La situation avait imposé de nombreux débats protocolaires aux seins des instances dédiées de la république, et le ministère des Affaires étrangères avait même débloqué un budget exceptionnel pour assurer que l’essentiel de la rencontre diplomatique se fasse dans les meilleures conditions possibles. Dara Sahdavi, le ministre des Affaires étrangères, s’était impliqué personnellement dans le dossier. Son ordre du jour était des plus chargés et les dossiers s'accumulaient en préparation de la rencontre. Au centre de tout les sujets siégeait néanmoins la charte pour la défense de cette future organisation, rédigée par son collègue Hesa Nasrideh, le ministre des Armées, ainsi que lui-même.
La délégation teylor arriva à l'Aéroport international Bandarhan-Karahbad, à une heure avancée de la soirée. L’avion, passant par le nord, traversa le ciel d’une ville qui avait peu d’égale à travers le monde, et encore moins sur le vieux continent. C’était comme l’image d’Épinal de cette cité, une ville millénaire chargée d'histoire qui se mélangeait, curieusement, avec un style moderne et lumineux typique des grandes places financières. Les immenses buildings du nouveau quartier d'affaire de la ville qui contrastaient avec les majestueux sommets enneigés en arrière plan. On devinait aussi le quartier historique de la capitale, se dressant fier au pied du massif montagneux. Lorsque l'avion se posa, tous ses passagers purent observer, non loin de l'aéroport, le nouveau quartier d'affaire en construction. Symbole de modernité, les tours en construction ne semblaient pas vouloir s'arrêter de grandir vers le ciel et parmi elles, la tour Azadi, illuminée.
Sur le tarmac, l’air avait une qualité électrique. De gros nuages noirs apparaissaient au dessus des sommets montagneux, poussés par l'air marin, annonçant sans doute un orage nocturne. Le vent sec descendait des pans de montagne, ramenant les odeurs distinctes de la ville. Un eurysien avait donné son nom à ce phénomène, celui de Foehn. Mais ici on le qualifiait simplement de vent chaud, un nom attribué voila bien des années, des milliers d'années. Une garde d’honneur composées de deux compagnies d'un régiment de la garde républicaine quittèrent une position de rang pour former une haie d’honneur, que traversa à pas vif Hesa Nasrideh. Arrivé devant la délégation teylor, marquant un temps de pose, avant de tendre la main aux représentants tout en arborant un large sourire.
– Mes chers amis, bienvenue au Faravan.
Il était accompagné de l'ambassadeur du Royaume de Teyla au sein de la République de Faravan qui, naturellement, n'avait pas eu à faire le déplacement. Souriant, il fit signe à ses invités de l’accompagner.
– J'espère que vous avez fait bon voyage, nous sommes très fier de pouvoir enfin vous recevoir chez nous. Au vu de la météo qui s'annonce et de nos échanges précédents, j’ai jugé que vous préféreriez peut-être esquiver tout le décorum d’usage si cela ne vous dérange pas.
Il toussota poliment et s’arrêta en bout du tapis rouge qui ornait le tarmac, où attendaient deux voitures, et fit signe à ses invités de monter dans celles-là. Il monta dans la voiture de tête avec les principaux représentants, laissant à leurs secrétaires et autres gardes du corps celle de derrière. Le cortège, escorté par des motards de la police, démarra rapidement, empruntant une voie réservée coupant à travers ville.
– Je crois que vos chargés du protocole vous ont déjà informés des dispositions que nous avons prises. Mon collégue ministre Dara Sahdavi, que vous connaissez bien je crois, nous attend plus loin, j'ai été chargé de vous recevoir. Nous nous dirigeons vers le palais Hadish, c'est notre ministère des Affaires étrangères, je pense que vous y apprécierez le cadre. Nous pourrons échanger autant que vous le voulez, nous avons tellement à nous dire. Ensuite, si vous voulez profiter de votre séjour, nous avons préparé une visite des points clefs de la ville pour votre délégation.
Il pencha la tête sur le côté.
– Nous espérons que vous apprécierez votre séjour. Notre capitale est en pleine transformation, j'imagine que vous avez pu voir quelques uns des chantiers qui définiront l'image de cette ville dans un futur proche. Néanmoins nous souhaitons conserver avant tout nos centres historiques, ils sont d'une immense valeur pour nous, bien plus que tout ça en tout cas. Mais nous ne sommes pas la pour parler de cela n'est-ce pas ?
Il se tut brièvement, lançant un regard circonspect aux chantiers d’une immense tour de gratte-ciel, puis émit un grognement approbatif lorsque la voiture émergea hors du quartier d’affaire pour s’engager sur une grande avenue encerclée d’espaces verts. Les lieux alliaient modernité détonante et l'activité joyeuse d'un vieux quartier. Des marchés jonchaient la rue, les commerçants préférant cependant ranger leurs étales en prévision de l'orage a venir, commun en cette saison. Des bâtiments anciens, voire des ruines, apparaissaient régulièrement au détour de rues et d'avenues.
Désormais, le convoi se rapprochait des quartiers plus "traditionnels", la fréquence des bâtiments qui dégageaient une aura ancienne augmentait. Un observateur aguerrît aurait pu saisir tous les détails qui attestaient que cette ville était chargée d'histoire.
Enfin le convoi arriva dans la cour du ministère des Affaires étrangères. Là, un petit contingent d’officiels et de militaires rendirent les honneurs à l’ensemble de la délégation, puis tout le monde se retrouva enfin dans un salon diplomatique du plus bel effet, et dont les grandes vitres donnaient d'un côté sur les immenses pics montagneux – où se déployait corps et bien un orage – ainsi que de l'autre sur les tours lumineuses de la ville. La plus haute d’entre elles étant la tour Azadi, symbole de la modernisation du pays et aperçue aux abords de l'aéroport.
Le reste du salon était tout à la fois moderne et emprunt de culture locale : une bonne partie des murs étaient ainsi marqués par des motifs peints avec des couleurs vibrantes, dont le bleu dominait. Une table de réunion, où se trouvait un service à thé et aux chaises magnifiquement ornées, occupait le centre du salon, on y invita les représentants à s'y assoir.
Comme prévu, le ministère des Affaires étrangères, Dara Sahdavi, choisit ce moment pour se joindre aux discussions. Relativement âgé, c'était un homme grisonnant et mal rasé. Pour autant, il dégageait une énergie très vive et communicative. De manière notable, ce fut lui qui servit le thé, avant de s’installer comme les autres à la grande table où se tenaient les discussions.
– Mes très bons amis ! J’espère que vous avez fait bon voyage.
Hesa Nasrideh rajouta ;
– Je ne vous fait pas les présentations, vous vous connaissez déjà il me semble.
et Dara Sahdavi repris :
– Tout à fait. Et maintenant au travail. Nous avons un programme chargé à aborder, je crois. Il prit un ton de confidence. Je vous propose de commencer immédiatement par faire un point, ou en sommes nous sur l'élaboration de cette formidable organisation ?