Ici seront contés la façon dont vos expéditions tentèrent de survivre à la forêt.
Missions de Pădure
Posté le : 01 sep. 2023 à 23:27:41
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Ici seront contés la façon dont vos expéditions tentèrent de survivre à la forêt.
Posté le : 11 sep. 2023 à 23:19:32
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Je balayais la soute du regard, et fut d'une certaine façon rassurée de voir d'autres compagnons partager mon inquiétude. Mes yeux se posèrent sur les soldats du comté Sablier, blason à l'épaule. Ils étaient calmes, ou du moins en donnaient l'illusion. Eux s'y connaissaient, tant qu'ils ne paniquaient pas, je n'avais pas de raison de faire de même. Je me retourna sur mes lamas, en me remémorant en une fraction de seconde comment j'étais arrivé jusqu'ici. Cet atterrissage dura combien de temps ? Même pas une minute de chaos avant de rouler doucement pour s'arrêter à une place intéressante ? J'eu quand même le temps de repenser à ma bourgade, où j'élevais des lamas pour la laine, avant qu'une commande ne soit passée officiellement par le comté. Il leur fallait des bêtes de somme rustique et adaptées au froid, en plus d'un expert pour s'en occuper. C'était là une offre d'emploi bien payé et, m'avait il convaincu ou contraint, mon père me poussa à l'accepter.
Un crachat me tira de ma rêverie, puant, gluant et collant. L'avion s'était arrêté, et un des lamas tendus m'exprima clairement sa volonté que je lui lâche le licole. Et de toute façon, il y avait à faire. Tentes, vivres, 4x4, pick up, lamas, il y avait énormément de choses à débarquer, et le camp devait être rapidement monté.
Une brise glacée me saisit et m'arracha un incontrôlable claquement des dents. Le climat était plus froid que dans ma bourgade, pourtant en altitude et empreinte d'humidité. J'enfila sans attendre ma veste et repensant à l'officier qui nous avait dit de le faire une heure avant. Tout le monde s'était exécuté et, comme moi, beaucoup avaient renoncé après une trentaine de minutes. On était bien au chaud quand l'avion était fermé, trop même. Je me sentais presque tourner de l'œil avec cette épaisse veste, doublée, coupe vent, tout ce qu'il faut pour se protéger du froid.
"Bougez vous !"
Je sursauta à l'instar de mes compagnons sous les vociférations de Frédéric Sablier, commandant de l'expédition mandaté directement par la comtesse. On acheva d'enfiler nos gants et bonnets avec célérité avant de nous affairer au labeur. Le soleil se couchait déjà derrière l'horizon, ou en sortait t'il ? Peut être même était il à son point de culmination, quoiqu'il en soit ses rayons étaient loin de réchauffer substantiellement l'atmosphère, à peine s'il la passait tant brume et nuage formait une couche épaisse. Par contre le vent et la pluie eux faisaient leur office et nous glaçaient les os. Mon pantalon, bordel il est trempé ! Foutu pluie de merde, mon manteau a beau descendre bas il ne peut pas tout couvrir. Moi qui suait y'a pas longtemps, me voila frigorifié, trempé sur toutes les épaisseurs. Mais putain de pluie ! Elle est gelée ! Je n'ai rien connu de tel, même durant les pires pluies de ma montagne, il fait combien ? Quinze degrés minimum ?
C'est dans cet inconfort ambiant que je prépare un enclos pour les lamas, on plante prestement des barres dans le sol et les lie avec du fil de fer. Pas de clôture électrique, heureusement ce sont les bêtes les plus dociles qu'on a emporté, des mâles castrés pas trop jeunes et bien dressés. Mon ami Daniel m'attrape par l'épaule à un moment en me tendant un paquet.
"Les répulsifs contre les mouches et moustiques. Attention c'est rationné, donc gère tes stocks. Ah et le magasinier a dit de faire attention aux tiques aussi. On ignore si ça marche contre ces saloperies donc vérifie bien ta peau tous les soirs, même entre les fesses il a dit."
Bordel, c'est vrai qu'on devra se laver, donc se déshabiller avec ce froid insupportable là. Purée, moi ça sera à l'éponge, hors de question que je me trempe dans de la flotte glacée. De toute façon, on en aura pour se baigner ? On va forcément devoir se rationner.
"Gaston !!"
Putain mais ils vont arrêter de me faire sursautter ! C'est le manageur de mes deux là, j'ai oublié son nom.
"T'as fini avec tes lamas ?! Vient filer un coup de mains avec le pétrole !"
Le pétrole ? Ah, l'essence pour les groupes électrogènes et véhicules. Je me dépêche de venir aider à décharger les barils. Purée, je n'en peux déjà plus, et ça va durer combien de temps l'expédition ? J'en ai aucune idée. Bordel j'en ai marre, je regrette déjà. Je suis fatigué, j'ai froids, je suis bousculé en permanence, là les manutentionnaires me prennent pour un mongol parce que je suis hésitant à trainer leurs jerricans de merde. Bah oui connard, explique moi où je dois le caller le jerrican, dans mon cul ? Moi je m'occupe des lamas, soit déjà content que je t'aide. Putain mais quel con, tous le monde me fatig...
"Mais t'as pas un mouchoir le crasseux ?!"
Ah bah maintenant c'est le commandant qui en rajoute une couche. C'est d'autant plus insupportable que cette fois ci il a raison : les restes de crachat du lama coule sur mon visage comme une morve dégueulasse avec la pluie. Purée si même mes lamas me foutent dans l'embarras. Papa je te déteste ! Je suis sûr et certain que tu savais dans quoi j'allais être embarqué ! Je veux bien que tu voulais me voir bouger de la maison, mais là, au point de m'envoyer dans le trou du cul du monde ! Putain mais même les fonds marins vont être davantage explorés que Padure, avec les expéditions pétrolières qui scannent les sols, tu m'as littéralement envoyé dans le trou du cul du monde le moins exploré parce qu'il PUE LA PISSE.
Puer... non en vrai il ne pue pas, en fait c'est même l'une des deux seules choses qui me plaisent ici. Les odeurs sont nouvelles et rafraîchissantes, celles des forêts. Pas des bois tropicaux que je connais, c'est inconnu pour moi. Et la vue, pareil, alors mes jungles aux fougères arborescentes et aux arbres enchevêtrés de lianes n'en ont rien à envier, mais ça a quand même de la gueule. J'aimerais pouvoir me poser un instant pour contempl...
"Mais bordel tu vas te bouger le trou du cul !"
Bon sang mais j'en ai marre d'être en permanence sous tension ! D'avoir toujours ce frisson de stresse dans le cœur, dans les veines. Toujours le même débile.
Il aura fallu trois bonnes heures pour décharger le matos et installer le camp. L'avion est reparti tout aussi sec, apparemment il était déjà en retard et devait au plus vite rejoindre un ravitailleur envoyé en amont. Sacrée logistique. Maintenant, je peux enfin souffler pour de vrai. Bon, Daniel est un peu lourd à me charrier mais on rigole quand même. En tant normal je lui aurais rendu la pareil mais là j'en peux plus. Tout le poids de la journée me tombe d'un coup dessus. De la journée ? De la semaine oui ! On a eu une semaine pour nous former de façon expéditive à l'expédition ! Avec des cons de militaires, qui nous gueulaient comment monter une tente, tenir un camp, allumer un feu, collecter de l'eau. Tiens, l'eau, là pour le coup je ne me plains pas. Moi je profite enfin de mon repos, mais y'a des gars qui sont déjà envoyés en reconnaissance voir si y'a de la flotte à côté. Vraiment, s'il pleut comme ça tout le temps, contentez-vous de laisser des bidons dehors.
Maintenant je profite d'un semblant de chaleur dans ma tente avec mon pote, et deux inconnus. Ça va ils sont sympas, on rigole, échange sur la journée. Je suis encore une fois rassuré de voir que mon ressenti est partagé et que je ne suis pas particulièrement douillet : la semaine a bien été notoirement pénible. Ceci dit un point qui m'inquiète, c'est que personne d'autre que moi a l'air surpris d'à quel point c'est pénible. Suis-je le seul inconscient, petit jeune embarqué dans une aventure où il n'a pas sa place ?
Bon, pas le temps pour ces questions, on profite tranquillement du reste de la soirée pour se reposer, manger nos rations. Il n'y a plus rien à faire pour ce soir... putain les lamas ! L'autre connard avec ces jerricans me les a fait les oublier ! Ils n'ont pas mangé les pauvres, ils n'ont même pas d'eau, je ne sais même pas si on leur a monté leur abri. Bordel ma seule responsabilité vraiment à moi, j'y échappe ! Bon ça va, ils n'ont pas l'air fâché les bestiaux, et m'accueillent même chaleureusement. Faut dire qu'ils sont soudainement amicaux quand j'ai à manger, bande d'enfoirés...
Allez c'est fait, je leur ai installé avec l'aide de Daniel (quel bro quand même) leur abris, ils ont à boire, à manger. Je leur ai mis leurs couvertures aussi, là il caille sévèrement et la pluie n'aide pas. Bon, normalement avec l'humidité, la température doit être stable et la nuit ne sera pas tant pire que la journée... j'espère. La nuit n'est pas très claire. Je ne me souviens plus, on est à quel quartier de Lune aujourd'hui ? Ou c'est les nuages qui masquent les lueurs de la nuit ? Je distingue vaguement la forêt. Même là elle est belle, hypnotique même. Je suis presque pressé de m'y aventurer. Après tout je serais de la partie, c'est moi qui m'occupe des lamas pour porter le matériel. Parce que bon ouais, leurs véhicules à roue là, c'est mort, ça a beaucoup de racines, d'arbres, et probablement des reliefs. Mes lamas seront indispensables. Aurais-je droit à un peu de considération après ça ? ... Ouais non je rêve, au contraire plus de responsabilité voudra dire plus de pression, et les cons de petits chefs complexés n'hésiteront pas à me rabaisser.
Bon, ça y est, la journée est enfin, définitivement, terminée. Même les officiers ont arrêté de crier, et Daniel s'est un peu calmé sur ses blagues. On fait une petite partie de carte (même si elles sont toutes bien trempées) avant d'aller se coucher. J'applique juste un peu de répulsif, avant de me plonger dans mon sac de couchage. C'est bon, il m'aura fallu peu de temps, je descend déjà les marches dorées, direction Kadath.
Posté le : 30 sep. 2023 à 03:29:35
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Pădure – Jour 2 & 3 : premières visions
La centaine de braves sylvois était maintenant seule, et presque isolée de tout. Les avions étaient repartis en vitesse pour rejoindre les ravitailleurs déjà lancés à leur point de rendez-vous, histoire de retourner en Sylva. Hors de question de se tourner les pouces en attendant, il fallait préparer dès maintenant la réception de davantage de membres et matériels.
Il y avait notamment trois missions prioritaires pour commencer :
-Aménager une piste d'atterrissage sur une zone intéressante et avec toute la signalétique requise. Les approvisionnements par avions allaient se multiplier, et il était primordial de leur faciliter le trajet.
-Mettre en place des dispositifs de collecte d'eau et repérer d'éventuelles sources de nourriture dans les parages. Ces besoins allaient représenter une pression constante et devaient être comblés pour assurer l'accroissement du camp.
-Et finalement établir un système de communication efficace, pas seulement pour joindre Sylva, mais aussi le campement de la BEEM, partenaire avec qui Sylva s'était entendu pour coopérer dans cette exploration.
Sans attendre les préparatifs étaient effectués sous la supervision d'officiers qualifiés. Le dispositif le plus simple était celui de la collecte d'eau : Padure était humide avec des pluies régulières. De grandes bâches étaient déployées en entonnoir pour récupérer l'eau dans des tonneaux, avec un filtre entre deux pour qu'elle soit potable. Un autre mécanisme consistait aussi à étendre une toile, mais à la verticale pour que la brume y fasse des dépôts de rosée, ensuite récupérer avec une gouttière jusqu'à un tonneau, toujours avec un filtre.
Si l'officier en charge de l'approvisionnement en eau (un individu avec paradoxalement un penchant alcoolique) était confiant sur les capacités de ce dispositif pour assurer les besoins, Frédéric Sablier attendait avec impatience l'acheminement d'une unité de traitement d'eau mobile. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'il prenait les devant et avait envoyé des éclaireurs dans les environs pour trouver des points d'eau constants. Le camp serait déplacé à l'avenir s'il le fallait pour en profiter.
L'aménagement de la piste était une tâche simple mais à faire consciencieusement. Déjà était sélectionné un terrain favorable, plat et sans débris, rochers ou troncs. L'herbe y était ensuite débroussaillée, et la piste quadrillée de panneaux réflecteurs de lumières et de phares. Les avions pourront de cette façon être guidés efficacement à l'avenir et éviter de dévier du camp (voir se poser en plein dans les tentes) en plus d'éviter les risques inutiles de percuter un rocher. Se poser presque à l'aveugle le premier jour avait été risqué, tous le monde en était conscient, et il s'agissait maintenant de s'arranger pour que cela ne le soit plus. Un accident grave suffirait à interrompre les opérations...
La piste était également nettoyée, en y retirant les rochers et branches ou troncs. Par contre l'officier chargé n'avait pas de solution à l'un des problèmes : le revêtement de la piste. Il était envisagé de mettre du sable ou des graviers, mais celà ne s'improvise pas comme travail. Et en l'état, elle risquait de devenir boueuse. "Tans pis, les avions sont faits pour". Cette déclaration avait tout sauf rassuré le Sablier, qui priait pour que la terre à nue sèche vite et n'absorbe plus trop l'eau, autrement celà deviendrait un bourbier, et seul le Bondye savait à quel point ce serait laborieux d'en extraire un avion embourbé.
Finalement la dernière mission prioritaire fut le simple assemblage d'une antenne radio fixe. Ce n'était vraiment rien de bien élaboré, juste un poteau soutenu par quatre piquet plantés au sol et surmonté d'une parabole. Elle était ensuite branchée à des batteries et reliée au groupe électrogène. Les piquets stabilisateurs avaient été plantés profondément en vu de l'humidité des lieux : le sol était meuble et facile à perforer, mais par conséquent moins aptes à retenir les pieux de l'arrachements.
La question des groupes électrogènes trottait tout de même dans l'esprit de Frédéric. Ils étaient prévus pour être largement suffisants avec bien assez de réserve de carburant même avec des retards de livraisons. Mais le camp dépendait malgré tout beaucoup de la régularité des ravitailleurs, peut-être même plus que pour l'alimentation. Les équipes envoyées chercher de l'eau avaient aussi pour fonction de surveiller la présence de gibier ou végétaux comestibles. Peut-être que le camp pourrait être autonome niveau alimentation ? Ce serait d'une grande aide.
Le chef de l'expédition regardait aux alentours en pensant à tout celà. La journée était magnifique et calme mais il était pour autant loin d'être serein. Pour se rassurer il envoya quelques hommes en patrouille autour du camp, avec des armes et des radios. Ces guetteurs seraient plus restreints à l'ouest vu que l'allié miridien s'y trouvait, mais du reste rien n'était sûr. Non, ces patrouilles ne mangeraient pas de pain et éviteraient les surprises inutiles.
Il y avait notamment trois missions prioritaires pour commencer :
-Aménager une piste d'atterrissage sur une zone intéressante et avec toute la signalétique requise. Les approvisionnements par avions allaient se multiplier, et il était primordial de leur faciliter le trajet.
-Mettre en place des dispositifs de collecte d'eau et repérer d'éventuelles sources de nourriture dans les parages. Ces besoins allaient représenter une pression constante et devaient être comblés pour assurer l'accroissement du camp.
-Et finalement établir un système de communication efficace, pas seulement pour joindre Sylva, mais aussi le campement de la BEEM, partenaire avec qui Sylva s'était entendu pour coopérer dans cette exploration.
Sans attendre les préparatifs étaient effectués sous la supervision d'officiers qualifiés. Le dispositif le plus simple était celui de la collecte d'eau : Padure était humide avec des pluies régulières. De grandes bâches étaient déployées en entonnoir pour récupérer l'eau dans des tonneaux, avec un filtre entre deux pour qu'elle soit potable. Un autre mécanisme consistait aussi à étendre une toile, mais à la verticale pour que la brume y fasse des dépôts de rosée, ensuite récupérer avec une gouttière jusqu'à un tonneau, toujours avec un filtre.
Si l'officier en charge de l'approvisionnement en eau (un individu avec paradoxalement un penchant alcoolique) était confiant sur les capacités de ce dispositif pour assurer les besoins, Frédéric Sablier attendait avec impatience l'acheminement d'une unité de traitement d'eau mobile. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'il prenait les devant et avait envoyé des éclaireurs dans les environs pour trouver des points d'eau constants. Le camp serait déplacé à l'avenir s'il le fallait pour en profiter.
L'aménagement de la piste était une tâche simple mais à faire consciencieusement. Déjà était sélectionné un terrain favorable, plat et sans débris, rochers ou troncs. L'herbe y était ensuite débroussaillée, et la piste quadrillée de panneaux réflecteurs de lumières et de phares. Les avions pourront de cette façon être guidés efficacement à l'avenir et éviter de dévier du camp (voir se poser en plein dans les tentes) en plus d'éviter les risques inutiles de percuter un rocher. Se poser presque à l'aveugle le premier jour avait été risqué, tous le monde en était conscient, et il s'agissait maintenant de s'arranger pour que cela ne le soit plus. Un accident grave suffirait à interrompre les opérations...
La piste était également nettoyée, en y retirant les rochers et branches ou troncs. Par contre l'officier chargé n'avait pas de solution à l'un des problèmes : le revêtement de la piste. Il était envisagé de mettre du sable ou des graviers, mais celà ne s'improvise pas comme travail. Et en l'état, elle risquait de devenir boueuse. "Tans pis, les avions sont faits pour". Cette déclaration avait tout sauf rassuré le Sablier, qui priait pour que la terre à nue sèche vite et n'absorbe plus trop l'eau, autrement celà deviendrait un bourbier, et seul le Bondye savait à quel point ce serait laborieux d'en extraire un avion embourbé.
Finalement la dernière mission prioritaire fut le simple assemblage d'une antenne radio fixe. Ce n'était vraiment rien de bien élaboré, juste un poteau soutenu par quatre piquet plantés au sol et surmonté d'une parabole. Elle était ensuite branchée à des batteries et reliée au groupe électrogène. Les piquets stabilisateurs avaient été plantés profondément en vu de l'humidité des lieux : le sol était meuble et facile à perforer, mais par conséquent moins aptes à retenir les pieux de l'arrachements.
La question des groupes électrogènes trottait tout de même dans l'esprit de Frédéric. Ils étaient prévus pour être largement suffisants avec bien assez de réserve de carburant même avec des retards de livraisons. Mais le camp dépendait malgré tout beaucoup de la régularité des ravitailleurs, peut-être même plus que pour l'alimentation. Les équipes envoyées chercher de l'eau avaient aussi pour fonction de surveiller la présence de gibier ou végétaux comestibles. Peut-être que le camp pourrait être autonome niveau alimentation ? Ce serait d'une grande aide.
Le chef de l'expédition regardait aux alentours en pensant à tout celà. La journée était magnifique et calme mais il était pour autant loin d'être serein. Pour se rassurer il envoya quelques hommes en patrouille autour du camp, avec des armes et des radios. Ces guetteurs seraient plus restreints à l'ouest vu que l'allié miridien s'y trouvait, mais du reste rien n'était sûr. Non, ces patrouilles ne mangeraient pas de pain et éviteraient les surprises inutiles.
Posté le : 28 nov. 2023 à 01:56:56
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Pădure – Jour 5 : premières visions
-... et maintenant dans le cadre de notre reportage sur les forêts de Pădure nous laissons la parole à madame Lisa Dugazon, psychologue de sa fonction et employée à cette fin pour l'organisation de l'expédition Anouay. Madame Dugazon, que pouvez-vous nous dire sur votre implication ?
La scène se déroulait sur Sylva 1er, principale chaîne d'information du Duché, lors d'un reportage sur cette captivante forêt d'outre océan où se tournaient toutes les attention du monde. Les sujets de Sylva étaient tout naturellement passionnés par le sujet qui avait absolument tout le nécessaire pour attiser les plus farouches des curiosités, d'où ladite expédition. Lisa balaya brièvement des yeux les spectateurs, caméras et prompteurs avant de se tourner vers son interlocutrice, habituelle présentatrice des informations du soir, pour lui répondre entre deux consultations de note.
-C'est très simple, évident même, mais très intéressant à développer. Anouay est une expédition d'ampleur éprouvante de par la distance qui nous lie à elle et l'absence de ressources et infrastructures sur place. Il y a tout à faire dans des conditions éprouvantes et même stressantes. C'est dans ce sens qu'à l'instar des expéditions militaires ou industrielles distantes en milieu hostile, il faut s'assurer d'une préparation psychologique qui était, sans surprise de mon ressort. On se doutait en effet que je ne serais pas en charge de la planification de l'approvisionnement en eau." Petit rire mi poli, mi mécanique de la présentatrice qui ne s'attarda pas plus sur la plaisanterie. "Ma fonction était double : anticiper quelles seront les pressions appliquées aux expéditionnaires et planifier la réponse à y apporter en tenant compte des contraintes de distance. Nous n'avons par exemple pas pu amener de psychologues sur place, toutes les places étant réservées pour d'autres postes plus urgents, j'aborderais d'ailleurs ce point.
Mais déjà dans ce contexte d'isolation dans un milieu sauvage presque mystique, plusieurs sources de stresses peuvent être mises en évidence d'emblée : l'hostilité du milieu, la discipline et rigueur continue, l'isolement de la civilisation et, détails en apparence anodin mais capital, le caractère superstitieux des sylvois.
Les trois premiers points sautent aux yeux et on comprend sans difficulté leur importance. Nos braves aventuriers vont être confrontés à un climat pénible, pluvieux et frais avec toutes les difficultés intrinsèques pour le confort. Ce manque de confort est par ailleurs accentué par le manque de moyen sur le court et moyen terme, tout devant se contenter de peux le temps que soit établi un campement digne de ce nom au gré des maigres approvisionnements. Et si ces maigres approvisionnement le sont, c'est que Anouay est à plus de dix sept mégamètres de Sylva et que s'ajoute alors la rupture de ses membres de non pas seulement la civilisation, mais de tout leurs repères, proches, familles et habitudes.
Résoudre celà est alors semblable à ce qu'il se fait lors des expéditions militaires, raison pour laquelle l'armée est aussi pleinement intégrée dans l'expédition. C'est d'ailleurs en partie parce que j'ai fait mon service militaire dans les départements psychologiques de l'armée que j'ai été sélectionné pour cette responsabilité. Les solutions traditionnelles sont multiples, avec différents exercices de cohésion pour ressouder les membres. Ils doivent pouvoir compter l'un sur l'autre et développer des liens auxquels s'accrocher. Que ce soit en chantant, se divertissant avec des jeux de soldats ou en participant à des activités communes, on peut déjà résoudre le gros du stresse éprouvé par les sylvois sur place.
Il faut à cela ajouter quelques autres conforts tel que des permissions de communiquer avec leurs proches. C'était d'ailleurs l'une des raisons capitales d'établir les relais radio, car même si l'expédition était intégralement autonome de toute assistance du Duché et pouvait se dispenser de communiquer avec elle pour opérer, nous aurions malgré tout déployé les ressources pour se faire afin de garder un contact avec les familles. C'est très réconfortant pour les soldats même à moindre mesure, et ce serait inhumain de leur en priver.
-Très intéressant. Vous avez parlé de l'impact des superstitions, pouvez-vous nous en dire davantage ?
-Mais tout à fait. Les sylvois sont connus pour leur culture dans laquelle revêtent une très grande importance les contes et légendes. Et là on en envoie en Pădure, forêt inconnue, inexplorée avec de nombreuses affaires irrésolues et leurs lots de spéculation. Il n'en faudrait pas la moitié pour stimuler l'imaginaire collectif des sylvois et inquiéter le commun de ses habitants. C'est un sujet extrêmement sérieux, rappelons que ces individus seront isolés et éprouvés par un environnement aussi hostile qu'inconnu. Ils seront forcément confrontés à des évènements qui ne pourront expliquer sur le court terme, ou simplement à une succession de malchance. Et de là ils seront très enclins à y apporter les explications qui leurs viendront naturellement à l'esprit, appelant aux contes les ayant bercé : soucougnans, sorciers, diablesses.
Les solutions sur ce point là sont plus subtiles. La première est évidemment de filtrer les candidats de l'expédition en fonction de leur profil psychologique. C'est quelque chose de constant et l'armée sylvoise prend une attention particulière à ne pas envoyer au front des gens impressionnables et instables. Mais même le plus rationnel des sylvois a baigné dans ces légendes durant son enfance, et même les plus intelligents ne sauront apporter d'explications immédiates à leurs problèmes à venir.
C'est là qu'avec plusieurs confrères nous avons convenu qu'il serait vain de vouloir intégralement empêcher les expéditionnaires de céder à la superstition et que nous devions à l'inverse pleinement l'intégrer dans les protocoles et dispositifs de sécurité.
-On parle notamment de talismans, gri-gri et potions délivrées aux expéditionnaires, est ce vrai ?
-Les potions, non, mais les talismans et autres artefacts du genre sont, sans être impératif, bien intégrés à l'équipement des soldats. Pour toutes les craintes du domaine du paranormal qu'ils pourront éprouvés, nous appliquons une solution pour les rassurer. Dès que les sylvois sur place seront confrontés à un stresse que toute la rationalité induite par leur formation ne saurait prévenir, ils auront leurs fétiches et prières pour se rassurer. Si ça peut paraître maigre et même réducteur, c'est une méthode efficace qui saura apporter des résultats.
Maintenant j'insiste malgré tout, c'est une ultime solution en dernier recours, qui ne s'appliquera que si ne seront plus suffisante toute la rigueur et la cohésion sur laquelle pourront compter les membres de l'expédition.
-Très intéressant, avez vous un dernier point à aborder pendant la minute d’antenne qu’il vous reste ?
-Oui, comme dit je me dois d’aborder la question de l’absence de psychologues sur place. C’est aux officiers, formés en partie par mes soins, que revient la tâche de surveiller l’état mental de leurs hommes et de les mener. Cela n’a rien de nouveau, l’armée se devant après tout d’exceller en management si elle souhaite envoyer au front des troupes. Dans ce cas si, ils seront juste préparés à gérer des cas de panique parfois paranoïaque face de leurs subalternes exposés à on ne sait quel malheur terrifiant et irréaliste de leur point de vue. Si l’expédition Anouay est isolée, ses membres ne sont pas seuls et peuvent compter les uns sur les autres, dont pour se soutenir mentalement face à la pression psychologique.
-Merci madame Dugazon pour ce très riche exposé. Une page de publicité maintenant avant de présenter la météo...
La scène se déroulait sur Sylva 1er, principale chaîne d'information du Duché, lors d'un reportage sur cette captivante forêt d'outre océan où se tournaient toutes les attention du monde. Les sujets de Sylva étaient tout naturellement passionnés par le sujet qui avait absolument tout le nécessaire pour attiser les plus farouches des curiosités, d'où ladite expédition. Lisa balaya brièvement des yeux les spectateurs, caméras et prompteurs avant de se tourner vers son interlocutrice, habituelle présentatrice des informations du soir, pour lui répondre entre deux consultations de note.
-C'est très simple, évident même, mais très intéressant à développer. Anouay est une expédition d'ampleur éprouvante de par la distance qui nous lie à elle et l'absence de ressources et infrastructures sur place. Il y a tout à faire dans des conditions éprouvantes et même stressantes. C'est dans ce sens qu'à l'instar des expéditions militaires ou industrielles distantes en milieu hostile, il faut s'assurer d'une préparation psychologique qui était, sans surprise de mon ressort. On se doutait en effet que je ne serais pas en charge de la planification de l'approvisionnement en eau." Petit rire mi poli, mi mécanique de la présentatrice qui ne s'attarda pas plus sur la plaisanterie. "Ma fonction était double : anticiper quelles seront les pressions appliquées aux expéditionnaires et planifier la réponse à y apporter en tenant compte des contraintes de distance. Nous n'avons par exemple pas pu amener de psychologues sur place, toutes les places étant réservées pour d'autres postes plus urgents, j'aborderais d'ailleurs ce point.
Mais déjà dans ce contexte d'isolation dans un milieu sauvage presque mystique, plusieurs sources de stresses peuvent être mises en évidence d'emblée : l'hostilité du milieu, la discipline et rigueur continue, l'isolement de la civilisation et, détails en apparence anodin mais capital, le caractère superstitieux des sylvois.
Les trois premiers points sautent aux yeux et on comprend sans difficulté leur importance. Nos braves aventuriers vont être confrontés à un climat pénible, pluvieux et frais avec toutes les difficultés intrinsèques pour le confort. Ce manque de confort est par ailleurs accentué par le manque de moyen sur le court et moyen terme, tout devant se contenter de peux le temps que soit établi un campement digne de ce nom au gré des maigres approvisionnements. Et si ces maigres approvisionnement le sont, c'est que Anouay est à plus de dix sept mégamètres de Sylva et que s'ajoute alors la rupture de ses membres de non pas seulement la civilisation, mais de tout leurs repères, proches, familles et habitudes.
Résoudre celà est alors semblable à ce qu'il se fait lors des expéditions militaires, raison pour laquelle l'armée est aussi pleinement intégrée dans l'expédition. C'est d'ailleurs en partie parce que j'ai fait mon service militaire dans les départements psychologiques de l'armée que j'ai été sélectionné pour cette responsabilité. Les solutions traditionnelles sont multiples, avec différents exercices de cohésion pour ressouder les membres. Ils doivent pouvoir compter l'un sur l'autre et développer des liens auxquels s'accrocher. Que ce soit en chantant, se divertissant avec des jeux de soldats ou en participant à des activités communes, on peut déjà résoudre le gros du stresse éprouvé par les sylvois sur place.
Il faut à cela ajouter quelques autres conforts tel que des permissions de communiquer avec leurs proches. C'était d'ailleurs l'une des raisons capitales d'établir les relais radio, car même si l'expédition était intégralement autonome de toute assistance du Duché et pouvait se dispenser de communiquer avec elle pour opérer, nous aurions malgré tout déployé les ressources pour se faire afin de garder un contact avec les familles. C'est très réconfortant pour les soldats même à moindre mesure, et ce serait inhumain de leur en priver.
-Très intéressant. Vous avez parlé de l'impact des superstitions, pouvez-vous nous en dire davantage ?
-Mais tout à fait. Les sylvois sont connus pour leur culture dans laquelle revêtent une très grande importance les contes et légendes. Et là on en envoie en Pădure, forêt inconnue, inexplorée avec de nombreuses affaires irrésolues et leurs lots de spéculation. Il n'en faudrait pas la moitié pour stimuler l'imaginaire collectif des sylvois et inquiéter le commun de ses habitants. C'est un sujet extrêmement sérieux, rappelons que ces individus seront isolés et éprouvés par un environnement aussi hostile qu'inconnu. Ils seront forcément confrontés à des évènements qui ne pourront expliquer sur le court terme, ou simplement à une succession de malchance. Et de là ils seront très enclins à y apporter les explications qui leurs viendront naturellement à l'esprit, appelant aux contes les ayant bercé : soucougnans, sorciers, diablesses.
Les solutions sur ce point là sont plus subtiles. La première est évidemment de filtrer les candidats de l'expédition en fonction de leur profil psychologique. C'est quelque chose de constant et l'armée sylvoise prend une attention particulière à ne pas envoyer au front des gens impressionnables et instables. Mais même le plus rationnel des sylvois a baigné dans ces légendes durant son enfance, et même les plus intelligents ne sauront apporter d'explications immédiates à leurs problèmes à venir.
C'est là qu'avec plusieurs confrères nous avons convenu qu'il serait vain de vouloir intégralement empêcher les expéditionnaires de céder à la superstition et que nous devions à l'inverse pleinement l'intégrer dans les protocoles et dispositifs de sécurité.
-On parle notamment de talismans, gri-gri et potions délivrées aux expéditionnaires, est ce vrai ?
-Les potions, non, mais les talismans et autres artefacts du genre sont, sans être impératif, bien intégrés à l'équipement des soldats. Pour toutes les craintes du domaine du paranormal qu'ils pourront éprouvés, nous appliquons une solution pour les rassurer. Dès que les sylvois sur place seront confrontés à un stresse que toute la rationalité induite par leur formation ne saurait prévenir, ils auront leurs fétiches et prières pour se rassurer. Si ça peut paraître maigre et même réducteur, c'est une méthode efficace qui saura apporter des résultats.
Maintenant j'insiste malgré tout, c'est une ultime solution en dernier recours, qui ne s'appliquera que si ne seront plus suffisante toute la rigueur et la cohésion sur laquelle pourront compter les membres de l'expédition.
-Très intéressant, avez vous un dernier point à aborder pendant la minute d’antenne qu’il vous reste ?
-Oui, comme dit je me dois d’aborder la question de l’absence de psychologues sur place. C’est aux officiers, formés en partie par mes soins, que revient la tâche de surveiller l’état mental de leurs hommes et de les mener. Cela n’a rien de nouveau, l’armée se devant après tout d’exceller en management si elle souhaite envoyer au front des troupes. Dans ce cas si, ils seront juste préparés à gérer des cas de panique parfois paranoïaque face de leurs subalternes exposés à on ne sait quel malheur terrifiant et irréaliste de leur point de vue. Si l’expédition Anouay est isolée, ses membres ne sont pas seuls et peuvent compter les uns sur les autres, dont pour se soutenir mentalement face à la pression psychologique.
-Merci madame Dugazon pour ce très riche exposé. Une page de publicité maintenant avant de présenter la météo...