prospérité dans la région, avalait le reflet vacillant des lanternes éparses qui créaient un semblant d'éclairage public. Pas un cri d’oiseau, pas un bruit d’aviron, pas un miaulement de chat, pas un grognement d'ivrogne perdu. Juste le clapotis discret des vagues contre la coque des navires anonymes dont la peinture s'écaillait et se détachait petit à petit, effleurant les quais de pierre et de briques rongés par l’humidité et recouverts de la suie aussi noire que la nuit des usines voisines. L’odeur âcre et piquante du charbon brûlé se mêlait aux relents nauséabonds d’huile de poisson, d'algue en décomposition et de bois mouillé et pourri.

Le premier pied toucha le quai, silencieux comme une ombre. Puis un autre. Puis un autre. Puis un autre. Puis encore un autre. Puis une dizaine. Tous drapés de vêtements sobres et de capes lourdes aux teintes effacées, les agents du Saint Ordre - les Mains Invisibles - s’égaillèrent aussitôt dans l’obscurité profonde du port peu engageant. Ils n’étaient pas des soldats. Pas encore des conquérants. Pas des religieux. Pas des prêcheurs. Simplement des ombres dans la nuit, des ombres parmi tant d'autre, un murmure plaintif porté par le vent glacial venu des plaines désolées par la guerre de l’arrière-pays.

Ils connaissaient parfaitement leur mission. Pas de contact immédiat. Pas d’acte ouvertement hostile. Pas d'acte trop amical. D’abord, s’imprégner. Comprendre. Infiltrer. Analyser. Décortiquer. Observer. Écouter. Noter. Assimiler.

Dans les ruelles étroites et humides, bordées d’enseignes fatiguées et branlantes, les Mains se dispersèrent sans un bruit. Certains prirent la direction des tavernes d'où sortait une lumière qui résistait à l'obscurité ambiante. L’une d’elles, "The Rusty Anchor", était un repaire de dockers et de contrebandiers où la bière tiède et le whisky bon marché se mêlaient aux conversations sur les cargaisons détournées et les descentes de police corrompues. La situation était tellement exécrable que l'économie souterraine était sûrement dix fois plus importante que celle officielle. Le marché noir et la contrebande rythmaient les ports et places autrefois marchandes du pays dévasté, ravagé et abandonné. La fumée de tabac flottait sous de basses poutres craquantes, et les chandelles posées dans les lanternes accrochées à ces poutres, par leurs lumières incertaines, dansantes, projetaient des ombres tremblantes sur les visages creusés de fatigue, de lassitude et de méfiance. Les agents s’installèrent discrètement, commandèrent sans excès pour rester totalement souverains, écoutant les murmures et les exclamations imbibées d'alcool, notant les craintes, les difficultés et les tensions. [rp futur]

D’autres Mains prirent la direction des halles marchandes. Les halles dans lesquelles les sacs de grains et les ballots de tissu passaient de main en main sans que l'on sache toujours de quelle provenance ils étaient. Là où les pièces d'argent chantaient sur les comptoirs usés et sales. L’odeur du cuir tanné, du métal chauffé des forges voisines et du poisson séché venu des ports emplissait entièrement l’air, contrastant avec l’atmosphère de pauvreté rampante et omniprésente partout à Carande. Dans ces halles, une bourse bien placée ici pouvait acheter des secrets et des indiscrétions. Elle pouvait payer une dette impayée, qui pouvait devenir une chaîne invisible enroulée autour d’un cou plus ou moins influent, ou en tout cas ayant le mérite de servir d'attache et d'encrage. [rp futur]

Une silhouette se détacha du groupe qui se répartissait dans la ville. Le Tinʹ Anton, un habitué des campagnes sombres du Saint Ordre dans la région. Le pays avait toujours eu tendance à privilégier la méthode dite du tabagisme passif. La méthode du tabagisme passif, c'est le postulat qu'à force de fumer à côté de votre ennemi, il peut développer le cancer sans s'en rendre compte. La mission des Mains Invisibles était de créer un maximum de fumée, et d'étendre le cancer progressivement, mais imperceptiblement. Le Tin' Anton s’arrêta un instant pour observer la ville grise et exposant de manière flagrante les stigmates de la décennie de guerre civile. Grand et mince, ses traits étaient taillés à la serpe, sa peau marquée par le froid de la région et le temps. Ses yeux gris, deux brasiers éteints sous un capuchon de laine grossière, détaillaient les contours de Lankad avec une lueur calculatrice et froide. Une cicatrice fine courait le long de sa mâchoire, souvenir d’un ancien devoir saint, accompli dans les ombres liées à Syl'nyy.

Lankad n’était pas encore à eux. Mais elle allait le devenir.

"Que l’obscurité nous guide. Que la lumière s’efface devant notre ombre." murmura-t-il avant de s’enfoncer dans la brume nocturne.

L’opération pouvait commencer. Carande allait découvrir qu'il était possible que le pays chute encore plus bas.


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The Rusty Anchor est un bar crasseux du port de Lankad sur la côte ouest de Carande. Les murs de l'établissement en pierres abimées et en bois pourrissant suintent de sel. Les vieilles lanternes suspendues aux poutres de la charpente crépitent et diffusent une lumière vacillante dans la salle et l’odeur de bière rance et bon marché se mêle aux murmures méfiants, aux exclamations des alcoolisés et à la musique de l'accordéon mal accordé dans le coin de la pièce. La guerre civile entre les partisans royalistes et les opposants, souvent d'obédience marxiste, avait laissé la ville exsangue comme le reste du pays. Cette ville qui avait pu jadis être prospère grâce au commerce sur les côtes du nord du continent et qui avait déjà été perturbée lors de l'instauration d'un régime replié sur lui-même en Vélèsie dans les années 1920, puis qui fut durement impactée par les politiques et les conflits nationaux ayant repoussé les marchands et les investisseurs. Aujourd'hui, le pays était dans un marasme indescriptible.

La Vélèsie qui s'est engagé dans une période de réforme relative, souhaitait profiter de l'occasion. Cette réforme n'avait rien de progressiste ni de démocrate. Elle visait à former une administration potentiellement laïque qui puisse permettre un contrôle total et absolu sur le pays. De même qu'elle devrait accompagner la reprise du développement militaro-industriel. Pour mener à bien ses projets au sein des frontières du Saint-Ordre, le Maréchal-Régent a besoin que la Vélèsie augmente ses liens avec l'extérieur d'une manière particulière. Des ressources sont nécessaires pour accompagner le renforcement de l'armée et de l'industrie nationale, et le seul pays pouvant potentiellement jouer le rôle de plaque tournante pour le commerce : la Moritonie. Cependant, Carande par sa situation rend la chose compliquée. Elle est située à 100 kilomètre des possessions du Tsarat dans le nord-nazum et à 200km du Saint-Ordre. Les marchands ont besoin de relais, et Carande ne peut pour le moment remplir ce rôle compte tenu de sa situation. D'autant que le Saint-Ordre est guidé par la Prophétie lui prédestinant de conquérir et soumettre l'ensemble du nord du continent. La première étape est Carande.

L'objectif d'infiltrer Carande, d'y placer les intérêts Vélèsiens et de créer une zone plus stable au service du Saint-Ordre est double : accompagner le commerce exclusif avec la Moritonie et préparer la domination Bolekovice sur les terres du nord du Nazum. Et Kaland avait été choisi comme porte d'entrée des Mains Invisibles pour exporter l'influence du Maréchal-Régent et lutter par ailleurs contre le communisme sur place. Cependant, cela était l'objectif à terme, la mission se déroulant en ce moment est une campagne psychologique pour affaiblir la Zone Libre de la Péninsule d'Uliatsay.

Revenons donc au bar...

Les mains invisibles viennent d'arriver et certains s'installent au bar. Le Tinʹ Anton que nous avons évoqué précédemment va s'installer au comptoir, encapuchonné et ne laissant pas voir son visage des autres clients. Il observe et écoute. Il tend l'oreille pour s'immiscer dans la conversation de deux hommes sur le côté droit du bar. Et dans l’atmosphère lourde et imprégnée d’alcool du Rusty Anchor, il écoute les deux hommes sont attablés près du comptoir. Le plus âgé est un marin à la barbe hirsute et grisonnante, au manteau usé et imprégné d'odeurs de poisson. Il gratte le comptoir usé et abîmé du bout de ses doigts rugueux distraitement. Face à lui, un homme plus jeune et n'arborant pas de pilosité faciale prononcée, au visage marqué par la fatigue et une cicatrice sous l'œil gauche, sirote lentement une bière tiède. Tous deux jettent des regards en biais vers le nouveau tavernier qui essuie maladroitement un verre, visiblement mal à l’aise.

— J’te l’dis, Arvo, c’est plus c’que c’était. Grogne le plus vieux en secouant la tête. J’aimais pas des masses l’ancien proprio, mais au moins, y savait tenir son troquet. Là, regarde-moi ça... ce gosse sait même pas comment on sert une bière.

— Hmph… Le plus jeune hoche lentement la tête. J’sais pas d’où il sort celui-là, mais il a pas l’profil pour ce boulot. Ici, faut des coudées solides et du respect. J’le vois pas tenir trois semaines.

— Trois semaines ? T’es généreux. La première fois qu’un type d’la bande d’Gavin va lui foutre un peu le bordel, il va chialer comme une gonzesse ou finir à la flotte.

Arvo jette un œil au tavernier qui évite soigneusement de croiser les regards trop insistants. Il essuie nerveusement le comptoir, feignant l’assurance, mais la tension dans ses épaules le trahit.

— Tu crois qu’il est là par hasard ? murmure Arvo en baissant la voix. J’veux dire… tu sais... qui rachète un trou pareil alors que la moitié des clients régleraient leur note avec du plomb si on les laissait faire ?

— Bah… Le vieux hausse les épaules. Un idiot ou un homme désespéré. Il a bien l'air d'être les deux à la fois.

— Ou quelqu’un qui a un plan.

— Un plan ? Qu'e s'tu veux dire ?Le vieux plisse les yeux, intrigué.

— Bah regarde-le bien. Il a pas la dégaine d’un ivrogne du coin, ni d’un marin en rade, encore moins d'un bon vivant de tavernier. Il fait semblant de pas entendre les conversations, mais il écoute. Et mon avis c'est qu'il note. Dans sa tête.

— Tu veux dire… ?

Arvo se penche légèrement, sa voix se fait plus basse, presque un murmure.

— On sait tous que Lankad est un nid à problèmes... Depuis des annérs maintenant c'est l'bordel permanent. Et c'est un vrai repère de vautours. Si un type comme lui s’est pointé par la sainte grâce des fesses du bon dieu ici, c’est pas pour servir des pintes et sentir l'air de la mer. C’est pour s’approcher. S’infiltrer si tu veux savoir c'que je pense.

— Tsss… Le vieux crache par terre, méprisant. Ça sent la merde, cette histoire. Si c’est un fouille-merde de flic ou un espion, il va pas faire long feu j'te le garantie.

— Ah ça… Arvo esquisse un sourire sans joie en vidant sa chope. J’crois bien que t’as raison.

Leurs regards se portent à nouveau sur le tavernier qui, maladroitement, casse un verre en le posant sur le comptoir. Quelques clients ricanent. Personne ne le respecte. Personne ne le craint. Son visage banal et lambda ne s'imprime dans aucun esprit. Mais si quelqu'un écoutait, s'infiltrait et notait dans son esprit, c'était bien Anton. La situation était bonne. Un tavernier peu apprécié et venant d'arriver pourrait vite être supprimé. D'autant plus qu'il avait l'air peu apprécié et que des bruits d'un double jeu à son sujet commençaient à courir. Un plan commença à se former dans son esprit. Il fallait amplifier ses rumeurs puis le faire disparaitre et le remplacer. Disposer d'une caisse de résonance telle qu'un bar serait parfait pour commencer l'œuvre psychologique dans la ville et dans la région. Il reprit son écoute des conversation alentours. Rappelons les mots d'ordre des débuts de missions : D’imprégner. Comprendre. Infiltrer. Analyser. Décortiquer. Observer. Écouter. Noter. Assimiler.


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La pleine lune de la nuit froide de janvier, voilée par des nuages épais se mouvant rapidement dans le ciel sous l'effet d'un vent vigoureux, ne parvenait qu'à peine à éclairer la ruelle étroite et sinueuse derrière le Rusty Anchor de sa lumière argentée. Les pavés humides des rues cabossées reflétaient la faible lueur des lanternes lointaines, se balançant aux poteaux de bois dans un grincement constant, créant des ombres dansantes et des motifs étranges sur les murs décrépits de bâtiments tout autour. L'air était lourd, chargé de l'odeur de la mer, du poisson, du charbon, de l'huile, du tabac et des relents d'alcool qui s'échappaient du bar.

Anton, encapuchonné dans des tissus sombres, se tenait dans l'ombre, quasiment immobile et totalement silencieux, observant attentivement les alentours. Ses yeux perçants, cachés par l'ombre de son tricorne, scrutaient chaque recoin visible, chaque mouvement suspect, chaque bruit audible. Il savait que cette nuit serait importante pour la suite de la mission. Le tavernier, cet homme nouvellement arrivé dans la ville, maladroit et peu apprécié des clients traditionnels, devait disparaître ce soir. Personne ne le regretterait, et trouver une excuse à sa disparition serait aisé. Les rumeurs avaient fait leur chemin en accrochant une étiquette d'homme suspect, potentiellement espion, et il était temps d'agir et de le faire s'évaporer.

Le tavernier, ce jeune gringalet pas entièrement dégrossi, sortit par la porte arrière du bar, un sac suintant rempli des poubelles du bar à la main. Il semblait nerveux, jetant des regards furtifs autour de lui et marchant rapidement, ne manquant pas de trébucher plusieurs fois. Il ne sentait apparemment pas en sécurité dans des ruelles pareilles la nuit, et il est possible qu'il ait senti que quelque chose n'allait pas, mais il était trop tard pour reculer. Il s'avança vers les poubelles, le cœur battant la chamade, le regard semblable à celui d'un lapin sur une route devant une voiture.

Soudain, une silhouette émergea de l'ombre. Elias sursauta, laissant échapper un cri étouffé. Anton se dressait devant lui, le visage toujours dissimulé sous une cagoule qui couvrait le bas de son visage et un tricorne baissé sur ses yeux, drapé d'une cape sombre et chaussé de bottes de cuir.

— Qui... qui êt....êt... êtes-vous ? bredouilla le jeune tavernier, la peur se lisant dans ses yeux.

— Personne, juste un marchand de passage ici.

— M...mais que faites-vous ici pa...par une heure pa..pareille ?

— Je me baladais à la recherche de quelque chose.

— Quelle... chose ?

— De quoi faire briller ma lame, murmure-t-il avec ses yeux se plissant en un sourire caché par le tissu.

Anton ne lui laissa pas le temps de répondre. Il savait que plus de mots étaient inutiles. Il fallait agir vite, efficacement, silencieusement et sans hésitation. D'un geste rapide et précis, il sortit une lame de sa manche et, en une fraction de seconde, trancha d'un coup net la gorge du tavernier. Le jeune homme s'effondra au sol, le sang se répandant sur les pavés, les yeux exorbités.

Anton resta immobile un instant, s'assurant que personne n'avait été témoin de la scène en regardant tout autour de lui. Puis, avec ses mains couvertes par des gants, il traîna le corps sans vie du gosse dans un recoin sombre de la ruelle qui descendait dans une cave abandonnée par un petit escalier, où il serait difficile à trouver et où il serait probablement dévoré par des chiens errants. Il savait que le temps jouait contre lui, s'écoulant trop rapidement. Il devait agir vite pour que le plan du Saint-Ordre se déroule sans accroc.

Quelques heures plus tard, à l'aube...


Le Rusty Anchor ouvrit ses portes comme à l'accoutumée, mais cette fois, un nouveau visage se tenait derrière le comptoir. Anton, débarrassé de ses vêtements le dissimulant, arborait un sourire affable, franc et accueillant. Les clients, habitués aux changements fréquents ces derniers temps, ne posèrent pas de questions. Ils étaient trop préoccupés par leurs propres soucis pour se soucier du sort d'un tavernier maladroit et plutôt satisfait de voir un homme paraissant plus correspondre au profil de l'emploi reprendre l'établissement.

Anton savait, tout comme les autres agents du Saint-Ordre toujours présents, que sa mission ne faisait que commencer. Il devait gagner la confiance des clients, écouter leurs conversations, et surtout, semer les graines de la discorde et de la méfiance. Le Rusty Anchor deviendrait bientôt le foyer de la propagande vélèsienne, un lieu où les esprits seraient manipulés et les volontés brisées.

Dans l'ombre, les Mains Invisibles observaient, satisfaites. Leur agent était en place, et la première étape de leur plan était accomplie. La conquête des esprits de Lankad pouvait commencer.
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Verre trouble


J’ai toujours eu du mal à dormir, c'est dans ma nature. Ce n'est pas vraiment à cause des bombes, ni des cris. J’ai grandi avec ça. Le pays était déchiré depuis longtemps. Non, c'était autre chose. J'ai l'impression depuis quelques semaines, quelque chose est… faux. Ce que je vois, ce que j'entends, ce que je mange. Ma vie a le goût du soufre. Le soufre d'une fumée qui masque la réalité et qui nous fait voir autre chose. C'était presque physique. Quelque chose racle sous la peau du monde. Une envie permanente de tousser, de cracher des poumons encrassés de peur.

Je ne suis pas le seul à le dire. Encore moins le seul à le penser. Certains disent que ce sont les drogues nouvelles, d’autres que les radios sont trafiquées, que les chiffres qu’on y lit ne sont pas des bulletins météo. Certains parlent juste de mélancolie hivernale. Quels idiots... C'est presque l'hiver tout le temps dans ce coin du monde. D'autres me disent avec un mépris à peine caché que je devrais voir un spécialiste. Mais moi, je crois que tout a commencé quand Branko a disparu. L'ancien propriétaire du bar, le Rusty Anchor. Tout le monde ne l'aimait pas forcément, c'était une grande gueule, mais c'était un vrai tavernier. Branko... le tavernier du Rusty Anchor, une brute au fond douce avec ses tonneaux, son gros rire.

Puis un soir, plus là.

À sa place, un autre.

Un type mince, plus raide qu’un pieu, avec des yeux paniqués de lapin en pleins phares. Un jeune d'à peu près mon âge était arrivé et avait repris la taverne. Elias qu'il s'appelait. Encore moins de monde l'aimait. Il n'était pas fait pour le métier.

Puis un soir, plus là.

À sa place, encore un autre.

Il n’a jamais donné son nom, personne ne lui avait demandé. Les gens allaient et venaient et tout le monde avait tellement de problèmes dans ce foutu pays que personne ne s'en souciait. Il avait un regard sec, jaune sous la lampe sale, et sa voix grave qui traînait à la fin des phrases comme une corde usée d'une vieille contrebasse. Il avait l'air d'un vieux marin. Il sortait des phrases parfois assez obscures.

« La mer ne rend pas tout ce qu’elle prend. »

Il disait ça en versant le rhum, comme s’il récitait un psaume. Il racontait des histoires, mais pas comme Branko. Pas des histoires à faire rire. Des vérités, disait-il. Des choses anciennes. Des choses que, selon lui, on aurait grand tort d'oublier. La vérité sans filtre, brute et implacable. C'était l'effet qui en ressortait en tout cas. Il disait beaucoup de chose dont on arrivait à en comprendre assez peu. Que les souterrains sous la ville n’ont jamais été construits par des hommes. Que les grincements dans les grues, la nuit, ce n’était pas le vent. Que l’eau du port était devenue trop noire pour qu’on y voie son reflet. Et que les hommes d’avant commençaient à revenir.

Tout le monde riait. Réflexe éthylique. Ils ne comprenaient pas donc ils riaient. Un peu comme si c'étaient des histoires de marins pour passer le temps. Tous riaient. Sauf moi. Moi, je cherchais. Quel était le sens de ces mots ? Est-ce que cela avait quelque chose à voir avec mon anxiété et mon isolement ?

Ce soir-là, je suis rentré chez moi plus tôt. J’avais la gorge nouée, le cœur qui cognait fort dans ma poitrine, l'estomac compressé et un ressenti fiévreux. J’ai claqué la porte, allumé toutes les lampes. Mais je n’ai pas mangé. J’ai bu de l’eau. Et même l’eau avait un goût étrange. Un goût… métallique. Comme si quelqu’un avait fait tremper un clou dans le fond de la carafe.

Je me suis couché. Et j’ai rêvé. Ou plutôt cauchemardé.

Je marchais dans les rues de Lankad, mais elles étaient vides. Vides et trempées. Trempées et poisseuses. Poisseuses et oppressantes. Le ciel était bas, presque aussi bas que les toits, on aurait dit qu’il pesait sur les cheminées, il léchait les tuiles abîmées. Il faisait une chaleur irrespirable, mais le vent était gelé.

J’entendais des cloches. Mais elles sonnaient à l’envers. Leur son tombait vers le sol comme un liquide. Le son s'écoulait par les gouttières. Les cordes avaient été coupées. Les cloches sonnaient faux. Sonnaient de bas en haut, plus de gauche à droite ou de droite à gauche.

Je passais devant le Rusty Anchor. Mais la porte n’était plus une porte. C’était une bouche. Une vraie. Avec des dents de bois, qui claquaient doucement. Il s'en dégageait une odeur putride, chaude et humide. C'était terriblement sombre, mais les variations d'obscurités, les variations de rien laissaient imaginer du mouvement. Comme si le bar était dans la gorge de cette bouche monstrueuse et que cette gorge s'activait. Comme si les muscles se contractaient dans un son humide qui me donnait la nausée. Et à l’intérieur, des rires. Des centaines de rires étouffés, comme si l’on étranglait des enfants pris en fou-rire.

Je fuyais. Mes jambes ne touchaient pas le sol, je glissais, flottant à hauteur de la rue. J'avais l'impression de tomber la tête la première. Mais je ne touchais pas le sol.

Puis j’ai vu les statues. ORDURES !

Elles étaient partout. PARTOUT ! PARTOUT !

Sur les toits, dans les fenêtres, entre les câbles électriques. Elles flottaient. Dans les airs, les égouts, dans ma tête.
Des statues d’hommes voûtés, le visage couvert d’un linge noir. Et dans chaque main, un flambeau.Mais les flammes brûlaient vers le bas. Comment est-ce possible ?

L’une d’elles a tourné la tête. Et sous le linge… rien. Pas de visage. Juste un cri silencieux. Il ne retentissait pas. Il était silencieux jusqu'à ce qu'il s'infiltre dans mon crâne et résonne.

Alors une voix a parlé. Pas une voix humaine. Une voix comme un orgue sous l’eau.

« TU ES DÉJÀ ENDORMI DEPUIS TROP LONGTEMPS. NOUS T'AVONS ATTENDU. TU NOUS ENTENDS MAINTENANT. TU NOUS PORTES EN TOI. NOUS NE TE QUITTERONS PLUS. TU ES NOUS. QUAND TU OUVRIRAS LES YEUX, TU NE POURRAS PLUS IGNORER. »

Et mon ventre a commencé à se fendre. Il se déchirait et quelque chose en sortait. Et je hurlais. Je hurlais. Je hurlais. Mes cris déchiraient le silence dense des rues. Ca grouillait. Ils sortaient. Ils étaient des dizaines, des centaines, des milliers. J'avais mal. Mon sang coulait à grand flot autour de moi. Je hurlais.

Puis, noir.

Je me suis réveillé en criant.

Il faisait noir. Très noir. Trop noir. Bien plus noir que d’habitude.

La lampe de chevet ne s’allumait pas. Toutes les lampes que j'avais pourtant allumées avant de dormir, étaient éteintes. Et la porte de la chambre grinçait, comme si quelqu’un l’avait frôlée.

J’ai regardé vers la fenêtre.

Et là, je jure que j’ai vu quelque chose glisser.

Pas courir. Pas marcher.

Glisser.

Entre la lumière du réverbère et mon rideau.

Sans bruit.

Comme une tâche sur le verre du monde.

Je vous jure que je l'ai vu ! Je ne suis pas fou. Je ne suis pas fou. PAS FOU ! PAS FOU JE VOUS DIS ! .............

...






Pas fou ?

...

Je n’ai pas osé sortir.
Je suis resté là, à écrire des mots incohérents. Là, à essayer d'écrire ce rêve, pour ne pas l'oublier. Je le sentais, ça vivait en moi. J'écrivais, je tremblais et je restais misérable sur ma chaise à regarder autour de moi et à la fenêtre en permanence, et à attendre l’aube.

Mais l’aube ne vient pas.
Pas vraiment.

Elle aussi, maintenant… elle a peur.

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Monde trouble


La pièce où j'écris encore sentait encore la sueur et le rancio des dos d'hommes qui n'avaient pas d'heures ni de repos, les mêmes effluves qui sortent du Rusty Anchor et semblent imprégner toute la ville comme une mauvaise lessive qui s'accroche aux vêtements. Entêtantes, insaisissables, dérangeantes mais doucereuses. Mes doigts tremblaient si fort que l'encre formait des points noirs, des insectes microscopiques qui gigotaient sur le papier à mesure que la table semblait se tordre et devenir molle. J'avalai à nouveau de l'eau pour me rappeler à la réalité, et de nouveau cet arrière-goût... ce goût de clou rouillé qui me resta longtemps sur la langue. Je l'essuyai avec le dos de la main comme si je pouvais effacer la sensation, comme si mon délire était de la buée sur une vitre que je pouvais balayer d'un revers de manche. Pourtant cela paraissait encore plus trouble après ce geste.

Les jours, s'il en existait encore, ne semblaient plus succéder aux nuits. Ils se mêlaient en une pâte épaisse et tiède où tout s'étouffait, où l'humidité nous faisait suffoquer. Lorsque le jour commençait à poindre, et qu'un semblant de lumière apparaissait, je clignais des yeux et il disparaissait. Dans la rue, les gens marchaient l'air absent, voûtés, et les regards évitaient les regards comme s'il y avait quelque chose de contagieux dans l'échange d'yeux. Comme si on avait peur d'avoir une confirmation à nos craintes dans la pupille des autres. Les autres... Parfois, je surprenais une phrase qui revenait chez tous, prononcée comme un juron, comme une bénédiction inversée : « Fais gaffe à ton reflet. » Mon reflet ? Quoi mon reflet ? Quel reflet ? Je ne le vois même plus. Je n'ose plus regarder le miroir. Et aussitôt que ces mots sortaient d'une bouche quelconque, tout le monde baissait la tête en se persuadant d'être seul avec cette pensée, que réagir montrerait qu'on est... Qu'on est quoi ? Fou ? On parlait en chuchotements et pourtant la ville semblait amplifiée et les sons grandir chaque fois qu'ils se cognaient à un mur suintant : des bruits d'ordinaire anodins devenaient des accusations. Une gamelle qui tombe trois rues plus loin nous fait sursauter, un rire qui claque comme un claquement de fouet nous fait frisonner, des pas qui ne sont pas des pas et la panique qui se propage par onde projetée concentrique pour dépeupler les alentours.

Le premier de mes voisins à disparaître fut Kamill, le tailleur. Il avait une vitrine minuscule et assez poussiéreuse où pendaient quelques vestes dont le tissu tremblait comme des feuilles mortes et dont les couleurs semblaient avoir coulées comme de l'encre sous l'eau. Les couleurs de la ville toute entière semblaient avoir coulées. Un matin, plus de Kamill. Sa porte était un peu entrouverte. Des aiguilles et du fil étalés comme si l'on avait quitté un instant l'atelier pour un verre et qu'on ne reviendrait jamais. Les gens murmurèrent quinze minutes, puis trente, puis une trois-quart d'heure, glissant des hypothèses : un départ précipité, un voyage, la mort d'un parent, un vol. Le suivant fut la petite Mendel, qui vendait des bonbons et des graines grillées pour essayer de subvenir aux besoins d'elle et de son petit frère. La pauvre orpheline se volatilisa. Les enfants cherchèrent autour du comptoir, appelèrent, frappèrent aux portes en criant « Mendel ! Mendel ! » On répondait par le silence. On trouva plus tard une sucette fondue sur le bord d'une fontaine, collante et noire, comme si quelqu'un l'avait écrasée pour l'oublier. La dernière trace de la fillette. Son petit frère s'était enfuis. Peu de gens partirent à sa recherche, nous avions tous d'autres problèmes. On dit qu'il est tombé dans la rivière qui passe derrière la ville, en passant sur un pont branlant. Les disparitions s'enchaînèrent sans logique apparente, comme si on tirait au hasard dans un chapeau. Un jour, tu es là ; le lendemain, tu es une absence dont les gens parlent à voix basse, comme d'une malédiction.

Les rumeurs prenaient corps puis se métamorphosaient en pseudo-preuves : une phrase entendue au mauvais moment, un papier froissé dans une poche, un billet mal compté, un geste qui avait duré un peu trop longtemps. Le Mandat Divin, invisible, savait où frapper pour que le soupçon germe. Pas de coups d'éclats. Pas de grandes manifestations. Juste une réalité qu'on décale d'un millimètre. Il suffit d'un objet qui change de place pour nous perturner, pauvres mortels vivant dans le marasme de cette guerre civile larvée et dans une misère relative.. Ils déposaient des tracts noirs, imprimés à l'encre qui sentait l'ammoniaque, dans les boîtes aux lettres. Des slogans sans signature : "Lève ton bandeau. Regarde qui boit à ta table." Les tracts n'étaient pas des invitations à la réflexion ; ils étaient des aiguillons. On les lisait et on pliait les feuilles en deux, en quatre, en huit, puis on les cachait dans les tiroirs par honte d'y avoir cédé. Le Rusty Anchor devint, en quelques semaines, un bureau d'enregistrement des solitudes : ici l'on enregistrait les vies que l'on avait perdues ou que l'on pensait perdues. Anton passait derrière son comptoir, lançait ses phrases comme on jette un cailloux dans l'eau pour voir l'onde, on observait les fissures se former sur les visages.

Il y avait aussi la musique. Pas la musique d'antan qui réchauffait les cœurs, non : des notes souterraines, des sons étirés qui semblaient naître sous les pavés. Certaines nuits, un bourdonnement grave, basse et longue, s'échappait du port et se diffusait dans les ruelles, modifiant la façon dont la gorge vibrionne, la façon dont on avale la salive. Les gens se plaignaient d'acouphènes nouveaux, de sifflements qui revenaient comme des couinements de clés. Les médecins, impuissants, griffonnaient des ordonnances fichées de mots creux et de promesses tenues par la paperasserie ; on disait même que certaines doses « recommandées » par les amis médecins étaient arrivées mélangées à des cocktails au Rusty Anchor. Boire au comptoir devint un loterie : parfois on riait plus fort, parfois on se sentait allégé et la peur levait pareil à un effet secondaire, d'autres fois on avait des délires de puces sur la langue. Personne n'osait porter plainte ; à quoi bon ? À qui prouver un bruit qui n'avait ni source ni auteur visible ?

Le lendemain de l'arrivée d'Anton derrière le bar, une vieille connaissance, Mira, la couturière, m'avoua qu'un client lui avait offert un vin fort « pour la créativité ». Elle me jurait qu'elle n'avait pas bu assez pour perdre conscience, mais qu'elle avait rêvé en plein jour d'yeux ronds qui la regardaient dans la rue, à la terrasse d'un café. Puis elle me raconta qu'elle avait entendu, dans la même après-midi, une onde de métal : un bruit qui traversait les façades comme un moteur lointain. Le soir, elle partit et disparut. On retrouva plus tard sa paire de ciseaux plantée dans la neige du trottoir, les lames ouvertes comme un oiseau mort. Les gens commencèrent à éviter les verres offerts, à refuser les douceurs, à suspecter toute générosité. Les invitations se firent rares, les portes se refermèrent.

Parfois, dans la nuit, on projetaient des voix. On appuyait sur un bouton caché, un compresseur dans une cave, un haut-parleur minuscule dissimulé sous une plaque, et la voix se frayait un chemin entre les gouttières. Une phrase simple : « Regarde derrière toi. » Et tout le monde, comme un seul homme, se retournait en sursaut, renvoyant des regards d'accusation à ses voisins. Les Mains Invisibles utilisaient ces micro-intrusions comme un scalpel, ici on coupe une confiance, là une amitié. Les couples se distendaient, les voisins ne se prêtaient plus d'outils, on cachait des clés et on comptait les pas. Les chiens hurlaient plus souvent. Même les chats, fiers, se glissaient sous les meubles.

Moi-même, clairement, je commençais à trembler plus souvent. Mes rêves, d'abord confinés à la nuit, remontaient en plein jour : des images sans transition qui s'imposaient au milieu d'une phrase. Je marchais et, d'un coup, me voici à genoux au milieu d'une salle de banquet où des visages inconnus me souriaient et me crachaient des noms que je n'avais jamais entendus. Ma bouche prêtait des mots qui n'étaient pas les miens ; parfois je parlais à voix haute sans m'en rendre compte et les gens autour me regardaient comme un animal surpris en train d'apprendre un tour. À la rue, je sentais des regards qui me suivaient dans les reflets des vitrines. Je me convainquais pourtant, obstinément, que je ne délirais pas. C'était la preuve que j'étais encore « solide ». Mais la solidité devint un objet fragile : je la posais sur une table, elle se brisait.

Le plus horrible fut le matin où je me réveillai avec de la terre sous les ongles. Je n'avais pas quitté mon lit et mes draps sentaient le sel et l'eau douce. Sur la table de nuit, un tract noir plié en quatre ; je ne l'avais pas écrit la veille, je l'ouvris et lus ces mots qui me tombèrent sur la poitrine comme un poids : "Ceux qui n'entendent pas sont déjà morts." Je parcourus la maison en appelant, cognant à chaque porte, mais les couloirs résonnaient comme des grottes vides. Le voisin du dessus fit tomber un pot de fleurs et tout le monde se tait de nouveau, comme si le bruit était une offense.

Je décidai d'aller au Rusty Anchor pour voir Anton de près. Peut-être n'était-il qu'un homme ? Peut-être était-il le seul qui tenait encore la ville éveillée et qui offrait, par ses mots lancés au comptoir, un semblant d'explication bienvenu. Je m'assis, fis semblant d'ignorer les cendres de cigarettes encore fumantes à côté de ma main. J'écoutai. Mais ses paroles me pénétraient maintenant différemment : elles étaient tranchantes comme des lames fines. Il versait le rhum et parlait de « purification », de « nettoyer le miroir ». Il me regarda un instant, et je crus voir, sous le chapeau, un sourire trop large, un sourire qui ne devait pas être humain. Je sortis sans bruit, comme si le simple fait de respirer là m'eût fait défaillir. Je sorti avec peut-être trop d’empressement pour ne pas être suspect.

Sur le palier, un mot épinglé sur une porte : "TRAITRE", écrit à la hâte, en rouge. Je n'avais rien fait, je n'avais aucun pouvoir sur ce monde qui me dépassait, mais je lus mon nom dedans comme si l'encre me désignait. Les voisins me regardèrent depuis leurs fenêtres, derrière des rideaux tirés. Leur regard n'était pas de la compassion ; c'était une condamnation. Ils me soutenaient avec la partie la moins engageante de l'œil. Ils me regardaient avec le regard de ceux qui ne font plus confiance.

Il y eut, ce soir-là, un nouveau bruit dans la rue. Une diffusion courte, par salves : une voix enregistrée qui répétait des prénoms à la chaîne, comme une liste. On entendit d'abord « Mendel ». On s'affola. Puis « Kamill ». On se rua aux fenêtres. « Mira. » Les fenêtres se fermaient une à une. Puis ce fut mon nom. Je sentis mes jambes fléchir, un frisson glacial parcourir mes membres et les électriser. Le monde se figea. Les rideaux se tirèrent dans la maison d'en face, et une silhouette se glissa dans l'ombre, nébuleuse, presque flottante. Je pris la décision la plus absurde : je restai à ma fenêtre et j'attendis. Attendre était peut-être la dernière chose à faire, et je le savais, et pourtant je fis ce que font les gens pris dans une vague : j'attendis, comme si l'on attend que la marée redescende.

La silhouette s'approcha et frappa à la porte. Trois coups secs, mesurés. Le même rythme que le battement d'une horloge qui annonce quelque chose de définitif. Ma main chercha la poignée, trembla, abandonna. Je regardai la porte à travers la serrure. Aucune lumière derrière la poignée, juste la nuit qui soudain était très proche.

La peur a une voix qui parle dans la tête. La mienne me dit d'ouvrir. Une autre, plus profonde et plus ancienne, me dit de ne pas le faire. Je me levai, lentement, et fis un pas. Tout mon corps se rebellait contre le mouvement. Puis un autre pas. La poignée cilla à peine sous mes doigts moites.

Je n'ouvris pas. J'en avais envie. Mon corps refusai. Mon esprit divaguait.

La porte remua, comme si on avait passé un doigt sur une plaie et que la maison frémissait de douleur. Mon esprit s'emplit de bruit humides et poisseux. Puis plus rien. Un battement d'aile dans le couloir. La silhouette s'éloigna. Par le judas, je vis une forme disparaître dans les ténèbres, fondre entre les pavés comme une tache d'huile se répandant mais devenant invisible.

Je restai là longtemps, la main encore sur la poignée, le cœur à tirer des cordes. Puis, très prudemment, j'éteignis toutes les lampes, me recroquevillai sur une chaise près de la fenêtre et attendis que quelque chose advienne. Attendre, encore une fois, était irrationnel, mais l'immobilité me donnait l'illusion d'un contrôle et de certitude. La ville respirait comme un bête endormie, haletante et prête à se réveiller.

Au matin, on trouva sur le paillasson un autre tract. Encre noire. Papier rugueux. Un seul mot :

"OUVRIR."


Je le pris et le porta à ma bouche pour le goûter, comme on goûte un fruit suspect pour savoir s'il est encore bon. Mais en fait... personne ne fait ça. Personne ne goûte les fruits suspects... Personne ne goûte du papier. Pourquoi fais-je ça ? Que m'arrive-t-il ? Il n'avait pas de goût. Mais dans mes mains, dans mes yeux, il s'imprima comme une marque. Et je compris que quelque chose avait gagné une bataille dont je ne savais rien : ils m'avaient fait perdre la certitude de la réalité, du rêve et du cauchemar même.

La ville était en lambeaux de certitudes. Moi, plus que tout, j'avais l’impression d'être devenu une feuille morte fissurée, flottant sans but. Un regard mal placé, une parole trop vive, et la ville se refermait sur toi comme une mâchoire. Je ne sais plus ce que j'écris. Et entre chaque respiration, passait l'air sale, la rumeur, la chanson diffractée d'une propagande qui se déguisait en sagesse méfiante. Je me mis à écrire pour ne pas oublier, à détailler chaque odeur, chaque bruit, même les plus insignifiants, comme si l'archive de ma paranoïa pouvait servir de preuve... à qui ? À moi-même, peut-être. À l'instant où, le soir suivant, un voisin que je connaissais à peine frappa à ma porte, les yeux écarquillés et la voix déchirée.

- Tu entends les voix aussi ? dit-il. Elles me suivent. Elles disent mon nom la nuit. Elles ont pris la petite Lina. Ils ont pris Lina.

Je le regardai. Et je sus, soudain, que ma descente n'était pas seulement la mienne. Elle était une érosion collective. Chaque disparition, chaque tract, chaque goutte de drogue dans un verre préparait un sol propice à la honte, à la suspicion, à la solitude et à la démence. Et la ville, désormais, ressemblait à un asile à ciel ouvert.

Je posai mon stylo. Le papier dormait sur la table, couché comme un cadavre. Dehors, au loin, la mer rendit un son comme un râle, et je jurai entendre, parfaitement distinct, le rire d'Anton qui tirait un rideau quelque part derrière mon dos.

Tout cela n'est qu'un rêve après tout...

Je sortis.

Des yeux.

Ils me regardent.

Un pas. Puis deux. Puis je cours.

Les planches du ponton grincent.

Les yeux reculent.

Mais... Qu'est ce que... Mon pieds se prend dans une corde. Je ne vois rien. Il fait noir. Je tombe.

Je coule. Il fait froid. Plus rien n'existe.

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Ses voisins regardent avec curiosité et peur cet homme à l'air effrayant sortir en courant de chez lui pour la première fois depuis plusieurs jours. Ils entendaient régulièrement des cris venant de chez lui, puis de rire, puis les deux. L'homme couru dans la nuit faiblement éclairée par les lanternes et se jeta dans l'eau glacée de l'hiver. Pauvre homme... Un de plus à céder.

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PRÉLUDES À L’OMBRE
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Opération clandestine visant Carande

Pays infiltrant : État du Mandat Divin Vélèsien
Pays infiltré : Royaume de Carande
Prévisionnel de la date (RP) de l'action clandestine : 21/12/2017
Prévisionnel de la date (HRP) de l'action clandestine : 02/11/2025
Type d’opération : Déstabilisation psychologique (propagande) / Opération à 10000 points



Province cible : #45356 (Lankad et son hinterland industriel portuaire)

RECONTEXTUALISATION / FRISE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS PRÉ-OPÉRATION :

Lankad est une ville-port jadis industrielle et aujourd'hui paupérisée, noyée depuis des années dans la violence et l’épuisement d’une guerre civile prolongée : institutions effondrées, économies parallèles, familles disloquées et infrastructures publiques à l’agonie. Ces éléments ont mené à une situation où la population en état de surtension morale : la survie quotidienne prime, les réseaux d’entraide officieux remplacent l’État, et la parole publique s’est atrophiée au profit du murmure et du soupçon. La péninsule d’Uliatsay a connu des décennies d’ombres et de déplacements : la mémoire collective porte encore des traumatismes qui rendent les habitants d’autant plus vulnérables aux signes de menace ou de salut providentiel : un terreau idéal pour la diffusion de doutes et de récits instrumentalisés.

Le Mandat Divin Vélèsien est implanté dans la région depuis deux ans. Cette présence n’a jamais été frontale : elle a pris la forme d'étrangers débarqués se fondant dans la masse, de marins perdus s'échouant dans les bars, d'ombres sortant des bateaux et s'infiltrant dans la ville sans bruits ni fracas, de réfugiés d'apparance inoffensifs. En l’espace de vingt-quatre mois, ces relais ont permis de créer un écosystème au contact des liens sociaux locaux (tavernes, halles, dispensaires, temples laissés à l’abandon), d’identifier des influents informels (tenanciers, artisans, petits commerçants, guérisseurs) et d’installer des points d’écoute et de diffusion qui passent aisément inaperçu tant les habitants sont repliés sur eux-même dans cette période de marasme. Cette durée d’implantation constitue un capital stratégique : les agents infiltrés connaissent les logiques de voisinage, les chemins de routine, les personnalités fragiles et les poches de résistance, ils commencent à disposer d’un réseau d’oreilles prêtes à amplifier la rumeur.

Depuis plusieurs mois, un certain nombre de phénomènes cohérents ont commencé à se manifester dans Lankad et dans ses rues : disparitions localisées de personnes repères (tavernier, tailleur, marchande de friandises, couturière), tracts anonymes poussant à la défiance, phrases chuchotées qui circulent et se transforment en slogans, et incidents aux frontières de la perception (sons diffusés dans la nuit, bruits sans source, impressions d’ombres glissant entre les ruelles). Le Rusty Anchor - une taverne du port qui a été l'un des principaux vecteurs d'infiltration - et la figure d’« Anton » y jouent le rôle de catalyseur narratif pour le Mandat Divin et ses agents : lieu de sociabilité transformé en relais d’information et personnage-pivot servant à injecter motifs et images récurrentes dans la vie quotidienne et influencer aussi les consommations des clients. Ces éléments narratifs ont déjà commencé à altérer les repères : voisins qui se méfient, invitations refusées, petits commerces qui ferment plus tôt, et une propension accrue à expliquer l’événement anormal par la trahison d’un proche plutôt que par la fatalité.

La mécanique observée combine plusieurs leviers psychologiques : fragmentation de la confiance sociale (par la rumeur, par les tracts et par incidents ciblés), saturation symbolique (phrases, images et refrains récurrents qui deviennent sens commun), et altération des perceptions sensorielles (bruits, rêves diffusés dans le récit collectif, sensations d’irréalité grâce à des petites doses de drogue). Les paliers d’usure sont déjà amorcés, et cela même parfois avant l'arrivé des agents vélèsiens : perte de foi dans les institutions locales, montée de l’isolement, défiance au sein des familles et affaiblissement des solidarités de quartier. L’arsenal narratif du Mandat s’appuie moins sur la persuasion rationnelle que sur la mise en scène d’un monde instable, ce qui transforme de petites anomalies en preuves accablantes d’un danger omniprésent.

Les atouts opérationnels concrets : des relais humains enracinés (tenanciers notamment, commerçants...), des lieux de sociabilité instrumentalisables (Rusty Anchor, halles, marchés nocturnes), une population fatiguée et peu suivie par l’extérieur, et un corpus narratif déjà diffusé (traces écrites, récits oraux, témoignages anxiogènes recensés). Lankad est déjà une cité en voie d'explosion sociale dans tous les sens du terme et les agents vélèsiennes tendent à aboutir à un éclatement mental collectif. La présence de deux ans des Mains du Mandat a créé les conditions d’une montée en intensité d'éléments troublants et dérangeant de manière graduelle. Les opérations qui se poursuivent doivent rester centrées sur la déstabilisation symbolique (déjà amorcée : tracts, rumeurs, voix et disparitions) afin de maximiser l’érosion de la confiance locale tout en préservant la discrétion nécessaire à ne pas unifier la population contre la source perçue de la menace. Syl'Nyy chercher à affaiblir de manière générale la résistance mentale de la péninsule, fragiliser la confiance envers les rares figures d'autorité restantes, créer un terrain propice à l'arrivée de sauveurs providentiels, prolonger l’état d’incertitude du plus grand nombre, condition nécessaire pour faire de Lankad une tête de pont stable pour l’influence du Mandat à Carande.


Cette opération se repose sur plusieurs forces et éléments concrets :
  • Ce qu'on pourrait nommer le terrain social de la région est extrêmement fragilisé, cela se remarque par la pauvreté, passe par les traumatismes de guerre, l'effondrement des services publics, la peine de considérer ses anciens voisins d'hier et frères d'une même nation comme les ennemis d'aujourd'hui, d'avoir des familles séparées, d'être sans nouvelle de proches. Cela passe aussi par la lassitude importante issue d'une guerre civile s'étendant depuis des années interminables et un tissu social effrité, voire effondré par la ruine du conflit.
  • La Vélèsie et les différentes formes de gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution religieuse de 1913 se sont affirmés sur le contrôle des populations des grandes villes par la propagande, la manipulation et divers moyens de contrôles informels. La nature brutale et répressive du régime est évidente, mais depuis plus de 100 ans le Saint-Ordre et à présent le Mandat Divin usent de ces procédés pour garder ses villes sous contrôle, ils disposent donc d'une expérience historique et dans le lore régional, la Vélèsie a aussi des antécédents d’ingérence religieuse/culturelle/politiques en Barvynie où elle a tenté de coloniser des territoires à une époque (1949-1986).
  • .
  • L'ancrage de terrain des agents vélèsiens est sûrement fort du fait d'une présence longue. Leur arrivée remonte il y a deux ans et ils ont ainsi pu agir petit à petit de manière large. Ils disposent donc probablement d'un réseau d’agents bien implantés et d'une connaissance importante des dynamiques de quartier. (HRP : la Vélèsie dispose d'une influence clandestine comprise entre 40 et 60% sur la province depuis deux ans inrp)
  • La présence et un contrôle informel de certains lieux de sociabilité comme les tavernes, marchés et dispensaires servent de relais narratifs et favorisent l'impact des manœuvres vélèsiennes.
  • La très faible veille internationale portée sur Carande qui est presque unanimement considérée comme « zone perdue » permet d'éviter aux agents vélèsiens de devoir lutter contre des soutiens étrangers qui sont donc inexistants. L’attention diplomatique étrangère est littéralement inexistante.

Beaucoup de voyants sont donc au vert pour agir à Carande.


OBJECTIFS DE L’OPÉRATION



Réussite majeure :
  • L'opération est une grande réussite. Elle permet de fragiliser durablement le moral et la santé mentale de la population de Lankad et ses alentours, favorisant donc d'autres opérations futures. Cette fragilisation importante permet une perte encore plus accrue de confiance envers les autorités locales restantes et créé un terreau fertile pour l'arrivée de figures providentielles. La dégradation de l'état psychologique de la population fait s'effriter les liens sociaux et installe une méfiance pouvant mener à la division profonde de la société si d'autres opérations sont menées. Les agents vélèsiens acquièrent une expérience solide.


Réussite mineure :
  • L'opération est un succès relatif. La fragilisation psychologique fonctionne, mais pas autant d'espérée. Elle touche principalement les personnes les plus fragiles (orphelins, personnes âgées, chômeurs, personnes ayant perdu des proches...) mais n'a que peu d'impact sur le reste de la population. Cela peut favoriser d'autres opérations futures et réduire localement le soutien aux autorités locales mais dans une moindre mesure que ce qui était escompté. Les agents vélèsiens en tirent quelques expériences.


Echec mineur :
  • L'opération ne réussit pas. Les rares personnes qui ont été impactées présentaient déjà des fragilités profondes et cette poignée de fous n'a absolument aucun impact sur la population qui reste indifférente aux tentatives de déstabilisation. Les agents vélèsiens sont donc sans résultats et sont exposés à la colère de Syl'Nyy qui peut en rappeler certains et les punir, faisant perdre à l'opération quelques agents connaisseurs du terrain.


Echec majeur :
  • L'échec est total. Le fou s'étant suicidé était déjà complètement ravagé et les tentatives vélèsiennes de déstabiliser la région sont ratées. Non seulement la population est insensible à ce qui s'est avéré n'être qu'une impression légèrement désagréable de bruit de moustique tournant autour de soi, mais en plus elle remarque que des étrangers tentent de saper le peu de stabilité restante dans la région. La population devient très méfiante vis-à-vis des étrangers ce qui rendra bien plus compliqué de futures opérations. La population peut se resolidariser avec ses autorités locales en réaction. Des chasses à l'homme localisées s’effectuent, purgeant par endroit la ville et faisant disparaître des agents expérimentés. Tout est à recommencer et cela sera encore plus dur.


LIMITES ET CONTRAINTES DE L’OPERATION
(ne pas hésiter à demander aux concernés l’ajout d’éventuelles contraintes supplémentaires)

Plusieurs limites et contraintes sont à prendre en compte dans l’arbitrage de l’opération (Corque pourra en rajouter) :
  • Résilience communautaire : solidarités traditionnelles (familles, amis, réseaux d’entraide) peuvent limiter la dissémination du doute.
  • Groupes armés locaux : factions résistantes encore opérationnelles et susceptibles de chercher à rétablir le calme.
  • Diversité linguistique et culturelle : nécessite adaptation fine des messages pour éviter des malentendus. Les vélèsiens et carandais ne parlent pas la même langue.
  • Contraintes logistiques et ressources : maintien d’un réseau clandestin à l’étranger mobilise ressources importantes.


Moyens engagés :

La Vélèsie a déployé une vingtaine d'agents dans la ville chargé de semer le trouble. Ils usent de tracts, de radios cachées pour diffuser des sons, de lumières, de drogues etc. Ils prennent appuis sur des lieux importants comme des bars (ex : Rusty Anchor).
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