29/03/2015
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Missions de Pădure

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Missions de Pădure

Ici seront contés la façon dont vos expéditions tentèrent de survivre à la forêt.

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Première Journée en Pădure 🦉

Journal de Bord - Hoï-To

D'une démarche hésitante, mes pieds foulent enfin les abords de la majestueuse forêt de Pădure. Depuis combien d'années rêvais-je de cet instant? Dès lors, je ne pouvais qu'imaginer le moment où cette quête définirait la trajectoire prestigieuse de ma carrière. La communauté scientifique du Fujiwa, non, du Nazum tout entier, voire du monde, devra reconnaître la singularité de mon génie. Ce journal, compagne silencieuse, ne me quittera jamais durant cette expédition. Il sera le témoin de mes ambitions et de mes doutes, de ma naïveté et de mes colères. Il recueillera le nom de ceux qui auront suscité mon courroux comme celui de ceux qui gagneront ma gratitude. Et, bien sûr, il consignera chaque découverte majeure qu'accomplira Hoï-To, le plus grand chercheur du Fujiwa. Je souris en parcourant ces quelques lignes. Ne suis-je pas en train de me révéler d'une vanité démesurée? Qu'à cela ne tienne! Si mégalomanie il y a, qu'elle soit! Après tout, nous ne sommes jamais mieux révélés que dans nos confidences les plus intimes. Et qui d'autre que moi connaîtra ce qui est écrit ici? Après mûre réflexion, j'ai décidé de garder ce carnet pour moi seul: il est intime, personnel. Quant à ce qui sera révélé au grand public, je m'attacherai à rédiger un ouvrage spécialement conçu à cet effet.

Nous formons une petite cohorte, composée uniquement de personnes de confiance. Le gros des troupes, la véritable cavalerie, nous rejoindra d'ici quelques jours. Pour l'heure, notre devoir est de nous assurer que, malgré cette brume si dense, le sol que nous foulons se prête à une installation de longue durée. Qui peut dire combien de temps nous demeurerons en ces lieux? Pour ma part, je caresse l'espoir d'y rester le plus longtemps possible. En contemplant l'immensité de cette forêt, je suis convaincu que des années d'exploration nous attendent. L'air, étonnamment, n'est ni glacial ni étouffant. Cette brume, avec son étrange douceur, effleure notre peau dans un ballet délicat. Elle apporte une fraîcheur bienvenue, sans toutefois menacer de nous plonger dans les affres d'un rhume. Nous sommes le 20 juillet, en plein cœur de l'été, et pourtant ici, j'ai l'intime sentiment que les saisons dansent au rythme d'une mélodie qui leur est propre. Comme si le temps, dans cet endroit, obéissait à des lois bien différentes.

Nous sommes une petite troupe d'une trentaine de personnes, parmi lesquelles se trouve Yukio, mon ami de toujours et collègue biologiste. Nous officions dans la même section de l'université. Sa stature impressionnante contraste grandement avec la mienne, et je n'ai aucun doute sur l'issue d'un éventuel affrontement entre nous. Alors que j'étais absorbé par la contemplation des lieux, à peine descendu de l'avion, la voix de mon ami me rappelle à l'ordre. Il me signale qu'il est temps de décharger les premières caisses de ravitaillement et de matériel. Pris dans ma rêverie, j'avais presque oublié ma mission ici et la présence de mes compagnons. Ces derniers étaient déjà à pied d'œuvre depuis un bon moment, alors je me suis empressé de les rejoindre pour établir un campement sommaire. Je n'étais pas inquiet pour la suite, le gros de notre équipage arriverait prochainement avec tout le nécessaire pour ériger un camp solide, nous garantissant une autonomie de plusieurs semaines, sans avoir à lancer un SOS à l'autre bout du Nazum.

Après que notre équipe eut installé le nécessaire, je me suis tourné vers notre pilote. D'une trentaine d'années, il détonnait à côté de mes 47 printemps. Certes, je n'étais pas vieux, peut-être juste un brin plus bougon. On dit souvent que l'âge apporte la sagesse, mais j'ai plutôt le sentiment de m'endurcir et de devenir plus exigeant avec les années. Perdu dans ces pensées, je l'ai abordé. Durant le voyage, j'étais tellement absorbé par mes dossiers, cherchant à prévoir chaque détail de notre aventure à Pădure, que je n'avais parlé à personne. Il se nomme Ryu. Détaché par le ministère de l'Éducation, des Sciences et des Technologies, nos généreux mécènes, il est habituellement pilote pour la sécurité civile fujiwane. Il avoue que s'approcher de Pădure l'a inquiété, surtout avec les alarmes résonnant dans le cockpit, mais il a su rester stoïque. Une belle rencontre, je m'en suis tout de suite rendu compte. Le reste de l'équipe nous rejoindra sous escorte militaire. L'ampleur des attentes qui pèsent sur nous est palpable. Et j'ai le sentiment que je ne suis pas le seul à ressentir la pression du gouvernement fujiwan.

Il fallait rassembler l'équipe. J'envisageais un discours pour les préparer à ce qui nous attendait, aux défis que cette expédition nous réservait. Mais les doutes m'envahissaient. Je craignais que ma voix trahisse mes hésitations et que mon discours ne produise l'effet inverse de celui escompté. Il m'incombait d'insuffler confiance à chacun. Nous n'étions que trente, venant d'horizons différents. Si je connaissais la plupart pour avoir partagé des préparatifs lors de réunions pré-expédition, d'autres m'étaient encore inconnus. En tant que leader, je devais incarner la solidité, l'écoute. Si mon égocentrisme risquait de me jouer des tours, je m'y étais préparé. Pădure serait notre défi: psychologique, physique et moral. Je devais tenir bon. Mon ambition n'était pas une menace, je m'en persuadais. J'ai donc rassemblé l'équipe autour d'un grand feu, près des tentes récemment installées. À défaut d'avoir tout ce qu'il fallait, nous nous apprêtions à dîner des premières rations à notre disposition. Je les ai observés de loin, ne voyant que des visages masculins. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose? Un autre doute s'ajoutait à la liste. Prenant une grande inspiration, je me suis lancé dans mon discours. À en juger par les regards qui se posaient sur moi, remplis de fatigue mais temporairement soulagés de leur stress, j'ose croire que mes mots ont eu l'effet escompté.

Après le discours, le groupe s'était dispersé pour finir l'installation du campement. Yukio, avec son enthousiasme habituel, avait proposé de former des équipes pour explorer les environs immédiats. Ryu, malgré sa récente expérience aérienne éprouvante, s'était porté volontaire pour accompagner l'une des équipes. J'admirais sa ténacité. L'air était saturé d'une odeur terreuse, mêlée aux senteurs inconnues de fleurs et de plantes que nous n'avions jamais rencontrées auparavant. La canopée formait un épais écran vert au-dessus de nos têtes, filtrant la lumière du soleil et plongeant la forêt dans une douce pénombre. Tout en marchant aux côtés de Yukio, je remarquai des empreintes sur le sol. Elles ressemblaient à des traces d'oiseaux, mais étaient beaucoup plus grandes que n'importe quelle espèce connue. Mon ami biologiste, son intérêt piqué, prit des photos pour les étudier plus tard. Alors que la nuit tombait, nous étions tous de retour au camp. L'esprit d'équipe était palpable, et malgré les incertitudes de cette expédition, un sentiment de camaraderie naissait déjà entre nous. Autour du feu, certains se sont mis à raconter des histoires de chez eux, évoquant des souvenirs, des familles et des amis laissés derrière. Je me suis retrouvé assis à côté de Ryu, qui, les yeux fixés sur les flammes, semblait plongé dans ses pensées. « Vous savez, quand j'ai accepté cette mission, je n'avais aucune idée de ce à quoi m'attendre. Mais je suis content d'être ici, avec vous tous. » Je lui ai adressé un sourire reconnaissant, touché par sa sincérité. La première journée à Pădure s'est terminée avec une douce mélodie jouée par l'un des membres de l'équipe sur une guitare apportée pour l'occasion. Alors que je m'endormais, bercé par cette musique et les sons mystérieux de la forêt, une pensée m'a traversé l'esprit: cette expédition, malgré ses défis, pourrait bien être l'aventure d'une vie.
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