ReligionsL’Etat et la religion, un court historiqueAvant même la formation des grands Royaumes stranéens, l’ensemble des communautés politiques et humaines stranéennes étaient organisées autour de religions polythéistes, dites matahariennes. Bien qu’il est possible d’établir des origines différentes entre elles, celles-ci convergent à la fois dans le Nord et l’Ouest du pays sous deux grandes formes. Parmi les dieux vénérés dans les religions matahariennes, le Soleil est la divinité suprême. Alors qu’elles consolident les communautés humaines, elles n’appuient pas le pouvoir politique, étant extrêmement diffus et davantage détenues en fonction du statut social (guerrier, doyen, etc…). Si leur disparition est explicable par l’avènement d’autres religions, il est souvent avancé par les historiens et anthropologues que les populations n’étaient pas fondamentalement croyants. En revanche, dans le Sud du pays beaucoup moins sujet aux mataharismes, le bouddhisme introduit au Ⅱe siècle concourt à la formation des communautés politiques locales hutans. Importé de la région jashurie, il apporte avec lui les théories philosophiques et politiques voisines telles que les thèses de Kanuhilyia sur la gouvernance. Cette influence est d’autant plus grande que l’Empire Yahudharma a dominé la région à plusieurs reprises. Ainsi, le bouddhisme permettra la construction lente du premier grand royaume stranéen lors de l’ère féodale: le Royaume Hutan.
Plus tard, l’Islam importé par des commerçants banairais se répand dans la région du Pesisir à partir du Ⅹe siècle. De nombreux seigneurs locaux se convertissent, portant dès lors les titres d’émirs ou sultans. L’organisation du pouvoir féodal s’imprègne progressivement de la hiérarchie islamique, au point où les pouvoirs politiques et religieux se confondent. La dévotion religieuse devient source de légitimité pour les souverains, entretenus par un ensemble d'agents légitimateurs comme les juristes (cadi) apportant la force de la forme du droit pour légitimer le titre des émirs et sultans à travers la sacralisation. Ce processus permet d’unifier la région du Pesisir, bien qu’il est impossible de parler d’Etat au vu de la prégnance importante de la féodalité. Aujourd’hui, l’année 1067 est retenue comme tournant de l’essor de l’Islam au Negara Strana avec la conversion et la proclamation du roi Muhammad Ier, Calife du Royaume Islamique du Pesisir. En dehors de celui-ci, l’Islam se développe au sein du Royaume de Strana. Pour autant, il imprègne beaucoup moins les institutions politiques, les sphères religieuses et politiques étant étonnamment dissociées. Cependant, avec la conquête complète du Royaume du Pesisir en 1578, l’Islam connait un essor considérable sur l’ensemble du territoire. Effectivement, les institutions politiques stranéennes tendent à s’inspirer largement de celles pesisirs, jugées plus efficaces. Finalement, l’Islam stranéen arrive à son apogée en 1621 avec la proclamation du Royaume Islamique de Strana par le Calife Sulayman III. Avec le développement d’une administration centralisée, l’Islam est fortement institutionnalisé et est indissociable du Royaume de Strana en tant qu’Etat naissant.
Alors que son développement fut heureux, l’Islam connait une remise en question progressive à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. A cette période, le Royaume Islamique de Strana saisit difficilement le tournant de l’industrialisation, ou du moins plus difficilement que ses voisins. Alors que le sentiment de déclassement règne, les influences étrangères déstabilisent le Royaume, notamment à travers les liens culturels et religieux importants que conservent l’Hutan et le Jashuria. Si l’hégémonie religieuse de l’Islam n’est pas contestée, l’introduction récente du protestantisme (ⅩⅧe siècle) et son succès relatif effraie les autorités. Parallèlement, la gestion des affaires politiques est largement contestée par les élites économiques accusant les gouvernements successifs. Finalement, cette déroute généralisée facilite la colonisation de Strana qui n’y était pas préparée, par l’Empire Aichi en 1927. Dès lors, les autorités politiques et religieuses musulmanes collaborent largement avec l’occupant, à commencer par le Calife Umar VII. Dans une volonté proclamée de protéger son peuple, celui-ci appelle les stranéens à ne pas contester l’autorité coloniale, détaillant ses propos à travers l’idée de soumission. Largement relayée par les imams au niveau local, cette doctrine est largement dénoncée au lendemain de l’Indépendance du Negara Strana. Pointée du doigt par les révolutionnaires socialistes et accusée de la défaite de 1927, l’élite musulmane stranéenne est largement dévaluée et délégitimée, justifiant une sécularisation du régime et de la mise à l’écart des autorités religieuses du pouvoir politique. Au-delà, du temps de l’occupation aichi, la colonie de Strana est perçue comme une colonie de peuplement. Dès lors, l’installation massive d’achis a réduit la proportion de l’Islam au profit du shintoïsme.
Finalement, la République Socialiste du Negara forme un Etat laïque depuis la Constitution du 22 avril 1962. A travers ses articles 3 et 8, elle reconnaît la diversité du peuple stranéen, accordant la liberté de culte tout en se déclarant laïque (“L’Etat stranéen est séculier”). Pour autant, ces garanties ne sont que juridiques et l’Etat stranéen a longtemps orchestré une répression des élites religieuses, notamment musulmanes et shintos, pour affaiblir leur emprise sur la population stranéenne. Arrestations, censure ou discours antireligieux, la coercition appliquée par les gouvernements successifs n’a tari qu’au tournant du XXIe siècle. Depuis, celle-ci a largement faibli mais le fait religieux demeure surveillé par les autorités centrales.IslamL’Islam a été introduit dans le Royaume du Pesisir par des marchands banairais au Ⅹe siècle. Appuyée par les pouvoirs locaux, la religion se répand rapidement dans le Royaume. Son essor est d’autant plus grand lorsqu’il atteint le Royaume de Strana, suite à son annexion du Pesisir. Du Ⅺ au ⅩⅦe, la plupart des mosquées stranéennes furent construites, faisant aujourd'hui partie du grand patrimoine national.
Pour plus d’informations sur l’histoire de l’Islam, lire “L’Etat et la religion, un court historique”.
Selon l’étude du Badan Statistik Nasionale (2016), 43.1% des stranéens sont de confession musulmane soit près de 49,7 millions de personnes. L’immense majorité de la communauté musulmane stranéenne appartient au courant sunnite de l’Islam. Une minorité appartient au courant soufiste s’étant développé au Jashuria. La ummah stranéenne est dirigée par Ibrahim Marbun, Grand Imam de Baranglama et Président du Conseil des Imams du Negara Strana, étant le centre historique de l’Islam stranéen. Suite à l’instauration de la République Socialiste, le nombre de croyants a considérablement baissé, notamment par le biais de la forte répression étatique. Effectivement, la pratique de l’Islam est aujourd’hui fortement contrainte par l’action du pouvoir politique. Celle-ci se décline à travers la répression classique (censure, discours anti-islam, formation d’une élite proche du pouvoir) mais aussi une influence dogmatique (promotion, sans succès, du dogme soufiste moins traditionaliste et plus ouvert).
La Grande Mosquée de BaranglamaAthéisme, agnosticismeSelon l’étude du Badan Statistik Nasionale, 35.3% des stranéens se disent athées ou agnostic ce qui représente un peu moins de 38,5 millions de personnes.
Sous l’occupation fujiwane, l’athéisme et l’agnosticisme étaient déjà présents mais c’est dans les années qui suivirent l’instauration de la République Socialiste laïque que ceux-ci se sont développés.
Cependant, il est à noter que le nombre d'athées et d’agnostic n’augmente plus que faiblement depuis le début des années 2000.
BouddhismeSelon l’étude du Badan Statistik Nasionale, 14.2% des stranéens sont de confession bouddhiste soit près de 15,6 millions de personnes.
Le bouddhisme est surtout pratiqué dans la région de l’Hutan, frontalière au Jashuria qui a exporté cette religion dans le Royaume Hutan au Ⅱe siècle. Le bouddhisme au Negara Strana a longtemps suivi l’école Théravâda, comme dans tout le sud-est du Nazum, même si l’école Mahayana prend de plus en plus d’importance.
Le nombre de bouddhiste suit globalement le nombre du groupe ethnique hutan, pratiquant depuis plusieurs siècles la religion.
Pour en apprendre plus sur le bouddhisme d'influence jashurien
Temple bouddhiste à HijauProtestantismeSelon l’étude du Badan Statistik Nasionale, 4,3% des stranéens sont de confession protestante ce qui représente 4,7 millions de personnes.
Le protestantisme a été introduit par des commerçants eurysiens au ⅩⅧe siècle. La plupart des protestants se trouvent aujourd’hui à Kotarakyat.
Le nombre de pratiquants est resté stable ces dernières années. Aujourd’hui, les gains de pratiquants se font principalement au dépend de l’athéisme et agnosticisme.
Eglise protestante à KotarakyatShintoïsmeSelon l’étude du Badan Statistik Nasionale, 3.2% des stranéens sont de confession shintoïste soit près de 3,5 millions de personnes.
Le shintoïsme a été importé au Negara Strana, surtout dans la ville de Pradipta, lors de l’occupation fujiwane. Après l’indépendance du pays en 1960, tous les symboles de l’impérialisme fujiwan ont été réprimés, dont le shintoïsme. Bien qu’on observe peu de répression et que la liberté de culte est garantie de jure, des discriminations persistent encore.
Suite à la chute du shintoïsme dans les années allant de 1960 à 1970, le nombre de pratiquant decroit désormais que faiblement.
CatholicismeSelon l’étude du Badan Statistik Nasionale, 2.4% des stranéens sont de confession catholique ce qui représente environ 2,6 millions de personnes.
Les origines du christianisme au Negara Strana ne sont pas très claires et définies mais un consensus est fait pour dire qu’il a été introduit par les colons fortunéens lors de leurs expéditions au Nazum. Cohabitant difficilement avec l’Islam, plusieurs massacres ont eu lieu, le plus connus étant celui de 1768 à Baranglama où 2.000 catholiques furent assassinées en une nuit. Aujourd’hui, les catholiques résident essentiellement à Pradipta.
A l’instar du protestantisme, le nombre de catholiques pratiquants est resté stable ces dernières années et les gains d’effectif se font principalement au dépend de l’athéisme et agnosticisme.
Cathédrale à Pradipta