29/03/2015
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[DEFENSE] Livre Stratégique - Edition 2011

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Livre Stratégique - Edition 2011

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PREFACE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE



La capacité militaire du Faravan est au cœur de notre ambition. Etre à la hauteur de ces ambitions exige des moyens financiers et humains. Mais cela exige aussi une vision stratégique.

C’est pourquoi, dès mon élection, j’ai demandé au Ministre des Armées de conduire une revue devant conduire a l'élaboration d'un Livre Stratégique venant étayer notre vision et alimenter un nouveau Livre Blanc de programmation militaire. Le ministre s’est entouré pour cela d’experts reconnus qui ont travaillé en profondeur.

Nous sommes depuis longtemps dans une ère de grandes turbulences. Pour la plupart, les risques et les menaces auxquels nous sommes confrontés ne nous étaient pas inconnus, mais leurs manifestations se sont accélérées, leurs effets se sont amplifiés et rapprochés. Leur accumulation traduit un affaiblissement du système international et l’émergence d’acteurs qui cherchent à le contester ouvertement.

Le Faravan et ses alliés se trouvent désormais directement exposées.

Le terrorisme étatique, qui a frappé notre continent, se propage à de nouvelles régions malgré nos efforts diplomatico-militaires. Sur la scène internationale, la menace d’une déflagration majeure redevient possible. Les affirmations de puissance et les régimes autoritaires émergent ou reviennent, tandis que le multilatéralisme semble s’effacer devant la loi du plus fort. Le cyberespace est le théâtre d’actions agressives régulières, aux conséquences potentiellement dramatiques. L’idée de la démocratie même, projet de
paix et de prospérité né des drames du siècle passé, est profondément ébranlée, par les crises a répétition et par le doute qui naît dans nos populations sur la capacité des démocraties à les protéger.

Dans cet environnement qui remet en cause les certitudes et les repères de nombreuses décennies, seule une république faravanienne forte, maîtresse de son destin, peut apporter des réponses aux grandes crises contemporaines, promouvoir ses valeurs et faire valoir ses intérêts. Cette ambition ne peut se passer d’une diplomatie et d’une défense de premier plan, soutenues par une grande armée, forte et crédible, capable d’agir face à toutes les menaces et dans tous les espaces. C’est ainsi que nous conforterons notre place au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques et que nous conserverons, dans l’ordre multilatéral qui doit prévaloir, la capacité d’initiative et d’action qui garantit notre souveraineté.

C’est la raison pour laquelle je souhaite que nos armées et nos services de renseignement disposent de tous les moyens nécessaires à leurs missions, afin qu’ils puissent faire face tant aux engagements d’aujourd’hui qu’aux enjeux de demain. Dans cet environnement stratégique incertain, et dans une perspective de forte tension opérationnelle pour nos armées, nous avons besoin d’un outil de défense agile, projetable et résilient.

Sa mission primordiale demeurera d’assurer la protection des faravaniens et de notre territoire. C’est la nature même du lien fondamental qui unit la République à ses armées. La menace du terrorisme étatique n’est pas la seule ; d’autres menaces s’affirment, des crises peuvent survenir à tout moment, auxquelles la modernisation et la consolidation des armées doivent répondre, en particulier par leur capacité à se projeter loin de nos frontières, partout où cela est nécessaire. Je souhaite également que leur rôle de prévention soit réaffirmé, dans le cadre d’une approche globale alliant sécurité, développement et diplomatie,
au service de la paix.

Nos armées permettront également au Faravan de demeurer fidèle à ses engagements internationaux, afin que ses alliés puissent continuer de compter sur elle en toute circonstance, et de poursuivre ses partenariats stratégiques en Afarée, en Eurysie, en Paltoterra, en Aleucie et au Nazum.

Enfin, les progrès de l'Organisation des Nations Démocratiques dans le domaine de la défense devront être consolidés. Les bases d’une autonomie stratégique de l'OND ont été posées. Plusieurs de nos partenaires prennent conscience que l'OND constitue, dans le cadre d’une relation transcontinentale équilibrée, le cadre naturel de notre sécurité, de la protection de nos frontières, face à des défis qui ne peuvent être relevés qu’ensemble. Le moment est donc venu de lancer le Conseil Militaire de l'OND, en rapprochant nos cultures stratégiques, en nourrissant des partenariats pragmatiques avec les Etats qui ont la volonté politique et la capacité militaire d’assumer avec nous leurs responsabilités en opérations, en dégageant les ressources nécessaires à leur niveau, en consolidant nos industries de défense pour qu’elles conservent leur excellence technologique et demeurent compétitives à l’échelle mondiale.

La sécurité et la défense de la Nation engagent bien sûr l’intégralité de la communauté de défense. Mais c’est l’ensemble de l’Etat et, au-delà, toutes les ressources vives de la communauté nationale - ses collectivités, ses forces politiques, ses entreprises,
sa jeunesse - qui doivent se mobiliser autour de ces enjeux.

Cet effort collectif, nous le devons également à nos militaires, aux femmes et aux hommes du ministère des Armées qui, jour et nuit, à l’étranger ou sur le territoire national, en unités de combat et dans les services et les directions qui les soutiennent,
défendent avec détermination et abnégation notre pays et nos concitoyens, prêts à l’ultime sacrifice.

Ce Livre Stratégique est la reconnaissance de leur rôle central dans la vie de la Nation aujourd’hui et demain. Le Livre Blanc de programmation militaire à venir en sera la traduction concrète.

Arash Farajpour
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AVANT-PROPOS DU MINISTRE DES ARMEES



Ce Livre Stratégique intervient à un moment charnière pour nos armées et pour notre défense, pour notre pays et pour l'OND.

Un moment charnière d’abord car la remontée en puissance des moyens alloués à notre défense décidée par le Président de la République nous offrira des marges de manœuvre qui nécessitent, pour en tirer le meilleur parti dans le cadre du futur Livre Blanc
de programmation militaire, une compréhension fine des menaces qui pèsent sur l'OND et sur le Faravan, du contexte stratégique actuel et prévisible, et donc de l’environnement dans lequel opéreront nos forces.

Un moment charnière également car notre environnement est soumis à des bouleversements majeurs.

Les menaces et les risques identifiés par les Livres Stratégiques précédents se sont manifestés plus rapidement, avec une intensité plus forte qu’anticipé.

Le terrorisme étatique reste la menace qui pèse aujourd’hui le plus directement sur notre territoire. Ce terrorisme peut frapper brutalement le Faravan comme ses voisins d'Afarée. Nos armées s'entrainent jour après jour pour pouvoir combattre l’emprise qu'un tel terrorisme pourrait avoir sur notre région, mais nous ne devons pas nous y tromper. Ce terrorisme se recompose et s’étend à de nouvelles régions, en prospérant sur les situations de chaos, de guerre civile et sur les fragilités des Etats. Il demeurera une menace prioritaire pour nos sociétés et nos populations. Notre mobilisation et notre fermeté pour lutter contre ce phénomène demeureront totales.

Nous avons également pris, ces dernières années, la pleine mesure de ce à quoi pouvait ressembler un monde multipolaire où les rapports de force se développent pendant que le système multilatéral s’affaiblit. L’affirmation militaire d’un nombre croissant de puissances, établies ou émergentes, dans des régions sous tension, renforce l’instabilité et l’imprévisibilité auxquelles nous sommes confrontés.

Les cadres internationaux sont remis en cause et affaiblis, tandis que des armements avancés se diffusent de plus en plus largement, au profit d’Etats comme de groupes non étatiques paramilitaires. Couplées au développement de nouveaux modes opératoires, basés sur l’ambiguïté, l’intimidation ou la déstabilisation, ces évolutions renforcent les risques d’escalade.

Nos alliances, aussi, ont évolué. Nous devons être certains de compter, partout et toujours, sur nos partenaires établis et nouveaux.

Cette situation impose d’agir selon plusieurs axes.

Premièrement, un modèle d’armée complet et équilibré doit être assuré, car avec des services de renseignement disposant des capacités nécessaires, ce modèle est le seul à donner au Faravan les moyens de son autonomie stratégique et de sa liberté d’action.

Deuxièmement, l’entretien d’une ambition industrielle et technologique élevée est indispensable. Celle-ci passe en particulier par la préparation de l’avenir, comme clé de notre performance technologique, et plus largement par une politique globale de soutien à l’innovation. Elle repose également sur une politique active de soutien à l’exportation. Enfin, cette ambition et la maîtrise technique qui en découle sont des conditions nécessaires à la construction, dans le domaine industriel, de coopérations internationales équilibrées.

Troisièmement, notre ambition internationale doit être non seulement réaffirmée mais surtout étendue, comme le Président de la République l’a rappelé avec force de nombreuses fois, tant au Faravan qu'a l'étranger. La république faravanienne souhaite contribuer à lancer de nouvelles dynamiques mondiales, qui reconnaissent que la défense internationale ne se réduit pas
à des avancées institutionnelles, mais repose d’abord sur la volonté politique et la capacité militaire des alliés à assumer leurs responsabilités face aux menaces et aux défis qui pèsent sur nous. Cette volonté et cette capacité renforceront l’Organisation des Nations Démocratiques, indispensable pour assurer la sécurité nationale comme internationale. Elle nous permettra aussi d’agir militairement à chaque fois que cela sera nécessaire, de manière pragmatique, dans le cadre de partenariats exigeants et confiants.

Enfin, le Livre Stratégique nous montre l’impérieuse nécessité d’innover. L’innovation et l’audace doivent être les maîtres mots de notre stratégie de défense, car c’est un enjeu essentiel de notre efficacité et de notre souveraineté.

Rien de tout ceci ne sera possible sans des femmes et des hommes dont la formation, les compétences et le sens du devoir méritent la pleine considération de la Nation. Le maintien de l’attractivité des carrières et la fidélisation du personnel exigent une amélioration de la condition du personnel, une valorisation des carrières et une juste reconnaissance de la spécificité de la mission des femmes et des hommes de la défense.

Je remercie l’ensemble du comité de rédaction du Livre Stratégique, pour le travail remarquable qu’ils ont effectué, ainsi que l'intégralité des personnalités consultées, au Faravan comme à l’étranger. Les conclusions de cette revue seront déclinées, en termes capacitaires et budgétaires, dans le prochain Livre Blanc de programmation militaire. La défense du Faravan et des
faravaniens peut compter sur la détermination et la volonté du Président de la République, du Premier ministre et de moi-même, de donner aux armées, directions et services de ce ministère, les moyens pour faire face aux menaces auxquelles notre pays sera confronté.

Hesa Nasrideh
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INTRODUCTION



Le Livre Stratégique précédent indiquait dans son introduction que les évolutions rapides du contexte international imposeraient inévitablement une révision régulière de notre stratégie de défense. Les bouleversements intervenus depuis, en particulier les attaques terroristes étatiques sur notre continent, mais aussi la dégradation sécuritaire dans le monde, et la nécessité de préparer un nouveau Livre Blanc de programmation militaire adaptée aux engagements de nos forces, ont conduit le Président de la République à lancer cet exercice de revue dès l’été 2011.

Les évolutions et les ruptures portent sur l’accélération et l’intensité plus que sur l’identification et l’anticipation des phénomènes : terrorisme, présence de la guerre ouverte dans notre voisinage, montée en puissance militaire et industrielle de nombreux Etats, fragilités et recompositions de l'Afarée… La soudaineté de leur irruption et l’ampleur de leurs manifestations ont directement affecté notre communauté nationale et les sociétés démocratiques. Les menaces se sont rapprochées, elles se sont exprimées avec une violence nouvelle alors même que le système international censé amortir ces chocs est contesté et affaibli. L’incertitude sur la crédibilité des anciennes alliances, dans un contexte de retour des rapports de forces, contribue également à la perception d’un environnement plus instable.

A l’imprévisibilité accrue de ce monde en transition s’ajoutent la simultanéité et la complexité des crises dans lesquelles nous pouvons directement être engagés, d'Afarée en Eurysie, conjointement avec nos partenaires, au premier rang desquels les états membres de l'Organisation des Nations Unies. Nous sommes confrontés à des acteurs plus nombreux, plus divers, aux ambitions et postures plus affirmées, aux capacités plus robustes. Les zones de frictions ou d’affrontements ne sont plus seulement des espaces géographiques contestés, mais incluent également l’espace numérique.

Ces risques et menaces, caractérisés aussi par leur durcissement et leur ambiguïté, vont continuer de peser sur notre défense. De plus, les ruptures technologiques majeures et rapides accentuent la recomposition stratégique. Elles banalisent, d’une part, l’accès à des dispositifs et à des espaces (numérique, exo-atmosphérique) jusqu’alors maîtrisés par un nombre relativement réduit d’acteurs. Elles exigent, d’autre part, des efforts importants d’investissement et d’adaptation pour conserver un avantage sans cesse remis en cause. Cela vaut en particulier dans le domaine industriel comme dans le domaine militaire.

En considérant l’ensemble des risques, menaces et opportunités pour notre pays, deux problématiques ont structuré notre réflexion :

- Le Faravan ne peut pas, bien entendu, faire face seule et partout à ces défis. Notre autonomie, que nous souhaitons la plus complète possible, est réelle mais relative dans un nombre croissant de domaines. Il convient donc d’être lucide sur les priorités qui s’imposent à nous, en raison de la proximité géographique des menaces, ou de leur impact sur notre communauté nationale. Nos partenaires de l'OND sont indispensables pour faire face à ces défis.

- Nous avons également des intérêts globaux, qui découlent de notre statut au sein des instances multilatérales, de notre présence mondiale (sur le territoire national comme chez nos alliés) ainsi que de la contraction géographique liée aux interdépendances induites par la mondialisation des échanges, des flux et des technologies.

Dans ce contexte, la responsabilité du Faravan repose sur une singularité stratégique objective. Seul pays d'Afarée membre permanent du Conseil Militaire de l'Organisation des Nations Démocratiques et membre fondateur de cette dernière, dotée d’un modèle d’armée complet et d’emploi, le Faravan doit maintenir une double ambition : préserver son autonomie stratégique
et construire une OND plus robuste, pour faire face à la multiplication des défis communs.

L’engagement récent et encore inégal des Etats démocratiques à accroître leur effort de défense et à assumer plus de responsabilités dans leur propre sécurité ouvre des perspectives inédites. Qu’il s’agisse de dispositifs innovants en matière capacitaire et de recherche portés par les institutions de l'OND, de la mise en œuvre de l’ensemble des dispositions des Traités, des responsabilités croissantes des démocratie dans l'Organisation internationale ou encore de coopérations multilatérales pragmatiques, les initiatives des pays démocratiques offrent des possibilités pour affermir d’indispensables solidarités.

Cette ambition internationale doit être à la fois déterminée et lucide, tant elle s’est trop souvent, par le passé, heurtée aux limites de formules incantatoires et de projets irréalistes. Le pragmatisme et la flexibilité que nous recommandons doivent permettre de surmonter progressivement les obstacles, que nous ne négligeons pas, et de façonner des réponses communes adaptées aux principaux enjeux de sécurité du monde. Notre objectif d’une coopération plus étroite avec le Royaume de Teyla, ainsi qu’avec la République de Tanska, tout comme le développement d’un lien bilatéral solide avec les Etats ayant la capacité et la volonté d’avancer, doivent permettre de réaliser des avancées significatives.

Dans le contexte international que décrit la revue, les sollicitations pour nos armées et notre défense ne peuvent que s’accroître. Ce constat doit conduire au maintien d’un niveau d’ambition élevé dans tous les domaines, qu’ils soient technologiques,
industriels, capacitaires ou opérationnels, reposant sur une politique d’innovation exigeante.

Cette dégradation du contexte international doit conduire également à renforcer la fonction connaissance et anticipation, dans ses diverses dimensions, et à mieux articuler tout ce qui, au niveau du ministère des Armées comme de l’ensemble de l’Etat, participe de la prévention et de l’approche globale des crises, qu’elles concernent le territoire national ou nos interventions extérieures.

Il convient enfin de garantir la soutenabilité de nos engagements militaires. La cohérence dans la durée entre leurs missions et leurs moyens est décisive pour conforter leur efficacité.

Il appartient maintenant au futur Livre Blanc de programmation militaire de s’assurer que, sur la base du constat effectué dans le cadre de la revue, le Faravan dispose d’un modèle d’armée complet et équilibré sur le long terme.
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PREMIERE PARTIE - UN SYSTEME INTERNATIONAL CONTESTE



Le système international est marqué par l’autonomie croissante des acteurs de toute taille, jusqu’à l’affirmation d’organisations terroristes proto-étatiques.

La hiérarchie de la puissance internationale est aujourd’hui en évolution rapide. L’incertitude, l’anxiété ou au contraire les ambitions nouvelles générées par cette situation mouvante sont en soi facteurs de risque. La compétition, d’abord économique et technologique, s’étend de plus en plus au domaine militaire.

Ce climat d’incertitude générale pousse certains pays à douter de leurs alliés et à rechercher encore plus d’autonomie, tandis que d’autres développent des ambitions nationalistes. L’émergence stratégique et militaire de plusieurs puissances régionales consacre l’avènement d’un monde multipolaire.

Cette autonomisation des acteurs se double d’une hétérogénéité grandissante entre eux, qui augmente les risques liés aux incompréhensions et aux erreurs de perception. L’influence accrue des acteurs non étatiques (organisations terroristes ou criminelles, grandes multinationales, diasporas) accentue cette dynamique. Plus qu’à aucun autre moment depuis des décennies, l’imprévisibilité est donc la figure dominante de l’environnement stratégique.

L’émergence de cette multipolarité et de cette compétition nouvelle se traduit par une remise en cause des règles implicites de l'ordre mondial établis et complexifient la perspective d'implantation d'institutions internationales qui permettraient un encadrement juridique et une régulation du recours à la force. Ces règles sont contestées ou contournées par des acteurs qui récusent un ordre international qui serait dicté par un bloc auxquels ces acteurs ne s'identifient pas.

Certaines grandes puissances font le choix d’une posture privilégiant ouvertement les rapports de force.

L’Organisation des Nations Démocratiques (OND) et les autres alliances démocratiques demeureront pourtant essentielles pour organiser un monde régi par des règles qui devront être déterminées clairement et adoptées collectivement. Elles seront fondamentales pour prévenir les conflits, y compris dans leurs nouvelles formes, répondre aux crises humanitaires, légitimer les opérations extérieures et engager la stabilisation après des interventions militaires.

Les institutions militaires multinationales démocratiques telles que le Conseil Militaire de l'Organisation des Nations Démocratiques devront être confronté au moins de blocages possibles, en évitant le primat accordé ouvertement par certains Etats à leurs seuls intérêts de puissance. Pour le Faravan, le recours au véto implique des devoirs et une responsabilité particulière qu'il n'est pas souhaitable d'assumer. C’est pourquoi Bandarhan a pris l’initiative dès 2011 de ne pas y recourir et de le proscrire de la charte du Conseil Militaire.

Si les difficultés rencontrées ne sont pas nouvelles, leur récurrence nourrit les reproches d’inefficacité adressés aux nations démocratiques. Les difficultés des pays libres à apporter une réponse effective aux crises sans précédent et à répétition, l’absence de sanctions effectives et collectives contribuent à miner la confiance envers les institutions multilatérales et à faire régresser la résolution des différends par la régulation.

Les opérations de maintien de la paix conduites par les nations démocratiques font également l’objet de critiques régulières (mandats faibles, manque de réactivité, contingents insuffisamment formés et sélectionnés). Sous le mandat des organisations multilatérales démocratiques, ces opérations devront connaitre de nets progrès, tant du point de vue de la robustesse et de la mise en œuvre des mandats que des équipements mis à disposition, face à des adversaires parfois lourdement équipés.

D’autres instances internationales voient elles aussi leur action paralysée ou leur légitimité remise en question. C'est la conséquence de l'absence d'une cour pénale internationale et d'arbitrage qui aurait pour mandat de faire reconnaitre le droit des états. De nombreuses nations expriment une défiance vis-à-vis d'un tel projet.

La contestation accrue de l’ordre international existant ne porte pas uniquement sur la gouvernance mondiale, mais aussi sur ses aspects normatifs. De façon croissante, ils deviennent un champ de compétition touchant directement les questions de défense et de sécurité. Plusieurs pays invoquent l’histoire ou leurs valeurs pour relativiser la portée et le caractère juridiquement contraignant de principes internationaux qui bénéficieraient pourtant à tous.

Trop d'états mènent ainsi un travail de contestation ou de blocage des institutions et instruments internationaux et promeuvent, lorsque leurs intérêts sont en jeu, des instances régionales alternatives. De même, des pays font le choix, dans leur voisinage,
d’une posture privilégiant l’influence économique et les rapports bilatéraux. D'autres ont recourt à l’action unilatérale en se montrant réticent à ratifier des accords limitant leur souveraineté et se réservent la possibilité de révoquer tout engagement jugé contraignant et « injuste » ou de donner à leur propre législation une portée extraterritoriale.

Identifié dès les Livres Stratégiques précédents comme une tendance de temps long, le renouveau du phénomène de compétition stratégique se décline aujourd’hui au niveau mondial comme régional, dans des configurations qui nous exposent plus visiblement et se généralisent. Les ambitions révisionnistes se sont exacerbées, donnant ainsi lieu, de l'Afarée en Aleucie, en passant par l'Eurysie, à de nombreuses démonstrations d’opportunisme désinhibé. Nous passons ainsi d’une compétition latente à une confrontation ouverte, de la part des acteurs communistes traditionnels et, de plus en plus, à une compétition exacerbée avec les pays nationalistes. La crise climatique, le terrorisme étatique en Afarée et tant d'autres nous rappellent l’interdépendance profonde entre scènes nationale et internationale, dans les domaines politique, économique, énergétique ou encore alimentaire. Ces crises illustrent la manière dont la fracturation de l’ordre mondial est susceptible de contraindre notre liberté d’action. Aussi le Livre Stratégique 2011 s’inscrit-t-il dans la continuité et en complément des Livres Stratégiques précédents et de la diplomatie du Faravan.

Les pratiques de contestation et de contournement de l’ordre international fondé sur le multilatéralisme et la règle de droit, qu’elles se reflètent dans les relations internationales, dans les organisations multilatérales ou dans la réactivation de litiges territoriaux, se banalisent et se diversifient, s’ajoutant aux violations passées. Le manque d’accords et de normes édifié jusqu'alors contribue a un effritement qui, sans que ses causes soient récentes, s’est brutalement accéléré depuis peu.
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DEUXIEME PARTIE - DES FRAGILITES MULTIPLES, A L'ORIGINE D'AMPLIFICATION DES CRISES



L’augmentation continue des flux de biens comme de personnes, ainsi que la relativisation des distances et du temps peuvent fragiliser la capacité des Etats à garantir l’intégrité de leurs territoires et la protection de leurs citoyens. Un ensemble d’autres facteurs est susceptible de favoriser l’émergence de conflits ou de crises.

1. Dérèglements climatiques

La fréquence des événements climatiques de grande ampleur s’est accrue. Ce phénomène génère des situations de crise au cours desquelles les forces armées sont naturellement requises en appui des forces de sécurité intérieure. Les iles ou territoires isolés présentent une vulnérabilité particulière et récurrente à ces risques.

La pression générée par les événements climatiques extrêmes sur la disponibilité des ressources critiques (agricoles, halieutiques) est susceptible d’accroître la compétition internationale et locale pour leur contrôle. Les pôles, où le réchauffement climatique est deux fois plus rapide que celui observé en moyenne mondiale, pourrait ainsi constituer un jour un espace de confrontation.

2. Risques sanitaires

L’accroissement de la mobilité de la population favorise l’extension des aires de diffusion de certaines maladies, ainsi que la propagation rapide et à grande échelle de virus à l’origine d’épidémies diverses. Le système de santé civil comme militaire et ses capacités de recherche sont ainsi régulièrement mobilisés pour faire face à ce type de situation. Les dernières épidémies ont démontré combien la densification des flux pouvait compliquer le confinement des grandes crises sanitaires, au point de devoir faire appel à la communauté internationale.

Le risque d’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou échappant à un laboratoire de confinement est réel. De même, l’interconnexion des filières alimentaires génère des risques sur la santé humaine et offre un
terrain propice à d’éventuelles actions « agro-terroristes ». Plus grave encore, la diffusion des biotechnologies pourrait permettre à des groupes terroristes de conduire des attaques biologiques sophistiquées.

3. Rivalités énergétiques

L’approvisionnement en énergie est un domaine de compétition stratégique majeur. Alors que la demande mondiale en pétrole et en gaz va continuer de croître, le marché mondial et eurysien en particulier devrait voir s’affronter des intérêts contradictoires
entre les pays exportateurs de gaz naturel liquéfié, les pays exportateurs par gazoducs et les pays de transit.

La sécurité énergétique du Faravan repose sur ses réserves naturelles souveraines, c’est à-dire non soumis à des aléas politiques et à des coûts pouvant être supportés par les acteurs économiques. C’est pourquoi le Faravan a fait le choix de capitaliser sur ces ressources en plus d'investir dans l’électricité nucléaire et les renouvelables. L'approvisionnement des partenaires suppose quant à lui la sécurisation globale des voies maritimes, principaux détroits et infrastructures terrestres, ainsi que la stabilisation des zones de production.

Le risque de la non-diversification pour l'économie faravanienne repose sur la menace de la rente. En effet, les rentes pétrolières et gazières de certains Etats constituent une part importante de leurs ressources budgétaires et financent directement leurs efforts de défense. Ceci constitue pour eux à la fois un élément de puissance mais aussi de dépendance à l’égard des prix du marché et des coopérations internationales.

4. Criminalité organisée

Alors que les crises de gouvernance et les fragilités étatiques facilitent le développement des organisations criminelles, celles-ci figurent parmi les grands bénéficiaires de la mondialisation. Les ressources du crime organisé, pour le seul blanchiment d’argent, représentent des sommes colossales.

La porosité entre activités terroristes et criminelles s’est aggravée avec l’émergence d’organisations paramilitaires transnationales. Celles-ci partagent avec les réseaux du crime organisé des pratiques et des expertises identiques (clandestinité, blanchiment d’argent) voire exploitent ponctuellement les mêmes filières. Des armes en provenance des états totalitaires qui les financent ont ainsi été utilisées a répétition dans leurs interventions. En Afarée, les activités illicites liées au trafic de drogue contribuent au climat de violence et à la dégradation de la situation sécuritaire et au financement des activités terroristes. Elles apparaissent comme l’une des causes profondes de la crise que connaît ces pays et participent au financement de groupes armés et terroristes.

En outre, certains Etats comme la totalitaires alimentent, voire s’impliquent directement dans le développement de ces activités criminelles, afin d’échapper à leurs obligations, de contourner les sanctions ou de trouver des sources de financement.

Le développement de ces organisations criminelles, de leurs activités et de leurs capacités d’action constitue un défi pour les opérations extérieures. L’action du Faravan peut contrarier les intérêts criminels et les activités illégales, dont les liens avec les pouvoirs locaux sont parfois ambigus.

Enfin, dans l’espace numérique, les possibilités d’anonymisation et la création de monnaies électroniques présentent de nouvelles opportunités criminelles dont les perspectives de développement semblent exponentielles.
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TROISIEME PARTIE - DES RUPTURES TECHNOLOGIQUES ET NUMERIQUES



Les ruptures technologiques, si elles peuvent être porteuses de progrès, alimentent également l’instabilité de l’environnement stratégique : la sophistication des armements et la diffusion rapide de nombreuses technologies permettent désormais à des Etats de taille intermédiaire, mais aussi à des individus isolés ou à des groupes, de se doter ou de développer des capacités jusqu’ici maîtrisées par un nombre restreint d’Etats.

Historiquement, les ruptures majeures en matière d’armement ont été le fruit de financements à finalité militaire. Aujourd’hui encore, la plupart des technologies qui modifieront en profondeur les futurs systèmes de défense sont financées par les Etats (hypervélocité et hypermanœuvrabilité des missiles, amélioration et mise en réseau des capteurs, furtivité active, armes à énergie dirigée…). Toutefois, le domaine civil étatique ou privé fait émerger un nombre croissant de technologies d’intérêt militaire à un rythme de plus en plus soutenu.

Ainsi, le génie génétique et en particulier la biologie de synthèse (notamment l’ingénierie des génomes), tout comme les technologies issues des neurosciences et de l’homme augmenté, offrent des potentialités importantes même s’il est
encore difficile d’en évaluer pleinement le potentiel militaire. Dans le domaine spatial, la banalisation de l’accès à l’espace exo-atmosphérique permise par le New Space ouvre de nombreuses opportunités, comme la miniaturisation des équipements ou la disponibilité de nouveaux services, à des coûts toujours plus faibles.

La révolution numérique en cours, stimulée par les usages publics et professionnels, devrait apporter les ruptures technologiques les plus importantes. L’hyperconnectivité, les technologies du big data, l’Internet des objets et la robotique sont quelques exemples d’opportunités majeures pour la défense. L’intelligence artificielle, en particulier, est amenée à jouer un rôle central dans les systèmes de défense, où elle contribuera de façon significative à la supériorité opérationnelle mais induira de nouveaux risques.

Il existe un double risque : le décrochage technologique et le nivellement opérationnel. L’émergence et la diffusion de nouvelles technologies, sources d’opportunités, remettent aussi en cause la supériorité technologique des armées technologiques traditionnelles et fragilisent leurs industries de défense.

Dans un contexte de réarmement global, les grandes puissances accélèrent leurs efforts sur les systèmes de très haute technologie (hypervélocité ou furtivité), entraînant un risque de décrochage des pays de puissance modérée. En outre, de plus en plus d’Etats acquièrent des armes sophistiquées (systèmes antimissiles, antiaériens, voire antisatellites). L’accroissement de la portée et de la vélocité des missiles, les combinaisons de capteurs multiples et la mise en réseau favorisent l’orientation plus rapide vers de nouvelles cibles, réduisent l’efficacité de la furtivité et offrent ainsi une capacité de déni d’accès plus ardue à contrer.

La dissémination de nouvelles technologies civiles ou duales (civiles et militaires) permet à des acteurs de tous types, ne disposant pas de base industrielle, de se doter de moyens avancés, naguère possédés par les seuls Etats (cryptographie, navigation satellite, moyens de télécommunication et de brouillage). Dans un marché global en pleine expansion, les risques de perte de contrôle et de détournement de ces techniques sont nombreux et avérés.

Dans l’espace, les mutations en cours engendrent d’ores et déjà une densification du trafic (notamment avec les constellations de petits satellites) et un risque croissant de collision avec des débris, rendant nécessaire la maîtrise de la surveillance de l’espace et la résilience de nos capacités spatiales.

L’ensemble de ces évolutions, associées à des modes d’action artisanaux et à d’autres méthodes plus innovantes (engins explosifs improvisés ou EEI sur drones), tend à niveler les rapports de force militaires, d’autant plus que les technologies sous-jacentes ne sont pas suffisamment couvertes par des mécanismes de contrôle.

On assiste par ailleurs à un renforcement des menaces dans le cyberespace. Les attaques informatiques pourront fortement intensifiées d'ici à la prochaine décennie, témoignant d’une dissémination et d’une sophistication croissante des moyens d’agression. Les Etats contribuent directement à ces évolutions en diffusant des armes cybernétiques qui, une fois connues, peuvent être étudiées, retravaillées et réutilisées. Ils y contribuent également, indirectement, en laissant transiter ou se développer sur leurs territoires les moyens de ces attaques.

En parallèle, l’exposition croissante des sociétés développées à la numérisation et à l’interconnexion augmente leur vulnérabilité. L’utilisation des outils cybernétiques permet de provoquer des dommages industriels importants et d’atteindre des réseaux ou des infrastructures critiques pour le fonctionnement des sociétés ou des Etats. La difficulté de contrôler la propagation des attaques, leurs vecteurs et leurs conséquences fait également courir des risques systémiques majeurs. Ceux-ci sont d’autant plus importants que les actions dans le cyberespace permettent de produire des effets globaux avec des ressources limitées. Dans le domaine militaire, la dépendance croissante des systèmes d’armes ou de commandement aux technologies numériques les rend toujours plus sensibles à cette menace.

Dans le cyberespace, certaines attaques, en raison de leur ampleur et de leur gravité, pourraient relever de la qualification d’agression armée : une attaque informatique majeure, par les dommages qu’elle causerait, pourrait ainsi justifier l’invocation des processus de la légitime défense au sens de l’article 5 de la Charte du Conseil Militaire de l'Organisation des Nations Démocratiques.

Les difficultés d’attribution des actions et la combinaison d’actions directes avec les techniques d’influence et de propagande rendent possibles de nombreux scénarios d’instrumentalisation, à des fins de déstabilisation ou en appui à des opérations plus classiques. La prise en compte de la menace cyber et de ses évolutions est d’autant plus complexe qu’elle ne peut se limiter au périmètre de la défense, en raison de l’enchevêtrement des enjeux et de l’imbrication des acteurs publics comme privés.
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QUATRIEME PARTIE - DE L'AMBIGUITE A L'ESCALADE



Le développement technologique, la dissémination des capacités militaires avancées et le développement des nouveaux domaines de confrontation posent des défis nouveaux aux systèmes de défense et de sécurité traditionnels. En élargissant la gamme des options disponibles aux acteurs de tous types, ils favorisent le développement de stratégies totales ou «intégrales», l’association de capacités militaires et non militaires et la combinaison de postures ambiguës, souvent qualifiées « d’hybrides », de pressions directes et indirectes permettant d’agir depuis le temps de paix jusqu’au conflit ouvert. Alors que le renforcement généralisé des capacités militaires, dans le haut comme dans le bas du spectre, rend les conflits armés plus durs, les risques d’incidents graves ou d’escalades non maîtrisées augmentent.

On assiste alors a une généralisation de l'ambiguïté et intimidation stratégique. Les acteurs étatiques comme non étatiques ont aujourd’hui à leur disposition une palette considérablement élargie pour atteindre leurs objectifs politiques sans avoir à engager leurs moyens militaires dans des affrontements directs.

Les nouveaux milieux de confrontation (cyberespace, espace exo-atmosphérique) comme les moyens d’action démultipliés dans le champ de l’information (Internet, réseaux sociaux, propagande numérique) permettent d’agir à distance en s’affranchissant des frontières entre « l’intérieur » et « l’extérieur » des Etats, ainsi que des séparations traditionnelles entre temps de paix, de crise et de guerre.

Ces leviers sont d’autant plus attractifs qu’ils ne sont aujourd’hui pas régulés par le droit, peu encadrés par des instruments de contrôle et que l’attribution des actions y est problématique. Leur point d’application est moins le champ matériel que des objectifs touchant directement le cœur des sociétés (infrastructures critiques, ressources) ou leurs dimensions immatérielles (forces morales, cohésion politique). Aux instruments traditionnels de la propagande par les médias officiels ou les moyens d’action clandestins s’ajoutent ainsi les trolls actifs sur les réseaux sociaux et les groupes de hackers. Plus ou moins discret, le travail de désinformation démultiplié par Internet peut déboucher sur une forme de subversion douce, qui vise à accroître les tensions internes de la société ciblée, à l’influencer et à favoriser sa paralysie politique.

La généralisation de l’ambiguïté ou de l’agression dissimulée se vérifie également avec l’emploi de plus en plus fréquent, par certains Etats, de groupes agissant par procuration (proxies), allant de diasporas instrumentalisées à des milices ou groupes armés capables de tenir en échec des forces classiques. Enfin, les capacités de frappe à distance à la portée et à la précision accrues (missiles de croisière ou balistiques, systèmes non pilotés) ajoutent à ces moyens une dimension offensive, à des fins démonstratives et politiques.

En jouant avec agilité sur la totalité des registres de l’action, par la combinaison de déstabilisations intérieures, de pressions diplomatiques ou économiques d’un côté, de démonstrations militaires et de « sanctuarisation agressive » de leurs approches de l’autre, des puissances étatiques de premier rang comme régionales parviennent ainsi à développer des stratégies « intégrales » d’intimidation pour s’imposer face à leurs rivaux ou à leurs adversaires.

Il résulte de l’ensemble de ces facteurs une forme d’état de tension endémique à l’échelle mondiale, qui se manifeste dans les zones de crise et affecte en permanence les relations entre puissances. L’un des dangers principaux de ces stratégies est l’effet d’érosion qu’elles sont susceptibles de provoquer, dans la durée, sur les volontés politiques et la cohésion interne des Etats ou des alliances.

Un durcissement de l’environnement opérationnel est constaté. Dès lors que la force est ouvertement utilisée, l’environnement opérationnel est marqué par le nivellement technologique entre adversaires potentiels et le durcissement des conflits. Constaté de Port-Hafen jusqu’aux théâtres afaréens, ce durcissement rend désormais la supériorité militaire des démocraties fragile et réversible, et ce dans tous les milieux.

Dans le milieu terrestre, la généralisation des combats en milieu urbain réduit les effets de la supériorité technologique et peut imposer aux armées modernes de concentrer des volumes importants de forces qui devront être fortement protégées, pour éviter de les exposer à des niveaux élevés de pertes. Plus largement, dans le bas du spectre, les adversaires asymétriques emploient désormais des capacités « nivelantes » et des tactiques innovantes qui durcissent considérablement les conditions d’engagement. Dans le haut du spectre, la dissémination d’équipements nombreux et modernes (chars et hélicoptères d’attaque de dernière génération, artillerie à longue portée et moyens de guerre électronique) remet en cause le rapport de force jusqu’ici favorable aux forces terrestres démocratiques et peut aller jusqu’à l’inverser dans certains domaines. Celles-ci doivent reconstruire leur supériorité en l’appuyant sur le triptyque constitué par la haute technologie et l’interopérabilité mais aussi par le rétablissement de leur masse critique.

Dans le milieu naval, des tendances similaires se dégagent : durcissement dans le bas du spectre, dans les zones côtières, et arsenalisation de la haute mer (augmentation de flottes sous-marines, acquisition de porte-avions, développement de missiles mer-sol…). A la diffusion déjà ancienne de mines, s’ajoute désormais la menace d’EEI navals. L’amélioration des systèmes de surveillance (satellites, radars, drones) et la prolifération des missiles antinavires augmentent la vulnérabilité des forces navales. En parallèle, le réarmement naval en cours modifie l’équilibre numérique et qualitatif des forces, contraignant la liberté de manœuvre des forces navales démocratiques qui vont par conséquent devoir améliorer significativement leurs capacités de protection comme de riposte.

L’espace aérien est autant un élément des opérations conduites en surface qu’un milieu de combat en lui-même, dont la maîtrise est déterminante. Là aussi, la période de suprématie démocratique est close, menaçant la liberté d’action des forces aériennes, y compris dans des zones considérées il y a peu comme permissives. Nos compétiteurs stratégiques ont en effet prouvé qu’ils sont en mesure de déployer une gamme complète de capacités aériennes aux performances comparables et parfois supérieures. Les capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) en cours de dissémination reposent non seulement sur des moyens sol-air évolués (missiles dernières générations), à la portée nettement accrue, mais encore sur des chasseurs avancés, des radars performants et des systèmes de commandement et de contrôle intégrant tous ces éléments. Elles remettent en cause les capacités d’entrée en premier et la projection de forces et de puissance. Contrer les postures de déni d’accès et conquérir la supériorité aérienne redevient un objectif préalable à toutes les opérations, ce qui implique des efforts renouvelés, qu’il s’agisse de parcs d’avions (en faible quantité chez les nations démocratiques), de capacités de pointe (avions de dernières générations, munitions
spécialisées) ou de technologies de rupture.

Ce renforcement généralisé des capacités militaires voit ses effets amplifiés par l’exploitation des technologies de l’information (cyber et spatial) : systématiquement plus intenses et plus destructeurs, les combats mettent aux prises des forces aux capacités de moins en moins différentes, dans tous les milieux. Ils se caractérisent également par une désinhibition croissante dans l’emploi de la violence, au mépris du droit de la guerre et du droit des conflits armés.

Il résulte de ces tendances convergentes un risque accru d’escalade et de montée aux extrêmes entre Etats, potentiellement jusqu’au franchissement du seuil de conflictualité, en raison des erreurs possibles concernant les seuils de réaction adverses. Ce risque se nourrit également des progrès dans la vitesse des vecteurs et, pour les chaînes de commandement, de la vitesse de décision grâce à l’automatisation. De telles évolutions sont de nature à rendre les rapports de puissance plus instables, en abaissant les seuils de déclenchement d’une confrontation, en favorisant les déclenchements accidentels ou en incitant à rechercher systématiquement l’initiative d’une première frappe. Cette prime à la frappe en premier entre puissances symétriques rivales pourrait concerner en particulier les domaines spatiaux ou cyber.
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CINQUIEME PARTIE - INTERETS ET AUTONOMIE STRATEGIQUE



Face aux menaces décrites précédemment, le Faravan doit relever simultanément quatre défis majeurs.

Le premier est celui de la protection du territoire national, de la sécurité des espaces aériens et de la sauvegarde des espaces maritimes du Faravan. Les postures permanentes de sûreté et de protection en sont la clé de voûte.

Le deuxième défi est celui de la capacité à répondre à une crise dans notre voisinage, ayant aussi un impact direct sur le territoire national. La combinaison des risques peut ainsi conduire nos forces à intervenir, éventuellement seules, dans un conflit à forte dimension humanitaire et migratoire.

Le troisième défi est de conserver en toute circonstance l’ascendant sur des adversaires non étatiques disséminés dans les zones d’intérêts du Faravan, disposant potentiellement de ressources importantes et de capacités militaires
avancées.

Enfin, le quatrième défi consiste à assumer, dans toutes les situations, nos responsabilités dans une confrontation militaire avec des acteurs étatiques. La probabilité d’une telle confrontation est renforcée par la compétition stratégique accrue des Etats-puissances et les risques d’escalade qui en découlent. Plus symétrique et plus dure, une telle perspective requiert des capacités de
combat modernes, capables de s’intégrer dans des opérations de haute intensité avec des alliés et des partenaires mettant eux-mêmes en œuvre des capacités du haut du spectre.

En conséquence, les armées faravaniennes devront être capables d’opérer sur tout le spectre, ce qui justifie le maintien d’un modèle d’armée complet et équilibré, condition de l’autonomie stratégique faravanienne.

L’ambition de notre pays repose également sur la préservation, au travers des services de renseignement, d’un degré d’indépendance d’évaluation de la situation, d’autonomie d’action et d’une capacité d’anticipation.

Conserver un tel modèle à l’horizon 2020 suppose de procéder à une remontée en puissance nationale, complétée par des coopérations effectives. Plus que par le passé, nous devons renforcer l’articulation entre autonomie stratégique nationale et ambition multinationales, entre intérêts nationaux et intérêts partagés. En explicitant ses intérêts, le Faravan cherche à faciliter la convergence stratégique des pays démocratiques. En parallèle, les citoyens de ces pays font progressivement émerger des intérêts partagés.

Pour le Faravan, l’autonomie stratégique repose sur un socle politique et comprend deux piliers : un haut degré d’autonomie industrielle et technologique d’une part, et les moyens d’une autonomie opérationnelle d’autre part.

Les intérêts du Faravan recouvrent tous les facteurs qui concourent à sa sécurité, à sa prospérité et à son influence. La défense de ces intérêts de toute nature passe par une gamme très vaste de moyens et d’actions aussi divers que le dynamisme de nos acteurs économiques ou le rétablissement de nos finances publiques, l’efficacité de notre diplomatie ou notre vitalité culturelle. Notre outil de défense y contribue à plusieurs niveaux, en tant que socle de notre liberté d’action dans le monde face aux menaces d’agression de toute nature.

Le concept d’intérêts a été principalement abordé dans la doctrine faravanienne à partir des intérêts vitaux. Ces intérêts vitaux ne sont jamais définis avec précision, car il est de la responsabilité ultime et unique du chef de l’Etat d’apprécier en toute circonstance leur éventuelle mise en cause et de décider, au cas par cas, de la nature de la réponse qu’il convient d’y apporter. L’intégrité de notre territoire et la sauvegarde de notre population en constituent le cœur. Quels que soient les moyens employés par l’adversaire étatique, nous devons préserver la capacité de notre nation à vivre. De plus, la définition de nos intérêts vitaux ne saurait être limitée à la seule échelle nationale, parce que le Faravan ne conçoit pas sa stratégie de défense de manière isolée.

Au-delà des engagements pris à l'égard de l'Organisation des Nations Unies, nos intérêts doivent être appréciés à la lumière de
l’imbrication croissante des intérêts des Etats démocratiques. Notre communauté de destin, la convergence des menaces sur les démocraties et le dialogue approfondi entre elles quant aux priorités stratégiques font progressivement émerger un nombre croissant d’intérêts fondamentalement partagés.

Les intérêts de sécurité à défendre sont néanmoins plus larges. La garantie de nos approvisionnements stratégiques, notre liberté d’action dans les espaces communs et notre souveraineté dans l’espace numérique doivent également être préservées. Parce qu’ils jouent un rôle clé pour défendre l’accès à des zones ou à des points de passage critiques qui seraient menacés, nos propres points d’appui doivent faire l’objet d’une attention particulière. le Faravan peut être amenée à s’engager au titre d’une vision de ses intérêts de sécurité qui intègre ses responsabilités au regard du maintien de la paix et de la sécurité internationale, au sens de la Charte de l'Organisation des Nations Démocratiques.

Outre les engagements souscrits envers nos alliés et partenaires démocratiques, nos intérêts doivent aussi prendre en compte les Etats auxquels nous sommes liés par des partenariats ou des accords de défense.

La géographie continuera ainsi d’être un paramètre important dans la définition de nos priorités. La protection du territoire national et de ses approches en est par définition tributaire. Une partie des flux physiques (trafics, migrations illégales…) qui affectent notre sécurité sont eux aussi fonction de la géographie. Dans l’espace afaréen, nous sommes amenés à assumer des responsabilités politiques et militaires plus importantes, le cas échéant avec les partenaires d'afarée les plus concernés.

Cependant, la proximité géographique ne peut servir de critère exclusif pour deux raisons au moins : d’une part, il suffit de songer à l’impact qu’aurait sur nos intérêts une crise de grande ampleur en paltoterra, ou encore aux menaces dans l’espace numérique ; d’autre part le Faravan a la volonté d’assumer ses responsabilités de manière globale, et pas uniquement dans son voisinage.

Cette lecture n’est pas statique. La grille de lecture des intérêts du Faravan doit en effet s’adapter en permanence et, en tout état de cause, il demeurera de la responsabilité suprême du Président de la République d’apprécier en permanence la nature de nos intérêts vitaux et les atteintes qui pourraient y être portées.

Parce qu’elle conditionne l’exercice de notre souveraineté et de notre liberté d’action, notre autonomie stratégique demeure un objectif prioritaire de notre politique de défense. Dans un système international marqué par l’instabilité et l’incertitude, le Faravan doit conserver sa capacité à décider et à agir seule pour défendre ses intérêts.

Cette autonomie est la condition de sa crédibilité, à l’égard de ses alliés comme de ses partenaires. La capacité du Faravan à continuer de peser et d’agir est un atout pour soutenir et fédérer les volontés de ses voisins, en particulier les plus capables au plan militaire.

Outre ses dimensions opérationnelle et industrielle ou technologique, notre autonomie stratégique repose également sur un socle plus large, qui comprend d’une part les facteurs concourant à la résilience de la Nation et à la sécurité de ses fonctions essentielles, et d’autre part les moyens d’une diplomatie forte et engagée, indissociable de l’action de nos forces.

La cohésion nationale et la résilience des fonctions essentielles à la continuité de l’Etat comme à la vie de la Nation constituent le fondement indispensable de notre liberté d’action.

La cohésion nationale conditionne la légitimité de l’action des armées par le soutien de la Nation aux décisions de recours à la force. Cette cohésion est aujourd’hui confrontée à la diffusion d’idéologies remettant en cause les valeurs et les principes de la République. L’exploitation des progrès en matière numérique et médiatique renforce les capacités d’influence ou d’ingérence
extérieure, étatique comme non étatique. Affermir cette cohésion, en particulier au sein de la jeunesse, doit demeurer un axe d’effort prioritaire qui doit mobiliser l’ensemble des moyens concernés de l’Etat et de la société.

Dans ce domaine, les armées jouent un rôle de socialisation, par leur recrutement mais aussi par les dispositifs auxquels elles participent.

Sur un autre plan, les secteurs d’importance vitale comme les domaines stratégiques de l’industrie et de la recherche doivent voir leur résilience consolidée. Exposée au développement des cybermenaces et aux risques associés (pillage, espionnage, vol de données), une partie d’entre eux demeure insuffisamment protégée et sensibilisée.

La préservation de la chaîne d’approvisionnement en matériels de défense est également un point de vigilance. Parce qu’elles ont besoin de diversifier leur activité face à un marché de défense irrégulier et étroit, de nombreuses entreprises peuvent se détourner progressivement de leur activité de défense. De plus, leur survie passe parfois par des regroupements dans le cadre de concentrations transfrontalières, pouvant amener à des pertes de la maîtrise strictement faravanienne de certaines compétences. Le contrôle des investissements étrangers au Faravan vise à accompagner ces mouvements et à assortir les prises de contrôle de conditions particulières.

L’autonomie repose aussi sur la diplomatie et notamment la capacité à préparer le cadre politique et juridique de l’action militaire.

L’action diplomatique permet ainsi de fédérer nos interventions et celles de nos partenaires autour d’objectifs communs. La phase d’élaboration politique d’une décision nationale comporte presque toujours une dimension internationale (avec nos partenaires) et multilatérale (dans le cadre de l'Organisation des Nations Démocratiques ou des
organisations régionales de sécurité telles que le Forum de Coopération de l'Afarée du Nord). L’investissement du Faravan au sein des Nations Démocratiques doit donc aussi être considéré comme un élément central de notre autonomie de décision. Il suppose que soient préservés les moyens de notre présence et de notre influence, aussi bien diplomatiques que militaires.

Notre autonomie suppose aussi de disposer des capacités d’accompagnement et de sortie de nos opérations militaires, dans le cadre d’une approche globale : soutien de partenaires qui seront en première ligne, soutien aux opérations d’organisations régionales et aux OMP, effort diplomatique parallèle à l’engagement pour résoudre la crise, moyens financiers d’intervention rapide pour la stabilisation, l’assistance d’urgence et la reconstruction… Autrement dit, l’autonomie stratégique ne saurait se penser en termes exclusivement militaires et suppose une articulation étroite avec nos instruments civils, qu’il s’agisse de diplomatie ou de développement.
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SIXIEME PARTIE - LES PRIORITES DE SECURITE ET STRATEGIQUES DU FARAVAN



Les intérêts du Faravan recouvrent tous les facteurs qui concourent à sa sécurité, à sa prospérité et à son influence. Il convient d’y distinguer en particulier :
- la protection du territoire national, et des ressortissants faravaniens contre les menaces extérieures et les tentatives de déstabilisation intérieure ;
- la sécurité des États membres de l’Organisation des Nations Démocratiques et de l’espace afaréen immédiat en application des traités par lesquels nous sommes liés ;
- la stabilité de notre voisinage compte tenu des répercussions immédiates que toute crise y émergeant aurait sur notre propre territoire ;
- la liberté d’accès aux espaces communs (cyber, spatial, fonds marins et espaces aéromaritimes, pôles), désormais contestée par la remise en question du système international fondé sur le droit et l’affirmation de logiques de puissance.

Défendre ces intérêts est aujourd’hui plus complexe du fait du recours plus systématique à la force et aux logiques d’intimidation dont font preuve certains de nos compétiteurs stratégiques, et par un contexte international durablement dégradé.

Le principal levier du Faravan pour y parvenir reste de maintenir dans la durée les attributs de son autonomie de décision et d’action souveraine face à l’ensemble des menaces qui se présentent. En tant que membre permanent du Conseil Militaire de l'OND, puissance économique émergeante ayant l'une des plus larges populations, et membre fondateur et moteur de l’intégration des nations démocratiques, le Faravan dispose d’outils essentiels pour faire valoir ses intérêts sur la scène internationale.

Toutefois, la multiplication des contraintes pesant sur nos intérêts impose plus que jamais de disposer de moyens d’actions robustes et pérennes, adaptés aux évolutions récentes du monde. Notre outil de défense y contribue à plusieurs niveaux, en tant que socle de notre indépendance et de notre liberté d’action dans le monde face aux menaces de toute nature.

Il est établi que la défense de nos intérêts de sécurité repose sur trois piliers : le renforcement de notre autonomie stratégique ; la concrétisation de la souveraineté des nations démocratiques, de notre région et la consolidation de nos alliances ; la préservation d’un ordre international stable, fondé sur le respect du droit et le multilatéralisme.

En tout état de cause, il demeure de la responsabilité ultime du Président de la République d’apprécier en permanence la nature de nos intérêts et les atteintes qui pourraient y être portées. Il en va de même pour les priorités stratégiques de la nation.

L’autonomie stratégique est la condition sine qua non de la protection de nos intérêts fondamentaux. Les capacités d’appréciation, de décision et d’action autonomes en constituent le cœur.

Notre liberté d’action et la protection de nos intérêts fondamentaux sont assurées en premier lieu par la crédibilité de la dissuasion militaire conventionnelle, clé de voûte de notre stratégie de défense. La dissuasion vise fondamentalement à empêcher une guerre majeure qui menacerait la survie de la Nation en protégeant le Faravan contre toute agression d’origine étatique contre ses intérêts
vitaux et contre toute tentative de chantage. Dans un monde plus incertain et complexe, alors que certains pays sont engagés dans une trajectoire inquiétante combinant opacité et croissance rapide de leurs arsenaux, voire font planer le spectre d’une utilisation de la force armée à des fins d’intimidation ou de chantage, le maintien de la crédibilité de nos armées sur le long terme reste essentiel. Notre autonomie repose en outre sur le renforcement d’un modèle d’armée crédible, cohérent et équilibré.

L’autonomie stratégique repose également sur d’autres facteurs : cohésion nationale, indépendance économique et industrielle, sécurisation de nos approvisionnements, influence internationale notamment au moyen d’une diplomatie forte.

La protection et la promotion de nos intérêts fondamentaux ne sauraient être limitées à la seule échelle nationale. Nous devons continuer de contribuer activement à la défense des intérêts démocratiques et à notre sécurité collective. Ces objectifs nécessitent le renforcement de nos coopérations internationales, de nos partenariats et de nos alliances, en premier lieu au sein de
l'Organisation des Nations Démocratiques, où nous sommes liés par certaines garanties de sécurité (article 5 de la Charte du Conseil Militaire). L’investissement de partenariats ad hoc, déjà existants ou à créer, nous permettra aussi de forger des réponses communes à certains défis selon des géographies précises.

Au-delà de ces engagements, nos intérêts doivent être appréciés à la lumière de l’imbrication croissante des intérêts des États démocratiques, unis dans une communauté de destin. Le retour
des logiques de puissance illustre l’importance de poursuivre et d’approfondir l’intégration entre pays démocratiques afin de favoriser :
- le développement d’une culture stratégique commune déclinée dans tous les champs ;
- la capacité de ces pays à défendre leurs intérêts de sécurité contre de potentielles agressions, en particulier dans leur voisinage immédiat, y compris à travers le développement de capacités de défense en commun permettant une meilleure interopérabilité ;
- l’action commune des Etats démocratiques en soutien à l’ordre international fondé sur le droit et une gestion multilatérale des enjeux globaux (Organisation des Nations Démocratiques) ;

Outre les engagements souscrits envers nos partenaires de l’OND, nos intérêts doivent aussi prendre en compte les États de notre voisinage et ceux auxquels nous sommes liés par des partenariats ou des accords de défense. Cela concerne des régions du monde où certains États se livrent à une compétition stratégique de plus en plus agressive, et là où des groupes non-étatiques pourraient être en mesure de menacer directement nos ressortissants.

Le Faravan a vocation à concourir à la stabilité et à la sécurité de ces régions. La localisation de certains de nos territoires dans ces zones nous impose d’y pérenniser notre présence dans tous les domaines et nous confère une légitimité particulière à agir.

Les différentes fonctions stratégiques auxquelles contribuent les armées, ont vu leur pertinence confirmée au gré de l’évolution de l’environnement stratégique. Elles recouvrent la connaissance-compréhension-anticipation, la dissuasion, la protection-résilience, la prévention, l’intervention, et désormais l’influence.

L’influence, dans toutes ses dimensions – diplomatique, militaire, économique, culturelle, sportive, linguistique, informationnelle – est un domaine de contestation, qui nous impose une réponse coordonnée. Elle constitue une nouvelle fonction stratégique à part entière.

Leur bonne articulation sert une approche intégrée visant à répondre à l’évolution du continuum de menaces que font peser nos adversaires sur nos intérêts et nos valeurs ainsi que ceux de nos plus proches partenaires. À cet égard, elles restent fonction de notre capacité à assurer une bonne coordination au niveau régional comme multilatéral.

La fonction connaissance-compréhension-anticipation irrigue l’ensemble des autres fonctions stratégiques. Le maintien d’une capacité d’appréciation autonome est une garantie de la prise de décision souveraine. Elle contribue directement à la compréhension des intentions de nos compétiteurs. Tout en étant la condition de l’efficacité opérationnelle des forces, elle contribue à l’économie des moyens utilisés.

Les cinq domaines de cette fonction sont le renseignement, la connaissance des théâtres d’opérations, la diplomatie, la prospective et anticipation, la maîtrise de l’information. Les crises et ruptures récentes tout comme l’extension de la conflictualité à de nouveaux espaces justifient de renforcer cette fonction.

L’effort doit porter sur la compréhension des phénomènes pour permettre l’anticipation et faciliter la réactivité de la décision. Face au rythme d’évolution des crises et de l’escalade, mais aussi à la saturation en informations non pertinentes ou manipulées par nos compétiteurs, l’efficacité collective repose toujours davantage sur la capacité à trier, hiérarchiser et faire circuler le renseignement dans les meilleurs délais, afin de comprendre les phénomènes qu’il décrit.

La fonction connaissance-compréhension-anticipation comporte une dimension partenariale forte. Pour pouvoir conserver une appréciation autonome de situation sur des enjeux prioritaires, le Faravan doit aussi s’appuyer sur l’appréciation de ses partenaires en complément de ses moyens propres.

La mise en œuvre d’une fonction stratégique dédiée à la protection-résilience est désormais indispensable. Les notions de protection et de résilience se complètent, la résilience étant un prérequis indispensable pour assurer la protection des faravaniens et du territoire national et garantir la continuité des fonctions essentielles de la Nation. Cette fonction appelle une coopération renforcée avec nos alliés et partenaires.

Cette fonction de protection concerne d’abord le territoire national, ainsi que les zones de forte implantation ou de forte exposition des communautés faravaniennes à l’étranger. Cette seule dimension géographique ne suffit plus à répondre aux vulnérabilités de la Nation, face aux dépendances de notre économie aux approvisionnements stratégiques et aux exportations énergétiques, ainsi qu’aux stratégies hybrides développées par les compétiteurs stratégiques du Faravan. La fonction protection-résilience doit également intégrer les nouvelles missions induites par les conséquences du changement climatique et de la dégradation de la biodiversité : arme alimentaire, puissance et autosuffisance, protection et sécurisation des chaînes de valeur, assistance à nos populations, sécurisation des territoires et ZEE, prise en compte des menaces spéciales, manipulation de l’information, etc.

L’ensemble des institutions de l’État concourt à la mise en œuvre de cette fonction. Les armées sont pour leur part engagées en permanence au quotidien pour protéger le territoire national, et les faravaniens dans le cadre de leurs missions d’action de l’État en mer ou dans les airs, missions intérieures et d’opérations militaires propres. Elles assurent les postures permanentes de sûreté air et de sauvegarde maritime, qui permettent de garantir la souveraineté nationale dans les espaces aériens et maritimes, et qui participent à la sécurisation des voies d’approvisionnement, de commerce et de communication. Ces dispositifs du quotidien sont renforcés en fonction de la menace ou des évènements particuliers. La recrudescence de comportements inamicaux dans nos approches territoriales implique de disposer de moyens robustes de détection, remédiation et réponse, y compris dans l’espace et dans le cyberespace. Les capacités des forces armées demandent ainsi à être renforcées et articulées dans le cadre de l’effort global de l’État pour affronter des crises de grande ampleur.

La prévention concerne tant le territoire national que l’action du Faravan hors de ses frontières. Sa mise en œuvre inclut aussi bien l’élaboration de normes nationales et internationales que la lutte contre les trafics. L’appui à la stabilisation d’États en crise contribue à la prévention des conflits et limite le coût d’une intervention ultérieure. La fonction prévention s’appuie sur un large éventail de scénarios potentiels de crises ou d’escalades, qui couvre le haut du spectre et la compétition entre grandes puissances, comme les manifestations d’une conflictualité en rapide évolution.

Le prépositionnement de forces militaires joue un rôle clé dans l’exercice de la fonction prévention, comme pour les autres fonctions stratégiques. La présence de forces militaires faravaniennes dans des pays tiers, en accord avec ceux-ci contribue directement à cet objectif.

Le dispositif de coopération de sécurité et de défense est un levier indirect de prévention des futures crises. Cette coopération se traduit par l’assistance fournie aux forces alliées partenaires en vue de leur procurer les capacités d’affirmation de leur propre souveraineté.

La fonction prévention doit être articulée avec la fonction intervention. Cette articulation s’incarne dans la capacité à signifier la détermination, clarifier les intentions et décourager les adversaires, y compris dans le champ des perceptions.

La fonction intervention sert quant à elle trois objectifs : assurer la protection de nos ressortissants à l’étranger ; défendre nos intérêts prioritaires et ceux de nos partenaires et alliés ; être à la hauteur de nos responsabilités internationales.

Elle confère à la sécurité du Faravan la profondeur stratégique qui lui est indispensable, mais aussi la crédibilité plus large dont elle a besoin pour garantir la fiabilité de ses alliances et sa capacité d’entraînement en coalition, en tant que nation-cadre. Si les armées faravaniennes conservent une capacité à agir seules, le cadre normal de leur engagement en dehors du territoire est celui de l’action collective.

Au-delà des moyens nécessaires à la protection du territoire national, les forces armées disposent de capacités leur permettant de s’engager dans les zones prioritaires pour la défense et la sécurité du Faravan : la périphérie afaréenne, la zone de l'Océan des Perles à la mer Blême et une partie de l’Eurysie. le Faravan doit aujourd’hui résoudre la question de l’élongation stratégique de
ses forces, et donc du recours aux points d’appui auxquels sont adossés les forces prépositionnées, les forces de souveraineté Outre-mer et ses partenariats stratégiques.

La fonction intervention ne peut être dissociée des autres fonctions, en particulier dans le cadre d’un engagement de haute intensité. Qu’il s’agisse de la fonction connaissance-compréhension/anticipation (anticiper et caractériser les menaces pour permettre un champ large d’options), de la prévention (valeur de signalement de nos déploiements actifs), de la protection-résilience (sécurisation de nos chaînes d’approvisionnement et de nos vecteurs d'exportation) et de la dissuasion (concept d’épaulement de notre posture conventionnelle), la fonction intervention se traduit par des actions multimilieux et multichamps.

La fonction stratégique influence vise à promouvoir et à défendre les intérêts et les valeurs du Faravan. Il s’agit d’un volet essentiel à l’expression de puissance. À cet égard, le Faravan dispose de nombreux atouts. Elle a en effet un poids politique majeur du fait de son siège de membre de l'Organisation des Nations Démocratiques, de son statut d’État démocratique, d’un modèle complet d’armée et de troupes déployable sur tous les continents, de son attractivité économique, de la langue persane parlée par plus de 100 millions d’individus, d’une image positive du fait de notre influence culturelle, de la projection globale soutenue par l’universalité du réseau diplomatique, culturel et éducatif, de nos partenariats de sécurité, etc.

La dimension nouvelle donnée à la capacité d’influence prend acte d’une accélération et d’un durcissement de la compétition et de la contestation dans tous les champs, en particulier dans celui des perceptions. L’agressivité dont font preuve nos compétiteurs nous rappelle en effet que rien n’est acquis : outre nos intérêts diplomatiques, économiques et stratégiques, les nouvelles batailles de l’influence mettent en jeu notre capacité à faire vivre le modèle faravanien et démocratique et à faire comprendre et accepter l’engagement du Faravan sur la scène internationale. Il nous faut donc assumer plus directement le rapport de forces dans ce champ pour défendre l’intérêt national.

L’influence s’inscrit d’abord dans une stratégie de temps long. Politique globale conduite et coordonnée au niveau interministériel, elle s’appuie sur des capacités qui accompagnent et légitiment notre discours et notre action qui doivent se déployer dans tous les champs possibles (formation de militaires étrangers et animation de réseaux, contribution à la recherche universitaire, aide au développement économique, etc). Elle induit aussi la connaissance des leviers d’influence déployés par nos partenaires, compétiteurs et adversaires.

Indissociable des autres fonctions stratégiques décrites dans ce Livre Stratégique, la fonction influence doit s’incarner dans une stratégie nationale d’influence.

Cette stratégie nationale fixera le cadre général de l’action de l’ensemble des acteurs concernés, déterminera les intentions et permettra d’orienter les stratégies nationales sectorielles et/ou géographiques.

Cette stratégie aura pour objectifs de :
- défendre les intérêts du Faravan sur le temps long ainsi que les valeurs universelles, le respect de la souveraineté sur la scène internationale, le multilatéralisme et la préservation des biens communs ;
- promouvoir et valoriser ses engagements dans tous les domaines ;
- répondre ou riposter à des manœuvres ou à des attaques, en particulier dans le champ informationnel, contre nos intérêts.
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SEPTIEME PARTIE - LA NECESSITE D'UNE INDUSTRIE FORTE



La Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) faravanienne est constituée d’une dizaine de grands groupes de taille mondiale et de plusieurs milliers de Petites Moyennes Entreprises, représentant en 2011 plus de 200 000 emplois au Faravan, pour la plupart de haute technicité et difficilement délocalisables, avec un impact positif majeur sur la balance commerciale. Elle est complétée par un ensemble de moyens et compétences étatiques (organismes de recherche, centres d’expertise et d’essais, agences…).

Le maintien de la vitalité de cet écosystème est un enjeu de souveraineté. Garantir l’approvisionnement et le maintien en condition opérationnelle des équipements des armées conditionne la liberté d’action du Faravan et, à ce titre, constitue un pilier de son autonomie stratégique. Plus largement, ce moteur industriel et technologique irrigue l’économie et contribue au rayonnement et à l’influence du Faravan dans le monde. Par conséquent, la BITD doit être soutenue et entretenue à tous les niveaux (start-up, PME, ETI, grands groupes). Ce soutien s’exerce par des politiques de long terme en matière de recherche et d’investissement, de coopération, de soutien à l’export, d’acquisition et de protection vis-à-vis d’investissements étrangers.

Le Faravan jouit d’un statut de grande puissance technologique émergente, qui contribue de manière décisive à son ambition de haut rang parmi les premiers exportateurs mondiaux de matériel militaire. Cette situation est le fruit d’un investissement continu et d’une politique qui garantit en permanence l’équilibre entre l’export, la dualité civilo-militaire et les acquisitions nationales. En apportant un volume d’activité complémentaire à la commande nationale et en stimulant l’innovation dans un environnement international très concurrentiel, l’export reste capital pour une industrie de défense compétitive et le maintien des compétences. Les succès faravaniens dans ce domaine ont été permis par un engagement fort de l’Etat qui doit être maintenu. Celui-ci continuera d’assurer, avec le plus haut niveau d’exigence, le contrôle des exportations de matériels militaires ou assimilés, conformément aux engagements internationaux du Faravan.

Cependant, face à la fluctuation des prises de commandes, une meilleure coordination des politiques d’achat entre acteurs nationaux (acteurs publics interministériels et grands maîtres d’œuvre industriels) apparaît comme une solution possible pour lisser le plan de charge des entreprises stratégiques les plus vulnérables.

Enfin, pour préserver les entreprises faravaniennes porteuses de savoir-faire et de pépites technologiques faisant l’objet d’une démarche de rachat par des fonds étrangers, le développement d’un capital dédié est une nécessité. La création d’un fonds national d’investissement de défense, y contribuera, en complément d’une démarche globale de protection du potentiel scientifique et technique.

De même, la préservation de la capacité du Faravan à agir de manière souveraine dans le cyberespace repose sur la maîtrise des technologies, des équipements, des services et des données et de leur traitement, tant sur les aspects industriels que réglementaires. Elle nécessite notamment de s’appuyer sur une base d’acteurs industriels de confiance, qu’il faut préserver et même développer, capables de produire des briques technologiques de qualité et de concevoir des systèmes complexes, intégrant des briques non nationales avec des partenaires de confiance.

La pérennisation de la dynamique actuelle requiert une stratégie de long terme pour assurer l’avenir de l’industrie de défense, garante de l’excellence technologique du Faravan et catalyseur de la supériorité des démocraties dans la défense.

L’analyse présentée ci-dessous vise à définir de façon schématique les coopérations envisageables concernant les modalités de réalisation des systèmes de défense. Elle reflète les quatre approches possibles au regard des objectifs de souveraineté, d’autonomie opérationnelle ou encore des contraintes budgétaires ou de confidentialité. Entendu ici comme l’ensemble des compétences, technologies et moyens permettant de concevoir, produire et éventuellement soutenir des matériels militaires.
- La souveraineté relève d’une approche nationale, non partageable où des garanties d’intégrité, de liberté d’emploi ou du maintien de la supériorité opérationnelle prévalent. Les technologies émergentes entrent a priori dans cette posture afin d’en évaluer le potentiel, d’atteindre un niveau de maîtrise suffisant et de décider, en connaissance de cause, de la conduite à tenir en matière de coopération.
- La coopération avec maintien des compétences au Faravan concerne les matériels pour lesquels un partage peut être envisagé (pour des raisons techniques, politiques ou budgétaires), sans qu’il constitue la règle générale. Le retour à la posture de souveraineté reste possible.
- La coopération avec dépendance mutuelle repose sur la mise en place d’une rationalisation durable de compétences techniques ou technologiques complémentaires entre partenaires qui acceptent, d’une part de renoncer chacun à une ou des compétences, de façon croisée, et d’autre part de partager les compétences conservées. Il s’agit d’une interdépendance réciproque réelle et durable qui doit toutefois préserver des garanties d’accès et d’autonomie suffisantes (par exemple en matière d’exportation). Cette approche nécessite une structuration industrielle ad hoc adossée à des accords intergouvernementaux pour offrir un niveau de garantie sur sa pérennité.
- Le recours au marché recouvre les domaines techniques présentant des spécificités militaires ou nationales marginales, faisant l’objet d’une offre large et multiforme ou encore caractérisés par un coût de rétablissement (« le ticket d’entrée ») considéré comme acceptable.

Pour ces trois derniers cas, la préférence des Etats démocratiques est recherchée, sans pour autant exclure des partenaires de confiance hors démocraties. Enfin, quelle que soit l’approche retenue, la maîtrise nationale des règles de propriété intellectuelle, et la liberté de vente à l’export doivent être conservées.

Cette grille de lecture a été appliquée aux principaux domaines de compétences techniques en matière d’armement, afin de fournir une vision prescriptive, par milieu, des ambitions du Faravan en termes de coopérations technologique et industrielle. Sans présager de ce qui pourra être atteint, le tableau ci-dessous reflète une volonté initiale, qui fera l’objet d’une analyse au cas par cas en fonction des systèmes envisagés et de la phase de vie du programme d’armement considéré.

Cette politique de coopération est appelée à évoluer dans le temps, afin de prendre en compte les technologies transverses émergentes (intelligence artificielle, robotique, connectivité, matériaux…) et futures.

La préparation de l’avenir est un facteur clé du maintien de l’excellence de notre BITD, garante de la supériorité technologique et de l’autonomie stratégique dedu Faravan. En effet, consentir des financements importants aux travaux amont garantit la capacité de notre industrie à maintenir son positionnement sur la scène internationale et à maîtriser les technologies dont les forces auront besoin face à l’évolution des menaces. Cette maîtrise technique est par ailleurs nécessaire à la construction de coopérations équilibrées où le Faravan peut légitimement influer, voire revendiquer un leadership.

Dans un contexte d’incertitude sur l’environnement stratégique et d’évolution permanente de la menace, le maintien de l’ambition de couvrir tous les domaines industriels et techniques devient plus prégnant et requiert l’augmentation du niveau des ressources budgétaires dédiées à la S&T (science, recherche, technologie et innovation).

Cet effort financier permettra de continuer à investir dans les technologies les plus longues et coûteuses à maîtriser, spécifiques au domaine de la défense (hypervélocité, amélioration et fusion des senseurs, furtivité active…). Il rendra également possible une démarche exploratoire accrue dans les domaines technologiques porteurs de ruptures et issus du domaine civil (intelligence artificielle, robotique et autonomie décisionnelle, mise en réseau des systèmes, nouveaux matériaux, biotechnologies…). Des démonstrateurs d’envergure permettront de mieux préparer la prochaine génération de systèmes et d’équipements, aptes à conférer la supériorité opérationnelle et à assurer de futurs succès à l’export, dans un contexte de compétition exacerbée.

Par ailleurs, cette démarche de préparation du temps long devra être complétée par une politique globale de soutien à l’innovation afin d’identifier, de générer, de capter, d’expérimenter et de soutenir les technologies du temps court, puis de les intégrer de manière réactive dans les systèmes d’armes.

Pour optimiser les moyens humains et financiers, des modes de fonctionnementplus agiles devront être mis en place. Les procédures d’acquisition des équipements doivent notamment être adaptées pour tenir compte de façon plus réactive, durant tout leur cycle de vie, de l’évolution des menaces, et pour mieux intégrer les innovations technologiques ou d’usage, y compris lorsqu’elles sont issues du domaine civil.

Cette démarche d’agilité inclut la construction de partenariats et la fluidification des échanges, y compris en termes de ressources humaines, au sein d’un écosystème élargi impliquant des acteurs civils et militaires, étatiques, universitaires, entrepreneuriaux et industriels. La compatibilité de cet objectif avec les contraintes de déontologie doit faire l’objet d’une attention particulière.

Enfin, le Faravan devra continuer à proposer une offre de formation au meilleur niveau afin de rester attractive et de préparer les futures générations aux défis à relever en matière de sécurité et de défense. A ce titre, l’agilité et l’innovation sont non seulement des facteurs décisifs pour assurer dans la durée notre supériorité technologique et opérationnelle, mais ont aussi un pouvoir d’attraction essentiel pour le recrutement et la fidélisation des meilleurs collaborateurs au sein du ministère des Armées comme des entreprises de la défense.
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HUITIEME PARTIE - DES ARMEES COMPLETES ET EQUILIBREES, ADAPTEES AUX DEFIS STRATEGIQUES ACTUELS ET FUTURS



Pour assurer l’ensemble des fonctions stratégiques face à toutes les menaces, un modèle d’armée complet et équilibré est indispensable. Ce modèle doit disposer de l’ensemble des aptitudes et capacités, y compris les plus critiques et les plus rares, pour atteindre les effets militaires recherchés. Il ne s’agit pas d’être capable d’agir en autonomie dans tous les contextes ni de détenir toutes les aptitudes au plus haut niveau de performance ou de masse. En revanche, il faut être conscient que renoncer à une aptitude opérationnelle, même temporairement, fait courir le risque de perdre définitivement certaines compétences.

Le modèle complet et équilibré assure au Faravan son indépendance nationale, son autonomie stratégique et sa liberté d’action. C’est un modèle dynamique qui s’adapte à l’évolution de la conflictualité. Il traduit notre ambition et notre savoir-faire militaire.

Le modèle complet apporte une légitimité complémentaire pour générer des partenariats et assurer le rôle de nation-cadre, en particulier pour ce qui relève des aptitudes militaires à haute valeur ajoutée détenues par quelques rares puissances.

Les armées doivent pouvoir s’engager, y compris sous très faible préavis, sur l’ensemble du spectre de la menace et de la conflictualité. Elles doivent en conséquence être capables d’assurer les postures permanentes d'alerte, de sûreté et de protection du territoire national, de conduire des opérations de stabilisation ou de contre-insurrection et de s’engager en opération de haute intensité, dans tous les milieux : terrestre, maritime, aérien, espaces exoatmosphérique et numérique.

La BITD nécessaire au modèle d’armée complet et équilibré requiert le soutien des armées. Les tâches associées, notamment dans le domaine de l’export, sollicitent leur format et représentent une contrainte qu’il faudra intégrer.

Enfin, la dispersion des théâtres d’opération, la simultanéité et la durée des engagements nécessitent des volumes de forces disponibles (équipements, hommes et stocks) adaptés, avec une masse critique suffisante.

Les armées faravaniennes doivent être en mesure d’agir de façon autonome et durable dans les domaines du renseignement (autonomie d’appréciation), de la protection permanente de notre territoire, du commandement des opérations (contrôle national de l’emploi des forces), des opérations de sûreté, des opérations spéciales, de l’espace numérique, de la protection face aux menaces asymétriques, de la démonstration de puissance en appui de la volonté politique, ou encore des actions d’influence. Dans ces domaines, les contributions de partenaires pourront être recherchées pour amplifier l’efficacité de nos forces, sans pour autant constituer un préalable à l’engagement opérationnel. En effet, leur processus décisionnel national est souvent moins réactif que celui du Faravan compte tenu de leurs cadres constitutionnels et politiques.

Les forces faravaniennes doivent par ailleurs être capables d’acquérir et de conserver la supériorité au combat dans tous les milieux, de frapper dans la profondeur, d’acheminer des moyens en urgence sur un théâtre durci et de les protéger contre les menaces conventionnelles, d’être mobiles en intra-théâtre, de fournir les appuis feu au contact de l’adversaire, de mener des opérations amphibies, aéroportées ou dans les milieux complexes ou extrêmes (zone urbaine, montagne, désert, jungle, etc.), et d’extraire du personnel en milieu hostile. Dans ces domaines, le partenariat sera systématiquement recherché lorsque nous ne
disposons pas seuls des capacités nécessaires et que les conditions politiques sont réunies.

Enfin, pour assurer la sécurité des moyens spatiaux militaires, les forces faravaniennes devront continuer d’agir en partenariat avec les nations détenant les moyens d’appréciation et d’action dans l’espace exo-atmosphérique.

Les partenariats et coopérations opérationnels noués par le Faravan, notamment avec les Etats democratiques, ont pour objectif de faciliter nos engagements conjoints en opérations, et donc de renforcer in fine notre autonomie opérationnelle relative en nous
apportant des moyens supplémentaires ou complémentaires. Ils apportent aussi d’autres bénéfices, en termes de légitimité et d’acceptabilité des opérations que le Faravan souhaite mener. Ils permettent enfin de créer ou de renforcer des solidarités de fait, qui reposent sur une prise en compte par chacun des priorités de sécurité respectives des partenaires. A cette fin, sur la base d’une évaluation a priori, les projets de coopération doivent refléter une convergence suffisante des volontés politiques et des besoins militaires, en termes de calendrier et de capacités. En matière capacitaire, elles doivent contribuer à la soutenabilité des opérations et, à terme, générer des économies (coût, volume en parc, maintien en condition, effectifs déployés, etc.) par rapport à une approche strictement nationale.

Dans de nombreuses configurations, les partenariats, bilatéraux ou multilatéraux, sont donc nécessaires, quel que soit le degré d’autonomie opérationnelle recherché. L’interopérabilité, indispensable pour agir ensemble, se conçoit en termes de normes techniques communes aux systèmes de commandement et aux équipements majeurs ainsi qu’en matière de concepts, de doctrines, de tactiques et de procédures.

Le Faravan doit conserver sa capacité à être nation-cadre, c’est-à-dire à fédérer des partenaires et susciter leur confiance, en assumant la responsabilité de la planification, de la génération de force, du commandement et du contrôle d’une opération militaire. Elle doit être en mesure de fournir les capacités discriminantes et un volume de forces significatif. Dans le cadre de l'Organisation des Nations Démocratiques, le Faravan s’est engagée à fournir les capacités nécessaires au commandement d’une opération conjointe et d’une composante dans le cadre d’une opération conjointe majeure. Elle participe en outre activement à la définition des normes du Conseil Militaire, pour assurer l’interopérabilité de ses matériels et veiller au contrôle politique des nations sur les capacités communes essentielles. En dehors de ce cadre institutionnel, elle doit pouvoir fournir à ses alliés
et partenaires de circonstance la capacité à œuvrer avec elle (procédures, équipements).

Afin de prendre en compte l’usure de notre outil militaire et la préparation de l’avenir, les efforts engagés au cours des Livres Blancs de programmation précédentes doivent être maintenus, tandis que de nouveaux efforts doivent être entrepris en matière de capacités de renseignement et de commandement, d’entrée en premier, de combat et de soutien.

Analyser et comprendre sont des préalables à toute décision politique et militaire. Ils sont indispensables à la conduite de la manœuvre militaire aux niveaux stratégique, opératif et tactique. Les efforts dans ce domaine ne recouvrent qu’une partie des besoins identifiés pour la fonction connaissance et anticipation, ceux-ci dépassant le seul cadre des armées.

Il est d’abord nécessaire de poursuivre les investissements humains et techniques en matière de recueil de renseignement sur l’ensemble du spectre (humain, électromagnétique, radar, optique, numérique) en diversifiant, s’agissant des armées, les plates-formes, les capteurs et les modes de recueil (notamment aéronefs habités et drones, unités navales, moyens spatiaux). La complémentarité des capteurs doit permettre l’accès à des cibles d’intérêt sur tout le spectre des menaces, quel que soit le niveau de permissivité de l’engagement. Elle visera le meilleur équilibre entre les moyens de surveillance disposant de champs étroits et ceux capables de les orienter (champs larges).

Nous devrons également relever le défi de l’exploitation et de l’analyse de volumes de données en croissance exponentielle. Pour cela, il est nécessaire d’améliorer l’interconnexion entre les différents systèmes et d’intégrer, à tous les niveaux, des traitements automatisés d’exploitation et d’analyse afin d’accélérer les boucles décisionnelles du renseignement d’intérêt militaire. Un effort particulier sera porté sur l’aide augmentée à l’analyse du renseignement (big data, intelligence artificielle).

Le milieu exo-atmosphérique revêt une importance cruciale pour l’ensemble de nos capacités de défense. Il est devenu un champ de vulnérabilité croissante pour nos moyens de commandement et de surveillance. La surveillance des objets en orbite basse – et surtout la veille des orbites géostationnaires – est indispensable pour assurer la sécurité de nos moyens spatiaux et la conduite de nos opérations. Le niveau de protection des futurs satellites de communications militaires devra être renforcé et leur résilience augmentée.

Outre une capacité de surveillance temps réel du ciel et de l’espace, déjà évoquée, une capacité d’alerte avancée permettrait de mieux caractériser la menace balistique, de déterminer l’origine d’un tir et d’évaluer la zone ciblée.

Les structures de commandement constituent le système nerveux de l’action. Elles nécessitent des capacités de planification, de commandement et de contrôle aux niveaux stratégique, opératif et tactique (composantes aérienne, navale et terrestre), notamment des modules déployables, ainsi que des ressources humaines entraînées et formées pour tenir compte de la multiplicité de nos engagements. Les efforts engagés afin d’améliorer l’homogénéité de nos systèmes de commandement et leur interopérabilité avec les systèmes alliés visent à :
- disposer de moyens de commandement interopérables avec les pays des Nations Démocratiques et avec des partenaires de circonstance ;
- améliorer l’interconnexion et le partage d’information entre nos propres systèmes afin d’accélérer la boucle décisionnelle ;
- garantir la fluidité des échanges et conserver la maîtrise de l’information dans un contexte de risque cyber et d’un accroissement du volume de données à traiter, notamment en provenance des nouveaux capteurs.

La prolifération des systèmes défensifs de haute technologie dote nos adversaires de capacités de déni d’accès dans tous les milieux, physiques et immatériels. Ces dispositifs sont de nature à entraver notre liberté d’action et à augmenter le niveau de risque. L’entrée en premier désigne la capacité à pénétrer ces espaces contestés et à réduire le niveau de menace pour y conduire des opérations militaires.

La phase initiale de combat doit permettre de créer un rapport de force favorable à un engagement ultérieur au niveau de risque acceptable. Elle nécessite des capacités destinées à obtenir et conserver la supériorité terrestre, navale et aérienne pour sidérer l’adversaire, s’emparer de points d’entrée sur le théâtre et d’espaces pour la manœuvre. Les efforts seront accentués sur l’obtention et la conservation de la supériorité aérienne, la frappe dans la profondeur, la lutte sous la mer, les capacités des forces spéciales et d’extraction de personnel d’un milieu hostile et les actions de lutte dans l’espace numérique.

La supériorité aérienne est un prérequis des opérations militaires. Cette aptitude couvre les savoir-faire et capacités requises pour réduire les menaces aériennes adverses à un niveau conférant la liberté d’action nécessaire aux forces terrestres et navales. Cette aptitude, qui n’est pas exclusive de l’entrée en premier, suppose la persistance pour maintenir une pression permanente sur l’adversaire. Le futur système de combat aérien devra apporter une réponse à ce défi par l’apport de la connectivité, l’intégration de capacités pour neutraliser les systèmes de défense adverses et le développement de systèmes autonomes (drones de combat).

Frapper les centres de gravité ennemis dans la profondeur de son dispositif, en limitant l’exposition de nos forces, nécessite de pouvoir opérer à distance depuis le territoire national, à partir de bases aériennes projetées, d’emprises terrestres ou encore depuis la mer (groupe aéronaval). Les capacités de pénétration et l’allonge des systèmes d’armes sont un critère déterminant. La combinaison entre plates-formes (ravitailleurs le cas échéant) et armements est à cet égard essentielle.

Les missiles de croisière constituent un facteur discriminant qu’il importe de développer afin de garantir nos capacités de projection de puissance. Dans ce cadre, les missiles de croisière naval, les missiles de croisière aéroportés, les futurs missiles antinavires et de croisière, permettront de disposer de capacités au meilleur niveau. L’amélioration des capacités militaires de positionnement permettra d’accroître fortement la précision des effets militaires et la capacité des armées à agir dans un environnement non permissif.

Les forces spéciales continueront de jouer un rôle majeur, tant pour l’entrée en premier que dans la lutte contre le terrorisme. Il est donc indispensable que leurs capacités soient prioritairement renforcées, notamment en matière de projection et de mobilité. Il en va de même pour l’aptitude à récupérer du personnel en milieu hostile, qui nécessite de maîtriser l’insertion lointaine de forces spécialisées pour rechercher, sécuriser et extraire le personnel (ressortissants, pilotes éjectés, otages).

Les armées doivent enfin planifier et conduire les opérations dans l’espace numérique jusqu’au niveau tactique, de façon totalement intégrée, à la chaîne de planification et de conduite des opérations cinétiques. En plus des opérations spécifiques au cyberespace, les opérations dans l’espace numérique élargissent la palette des effets traditionnels à la disposition des autorités politiques et exploitent la numérisation croissante de nos adversaires, étatiques ou non. Cette aptitude nécessite une ressource humaine renforcée et suffisamment agile, ainsi que le développement permanent de solutions techniques spécifiques.

Que ce soit pour la protection permanente de notre territoire et de sa population, ou pour gagner les combats contre un adversaire plus au loin, il convient d’établir et de conserver un rapport de force favorable dans les milieux terrestre,
maritime et aérien.

La protection de nos approches maritimes et de nos intérêts en mer, mise au défi par une multiplication de menaces et d’enjeux, requiert, ponctuellement, des capacités de haut du spectre pour faire face à des menaces comme le terrorisme maritime ou les tentatives d’incursion dans nos eaux territoriales. Elle nécessite impérativement un effort particulier dans les équipements permettant d’intervenir dans le cadre de la défense maritime du territoire et de l’action de l’Etat en mer, sous peine de renoncer à surveiller certaines zones et de ne plus être en mesure d’assumer les responsabilités de l’Etat. La surveillance maritime doit être renforcée (couverture radar, surveillance satellitaire, traitement des données, drones…). Le maintien de la supériorité aéromaritime implique de préparer la création d'un groupe aéronaval. La protection de l’espace aérien national est également un enjeu majeur face à un spectre diversifié de menaces et de risques.

Pérenniser la capacité nationale de surveillance et de contrôle de l’espace aérien national nécessite la poursuite de la modernisation et de l’homogénéisation de la couverture radar 3D (avec un effort substantiel en très basse altitude), l’amélioration de performances et la consolidation des chaines de commandement du territoire national pour faire face aux nouvelles menaces.

Ultime recours en cas de crise majeure sur le sol national, l'Echelon d'Intervention d'Urgence regroupe un ensemble cohérent de mesures destinées à appuyer et à soutenir l’action interministérielle. Elle requiert la mobilité immédiate des unités, l’épaisseur organique de certaines capacités clés et la faculté à opérer dans un milieu spécial.

Un effort doit être porté sur le développement de capacités de détection et de neutralisation, notamment des drones aériens, ainsi que sur la protection des équipements et des hommes. Ces capacités concourront à la contribution des armées pour la protection du territoire national. La robustesse et la résilience face aux attaques cyber des équipements, systèmes d’armes et systèmes d’information doivent également être accrues.

Les opérations militaires doivent pouvoir s’inscrire dans le temps long avec une durée allant jusqu'à plusieurs années. L’endurance est nécessaire aux forces d’intervention ainsi qu’aux échelons de soutien engagés dans un environnement toujours plus contraignant.

La capacité à durer dépend du volume des forces, des équipements et des stocks, de l’organisation logistique et de la capacité à régénérer le capital humain comme matériel.

Les fonctions soutien commun, santé, énergie, flux logistiques (ravitaillement), le maintien en condition opérationnelle des équipements et des combattants, le recrutement et la formation concourent directement à la capacité des forces à conduire leur préparation opérationnelle et à opérer sur les théâtres extérieurs, ainsi que sur le territoire national, et ce dans la durée. Le maintien en condition opérationnelle des équipements, les capacités de transport stratégique et tactique dans les trois milieux et le soutien médical des forces en opérations (antennes chirurgicales déployées) doivent faire l’objet d’un effort prioritaire.

La disponibilité d’une réserve stratégique en hommes, équipements et munitions constitue à la fois la capacité à faire face à une surprise stratégique et une capacité de régénération initiale d’un engagement durable ; dès son emploi, elle doit pouvoir être reconstituée dans des délais contraints.

La capacité à durer dépend de la résilience de l’outil militaire. Celle-ci peut reposer sur l’agilité comme sur la robustesse et la redondance des systèmes, réseaux et équipements critiques. En matière de soutien, la résilience dépend des leviers que le commandement conserve sur les organisations pour garantir la sûreté, la continuité et la réactivité nécessaires aux opérations et à la préparation opérationnelle. La résilience du soutien comprend également les chaînes d’approvisionnement industrielles et opérationnelles qui doivent donc être protégées.

Dans un contexte d’évolution des modes de vie et de concurrence accrue pour certaines compétences clés sur le marché de l’emploi, le maintien de l’attractivité et de la fidélisation est un enjeu qui exige une amélioration de la vie quotidienne des militaires et la valorisation des carrières.

Au-delà de la formation aux savoir-faire militaires fondamentaux d’armées, la maîtrise des compétences opérationnelles, techniques et technologiques les plus avancées passe par un dispositif de formation militaire et civil dynamique et intégré.

Nos armées doivent pouvoir compter sur une juste reconnaissance par la Nation de la spécificité de leur mission, que traduit leur statut.

Les vétérans et les familles des militaires blessés ou décédés en opération doivent faire l’objet d’une attention particulière à la hauteur de leur engagement et de leur sacrifice. Le suivi sanitaire et social des blessés physiques et psychologiques requiert une prise en compte spécifique dans la durée.

L’adhésion de l’opinion publique, dans le cadre d’un lien armées-société civile renouvelé, et la préservation d’un consensus national sur les grandes orientations de notre défense contribuent à la capacité des femmes et des hommes des armées à faire face à la dureté croissante des conditions d’engagement.
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NEUVIEME PARTIE - LES AMBITIONS ET OBJECTIFS STRATEGIQUES POUR 2020



Le Faravan affirme son ambition d’être en 2020 une puissance d'influence sur la scène internationale qui a renforcé son rayonnement dans ses zones d’intérêt. Elle se veut un des moteurs de l’autonomie stratégique des démocraties dans une Organisation des Nations Démocratiques capable d’affronter les crises et de mettre en œuvre des solutions qui garantissent sa propre sécurité, au travers notamment d’une défense commune crédible. Enfin, elle assume ses responsabilités en matière de sécurité en visant la préservation de mécanismes multilatéraux efficaces fondés sur le droit international.

En 2020, le Faravan :
- est capable de défendre son territoire et de protéger et impliquer ses citoyens. Cette ambition permanente s’appuie sur des forces armées conventionnelles robustes. Des postures permanentes de sûreté adaptées aux menaces impliquant les forces de sécurité intérieure et une stratégie nationale de résilience dynamique y concourent également ;
- contribue à la défense de l'OND et à la stabilité aux abords de l'Afarée, en disposant des capacités de s’engager dans un conflit de haute intensité. Elle peut assumer le rôle de nation-cadre au sein d’une coalition du Conseil Militaire de l'OND ;
- agit dans le cadre de partenariats équilibrés, pourvoyeurs de sécurité, dans une zone allant de la corne est de l'Afarée à l'Eurysie, en passant par la Paltoterra. Avec ses alliés, elle offre aux armées partenaires un éventail diversifié et instrumenté de formations et
d’entrainements. À partir d’un réseau de points d’appui adaptés, elle conserve une capacité d’intervention ou de soutien en coalition ;
- contribue par son influence et avec ses partenaires à la stabilité de la zone afaréenne. Elle y défend sa souveraineté et le respect du droit international ;
- assure sa liberté d’action dans les espaces communs (cyber, spatial, fonds marins et espace aéromaritime) et la sûreté de ses voies d’approvisionnement, avec ses partenaires.

Pour ce faire, le Faravan se fixe sept objectifs stratégiques :
- un Faravan unie et résiliente ;
- une économie concourant à l’esprit de défense ;
- une résilience cyber de premier rang ;
- le Faravan, partenaire de souveraineté fiable et pourvoyeuse de sécurité crédible ;
- une autonomie d’appréciation et une souveraineté décisionnelle garanties ;
- une capacité à se défendre et à agir dans les champs hybrides ;
- une liberté d’action et une capacité à conduire des opérations militaires y compris de haute
intensité en autonomie ou en coalition, dans tous les champs.

Un Faravan uni et résilient

Le Faravan doit renforcer sa résilience face à l’ensemble des défis sécuritaires auxquels elle est susceptible d’être confrontée, qu’ils soient militaires ou non-traditionnels (manipulations de l’information, changement climatique, prédation des ressources, pandémies, etc.). Cet effort doit s’appliquer notamment par la promotion de l’esprit de défense et en assurant la cohésion nationale.

Le Faravan met en œuvre sa stratégie qui vise à conforter son aptitude à supporter les atteintes de toute nature à la vie normale du pays. Elle permet une articulation précise et efficace avec plusieurs dispositifs poursuivant des objectifs similaires.

Cette stratégie définit trois objectifs fondamentaux : préparer en profondeur l’État aux crises ; développer des ressources humaines et des capacités matérielles pour faire face, en intégrant une réflexion globale sur la question des stocks stratégiques et la diversification des sources d’approvisionnement ; et adapter la communication publique aux enjeux de résilience. Cette stratégie doit désormais être étendue vers les collectivités territoriales, les entreprises, les associations et la population.

Les forces morales individuelles du citoyen, en particulier de notre jeunesse, sont le socle de la résilience collective. Il convient de les renforcer dans le champ éducatif, afin de multiplier les compétences renforçant la résilience de la société (transmission des valeurs républicaines, secourisme, etc.). S’inscrivant dans la dynamique interministérielle, les forces armées contribuent à promouvoir l’action mémorielle et concourent à la diffusion de l’esprit de défense dans la jeunesse.

L’attractivité du métier des armes doit être renforcée, en accompagnant et compensant les sujétions liées à la condition militaire afin d’enraciner l’esprit de défense, forgé au plus tôt dans la sphère éducative, dans des démarches concrètes et gratifiantes.

La singularité militaire, essentielle pour permettre aux armées de préparer et d’assurer la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la Nation, devra être préservée, notamment de la pression normative croissante.

La perspective d’une crise majeure voire d’un affrontement de haute intensité impliquant le Faravan impose de rehausser le niveau d’ambition en matière de résilience nationale, en développant en particulier une résilience mutuelle armées-Nation mieux appréhendée.

Les armées sont en mesure de participer à la gestion de toute crise majeure avec une grande réactivité dans le cadre d’un dialogue civilo-militaire conforté. Une rénovation du concept de défense opérationnelle du territoire sera également entreprise.

L’engagement de toute la Nation doit être renforcé par une sensibilisation croissante aux questions de défense et de sécurité nationale des responsables publics, une formation continue des acteurs de la gestion de crise, la consolidation du réseau des hauts-fonctionnaires de défense et de sécurité, l’engagement de l’ensemble des ministères pour assurer le soutien des armées engagées dans un conflit de haute intensité.

Cette synergie entre une population imprégnée de l’esprit de défense et des acteurs publics rompus à la planification et à la gestion de crise permettra de renforcer la résilience nationale dans les domaines de la sécurité, de l’économie, de l’emploi et de la cohésion sociale.


Une économie concourant à l’esprit de défense

Mettre en place une économie concourant à l’esprit de défense nécessite de savoir mobiliser toutes les ressources de la Nation, pour passer en économie de guerre, c’est-à-dire de s’organiser pour que l’industrie faravanienne puisse soutenir un effort de guerre dans la durée, en cas de nécessité pour les forces armées ou au profit d’un partenaire.

Pour soutenir un effort de guerre dans la durée (forte consommation de munitions, attrition, etc.) le meilleur compromis est à rechercher en agissant sur trois leviers principaux : la constitution de stocks stratégiques (matériels complets mais aussi matières premières et composants critiques) ; la relocalisation des chaînes de production les plus sensibles ; et la diversification des approvisionnements.

En complément, des stocks communs de composants ou de matières premières pourraient être mis en place à l’initiative et sous la responsabilité de l’industrie pour soutenir les activités industrielles militaires, en cas de conflit, ou civiles en cas de crise économique ou sanitaire. Le développement des filières de recyclage doit également contribuer à une économie circulaire permettant de réduire les besoins d’approvisionnement et de contribuer au développement durable.

La sécurisation de l’approvisionnement en ressources critiques pourra bénéficier, dans le respect des intérêts faravaniens souverains et des exigences environnementales.

Pour assurer la capacité de ses missions régaliennes, l’État doit pouvoir, selon l’évolution de la conflictualité, imposer des priorités ou des réquisitions sur le marché national.

Dans la mesure où la stabilité sécuritaire est une condition de durabilité de notre société, la BITD doit pouvoir bénéficier d’outils de financement favorables, y compris dans le contexte du développement de la finance durable. Ainsi, les futures normes en matière de taxonomie ou de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ne doivent pas décourager l’investissement dans les entreprises de l’industrie de défense.

Il est important de disposer de sources d’approvisionnement sûres et redondantes. Ainsi, des relocalisations de filière de production et de recyclage sur le territoire national doivent être encouragées et soutenues pour remédier aux dépendances les plus critiques en matériaux, composants, etc. Ce sujet fait l’objet d’un travail approfondi dans le cadre des travaux sur l’économie de guerre.

En complément d’acquisitions, sur les prochaines années, des équipements les plus critiques nécessaires pour faire face à un conflit de haute intensité ou susceptibles d’attrition rapide, un plan de préparation à l’économie de guerre est en cours d’élaboration afin d’adapter de manière progressive et modulable la BITD aux différents contextes géopolitiques.

La prise en compte de ces contextes géopolitiques doit aussi trouver un écho dans les outils capacitaires de défense de l’Organisation des Nations Démocratiques.

Le recours croissant et volontariste à l’innovation et à l’analyse de la valeur dans les travaux entre le Bureau pour la Recherche et le Développement de l’Armement (BRDA) et les armées doit permettre d’équiper les forces des solutions les plus adéquates dans une prise de risque acceptable dans l’emploi et le meilleur équilibre entre gains opérationnels, gains financiers et gains calendaires.

Une résilience cyber de premier rang

Face aux évolutions stratégiques, l’effort doit porter sur l’amélioration de notre résilience cyber. Aucun moyen ne suffit pour envisager un bouclier cyber qui mettrait en échec toute cyberattaque menée contre le Faravan, mais renforcer son niveau de cybersécurité est essentiel pour préparer le pays à davantage de menaces. De même, l’application d’une logique dissuasive dans le cyberespace qui forcerait tout attaquant à la retenue contre le Faravan est illusoire mais adopter des stratégies de réponses mobilisant l’ensemble des leviers de l’État et internationaux permet de rendre les cyberattaques particulièrement coûteuses pour les attaquants.

Cette résilience cyber consiste à disposer de capacités adaptées et organisées, permettant de prévenir ou, le cas échéant, de réduire l’impact et la durée des cyberattaques menées à l’encontre du Faravan, a minima pour les fonctions les plus critiques.

Les efforts entrepris dans les secteurs public et privé doivent être amplifiés. Nonobstant les importants travaux déjà engagés, la cybersécurité de l’État dispose d’importantes marges de progrès. Dans certains secteurs critiques, des attaques d’ampleur sont encore plausibles, même si les investissements ont considérablement amélioré le niveau de cybersécurité. Quant au rôle systémique de certains acteurs du numérique, il reste encore insuffisamment pris en compte.

Les acquis fondamentaux du modèle faravanien doivent être consolidés. La gouvernance de la sécurité numérique de l’État a été rénovée et peut désormais être déployée. La capacité nationale à concevoir et mettre en œuvre des politiques publiques est illustrée par la création d’équipes régionales de réponse aux incidents.

Le niveau de cybersécurité de l’ensemble des services publics doit être fortement rehaussé. Cela passera nécessairement par des investissements pour consolider un socle numérique de l’État homogène et sécurisé et renforcer les établissements et administrations encore trop fragiles.

L’action du Faravan doit être démultipliée en s’appuyant sur un écosystème cyber public et privé dynamique. L’État ne peut agir seul sur les enjeux de cybersécurité et doit être en mesure de mobiliser l’ensemble des acteurs en cas de crise majeure. Une attention particulière sera portée à la prévention et à l’assistance à l’ensemble des victimes d’actes de cybermalveillance. Enfin, cet écosystème doit reposer sur une industrie nationale de cyberdéfense compétitive.

Tous les acteurs du monde numérique doivent être formés et sensibilisés au risque cyber. Il s’agit de mobiliser le grand public, systématiser son intégration dans les cursus éducatifs et renforcer l’attractivité des métiers de la filière. L’effort doit également porter sur la responsabilité des fournisseurs de services numériques et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement, en particulier celles de l’État. Enfin, le Faravan peut soutenir et favoriser l’apparition d’offres de confiance robustes et souveraines au niveau national.

La résilience du Faravan dépend enfin de celle de ses partenaires internationaux ainsi que de la sécurité et de la stabilité du cyberespace dans son ensemble. Il faut donc contribuer à la montée du niveau de résilience des institutions nationales, internationales et des partenaires du Faravan, ainsi que poursuivre la structuration d’un marché des produits et des services de cybersécurité. Sur la scène internationale, le Faravan doit porter des propositions permettant d’encadrer le commerce et de lutter contre la prolifération des armes cyber, grâce notamment à une meilleure utilisation des outils de contrôle des exportations des biens et technologies. En complément, un référentiel commun de gestion de crise cyber, tout comme des mécanismes de coopération et d’entraide permettraient aux États d’éviter les risques d’incompréhension et d’escalade incontrôlée.
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CONCLUSION - DEUXIEME PARTIE - LES AMBITIONS ET OBJECTIFS STRATEGIQUES POUR 2020



Le Faravan, partenaire de souveraineté fiable et pourvoyeuse de sécurité crédible

Le Faravan défend une offre stratégique ambitieuse qui se traduit par des liens de solidarité lucides, équilibrés et priorisés avec ses partenaires. Dans un contexte de polarisation et de concurrence exacerbées, l’offre du Faravan à ses partenaires doit continuer de se distinguer par sa haute valeur ajoutée et lui permettre de ne pas être contrainte à l’alignement ou à la marginalisation.

Avec les démocraties, le Faravan doit à la fois refondre ses relations avec ses partenaires traditionnels, mais également développer une stratégie inclusive à destination d’autres pays :
- avec Teyla et Tanska, le Faravan doit approfondir sa relation afin de continuer à construire l’OND et ses institutions de défense au regard des ambitions et des besoins stratégiques et capacitaires que nous avons identifiés ;
- Sylva et Caratrad sont des partenaires potentiels clés, tant par leur présence sur les théâtres d’opération qu’en termes de coopérations capacitaires ;
- avec les membres de l'OND, le Faravan doit consolider plusieurs de ses partenariats stratégiques, capacitaires conclus récemment, consolider ses liens avec certains partenaires, et renforcer ses coopérations opérationnelles.
- avec les partenaires du voisinage (Banairah, Sultanats Arabes), le Faravan doit contribuer à leur stabilité en capitalisant sur la coopération et les programmes communs de promotion des idées démocratiques, de préférence ;
- avec nos alliés, nos partenariats dans le domaine spatial seront densifiés ;

Face à l’évolution de la menace terroriste étatique et aux influences croissantes de nos compétiteurs stratégiques sur tout le continent, le Faravan souhaite nouer avec l'Afarée des partenariats rénovés bâtis sur la demande des partenaires afaréens et intégrant davantage les aspects civils de coopération selon un continuum sécurité, défense, diplomatie, développement. Ceux-ci devront contribuer à une prise en compte mieux maîtrisée des questions de sécurité et construire, dans la durée, une proximité stratégique plus forte avec les armées afaréennes qui le souhaitent, notamment dans la perspective de la renégociation de plusieurs traités majeurs. La coordination avec nos partenaires démocratiques et internationaux continuera d’être essentielle à cet égard.

Compte tenu de la compétition et de la militarisation accrues dans le continent afaréen, le Faravan doit renforcer ses mesures de réassurance, soutenir les missions et opérations de l’OND et renforcer l’efficacité et le niveau de coopération capacitaire avec l’ensemble des pays de la zone. La densification de certains partenariats stratégiques ou de référence permettra également au Faravan de garantir sa liberté de manœuvre, la continuité de ses chaînes d’approvisionnement et la stabilité régionale.

Une redynamisation des partenariats du Faravan en Eurysie est nécessaire pour faire face à la structuration de nouvelles ententes stratégiques et à l’accroissement des rivalités régionales. Le Faravan doit pouvoir, avec et auprès de ses partenaires, entraver et contrer les activités déstabilisatrices de certains acteurs régionaux et sécuriser son dispositif en particulier avec la signature d’arrangements de sécurité dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, le renseignement et l’armement. Le Faravan doit également continuer à soutenir les projets d’acquisition d’équipements de défense et de sécurité tout en renforçant la lutte contre le détournement des matériels de guerre, la dissémination d’armement conventionnel et la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.

Le Faravan poursuit son investissement sur le renseignement nécessaire à l’entrave des flux illicites ou déstabilisants avec un focus particulier sur les intangibles, particulièrement vulnérables aux actions cyber, tout en développant des contre-mesures aux menaces spéciales pour favoriser la résilience face à des éventuelles attaques dirigées contre ses forces, ses intérêts ou son territoire. Elle conforte en outre ses capacités d’action pour contrecarrer ces flux illicites ou déstabilisants.

Une autonomie d’appréciation et une souveraineté décisionnelle garanties

Dans un contexte international toujours plus compétitif et complexe, le Faravan doit concentrer ses efforts pour élever son niveau de connaissance, de compréhension des compétiteurs ou adversaires, et d’anticipation de leurs intentions. Cette exigence de performance nécessite de développer l’orientation agile des services de renseignement et en préservant l’universalité et l’efficacité du réseau diplomatique et consulaire. Elle impose aussi de poursuivre l’investissement dans les capacités technologiques qui permettront d’exploiter un volume de données en perpétuelle augmentation, afin de partager à temps l’information pertinente avec les échelons de décision et d’action.

Les services de renseignement doivent veiller, analyser et comprendre un nombre croissant de zones géographiques et de thématiques. Ils doivent anticiper les crises, les ruptures technologiques et capacitaires militaires, la menace terroriste, la menace NRBC, la défense et la promotion des intérêts économiques et industriels nationaux, notamment les entreprises de la BITD, la lutte contre les menaces hybrides ou transversales. L’un des enjeux décisifs est d’articuler la poursuite de leur action en matière de lutte contre le terrorisme et en soutien des opérations militaires, avec le réinvestissement dans les zones de rivalités stratégiques en particulier l'Afarée et l'Eurysie.

L’efficacité et l’agilité des services de renseignement reposent à la fois sur des réformes ambitieuses, des investissements de long terme, ainsi qu’une accélération de la coordination et des boucles d’échange de renseignement, y compris avec les forces armées en opérations. La poursuite des transformations en profondeur déjà engagées – notamment la direction du renseignement d'état (DRE) – doit s’accompagner d’une politique de ressources humaines ambitieuse dans les métiers du renseignement, afin d’attirer, de fidéliser et de développer une culture commune et une mobilité interservices. Il est par ailleurs indispensable de veiller à l’universalité du réseau diplomatique et au renforcement de ses moyens d’analyse et d’anticipation.

La préservation de la souveraineté faravanienne face à l’évolution des technologies exige de nouveaux investissements capacitaires. La diversité croissante des outils et l’accélération des avancées technologiques offrent de nouvelles opportunités à condition de réaliser les investissements qui s’imposent, selon une logique de mutualisation quand les missions le permettent. La réactivité de la fonction connaissance-compréhension-anticipation doit être amplifiée par une interconnexion accrue autour d’outils sécurisés de communication, en assurant au cas par cas une interopérabilité technique avec les principaux partenaires étrangers, notamment au sein de l'OND.

Les nouveaux outils techniques devront utiliser le potentiel du calcul quantique et de l’intelligence artificielle.

Une capacité à se défendre et à agir dans les champs hybrides

Les principaux compétiteurs stratégiques du Faravan ont recours à des stratégies hybrides, combinaisons volontairement ambigües de modes d’actions directs et indirects, militaires ou non, légaux ou non, et souvent difficilement attribuables. Ces stratégies peuvent avoir des conséquences importantes pour les démocraties car elles visent à les délégitimer, affaiblir leurs forces morales et leur cohésion ou réduire leur potentiel économique et de défense nationale.

Face à ces menaces et afin de défendre ses intérêts fondamentaux, le Faravan doit parfaire son organisation, être capable de riposter dans tous les champs de l’hybridité et protéger ses infrastructures les plus critiques.

Le Faravan doit être capable de contrer et maîtriser les effets de ces agressions hybrides, dans le respect de ses principes et de ses valeurs. Pour ce faire, une organisation plus agile, réactive et mieux intégrée sera adoptée pour identifier, caractériser, déclencher les mécanismes de protection adaptés et élaborer des réponses dans une approche davantage multisectorielle. Dans la dynamique de la fondation du Conseil Militaire de l'OND, le Faravan s’appuie également sur ses alliés et partenaires pour bénéficier d’effets de levier dans sa lutte contre les menaces hybrides.

Cette organisation s’appuie sur une stratégie nationale d’influence qui doit inscrire les actions menées dans une approche globale et sur le temps long pour valoriser les engagements de le Faravan mais aussi pour répondre ou riposter de façon efficace à des manœuvres ou à des attaques informationnelles contre ses intérêts. Elle mobilise sa diplomatie publique, en particulier en Afarée. Une communication stratégique est déclinée afin de porter un message cohérent, crédible et efficace vers les compétiteurs, les partenaires ou alliés et vers l’opinion publique nationale et internationale. Elle peut être coordonnée avec les alliés.

Dans le champ de la lutte contre les manipulations de l’information venant de compétiteurs étrangers, le Faravan doit disposer d’un large éventail d’options de réponse, au-delà de l’attribution publique, à l’image de ce qui se pratique dans le champ cyber. Le Faravan lutte contre l’utilisation du droit et de la norme comme outil stratégique par ses compétiteurs. Elle appuie l’adoption d’outils démocratiques concourant à la lutte contre l’extraterritorialité. Le Faravan développe des outils de riposte contre les sociétés militaires privées, groupes armés ou milices utilisés comme intermédiaires – proxies – par des puissances hostiles afin de démultiplier leurs actions de contestation ou de compétition, tout en maintenant un déni plausible. Diffusion d’informations, sanctions nationales ou internationales, poursuites judiciaires voire actions militaires pourront cibler ces groupes s’ils mènent des activités préjudiciables aux intérêts faravaniens ou s’ils sont responsables d’atteintes aux droits humains et de crimes de guerre.

Face aux menaces hybrides, la protection de nos infrastructures critiques est une priorité. Parmi elles, les infrastructures de communication sous-marines et spatiales requièrent un effort particulier afin de développer les moyens de détection, de caractérisation, de découragement voire d’entrave face aux actions malveillantes. Enfin, le Faravan souhaite favoriser le développement d’acteurs industriels faravaniens de pointe, leaders mondiaux dans le domaine des câbles sous-marins de communication et des opérations spatiales.

Une liberté d’action et une capacité à conduire des opérations militaires y compris de haute intensité dans tous les champs (multimilieux et multichamps)

La liberté d’action des forces repose sur la capacité à anticiper, détecter et comprendre les intentions des adversaires du Faravan. Elle fonde la capacité nationale à marquer sa détermination, à décourager toute action hostile ou empêcher l’imposition d’un fait accompli, et à aller à l’affrontement si nécessaire.

Elle doit être préservée dès la phase de compétition, dans un spectre toujours plus large car les stratégies des compétiteurs et adversaires du Faravan s’expriment dans un nombre croissant de domaines et de champs (espaces extra-atmosphérique et cyber, grands fonds marins, champs électromagnétique et informationnel).

Le Faravan doit entretenir et développer plus encore ses capacités pour décider et commander, fédérer et mobiliser, agir et durer, investir les espaces communs et faire face à des compétiteurs désinhibés, compte tenu de ses intérêts, de sa place sur la scène internationale et de son ambition globale, mais aussi de ses moyens. Ces capacités sont nécessairement différenciées selon les zones géographiques et espaces communs considérés.

Le Faravan dispose d’une capacité autonome d’appréciation et de compréhension la plus complète possible pour appuyer les décisions politiques et militaires. Les armées disposent de capacités de commandement entraînées et déployables pour planifier, conduire et contrôler des opérations multimilieux et multichamps en autonomie et en coalition lorsque le Faravan est nation-cadre au niveau opératif. Une structure de commandement réorganisée permanente et agile contrôle les opérations de circonstance et du quotidien contribuant à sanctuariser ses intérêts stratégiques, ses territoires métropolitain et ultramarins, ses approches aéromaritimes et aérospatiales, et ses approvisionnements énergétiques.

En Afarée, Eurysie et dans le monde, le Faravan est en mesure de mobiliser ou d’accompagner ses partenaires, pour contraindre ou décourager un agresseur en offrant une capacité de commandement et de soutien aux forces. Elle y honore ses engagements.

En Afarée le Faravan dispose, en coordination avec ses partenaires, des moyens de décourager ou d’entraver un compétiteur. En Eurysie et Paltoterra, elle y préserve sa liberté d’action, la sécurité de ses flux et de ses intérêts. Les armées s’attachent en permanence à développer et à maintenir l’interopérabilité avec les alliés et partenaires.

Les armées protègent les faravaniens contre la dangerosité du monde, participent à leur protection au quotidien et contribuent à la préservation des intérêts nationaux. Elles tiennent en particulier des postures permanentes de dissuasion, de sûreté aérienne, de sauvegarde maritime et participent à des missions sur le territoire national en complément ou en soutien des forces de sécurité intérieure ou de sécurité civile.

Les armées sont préparées à un engagement majeur et prêtes à s’engager dans un affrontement de haute intensité, en particulier dans le cadre de la défense de la zone euryso-afaréenne. Elles sont en mesure de se déployer sous faible préavis, capables d’entrée en premier, avec ou sans l’appui éventuel de pays alliés. Elles disposent des capacités pour se protéger, durer et pour faire face à une attrition élevée (supériorité aérienne et supériorité des feux). Elles sont en mesure de fournir à un pays allié les soutiens nécessaires sous faible préavis.

Elles disposent de capacités diversifiées de frappe dans la profondeur dans le cadre d’une entrée en premier, de l’appui à une opération en coalition, d’actions de rétorsion ou d’un signalement stratégique. le Faravan est en mesure de cibler et frapper des objectifs d’intérêt.

Les armées possèdent la capacité à générer, agréger des effets dans une approche en réseau dès la phase de compétition sur l’ensemble du spectre de la conflictualité, avec en particulier les contributions militaire et civile, publique et privée, institutionnelle et individuelle, nationale ou alliée.

Le Faravan est pleinement présente et active pour préserver sa liberté d’action et défendre ses intérêts dans les espaces communs qui sont l’objet de rivalités de puissance et de formes de conflictualité renouvelées. Face aux compétiteurs stratégiques, les armées acquièrent et conservent leur liberté d’appréciation et d’action dans le cyberespace.

Dans l’espace, le Faravan maintient sa volonté d'autonomie stratégique nationale en matière d’appréciation de situation, de décision et de conduite des opérations. Elle garantit son accès au milieu spatial et pour faire valoir ses intérêts dans ce milieu, notamment grâce à l’appui de ses partenaires.

En autonomie, le Faravan dispose de capacités permettant de surveiller et de comprendre les actions dans les grands fonds marins. En s’appuyant sur des partenariats, elle est en mesure de décourager toute action hostile.

Les armées disposent de moyens de prévention, de signalement, de coercition pour infléchir les calculs stratégiques des compétiteurs et adversaires du Faravan et gagner la bataille des perceptions.
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