26/02/2015
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Mare Nostrum [rencontre au coeur de la Manche Blanche]

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De mémoire d'hommes, jamais on n'avait vu pareil armada. Une centaines de vedettes de la flotte noire s'étaient élancées au cœur de la Manche Blanche, tirant ses feux d'artifice comme autant de cailloux blancs sur leur passage. Depuis plusieurs mois le complexe militaro-industriel pharois crachait des navires de guerre à n'en plus savoir que faire, assez de bateaux pour équiper ses pirates, chaque jour plus nombreux. Ceux qui voguaient à présent au milieu de la mer n'avaient rien, pourtant, des faces hirsutes et dépenaillées qu'on attendait par ailleurs à la mention de "pirate", pauvres erres jetés au vent par l'infortune, devenus criminels par le jeu du hasard et du malheur. Non ceux-là avaient choisi cet vie volontairement : des gentilshommes de fortune à l'ancienne, attiré par les promesses de liberté, de fortune et d'aventure. La plupart étaient contrebandiers, déchargeaient à la nuit tombée, ou en plein jour, des caisses de produits interdits à la revente. Marchandises illégales, marchandises humaines, passeurs et revendeurs, trafiquants de faux papiers, transcendant les frontières. D'autres tenaient des sociétés off shore, boursicotaient, hackaient, volaient données et informations revendus sur les sites du marché noir. La piraterie pharoise avait, comme la mer au creux des criques, épousé la forme de ce nouveau siècle.

Il en restait néanmoins, et ceux-là étaient inquiétants, qui frayaient toujours avec les vieilles méthodes : racket, extorsion, meurtres et attaques de convois, prises d'otage avec demande de rançon, capture de cargos isolés, attaques sanglantes et éclaires contre des navires se croyant en sécurité. Le pavillon noir dressé rappelait avec effroi les siècles d'or et ce fléau qu'on croyait enterré ressuscitait revigoré comme au premier jour, puissant et revendicateur.

Le responsable de toute cette agitation était le Grand Capitaine Gabriel, l'un des seigneurs pirates élus par ses pairs pour coordonner ce petit monde bigarré et agité, rétablir le Pharois dans la paix et négocier les conditions d'un nouvel ordre régional où la Merirosvo jouerait un rôle central.

Pour asseoir la puissance pharoise, il avait convoqué une centaine d'équipages et autant de vedettes, ainsi que plusieurs navires de guerre. Sous l'eau frayaient, silencieux, les sous-marins du Capitaine Hymveri. Pour martiale qu'elle soit, la démonstration de force ne s'en voulait pas moins pacifique. Le message était clair : contemplez les loups que je tiens en laisse. Sans le Pharois pour tenir ce monde, le sang coulera, nous sommes vos seuls interlocuteurs.

Debout sur le pont d'un grand navire diplomatique tout enguirlandé de fleurs des marais, il attendait debout les délégations qui répondraient à son appel invitant chacun à le rejoindre au sommet du navire où leur était proposé divers mets raffinés. Rien de Pharois, cependant, la gastronomie de la péninsule albienne souffrant de quelques plats immondes à base de poisson salé, on avait préférer faire croquer un peu aux richesses de la piraterie et du commerce mondial. C'était chose formalisée : le marché noir faisait office de mondialisation officieuse, il outrepassait les frontières et imposait, par la ruse et la force, une forme de libre-échange total.

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Ayant terminé d'accueillir les délégations et après quelques photographies de rigueur pour la presse, on invita les représentants à se rendre dans une salle couverte où chacun pu prendre place à une table ronde. Puis le Grand Caputaine inaugura la réunion par un discours :

Chers voisins, chers amis, c'est un plaisir et un honneur de vous accueillir ici, en ce sol neutre qu'est la mer. La Manche Blanche, notre mer, celle qui fait de nous tous des frères et sœurs, aussi éloignés que nous soyons par l'histoire ou la géographie. Frères et sœurs de la côte, si vous m'autorisez l'expression, elle a pour les Pharois une signification plus forte qu'on ne l'imagine car tous ceux qui ont la mer pour patrie sont unis par des liens de cœur aussi puissant que les liens du sang.

C'est de ces liens que je souhaite vous inviter à discuter aujourd'hui. La Manche Blanche est un espace de commerce et de fortune unique au monde : l'extrême densité de nations et d'intérêts qui s'y trouvent en font une route commerciale majeure et inégalée sur terre. Toutefois, elle n'est régie par aucun ordre, aucunes lois et, paradoxalement, c'est aussi sa force. Anarchistes et conservateurs, républiques et monarchies, les régimes de toutes sortes s'y croisent et coexistent malgré des intérêts parfois plus qu'éloignés.

De l'ordre, nous ne prétendons pas en apporter. Le Pharois, nul ne l'ignore, prospère sur les libertés individuelles et non sur les carcans et les règles. Cependant, nous croyons aussi à la paix, la paix qui nous défend contre les intentions malveillantes venues de l'étranger, contre ceux qui prétendent importer un ordre et des lois qui ne sont pas les notres. Pax pirata, le mot est lâché, la Merirosvo et ses alliés,
(il eut un regard entendu vers la délégation du Canta, de Zélandia et du Finnevalta) la Merirosvo et ses alliés peuvent défendre ces mers et le feront contre l'ingérence et l'impérialisme qui prétendrait à nous dicter comment vivre et travailler ensemble.

Si je m'exprime aujourd'hui devant vous c'est pour vous proposer un accord et vous offrir un cadeau : celui de mettre au service de la paix et de la prospérité de notre mer les forces du Pharois et je l'espère, de ses alliés. Sous la pax pirata, nul ne sera inquiété pour ses actes, nul n'aura à craindre une intervention militaire par les mers car ces mers sont notres et nous entendons les partager seulement avec nos amis.

Pax pirata et alliance régionale. Nous tous qui sommes réunis ici, nous pouvons nous réunir à nouveau, demain et après-demain, fonder un conseil de sécurité de la Manche Blanche dont la charge sera non pas d'harmoniser nos politiques ou de nous soumettre aux intérêts de telle ou telle puissance, mais de nous unir le cas échéant pour défendre la souveraineté de chacun de nos membres, dès lors que la Manche Blanche risquerait de devenir le théâtre d'une guerre importée.

Notre mer, nos règles, nos lois, nos négociations. Et que nul autre que nous mêmes ne vienne prétendre à mettre son nez dans nos affaires. Frères et sœurs de la Manche, c'est un pacte de sang que le Pharois met sur la table aujourd'hui, faire de nous une famille, disparate, conflictuelle, mais unie face à l'adversité et solidaire face aux menaces extérieures. Faisons de cet espace un sanctuaire et fondons le premier conseil de sécurité de la région.
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Un hélicoptère Stormsvale survolait la flottille de vedettes et autres navires qui entourait l'immense navire diplomatique. A son bord, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et des Droits humains de la République Fédérale de Tanska, monsieur Albert Nilsson, ainsi que plusieurs conseillers notamment du ministère de la Défense nationale. Surpris par l'annonce soudaine d'une rencontre, sans discussion préalable ni capacité de se préparer en conséquences, une équipe avait du être constituée dans une certaine hâte.

C'est donc, dans un inconnu complet que les délégués, dont aucun n'avait été désigné plénipotentiaire afin de ne pas s'engager sans discussions gouvernementales et fédérales préalables, écoutèrent le discours introductif du Grand Capitaine. La Foce d'Auto-Défense Navale avait été mise en alerte près des côtes tanskiennes face à un tel déploiement inquiétant dans la Manche Blanche.

Albert Nilsson a écrit :Merci pour cette invitation des plus originales et des plus inattendues, aussi. Je pense, en m'exprimant au nom de la République mais aussi des autres Etats présents, que nous avons toutes et tous été surpris par cette invitation sur laquelle nous ne savions comment nous positionner tant elle ne disait rien des objectifs de la rencontre. Je les découvre donc ici, quelque peu stupéfait je me dois de l'admettre.

Nos interrogations sont nombreuses, je le pense. Tout d'abord celle des intentions malveillantes venues de l'étranger. Le Service Permanent d'Intelligence Extérieure n'a pas caractérisé de menace particulière sur notre mer ces derniers temps. Si vos services ont des informations supplémentaires à nous partager, nous en serions gré.

Je dois aussi dire que ne pas prétendre apporter un ordre, tout en souhaitant apporter une offre de défense revient à vouloir apporter une certaine forme d'ordre. Nous vous remercions de la proposition, aussi inattendue soit-elle. Je dois néanmoins dire que je n'ai pas bien cerné ce que l'absence d'inquiétude pour des actes signifie. Quelles peuvent être la nature de ces actes, à l'encontre de qui, d'autres états, des libertés individuelles en nos états respectifs. La menace n'est que caractérisé par l'extérieur, par l'importation ou la venue de l'étranger, qu'en est-il de l'intérieur, de nos voisins, de nous, de vous ? Ce propos n'est nullement à comprendre comme une menace ou la perception que nous aurions de vous. Pour autant que mes mots peuvent vous paraître incertains, aléatoires sinon douteux, ils témoignent d'une incompréhension envers le projet que vous nous présentez actuellement.

Nous sommes évidemment ravi de pouvoir discuter de toute forme de stabilité régionale qui nous importe au plus haut point. En particulier quand elle touche à la mer, et donc au commerce et au développement étant donné la géographie et la nature maritime de la République Fédérale de Tanska. Néanmoins, pour parler franc, je dois reconnaître que nos règles et nos lois semblent avant tout indiquer les vôtres, et une certaine forme de domination, sinon d'hégémonie en particulier par le terme de pax pirata.

La présence d'une telle flottille hors de ce navire n'est pas non plus un simple aléa, mais un message clair. Sans doute une démonstration. Si cela doit nous inviter à renoncer partiellement à notre souveraineté pour se mettre sous le parapluie d'une alliance inégale, où le puissant dicterait au faible, nous aurions bien du mal à convaincre le Congrès Fédéral tanskien d'une telle proposition.

Un forum de discussion régional est le bienvenu. Il le sera toujours pour notre République, mais pas dans n'importe quel but. Et ce but précis, les définitions du rôle de ce Conseil, ne sont pas clairs pour nous.
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Le Grand Capitaine se caressa la barbe. Il oubliait parfois que la politique du "demi-mot" n'était pas une norme culturelle installée en dehors des frontières d'Albi.

- "Permettez moi alors d'être plus clair quant à nos intentions.

Quiconque a suivi l'actualité sait que les tentatives d'intrusions impérialistes se multiplient. Des organisations diverses, des nations belliqueuses, sous couvert de défendre le droit, la justice, ou tout autre prétexte qui leur plait, se permettent d'intervenir à l'autre bout du monde pour y écraser ce qu'elles jugent des obstacles à leurs agendas politiques et économiques.

Le Pharois a pour doctrine la coexistence des sphères régionales. La Manche Blanche en est une, et nous ne permettrons pas que s'y ingèrent des puissances étrangères à la région. Si la République Fédérale de Tanska n'a pas eu à craindre d'incursions militaires, c'est précisément car l'alliance pharo-cantaise et la base pirate de Kotios verrouillent la mer et la garde des invisiteurs importuns.

Une région, un équilibre régional. Voilà ce que nous promouvons. Voilà pourquoi nous vous avons réunis. Fonder ensemble un conseil de défense dont les ambitions et les pouvoirs sont aussi clairs que précis : tout conflit régional, quel qu'il soit, doit être laissés à l'arbitrage des nations des nations de la région. Ni plus ni moins. La guerre au Prodnov et en Kaulthie ont montré comment il était facile pour des coalitions internationales de s'inviter dans des conflits qui ne les regardaient pas et ainsi ont noyé dans le sang ces régions. Ce rôle que nous endossons cependant, nous ne concevons pas de le tenir éternellement car il conduirait précisément à cette situation de déséquilibre que vous craignez, où quelques pays imposent leur hégémonie par la force.

Cela n'est pas acceptable, chacun d'entre nous ici a à coeur la paix et la meilleure façon de la promouvoir est de ne pas mondialiser les conflits. L'organisation que nous nous proposons aujourd'hui de fonder aura deux rôles :

  • Médier les conflits qui pourraient survenir dans la Manche Blanche, par la diplomatie et la décision collective, par le vote et la négociation, avec pour objectif central la paix et la protection des populations.
  • Faire front commun contre toute tentative d'internationalisation des-dits conflits en faisant bloc contre l'intrusion des impérialismes de tous bords et en posant l'intervention d'une nation étrangère à la Manche Blanche comme une ligne rouge.

Ni voyez, chers amis, non pas une tentative de vous imposer notre vision du monde. Le Pharois n'a rien à gagner à exporter son modèle qu'il sait incompatible avec les moeurs et les traditions politiques de la plupart de ses voisins. Au contraire, en vous invitant d'égaux à égaux à la table des négociations, nous proposons d'établir des règles qui permettent à chacun de s'exprimer sur les moyens de résoudre des conflits régionaux sans craindre que ne s'importe par ailleurs un rapport de force étranger. Voilà la garantie pharoise, voilà la pax pirata : celle que nous à vos côtés, aucune nation de la Manche Blanche n'aura à craindre l'impérialisme de ses ennemis et que, quel que soit nos modèles politiques et économiques, nous chercherons toujours la résolution des conflits par le dialogue, au nom de la paix.
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L'invitation à cette rencontre fut d'abord accueillie avec surprise au sein du Secrétariat Fédéral aux Affaires Étrangères. Mais rapidement, les Zélandiens se mirent à réfléchir à une solution. En effet, ces derniers avaient plus l'habitude de se détendre à l'opium ou au cannabis qu'à planifier quoi que ce soit ; les faiseant passer maître dans l'art de l'improvisation et de la prise de décision au dernier au moment. Le problème pour le Secrétariat était donc le suivant : comment réagir à une invitation à une rencontre diplomatique, par des pirates ? La solution trouvée fut de faire appel à un corsaire, afin d'aller tâter le terrain sur les idées des Pharois, avant de soumettre quelques référendums aux citoyens.

bateau

Le Vasco Safin voguait vers le lieu de rendez-vous indiqué par les Pharois. À l'embarquement à Frijhaven, le temps était gris et la brume se levait. Mais lorsque le navire arriva sur le lieu de la rencontre, le brouillard dont il sortit fut dissipé par les feux d'artifices lancés par les Pharois. Les limbes ayant disparu de par les joyeuses explosions, le vaisseau fut plus facilement observable.

Il s'agissait d'une corvette armée à la proue de deux canons de petits calibres. Quand au-dessus de la passerelle de commandement, flotte un drapeau noir. Mais ce navire était un bâtiment corsaire et non pirate, la confusion entre les deux termes pouvant enrager le capitaine du vaisseau, ou plutôt la capitaine : Valentina Coutinho. Née dans une petite communauté de pêcheur au nord de Koninklijke haven (Port-Royal), dans le territoire Paltoterran de la Fédération, elle a rapidement eu une vocation pour écumer les mers, chose qu'elle fait encore à ce jour, pour le compte de grandes compagnies voulant mettre hors jeu la concurrence.

portrait

Mais sa nouvelle mission ne venait cette fois pas d'une compagnie peu scrupuleuse, mais de l'un des Secrétariats Fédéraux, autrement dit, du gouvernement. Ces derniers avaient fait appel aux services du Capitaine Coutinho afin de prendre part à la rencontre diplomatique organisée par la Merirosvo en plein milieu de la Manche-Blanche. Les Affaires Étrangères lui avaient donc données, dans la précipitation, toutes les accréditations nécessaires, et en très peu de temps, elle et son équipage étaient devenus des représentants de la Fédération de Zélandia (de façon temporaire).

Arrivée au niveau du navire diplomatique Pharois, la corvette se stoppa progressivement et avait, descendant le long de sa coque d'acier, un petit canot pneumatique composé du Capitaine Valentina, de son quartier-maître et de quelques autres hommes de main, servants comme représentants diplomatiques.

Une fois montée à bord de l'imposant vaisseau Albien, la "délégation" se présenta au Grand Capitaine Gabriel, en entonnant les politesses de rigueurs, mais avec cependant une plus grande franchise de la part des Zélandiens, ces derniers n'étant pas diplomates de formation. Quand chacune des délégations fut invitée à s'asseoir à la table ronde des Pharois, le Grand Capitaine commença son discours sur les tenants et les aboutissants de cette rencontre.

Lorsque le Grand Capitaine Gabriel eut finit son discours, et que la "délégation" Zélandienne l'eut applaudit, la Capitaine Valentina Coutinho prit la parole après le représentant Tanskien et posa la question qui lui brûlait les lèvres.

Valentina Coutinho a écrit :Tout d'abord, Grand Capitaine Gabriel, merci d'avoir invité la Fédération à cette rencontre et de la considérer comme une alliée de confiance dans vos projets pour la Manche-Blanche. J'ai cependant une question concernant ce conseil de sécurité. Sera-t-il régi par un traité multipartite qui pourra être ratifié selon les modalités de chaque État ? Voyez-vous, la Fédération est composée d'une multitude d'entités politiques ou communes, qui ont chacune la même voix. Ce genre de décision d'intégrer un tel ensemble international ne se prend donc pas par une minorité gouvernante, mais par la majorité des citoyens. Et c'est ce point précis qui déterminera si le gouvernement, par la délégation dont j'ai pris la tête, pourra ensuite réfléchir au reste des interrogations concernant cette Pax Pirata.
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A.K


Les Frahaïs – comme très certainement toutes les autres nations conviées — avaient été surpris par l'invitation soudaine du Pharois. Le pays, par manque de temps, avait donc choisi en vitesse d'envoyer le Ministre chargé des Affaires Étrangères accompagné de quelques-uns de ses subordonnés les mieux formés. En effet, il était hors de question d'envoyer le Roi dans une rencontre diplomatique avec un peuple de pirates. Mais il ne fallait pas faire mauvaise impression lors une rencontre ayant surement pour sujet la Manche Blanche (la liste des pays invités ne laissait que peu de place au doute), alors que le seul passage vers l'Océan du Nord était sous le contrôle du Royaume, lui conférent une place primaire quant à la gestion des flux sur celle-ci.

À son arrivée sur les lieux de l'entrevue, le ministre avait été admirativement surpris par les feux d'Artifice et la splendeur des navires pharois, très éloignés de ce qu'il aurait pu imaginer de bateaux de pirates. Son arrivée ne fut pas invisible, au contraire, la délégation fut accueillie par les caméras des journalistes venus couvrir l'événement puis par la foule des membres reçus avec qui il prit le temps d'échanger quelques paroles. Il écouta ensuite attentivement le discours d'introduction du Grand Capitaine et les discussions qui s'ensuivirent avant de lui-même prendre la parole.

Arnold KOËHN a écrit :Il est tout d'abord important pour moi de vous remercier pour cette invitation qui je l'espère se conclura sur un accord entre toutes les nations présentent autour de cette table au sujet de la Manche Blanche.

Le Frahaïvet, que je représente aujourd'hui, porte une grande importance à cette mer et à sa souveraineté. L'Impérialisme des états lointains sur nos nations est effectivement, je vous comprends sur ce point, un problème à ne pas ignorer.

Cependant, voilà, malgré vos tentatives de nous rassurer à ce sujet, je demeure sceptique quant au fait que vous ne voudriez pas jouer le premier rôle dans l'union que vous nous proposez de fonder. En effet, tout le monde ici a dû voir tout ce que vous avez mis en œuvre pour montrer la puissance pharoise et il est sans nul doute que vous êtes la nation la plus riche et la plus influente de tous les États ici présents. D'ailleurs, les interventions dont vous parlez, à Kotios ne pourraient-elles pas le signe d'un début de domination sur la Manche Blanche ? J'aimerais donc avoir une idée du fonctionnement de l'organisation dont nous discutons ici. Aussi, j'aimerais pouvoir être certain que vous n'userez pas de votre influence pour nuire à celle des autres, car quand bien même l'union serait d'apparence égalitaire, il est bien connu que le pays le plus fort s'en sort toujours plus gagnant.
Enfin, une autre question me vient. Cette politique ne pourrait pas impacter sur notre présence diplomatique dans le monde et placer notre région dans une espèce d'autarcie ? De plus, le commerce ne pourrait-il pas, à terme, être impacté ?
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Coat of arms

Delegasion Roueel d'Arvaridigezhioù Diabarzh

A l'attention du Grand Capitaine Gabriel

La délégation royale et Sa Majesté Royale de Douarnorzh Karadog Le Libérateur, Duc de Kérnevez et Comte de Ploërmor, ayant pris connaissance de votre invitation, ont, avec la bénédiction de la Chambre des Pairs de Douarnorzh, pris la décision d'y répondre de cette manière :

En tant que représentant du peuple de Douarnorzh, lui aussi présent sur les océans et ami de la mer, nous sommes très touchés par votre invitation, et c'est unanimement que nous décidons d'y répondre favorablement.

Mon Roi, pêcheur a ses heures perdues, bien qui l'en ait peu, est féru de l'océan. Spécialement pour l'occasion, nous viendrons dans l'un des plus beaux gallions de Douarnorzh, un cinq mats de 17 à 19 noeuds et de 4788 tonneaux. Datant du 19ème siècle, c'est l'un des premiers cinq mâts de Douarnorzh a avoir pris la mer, et le dernier encore en activité, bien qu'il serve plus de parade à la marine militaire.

Nous proposons que ce cinq mats carrés aborde un de vos navires le 9 décembre, juste le temps qu'il nous faut pour le préparer à un long voyage et à un équipage plus conséquent.

En espérant vous revoir bientôt sur la mer,

Avec nos salutations les plus sincères,
Adrian Danoën, Délégué Royal aux Affaires Etrangères, avec la bénédiction de Sa Majesté Royale de Douarnorzh Karadog Le Libérateur, Duc de Kérnevez et Comte de Ploërmor ainsi que de la Chambre des Pairs de Douarnorzh
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- "Je vous remercie, Capitaine Valentina, de soulever la question de l'échelle de signature d'une adhésion au conseil. C'est également un enjeu auquel nous invitent à réfléchir les divers communes libres et ou fédérées de la région. A cela, je n'ai pas de réponse formelle à vous apporter, il me semble que les nations confédérales sont les mieux placées pour proposer un cadre d'adhésion leur convenant. Toutefois, j'aurai tendance à penser que puisque nous parlons ici de diplomatie internationale, serait éligible à participer aux médiations toute entité politique reconnue comme en mesure de mener une diplomatie internationale de manière autonome. Commune ou Etat. Les fondements d'un conseil de défense reposant d'abord et avant tout sur la médiation et la diplomatie, il est légitime que chacun puisse porter sa voix. Cette structure n'a pas vocation à imposer un cadre supra-étatique de décision mais bien de privilégier régionalement des instances de médiations pour éviter une mondialisation des conflits."

Le Grand Capitaine se tourna ensuite vers le Ministre chargé des Affaires Étrangères Frahaïs dont il accueillit la parole avec déférence.

- "Monsieur le ministre, je suis pirate ce qui fait que je n'ai pas peur de dire les choses comme je les pense. A l'heure actuelle, la domination militaire du Pharois et de ses alliés est écrasante dans la région, c'est un fait et, comme vous tous ici, nous y avons nos intérêts. L'un d'entre eux est de tenir éloigné de cette route commerciale majeur les appétits impérialistes de nos ennemis. Notre présence militaire à Kotios, bien que d'abord motivée par la lutte contre le coup d'Etat fasciste que la commune a subit, en est en effet un avatar. Cela aussi est un fait duquel il faut tenir compte."

Il laissa passer un silence lourd avant de reprendre la parole.

- "Toutefois, quelle que soit le poids militaire de la piraterie, nous avons conscience que notre modèle n'est pas exportable. Nous ne créons pas de démocratie fantoches ou d'Etat pantins calqués sur nos valeurs, et cela nous condamne à user de diplomatie pour atteindre nos objectifs. Voyez cette réunion pour ce qu'elle est : une main tendue. La garantie que tant que les nations de la Manche Blanche respecteront cette condition simple, celle de la non-mondialialisation des conflits, elles bénéficieront toutes et de manière inconditionnelle de la puissance militaire pharoise. Nul navire étranger ne pénétrera ces eaux pour vous faire du tort, vous n'aurez à craindre aucun blocus ni aucune attaque pourvu que chacun respecte cette simple loi : les affaires de la Manche Blanche restent dans la Manche Blanche. Pour le reste, que chacun gère sa diplomatie comme bon lui semble, que nous importe, à nous autres, vos lois et vos valeurs ? Réactionnaire ou libéral, chaque peuple a droit à son autodétermination. Nous ne demandons à aucun de vous de demeurer enclavé ou isolé, pourvu qu'il n'importe pas ses conflits dans ces eaux. Nous n'attendons de personne de jouer l'autarcie politique, signez les alliances qui vous plairont, pourvu qu'elles ne concluent pas à ce que la moitié du monde s'invite dans vos guerres."

- "Du reste, concernant le commerce, celui-ci ne devrait pas être impacté. Nous ne sommes plus au XVIIIème siècle, un traité de libre échange n'inclue pas nécessaire de protectorat ou de comptoirs militaires. Que les cargos aillent et viennent, pourvus qu'ils n'importe pas la guerre avec eux."
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La lettre diplomatique envoyée à tire-d'aile par l'allié Pharois, obligea la présidente Pokka à modifier promptement son agenda. Cette rencontre ne pouvait pas être ignorée, elle le savait, tant les potentiels enjeux soulever par le Grand Capitaine Gabriel, dans son courrier, était cruciaux. "L'avenir de la région" pouvait à la fois tout et rien dire de la bouche de cet homme. Elle aurait préféré discuter de ce sujet avec le Capitaine Mainio qui lui paraissait bien moins "pirate", le Grand Capitanat lui inspirait une peur, constante, d'un débordement incontrôlable (on peut le comprendre se fier à des pirates ce n'est pas toujours évident) et surtout par le fait du Grand Capitaine Gabriel qui était s'en doute le plus véreux de tous. Toutefois, leurs deux pays sont de très bons alliés, alors perpétrer de bons rapports peu sans doute protéger le Finnevalta "au cas où". Il allait falloir la jouer très fine. "L'avenir de la région". Qu'allaient ils nous annoncer ses "nouveaux pharois" ? Qu'ils décident subitement de contrôler toute la Manche Blanche par la force ? Qu'ils décident de signer des traités pour dire que la mer, c'est la leurs ? Ou bien qu'ils souhaitent entamer des négociations pour, enfin, officiellement, se la partager ? Pokka n'en savait rien comme aucun de ces conseillers et de ces appuis présents au Merirovoso. Il fallait donc être absolument présent à cette rencontre pour ne pas qu'il s'y décide des choses dans notre dos.

Pasi Pokka

La présidente n'avait pas eu le choix de se rendre seule à la rencontre, avec toutefois un conseiller, du fait du calendrier surchargé de ses ministres et de la rapidité à laquelle s'étais organiser cette entrevue. Arriver sur le bateau et dans la salle de réunion la présidente écouta tout d'abord attentivement ses homologues. Après quelques minutes, elle ne s'empêcha pas d'intervenir, l'air un peu circonspect.

"Mes amis bonjours. Ses négociations sont pour nous évidemment bienvenue, la paix étant le fleuron de notre politique extérieur. La création d'un conseil de sécurité pour la région est pour nous capital. Surtout si vous consentez à ce qu'il soit égalitaire au maximum. Toutefois, Capitaine Gabriel, permettez moi de soulever quelques points que nous souhaitons éclaircir pour la bonne compréhension de toutes et tous. Pas de langue de bois entre nous si possible messieurs dames. Capitaine, votre proposition vise avant tout à contrecarrer les potentiels plans profitables à l'ONC n'est-ce pas ? Nommons nos ennemis pour que tous soient clairs. Je parle bien des intérêts qu'ils auraient à faire la guerre, par des logiques industrielles que l'on connaît que trop bien, et non pas des intérêts autres, tels que les échanges consentit que l'on nomme plus communément commerce. Si c'est le cas, nous sommes d'accord. Toutefois, nous savons très bien que les logiques de commerces débridés mènent inévitablement à la guerre mondialisée. C'est pour cela que nous proposons, en plus d'un conseil de sécurité coopératif, la création d'un organisme indépendant, coopératif, composer d'expert et d'un représentant par pays, pouvant informer nos différents Etats des risques de telle ou telle transaction commerciale. Nous pouvons imaginer que si un Etat ne suit jamais les conseils et met en péril l'avenir et la paix dans la région, les représentants de chaque Etat pourrait décider démocratiquement de sanctions. Par exemple..."

Elle but une gorgée d'eau avant de reprendre.

"Et pendant que nous sommes toutes et tous présent.e.s ici, je me permets de mettre sur la table un sujet important à nos yeux. La création de zones maritimes exclusives. Ce projet vise avant tout à prévenir les potentiels abus de malandrins et se mettre enfin d'accord sur qui contrôle quoi. Sinon nous avons bien peur qu'un litige dérape en conflit armé. Ce serait fâcheux pour tout le monde qu'en dites-vous ?"
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Image envoyée par Vaapa à Gabriel après la réception du message d'invitation à la rencontre au cœur de la Manche blanche.

"Direction la Manche blanche Tyyn-? "

"Allons y Hilj-."

"ON PART !"

La trentaine de pirates accompagnant la Capitaine à bord d'une de leur vedette, arrêtèrent leurs diverses activités pour larguer les amarres. Un petit bout de l'équipage, composée notamment de Tyyni (Grande Capitaine Vaapa) et d'Hilija (considérer comme sa collaboratrice la plus proche), fut dépêché pour rencontrer un groupe de communalistes issu d'un grand pays dont nous allons taire le nom. Après quelques jours ponctués de discussion, de moment créatifs et de fête, le petit équipage se devait de repartir. Direction la Manche blanche. Le Grand Capitaine Gabriel avait sans doute fait exprès de faire parvenir un poil en retard la lettre concernant un événement capitale : la stratégie du Pharois en mer du Nord, mais surtout l'avenir de la région tout entière. En réponse la Grande Capitaine Vaapa, c'était fait une joie de lui envoyer une menace de mort bien sentit... Ses deux-là ne peuvent pas se sentir. Enfin...

"Tyyn- on va vraiment bouger à c'te réu d'impérialiste véreux ? "

"J's'rait d'avis qu'oui, mais on va en débattre pendant le trajet t'inquiète Hilij-."

"PIRATES ! RENDEZ-VOUS À LA CALLE POUR DISCUTER DE NOTRE PRÉSENCE A LA RENCONTRE."

Après des discussions relativement rapides, la grande majorité des marins présents et des marins assistant à la réunion téléphone sont tomber d'accord pour ne pas se rendre à l'événement. Toutefois, une invitation a été envoyée à tous les contacts de l'équipage. Soirée en pleine mer, au large de Kanavaportti. Programme : CONFIDENTIEL...
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