25/02/2015
15:39:36
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Missions de Pădure

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Missions de Pădure

Ici seront contés la façon dont vos expéditions tentèrent de survivre à la forêt.

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Pădure – Premier Soleil : l'orée des ombres


影の端

La forêt de Pădure s'étendait devant moi, sombre, impénétrable, une masse végétale et organique qui semblait se mouvoir et respirer comme une créature vivante, comme un second grand bois. Dans un monde où chaque contrée hormis Pădure avait été scruté, où la curiosité humaine n'avait laissé aucun endroit inexploré, elle demeurait comme une énigme insondable, une cicatrice sur la carte de notre connaissance, même pour moi, et même pour eux ; les chasseurs de dieux. Ils n'avaient pas décroché un mot de tout le périple. Ces hommes, qui ne laissaient apercevoir que deux yeux noirs inexpressifs, semblaient moins former une troupe de compagnons qu'un régiment de commandos triés sur le volet pour l'occasion, et cela malgré des années d'existence dudit régiment. Une fois au sol, à l'ouverture de la plateforme d'embarquement, je me précipitais en compagnie de mes collègues, du côté opposé au régiment muet, à l'armée de grands yeux noirs.

Le grondement des moteurs de l'avion, qui avait été notre unique lien avec la civilisation moderne, s'estompait lentement derrière moi, se fondant dans le bourdonnement de la forêt. Les arbres, d'une hauteur inquiétante, se dressaient tels des gardiens pluri-séculaires de ce lieu oublié des Hommes et protégé des dieux. Tout ici semblait étrange, anormal, et pourtant d'une beauté sauvage et hypnotique. À quelques dizaines, voire centaines de mètres de la lisière de la forêt, les aéronefs et hélicoptères qui nous avaient précédés avaient d'ores et déjà largué les carbets pré-fabriqués et les matériaux restants. Beaucoup avaient déjà été rendues habitables, c'était le cas de celles du "quartier" scientifique. Par la fenêtre du petit espace qui me servirait bientôt de laboratoire, j'avais déjà une vue imprenable sur l'objet de ma prochaine étude, la forêt elle-même.

La forêt de Pădure avait longtemps été ignorée des grandes puissances, comme des moyennes, dont la Maronhi, en raison de son inaccessibilité d'une part et des légendes qui la hantaient depuis des temps immémoriaux de l'autre. Mais ce silence allait être brisé par une nouvelle ère d'exploration, motivée par les découvertes scientifiques qui pouvaient ébranler les fondements de notre compréhension du monde. L'histoire d'Aurélien Audebert avait suscité l'intérêt de l'Académie Maronhienne des Sciences, celle du gouvernement, mais aussi la mienne. Audebert y avait dévoilé une nature encore plus mystérieuse que nous pouvions l'imaginer, car celle-ci, si l'on en croit ce qui en a été rapporté, contiendrait des plantes et des graines inconnues aux propriétés encore insondables mais qui pourraient faire basculer des carrières entières.

Cependant, c'était là une aventure imprévisible, une confrontation avec l'inconnu, et elle n'était pas sans défis. La forêt de Pădure était hostile, nous en étions presque certains, elle pouvait abriter d'autres secrets que même les scientifiques les plus érudits ne pouvaient imaginer. Rien que pour nous y rendre... Les dangers magnétiques, les forces naturelles inexplicables, tout ici échappait à notre compréhension. Nous étions une équipe hétéroclite ; des scientifiques, des explorateurs, et une escorte militaire aguerrie, tous habitués à un environnement et des conditions difficiles, mais ici, nous étions des étrangers. J'étais prêt à affronter l'inconnu, à défier les ténèbres de Pădure, car derrière ces défis se dessinait l'avenir de nos carrières à tous. Les plantes et les ressources que nous pourrions découvrir ici avaient le potentiel de changer le destin de millions de personnes. L'humanité toute entière pourrait bénéficier de ce que Pădure cachait dans ses profondeurs.

Alors que nous nous installions à l'orée du bois, face à l'opaque muraille de troncs, de branchages et de feuillages, je sentais le poids de la curiosité qui pesait sur mes épaules. Nous étions les pionniers de cette partie de la forêt, les premiers à oser défier ce sanctuaire de verdure. Les arbres semblaient murmurer des avertissements, mais nous étions déterminés à percer les mystères de Pădure, à repousser les limites de notre compréhension. C'était une aventure que seul l'esprit humain pouvait entreprendre, une quête pour l'avenir. Le coucher de soleil avait été magnifique et la lune montait, presque entière, déversant sa lumière argentée sur la canopée, la montagne et les monticules qui s'élevaient çà et là. C'était un décor paisible et idyllique mais, me doutant qu'il cachait la mort, je me prenais déjà, au fond de moi, à le haïr. L'observant encore et encore, je me questionnais à son propos, allant jusqu'à croire que ce bois, alors cause de ma haine, pourrait aussi être la source de mon salut face aux dieux et à la postérité.

Le soir, afin de faire plus ample connaissance avec mes collègues, nous avions allumé un feu et grillé les brochettes de nos rations, à l'extérieur des "quartiers" puisqu'il fut défendu d'allumer un feu plus près. Après avoir bien mangé, revenant au centre du campement, sur les chemins qui séparaient nos quartiers de carbets pré-fabriqués, j'eu la chance, si je puis dire, de me trouver au pied du carbet de commandement au moment-même où l'un des lieutenants de l'opération en sortait, laissant entre-apercevoir, derrière les portes ouvertes de papier de riz renforcé, l'onna-bugeisha envoyée par le grand mandat mannal pour chapeauter toutes les opérations sur le terrain. La pièce intérieure baignait dans la fumée et la femme était tournée de dos, son kimono quelque peu descendu en dessous des épaules. Mais en la voyant, ce n'est pas à cela que je pensais ; à vrai dire je ne pensais plus vraiment à rien. C'était donc vrai. J'avais entendu des histoires durant le trajet, mais rien d'assez précis pour y porter la moindre valeur. Les traces étaient là. La chaire brûlée avait marquée ma rétine... Et il ne s'agissait pas d'une brûlure banale causée par le feu, mais bien d'une brûlure chimique, ample, profonde. Les portes se refermaient, je repris ma route. À ce moment, je n'aurais rien su dire de plus de Dame Soejimouki.


Premier Soleil
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