
[RP OUVERT] L'après : (sur)vivre après l'éruption du Kamath
Posté le : 30 déc. 2023 à 11:12:29
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Posté le : 30 déc. 2023 à 11:17:17
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L’équipe progressait difficilement. Ils avaient décidé quelques heures plus tôt d’une sortie, dans l’objectif de profiter d’une accalmie du Kamath pour partir explorer les environs du volcan, afin de voir s’ils pouvaient trouver des survivants. Mais cela faisait maintenant deux heures qu’ils progressaient – lentement, nous disions. Il faut dire que le terrain ne les aidait pas : le sol était partout couvert des débris, restes d’habitations ou de végétation ; ou tout simplement inégal et accidenté, par la faute des nuées ardentes, des lahars ou des coulées de lave, qui avaient modifié le tracé du sol.
Leidan menait la troupe, cherchant le passage le plus simple vers le village qu’ils recherchaient. Il pressait le sol de son bâton de secouriste, le testant afin de découvrir sans s’exposer les crevasses ou les zones instables à éviter. Sa fatigue le talonnait, perchée sur son épaule, lui murmurant de s’asseoir et de se reposer. De fait, il en crevait d’envie : il n’avait pas dormi plus d’une heure d’affilée depuis la nuit précédente, et guère plus avant. Et il courait partout depuis une semaine, étant sans cesse sollicité : les secouristes ou autre personne des autorités étaient rares, et les missions, elles, nombreuses.
Mais Leidan était déterminé. Il chassa sa fatigue, se concentrant sur sa tâche. Il ne fallait pas qu’il se relâche. S’il dormait, s’il se reposait, il penserait à sa femme et à sa fille. Or, il ne savait pas où elles étaient, ni si elles avaient été évacuées. Il supposait que oui, puisqu’il le leur avait fortement conseillé dès le début des explosions, le 30 mai, mais rien ni personne ne pouvait le lui confirmer. Il ne les avait pas vu depuis ce jour fatidique, où il avait été appelé pour organiser l’évacuation des villages… Stop ! Il fallait qu’il se concentre. Qu’il cesse de penser à elles.
Derrière lui venaient Esta et Elia. Jumelles, les deux filles étaient des bénévoles secouristes. Elles transportaient le matériel de soin, les vivres et les couvertures. Enfin, ce qu’on avait pu trouver, et qui n’avait pas été réquisitionné d’urgence dans les camps où l’on tentait tant bien que mal de soigner ceux qui avaient pu être évacués.
Ici aussi, la fatigue était forte. D’autant plus que les filles étaient jeunes, et pas habituées à la privation de sommeil. Autant Leidan pouvait tenir sur les nerfs grâce à son entraînement, autant elles peinaient à suivre le rythme. Cela se voyait dans leurs gestes, lents, qui commençaient à devenir maladroits.
« Leidan ! Arrête toi ! cria Dakan qui fermait la marche. Tu vois bien que les filles sont épuisées, elles vont tomber de fatigue ! Il leur faut une pause ! »
Celui-ci se retourna, regarda d’abord le grand costaud qui l’avait appelé, puis Esta et Elia. Il redescendit un peu pour se mettre à leur hauteur, et fit basculer son sac au sol. Il l’ouvrit, et en sortit une gourde, qu’il tendit à Elia.
« Tenez. Buvez un peu, mais pas tout. Il faut en garder au cas où nous trouverions quelqu’un.
- Merci ! Merci… fit-elle avant de s’enfiler goulée sur goulée.
- Allez, reprit-il après quelques instants. On y est presque, et il ne faudrait pas être surpris par une nuée ardente. »
Il rangea la gourde, puis ils reprirent la marche, et arrivèrent après une dizaine de minutes sur un petit plateau, où se dressait selon la carte un village.
Des ruines. Un champs de ruines. En face d’eux, rien ne restait du village qui s’étendait là encore quelques jours plus tôt. Rien, hormis des ruines. Et des cendres. Le volcan avait tout détruit.

Habitation détruite par une nuée ardente, photographie, 2 juin 2012, 11h02
Ils cherchèrent encore durant une heure, retournant les décombres, appelant d’éventuels rescapés, mais le cœur n’y était pas. On le savait, certes, qu’il y avait peu de chances que quiconque ait survécu. Mais on était venu quand même, avec l’espoir de trouver quelqu’un, et surtout l’envie de se rendre utile. Mais rien. Personne.
Enfin, si, des cadavres. Calcinés, broyés sous les décombres, il ne restait plus grand-chose d’eux. Les pauvres… Leidan retenait ses larmes à grand-peine, tâchant de s’empêcher de craquer. Il fallait qu’il fasse cet effort, au moins pour permettre aux autres de tenir. Mais c’était dur...
C’était un paysage de désolation qu’ils contemplaient. Esta, elle, ne se préoccupa pas de résister et fondit en larmes. Elia la prit dans ses bras pour la consoler, mais elle retenait elle-même difficilement les siennes. Ce qui était arrivé était une catastrophe, une tragédie sans nom. Dakan les réconforta, puis les entraîna vers là par où ils étaient arrivés. Puis il se retourna vers Leidan :
« Allez viens. Ça sert à rien, on va juste s’épuiser, et Kamath risque de s’énerver si on reste trop longtemps.
- C’est un volcan. Il ne peut pas s’énerver. lui répondit l’autre, en continuant ses recherches.
- Tu m’as très bien compris. C’est un volcan, justement, et un volcan actif. Alors on ne va pas traîner dans les parages plus que nécessaire. On n’a rien trouvé, tant pis, il fallait s’y attendre. Maintenant on repart, à moins que tu aies particulièrement envie de cuire dans le prochain nuage qui passera.
- Ouais… Tu as raison, on rentre. termina-t-il tristement. »
Ils redescendirent, quittant ce lieu de malheur et de mort. Ils rejoignirent leur camp de fortune, où s’entassaient nombre de réfugiés.
« N’empêche, dit Dakan, je me demande ce qu’on a bien pu faire au ciel pour qu’il nous envoie l’apocalypse.
- Va savoir… Ils sont un peu capricieux là-haut. »
Posté le : 02 jan. 2024 à 20:40:21
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Île de Dhavalae, 7h30 - Journée du 03 juin 2012
Les premières équipes de secours fujiwanes venaient tout juste d'arriver sur l'île de Dhavalae, avec l'autorisation et la coordination des autorités wanmiriennes. C'était un matin chargé d'émotions, loin d'être ordinaire... La chaleur émanant encore du volcan se faisait sentir, et les secouristes commençaient déjà à suer sous leurs habits de protection. Ce matin-là, une des équipes fujiwanes avait été dépêchée sur l'une des plages de l'île, là où se trouvait un petit village touché par la catastrophe. Il ne fallait oublier personne: de la modeste ville aux deux ou trois cabanons isolés, à plusieurs kilomètres d'une route praticable, tous méritaient de l'aide. Il était impératif de ratisser autant que possible Dhavalae pour sauver la moindre vie humaine. Une sorte de philosophie était partagée par tous les secouristes, un mantra leur étant sans cesse rappelé: « Celui qui sauve une vie sauve l’humanité entière ». Cette phrase résonnait dans toutes les têtes ce matin et persisterait encore dans les consciences pendant toute la durée de l'Opération Fraternité, lancée par le Fujiwa.
Carnet de Bord d'un Secouriste: Mission de Sauvetage sur l'Île de Dhavalae
Nous formions une petite équipe déployée au sud-est de l'île, tandis que le gros des secouristes était dépêché vers les zones plus densément peuplées, là où le besoin de bras était le plus pressant. Notre mission nous avait conduits à un tout petit village, rustique, mais dont les habitations étaient étonnamment solides. Les engins de chantier étaient indispensables pour déblayer les décombres et tenter de libérer les victimes coincées. Parfois, pour percevoir les sons des hommes, femmes et enfants ensevelis sous d'impressionnantes masses de bois et de pierres, nous devions instaurer un calme absolu, un silence parfait permettant à nos oreilles de capter le moindre bruit. Un cri, des gémissements, des pleurs... Chaque son était un signe d'espoir, un indice que des survivants pouvaient encore être sauvés.
Le silence sur les lieux du désastre était souvent troublé par des feux encore vivaces, allumés par les coulées de lave. Des arbres, des amas de décombres, plusieurs infrastructures tenant à peine debout brûlaient encore, 48 heures après l'éruption du volcan. C'était saisissant de voir encore des traînées de lave çà et là. Personne ici n'avait jamais vécu une telle situation. C'était absolument inouï... Un volcan en pareille fureur, cela arrivait quoi? Tous les 100 ans, 1000 ans? Je ne saurais dire, mais je pense qu'aucun humain sur Terre ne souhaiterait subir une telle colère venue du ciel.
Cependant, nos états d'âme ne devaient pas prendre le dessus sur notre mission. Tandis que mes collègues se lançaient dans un travail acharné, je m'éclipsais avec un collègue pour prendre de la hauteur. Notre objectif était de photographier les lieux pour faciliter la coordination, évaluer la situation et, à terme, constituer un archivage historique de cette journée. Perchés sur le rebord d'une falaise, le sable fin de la plage n'était plus qu'une couche noire de cendres, parsemée de foyers ardents. La fumée était si dense qu'elle entravait notre vision, rendant difficile de distinguer ce qui se passait à l'horizon.
La vue depuis la falaise offrait un panorama à la fois fascinant et désolant. Sous nous, la plage, autrefois un havre de paix, se transformait en un paysage apocalyptique, où le noir de la cendre contrastait violemment avec les flammes éparses. À travers notre objectif, chaque cliché capturait une facette de cette tragédie : des maisons réduites à l'état de ruines, des arbres calcinés dressés comme des spectres silencieux, et par endroits, des vestiges de vie quotidienne, désormais ensevelis sous les cendres. En scrutant l'horizon, nos yeux luttaient contre le voile de fumée qui enveloppait tout. Malgré la distance, on pouvait deviner l'ampleur des dégâts ailleurs sur l'île. La communication avec les autres équipes était essentielle, mais compliquée. Chaque information que nous pouvions leur transmettre depuis notre perchoir était cruciale pour orienter les secours.
Pendant que nous étions là-haut, absorbés par notre tâche, les bruits lointains des travaux de secours nous parvenaient de temps à autre, rompant l'étrange tranquillité qui régnait sur notre promontoire. Les sons des pelleteuses déblayant les décombres, les appels des secouristes cherchant des survivants, tout cela ajoutait une dimension sonore à l'urgence de la situation. Nous savions que chaque minute comptait. Chaque photographie, chaque observation pouvait faire la différence entre la vie et la mort pour quelqu'un pris au piège sous les débris. Avec cette pensée gravée dans nos esprits, nous continuions notre travail, conscients du rôle crucial que nous jouions dans cette opération de sauvetage, témoins silencieux mais actifs d'une catastrophe que l'île de Dhavalae et ses habitants n'oublieraient jamais.
Tandis que le soleil montait dans le ciel, marquant la progression de la matinée, l'ampleur de notre tâche devenait de plus en plus évidente. La lumière croissante révélait chaque détail de la dévastation, accentuant les contrastes entre les zones ravagées et celles miraculeusement épargnées. « Ce que nous avons vu aujourd'hui, ce n'est pas seulement le spectacle d'un désastre naturel. C'est un rappel brutal de notre vulnérabilité, » dis-je à mon collègue, les yeux rivés sur le chaos en contrebas. « Mais c'est aussi un témoignage de notre force collective. Regarde autour de toi, malgré tout, nous sommes là, unis dans l'effort de secours, prêts à reconstruire. »
En redescendant vers le site, les images capturées en tête, je savais que ces photographies allaient être cruciales. Elles serviraient non seulement à coordonner les efforts de secours mais aussi à documenter ce moment historique. Elles seraient un souvenir indélébile de ce que nous avions enduré et surmonté. La matinée avançait et avec elle, l'activité sur le site s'intensifiait. Les sons des machines et des équipes de secours remplissaient l'air, rompant le silence initial. Chaque action, chaque décision prise pouvait signifier la différence entre la vie et la mort pour les survivants encore pris au piège.
« Chaque minute compte. » murmurais-je en me dirigeant vers le cœur de l'action. « Et nous sommes ici pour faire tout ce qui est en notre pouvoir. » Avec cette pensée, je me joignais à mes collègues, prêt à affronter les défis du reste de la journée, le cœur lourd mais l'esprit résolu, animé par l'espoir et la détermination de sauver des vies.
Sosuke Itoh,
Secouriste Volontaire.

Les premières équipes de secours fujiwanes venaient tout juste d'arriver sur l'île de Dhavalae, avec l'autorisation et la coordination des autorités wanmiriennes. C'était un matin chargé d'émotions, loin d'être ordinaire... La chaleur émanant encore du volcan se faisait sentir, et les secouristes commençaient déjà à suer sous leurs habits de protection. Ce matin-là, une des équipes fujiwanes avait été dépêchée sur l'une des plages de l'île, là où se trouvait un petit village touché par la catastrophe. Il ne fallait oublier personne: de la modeste ville aux deux ou trois cabanons isolés, à plusieurs kilomètres d'une route praticable, tous méritaient de l'aide. Il était impératif de ratisser autant que possible Dhavalae pour sauver la moindre vie humaine. Une sorte de philosophie était partagée par tous les secouristes, un mantra leur étant sans cesse rappelé: « Celui qui sauve une vie sauve l’humanité entière ». Cette phrase résonnait dans toutes les têtes ce matin et persisterait encore dans les consciences pendant toute la durée de l'Opération Fraternité, lancée par le Fujiwa.
Nous formions une petite équipe déployée au sud-est de l'île, tandis que le gros des secouristes était dépêché vers les zones plus densément peuplées, là où le besoin de bras était le plus pressant. Notre mission nous avait conduits à un tout petit village, rustique, mais dont les habitations étaient étonnamment solides. Les engins de chantier étaient indispensables pour déblayer les décombres et tenter de libérer les victimes coincées. Parfois, pour percevoir les sons des hommes, femmes et enfants ensevelis sous d'impressionnantes masses de bois et de pierres, nous devions instaurer un calme absolu, un silence parfait permettant à nos oreilles de capter le moindre bruit. Un cri, des gémissements, des pleurs... Chaque son était un signe d'espoir, un indice que des survivants pouvaient encore être sauvés.
Le silence sur les lieux du désastre était souvent troublé par des feux encore vivaces, allumés par les coulées de lave. Des arbres, des amas de décombres, plusieurs infrastructures tenant à peine debout brûlaient encore, 48 heures après l'éruption du volcan. C'était saisissant de voir encore des traînées de lave çà et là. Personne ici n'avait jamais vécu une telle situation. C'était absolument inouï... Un volcan en pareille fureur, cela arrivait quoi? Tous les 100 ans, 1000 ans? Je ne saurais dire, mais je pense qu'aucun humain sur Terre ne souhaiterait subir une telle colère venue du ciel.
Cependant, nos états d'âme ne devaient pas prendre le dessus sur notre mission. Tandis que mes collègues se lançaient dans un travail acharné, je m'éclipsais avec un collègue pour prendre de la hauteur. Notre objectif était de photographier les lieux pour faciliter la coordination, évaluer la situation et, à terme, constituer un archivage historique de cette journée. Perchés sur le rebord d'une falaise, le sable fin de la plage n'était plus qu'une couche noire de cendres, parsemée de foyers ardents. La fumée était si dense qu'elle entravait notre vision, rendant difficile de distinguer ce qui se passait à l'horizon.
La vue depuis la falaise offrait un panorama à la fois fascinant et désolant. Sous nous, la plage, autrefois un havre de paix, se transformait en un paysage apocalyptique, où le noir de la cendre contrastait violemment avec les flammes éparses. À travers notre objectif, chaque cliché capturait une facette de cette tragédie : des maisons réduites à l'état de ruines, des arbres calcinés dressés comme des spectres silencieux, et par endroits, des vestiges de vie quotidienne, désormais ensevelis sous les cendres. En scrutant l'horizon, nos yeux luttaient contre le voile de fumée qui enveloppait tout. Malgré la distance, on pouvait deviner l'ampleur des dégâts ailleurs sur l'île. La communication avec les autres équipes était essentielle, mais compliquée. Chaque information que nous pouvions leur transmettre depuis notre perchoir était cruciale pour orienter les secours.
Pendant que nous étions là-haut, absorbés par notre tâche, les bruits lointains des travaux de secours nous parvenaient de temps à autre, rompant l'étrange tranquillité qui régnait sur notre promontoire. Les sons des pelleteuses déblayant les décombres, les appels des secouristes cherchant des survivants, tout cela ajoutait une dimension sonore à l'urgence de la situation. Nous savions que chaque minute comptait. Chaque photographie, chaque observation pouvait faire la différence entre la vie et la mort pour quelqu'un pris au piège sous les débris. Avec cette pensée gravée dans nos esprits, nous continuions notre travail, conscients du rôle crucial que nous jouions dans cette opération de sauvetage, témoins silencieux mais actifs d'une catastrophe que l'île de Dhavalae et ses habitants n'oublieraient jamais.
Tandis que le soleil montait dans le ciel, marquant la progression de la matinée, l'ampleur de notre tâche devenait de plus en plus évidente. La lumière croissante révélait chaque détail de la dévastation, accentuant les contrastes entre les zones ravagées et celles miraculeusement épargnées. « Ce que nous avons vu aujourd'hui, ce n'est pas seulement le spectacle d'un désastre naturel. C'est un rappel brutal de notre vulnérabilité, » dis-je à mon collègue, les yeux rivés sur le chaos en contrebas. « Mais c'est aussi un témoignage de notre force collective. Regarde autour de toi, malgré tout, nous sommes là, unis dans l'effort de secours, prêts à reconstruire. »
En redescendant vers le site, les images capturées en tête, je savais que ces photographies allaient être cruciales. Elles serviraient non seulement à coordonner les efforts de secours mais aussi à documenter ce moment historique. Elles seraient un souvenir indélébile de ce que nous avions enduré et surmonté. La matinée avançait et avec elle, l'activité sur le site s'intensifiait. Les sons des machines et des équipes de secours remplissaient l'air, rompant le silence initial. Chaque action, chaque décision prise pouvait signifier la différence entre la vie et la mort pour les survivants encore pris au piège.
« Chaque minute compte. » murmurais-je en me dirigeant vers le cœur de l'action. « Et nous sommes ici pour faire tout ce qui est en notre pouvoir. » Avec cette pensée, je me joignais à mes collègues, prêt à affronter les défis du reste de la journée, le cœur lourd mais l'esprit résolu, animé par l'espoir et la détermination de sauver des vies.
Sosuke Itoh,
Secouriste Volontaire.

Posté le : 06 jan. 2024 à 03:01:10
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Il fallait s'attendre à plusieurs besoins : en médecins, ambulance*, et nécessaire de déblaiement. C'est dans ce sens que le matériel requis était déjà mobilisé et préparé pour l'envoie par avion militaire. Plusieurs voyages seront à prévoir, avec une logistique importante vu que les infrastructures sur place ne sauront assurer de ravitaillement.
Un cargo humanitaire est également prévu pour un second temps, avec du matériel en quantité bien plus importante. Toutefois il s'agira là d'un temps de trajet bien plus important avec des détours à effectuer. Il s'agira donc de nourrir une deuxième phase avec les cargos, qui débutera notamment quand la première reposant sur les avions de transport commencera à s'essouffler.
Concernant le personnel sur place, il s'agissait d'un mélange de secouristes et médecins, mais aussi de militaire chargé d'établir des camps pour assurer le nécessaire vital avec notamment des unités de traitement de l'eau. Il ne restait maintenant plus qu'à avoir la validation des autorités pour lancer les opérations.
Posté le : 09 jan. 2024 à 17:56:49
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Décombres sous lesquels sont piégés les deux enfants, Nagarajan et Lalita, photographie, 4 juin 2012
Le Soleil commençait à pointer à l’horizon. Ses pâles rayons, encore tremblotants dans l’air matinal, éclairaient d’une lueur lugubre et funeste les décombres. Les décombres ? Oui, les décombres. Les ruines. Les restes quoi. Ce qu’il restait de ce petit village, en banlieue de Jalitaya. Dire qu’une semaine plus tôt encore l’endroit était plein de vie et de charme... Les enfants couraient dans les rues – qui étaient colorées et sentaient les gorerans à plein nez -, et leurs parents tentaient tant bien que mal de les rattraper...
Bon, on pouvait au moins dire que c’était était paisible maintenant. Même trop paisible. Lugubre. Funeste. Mais je me répète. En même temps, le Kamath avait tout détruit. Pas tout de suite, hein, non, plus tard. Le 30, quand on avait cru à l’apocalypse, le village avait été épargné. Les nuées ardentes étaient passées ailleurs, elles avaient miraculeusement évité les habitations. Alors certains étaient restés, avaient refusé de fuir. Les plus âgés, surtout, qui vivaient là depuis leur naissance et n’avaient jamais quitté l’endroit. Ou quelques autres, courageux ou suicidaires, qui ne voulaient pas partir.
Nagarajan en faisait partie de ces gens. Enfin, il n’était pas suicidaire, il tenait à la vie (il y tenait même beaucoup). Il n’était pas non plus spécialement courageux, ce n’était pas le premier à se jeter à l’eau dans les situations délicates, ou à se mettre en danger pour les autres, loin de là. Non, il n’aurait pas dû être là, il aurait dû fuir. Oui mais voilà, il y avait Lalita. Lalita, c’était sa sœur. Sa petite sœur. Blessée. Elle s’était fracturée la jambe la semaine précédente, et n’avait reçue que des soins sommaires de la part des services médicaux. En même temps, ceux-ci n’avaient qu’une expérience limitée, un matériel qui l’était encore plus, et beaucoup de boulot. Mais je m’égare.
Sa jambe, donc, fracturée et maintenue par une attelle de fortune, ne lui permettait pas de partir. Alors Nagarajan avait veillé sur elle. Au lieu d’être sur les chantiers navals avec son père, ou aux champs avec sa mère, il gardait sa sœur.
C’était pour cette raison qu’il se trouvait encore dans le village après le 30. Tous avaient fui, ses parents aussi d’ailleurs, qui avaient été happés par le flot de réfugiés, et n’avaient pu venir chercher leurs enfants, mais eux n’y étaient pas parvenu. Lalita ne pouvait marcher, et Nagarajan était trop faible pour la porter. Alors ils étaient restés, s’organisant une petite partie de la maison comme bunker : ils avaient beau être faibles physiquement, ils n’étaient pas pour autant dépourvus d’intelligence, et ils craignaient que la maison ne s’effondrent. Ils s’étaient dit qu’ils attendraient là - sous les quelques meubles qu’ils possédaient et avec les réserves de nourriture de la famille - le retour de leurs parents, ou de quiconque pourrait les aider. C’était une bonne idée, certes, mais qui ne les protégeait pas entièrement, mal, pour ne pas dire qu’ils étaient complètement vulnérables. Alors quand, le 2, des retombées volcaniques avaient saccagé la région, ils étaient encore là. Je vous laisse imaginer la scène. Les chutes de pierres sur le toit, des meubles qui tombent à terre, le sol qui tremble sous les impacts,... Bref, ils étaient terrifiés. Mais leur idée leur a sauvé la vie.
La table, ainsi que la commode qu’ils avaient installée non loin, en protection et pour pouvoir y accéder facilement, les avaient protégés. Sauf que maintenant, ça faisait un petit moment qu’ils attendaient.
Bon, le soleil commence à briller (parce que, oui, il a continué à monter pendant que je parlais, bref), c’est le matin, les oiseaux… les oiseaux ne chantent pas puisqu’ils sont tous partis. Voilà, en gros, la situation en ce 4 juin 2012, dans ce petit village paumé en banlieue de Jalitaya (ou ce qu’il en reste, du village, mais bref, je n’y reviendrais pas). On va pouvoir débuter.
Enfin, de toute façon, ça ne sert à rien de dire que le Soleil brille, puisque là où on va, on ne le voit pas. Parce que oui, voilà, on va sous terre. Enfin, on n’y va pas, on y est déjà, avec Nagarajan et Lalita. Et ils attendent depuis un petit moment (je l’ai pas déjà dit ça ?). Résumons la situation. Il fait noir, on n’y voit rien. La poussière est retombée, mais il y a encore quelques heures, il y en avait de partout. Résultat, le moindre mouvement en fout une tonne dans l’air. Insupportable. Et puis cette saleté, ça irrite la gorge, fort. Surtout quand on en respire depuis un moment. Et malgré les foulards qu’ils ont noués sur leur bouche et leur nez, l’inévitable s’est produit : ils en ont respiré plein. Et puis il fait froid. Très froid. Ça fait deux jours qu’ils n’ont pas vu de lumière naturelle. Ni de lumière tout cours d’ailleurs : ils n’ont pas de lampe torche, et quand bien même ils auraient une, ils n’auraient pas l’électricité pour la faire fonctionner. Et un feu ? Avec quoi pour l’allumer ? En plus, c’est un coup à partir en fumée avec lui, s’il enflamme les meubles. Et puis, quand bien même on éviterait ces problèmes, il y aurait toujours la fumée, qui les étoufferait. Non, franchement, on a déjà la poussière, la fumée, on s’en passera.
« Atchiii ! Kof kof kof ! Raaaah... J’ai mal Naga, j’ai mal...
- Je sais Lalita, je sais... Je n’y peux rien...
- Et puis j’ai froid... Ça fait combien de temps qu’on est coincés ici ?
- Je ne sais pas petite sœur. Un bon moment. Tiens, prends ma couverture, je m’en passerai. dit-il en la lui tendant, tout en grelottant lui-même le plus discrètement possible.
- Non Naga, garde-là. Il fait trop froid, tu risques d’y passer. Kof kof ! lui répond-t-elle, prise d’une quinte de toux. »
Celui-ci a repris sa couverture, et s’est enveloppé dedans. Pourtant, même ainsi on peut voir que la température de l’endroit n’est pas à son goût. Lorsqu’il entend sa sœur tousser, il regarde avec tristesse le peu d’eau qu’il leur reste, et lui en passe un peu pour calmer sa gorge. Parce que, oui, il y a de la poussière, on l’a dit. Et la poussière, ça irrite, on l’a dit aussi. Et là, ils en ont plein la gorge, et ils toussent à s’en arracher les cordes vocales. Et l’eau, c’est le seul truc qu’ils aient. Sauf qu’ils en ont plus beaucoup, parce que bon, ils en ont pas fait des réserves de malade avant. D’habitude, il suffit d’aller au puits en prendre un nouveau seau. Sauf que... le puits est sous les décombres. Retour à la case départ : on ne peut rien faire. Alors on attend.
Trois heures plus tard... Non, en fait, on en sait rien, il n’y a pas de lumière. Bref, ça fait un petit moment depuis tout à l’heure.
« Lalita ? Lalita, tu dors ? s’inquiète Nagarajan en se penchant vers elle. Lalita ?
- Hum ? fait-elle en s’éveillant. Quoi ?
- Il faut pas dormir Lalita. Pas maintenant. Sinon, on sait pas si on se réveillera un jour. On peut mourir de froid en dormant, tu sais ?
- Mais j’ai sommeil... Je veux dormir…
- Mais on ne peut pas Lalita. Si on dort, on meurt. Et ça... dit-il sans oser finir sa phrase. »
La petite fille se met à pleurer. D’abord doucement, puis de plus en plus fort, prise de soubresauts, avec sa respiration saccadée à cause la toux.
« Je veux dormir... J’en peux plus...
- Pleure pas sœurette, pleure pas… S’il te plaît, pleure pas... dit-il en la prenant dans ses bras. Allez, on va s’en sortir.
- T’en sais rien... fait-elle en continuant à pleurer. J’ai peur Naga, j’ai peur. J’ai envie de voir maman. Et papa aussi... »
Et elle pleure de plus belle. Nagarajan, sur le point de perdre espoir lui aussi, la serre plus fort contre lui, autant pour la rassurer que pour se convaincre lui-même que, oui, ils vont s’en sortir. Parce qu’ils vont s’en sortir, on le sait. ...Non ?
Soudain, un bruit, léger, retentit. Avec les pleurs, ils ne l’entendent pas. Puis un second son, plus proche. Le jeune garçon se redresse, il n’est pas sûr d’avoir entendu.
Un nouveau bruit, plus proche encore. Cette fois-ci, il en est certain : il y a quelqu’un. Ou alors tout va s’effondrer, mais ce bruit lui a redonné espoir, il entrevoit le meilleur.
« Tu as entendu ? murmure-t-il comme si parler plus fort ferait s’éteindre le bruit, et avec lui, l’espoir.
- Quoi ? Entendu quoi ? répond sa sœur sur le même ton en essayant d’arrêter ses larmes.
- Ça… Là, ça recommence ! »
Et de fait, un quatrième son retentit. Plus proche, plus fort que les précédents. Comme… Des pas ? Ou des débris qu’on remuerait… Des sauveteurs ? Une pelle ? Ils creuseraient ? L’espoir revient aussi sec chez les deux enfants, qui se mettent à hurler – enfin, autant qu’ils peuvent avec leur gorge fragile.
« Ici ! Ici ! Par ici ! »
Après un certain temps à s’époumoner, où ils ont – presque – fini par croire qu’ils ont rêvé, un autre son revient. Puis d’autres, plein d’autres, de plus en plus vite, proche, et fort. Pas de doute : quelqu’un creuse. Ils sont sauvé ! Les enfants trouvent en eux les forces pour se remettre à crier. « Par là, par là ! » entend-t-on, étouffé, depuis l’extérieur.
Et puis quelqu’un apparaît- et avec lui, la lumière bénie qu’ils n’ont pas vue depuis une éternité. Enfin, deux jours, mais c’est long dans le noir. Ils plissent les yeux, aveuglés, mais leurs yeux se réhabituent vite, le temps que l’homme déblaie la passage qu’il a creusé jusqu’à eux, tout en alertant ses collègues. « Par ici ! J’en ai trouvé, vivants ! » aurait pu entendre quelqu’un serait passé – et qui comprenait le fujiwan.
Cet homme ne leur ressemble pas, il ne parle pas leur langue, mais peu importe. Les gamins n’y prêtent pas attention. Tout ce qui compte, c’est qu’ils vont enfin sortir d’ici. Nagarajan veut se lever, mais il est vite arrêté : d’abord la table, contre laquelle il se cogne douloureusement, puis ses muscles, qui se rappellent à lui : il n’a pas bougé depuis... une éternité. Une éternité de... Mais je l’ai déjà dit. Après être retombé au sol et s’être frotté la tête, désormais particulièrement sensible, il retente sa chance, plus adroitement : il s’approche de l’ouverture, et tente de faire comprendre par des signes qu’ils sont deux, que sa sœur est blessée, et qu’elle ne peut pas marcher. C’est bancal, brouillon, mais les secours semblent comprendre : on apporte une civière.
Le jeune garçon, quant à lui, retourne à l’intérieur, et aide Lalita à sortir. Il la tient comme il peut, la pousse, la tire, toujours en essayant de protéger sa jambe, et parvient – avec une aide non-négligeable des secouristes, à la faire sortir. Puis il veut s’extraire à son tour.
A peine dehors, aveuglé par le Soleil qu’il n’a pas vu depuis... - mais je me répète – et très fatigué, il s’effondre dans les bras du secouriste fujiwan, et s’endort presque sur le champ. Sa sœur, elle, n’a même pas attendu qu’il soit sorti : à peine allongée sur sa civière qu’elle a plongée, accablée de fatigue.
Les hommes déposent le garçon sur une deuxième civière, apportée en hâte, et emportent les enfants au loin, vers le camp de fortune pour réfugié qui a été aménagé à quelques centaines de mètre. Plus tard, ils seront évacués vers Jalitaya, puis vers d’autres îles si possible, mais ceci est une autre histoire...
Posté le : 12 jan. 2024 à 23:59:08
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L’éruption volcanique du Kamath en mai dernier avait tout rasé. Enfin, c’est l’impression que les ruines donnaient. Évidemment, une bonne partie de Jalitaya, notamment son centre, avait été épargnée mais on ne pouvait pas en dire autant de sa banlieue. C’était une catastrophe, une vraie. Des ruines, des ruines, des ruines et des ruines. Malgré tout, les débrits des différentes habitations ne représentaient rien comparées aux vies détruites, qu’elles le soient physiquement ou moralement. Comparé à tous ces gens, entre la vie et la mort, entre tristesse et désespoir. Ceux qui souffrent toujours de leurs blessures, ceux qui pleurent toujours leurs proches. Ceux qui tombent de fatigue, ceux qui meurent de faim. Leur détresse se voyait et se ressentait terriblement dans leur regard. C’était dur à voir.
Eux n’avaient pas vécu l’éruption mais en avaient entendu parler. Eux, les hommes d’Asteneko Strana, avaient été dépêchés sur l’île. Effectivement, depuis les derniers accords stranéo-wanmiriens passés, le groupe public de construction s'est implanté dans le pays pour construire de nombreuses infrastructures publiques ou bien touristiques. Cependant, lorsque le Kamath s’est réveillé, il fut décidé par le gouvernement stranéen que les efforts de construction seront finalement concentrés sur la petite île de Dhavalae pour aider à relever la population. Des aides médicales et humanitaires avaient également été apportées mais le Negara Strana comptait davantage sur les efforts de reconstruction dans lesquels le pays avait massivement investi.
Asmuni Nababan, alors vice-directeur des travaux en Wanmiri continental, fut choisi pour diriger les travaux de reconstruction. Diplômé de la prestigieuse Université Nationale du Peuple (Kotarakyat), Asmuni a depuis toujours cherché à travailler à l’étranger. Après avoir travaillé au Jashuria au cours de l’année 2011, il revint au Negara Strana où il gravit rapidement les échelons, dû à sa grande adaptabilité, au sein de Asteneko Strana. Lorsque l’opération au Wanmiri fut pensée et mise en place de février à mars 2012, son profil apparu comme une évidence. Au moment du drame, il se propose de lui-même pour venir en aide aux habitants de Dhavalae.
Ce fut naturel pour lui, car il connaissait ce type de situation. Asmuni provient d’une famille vivant dans une ville proche de Phainamai. Un jour, alors qu’il suivait sa formation à Kotarakyat, un terrible glissement de terrain eut lieu dans sa terre natale, dévastant de nombreuses habitations et emportant près d’une centaine de vies. Quand il apprit la nouvelle, il voulut tout quitter. Tout quitter pour rejoindre sa famille, aider ces pauvres gens avec qui ils avaient grandi pour certains. Il y perd sa sœur, alors à l’école ce jour-là. Ces parents, modestes, qui avaient grandement investi dans les études de leur fils, le convainquis de rester. Il les écouta mais ce jour-là l’avait marqué au fer. Suivant alors une formation d’architecte sans but précis, Asmuni savait qu’il voulait pouvoir aider les plus démunis. Pouvoir construire des édifices qui durent et pouvant venir en aide aux populations terriblement touchées par des catastrophes, notamment au Nazum du Sud Est où ces phénomènes deviennent communs. Ainsi, il fut le premier à proposer son aide au Wanmiri.
Arrivés sur les lieux avec son équipe, les services gouvernementaux wanmiriens sur place les accueillirent. Asmuni savait déjà ce qu’il voulait faire. La priorité était de reconstruire un hôpital dans la banlieue de Jalitya, ce qui manquait cruellement sur place. Malgré les différentes aides arrivées de l’international, il fallait d’ores et déjà imaginer ce que Asteneko Strana pouvait apporter à l’île sur le long terme, et la construction d’un hôpital était une évidence. En outre, de nombreuses habitations devaient être construites rapidement pour accueillir les familles démunies de toit, détruit lors des déluges de lave. Asmuni avait conscience qu’il fallait rapidement des résultats, les ordres en provenance du gouvernement stranéen et wanmirien lui rappelaient suffisamment. Cependant, il ne voulait pas faire son travail à la va-vite pour satisfaire le gouvernement et les Grands de l’entreprise avec de belles statistiques sur la vitesse de construction. Celle-ci était complexe et ne devait pas être prise à la légère, ce que le groupe savait. A la fin de la lettre destinée au directeur des travaux détaillant sa mission, le groupe avait indiqué ceci: “Ainsi sont les directives mais nous vous faisons confiance monsieur Nababan. Nous autoriserons quelques libertés si vous les jugez nécessaires”.

Asmuni Nababan, missionné sur l'île de Dhavalae (Wanmiri) pour la reconstruction
Ce projet d’urgence était également différent des autres. Bien qu’Asteneko Strana soit chargé du projet de A à Z, l’entreprise stranéenne allait recevoir de la main d'œuvre étrangère. En effet, le Communaterra, pays nouvellement socialiste, a proposé l'envoie plusieurs ingénieurs et experts pour aider à la reconstruction, supervisé par Asteneko Strana. Asmuni les rencontrèrent à Jalitya, dans un bâtiment qui leur avait été aménagé. La plupart des ingénieurs étaient des femmes, toutes récemment diplômées dans de grandes écoles komunateranos. L’un des seuls hommes était en revanche plus âgé et devait disposer de plus d’expérience que ses collègues. A l’aide d’une traductrice, Asmuni expliqua ce que comptait faire l’entreprise pour reconstruire les ruines de l’île. Il insista sur le besoin de construire des bâtiments de qualité. Bien qu’il supervise l’ensemble de l’opération, il fut convenu qu’il sera davantage présent sur la construction de l’hôpital. La conception des habitations est ainsi laissée sous l’autorité des komunateranos.

Croquis du projet hospitalier envisagé dans la banlieu de Jalitya
Après avoir finalisé son arrivée, participer à toutes ces réunions pour l’organisation du projet et avoir attribuer l’essentiel des tâches, Asmuni Nababan pouvait enfin commencer à travailler. Les premiers jours avaient déjà été éprouvants mais il n’en était pas moins démotivé. Il ne les avait pas oubliés, eux, ceux qui souffrent, encore maintenant. Il ne pouvait pas oublier sa sœur. Elle aussi devait avoir le même regard vidé de vie après la catastrophe. Ils devaient les aider, et pour cela, le travail devait commencer.
Posté le : 17 jan. 2024 à 18:01:02
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Cela fait désormais plusieurs semaines depuis l’éruption, mais j’ai eu le privilège d’être resté sur place depuis tout ce temps. Premier arrivé, premier servi, règle numéro 1. Et ce que je peux vous dire, c’est que j’ai été profondément choqué par les dispositifs mis en place avant, pendant et après cette catastrophe.
En premier lieu, avant les évènements, il se trouve que j’ai découvert que beaucoup d’habitants des zones à risque dans les alentours du volcan n’avaient que peu ou pas contracté d’assurance habitation digne de ce nom…à côté d’un volcan ! Si ces individus avaient été de vrais gagneurs, ils n’auraient déjà pas fait cette faute de débutant et à l’heure qu’il est, ils seraient toujours à la rue certes, mais ils auraient largement de quoi rebondir ailleurs. Et comme on dit souvent par chez nous : cause de ses malheurs est souvent à rechercher chez soi-même. Ayant interrogé un certain nombre d’habitants sur cet état de fait, beaucoup n’ont pas daigné me répondre, sûrement par culpabilité.
Deuxièmement, si les autorités de Wanmiri avaient eu de la jugeote, ils auraient laissé l’accès libre à la zone de l’éruption pendant la catastrophe. En effet, cette décision a provoqué des pertes financières importantes pour tous les acteurs du tourisme « volcanique ». Imaginez, vous vivez l’éruption du siècle et vous interdisez l’accès à cet évènement à des milliers de passionnés dont l’argent dépensé aurait été bien utile à la reconstruction, en plus d’être égoïstes. Cette décision, à mon sens a été tout bonnement scandaleuse.
Un autre point qui m’a choqué au plus haut point est la résignation à laquelle font face les victimes de la catastrophe. Nulle part je n’ai vu de positif et de l’ambition renouvelée chez ces individus ayant perdu leurs maisons. Pourtant et c’est bien connu, c’est ce genre d’évènement qui forge les caractères. Un peu de panache bon sang ! De la hargne renouvelée ! De l’ambition mordante ! Plutôt que de se lamenter, ces gens devraient prendre cet évènement comme une opportunité pour rebondir. Rien de tel que la satisfaction de reconstruire soi-même sa maison plutôt que de compter sur des aides humanitaires et étatiques. Il est bien connu que la pauvreté, avant toute considération sociologique, est un état d’esprit dont on ne peut sortir que si on entre dans une mentalité de conquérant. La richesse, elle, est comme un muscle : il faut planifier, la prévoir, la gérer, l’exercer. Et tout cela commence par le mental. Ce que je dis et cela ne fera pas plaisir aux « bien-pensants », c’est que les wanmiriens n’ont pas eu le mental face à ce volcan, ils ne l’ont pas affronté à bras le corps.
Vous pensez sans doute que j’en fait une affaire pour rien. Que nenni, car cette « idéologie » de la fainéantise propagée par les aides humanitaires se répand, y compris dans notre cité de Velsna et au Sénat ! Notre institution sacrée ! Cette semaine, les sénateurs, figurez-vous doivent débattre sur le fait d’apporter une aide ou non à ce pays de paresseux ! Il y a dix ou vingt ans, rien de tout ceci ne serait ne serait-ce que parvenu aux oreilles du Sénat. Nos considérations allaient bien au-delà de répondre aux larmichettes d’une communauté internationale devenue molle face aux infiltrations de tous types de socialisme.
Oui, vous avez bien entendu. Les aides internationales sont du communisme déguisé et cela ne m’étonnerait pas de voir en la faiblesse des organisations internationales la marque de l’influence de la Loduarie, du Grand Kah ou de Communaterra !
Intolérable et impensable serait cette situation si elle s’était déroulée il y a 10 ans. La situation est grave et nous devons faire quelque chose au sujet de ces « aides internationales ».
Posté le : 31 mars 2024 à 10:21:40
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19 mars 2013
Un petit coucou de Jalitaya !

Ça fait plaisir de pouvoir vous écrire ;) C’était un peu compliqué récemment. J’espère que vous ne vous êtes pas trop inquiétés pour moi depuis l’éruption… Je n’ai pas pu vous contacter avant, tous les systèmes radios et autres étaient totalement HS, et ceux qui fonctionnaient encore étaient réservés pour la coordination inter-secouristes. Logique, mais c’était un peu embêtant pour les civils (genre moi quoi XD) puisqu’on s’est retrouvé coupés du monde pendant quelques mois.
Bon, du coup, il va falloir récapituler, parce que ça fait un petit moment qu’on n’a pas échangé de nouvelles. Globalement je vais bien (XD, la phrase qui veut rien dire concrètement). Quand le Kamath a pété une durite j’étais tranquille sur l’île d’Asena (vive les deux jours de congés avec les collègues qui m’ont sauvé la vie !), donc c’était assez impressionnant (surtout le bruit ! On s’est demandé un instant si le pays était entré en guerre à notre insu, parce que franchement on aurait cru un bombardement), mais il n’y avait pas vraiment de risque direct. En plus, comme l’île est formée d’un piton rocheux qui tourne le dos à Dhavalae, la plupart des infrastructures étaient protégées. Ça nous a surtout servi durant la semaine qui a suivi d’ailleurs : tous les tsunamis nous ont épargné. Et puis les retombées volcaniques ont été amoindries ; quelques maisons ont été détruites, mais la plupart des bâtiments étaient à peine endommagés. Enfin, ça c’était dans le coin où j’étais hein, je minimise pas l’ensemble des dégâts, mais sur Asena ça allait plutôt bien dans l’ensemble.
Bref, l’éruption m’a pas trop secoué personnellement, mais derrière tout était chamboulé. Évidemment, vous vous doutez bien que c’était plus possible de continuer de bosser dans le commerce comme si de rien n’était. J’ai plaqué le travail et je me suis engagée comme volontaire secouriste (d’où la photo, elle date de mi-juillet de l’année dernière). J’ai passé deux mois à chercher des survivants et à les rapatrier de Dhavalae vers Asena, pour libérer le camp de Venil qui était surchargé et les installer dans le camp de Tepia qui s’organisait sur la petite île.
Après, quand les besoins en secouristes d’urgence se sont calmés et qu’il y avait plus besoin de médecins formés et de bras pour reconstruire, je me suis engagée dans Asteneko Strana. Tu dois connaître, c’est la plus grande entreprise de BTP stranéenne. Ils étaient là dans le cadre des accords stranéo-wanmiriens à la base, mais ils ont tout concentré sur Dhavalae après l’éruption. Bref, j’ai été embauchée, et j’ai commencé à travailler sur la construction d’un hôpital à Jalitaya. Enfin, d’un hôpital en dur, fait pour durer, parce qu’il y en avait déjà quelques-uns mais c’était des trucs de campagne montés à la va-vite. Grâce à ma formation à Agartha j’ai assez vite pris un peu de galon, et j’ai pu diriger une petite équipe autonome. Je connaissais bien le coin, donc j’ai pu les guider sur les meilleurs emplacements pour construire les différents complexes. C’était vraiment un bon moment, on travaillait en coordination avec des stranéens, des kommunaterranos, des wanmiriens comme moi évidemment, et même quelques fujiwans ! J’ai adoré cette période ; quel que soit le pays dont on venait, on appartenait au groupe. On se protégeait les uns les autres et on rigolait bien.
On a terminé l’hôpital mi-janvier, et il est déjà plein à craquer. Tu n’imagines pas le nombre de personnes qui ont besoin d’une rééducation lourde… Et puis la quasi-totalité de ceux qui étaient directement sur Dhavalae et qui ont été exposés au bruit de l’explosion sont devenus sourds. Ensuite on a entamé la construction d’habitations, et là je suis en plein dans des logements sociaux. C’est qu’il va falloir les loger nos sinistrés ! La vie de camp, ça va quelques semaines, mais pas durant des mois XD (sérieusement, je suis heureuse de m’être portée volontaire à la reconstruction : je n’aurais pas supporté de rester sans rien faire depuis le mois de juin dernier).
Voili voilou, j’ai fini de parler de moi ;) Comment ça va à Agartha ? P’pa s’est rétabli depuis son opération ? (Je sais que ça date un peu maintenant mais bon, faut rattraper). Et mon chenapan de petit frère suit ses études ? Comment il va aussi ? Gros bisous à tous, je vous aime beaucoup ;)
PS : Au fait, ça ne vous dérange pas que j’utilise Shinbun’Soku ? Je me doute que les conditions d’accès depuis le Jashuria doivent pas être les mêmes… Au pire, prenez un VPN stranéen XD Moi c’est plus facile sur cette plateforme, la plupart des autres étant défaillantes.
Posté le : 25 oct. 2024 à 20:12:24
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Ayaan, donc, était assis sur la machine. Il y passait ses journées, à combler des ornières, à évacuer des décombres, à terrasser à n’en plus finir. Aujourd’hui, il avait fait ses quinze heures de travail quotidien puis avait été payé un salaire de misère, qu’il avait presque aussitôt dépensé dans des cigares velsniens. La modernité n’avait pas fait que du bien à Jalitaya. Au Wanmiri tout entier, en réalité, mais les Isteal étaient particulièrement touchés depuis mai 2012 : la destruction des anciens quartiers par l’éruption avait entraîné une reconstruction moderne, qui défigurait toute la ville. Et l’afflux d’entreprises et d’organisations humanitaires de toutes sortes avait amplifié le phénomène : engins kah-tanais ou tanskiens, travailleurs stranéen ou fujiwans, entreprises velsniennes ou caratradaises… L’endroit s’était internationalisé. Alors, certes, cela ne changeait pas vraiment des siècles précédents, l’endroit étant depuis toujours une plaque tournante du commerce de l’Océan des Perles, mais cela se ressentait désormais beaucoup plus.
Il était tranquillement installé, son joint entre deux doigts, tirant sur une fumée à laquelle il était devenu accro dès la première bouffée, plusieurs mois auparavant. Depuis, il ne s’en passait plus. Toutes ses économies y passaient. Sa famille, que son nouveau salaire aurait dû aider à mieux faire vivre, en était encore à vivre dans la pauvreté. Parce que lui, tué par la drogue, y dépensait tout.
Ayaan faisait tourner sa montre entre ses doigts. L’objet était beau, brillant, sans doute en argent. Il n’aurait jamais eu les moyens de se la payer, d’ailleurs il n’en aurait pas eu l’intérêt : il ne savait pas lire l’heure. Il avait attrapée, quelques semaines plus tôt, alors qu’un marin velsnien un peu dérangé en jetait par poignées entières dans la foule, laquelle se battait pour ces petits bijoux qui, s’ils n’avaient pour eux aucun intérêt, leur permettait d’être reconnus dans leur communauté. Ayaan avait longtemps hésité sur quoi faire de la montre : la vendre ou la garder ? Jusqu’ici, son choix était allé à la reconnaissance qu’il tirait de sa possession. Mais ce soir, tandis qu’il finissait sa clope, avec un goût d’inachevé en bouche qui grandissait avec le temps, il se dit qu’au fond, une montre avait bien peu de valeur quand on la gardait au poignet, alors que contre quelques piécettes, elle en avait bien plus.
Il se leva tranquillement, descendant de la machine, les muscles ankylosés et le cerveau embrumé par la nicotine. Il jeta son mégot sans faire attention, faisant toujours rouler entre ses doigts la montre qu’il avait résolu d’aller vendre contre un paquet de joints velsniens. Derrière lui, sous la machine, le joint roule. Il n’est pas tout à fait éteint, on voit encore l’extrémité rougeoyer. Il a suffit d’une brindille pour que commence la danse.
L’enfant, qui ne doit pas avoir plus de quatre ans, serre son doudou contre sa poitrine. Ce dernier, un simple chiffon, est sale et en lambeaux, et semble avoir vécu bien des misères. L’enfant aussi d’ailleurs. Son regard est embrumé, ses yeux verts grands ouverts, mais sur le vide.
Les ombres jouent sur son visage. La lumière danse, sautille, se recourbe pour mieux se déployer. Bleu, puis jaune, orange, rouge. Elle sautille, et danse, danse, danse. Saute d’un toit à un autre. Enveloppe la poutre de la maison ; une main le tire pour l’écarter. La chaleur était agréable pourtant, mais la main le tire. Et les flammes dansent, dansent, dansent.
Il se tient debout, sur ses jambes frêles, le corps squelettique à cause de la faim. La nourriture manque au camp. Pas que la nourriture d’ailleurs. Au camp, on manque de tout. A manger, à boire, des toilettes,… que de mots qu’il ne connaît que trop bien à force d’entendre ses parents en parler, mais qu’il ne saurait pas à quoi associer. Quelqu’un approche, l’enfant ne l’entend pas. Devant lui, il ne voit plus les décombres calcinés du camp de réfugiés dans lequel il vit depuis plus d’une année et demi.
Et dansent, dansent, dansent les flammes. Et se recroqueville, et saute, et s’accroupit, et virevolte. La lumière est partout ; partout est l’ombre. Toujours en alternance, jamais en même temps, mais jamais séparés. Un spectacle magnifique, lugubre, splendide, macabre. Les cris résonnent dans sa tête. Les hurlements de douleur le hantent. Et dansent, dansent, dansent les flammes.
Une femme, stranéenne sans doute, bien qu’il soit difficile d’en juger dans la faible lumière du petit matin, arrive derrière l’enfant. Elle lui touche l’épaule, il ne réagit pas. Elle cherche à l’emmener, impossible de le faire bouger. Alors elle le prend aux aisselles, et le soulève. Lui reste totalement immobile. Son esprit est brisé, comme celui de beaucoup d’autres après cette nuit où une énième catastrophe s’est abattue sur le peuple Wan des Isteal.
Et dansent, dansent, dansent les flammes. Et brûlent, brûlent, brûlent les habitations. Et hurlent, hurlent, hurlent les gens. Mort, carnage, désolation. Tout n’est qu’ombre et lumière. De brume et de cendres… Dhavalae n'est pas encore prête à connaître le repos.
Posté le : 22 déc. 2024 à 18:25:05
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Un homme marchait dans la boue, la terre et les roches volcaniques, il regardait, les yeux emplis d’effroi cette terre désolée et dévastée, il repensait à cette citation antérinienne : « là ou la république du Cinate passe, la Vie trépasse » et il se dit que l’on pouvait très bien remplacé la République du Cintate par la « Nature ». En revoyant cette scène, Martin de Saint François des Océans se rappela à quel point la situation n’avait toujours pas changée pour les habitants, toujours cette même pauvreté ambiante, toujours cette même atmosphère pourrissant âmes et corps, toujours cette même inaction venant de la part des gouvernements, toujours cette même vision.
-Rien a changé ici, mis à part quelques véhicules kah Tanais ou encore quelques sylvois aidants les locaux à refaire leurs vies après ce terrible accident. Malheureusement les gouvernants sont toujours les mêmes, à s’entre-tuer les uns les autres pour savoir si c’est bien d’avoir des liens avec une théocratie musulmane ou si au contraire c’est contraire aux préceptes révolutionnaires, ne parlons pas de ces autres abrutis du gouvernement antérinien, toujours à s’échiner pour vouloir faire de la politique internationale, toujours là quand il s’agit de l’ouvrir sur les droits de l’homme et jamais là quand il faut aider son prochain ! Miséricorde, ce ne serait pas de Grace ou de la Geauce qui s’acharnerait à aller aider ces pauvres civils, ce ne serait certainement pas les camarades du P.C.A qui iraient l’ouvrir pour un oui ou pour un non, au contraire, ils profitent du silence pour se renforcer : « Ne pas prendre d’initiatives mal vues ! », « Ne pas faire de vague ! » , « Éviter de permettre à l’adversaire d’acquérir des arguments contre nous ! » (fit il en prenant une voix exagéremment fluette, afin d’imiter le secrétaire général du P.C.A). Ne parlons pas des fascistes, toujours les memes abrutis, toujours à rappeler à quel point « l’argent antérinien doit rester en Antérinie », que « Les wanmiriens ne sont que des incapables ! » alors que les conservateurs, pris entre leurs penchants autonomistes et centralisateurs ne réussissent à imposer leurs voix auprès des autres formations politiques, heureusement quand même que les députés du C.P.A ont réussis à faire pression aux conservateurs pour qu’ils acceptent d’envoyer un représentant antérinien sur place…
Puis, lorsqu’il arriva devant une vieille masure aux allures d’un bâtiment officiel mal lavé, le député antérinien se tut, déjà il avait vu que les locaux le regardait bizarrement, puis il y repensait, ils devaient certainement commencer à s’inquiéter lorsqu’ils virent un homme en costume bleu marin présentant les insignes des hauts fonctionnaires antériniens s’énerver tout seul et vouer aux démons la moitié d’une classe politique. Puis il entra dans une immense salle, encore mal entretenue, avec une secrétaire assise devant ce semblait être un bureau, le député antérinien demanda : « नमस्ते, मैं मेयर की तलाश कर रहा हूं " (Bonjour, sauriez vous ou je pourrais trouver Monsieur le Maire?) cette dernière lui répondit : « गलियारे के शीर्ष पर, सबसे बाईं ओर का दरवाज़ा " (Oui, en haut du couloir, la porte toute à gauche). Martin monta quatre à quatre les escaliers, il toqua puis entra dans le bureau du maire. Ce dernier, un grand bonhomme d’une quarantaine d’année le salua et le député en fit de même, les présentations furent rapides, et les négociations débutèrent assez rapidement. L’Antérinien eut la bonne surprise de constater que son interlocuteur maîtrisait l’anglais et que par conséquent les négociations n’en serait que plus rapide. D’ailleurs, il ne put s’empêcher de sourire à l’évocation du terme « négociation », il s’agissait plutot d’accords signés entre deux entités administratives, l’une voulant beaucoup l’autre voulant donner les mesures du possible ; les autorités wanmiriennes cherchant aide et support humanitaire, les autorités antériniennes voulant donner, certes, mais le moins possible, et ce pour des raisons budgétaires et parfois mêmes politiques. Ainsi, son objectif était d’accéder le plus possible aux demandes wanmiriennes, sans pour autant contrevenir à l’agenda du Premier Ministre. Le Maire, Putu Subuwiando, doit quant à lui s’assurer que le minimum vital soit respecter, et il avait battu des pieds et des mains pour que sa demande d’aide humanitaire soit reçue par les états présents sur le continent nazuméen, si sa démarche n’eut qu’un succès mitigé, seuls quelques missives furent accusées par les autorités locales, dont les autorités antériniennes, qui mirent quelques années à statuer dessus, enfin, plutot qui découvrirent que cette dernière était à débattre, ainsi, après de tumultueux débats, il a été conclu qu’un député serait chargé d’aller sondé le terrain pour connaître la quantité de matériel et nourriture nécessaire à la survie des populations locales. L’Antérinien prit la parole dans un anglais relativement correct :
-Votre Éminence, je tiens en premier lieu à saluer votre comportement exemplaire, alors que certains se cachaient derrière leurs responsabilités, vous avez décidé de prendre contact avec les autorités nazuméennes dans leur ensemble, vous avez pris la décision d’aider vos concitoyens quitte à dépasser vos pérogatives, certes, depuis votre appel à l’aide lancé il y a de cela quelques années, en 2012 si je ne m’abuse, peu d’états, mis à part le Grand Kah, le Duché et le Fujiwa ainsi que d’autres puissances ont répondus présents, nous même avons mis trois ans à débattre, trois ans ! Ainsi, il nous paraît évident d’aider les locaux à se relever de cette crise majeure et dévastatrice.
-Certainement, certainement, fit le Maire habitué à ces discours mielleux mais qui n’ont jamais eu de réels impacts sur la vie de ses concitoyens, il hésitait à prendre les devants en critiquant avec vigueur la politique antérinienne afin de pousser le député à revoir à la hausse les quantités de matériel médical à envoyer à l’île du Dhavalae, « mais », se disait il, « si jamais l’interlocuteur appartient à cette droite patriotique, autant dire qu’il va vite se rétracter et adopté des sentiments bien moins amicaux à l’égard de notre situation, peut être que nous pouvons le tester en touchant à l’Antérinie… » -En effet, il est indéniable que le temps court, et que malheureusement il n’a pu aidé nos concitoyens, bien au contraire d’ailleurs, et l’inaction de vos gouvernements n’ont fait que renforcer un tel phénomène, pourtant, il serait vain d’aller invectiver l’Antérinie, assurément, mais pouvons-nous dire qu’elle a des choses à se pardonner en participant à la reconstruction d’une ile perdue au milieu de l’océan des Perles ? Voyez, vous les antériniens ne sont pas les plus discret lorsqu’il s’agit de s’immiscer dans les affaires locales…
Le représentant antérinien fut certainement troublé par les déclarations du Maire, déjà, il commençait à se demander si cette rencontre n’avait qu’un seul objectif : que l’Antérinie en prenne pour son grade, ainsi, il commençait à se rétracter, il était hors de question qu’il ait à s’excuser face au Maire, aussi courageux soit il…
-Bien, vous avez raison, l’Antérinie cherche dorénavant à acquérir le plus de bases commerciales possibles, non pas par volonté impérialiste ou comme les relents d’un néocolonialisme en devenir, mais plutot par simples calculs commerciaux qui nous permettrait de nous doter d’un grand nombre de comptoirs pour pouvoir ravitailler nos pétroliers et nos navires de commerce en général, tout en permettant à l’économie locale de ses développer. Il est clair que c’est difficile de nier le contraire, les gouvernants antériniens ne se sont jamais réellement intéressés à la question, si ce n’est que pour situer les intérêts que nous en retirerions. Et nous l’ignorions, même moi je n’étais au courant du drame après une semaine, sinon, nous n’avions jamais réellement eut vent d’une telle catastrophe, et mis à part quelques antériniens ayants la main sur le cœur, peu d’entre nous avons pris part aux financement que plusieurs O.N.G comme Charité Sans Frontière, ou la Charité Impériale afin de restaurer l’ile, et les résultats furent tellement piteux que les chiffres ne furent même pas communiqués par les concernées. En revanche nous aimerions savoir une chose, serait il possible que nous entrons dans le vif su sujet ? Autrement dit que l’on présente dès maintenant vos demandes.
Le Wanmiriens voyait que cela ne servirait à rien de tenter de pousser le bouchon, l’Antérinien a choisi d’éviter de mettre les « pieds dans le plat », autrement dit de répondre aux questions, cela peut signifier deux choses ; soit l’interlocuteur n’est pas sur et qu’il serait facile de négocier plus que nécessaire, soit au contraire il préfère que le maire ne s’enlise dans ses propos menant ainsi à sa discrétisation, et rendant la négociation encore plus complexe…
- Vous avez raison, passons au plus important, le maire se leva et encouragea son son interlocuteur à en faire de même, il lui montra ensuite l’île depuis la vaste fenêtre ; elle était morne, triste, suant la misère et la tristesse, les pauvres femmes cherchant de la nourriture pour leurs enfants, les véhicules tentants de défaire les débris s’étant accumulés… Regardez par vous même, nous avons besoin de bien des choses, tout manque, matériel médical, nourriture, matériel de construction… Vous etes vous même venu voir de vos propres yeux le Désastre de 2012, voyez, pas grand-chose n’a changé et nous avons besoin de tant pour reconstruire l’île, c’est à peine si les pontons sont en état de fonctionner, c’est à peine si les véhicules peuvent traverser l’île sans s’embourber… Comprenez vous, nous avons besoin de tant de choses.
Le député regardait silencieux le champs de ruine qui s’étalait à perte de vue, les véhicules de constructions tentant de rabatir ce qui fut un jour, il repensait aussi aux premiers jours qui ont suivi l’éruption, il avait réussit à arriver deux semaines après le drame, des milliers de personnes étaient dehors, la cendre étouffait, les roches volcaniques s’accumulaient et le volcan restait fumant, aujourd’hui encore l’atmosphère reste lourde, la faim rode et bon nombres de familles ont encore besoin d’une aide alimentaire conséquente, alors que cette dernière commence à se tarir… Son humanité l’empêchait de rester de marbre face à cette scène, certes, il risque d’en prendre pour son grade s’il n’en fait qu’à sa tête, mais « au pire » se dit-il, « l’Empereur soutiendra mes agissements, il pourrait même financer à ses frais l’envoi d’aide humanitaire, en plus, qui irait critiquer ouvertement une telle décision, ce n’est pas comme ci l’Empire maquait de tout, et il y a fort à parier que les grandes entreprises s’investiront, à la fois pour conserver leur image, mais aussi pour satisfaire quelques scrupules… ».
-Bien sur, faites nous parvenir une liste précise, nous voulons savoir ce qu’il vous faut, et surtout en quelle quantité, si nécessaire nous enverrons des soignants du Grand Hôpital Saint Jérôme d’Antérinie, qui pourront aider, des navires partiront certainement de Saint Jean de Luz et de Saint Arnaud des Pics pour pouvoir alimenter l’île en nourriture et en matériel médical.
-Nous ne pouvons que vous remercier pour la bonne volonté dont vous faites preuve, nous espérons que cette dernière se traduise concrètement, et que les populations wanmiriennes puissent voir leurs conditions de vie s’améliorer…
Autant dire que le Maire était surpris par la rapidité des négociations, il avait lu dans la presse satirique que l’Empire était réputé pour être peuplé de pingres à tendances bigotiques (oxymore?), ainsi, il espérait sincèrement que l’Empire ne lui faisait pas miroiter des promesses qu’il ne tiendra jamais.
Tandis que le Maire était perdu dans ses pensés, le député sortit rapidement après avoir salué ce dernier et se mit en route vers le petit navire qui l’attendait, puis, il irait prendre l’aéroport de Sivagundi pour rejoindre Antrania, la bataille aux Assemblées risquera d’être longue, les uns en appelant au « bon sens » et les autres se voulant défenseurs de l’intérêt de la confédération… Déjà il voyait son navire, au pilote il dit : Bon, la bataille va être rude…
