21/02/2015
16:31:33
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La vie de Paul, un jeune garçon en zone royale

Toutes les journées commencent de la même manière pour Paul, jeune garçon brun aux yeux noisettes de taille et corpulence moyenne, âgé de 9 ans habitant dans le village de Govi, raïon de Dornogovy, en zone royale.

Le soleil se lève, le coq du village chante et réveille toute la petite famille. Paul dort à même le sol, sur une simple paillasse dont le rembourrage n'a pas été changé depuis des années. Comme tout le monde ici, quelques vieilles loques de tissus sommairement cousus et raccommodés lui servent de couverture. Il n'était pas rare, lors d'un geste un peu trop brusque, que son pied déchire la loque et passe à travers le tissu rapiécé. Il dort donc tout habillé, des habits qu'il a portés hier, qu'il portera demain, après-demain et ainsi de suite.

A côté de lui, dort sa petite sœur de 6 ans, Louise, elle aussi dort sur une simple paillasse légèrement mieux rembourrée. Elle porte également les mêmes vêtements depuis plusieurs jours et nuits, sans les changer. Il faut dire que personne ici ne vend de tissus et encore moins de vêtements. Il y a bien un lavoir public mais l'eau est si croupie qu'elle salit plus les vêtements qu'elle ne les lave.
Le peu d'eau disponible, obtenue par un profond puis est bouillie pour la consommation humaine. Ainsi, si l'on a soif, il faut aller au seul puis du village, où il y a forcément du monde qui attend, puiser l'eau au fond avec des seaux et cordes hors d'usage. Il n'est pas rare qu'une corde lâche ou qu'un seau casse alors qu'un villageois l'utilisait. Après celà il fallait ramener cette eau, encore impropre à la consommation, chez soi pour la faire bouillir et la rendre ainsi un minimum potable. Certains avaient bien essayé de récupérer l'eau de pluie mais elle aussi est impropre à la consommation à cause de l’air pollué par les usines chimiques de Maran.

Dans la même pièce aux murs lézardés de fissures, au toit rongé par l'humidité et au sol poussiéreux, se trouvent également la paillasse de ses parents, Valérian, de son vrai nom Mathieu, et Laure. Ses parents possédaient avant la guerre un beau corps de ferme, dans la campagne de Govi avec plusieurs hectares de champs aux alentours, de belles machines et 2 ouvriers. Avant la guerre, ils vivaient paisiblement, dans la tranquillité du travail des champs. Mais tout à changer avec l’arrivée de Geremia, quelques mois après son élection, leurs plus belles machines ont été réquisitionnés par l’Etat et envoyés dans une ferme collective à plusieurs centaines de kilomètres de Govi. Fervent catholique, ils ont également dû arrêter d’aller à l’église et brûler, sur la place du marché de Govi, tous leurs objets en lien avec la religion, Mathieu a également dû changer de prénom. Après cela, c’est au tour de leurs champs d’être accaparés par l’Etat pour être transformés en ferme collective. Ils ont alors été contraints de travailler pour le profit du gouvernement, sur leurs propres terres, mais en conservant encore leurs maisons.

Ils ont également été contraints de faire des enfants, malgré le contexte difficile pour essayer de garder leur maison, c’est pour cela que Laure a mis au monde 4 enfants : Olivier en 1995, Ariane en 1998, Paul en 2001 et Louise en 2004. Mais cela n’a pas suffit et leur maison a été à son tour réquisitionnée par l’Etat, pour peu de temps puisqu'elle sera totalement détruite par un incendie quelques jours plus tard. Ils ont été logés, tous les 6, dans une pièce de l’ancienne maison de la culture de Govi, avec 13 autres familles, dans d'autres pièces de la maison.

Après s'être réveillé, il mange lentement, pour essayer de calmer la faim, quelques morceaux de pains raci, quelques fruits sauvages trouvés ci et là et un bol d’eau chaude, dans laquelle trempe quelques feuilles de menthes, trouvé par sa mère il y a quelques jours et qui ont déjà servi la veille, et qui ressortiront demain.

Après ce maigre repas, il prend ses affaires de cours à la main, n’ayant pas de cartable, emmène sa petite sœur avec lui et sort de la pièce, qui sert de foyer à toute la petite famille. En sortant de l’ancienne maison de la culture, Paul et Louise font face à une immense scène de désolation quotidienne, la rue n’existe plus en tant que telle. C’est juste une immense bande de terre, qui se transforme en boue collante en hiver et en pierre poussiéreuse l’été. En ce moment, c'est le printemps, alors la terre est relativement sèche et peu poussiéreuse. C'est certes le printemps, mais ce n'est pas pour autant que la nature s'éveille, ici, à Govi, comme partout ailleurs, l'environnement est stérile. Tout ce que la guerre civile n'a pas détruit, l'Etat communiste s'en est occupé. Les sols, autrefois fertile, ont été lessivés, meurtris, taris par des années d'agriculture ultra intensive, de labourages intempestifs et d'usage disproportionnés d'engrais chimiques. La belle nature environnante d'autrefois n'est plus, il n'y a la place qu'une immense étendue de terre sèche, craquelée, morte... Le "pays vert" n'est plus. Fini les grandes forêts de résineux, les immenses plaines recouvertes d'une grasse herbe verdoyante, les cours d'eaux aussi limpide que du cristal... Tout cela n'est plus. La guerre civile a tout détruit, brûlé, saccagé, pollué...

Paul et sa soeur ont encore la chance de pouvoir aller à l'école, enfin, si on peut appeler ça une école. Paul dépose d'abord sa soeur à ce qu'il reste de la mairie de Govy. Autrefois, la maison commune était avec l'église et les halles du marché, un des plus beaux bâtiments de ce riche village d'agriculteur, mais malheureusement, la mairie a été incendiée par des militants républicains au début de la guerre civile. Toute la charpente et le 2nd étage de la mairie ont été détruit par les flammes et par la suite se sont écroulés sur le premier étage, qui a été détruit à son tour. Dorénavant, seules quelques pièces du rez de chaussée sont utilisables, même si elles sont encore recouvertes de la suie de l'incendie, au plafond pourri, laissant passer la pluie en autonome et la neige en hiver, sans oublier les fenêtres tantôt inexistante, tantôt aux carreaux cassés ou absent. C'est dans ce décor désolant que 3 vieilles dames, d'anciennes professeures, essayent tant bien que mal d'éduquer et d'instruire les filles, de 3 à 18 ans, de Govy.

Quant au petit Paul, il se rend dans les ruines de l'église de la commune, incendiée par l'armée royale lors des "Actes de prospérité" de Geremia. L'église était, avant la guerre, un des plus beaux bâtiments de Govy, un bel édifice en brique et pierre de taille doté de magnifiques vitraux vieux de plus de 300 ans. Mais tout cela a été détruit pendant la guerre, les vitraux ont été soufflés et sont perdus à jamais, la riche décoration intérieure : les statues, les retables, les stales, la chaire en précieux bois sculptés ont été perdus lors d'un incident criminel, sans doute causé par les soldats royaux.
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