21/02/2015
19:32:18
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Tranches de vies sylvoises

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Les mines, ou creuser son chemin vers les enfers.


Le dernier plan de développement du Duché annonçait de nombreux débouchés pour l'ensemble des sylvois. Les collectivistes des régions rurales s'étaient empressés d'en tirer profit pour mettre en place leurs coopératives tant recherchées. Il faut dire que l'exploitation minière avait tout les critères pour répondre à cette opportunité, en nécessitant aussi peu de matériel que de savoir faire. Il suffisait de rassembler des ouvriers motivés avec des pioches et pelles et creuser dans le sol. La seule réelle compétence requise concernait la prospection, sous-traité aux experts en géologie mandatés par la Duchesse.

Mais, si la description du travail de mineur a l'air accessible, son application mal préparée est un plongeons dans les abîmes, dans tous les sens du terme. Creuser était simplement mettre des coups de pioche et pelle dans la terre, et c'était déjà loin d'être simple. Cela représente un effort important, dans le climat tropical de Sylva, où se plaisent les moustiques qui mettent en général quelques secondes à répondre à l'odeur de la sueur. La canopée offerte par les forêts a au moins la décence de protéger du soleil, mais les racines qui viennent avec sont une difficulté supplémentaire. Rien que là, le mineur doit s'accoutumer à son labeur, creuser, remplir des seaux, les vider ailleurs. On s'organise en chaine, réparti le travail, durant des heures et des heures, chaque jour. Ça demande une bonne condition physique et de la pratique, et beaucoup de jeunes hommes qui se pensaient en bonne santé ont été confrontés à une dure réalité : ce sont de gros sacs.
Et là les ainés ne sont pas en reste, malgré leur stature de quinquagénaires endurcis, ils sont au début loin de dépasser l'heure d'exercice avant d'avoir besoin d'une généreuse pause. Creuser avec des outils aussi rudimentaire est éprouvant.

Et il ne s'agit là que de la première réalité de l'excavation, la deuxième est que cela est loin de ne nécessiter aucun savoir faire. Creuser un trou de quelques mètres est déjà une tâche difficile, mais il faut le consolider après autrement la première pluie ruinera les efforts (et la vie d'un homme). Et de ce puit il faut faire partir d'autres boyaux dans diverses directions, donc creuser contre la paroi sans qu'elle ne s'ébranle. C'est en soit l'occasion de développer d'autres coopératives dédiées à apporter les ressources nécessaires : poutres et planches sciés encore une fois avec les outils à la disposition d'une population rurale. Mais les travailleurs persévèrent, bercés par le rêve du bauxite. Des familles entières s'articulent autour de cette activité : le père creuse, les fils portent les seaux de terre, les filles et mères portent l'eau et le repas.

La troisième réalité que tout le monde connaissait mais préférait feinter ignorer, est le risque. Se blesser avec un outil est le moins pire. Le second pire accident est de se retrouver sous un éboulis, écraser sous une lourde masse de terre une fois que le renfort en bois a cédé.
Le pire accident est d'être coincé de l'autre côté de l'éboulis. C'est LOIN d'être facile de juste creuser au travers l'amas de terre pour rallier le tunnel où est condamné un mineur. C'est n'est pas pratique de s'encombrer de bouteilles d'eau et de piles pour les lampes torche, de toute façon l’asphyxie arrive bien plus vite que les secours la plupart du temps. Avoir des vivres supplémentaires n'apporterait rien.

La quatrième réalité est que le bauxite en l'état de vaut pas grand chose en l'état. Il y a toute une chaine de production qui doit suivre, apporter sa valeur ajoute, et prendre sa part. Trop nombreux sont les travailleurs à s'imaginer piocher des lingots d'or prêts à être mis sur le marché, trop sont déçus. Les mineurs cherchent au hasard dans les filons. Les géologues leurs indiquent s'il y a des traces d'aluminium dans la région, mais ne disposent pas de senseurs à bauxite. Il faut creuser, un peu au hasard, un peu avec méthode pour quadriller avec efficience, couvrir un maximum de volume avec un minimum d'efforts, ne pas risquer l'effondrement, ne pas manquer de gisement.
Fer, aluminium, nickel, chrome, cobalt, molybdène, tantale, vanadium, hafnium, tungstène, tant de petits trésors que l'on peut trouver dans ces cailloux, alors on creuse, on ramasse, on transporte et on envoie à la fonderie qui estime la valeur du lot.
C'est d'autant plus vicieux que les familles entières s'impliquent dans ces projets, que l'entièreté de leurs revenus en dépendent. Entrer dans la mine, c'est ne plus en sortir.

Bercé de rêves, réveillé par la réalité, Thomas Delafontaine plongeait dans les entrailles de gaïa comme d'habitude. Svelte et athlétique du haut de ses dix sept ans, habitué aux travaux manuels, il tenait raisonnablement bien les efforts. Il rampait à moitié dans la galerie, creuser plus haut était perdre du temps. Il mettait de petits coup de pelle, remplissait de terre un seau passé par Jérémy, sont cadet de douze ans. Creuser, consolider, creuser, il répétait le processus interminable. Il voyait à peine, non pas que la lampe torche fournissait peut de lumière, mais elle avait un angle réduit lorsque tenue entre les dents.
Thomas fut pris d'une bouffée de stresse, un frisson terrible et dévorant dont on ne tire pour seule pensée « merde, j'aimerais revenir de quelques secondes en arrière ». Il lui fallut du temps pour ressentir la douleur, seulement après que la première bouffée d'adrénaline se dissipa. Se retourner demandait de se contorsionner, car mal consolidé, le plafond s'était effondré sur ses jambes. Il hurla, pour lui, pour sa famille, et pour Jérémy. Il était juste derrière lui ? Il était déjà parti avec son seau ? L'attente se fit dans l'ignorance du sort de son frère, il ne restait plus qu'à attendre.

Trois court, trois long, trois court, signal de détresse universel, ou l'inverse ? Trois long, trois court, trois long ? Qu'importe, il fallait juste éviter un bruit irrégulier s'apparentant à un autre éboulis, autrement c'était taper, taper, et taper pour qu'on l'entende. Il n'avait rien d'autre à faire, à part peut être geindre de ses jambes sous l'emprise de trois tonnes de terre et roches.
Il se taisait, hurlait, pleurait, et recommençait. Cloitré dans trois demi mètres cube, il n'avait rien d'autre à faire. Il attendait dans l'obscurité totale, après avoir fracassé sous la colère sa torche à coup de pelle. Au bout de trente minutes, ou deux heures ? Le temps ne semblait plus faire sens et de toute façon il allait s'en extraire. Au bout de ce qui aurait pu être trente minutes ou deux heures, il commençait à suffoquer. L'oxygène se raréfiait, le gaz carbonique envahissait la cavité. C'était un processus long et la répugnance naturelle du corps pour le dioxyde de carbone se manifestait progressivement, avec une intensité croissante. Il avait terriblement chaud, il était trempé de sueur, ses jambes n'était plus qu'un volume de souffrance connecté à son corps.

L'étouffement était de plus en plus insupportable, il commençait à délirer, le rêve se mélangeant à l'obscurité.
Non !
Non il les étendait ! Distinctement, était perceptible le bruit des pioches ! Sa famille venait le secourir ! Juste un dernier effort, tenir encore dix minutes, se manifester, taper à rythme régulier, gratter la terre, on allait l'extraire de cet enfer !



Il avait fallut quatre heure aux Delafontaine pour retrouver Thomas. Ses jambes était parsemées d'hideuses angulations, recouvertes d'une carapace de terre et sang séché. Il avait arraché ses ongles contre les gravats dans ce qui semblait être un élan de panique.
Sa mère Elsa avait pousser un long hurlement quand son mari avait extrait son fils ainé. Elle s'effondra, frappa son conjoint.

« C'est toi ! C'est toi qui nous as emené dans cet enfer ! »
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Que ce soit sous forme de roulottes ou petites boutiques, les sandwicheries sont une part intégrante de la culture sylvoise. Et il ne faut pas se fier qu'au nom, puisqu'on y sert également les très locaux agouloux et bokit appréciés aussi bien par les sylvois que les touristes. Les sandwicheries sont de véritables points de rencontres, supplantant presque les bars, cafés et buvettes dans le domaine. Ce sont des lieux informels sans artifices ou apparats où doit se mélanger le plus les sylvois et mounakaz. L'hygiène y est souvent douteuse, chose complètement tolérée. “C'est comme” ça, nombreux disent d'ailleurs qu'on n'a pas vraiment mangé un agoulou si sa viande n'a pas été cuite dans un “fétou” bien crade n'ayant pas été nettoyé depuis un moment. De toutes façons les roulottes qui distribuent des indigestions et intoxications se font vite connaître, puis oublier quand elles disparaissent dans le désintérêt le plus total.

Ce matin-là, Jonathan Deuxloups rejoignait l'arrêt de bus comme tous les matins pour aller travailler. Il se joignit à la cabanne à sandwich à proximité en attendant le transport, où il était bien connu. Le tenant l'interpella aussitôt une fois qu'il en eut fini avec le dernier client.

-Alors Léblan, ki jan aw ?

“Léblan”, littéralement “le blanc” était le surnom donné à Jonathan. Cela n'avait strictement rien de péjoratif, juste que c'était un milieu très mounakaz avec une ascendance autochtones tandis que Jonathan était un descendant de colon eurysien. Si le temps laissait se mélanger les deux ethnies, il n'y avait pour le moment pas une énorme mixité. Du coup il se faisait appeler “Léblan” de la même façon qu'il se serait fait surnommer “Légran” s'il avait dépassé les deux mètres, parce qu'il tranchait sur ce point avec les autres habitués de la cabane.

-Nou fey alé, répondit Jonathan dans un kréole assez maladroit, et toi Hérisson ?

Ainsi se surnommait le tenancier. En fait, Jonathan ignorait tout autant son vrai nom que la raison de son surnom. C'était Hérisson qui distribuait ainsi des surnoms, les imposant même, à tous les habitués. Maintenant il parlait dans un kréole à peine articulé qui forçait Jonathan à être très attentif pour comprendre. Il n'était déjà pas très à l'aise avec le kréole sylvois, vivant dans un milieu très eurysien, mais en plus Hérisson ne lui facilitait pas la tâche.
La discussion se poursuivit avec légèreté tandis que d'autres clients arrivaient. Bien connu et avec leurs surnoms, on comptait Bras Vert, Bras Jaune, Sergette (lui son prénom c'était Serge, mais Hérisson le taquinait en l'appelant comme ça et en insistant pour que tous le monde le fasse), Mal Kochon, Krabe. On prenait le sandwich matinal, pour commencer la journée et prendre des forces. Finalement le bus arriva et Jonathan s'éclipsa en saluant tous le monde “Allez j'y vais, bonne journée les hommes !”.

Passé neuf heures, l'affluence se calmait et Hérisson pouvait souffler, et franchement s'ennuyer. Il adorait discuter avec tous les passants qu'il connaissait, du coup en attendant que d'autres s'arrêtaient, il hélait les gens en voiture qu'il reconnaissait. C'était juste avant un rond-point, la circulation n'était pas des plus rapides, il était presque impossible d'échapper aux obligatoires salutations en passant devant lui.

C'est vers onze heures que l'affluence reprenait au plus grand bonheur d'Hérisson. Il n'était pas dans un quartier industriel, mais plutôt proche d'une zone touristique avec un point de baignade. C'est donc essentiellement des touristes qu'il accueillait vers midi. Là, peu de gens qu'il connaissait, mais en avait-il besoin pour se montrer exubérant et blagueur ? Dans les zones d'activité avec des ateliers ou bureaux, les roulottes comptent bien davantage de travailleurs venant durant leur pause de midi.

Le reste de la journée s'écoule ensuite assez vite pour le cuistot jusqu'à la soirée. Là, il sert aussi bien des habitués rentrant du travail que des touristes en pérégrination. Ses horaires sont longs, débutant aux premières heures quand les gens vont travailler, et terminant bien tard une fois les derniers touristes passés. C'est éprouvant, mais les creux entre les heures de repas le laissent reprendre son souffle.

Ainsi se déroulait une journée typique d'un vendeur de sandwich, aussi informelle que bien rodée.
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Hélène Langoustine travaillait dans l'un des trois services anti-corruption du Duché, plus précisément dans le service de corruption. La doctrine sylvoise sur la question est simple : un fonctionnaire exposé à une tentative de corruption doit l'accepter et la rapporter à sa direction, qui le récompensera à hauteur des implications tout en répondant de façon adaptée au problème. Et pour s'assurer que les agents du Duché aient tous l'intérêt de le faire, ils sont régulièrement soumis à des tentatives de corruption par les services anti-corruption. En cas de manquement à la procédure, ils sont alors dénoncés et sanctionnés (parfois après ce qui est mis en scène comme une enquête prétendant qu'il s'agissait d'une véritable corruption et non une mascarade).
Les avantages étaient multiples : potentiellement donner l'illusion aux fonctionnaires que la corruption se sait à terme, qu'ils ont davantage d'intérêts à la dénoncer que s'y plier, et qu'ils ne soient jamais certains qu'ils ne s'agissent d'une véritable tentative de corruption ou d'un piège.

Et s'il y avait trois services de renseignement, c'était simplement pour les mettre en concurrence, chacun essayant de corrompre les agents de l'autre. En effet, les tentatives réussies de corruption étaient récompensées également, de façon à motiver les services à redoubler d'ingéniosité pour y arriver.
Et il faut dire qu'il en fallait, de la ruse, pour parvenir à ce qu'un piège n'ai pas l'air de ce qu'il est. Uniquement aller voir un fonctionnaire avec une valise de billets était assez grossier et, si c'était en réalité encore tenté, ça ne fonctionnait presque jamais. De plus, existent déjà des dispositifs de contrôle et encadrement dans l'administration sylvoise, avec des mesures de protection des lanceurs d'alerte. Dès lors, une tentative de corruption doit passer entre les mailles des dispositifs existants tout en étant crédible.

C'est pour cela que la corruption se faisait au final avant tout sur l'affect, et là Hélène avait deux bonnes cibles chez qui étaient identifiés de très importants points faibles. La première était Thomas Marchand, directeur en second du service comptable du Bourg des Mahoganys. L'homme avait trompé sa femme avec une subalterne, ce qui le mettait doublement en mauvaise posture puisque l'exposant à un divorce et les retombées sur sa réputation de ce manquement déontologiques.
La seconde cible était Johana Leboeuf, une agente d'un service anticorruption concurrent et donc une rivale qu'elle prendrait un plaisir à incriminer. Elle avait fait suivre ses enfants et connaissait

Le mode opératoire était généralement le même : elle se constituait une équipe de complice par l'intermédiaire desquels elle opérerait. C'étaient habituellement des agents de terrain eux aussi formés pour cette mission, à qui on pouvait éventuellement changer de façon drastique l'apparence pour éviter qu'il ne soit à terme reconnu. Changer leur coiffure, couleur de cheveux et style vestimentaire suffisait la plupart du temps à les rendre méconnaissables et éviter qu'on ne les connaisse dans les services administratifs comme des agents anticorruptions.

Dans un second temps, il fallait faire pression. Pour Thomas, elle se contenta sobrement de lui envoyer par message plusieurs photos compromettantes de lui avec sa maitresse, en menaçant de les divulguer s'il n'opérait pas secrètement un détournement de fonds très spécifique pour favoriser un service de la ville. Cette fraude s'inscrirait théoriquement dans des appels d'offres truqués pour enrichir certaines entreprises, en allouant par exemple un budget plus important que nécessaire dans la rénovation de l'éclairage pour contenter un fournisseur.
La tactique marcha à merveille et Thomas céda et appliqua avec brio ce qui lui avait été demandé. La chose passa complètement outre les dispositifs d'encadrement internes du service. Thomas ne rapportant pas la manœuvre telle qu'il était attendu de lui, Hélène le dénonça avec preuve à l'appui, mais effectua même un rapport incriminant le service comptable pour la faiblesse de ses mesures de vérification et supervision qui avait laissé passer une telle chose. Après tout, son service servait à semer la paranoïa vis-à-vis de la corruption chez les fonctionnaires, mais ne pouvait enquêter derrière sur les véritables actes de fraude, et les premières mesures de prévention étaient celles appliquées par les administrations elle-même. Thomas avait eu une liberté totale dans son exaction, aucun compte à rendre, aucune vérification. C'était particulièrement douteux et laissait à penser que d'autres tentatives réelles pour soudoyer un responsable auraient très bien fonctionné. Il fallait donc enquêter pour vérifier que rien de suspect ne soit passé.

Pour Johana, elle monta une véritable opération de prise d'otage, faisant ses agents débarquer chez elle tel que l'auraient fait de véritables criminels. Tout en menaçant de s'en prendre à ses enfants si elle ne collaborait pas, on lui donna des directives pour récupérer des informations sensibles de son service. Cette sordide manœuvre était parfaitement calibrée, avec diverses mesures pour perpétuellement la mettre sous pression et exiger d'elle des résultats. Johana s'y plia sans résistance, respectant à la lettre les ordres qui lui étaient donnés le lendemain... puis un communiqué de son agence fut transmis aux deux autres services anticorruptions : Johana avait dénoncé les preneurs d'otage quand bien même elle continuait de suivre leurs directives, et une opération spéciale était déjà en cours pour secourir ses enfants et neutraliser les criminels. Dès lors si l'opération était l'oeuvre d'un des autres services, elle devait immédiatement être annulée.

Ayant échoué, Hélène transmit à ses complices la directive de mettre fin à l'opération et se rendre aux unités spéciales qui arrivaient déjà. Une enquête fut menée pour vérifier le bon respect des procédures, et l'honnêteté de l'instigatrice de cette mascarade pour s'assurer qu'elle ne prévoyait pas quelque chose de véritablement douteux.
La déontologie de l'agent fut questionné : était-ce correct de mener une opération aussi violente pour éprouver la fiabilité d'une agente, ou plutôt, de s'en prendre à des proches qui n'étaient en rien engagés à quoique ce soit ? Hélène se défendit naturellement en indiquant qu'aussi extrême soit cette simulation, Johana et tous les fonctionnaires de Sylva étaient exposés à ce genre de risques et devaient non seulement s'y préparer, mais également l'accepter. Elle se permit même de critiquer le manque de prévention de Johana auprès de ses enfants, absolument pas préparés à un tels traumatismes.

Cette explication fut catégoriquement refusée, puisque l'on parlait là d'enfants qui se retrouvaient impliqués, et Hélène ainsi que ses complices furent sanctionnés en conséquence. N'était pas rapproché la pression qu'ils avaient infligée à Johana, mais seulement le choc auquel avaient été exposés les enfants. Il s'agissait là d'une agression, un acte trop grave avec des conséquences bien trop importantes pour être tolérés même par les services d'anticorruption. La mère de famille et ses enfants furent donc dédommagés, et surtout, accompagnés pour s'en remettre. On félicita aussi le professionnalisme de Johana qui avait eu une parfaite maitrise de la situation et respecter tel qu'il se devait les procédures.

Plusieurs retours d'expériences furent malgré tout tirés de ces deux opérations :

-Concernant Thomas, il était mis en avant le manque de prévention vis-à-vis des mesures de protection des agents face à la destruction de leur réputation. En effet, le fonctionnaire n'était pas dans un rapport gagnant en dénonçant la tentative de corruption. Soit il acceptait de dénoncer et avait la certitude de voir sa réputation détruire, soit il se pliait à la fraude et, peut-être, n'était-elle pas l'œuvre des services anticorruption et, conséquemment, les images non dévoilées.
Les groupes d'idée se penchèrent donc sur la question pour mieux gérer ces cas de figure et assister les individus exposés à ce genre de pression.
Le laxisme de certains services était également mis en évidence, mais le sujet déjà abordé, il n'y avait pas grand chose à ajouter.

-Au sujet de Johana, c'était plutôt sur le service anticorruption même que des questionnements étaient émis. Il était impensable de laisser autant de liberté d'action aux agents qu'à des criminels, d'une part parce que c'était une agression envers des enfants, et par ailleurs parce que la chose aurait pu terriblement dégénérer.
Toutefois, il fallait rester lucide : les enfants et la famille en général restaient des points de pression qu'il fallait sécuriser. Cette fois là, la prise d'otage était restée dans la maison familiale, mais que se serait-il passé si les enfants avaient été déplacés en un lieu inconnu ? Johana n'était déjà pas dans un rapport spécialement gagnant, risquant la vie de ses enfants en faisant intervenir les forces spéciales (que ce soit ou non une véritable tentative de corruption). Mais le rapport aurait pu être définitivement perdant si les enfants étaient emmenés hors de portée des forces spéciales et là, Johana aurait eu mieux fait de risquer la prison plutôt que la vie de sa famille.
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