11/05/2017
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Grand Kah / Duché de Sylva, rencontre entre Actée Iccauhtli et Ambre Récifjaune [Terminé]

Suite à la crise économique et industrielle ayant frappé le Grand Kah, conséquemment à l'agitation au pharoise ayant occasionné le blocage de cargos apprêtés eux, la représentante des grands groupes privés Ambre Récifjaune avait pris contact avec le Grand Kah par l'intermédiaire de la Citoyenne Actée Iccauhtli. L'objectif assumé de la sylvoise était de saisir les nouvelles opportunités économiques qui en découlaient, en achetant les produits Kah-tanais normalement destinés aux cargos pharois, et vendant ce qu'ils étaient réciproquement censé fournir. De là devait s'opérer un échange mutuellement bénéfique visant à au moins partiellement amortir les dommages et perturbations économiques, et effectuer un premier rapprochement entre les industries des deux nations.

Une rencontre entre les deux représentantes fut planifiée du 14 au 16 Mars 2011 de façon à discuter de plusieurs points, notamment la nature des échanges, leur importance, et les voies commerciales à établir pour assurer le transport matériel.

N'étant pas une représentante gouvernementale ni même membre de la noblesse, Ambre ne pu se permettre aucun tapis rouge ni orchestre pour accueillir la citoyenne Kah-tanaise. Cette rencontre ne se fit pas pour autant en toute sobriété, et c'est une limousine (importé, vu le faible niveau de l'industrie automobile sylvoise) qui réceptionna Actée une fois que la représentante sylvoise vint à sa rencontre pour l'accompagner à la sortie de l'aéroport. Parallèlement, un majordome récupéra ses bagages pour les transférer à un hôtel renommé de la capital. Après un voyage rapide, ponctué par des discussions banales et échanges de politesse protocolaires, madame Iccauhtli et son interlocutrice arrivèrent au « Manoir des Dupoulailler ». L'édifice appartenait à la maison éponyme, gérant une société de gestion de fond toujours au même nom. C'était le symbole absolu de toute la bourgeoisie libérale et capitaliste de Sylva, dont le style était une évolution de l'architecture traditionnelle sylvoise à base de pierre et bois, cette fois ci complétée d'ailes aux géométries plus simples et monochromes.

Ambre accompagna Actée jusqu'à une confortable salle de réunion où attendaient de grandes figures bourgeoise de Sylva, actionnaires majoritaires des plus grandes sociétés privées. Le Manoir des Dupoulailler était l'endroit parfait pour discuter de ce genre de sujet avec ce genre de personne. Madame Récifjaune prit la parole.

-Bonjours à vous mesdames, je vous présente la citoyenne Actée Iccauhtli, qui représentera le Grand Kah dans les discussions d'ordre commercial que nous allons aborder aujourd'hui. Je rappelle à titre indicatif que les sujets du jour incluent les secteurs sur lesquels nous entretiendrons des échanges, le protocole que nous aborderons avec notamment les mesures douanières et protectionnistes, et les axes de circulation à établir.
Je me permet déjà de revenir sur le deuxième point pour madame Iccauhtli, et le troisième pour les investisseuses ici présentes. La question douanière sera approuvée par la Haute-Assemblé, qui compte nobles et élus. Nous définirons en premier lieu les normes souhaitées et tolérées par le Grand-Kah, avant que nous ne formalisions la question avec la Haute-Assemblé. La question logistique devra également avoir sur certains points l'approbation du Duché, mais relève déjà davantage du privé. Rappelons que plusieurs axes étaient envisagés, le premier et plus conséquent étant celui des chemins de fer suivis des axes routiers, et finalement davantage à un titre culturel, viennent les axes par voiliers le long des côtés ou en bateau par les fleuves joignant nos deux pays.

La représentante se tourna vers l'invitée Kah-tanaise

-Sur ces trois points, souhaitez vous commencer par un en particulier, ou pouvons nous suivre l'ordre que j'ai déjà cité, à savoir les secteurs concernés par les échanges ?
M’y voilà, considéra platement la kah-tanaise losqu’elle passa le seuil du salon, sa mallette en main, en veste choisie pare Rai sur les épaules. Seule face à ce que nos voisins comptent de plus vil et de plus achetable.

Elle leur offrit un sourire parfaitement aimable puis s’installe avant de lancer un regard désinvolte en direction de son interlocutrice. Sortant un assistant électronique de sa poche, elle croisa les jambes et fit nonchalamment mine de vérifier quelque-chose avant de répondre d’un ton égal.

– Ma foi, autant procéder par ordre. Le Grand Kah, comme vous le savez, a besoin de fournisseurs. Notre économie prétend à l’autarcie mais nous savons tous qu’une économie moderne et technique ne le savons pas.

Elle eut un petit rire.

– Des droits douaniers favorables suffiraient à ce que le marché aspire à celui ce dont il a besoin, mais nous pouvons procéder avec méthode et éviter toute concurrence déloyale pour vos industries, par exemple, en visant spécifiquement les secteurs clefs. Nous concernant c'est bien simple, nous avons besoin de matières premières. Fibres, minerais métallifères et caoutchouc, matières plastiques et produits chimiques inorganiques, fer, acier, métaux non ferreux, sable.

Ce que nous pouvons vous apporter, maintenant, ce sont des produits manufacturés de pointe ou représentant une manne incompressible : machines et appareils industriels, appareils optiques, instruments scientifiques, machines et appareils électriques, générateurs, modernes, centrales, véhicules industriels et de constructions ainsi que routiers, ordinateurs et calculateurs, produits médicinaux et pharmaceutiques, plastique traité et produits chimiques industriels. Nous exportons aussi de l'énergie, et les connaissances nécessaires pour en construire, et divers produits de luxe y compris importés de nos communes exclaves. Monstres, épices et produits rares, vêtements de haute qualité, et produits culturels de tout ordre. Cette lise est non-exhaustive et des détails sont disponibles sur les espaces publics de nos commissariats dédiés à l’exportation, mais je crois qu’il s’agit des potentiels marchés Du Duché qui jouiraient le plus d’une coopération transfrontalière.
Ambre cligna des yeux à la mention des monstres. Lapsus ? Mauvaise compréhension de sa part, elle n'osa pas vraiment insister sur ce point. Par contre elle était ravie d'entendre le reste, avec d'un côté le marché florissant du secteur primaire sylvois qui saura trouver acheteur, et parallèlement la possibilité de prendre de l'avance sur le secteur secondaire en important des produits manufacturés et outillages.

-Voila qui devrait parfaitement correspondre à nos capacités. Sylva pourra en effet répondre à cette demande de matière première dont la production va croître prochainement. Nous sommes une vaste nation conséquemment riche en ressources et une industrie encore légère, autant dire de quoi fournir ces ressources en quantité.
Concernant les produits que nous importerons du Grand Kah, ils correspondent exactement à nos besoins, à savoir simultanément compenser le secteur secondaire encore jeune, et assurer sa croissance à moyen terme.
Je note notamment la question de la production d'énergie et du savoir faire qui vient avec. S'agit t'il de l'électricité, hydrocarbure, ou les deux ? Dans les deux cas, Sylva prévoit aussi un développement conséquent et paiera très cher des collaboration l'aidant à mettre à niveau son industrie énergétique. Nos besoins dans le domaine vont croître avec le développement du reste de l'activité économique.
Je me permet déjà d'aborder la questions des axes de circulation des marchandises. Bateaux fluviaux et navires côtiers étaient envisagés, mais le gros devra se faire par route et train. Il nous faudra donc commencer par planifier les points de passage. Les villes de Quilchali ou Gabriela Del Sul pourrait servir de relais, l'une ou l'autre étant suffisant de ce côté. Si nécessaire, un second relais pourrait être établis à Munitavà ou Maceio.

L'accent d'Ambre était impeccable lorsqu'elle avait cité le nom des villes. S'était-elle exercé au préalable ou avait-elle déjà les rudiments dans les langues hispaniques ? Ceci dit, elle prononçait parfaitement le nom de ces villes si elles étaient hispanique, qui sait si elles ne se prononçait pas à la française ou japonaise ?
Actée sembla satisfaite. Ce qui, chez elle, signifiait que ses traits un peu ennuyés se déridaient légèrement. Pas au point de sourire, cependant. La représentante de l’union avait la peau grêlée de cicatrices, qui selon elle se voyaient particulièrement lorsqu'elle faisait l'effort d'exprimer la moindre émotion positive.

Elle se redressa un peu dans son fauteuil et saisit d'un verre qu'elle agita mollement.

– Notre continent jouit d'immenses espaces naturels peu peuplés. Il serait stratégiquement inoptimal d'obtenir notre énergie par l'utilisation de ressources rares et polluantes. Elle cligna des yeux. Nous avons des contrats avec la Mährenie et le Farisistan nous permettant d'obtenir du pétrole et du gaz à peu de frais, encore qu'il faut les importer ce qui n'est pas une mince affaire, mais je parlais bien d'électricité. Nous avons d'immenses chantiers hydroélectriques et photovoltaïques en Maronhi. Le coût des chantiers sera rapidement compensé par l'accessibilité de la matière première, si j'ose dire.

Puis elle sembla réfléchir, et se replongea un bref instant dans son assistant personnel.

– Gabriela Del Sul est moins enclavée par la cordillère centrale. Cela étant dit nous avons nous-même organisés de grands travaux pour connecter le sud de l'Union aux communes centrales, et cela prendra quelques temps. Pour le moment le sud risque de représentant un goulot d'étranglement handicapant. Munitavà, au contraire, a déjà une excellente infrastructure et il sera plus simple d'établir un premier raccordement dans cette zone, même s'il sera appelé à devenir secondaire à terme.

La question de l'accent d'Ambre aurait pu passer inaperçu chez un kah-tanais standard. La plupart des habitants de l'Union baignaient de toute façon dans un tel cosmopolitisme qu'on s'habituait, d'une certaine façon, à ce que des kah-tanais de communes différentes ne prononcent tout simplement pas les mêmes mots et noms de la même manière. Actée, elle, avait noté que son interlocutrice faisait un effort, ou était simplement polyglotte. Une qualité, à ses yeux. En Eurysie elle avait rencontrée assez peu d'interlocuteurs capables de prononcer sans fautes des noms de ville hispaniques, lusophones. Seule Quilchali, qui avait conservée son nom nahuatl ne fut pas idéalement prononcée. Une erreur qu'on pouvait bien passée à la représentant en ça que virtuellement personne ne parlait cette langue en dehors des frontières du Grand Kah et du Yuhanaca.
Le sourire de la représentante évoluait subtilement pour passer de poli à franc. Ce léger mais instinctivement décelable plissement des paupières montrait que non seulement la discussion allait dans le sens qu'elle le souhaitait, mais qu'elle appréciait en plus la tenir avec Actée.

-Concernant l'électricité, c'est parfait. Nous avons de gros chantiers de prévus pour assurer les besoins à venir de l'industrie secondaire. Nucléaire, hydraulique, photovoltaïque, héliothermique, et éolien sur le long terme, et avant plutôt thermique sur le moyen et court terme. En effet, notre économie va rapidement croître et nécessiter une adaptation rapide assurée dans un premier temps par des dispositifs plus accessibles. Le charbon est polluant, mais accessible et simple de consommation.
Je note également pour les meilleurs axes de passage pour les flux de marchandises. Sur ce point nous aurons des axes de collaboration envisageables, conjointement avec le Péronas. Il était en effet question de faire appel à eux pour établir un réseau ferroviaire digne de ce nom en Sylva.

Elle prit une gorgée de jus de fruit, tout en invitant son interlocutrice à se désaltérer si elle le souhaitait. Étaient disponibles eau, jus de fruits, et cocktails à base de rhum.

-Il y a d'autres points sur lesquels des collaborations pourront se faire, une fois que nos deux nations auront appris à collaborer. En effet, cela peut prendre du temps en fonction de la concordance de nos cultures du travail et méthodes, et il ne sert à rien de presser les choses.
En tout cas l'un des axes à envisager est la continuité d'un gazoduc et oléoduc planifié pour relier Sylva et le Péronas. Il pourrait continuer son trajet jusqu'au Grand Kah et faire une autoroute d'hydrocarbure pour faciliter sa circulation, voire centraliser son commerce pour plus de facilité.
Et là ce projet pourrait s'additionner à un autre, avec le Duché qui travaille activement à exploiter les gisements pétroliers marins. Nous sommes en pleine phase expérimentale avec une étape de prospection et tout le travail de développement du savoir faire requis, mais nous avançons à grandes enjambées et, si les résultats portent leurs fruits, nous pourrions coupler cette autoroute d'hydrocarbure à une importante collaboration pour exploiter les gisements marins. Le Grand Kah a t'il déjà une expérience notable dans le domaine ?
Les pérons sont des gens très fiables, je ne peux assez approuver votre décision de faire appel à leurs services.

Elle se redressa et raffermit sa prise sur son verre - qui ne contenait que de l'eau - dont elle but une gorgée à l'incitation de son hôte.

Oui nous ne sommes pas pressés. Ce n'est pas comme si nous allions nous réveiller un beau maintenant pour découvrir que ne somme plus voisin. Elle pencha la tête sur le côté et sembla réfléchir, avant d'acquiescer lentement. Les hydrocarbures. C'est compliqué. Le comité actuel représente une convention générale animée par de forts courants écologistes. Pour autant nous avons bien financés le développement de l'industrie pétrolifère et pétrochimique en Mährenie, et la construction d'oléoducs dans la même région.

Elle haussa les épaules.

Il y aura des débats, ceux-là ne devraient pas empêche rune approbation du projet que vous proposez. Et s'il y a assez peu d'exploitations sur le sol continental l'Union, nous avons un important passé en la matière et certaines de nos communes en ont fait l'une de leurs forces. Reaving, en Aleucie, jouit notamment d'importants gisements pétroliers en mer, qu'elle ne se prive pas d'exploiter. Je suis sûr qu'ils seront disposés à vous aider de toutes les manières qui vous sembleront utiles.
-Je prends note, nous prendrons le temps de collaborer sur la question au rythme du Comité. Il s'agira de respecter vos objectifs industriels et écologiques. Je vous remercie par ailleurs de votre recommandation quant à Reaving. Nous pourrons étudier avec eux la possibilité d'une coopération mutuellement profitable.

Elle consulta ses notes sur une tablette tout en s'entretenant avec les autres membres présents. Ils avaient tous participé dans une moindre mesure quand bien même ils restaient discrets. Ambre ne pouvait être aux faits de tous les détails techniques ou financiers, et leurs interventions étaient systématiques bien que brèves sur les questions pointilleuses et les chiffres.

-Bien, il semble que nous ayons étudié tous les sujets à voir, à savoir les questions logistiques, organisationnelles, douanières, collaboratives, industrielles. Nous n'avons pas d'autres points à aborder, en est il de même pour vous ? Si vous, dans ce cas je prendrais congé et vous laisserais vaquer à vos occupations, en vous souhaitant un agréable séjour au sein de notre belle Sylva.
Tout est bon nous concernant. Le Grand Kah n'a rien à ajouter à ce stade.

Elle décroisa les jambes et se leva, saluant Ambre d'un signe de tête. Elle s'attarda encore quelques instants dans le salon pour établir quelques relations embryonnaires avec les différents représentants économiques, puis quitta les lieux. Le rapport pour le Comité serait des plus positif, restait maintenant à espérer que toutes les communes l'entendent de cette oreille... Et que le pays soit un tant soit peu intéressant à visiter en touriste.
La rencontre s'acheva sur ce, laissant l'invitée vaquer à ses occupations touristiques. Elle pouvait notamment choisir entre le bord de mer ou la jungle intérieure, via de gros complexes touristiques ou de petits gîtes et commerces tenus par des particuliers.
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