Pharois Syndikaali,
Port "fantôme" de Makkarie,
Quelque part sur une île isolée dans les mers du nord,
Les mers du nord n'avaient pas la réputation d'être accueillante, c'était là le moins que l'on puisse dire. Des reliefs côtiers atypiques voyant coexister larges falaises et divers promontoires avec des plages éphémères se donnant en spectacle au gré des marées en étaient la première caractéristique. Ajoutons à cela la présence de nombreux récifs et pics rocheux s'élevant traitreusement depuis les hauts fonds afin d'emporter sous les flots les navigateurs imprudents, un climat où la pluie, la brume et parfois même la neige étaient omniprésents, et nous avons déjà des éléments de réponses quand à la raison du pourquoi du comment, peu étaient ceux à désirer naviguer par ces eaux. Mais la cerise sur le gâteau revenait assurément au fait que ces dernières étaient infestés de la pire engeance qu'il ai été donné de voir à tout marin se voulant appartenir au monde civilisé, des pirates, ni plus ni moins. En effet, il était de notoriété publique que ci de nombreuses côtes, et surtout des îles des mers du nord se voulaient inhospitalières et théoriquement rendus à la nature depuis fort longtemps, la réalité était toutefois plus nuancée. Ceci dû au fait qu'il y avait là de véritables havres de paix pour les équipages désirant trouver un point de chute ou établir un repaire à l'abri des regards indiscrets. Après tout, des îles isolés accessibles par des voies navigables particulières où de multiples dangers menaçaient d'envoyer par le fond les imprudents, que demander de plus ? Pas grand chose à dire vrai.
Ainsi, le port de Makkarie était l'un de ces lieux emplie de forbans, flibustiers et autres maraudeurs des mers, abritant entre autre l'une des bases de la tristement célèbre Fraternité des Mers du Nord, reconnue pour ses actions audacieuses sur un fonds d'idéologie anarchiste clairement affirmée et qui faisait, ces derniers temps du moins, couler beaucoup d'encre. Ceux ci se servaient ainsi du port que l'on pouvait désigner sous le terme "fantôme" comme point de relais et lieu d'escale entre deux virées en mer, toutefois ce n'était là qu'un état de fait assez récent à dire vrai, remontant à peine à quelques années de cela. En effet, Makkarie était à l'origine un de ces nombreux humbles villages de pêcheurs présents depuis le moyen-âge dont les habitants avaient vue le passage des raids vikings, les révolutions renverser des gouvernements et la technologie se développer tant et si bien que les moeurs et les us en furent bouleversés. Et tant qu'à parler de bouleversement, il fallait dire que les lieux devinrent très vite en vogue au cours du XIXe siècle, l'industrie de la pêche en pleine expansion associée à un besoin constant en huile, graisse et autres composants que la chasse aux baleines dans les eaux du nord pouvait procurer procurèrent au village un essor économique et démographique important. Tant et si bien que vers la fin du siècle, le village était devenue une véritable ville tournant autour de l'industrie portuaire des baleiniers. Mais comme l'on pouvait s'en douter, une prospérité tel qui ne tournait que autour d'un domaine ne pouvait être éternel, les nouvelles technologies et habitudes qui avaient offert un nouveau souffle à la région furent à leur tour évincés par une nouvelle vague d'innovation, causant le début d'un lent déclin qui s'acheva au début du XXe siècle avec le départ, ou la mort des derniers habitants, d'irréductibles entêtés qui avaient choisis de passer l'arme à gauche là, où qui se décidèrent à partir en quête de meilleurs conditions de vie.
En soit, l'arrivée des pirates de la Fraternité des Mers du Nord n'avait pas rendue aux lieux leur prestige ni même leur activité, mais au moins étaient-ils moins vide sur les anciens abattoirs de baleine et dans la rade principale où d'antiques vaisseaux pourrissant sont la source de bien des contes de poltergeist et autres spectres. Pourtant, au delà des animaux sauvages et des légendes ayant pris possessions de quartiers entiers désormais en ruine, une autre faune a pris pied en ville en cette nuit de mai où la pleine lune s'élève dans les cieux. Les simples d'esprit auraient très certainement criée au démon, désignant des paires de lueurs rouges et des ombres grisâtre et noirâtre se mouvoir à la faveur de l'obscurité nocturne, évitant coûte que coûte les rayons lunaires baignant certains lieux d'une douce lumière. Ils n'auraient pas eu tord à dire vrai d'employer une tel désignation, mais pas totalement raison non plus, car il s'agissait là d'une espèce de fantôme bien vivante dont les représentants avaient pris position au sommet d'un large ensemble de maisons encore en construction et jamais achevés pour certaines, trônant sur un promontoire surplombant la Makkarie dans son ensemble.
Dans les faits, il ne s'agissait pas vraiment d'une engeance satanique sortie tout droit d'une faille terrestre en quête de quelques âmes à dévorer, à vrai dire, si il y avait encore quelques habitants en ces lieux, ils auraient trouvés ces "fantômes" fort humain pour être honnête. Fort humain, mais arborant des casques et des tenues de combat avec gilets pare-balles à la mode avec des teintes conçu afin de mieux se dissimuler la nuit. Et c'était là sans compter sur l'armement qui à lui seul prouvait que les individus étaient loin d'être des amateurs, des fusils d'assaut et armes de poings de dernières générations, un ensemble de grenades tantôt fumigènes tantôt explosives, une procession de radios, des fusils snipers et même ce qui semblait s'apparenter à une paire de mortiers. Non décidément, ces créatures là étaient bien vivante, et surtout prête à l'action.
Lorsque l'on s'approchait des demeures occupés où la majorité des invités se trouvaient sur les toits à moitié emportés par le temps et les vents, ce qui frappait avant toute chose, c'était le silence de mort qui régnait, à peine perturbé par quelques grésillements au sein des radios. La soldatesque, car c'était selon toute vraisemblance le meilleur terme pour décrire cette assemblée, n'osait laisser émerger un mot, ni même bouger à dire vrai, à peine avaient-ils pu se mettre en position à leur arrivée. Snipers, observateurs, opérateurs radio, et quelques guetteurs, un véritable orchestre militaire dont il ne manquait que l'officier afin de débuter une symphonie, ou en l'occurrence ce qui se rapprochait d'un officier. Et l'individu concerné ne tarda pas à arriver, un long manteau d'ébène sur le dos, une sombre capuche sur le crane et un masque de céramique arborant les traits d'un vieil homme afin de dissimuler son faciès.
Son arrivée mis un terme immédiat au silence alors que d'une voix ferme et grave il prononça quelques mots à l'attention d'un des opérateurs radios.
??? - Sommes nous prêt ?
Opérateur - Si Signore. Les escouades Alpha, Bêta, Gamma et Epsilon sont en place et nos tireurs d'élites en soutient.
L'homme masqué hocha verticalement la tête, semblant acquiescer avant de poursuivre.
??? - Fort bien. Il ne reste plus qu'à attendre les invités d'honneur et nous pourrons débuter les festivités.
Les invités d'honneur en question, c'était en cette sinistre nuit un second équipage pirate, d'un tout autre genre que ceux de la fraternité ceci dit, ou plus précisément l'exact opposé de l'échiquier politique, aux antipodes de l'anarchisme, ni plus ni moins que d'odieux fascistes qui n'avaient toutefois rien à envier à leurs confrères forbans. Meremme, c'était là le nom qu'ils donnaient à leur groupuscule de maraudeurs maritime, et ce soir, un de leurs équipages s'en venait rendre visite à l'un de ceux de la Fraternité en son propre repaire. L'information était on ne peut plus certaine car dans les coulisses, la position des lieux avait été discrètement et surtout indirectement divulguée aux intéressé par les fantômes du promontoire, et ce de tel manière à ce que l'on ne puisse remonter jusqu'à eux à dire, si tant est que ce soit possible. Car après tout, l'ensemble de ces gens étaient mort, du moins officiellement. Soldats et mercenaires de carrières, célibataires, sans enfants, tous le même profil, portés disparus, déclarés mort dans des circonstances suspectes dont les enquêtes chargés d'élucider ces dernières étaient bien souvent classés sans suite. Désormais, ils arboraient tous de nouvelles identités et étaient dévoués à une cause "supérieure" en tant qu'employée d'une puissance société secrète. Si l'on peut la désigner ainsi du moins. De son nom complet, la Cour de Céramique, un véritable mythe au sein de Fortuna, un conte destiné à effrayer les enfants, des hommes de l'ombre arborant des masques et agissant dans l'ombre de la république. Ni plus ni moins. Mais ces gens là, en ce soir, étaient bien loin du Fortuna, et ce à la suite d'une histoire rocambolesque qui à elle seule pourrait donner naissance au script d'un film. Une sinistre histoire de vol de documents codés et de disques cryptés confidentiels au cours d'une attaque de pirates en Haute-Mer sur un navire de croisière voguant à destination du Walserreich. Histoire dont les brigands mentionnés se trouvaient être la Fraternité des Mers du Nord dont l'équipage, dans sa grande sagesse, s'était mis en tête de déchiffrer leur étrange prise, convaincu d'avoir trouvé un bon filon à exploiter, laissant une large piste à exploiter par la concurrence qu'étaient le Meremme qui se mit en tête d'aller leur arracher des mains, débutant dès lors un jeu du chat et de la souris au sein des divers ports et planques des mers du nord.
Pour autant, les experts et individus contactas s'étaient tous montrés incapables d'offrir une solution au casse-tête qu'était le chiffrage des documents. Mais surtout, avec autant de monde impliqué dans cette histoire, une véritable piste visible à des lieux à la ronde fut laissé aux véritables propriétaires desdits documents. La Cour de Céramique, irrité par cette intervention extérieure dans ses affaires suivait de près les pirates de la Fraternité dans leur quête, réduisant progressivement au silence les tiers impliqués de façon très artistiques parfois. Une véritable traque qui dura plusieurs semaines et qui après des manipulations conséquentes devait s'achever en cette soirée, avec le déploiement d'une débauche de moyens que toute personne saine d'esprit aurait considérée comme absurde et indécente pour s'occuper de quelques flibustiers. Mais la cour ne faisait pas toujours dans la dentelle, c'était là un fait indéniable, et puis sa patience était épuisée à dire vrai, à peine en restait-il assez afin de donner un mandat à son représentant, dénommé vis à vis des traits de son masque "Le Vieillard", afin qu'il mette un terme final en une nuit à cette embarrassante affaire. Mais voilà désormais que au loin, les gens du Meremme pénétrait en ville, ayant débarqué à la faveur de la nuit le long de la côte et gagné Makkarie à pied, ils semblaient bien déterminés désormais à aller occire leurs rivaux et s'emparer de leurs possessions au nom de leur cause. Tout ceci, en ignorant bien évidemment la présence d'un troisième partie.
La nuit s'annonçait mouvementée...