Posté le : 14 avr. 2024 à 03:19:21
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Récit de l’agent qui permis de mettre en relation la principale cellule résistante de Vélèsie avec les Services de Renseignement de Poëtoscovie.
Il sentit une faible vibration au niveau la poche où se trouvait le minuscule appareil qui lui avait été confié lorsqu’il avait quitté les services d’ambassade. Sachant être seul, il le sortis, et pu lire distinctement « Le poëte n’est plus dans son jardin. Ses amis n’y sont plus tout court. La plume doit rester hors de l’encrier, nous nous chargerons de trouver comme la faire marcher à nouveau. » C’était idiot, ils utilisaient un réseau de communication qui leur était propre, les machines effaçaient leur mémoires en s’éloignant à deux mètres des agents, mais pourtant ils utilisaient toujours des noms de codes, comme au bon vieux temps. Le poëte, c’était l’ambassadeur, et le jardin tout ce que la Poëtoscovie connaissait. La plume, c’est lui, que le SRP (Service de Renseignement de Poëtoscovie) ne semble pas avoir très envie de venir chercher dès maintenant. En même temps, les « amis » sont sans doute les personnels de l’ambassade. Il en connaissait certains, mais il avait été formé pour cela, pour ne pas éprouver de tristesse. Alors il continua simplement d’avancer, tout droit, jusqu’à la prochaine ville, jusqu’au prochain point de Résistance, où son petit appareil pourrait connecter le seul camps de Résistance véritablement établi en Vélèsie avec le gouvernement de Poëtoscovie, permettant de coordonner les actions de l’armée régulière et celle citoyenne. Il avait vaguement connaissance de la localisation de là où il devait se rendre, et sans savoir comment faire pour trouver de l’aide. Ils étaient une dizaine à être partis ainsi, dans l’espoir qu’un seul d’entre eux puisse rallier la zone alliée. L’unique indication : les montagne à l’ouest de la province. D’après des locaux, une cellule de rebelles y existait depuis bien longtemps, cassant les portes de quelques entrepôts de métal ou écrivant sur les murs de quelques faubourgs ; mais rien jusque là n’avait attiré l’attention du régime totalitaire. En revanche, lorsque la Poëtoscovie fit passer son bateau, des personnes opposées au régime durent relayer l’information car au loin, perdue dans les montagnes, un laser pointé sur le bateau leur indiqua : « .-.. .- / .-. ..-.. ... .. ... - .- -. -.-. . / . ... - / .. -.-. .. », information qui ne passa pas inaperçues pour la caméra embarquée, retransmettant toutes les informations en direct au QG du SRP. Bien que l’embarcation fusse détruite et que les moitié de ses occupants fussent morts, les signaux furent bien vite analysés depuis Hernani-centre : « La Résistance est ici ». Ce sont ces mêmes mots qui parvinrent sur le téléphone de l’agent, avec une direction approximative à suivre. Maintenant qu’il était seul, il comprenait pourquoi il avait été formé aussi longtemps, aussi durement, et pourquoi on ne riait plus dès l’entrée dans le bâtiment de la SRP, dans la capitale. Il avait du mal à se dire qu’on pensait, au pays, être menacés réellement par une simple alerte attentat, alors qu’ici c’était un climat de guerre qui régnait sans merci sur l’esprit fatigué des agents de la Poëtoscovie.
À l’aurore, par chance, il tomba sur une ville qui comportait une auberge. Il y loua une chambre et commanda un repas. Ce dernier fût fort bon, sûrement parce qu’il n’avait pas mangé depuis plus d’un jour et demi, puis il parti se coucher, décidé à ne prendre la route plus que la nuit. Durant son repos il rêva, il rêva de la mort, si douce en Vélèsie lorsqu’elle était comparée à la vie. Il revoyait cette femme qui lui apportait son café, chaque matin à l’ambassade, et qui était sans doute mort, sans funérailles ni rien qui puisse le consoler. Toute la journée, il entendit des gens entrer et sortir de l’enseigne, et non pas par stress mais plutôt par ennui, il s’amusait à faire tourner son arme de poing sur son index ainsi que le faisaient les cow-boy dans les westerns. Même s’il faut réveillé bien avant, car notre homme n’avait pas grand besoin de sommeil : il était conçu pour les expéditions qu’il menait, et ne trouvait de toute manière pas le sommeil. Il descendit finalement vers 19 heures, et commanda un ragoût de lapin, lequel, encore une fois, fût exquis et lui donna la force de persévérer dans son aventure.
Son lourd sac de randonneur sur le dos, il continu a arpenter le milieu rural, les champs et les forêts glacées de la Vélèsie, tout en se lamentant que de si belles terres puissent appartenir à un homme aussi cruel. Dans son avancée à travers le bois, il crut, à un moment, entendre un craquement derrière lui, un bruit presque imperceptible, tant qu’il ne savait plus s’il l’avait imaginé. Seul, la nuit, dans une forêt inconnue, le seul son de ses pas se perdait à sa frayeur légitime. Plus il s’avançait, plus le terrain paraissait en pente, et il comprit bien vite être sur la colline où se trouvait ceux avec qui il devait entrer en contact. Mille questions tournaient dans sa tête : Combien seront-ils ? L’accepteront-il ? S’agissait-il d’un piège ? Les trouvera-t-il ? Épuisé par un marche toujours plus rapide à mesure qu’il ne souhaitait se retourner, il fit une pose ne serait-ce que pour boire un verre d’eau et manger le morceau de pain qu’il avait pris dans l’établissement où il avait passé à la journée. Alors qu’il allait reprendre la marche, les muscles encore engourdis d’une marche si diligente, il aperçu un bâtiment éclairé, vers lequel, sans hésité, il se dirigea. Certains, lors de la sélection aux services, auraient été bien plus aptes à faire ce travail que lui : ils étaient baraqués, parfois champions de lutte, de boxe ou de quelque autre sport dont il aurait été incapable de pratiqué même pour une séance. Cependant, eux, n’avaient pas été retenus, car le métier d’officier traitant, ce pour quoi il avait été engagé à la base en tout cas, se voulait plus intellectuel que physique, et ne relevait pas du service-action.
Lorsqu’il arriva devant l’édifice rustique, fait intégralement de pierre sauf pour le toit qui était en bois, il ne pu s’empêcher de retenir son souffle en frappant à la porte. Certes, il était inscrit sur un petit panneau planté par un clou « Entrez ! », mais cela ne lui inspirait pas confiance le moins du monde. Un homme d’un certain âge vint alors lui ouvrir.
- Ne restez pas dehors, mon brave jeune homme, vous risqueriez d’attraper froid.
- Je cherche un endroit où je pourrais passer la nuit, pourriez-vous m’indiquer un endroit ? Tout, même une écurie me conviendrait.
- Restez donc ! Si même un esculape ne fait plus preuve d’hospitalité !
L’homme invita alors l’agent auprès du feu, et lui proposa à manger, ce qu’il refusa. Les deux engagèrent alors une conversation :
- Que faisiez-vous à tenir ouvert un pareil établissement à cette heure, l’interrogea le membre de la SRP.
- J’attendais des amis, qui ne devraient plus tarder.
- Et pourquoi diable vous voir aussi tard ?
- Oh Monsieur, je vois que vous n’êtes pas d’ici depuis bien longtemps. Jamais nous n’usons d’un vocabulaire à connotation religieuse aussi terrible !
- Je… Je vous prie de m’excuser.
- Ne vous inquiéter pas ; si mes amis viennent me voir si tard, c’est que nous aimons parler de choses qui, comme vous le faites, ne se disent pas. Vous prendrez bien au moins une tasse de thé, pour vous faire pardonner ?
- Euh… Oui, volontiers.
Le vieillard s’éclipsa, et notre homme ne savait plus quoi faire. Devait-il fuir pendant que le médecin ne le regardait pas ? Devait-il rester et faire mine de rien ? Devait-il tout lui avouer ? Tandis qu’il allait remettre son manteau, l’homme âgé revint avec deux tasse et en tendit une à l’agent. Ce fut tout ce-dont il se souvint.
À son réveil, il lui semblait avoir dormi des heures. Il était allongé sur le canapé du docteur pendant que des inconnus discutaient avec lui sur des fauteuils. L’un deux fit remarquer à l’assemblée que notre homme était réveillé, et celui-ci fut bassiné de question : « Pourquoi les inscriptions sur ta machine se sont-elles effacées ? Tu es bien un agent de la Poëtoscovie ? On ne trouve pas d’arme comme la tienne chez nous. L’agent du SRP ne dit rien. Le vieillard lui expliqua alors que les hommes présents dans la pièce étaient des membres de la Résistance, et qu’il avait été obligé de l’anesthésier pour le fouiller et vérifier qu’il était bel et bien celui qu’il pensait qu’il était. Ainsi, l’agent comme le vieillard rassurés et certains d’être avec la bonne personnes, apprirent chacun à l’autre ce qu’il savait et c’est ainsi que furent misent en relation la principale cellule de la Résistance de Vélèsie avec les Services de Renseignement de Poëtoscovie.
Trois jour plus tard, un autre agent les rejoins puis ce fut tout. Personne n'eut plus aucune trace des autres : ni les Services de Renseignement de Poëtoscovie, ni les agents sur le terrain. Cela ne fait plus de doute, ils sont sûrement morts en trajets, soit de froid, soit de faim, soit exécutés par les bourreaux à la tête de la Vélèsie.