17/07/2016
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Un séminaire pour l'avenir du solaire [Banairah/Esmea]

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Une grande journée s'annonçait pour le Jaarallah. Ici, à Zagroud, la plus grande cité banairaise de la région, allait se tenir le séminaire pour l'avenir du solaire au Banairah. Rien que ça. A vrai dire, l'événement faisait partie de la stratégie de long terme proposé par le Ministère de l'Energie il y a de çà plusieurs années. En enjeux ? Beaucoup de choses : autonomie énergétique, résilience aux crises économiques et structurelles, primauté technologique, économie de matériaux... L'initiative faisait suite à la publication de recherches confidentielles sur les stocks restants de pétrole au Banairah. On les estimait, en supposant une consommation stable, de plusieurs décennies, entre 60 et 80 ans, une perspective qui, si celle-ci satisfaisait les esprits facilement rassurables, ennuyait les plus prévoyants, poussant plusieurs personnalités publiques à agir dans le sens d'une diversification des rentrées d'argent, mais surtout de matériaux et d'énergie, afin de pérenniser l'indépendance et la force du pays. Les crises des années 1960-1970 l'avaient montré, un capitalisme sauvage ne favorisait que le très court-terme, et les ligues souverainistes du pays comptaient bien s'appuyer sur leur popularité et les soutiens forts de leurs concitoyens pour pousser les groupes industriels et scientifiques dans le bon sens. Le traumatisme était encore frais dans les esprits des anciennes générations, et s'était sublimé dans la ferveur autonomiste de leurs successeuses, imprimant de leurs efforts conjoints les corporations, consortiums et autres entreprises et centres de recherche. L'économie et le milieu professionnel n'avait jamais autant été un acte politique, du moins durant ces dernières années, et la thérapie de choc imprévue était loin de ne pas y être pour rien. Par la force des choses, des luttes de pouvoir, des quêtes pour la fortune et la gloire, on avait rappelé à tout-un-chacun la raison même pour laquelle ce pays était une démocratie directe, un pouvoir maintenu dans les mains de tous, un pouvoir qui par sa constitution même devait rendre les complots politiques sales et fort visibles, un pouvoir qui se devait donc de pouvoir compter sur sa dimension éminemment quotidienne et essentielle dans toute société complexe, à savoir celle des arcanes des échanges d'informations, de valeur de toute sorte, avec ses tenants et aboutissants, somme toute, ce que le commun des mortels appelait économie : les décisions ne se prenaient pas tous ensemble pour la simple et fragile beauté de l'idéalisme, elles étaient ainsi partagées car elles rendaient visibles les impostures qui bafouaient la claire volonté des hommes éclairés. Ici, dans le berceau des sciences, dans le phare de la connaissance, la Perle des Bohrins, d'où partent et partaient tant de bateaux, de nomades et de princes, où se précipitent les soupirants des miracles du progrès, la malhonnêteté se voit, elle se sent, elle s'entend, elle se palpe. Son odeur nauséabonde est si forte, si distinguable, qu'elle ne pourrait passer inaperçue sans l'accord taboue des complices de l'ombre. A remplir les assemblées, on limite les grands accords, et il est toujours plus aisé de se contenter de quelques puissants dans un régime plus vertical que dans un tel capharnaüm humain, où les volontés s'opposent avec ferveur dans un chaos presque organique tant il tient de la statistique ordonnancée des œuvres divines, et où, au grand prix et sacrifice de la multiplicité des fronts, on peut s'arroger d'avoir, à force de prestidigitation séculaire, d'avoir combattu le mal en l'invitant pourtant si imprudemment chez soi. Esprits sournois, prenez garde, votre sournoiserie ne vous défendra pas face aux lois de la vie : au prédateur seul et roi, succès et grand avenir. Aux nombreux concurrents, adaptation ou déclin. A vous presser ainsi sous les mêmes colonnades, vous devenez vous-mêmes, entre vous, vos propres loups, et dans un monde du vaste nombre tel que le vôtre, il n'y a pas assez de place pour vous tous. Car ainsi est formé le système, un réseau humain qui par son tissage méticuleux fait s'émerger une machinerie macroscopique digne du règne vivant, une industrie de flux, de transferts, de productions et de pertes, qui face à des réactions destructrices oppose un système immunitaire prodigieux et inexorable digérant jusqu'aux interactions fondamentales les pernicieuses menaces qui troublent son calme. La réaction face aux dérives des grandes familles marchandes n'avait pas pour autant fait disparaître l'âme commerçante propre à ces déserts, bien au contraire elle démontra la franche importance de la gestion des acquis stratégiques. Ici, nulle place aux consommateurs avides et aveugles, aux pêcheurs de la gourmandise et de l'excès, il fallait réfléchir, placer avec stratégie, penser long terme. On ne vendait pas le pétrole parce qu'on en avait envie, on le vendait pour gagner de l'avance sur le reste du monde, tout simplement. Rien que ça. La recherche de l'ascendant sur l'ennemi se résumait, comme bien des luttes écosystémiques, à la course aux armements. Le pétrole avait une fin, tout le monde le savait, certains voulaient secrètement l'oublier, on pouvait en être sûr, mais là n'était pas la question : le Banairah avait depuis toujours brillé pour son excellence scientifique, technique et civilisationnel, et cela ne devait pas s'arrêter. Cette tradition s'était imprimée dans le sang de ses porteurs, telle une marque de naissance ne s'effaçant jamais. Lorsqu'on avait goûté au confort du sommet, à la sécurité du géant, à la pérennité des siens, il était bien difficile d'y renoncer, et bien humains étaient ceux qui n'y renonçaient pas. Alors on travaillait, encore et encore, dans ce vaste mouvement sociétal, conditionné par les siècles de transcriptions d'un passé qui désormais ne vivait que dans son héritage s'offrant çà et là à ses lointains descendants, à jamais conditionné dans son moule glorificateur si caractéristique de l'apanage des grands hommes de l'Histoire. Appropriation, légitimation, détournement parfois, voilà ce à quoi tout récit se transformait une fois le vainqueur assis sur le trône de sa vérité. Le mercantilisme banairais avait pris une teinte protectionniste, adaptable et mise au service du plus grand nombre, et le système, quoique imparfait, semblait tenir le cap, au grand dam d'extrémistes de tous horizons qui ne voyaient pas d'un bon œil une telle chimère. Chimère ? Oui, l'immonde bête que l'on nommait innocemment marché se devait d'être ignoble et indomptable, une erreur humaine de nature à être éradiquée plutôt qu'acquittée, et son apparence convenable tenait lieu aux plus grandes crises d'angoisse du domaine. Le Banairah, système hérétique face aux lois de l'eurycommunisme, voire du communisme tout entier ? Enfant bâtard et maudit pour les prédicateurs du libre-marché ? Qu'en était-il de sa solidité, de sa structure, de ses composantes, de sa palpitation fondamentale ? Seuls les dogmatiques se préoccupaient réellement de telles questions, car elles menaçaient l'intégrité de leurs paroles, mais en terre de rigueur, on vise la rationalité, on vise le pragmatisme, quand bien même il s'agirait d'une lutte vaine et insensée face au carcan inévitable de la chair humaine. Donc oui, on échangeait un atout contre un autre, et au sang sombre du sable se substituait l'avenir de la technicité, l'avantage du temps gagné, l'avantage de la pérennité. On n'utilisait un consommable qu'une fois, alors on investissait dans du pérenne. La connaissance et les ressources cycliques. Non seulement pour réinjecter de l'argent dans le cercle fou de la croissance, mais aussi pour assurer les besoins de millions de personnes qui chaque jour sacrifiait un peu de leur temps pour venir débattre de la bonne façon de gérer les affaires communes, pour travailler, manuellement souvent, à la tâche qui était la leur, dans l'espoir de fournir à leurs proches les moyens de leur bonheur et subsistance. Le trajet en lui-même avait sa saveur, son goût d'aventure, d'espoir et de renouveau. C'était aussi pour cela que l'on travaillait pour l'avenir. Pour la joie du présent.
Mais trêve de lyrisme. Au centre de recherche zagroud de captation, de transport et de transformation de l'énergie, on attendait avec impatience le retour de l'équipe interministérielle avec la délégation esméenne. Plusieurs industriels, ingénieurs, techniciens et commerciaux d'une grande firme solaire du royaume venaient accompagnés de représentants politiques d'Esmea afin de discuter du partenariat scientifique et économique liant dans un avenir proche le Banairah et l'Esmea. On y déciderait des moindres détails d'installation de centrales solaires, des transferts technologiques, des tarifs et des partages du poids financier des opérations, ainsi que de tout autre sujet jugé pertinent dans la suite de la vaste entreprise de diversification et de décarbonation du pays.
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Après des péripéties météorologiques qui avaient entravé leur départ, la délégation esméaenne avait finalement atteint le lieu de rencontre convenu. C'était une arrivée retardée par la volonté capricieuse des éléments, une rencontre avec le destin imprévu dans les plis tumultueux des nuages. La tempête, un danseur furieux des cieux, avait tenu l'avion en étau, l'empêchant de se libérer de son étau terrestre. Les rafales sauvages avaient rugi comme des esprits déchaînés, secouant l'appareil avec une colère insaisissable. Mais enfin, le lendemain, la délégation du Royaume Stargray Islamique d'Esmea émergea des entraves atmosphériques. Elle s'annonça avec une présence solennelle, une procession de déterminations empreintes d'endurance. Tels des voyageurs intrépides revenant d'une quête inattendue, ils se déployèrent à Zagroud.
Maintenant, dans l'enceinte de cette cité chargée d'histoire et de potentiel, ils se tenaient prêts à entamer des discussions qui façonneraient l'avenir énergétique des deux royaumes. Une nouvelle étape était amorcée, une page vierge d'accords et de partenariats attendait d'être écrite avec la plume de la coopération et de la confiance.
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En tant que Royaume Stargray Islamique d'Esmea, nous sommes ravis de collaborer avec le Banairah pour mettre en œuvre ce plan ambitieux de développement de l'énergie solaire et de transfert technologique. Vous l'avez peut-être remarquer mais nous sommes ravis de constater les avancées en matière d'énergie solaire dans la région de Carva, avec 10 postes de centrales solaires produisant 5 térawattheures chacun. Cette capacité considérable, avec la majeure partie alimentant Carva, est un exemple inspirant de progrès durable. Nous reconnaissons l'importance de cette source d'énergie pour nos citoyens et l'avenir de l'environnement ou grandirons nos enfants et futurs générations. Notamment, huit de ces dix centrales contribuent à alimenter près de 70% de Carva en électricité.
Le projet de céder le reste de nos ressources et stocks énergétiques à un tarif compétitif et leur transport par deux lignes à haute tension de qualité, chacune s'étendant sur des distances de 1730 et 1714 km respectivement, jusqu'à la ville de Sehras, est une étape majeure dans notre stratégie. L'installation de deux centrales temporaires de collecte de courants, permettant la redistribution d'une partie de l'électricité dans les villes de Sehras, Al Kara et Zagroud, est une preuve de notre engagement envers l'efficacité opérationnelle. En plaçant nos futures installations de recherche et développement technologique à proximité des centrales de stockage de l'électricité venant d'Esmea, nous visons à favoriser un écosystème d'innovation qui accélérera le développement de solutions énergétiques avancées.
Notre vision dépasse les frontières de notre royaume, et nous cherchons à faire des Banairah une plaque tournante pour la distribution d'électricité verte vers le continent du Nazum. Grâce à vos relations diplomatiques solides, nous prévoyons d'établir des partenariats avec le Nazum, le Banairah bénéficiera d'une part des revenus générés par cette entreprise conjointe.
Les tarifs que nous avons établis reflètent notre engagement envers la qualité et la durabilité de notre projet. Le coût du transport de l'électricité, à 300k ulya par kilomètre de ligne, inclut également les frais d'entretien et de main-d'œuvre pour garantir un service fiable. La construction des deux centrales temporaires de collecte et de stockage d'électricité, évaluée à 5 Milliards ulya, témoigne de notre dévouement envers l'efficacité opérationnelle et la durabilité environnementale. L édification du réseau de distribution électrique, un investissement de 340 millions d'ulya, témoigne de notre détermination à garantir un accès équitable et sans faille à l'électricité à travers tout le territoire. Le contrat énergétique d'une valeur de 2,1 milliards d'ulya annuels démontre aussi notre engagement à maintenir une stabilité financière solide et à optimiser le fonctionnement de nos opérations. En contribuant entre 37% et 52% aux infrastructures intérieures des Banairah, et entre 47% et 55% dans les zones désertiques neutres, le royaume d'Esmea participera activement à l'entretien et le suivie et le développement énergétique.
Chaque contrat avec un pays nazumien via l'intermédiaire des Banairah reflète notre détermination à établir des partenariats énergétiques mutuellement bénéfiques. Cette disposition spécifique, qui prévoit une augmentation de 2,5% des gains totaux provenant du Nazum au Banairah en incluant chaque nouveau contrat, revêt une signification profonde et stratégique.
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Toutefois, les préliminaires n'étaient que l'incipit d'une partition complexe et ambitieuse, une épopée orchestrée par des esprits déterminés à bâtir un avenir empreint de durabilité. Les négociations, telle une danse minutieuse entre esprits brillants, n'en étaient qu'à leur prélude, les premières notes d'un concerto de coopération et d'innovation. L'édifice qui se dressait devant eux, avec ses fondations solidement ancrées dans la terre de l'intérêt mutuel, se profilait comme un témoignage vivant de leur résolution partagée. Ainsi, les premières pierres de cet édifice vert avaient été posées dans le sol fertile des négociations. Leur édification était un acte de foi envers un avenir qui placerait l'écologie et l'efficacité au cœur de la prospérité. Chaque étape à venir serait une nouvelle exploration, une invitation à façonner l'avenir avec audace et ingéniosité. Et tandis que les délégués se penchaient sur les plans et les détails, ils savaient que cet édifice symbolisait bien plus qu'un simple accord : il incarnait l'espoir d'un monde meilleur, tissé ensemble par des mains travaillant en harmonie.
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Alors que les émissaires esméens détaillaient leurs projets pour la région, leurs confrères et consœurs banairais estimaient les gains en temps et en argent, car il faut bien le dire, c'était peu ou prou de ça qu'il était question, lorsqu'on s'attardait sur le sujet, de l'offre de leur futur partenaire. La recherche banairaise était, les représentants de l'Al Dayha en étaient sûrs, tout à fait capables de rattraper leur retard qui n'avait rien d'insurmontable, mais là n'était pas la difficulté : pour entamer une véritable conversion de l'économie banairaise, à savoir la poursuite de la diversification énergétique et, in fine, la fin de la dépendance de l'économie au stock pétrolier considérable mais fini du pays, qui assurait des revenus réguliers et sûrs mais ne pouvaient justifier d'une trop grande importance, il fallait frapper fort, et vite. Fort pour devenir rapidement un pionnier des énergies renouvelables à grande échelle, tout d'abord au Banairah, mais aussi à l'étranger, créant ainsi de nouvelles débouchés en vente de matériel, services, conseil, compétences et énergie, tout en stabilisant les pays énergétiquement faibles participant à la défense des intérêts banairais : stabilisation des régimes nord-afaréens et afaréens non concurrents ou hostiles avec la République, vente de matériel dans les marchés extérieurs sud-eurysiens -le Milouxitania via les récents liens commerciaux, la Youslévie, Novigrad et Fortuna via l'ONC- voire paltoterrans -Peronas et Yuhanaca principalement, mais pourquoi pas le Grand Kah ou l'Alguarana dans un scenario très optimiste, ces deux pays bénéficiant de compétences technologiques également avancées- ou encore la vente de services à l'international. La stratégie faisait d'autant plus sens que tout transfert technologique important, tel que celui opéré par l'Esmea, impliquait le transfert du budget auparavant dédié au rattrapage des dites avancées dans une autre technologie, comme la géothermie, les bioréacteurs ou encore les éoliennes, et donc un double gain doublant les capacités d'adaptation à moyen terme du pays. Vite pour obtenir l'ascendant sur la plupart des acteurs du marché actuel, à l'exception de l'Esmea, qui sur ce sujet disposait donc bien évidemment d'une avance, mais un partage du marché semblait une contrepartie tout à fait acceptable, et ce d'autant plus que le marché de l'énergie ne dégage usuellement que peu de marges, contrairement aux marchés l'utilisant. Autant d'énergie assurée, c'était aussi une progression vers plus de production industrielle exportable, si tenté que l'on pouvait s'alimenter au moyen-long terme assez en énergies renouvelables tout en produisant autant, une idée très idéaliste mais qui valait le coup d'être poursuivi : à viser la lune, on atterrit au moins dans l'atmosphère, comme on dit, et c'est déjà ça. Toute cette adaptation devrait au moins assurer la production et attirer de nouveaux acheteurs soucieux du bilan carbone de leurs commandes, et l'énergie n'est jamais perdue. Les investissements restaient, malheureusement, intrinsèquement risqués, après tout, il s'agissait d'une politique de grande ampleur qui ne faisait que débuter, et qui n'allait pas forcément arranger tout le monde. Néanmoins, l'attente n'était clairement pas la stratégie à adopter pour la prévision de crise économique, et si on pouvait empêcher une décroissance importante des rentrées d'argent étatiques et communales avec la baisse de la production pétrolière qui aurait nécessairement lieu dans les prochaines années, on allait le faire. Mais il fallait être prudent : les représentants banairais le savaient bien, derrière ce projet se cachaient des luttes de pouvoir entre les grandes entreprises banairaises et étrangères, les communautés locales et les scientifiques, voire même des états à l'international, et il était hors de question de plier l'affaire inconsciemment. Alors on discuta des modalités du contrat, des détails concernant les zones neutres, et des financements conjoints : l'importation d'énergie n'étant pas nécessairement prévue pour le long terme, que faire de telles installations en plein désert, sur des centaines de kilomètres, nécessitant un entretien régulier et coûteux ? Comment répartir, que faire diplomatiquement pour obtenir les autorisations nécessaires hors des frontières des deux partenaires ? Que dire de la distance entre l'Esmea et le Nazum ? Certes, les possibilités étaient immenses, mais c'était sans compter la perte énergétique par kilomètre parcouru, et ce n'était pas les vents de sable et la mer des Bohrins qui allait arranger la situation de milliers de kilomètres de câble. Autant de points cruciaux qu'il fallait aborder, et ce notamment car elle impliquait la réputation diplomatique et économique du Banairah en plus de ses contreparties prévues dans la proposition esméenne : après tout, on ne voulait pas aller affirmer devant les ambassadeurs jashuriens, wanmiriens ou stranéens qu'on pouvait leur vendre de l'électricité verte avec des dizaines de pourcentage de pertes énergétiques sur l'envoi initial, tout ça parce que sa provenance était tellement lointaine que toutes les technologies -actuelles- du monde ne pouvaient suffire à contrecarrer les lois de conservation de l'énergie. Il fallait donc discuter en profondeur des moyens prévus par l'Esmea et ses entreprises avant de penser à parlementer sur la répartition des coûts de construction. Les ingénieurs esméens étaient de confiance, certes, mais ceux qui construisaient les lignes de câble n'étaient pas ceux qui proposaient des contrats, et au pire, personne ne perdait son temps à s'enquérir de la situation. Et puis, c'était là l'occasion de jouer une carte intéressante qui ferait potentiellement économiser les deux pays, et justifierait une commission plus importante pour le Banairah, alors, au cours de la discussion, Saroud poursuivit avec l'aide de ses conseillers du ministère de l'énergie :

"La perspective d'une vente de la production esméenne via le Banairah est une contrepartie très intéressante, et qui nous semble tout à fait raisonnable en contrepartie du transfert technologique que votre noble pays est prêt à effectuer, et nous sommes prêts à aller dans ce sens. Nos relations diplomatiques au Nazum seront, j'en suis sûr, intéressées par cette diversification de l'offre et verront notre approbation comme une marque supplémentaire de la confiance que l'on peut accorder aux entreprises esméennes. Toutefois, nous souhaiterions voir ensemble les installations prévues dans le cadre de l'exportation au Banairah, mais également au Nazum avant de discuter de la répartition des coûts des travaux. Sur de telles distances, les pertes d'énergie ne sont pas négligeables, et nous aimerions en savoir plus sur les infrastructures que vous envisagez pour réduire celles-ci. Nous pourrions ainsi nous faire une meilleure idée de l'ordre de grandeur dont nous parlons, et ainsi comparer avec les pertes dues à la production de dihydrogène, une technologie que le Banairah maîtrise bien et qui pourrait être mise à profit dans l'exportation de la production esméenne à l'étranger."
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