Posté le : 19 mars 2024 à 07:48:48
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l'économiste velsnien a écrit : Stefano Domico, 10 février 2013
Herdonia au pied du mur réinvestit au Wanmiri
Coup dur pour Herdonia Inc. L’entreprise velsnienne, dont la valeur en bourse avait explosé ces derniers mois, à l’origine d’innovations dans le domaine du transport et de la tech, accuse une perte sèche d’une somme estimée à 400 millions de florius velsniens d’actions à l’ouverture de la plus grande place boursière du pays. En cause : des choix hasardeux et risqués qui ont coûté bien cher au PDG le plus populaire de la République : Toni Herdonia.
Ce dernier, qui avait ouvert une filière d’Herdonia Inc, se consacrant au commerce dit « humanitaire » en Okaristan, accusait depuis peu un léger recul sur ce marché étant donné la stabilisation du conflit qui s’y déroulait, et qui amoindrissait le pool potentiel de clients pour son service de transport de réfugiés. Devant cette situation, Herdonia a tenté le tout pour le tout en tentant l’ouverture d’un marché plus qu’improbable sur le même modèle que l’Okaristan, au Wanmiri.
Décision peu compréhensible pour les membres du conseil d’administration au regard du faible taux de développement du pays. « Les entreprises cherchent une main d’œuvre qualifiée, pas des types qui sortent tout d’un droit pays coincé au XIXème siècle. » confiait l’un d’entre eux. Mais le charisme d’Herdonia aura suffi d’une séance du conseil pour convaincre la majorité d’entre eux. Ce dernier avait promis la création d’une nouvelle application révolutionnaire : ifly, qui devait guider les wanmiriens à la recherche d’emplois hors du pays par le biais d’un servi e de transport aérien. Sur le papier, le business plan paraissait excellent, mais dans les faits, le scénario a tourné à la catastrophe. « Herdonia a sous-estimé cette problématique du retard technologique. Et cela lui a coûté cher. » nous dit Fernando Spinoza, courtier en bourse sur la place d’Amstergraaf.
En effet, ifly a été conçue pour être une application de réfugiés vivant dans un pays où le niveau de service des télécommunications est similaire à celui des pays de l’Eurysie de l’est. Hors, à sa grande horreur, Herdonia a découvert qu’il existait des pays où la 4G n’existait pas, et où le téléphone tout court était un produit de luxe. Conséquence, le nouveau service aérien a touché un nombre de clients beaucoup plus faible que prévu. Herdonia a donc tenté une nouvelle approche pour essayer de sauver son opération par le biais d’un nouveau moyen de communication : italk, qui n’est autre que du bouche à oreilles qu’Herdonia Inc a lancé depuis les officies que l’entreprise a ouvert au Wanmiri. Il va cependant sans dire que cette nouvelle « application », si on peut nommer du bouche à oreilles comme cela, n’a pas rencontrer le même succès et ne s’est pas montrée aussi efficace que ifly. Un autre problème étant que la crise que traversait Herdonia ne se réumait pas à cette application.
En effet, Herdonia a également sous-estimé les capacités du pays à supporter et gérer un trafic aérien. Pour cause, le Wanmiri ne compte qu’un aéroport réservé au gouvernement du pays lui-même. Le nombre de vols pouvant supporter des passagers clandestins était donc très limité, et a fait accuser à Herdonia Inc une nouvelle perte importante, ainsi que celle des investisseurs qui ont cessé de voir en ce jeune entrepreneur une poule aux œufs d’or.
Mais rien n’est jamais terminé pour ce jeune requin aux dents longues. « Un échec ne doit pas nous coucher définitivement. Je me relève toujours. » nous dit-il, sirotant tranquillement son café dans un mug Pascal Tiago depuis son bureau. En effet, au cours d’une visite de quelques jours au Wanmiri, le jeune homme a pu se rendre compte de la fausse piste dans laquelle il avait été embarqué. « J’étais complètement à côté de la plaque, limite en dépression. C’est là que je me suis rendu compte de mon erreur. J’essayais de faire partir des wanmiriens vers un horizon meilleur, alors qu’il suffisait juste d’améliorer leur quotidien au Wanmiri. Ce qui avait l’avantage d’être moins cher pour moi. J’y ai découvert un nouveau secteur économique : la correction de courriers diplomatiques. Et j’y ai vu une brèche. »
Correction de courriers diplomatiques. Sous cette appellation curieuse se cache un secteur d’activité particulièrement développé au Wanmiri. En effet, plusieurs entreprises du pays se consacrent pleinement à la réédition de toutes sortes de documents émis par les gouvernements du monde. Correction, relecture, réedition…ce business, se chiffrant à plusieurs centaines de millions de florius par an au Wanmiri, a définitivement tapé dans l’œil d’Herdonia. « C’est là que j’ai décidé de rediriger toute mon activité au Wanmiri dans ce secteur. J’y voyais un potentiel d’amélioration du marché déjà existant, des facteurs de rentabilité que ces dernières ne percevaient pas. Par exemple, pourquoi payer un fort salaire pour un travailleur déjà formé à ce type de compétence quand on peut faire nous-même la formation en interne pour beaucoup moins cher. »
C’est ainsi que commença la deuxième vie d’Herdonia Inc au Wanmiri. Rachat d’officines déjà existantes afin de se saisir du savoir-faire local et recomposition de la masse salariale en perspective. Très rapidement, Toni Herdonia nous fait part de cette réflexion : « J’avais remarqué deux choses en arrivant ici : le code du travail est très lacunaire, et dans la rue, il y a des milliers d’enfants qui meurent de faim. Il était hors de question de laisser passer ça, je n’ai pas fait de l’humanitaire en Okaristan pour voir des enfants souffrir ici. Alors je me suis dit : pourquoi pas les former et les employer ? »
C’est ainsi que Herdonia Inc s’est saisie de la main d’œuvre la moins chère du marché wanmirien. « Au terme d’une formation de quelques mois, ces gamins savent corriger un texte aussi bien qu’un adulte, croyez-moi. ». Depuis, les ateliers velsniens au Wanmiri semblent tourner à plein-régime, toujours sur le modèle de la franchise imposé en Okaristan par le jeune entrepreneur. Ainsi, aucun atelier n’appartient réellement à Herdonia, et tous se contentent de payer le prix d’une franchise et d’emprunter son nom afin de gagner en visibilité dans leur activité.
Nous avons enquêté sur place pour rendre compte auprès des velsniens de ce commerce dont peut connaissent l’existence. Un responsable nous montre le résultat du travail, et la liste de pays qui font commande auprès des correcteurs du Wanmiri : « Regardez ça. C’est une missive de Montlaval. Eux, ce sont vraiment des bons clients, leur langue est très éloignée du standard international. Ils ont tendance à écrire « traiter » pour parler d’un traité de paix, incroyable. ». Interrogé sur le bien fondé moral de faire travailler des mineurs 12 heures par jour, l’intéressé nous répond : « Vous savez, ils sont bien mieux ici que dans la rue. Croyez-moi. Non, nous sommes une entreprise éthique, leur salaire est à peine 50% inférieur à la moyenne du Wanmiri car ils sont considérés comme des stagiaires. ».
Le jeune entrepreneur de Velsna nous a déjà confié son vœu d’introduire cette activité en bourse. Il nous est permis de spéculer sur son retour en grâce auxprès des investisseurs de la cité, tant ses idées vont et viennent.