21/02/2015
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Missions de Pădure

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Missions de Pădure

Ici seront contés la façon dont vos expéditions tentèrent de survivre à la forêt.

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Essai de poème retrouvé dans les archives de l’expédition de Cochise III - 1913 – Auteur inconnu

Elle dit : mille voix frémissent,

Des végétaux suspects ou d'un contact mordant :

Mariant aux azurs du ciel leurs verts Édens,

A travers des chemins bordés de précipices...

Rossignol, je voudrais, à l'heure où le soir glisse,

La cardère sauvage y dresse son trident ;

Mais l'églantine aussi, suave cependant,

Sont moins blancs que mon teint, qui fait jaunir les Lys.

De cette voûte alors, de frimas et d'écumes,

C'est que tu vois là-bas deux filles dont la brume

Au plus haut de l'azur l'alcyon est porté. —

Comme dans ces jardins, pleins de chants et d'arôme,

Qu'un seul pleur tombe en ta jeune âpreté,

Apporter l'espérance à plus d'un pauvre chaume !


Bulletin météo émanant de Thawan Prasarttong, météorologue de la station météorologique de Cochise IV en Pădure – Jour 1 : 20/07/2011 .

Pădure – juillet 2011 – pluvieux et doux

Les précipitations mensuelles sont excédentaires, en moyenne de 36,1% sur le secteur de Cochise IV en Pădure, allant jusqu’à 169,8 mm sur le secteur (38,8% de plus que la normale), ces pluies étant surtout concentrées en troisième décade et sur le début du mois. Ceci comblant en grande partie le déficit de juin, les sols redeviennent partout plus humides que la normale en troisième décade. Malgré tout au plus un seul jour très ensoleillé dans le mois, l'ensoleillement est proche de la normale ou seulement légèrement déficitaire (-9% à Cochise IV). Comme en 2010 et 2009 lors des premières mesures météorologiques réalisées sur Pădure, le mois de juillet est plus doux que la normale et s’explique par le climat continental et le macroclimat généré par la grande forêt. Cet écart étant surtout dû aux minimales plus douces en moyenne de 2,1°C que la normale. Dans l'ensemble, le mois n'a pas été très venté mais le passage de la tempête Oolong au sud a engendré des rafales ponctuelles et localisées à plus de 80 km/h sur presque toute la région entourant notre secteur. Ceci n’a pas perturbé le trafic aérien et la livraison de matériel outre-mesure dans la région et nous suivons de près l’évolution de la tempête, qui semble s’être déplacée dans les steppes glacées du sud. Selon nos prévisions, la ligne aérienne allant du Mokhaï jusqu’à l’emplacement de Cochise IV devrait être dégagé sur le prochain mois, sans doute possible.

Rapport n°1 de madame Mae-duna Nimithai : ingénieure en chef du projet botanique de l’expédition jashurienne en Pădure – Jour 1 : 20/07/2011 .


Pădure, frontière de l’infini, vers laquelle voyage notre expédition. Sa mission de cinq ans : explorer de nouvelles terres étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations et au mépris du danger, avancer vers l’inconnu.

La carlingue de notre avion ronronne doucement tandis que nous survolons les brumes qui bordent la grande forêt de Pădure. Vestige des temps anciens, l’Assoupie, comme les anciens l’appellent dans les récits mythiques, reste à ce jour un véritable mystère pour les scientifiques du monde entiers. Depuis le hublot, je peux voir la cimes de monts recouverts de conifères de Pădure déchirer le voile brumeux et annoncer sa présence. L’Assoupie ne semble pas le moins du monde troublée par notre approche et même à cette altitude, le soleil ne parvient pas à darder ses rayons sur le fuselage de notre avion.

Il y a quelque chose d’éthéré dans ces silhouettes pointues se mouvant sous la nappe de brouillard et quelque chose de menaçant dans ces montagnes déchiquetées côtoyant les monts boisés qui s’affranchissent du carcan brumeux qui recouvre la forêt. À tout moment, un dragon de brume pourrait surgir et frapper notre appareil, et nous trouverions tout ceci fascinant et éthérique. Cette forêt a quelque chose qui retient l’œil, sans pour autant pouvoir le fixer définitivement, comme une fresque impressionniste faite en camaïeux de gris.

Le regard de mes compagnons d’aventure semble lui-aussi perdu dans le lointain. Notre avion compte cinquante de mes compatriotes, embarqués fraichement depuis le port-franc du Jashuria au Mokhai, notre base arrière. Les dirigeants du corps expéditionnaire en Pădure nous ont assuré que le camp de base était déjà en cours de finalisation et que les ingénieurs pouvaient déjà emménager et travailler sur leurs projets respectifs. Au vu de l’ampleur du projet, il n’était pas étonnant que tout soit préparé à l’avance : notre pays n’aimait pas se montrer pris de court.

J’ai eu l’occasion de consulter la liste des experts envoyés sur place, ou attendus pour les prochaines semaines. Le gratin des laboratoires jashuriens … et des exploitants miniers et forestiers … Restait à savoir si nous aurions le dernier mot au sein de cette expédition ou si comme à son ordinaire, la balance pencherait du côté des exploitants miniers. Parfois, souvent, trop souvent, la protection de la faune et de la flore pesait peu de choses face aux enjeux miniers de notre pays. Il était de mon devoir de faire prévaloir nos intérêts sur cette forêt, avant que nos comparses des conglomérats miniers ne fassent main-basse sur ces terres.

Peut-être que la solution résiderait dans une alliance avec les laboratoires pharmaceutiques … ? Qui sait ?

Faible secousse … et le voyant s’allume, seule tache de couleur dans l’habitacle. Nous amorçons notre descente dans les brumes. Placée en première place, j’entends le personnel de l’air murmurer. Ils avaient beau tenter de le cacher, mais on sentait une certaine tension dans leur posture. A croire que même avec toute la technologie disponible, il restait des zones dans lesquelles même l’être humain pouvait encore avoir peur.

Notre avion amorce sa descente … L’espace d’un instant, je crois entrevoir un rayon de soleil raser la brume. Puis le néant, le flottement, qui suspend notre avion dans les airs, quelque part entre la terre et l’espace, dans un flou incertain au milieu de la brume. Je vois l’hotesse de l’air enfoncer ses ongles dans le siège : elle n’en mène pas large elle-aussi et instinctivement, je triture la ceinture qui me maintient au fauteuil.

L’atterrisage se fait en douceur. Au travers des hublots, je peux à peine apercevoir les bords de la piste nouvellement dressée et apprêtée. Les éclairages de sol ont grande peine à projeter leur lumière rassurante tandis que notre avion bifurque vers le hangar apprêté pour l’occasion. Sans l’aide de nos montres, impossible de définir l’heure du jour au travers de cette purée de pois et je peux voir au travers des vitres les silhouettes de mes compatriotes se presser pour ouvrir les soutes à bagages sous la carlingue de notre avion. La descente de l’avion se fait en bon ordre, la rampe de métal amovible grinçant sous nos pas.

Une fine bruine semble recouvrir la piste d’atterrissage. Sous la couche de brouillard, difficile de prédire les changements climatiques, les baisses de température ou tout simplement les averses. Cette pluie semble suspendue dans les airs, comme si elle refusait de tomber sur le sol déjà imbibé d’eau. Rapidement, nos bagages sont descendus et nous sommes accueillis par les instances dirigeantes. Un bref salut … un bref mot de bienvenue, et nous voilà déjà affectés à nos quartiers et avec nos briefings de mission.

Il faut bien dix minutes pour rejoindre le camp de base, dont les pilotis permettent de construire une ville serpentant entre les arbres millénaires et gargantuesques de la forêt de Pădure. Le choix des hautes autorités avait été motivé par les conditions climatiques changeantes de Pădure. Construire en hauteur était une priorité, tant le sol était traître dès que l’on s’éloignait de la piste d’atterrissage. Les habitations, les lieux de travail et les salles de réunion, ainsi que les entrepôts, avaient été construits sur des pilotis pour les isoler du sol de la forêt, éloignant ainsi les dangers des éventuels prédateurs.
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Bulletin météo émanant de Thawan Prasarttong, météorologue de la station météorologique de Cochise IV en Pădure – 25/08/2011 .


Pădure – août 2011 – clairsemé et doux


Les précipitations mensuelles sont normales pour la saison, en moyenne de 5.5% sur le secteur de Cochise IV en Pădure, allant jusqu’à 50 mm sur le secteur (5% de plus que la normale), ces pluies étant surtout concentrées sur une ou deux journées dans le mois. La forêt a malgré tout retenu les précipitations excédentaires du mois précédent, si bien que les sols ne sont pas encore secs. La forêt présente toujours cet aspect humide, qui reste très agréable. L’ensoleillement est proche de la normale ou seulement légèrement excédentaire (+3% à Cochise IV). Comme en 2010 et 2009 lors des premières mesures météorologiques réalisées sur Pădure, le mois d’août est plus chaud que la normale et s’explique par le climat continental et le macroclimat généré par la grande forêt. Cet écart étant surtout dû aux minimales plus chaudes en moyenne 0.5°C que la normale. Dans l'ensemble, le mois n'a pas été très venté. La fin de la tempête Oolong a laissé ses traces dans la région mais les grandes rafales ont cessé de balayer la zone. Le trafic aérien a repris normalement et la tour de contrôle de Cochise IV a annoncé l’absence de perturbations sur le mois. La livraison des matériaux de construction et du personnel continue normalement pour le mois, sans retard.

Les prévisions pour les prochains mois sont cependant moins clémentes sur le secteur. Les températures vont très certainement chuter lors du mois de septembre, d’octobre et de novembre, pour atteindre les minimales prévues en décembre 2011. Selon nos prévisions, il sera nécessaire de ralentir le trafic aérien durant le cœur de l’hiver afin de ne pas risquer les accidents.



Programmation de Radio Pădure – Secteur de Cochise IV – 25/08/2011 .


Observations sur l’installation de Radio Pădure par Phawanee Himeko – opératrice radio pour Radio Pădure en Cochise IV


L’installation de l’antenne radio est terminée. Les bulletins radiophoniques vont pouvoir être diffusés sur plusieurs lieues à la ronde sur toutes les bonnes ondes. Nous avons reçu ce matin les demandes des différents organismens de l’expédition. Les réservations de fréquence sont en train d’être examinées par le comité et les attributions nous serons délivrées en fin d’après-midi. J’ai examiné le matériel livré depuis Agartah. On peut dire que la direction a mis les petits plats dans les grands. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas travaillé avec du matériel pareil. Ça change de l’Eurysie en tout cas.

La programmation suit son cours. La revue de programmation devrait avoir lieu demain, aux aurores. Nous sommes en train de finaliser les tests et avons dispatché des hommes dans le secteur pour s’assurer que la réception était bonne autour du campement. Cette satanée forêt brouille une partie de nos fréquences, mais avec un peu de doigté, nous devrions pouvoir passer la couverture des arbres et diffuser sur une longue distance, au moins pour les fréquences prioritaires comme les alertes et les rapports de mission.

Programmation prévisionnelle du 01/09/2011 par Phawanee Himeko – opératrice radio pour Radio Pădure en Cochise IV


  • 05h00 : Le 5/7 / Emission musicale entrecoupés de petites chroniques

  • 07h00 : Good Morning Pădure / Nouvelles du monde et actualité en Pădure

  • 10h00 : Hello World / Emission musicale sponsorisée [MUSIQUE HORS NAZUM]

  • 12h30 : Rapports officiels du Comité Expéditionnaire [PROGRAMME PRIORITAIRE]

  • 12h45 : Informations liées à la sécurité [PROGRAMME PRIORITAIRE]

  • 13h00 : Les Midis de Pădure / Nouvelles du monde et actualité en Pădure

  • 14h00 : La Chronique de Feloni [REPORTER FORTUNEEN INVITE] / Prévoir thé macha au lait

  • 15h00 : Fiction-Friction / Le livre du jour raconté par Nikolo Sorkazy de Novigrad.

  • 16h00 : Un goûter en Pădure / Emission musicale [SPECIAL MUSIQUE NAZUM]

  • 18h00 : Very Good Trip / Emission sur un artiste nazumi [CHRONIQUEUR ENCORE A AGARTHA – A REMPLACER EN ATTENDANT DEBARQUEMENT]

  • 19h00 : Les Nocturnes de Pădure / Nouvelles du monde et actualité en Pădure

  • 19h30 : Météo Pădure et publicités sponsorisées [REVOIR LES TEMPS DES ANNONCEURS ASAP]

  • 20h00 : Rediffusion des épisodes de l’Heure des Comptes avec Bernardo Ricardo Lévérini [DROITS ACQUIS AUPRES DE LA TV FORTUNEENNE]

  • 21h00 : Cuisines du Monde / Reportages sur la cuisine autour du globe [12 EPISODES / RAPPELEZ MOI POURQUOI ON FAIT UNE EMISSION CULINAIRE SANS IMAGE ???] => A REMPLACER EN URGENCE PAR LES BULLETINS DES RADIOS VOISINES

  • 22h00 : Le 10h pétantes / Emission musicale

  • 23h00 : Wave, Listen to Me ! / Le quotidien raconté de façon humoristique par Jenna Shawani

  • 00h00 : La forêt dort / Emission musicale [PREPARER LA PLAYLIST, ON EST EN AUTOMATIQUE JUSQU’AU MATIN]
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« Merde … pas encore !? »

Phawanee Himeko, opératrice de Radio Pădure, frappa la console du plat de sa main, manquant au passage de renverser un café et un donut au chocolat sur les dispositifs électroniques. Shuan Ho, son comparse en charge de l’écriture des chroniques, vint à la rescousse, un air concerné éclairant son visage marqué par la fatigue du voyage par pont aérien. A côté d’eux, le technicien radio en charge des émissions du signal leva les bras au ciel, en signe d’impuissance. Jenna Shawani, elle-même occupée à tester le signal, râla comme à son habitude.

« Encore le signal ? s’enquit Shuan.

- Ouaip. Pas moyen d’avoir une fréquence claire ! C’est un vrai trou à rats cette forêt, déclara Phawanee visiblement contrariée.

- Je te l’avais dit, ajouta Jenna. A chaque fois que ce brouillard se lève, ça fait foirer tout le système. Regarde ce signal. On dirait l’électrocardiogramme d’un épileptique en pleine crise ! »

Cela faisait plusieurs jours que l’antenne radio installée dans la base de Cochise IV présentait des problèmes de réception. Cette maudite forêt empêchait les transmissions de signaux vers l’extérieur ET vers l’intérieur. Tant que l’antenne était proche de la canopée, les signaux étaient brouillés par … et bien … on ne savait pas vraiment quoi à vrai dire. Mais c’était suffisamment pénible pour perturber tout le programme de l’équipe radiophonique de Cochise IV. La petite équipe, fauteuils tournés vers le centre de la pièce, constatait à nouveau avec impuissance que toute leur installation et toute leur programmation était inutile en l’absence d’une réception claire.

« On ne fera pas l’économie d’une autre antenne, déclara le technicien. J’appelle la logistique de la base. On peut pas continuer dans ces conditions, il faut qu’on fasse installer l’antenne au point Echo 3. Je leur dis qu’on est de la partie. »


Echo 3 était l’un des rares points remarquables au sein de la canopée sinistre de la Grande Forêt. Situé à quelques kilomètres de la base de Cochise IV, ce piton rocheux recouvert d’arbres millénaires s’avérait être l’un des rares points haut aisément identifiables dans cette mer verdâtre et brumeuse. S’élevant au-dessus des brumes matinales, Echo 3 – faut d’avoir pu s’accorder sur un nom plus accrocheur – allait se révéler crucial pour la suite des opérations jashuriennes dans la Grande Forêt. En effet, le point culminant de ce sommet était suffisamment haut pour dépasser la couche de brume et la canopée de la forêt, ce qui, en l’état actuel des transmissions radio jashuriennes, s’avèrerait particulièrement utile.

Ce n’était pas qu’un problème pour Radio Pădure. Le commandement de la base avait bien du mal à communiquer à ses équipes quoi que ce soit, faute de lignes sécurisées. Les communications étaient brouillées par de la friture les deux tiers du temps, tandis qu’au dernier tiers, on recevait parfois les émissions et les communications d’autres bases à proximité. Les gestionnaires en charge des opérations de colonisation n’avaient pas le choix : pour s’en sortir, il fallait d’urgence faire grimper une équipe d’installateurs radio au sommet de Cochise IV, abattre quelques arbres et placer une antenne radio dernière génération.

Les équipes d’exploration travaillaient depuis maintenant quelques jours à la création d’un chemin sûr au travers de la forêt pour relier Cochise IV au point Echo 3. L’ensemble du trajet avait été balisé et malgré un blessé lors d’une chute et trois malades – à cause des saloperies trainant dans la forêt – l’opération avait permis de baliser l’ensemble du trajet et de commencer des actions visant à débroussailler le chemin. Nuit et jour, une équipe s’affairait à créer une voie suffisamment large pour qu’un petit camion puisse circuler vers le piton rocheux et décharge son matériel.

Cochise IV n’en était pas à sa première tentative, mais les derniers essais s’étaient révélés infructueux. La forêt repoussait aisément toute tentative de s’en rendre maître. Avancer dans la forêt tenait plus de la guerre de position, chaque mètre gagné devenant une bataille de tous les instants pour éviter que la végétation ne se redéploye. Pire encore, plus on attaquait la forêt et plus celle-ci semblait redoubler d’inventivité pour repousser les assauts. Biologistes et experts en logistiques s’arrachaient les cheveux depuis plusieurs semaines pour comprendre comment agir dans la forêt sans se confronter à son impressionnant système immunitaire. Il apparut rapidement que seules les pistes peu larges paraissaient ne pas déclencher l’ire de la forêt. De toute façon, en l’état, Cochise IV n’était pas en mesure de lancer des opérations de terrassement de grande ampleur et préférait se cantonner à observer le fonctionnement de cet organisme. L’important était de ne pas reproduire les erreurs des précédentes expéditions. Faute de mieux, les équipes avaient réussi à créer une piste suffisamment large pour laisser passer un petit camion serpentant dans la forêt.

Le matériel dédié à la mise en place de l’antenne radio avait été acheminé et stocké dans le hangar 3 depuis plusieurs semaines. Les équipes d’installation, bien contentes de pouvoir enfin passer à l’action, avaient chargé dans les camionnettes les différents éléments et recouvert le tout de grandes bâches frappées aux symboles de Cochise IV. L’expédition avait été rejointe en début de matinée par quelques membres de Radio Pădure, bien décidés à voir cette mission couronnée de succès. Malgré le froid qui s’était abattu sur la forêt, les Jashuriens commencèrent leur progression dans un bon état d’esprit, espérant pouvoir atteindre Echo 3 en milieu de matinée. Lorsque les camionnettes s’ébranlèrent dans la maigre piste tracée dans les broussailles et les arbres, le moral était encore au beau fixe.


« Encore … encore … STOP ! Stoppez tout ! Stop j’ai dit ! » hurla le contremaître aux ouvriers qui tiraient sur les cordes enclenchées sur les poulies.

L’antenne émit un petit couinement sinistre tandis que les ouvriers, éreintés, commençaient à riveter le tout à grands coups de marteaux et scellaient les derniers éléments de la structure. Cela faisait une bonne journée que les gars s’échinaient à monter un à un les éléments de la structure de l’antenne de diffusion au-dessus de la canopée, sur le point le plus haut d’Echo 3. L’équipe était exténuée, la faute à une température peu clémente et à des conditions de travail assez ingrates. L’un d’entre eux s’était blessé à cause de la fatigue et patientait sur un poste de travail aménagé, si tant est que ça puisse valoir quelque chose dans cette forêt.

L’équipe se restaura sur les coups de midi tandis que les réservistes préparaient les câbles électriques à raccorder au groupe électrogène qui serait raccordé à l’antenne. Dans un territoire aussi hostile que celui de la Grande Forêt, les groupes électrogènes étaient ce qui faisait la vraie différence entre la vie et la mort. Le matériel était déplié avec soin et branché sur les différentes armatures de l’antenne par les cordistes tandis que l’équipe d’ouvriers finissait son dhâl de lentilles corail, le tout accompagné d’une bonne tranche de fromage, préparés par les deux cuistots désignés volontaires.

Sitôt terminé le repas, les chefs d’équipe se répartirent à nouveau le travail tandis que les cordistes terminaient de tracer les chemins de câbles jusqu’au haut de la tour de communication. Une première équipe vérifierait les amarres au sol tandis que l’autre finirait les raccordements aux installations et procèderait à la mise en place du panneau de pilotage de l’antenne. A mesure que les équipes s’activaient, les officiers en charge des opérations ne pouvaient qu’observer avec inquiétude les gros nuages noirs à l’horizon. Ceux-ci ne semblaient pas se diriger vers leur position et rien n’indiquait dans le bulletin météo que la pluie frapperait, mais il fallait se montrer prudent. La forêt était traitresse et si l’orage se déplaçait sur Echo 3, il faudrait mettre rapidement en place des mesures conservatoires pour éviter que tout le travail ne soit réduit à néant.


« Allo !? Allo ?! Cochise IV, ici Echo 3, le signal semble bon. Confirmez. A vous. »

Les ondes radio se synchronisèrent tandis que la pluie commençait à tomber sur Echo 3. Les Jashuriens, massés dans une grotte à flanc de coteau, observaient avec attention les équipements de diffusion reliés il y a à peine une heure dans la plus grande précipitation. Ce n’était pas la plus belle installation du monde, mais avec cette pluie battante qui balayait la surface d’Echo 3, il fallait s’en contenter. Ceux qui n’observaient pas la station de radio se pressaient autour du thé que l’on venait de servir. L’équipe était épuisée, mais heureuse d’avoir terminé le travail. Il ne restait plus qu’à attendre que la pluie passe.

Mâchonnant un naan épicé, Phawanee continuait d’évaluer la qualité du signal et relançait à nouveau la base principale afin d’avoir une réponse. A ses côtés, son technicien radio modulait le signal avec précision, changeant les variables à chaque essai pour réussir à capter quelque chose tandis que les diodes s’allumaient petit à petit, confirmant que la réception s’améliorait. Le grésillement du retour finit par les surprendre.

« Echo 3 ? Ici Cochise IV. On vous reçoit bien. A vous. »

Phawanee exulta de joie devant cette simple phrase ! Rapidement, le technicien radio bloqua les réglages et finalisa son installation pour acquérir plus de clarté dans le signal. Au bout de quelques minutes, la radio longue portée était enfin installée. Ils allaient enfin pouvoir diffuser à longue distance … avoir de vraies émissions de radio et la possibilité de communiquer avec les équipes de reconnaissance.

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Organisation officielle du camp de Cochise IV – Note du CEPE – 02/06/2014



Le campement de Cochise IV est désormais installé et opérationnel. Nos équipes de télécommunications ont mis en place récemment les installations nécessaires à la création d’une couverture radio en basses ondes, nous permettant de faciliter nos communications à l’intérieur de la forêt ainsi qu’une installation en hautes fréquences pour la communication à l’extérieur de la forêt. Ces installations, basées à Echo III sont désormais totalement opérationnelles et nous pouvons continuer nos opérations au sein de Padure. Le Comité d’Exploration de Padure et d’Etablissement (le CEPE), représenté par ses membres, a contacté ce jour la Troisième République du Jashuria au cours d’une visioconférence plénière, durant laquelle ont été évoqués les prochaines étapes de la fiabilisation de nos positions dans la Grande Forêt.

La tranche 1 de l’installation de Cochise IV est en passe d’être atteinte. Les différentes branches du corps expéditionnaire sont installées et peuvent aujourd’hui débuter leurs travaux préparatoires pour enclencher la phase 2 dans les meilleurs délais. La plateforme logistique est totalement opérationnelle et malgré des retards dans la mise en œuvre des émissions radios, nous sommes désormais capables d’émettre, de recevoir, et de sécuriser le transit aérien autour du campement depuis la base avancée au Mokhai.

Le corps expéditionnaire jashurien est actuellement constitué de 1200 personnes, dont 200 militaires. Les activités de fiabilisation de la colonie ne nécessitent pas de nouvelles personnes dans les prochains mois et le CEPE se montre confiant dans sa capacité à atteindre les objectifs de la tranche 1. Le CEPE recommande toutefois au Jashuria de transmettre le plus rapidement possible les matériaux listés dans l’annexe 3 du présent compte-rendu.

La fin de l’installation du campement est actée au 02/06/2014. Les équipes vont désormais entamer la phase préparatoire de leurs travaux, notamment les équipes d’exploration, dont le travail de cartographie sera crucial dans les prochains mois afin de s’assurer que nous maîtrisons les lieux. Le CEPE va employer les militaires de la 8e division pour cette tâche, accompagnés des géographes de l’université d’Agartha. Nous espérons des premiers résultats sous un délais d’un mois à compter de ce jour. Les équipes de reconnaissance auront pour tâche d’identifier les territoires facilement accessibles et potentiellement utilisables pour des opérations de prospection. Les données collectées serviront à nos chercheurs et nos prospecteurs pour la suite des opérations.

La base fonctionne parfaitement. Les logements livrés par la Madavian sont d'excellente qualité et les laboratoires ont reçu il y a quelques semaines le feu vert de la part des experts sanitaires pour démarrer les expériences sur les échantillons qui seront récoltés dans la forêt. Le campement de Cochise III a été entièrement vidé de son matériel et les bâtiments ont pu voir le jour sans encombre, malgré la présence d'une végétation foisonnante. Les contrôleurs techniques ont pu certifier que les installations étaient dans un état optimal et nous ne devrions pas avoir de problèmes à maintenir opérationnelle la base de Cochise IV dans les prochaines années si les livraisons de nourriture et de matériel se poursuivent. Toutefois, la question de l'autonomie de la base demeure. Si nous souhaitons pérenniser la colonie, il va être nécessaire de développer nos cultures sous serre rapidement afin de limiter nos besoins de la part du Jashuria et du port-franc du Mokhaï. Les serres ont été vérifiées récemment et nos ingénieurs agronomes ont réussi à faire pousser quelques légumes et fruits que l'on ne trouve que dans les abords de la forêt, mais ce rendement est pour l'instant largement insuffisant au regard de nos besoins. D'après nos estimations, il est probable que cette situation de dépendance alimentaire dure encore quelques années avant que la base ne soit totalement autonome. La question de l'approvisionnement en énergie est aussi cruciale si nous voulons nous étendre. Les panneaux solaires et les éoliennes se révèlent des énergies d'appoint intéressantes, mais trop peu fiables sur le long terme et surtout avec les aléas climatiques de la forêt. Des négociations sont en cours avec les localités alentours pour de la livraison de fuel au cas où l'approvisionnement international ferait défaut. Des équipes sont d'ores-et-déjà en pleine négociations avec les localités alentours pour des livraisons régulières, mais les locaux semblent superstitieux et peu enclins à s'approcher de notre territoire.

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Estampe

Brouillard de Padure - Estampe réalisée par Nattasut Chamroon - 03-06-2014


Il attend la fin du jour
Avant l'orage,
Le pinceau du peintre.

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