11/05/2017
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[Prima-OCC-MILP] Conférence secrète de Rwamara pour l'avenir du Pitsiland

Introduction de la Conférence


C'est sous la tente abbatiale du couvent en construction de Rwamara que doit avoir lieu la réunion historique entre le colonel Mwamba Etoto, chef du MILP et sœur Bénédicte, pitsi elle-même mais aussi supérieure générale des moniales de l'OCC en Gondo, ainsi que Mademoiselle Jeanne-Catherine de la chasse en Bois-Noble, ambassadrice plénipotentiaire de Prima. Les femmes attendent le militaire à l'entrée du couvent, il s'agit de le mettre à l'aise et de lui montrer qu'il est le maître. Les instructions sont très simple : dans la mesure du possible donner satisfaction à toutes les demandes de Etoto, et obtenir de lui l'autorisation de lui envoyer des troupes primaines mercenaires : les cadets de Prima (ici), financés à titre gracieux et en gage d'amitié pour le Royaume. En ce qui concerne l'OCC, Volignon a donné comme instruction d'obtenir du colonel qu'il établissement le culte volignonais comme religion d'état du futur Pitsiland.

Pour l'heure, les deux femmes alliées mais que tout oppose sur le plan des mœurs, s'échangent des banalités et prennent le partie de tout les lieux communs possibles et imaginables pour tuer le malaise qui né nécessairement de la proximité imposé et prolongée d'une moniale et d'une courtisane... Elles prennent sur elles de se tolérer, exceptionnellement car les enjeux sont ici considérables : La sœur Bénédicte veut libérer sont peuple de la domination despotique des gondolais, et inconsciemment venger son village massacré par les gondolais et flatter sa vanité personnelle, tandis que la demoiselle de la Chasse en Bois-Noble, quant à elle, doit impérativement donner satisfaction à la chancellerie royale si elle ne veut pas retourner faire éplucher haricots et faire la soupe chez son père, un garde chasse anonyme du dernier échelon de la noblesse, ou pire, devoir emprunter totalement et irrévocablement la voie de la courtisanerie et sa fin, souvent funeste et tragique.

Aussi, toutes les deux se trouvent impatientes de commencer les débats et disposées à tout pour atteindre leurs objectifs respectifs. C'est pourquoi elles attendent nerveusement l'arrivé de l'homme de la situation et, comme nous l'avons dit, s'échangent des propos sans intérêts pour dissimuler leur tension respective à mesure que l'attente se poursuit, convaincues qu'elles sont que de grandes choses seront décidées, ce jour, sous cette tente au milieu du pays Pitsi, dans le petit village de Rwamara qui semble destiné à devenir la capitale du Pitsiland en attendant, tout du moins, que l'on reprenne Port-en-Truite.

Pour l'OCC

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Sœur Bénédicte, supérieure générale des sœurs de l'OCC au Gondo, abbesse de Rwamara


Pour Prima

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Mademoiselle Jeanne-Catherine de la chasse en Bois-Noble, ambassadrice plénipotentiaire de Prima
Au moment où le malaise s’installait entre sœur Bénédicte et mademoiselle De la Chasse en Bois-Noble, Mwamba Etoto roulait encore sur la piste qui menait à Rwamara. Il était accompagné du caporal Gontrand, qu’il avait nommé aide de camp, et qui à ce titre gracieux avait le droit de conduire la vieille jeep de marque gallèsante LMA. Il avait accepté cette invitation sans trop savoir à quoi s’attendre, de cette primaine tout juste débarquée d’une part, et de cette bonne sœur, compatriote certes, mais prêchant une religion dont, au pays, on avait jamais entendu parler. Il avait bien sûr suivi, grâce au rapport de ses espions mais surtout aux commérages et aux ragots, toutes les manœuvres des primains et des prédicateurs de Volignon. On se moquait un peu, dans le camp et dans les chaumières, de ces pièces de théâtre en froufrou et de ces illuminés qui suivaient un nouveau pape, alors qu’ici on ne savait déjà pas trop quoi penser du premier. Mais ils aidaient, ils développaient le pays. Et le progrès, le sacro-saint progrès, c’était ça le plus important.
Lui-même s’en fichait un peu de ces affaires de curés. Se disant toujours chrétien, et avant tout chrétien, il avait fréquenté l’Eglise dans sa jeunesse, et avait été catéchisé par ses parents. Puis dans sa vie d’adulte, il était plutôt allé au temple, mais enfin il avait surtout été à la caserne, et les rites... Comme il aimait à le dire, « c’est une affaire de bonnes femmes ! ».

La jeep entra en trombe dans ce qui devait être la cour du couvent en construction, où Gontrand entreprit un périlleux dérapage au frein à main. Une fois à l’arrêt, le colonel lui donna un claque dans la nuque : « Un peu de tenue, Ducon ! ». Il sortit seul et lui intima l’ordre de garer proprement le véhicule. Puis, sans attendre son subalterne, il s’avança vers la tente. On l’accueillit et on le conduisit à ces dames. Après quelques échanges de salutations, durant lesquels Etoto fut confus de ne pas savoir comment se présenter à une ambassadrice, ils se retrouvèrent tous trois assis en cercle, sur des chaises pliables posées dans la terre battue. Ils pouvaient commencer.

« Mesdames, on m’a dit que Prima voulait nous aider à bâtir le "Pitsiland". Si c’est vrai j’en suis ravi. On m’a déjà fait savoir que vous envisagez d’envoyer des mercenaires, et on m’a dit : "la contrepartie sera religieuse". Je comprend comme vous êtes là ma sœur qu’il s’agit de votre truc, là, Vololo où je ne sais quoi. Pour commencer, vous devez savoir que, de là où nous en sommes, à rétablir une république Pitsi, y’a du boulot ! Vos mercenaire, madame l’ambassadrice, je les veux bien. Mais il nous fait aussi du matériel, des vivres, de quoi faire vivre les hommes, attirer du monde. Comme on dit : "n’importe quel abruti peut lever une armée, au moins jusqu’à l’heure du dîner". Et puis il faudrait m’assurer que Prima et ses cadets ne vont pas me faire chier. Que mon commandement sur le MILP sera respecté. Et qu’il vont pas faire foirer nos raids. Je vais pas entrer dans les détails militaires avec vous mesdames, c’est une histoire d’hommes, mais la guérilla ça s’apprend. La vie dans la jungle, c’est pas donné au premier toubab venu. Et ici on a un bon esprit de corps, j’aimerais bien que ça dure. Si on est bon sur ça, je verrait ce que je peut faire pour votre religion. Y’a toujours la Vierge et son fils qui est mort sur La Croix, rassurez-moi ? Vous êtes chrétiens ? »
Les deux primaines, surprises de la tonitruance de cette arrivé et du ton direct de l'homme à qui elles ont reçu ordre d'apporter leur aide, se regarde un instant puis ambassadrice prend la parole aprés avec avoir obtenue l'accord tacite de la sœur, mais tout en ouvrant la bouche, elle déploie son éventail et se ventile énergiquement autant pour dissiper la gêne que lui cause cet entretien que pour atténuer l’indisposition dans laquelle elle se trouve du fait de l'insupportable chaleur humide qui règne dans le lieu  :

« Monsieur, ce ton direct est la preuve indiscutable que vous êtes bien l'homme que nous pensons que vous êtes. En ce qui concerne le Volignonisme, sachez que ce n'est rien d'autre que le catholagnisme rémien traditionnel. Je ne suis pas experte et je parle sous le contrôle de notre brave sœur Bénédicte, mais tout les dogmes que l'on vous a enseignés comme étant de Tradition sont nôtre. Nous pouvons faire venir les cadets et assurer toute la logistique.. Nous parlons tout de même de vingt milles hommes. Ce ne sont pas de grands soldats, mais en ce qui concerne les raids, ils pourront assurément vous aider. Vous me pardonneriez certainement, cher monsieur, de ne pas connaître dans le détail le fonctionnement de la guerre, il est vrai qu'en Prima comme chez vous, ce n'est pas un chose de femme … Néanmoins, la piste que nous avons bâtie ici permettra d'importer tout ce dont vous avez besoin, c'est à dire ces fameux cadets et toutes les vivres et matériels dont le Pitsiland pourrait manqué. Notez cependant que nos hommes ne combattrons par les clovaniens sauf si ils pénètrent dans le territoire Pitsi, notre objectif est d'assurer votre autonomie et, à terme, votre indépendance. »

Elle regarde un instant la sœur comme pour la rassurer sur le fait qu'elle n'a pas oubliée sa mission à elle :

« Par ailleurs, mais j'ai cru comprendre que ça ne poserait pas de problème, l'aide primaine aux Pitsi dont vous êtes le chef unique et légitime, est conditionné à un totale liberté d'action des sœurs de l'OCC et l’acceptation de la religion volignonaise comme religion d'état... »

Elle regarde de nouveaux sœur Bénédicte, laquelle acquiesce son contentement puis elle reprend  :

« Si vous nous accordez ces deux points : Neutralité défensive du Pitsi vis à vis des clovaniens et reconnaissance du Volignonisme comme religion d'état et assistance aux sœurs, les vingt mille hommes commenceront d'arriver dés demain, ainsi que le matériel demandé, dans la mesure de nos capacités de production. Tout cela dans le but de créer un Pitsiland traditionnel et opposé à la postmodernité qui détruit les peuples et crée le désespoir bien plus que la guerre ou la mort... »

Elle ferme son éventail d'un coup sec en le frappant vigoureusement dans le creux de sa main d'un mouvement tellement maîtrisé qu'il semble naturel, et elle conclue :

« … Qu'en pensez vous, monsieur Etoto ? »
Lorsqu’il entendit "20 000 hommes", Etoto comprit qu’il avait sous estimé l’importance de ce rendez-vous. On lui a parlé d’une femme venue d’un pays qu’il ne savait même pas placer sur carte (et de fait, il ne savait en placer aucun), et lui, bêtement, il y été allé sans s’attendre à rien. Bêtement certes, mais aussi logiquement quelque part. Les Pitsis se battaient seuls, ils s’étaient toujours battus seuls, et étaient depuis longtemps des habitués à la lutte de la dernière chance.
Celui qui avait autrefois été colonel resta un moment hébété, puis sa première réaction fut : « et ce sera toujours moi le chef ? ». Mais il s’interrompit lui-même lorsqu’il réalisa la stupidité de la question. Il reprit sur un autre ton faisant preuve de sa totale incapacité à adopter un langage policé.

« Excusez-moi d’avoir été un peu rudes mesdames, cents que la guerre... c’est... dur. Alors quand on revient en ville, on est un peu déboussolé vous voyez ? Enfin bref. Vos soldats ne pourront que nous être utile, avec un tel nombre nous pourrions même passer à une autre échelle de combats. Tant que le matériel est suffisant pour moi et mes hommes, en plus des vôtres, je suis d’accord pour accepter votre histoire de clergé. Mais il faudra y aller avec plus de tact que ce que vous venez de me dire, sauf votre respect mesdames. Parce qu’avant de craindre la gangrène de la post-modernité, les pitsis ils aimeraient bien avoir connu la modernité tout court. Et puis concernant les clovaniens, si y’en a aucun qui se pointent, on va pas aller les chercher, hein ? Hein ? »

Réalisant que sa blague n’avait pas fait mouche, il enchaîna. « Ahem. Je suis content en tout cas que la défense des traditions Pitsi vous intéresse madame. Mais si on respecte les traditions, on va s’arrêter avec le "Pitsiland". C’est quoi, ça, "land" ? Du maktois ? Je propose : République Souveraine Pitsi. C’est le nom qu’on voulait quand on a créé le MILP. C’est bien non ? »
L'ambassadrice fit un petit et discret signe de désapprobation en entendant prononcée par le colonel le mot abominable de « République ». Elle rouvrit son éventail et repris la parole dés que son interlocuteur ait achevé :

« Monsieur le Colonel, si nous pouvions jeter loin de nous et du pays des Pitsi ce nom fâcheux et menteur de « république », il n'est jamais bon d'user de ce mot là, et en Prima on me foudroierait si l'on apprenait que j'apportais les précieux moyens du Royaume à un régime qui se revendique de l'oligarchie bourgeoise et mercantile. Vous le comprenez, nous n'aimons pas les républicains, ces libéraux infâmes, presque autant que nous abhorrons les démocrates et autres communistes. Tout cela n'est que bourgeoisie et avilissement. Vous même, vous êtes un militaire, par conséquent vous devez certainement vous dire, tout du moins je l'espère, que l'approche aristocratique est la seule viable. »

Elle prend alors une pose de majesté très certainement travaillée longuement derrière un miroir puis reprend, avec une voix plus forte et plus ferme :

« L'honneur et la valeur, monsieur le colonel, c'est cela qui fait l'approche aristocratique, mais aussi le goût pour l'ordre et la tradition. Toutes ces choses, honneur, valeur, ordre et tradition sont incompréhensibles aux républicains et au démocrates, les premiers sont mû par le désir de posséder et le seconds par le ressentiment vis-à-vis des possesseurs, mais ce sont tous des misérables ! »

L'ambassadrice, lasse, se tue un instant puis repris une figure aimable et un ton doux :

« Monsieur, nous pouvons certainement nous contenter d' État Souverain Pitsi ? Nous pensons que vous êtes bien l'homme qu'il faut pour le diriger ! Nos cadets viendrons vous aider et nous, sœur Bénédicte et moi même vous aiderons économiquement, sanitairement et culturellement. Nous avons installé une piste atterrissage à l'extérieur du couvent, les cadets commenceront a arriver dans les 72h après votre autorisation. Nous souhaitons reconnaître l'État Souverain Pitsi au plus tôt mais nous ne le ferons seulement que quand tout les villages Pitsi seront sous votre autorité, monsieur le Colonel. En ce qui concerne l'aspect religieux, évidemment, nous pouvons y aller progressivement, mais vous verrez que votre peuple sera ravi de retrouver les rites et les doctrines anciennes du catholagnisme rémien nettoyé de toute la saleté moderne. Sommes-nous d'accord, monsieur le colonel ? Je tiens à faire remarquer que l'arrivé des cadets vous octroiera très logiquement les trois étoiles du généralat divisionnaire. Ha oui, j’oubliais, vous aurais évidemment des matériels militaires rustiques et durables comme les font les primains. »

L'ambassadrice repris une pose emprunte de grâce et de charme sous le regard agacé de sœur Bénédicte pour qui, bien logiquement, ces minauderies de courtisane étaient insupportables. Elle pris alors la parole et parla sans ménagement à l'adresse de l'ambassadrice :

« Mademoiselle, veuillez garder les aspects les plus vils de votre office à vos seuls entretiens privés, votre indécence suggérée nous exaspère et nous insupporte !»

Elle se tourna à son tour vers leur interlocuteur et prit, quant à elle, un voix nette, claire et dure :

« Monsieur, nous avons besoin de vous pour libérer l’État Pitsi, nous en ferons un ennemie de la postmodernité et ami de Dieu, vous aurez des hommes et armes, et tout ce que nous pourrons vous faire parvenir. Acceptez-vous ou devrons nous nous passer de vous ?»

Le regard de la nonne était fixe et dur, tout à l'opposé de celui de l'ambassadrice, mais il semblait aussi plus ardent et plus saisissable.
Le colonel se sentit plus à son aise lorsque Sœur Bénédicte s’adressa à lui, avec un ton enfin franc et direct, et peut être aussi parce qu’elle n’avait pas, elle, l’accent eurysien.

« Ma sœur, vous me connaissez sûrement, vous savez qu’il n’y a pas plus grand défenseur du peuple Pitsi que moi ! Mais vous savez aussi combien nos compatriotes des campagnes seront insensibles à vos discours sur la "postmodernité". Vous savez, au fond que pour imposer votre foi volagnogna...valanienne, il vous faudra une autre approche. En tout cas, vous pouvez compter sur moi pour être le défenseur des traditions de la nation pitsi. Donc je pense que nous sommes dans le même camp ! Nous avons donc un accord ? Le MILP sera aidé de l’OCC et de Prima pour créer un État fier de ses traditions. Et ouvert au nouveau Pape, bien sûr. »

Il regarda tour à tour Sœur Bénédicte et l’ambassadrice, pour savoir ce qu’elle attendaient de lui, ou si l’entrevue était terminée.
Par des regards et des sourires, ces dames firent comprendre au colonel que tout était réglé. L'entretient s'achevait. Les cadets commenceraient d'arriver bientôt. Pour le meilleur et pour le pire, Rwamara venait de devenir la capitale de l'Etat Pitsi ....
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