Rhétorique velsnienne - Historique des grands discours
Posté le : 02 mars 2024 à 09:55:37
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Posté le : 02 mars 2024 à 09:57:28
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Mes frères et mes sœurs, mes excellences sénateurs et sénatrices. Je n’ai pas peur de vous appeler fratrie, car c’est ce que nous sommes les uns pour les autres dans cette salle : une fratrie. C’est ce qu’étaient les fondateurs de notre cité lorsqu’ils ont sont arrivés sur ces berges. Des individus n’ayant plus de nation, plus d’attache, plus de foyer, plus rien. Mais des individus audacieux, entreprenants, courageux, des visages rayonnants de ce qui s’offre à eux…tout comme je les vois en face de moi dans cette pièce. Regardez-vous, regardez votre voisin, et dites-vous : voici un frère !
Vous êtes tous magnifiques ce soir. Comptez le nombre de bagues à vos doigts, et vous mesdames, comptez le nombre de diamants sur vos parures et vos colliers. Pas mal pour des descendants d’exilés, pas vrai ? Je sais ce que vous me direz : mais Triumvir Scaela, je n’ai eu besoin de personne pour gagner tout ce que je possède ! Et vous auriez raison, tout en oubliant quelque chose de très important toutefois. Notre prospérité a un cadre, elle s’inscrit dans quelque chose qui nous dépasse en tant qu’individus. Les loduariens vous répondront que la prospérité est le fruit du travail du glorieux leader. Les Etats-Nations vous diront que c’est le sentiment d’appartenance à un peuple qui conditionne notre existence. Les religieux orientaux de la lointaine Vélésie rétorqueront quant à eux que c’est dieu qui est à l’origine des aléas de la vie. Mais nous savons que nous fonctionnons autrement ici, toutes ces solutions ne sont pas l’origine de notre force. Je vais vous répéter, excellences sénateurs et sénatrices, chers ambassadeurs de l’étranger, je vais vous mettre dans la confidence d’un secret que vous ne révélerez pas à qui que ce soit : le secret de la résistance de Velsna à travers toutes les épreuves que notre cité à dû aborder.
Nous ne sommes pas un Etat-Nation, nous ne sommes pas non plus dans un Etat de dictature personnelle, pas plus que nous sommes des théologiens. Non, nous sommes davantage que cela. Vous vous dites que Velsna n’est que le nom d’une ville ou d’un pays, et là vous auriez tort. Velsna n’est pas une ville, c’est une cité. Nuance. Velsna est un corps civique davantage qu’un lieu. Mettez tous ces palais dont celui-ci en ruines, détruisez le Palais des Patrices, dispersez ses habitants et rasez la ville…mais vous ne détruirez pas Velsna pour autant. Parce que notre cité n’est pas un lieu, pas plus qu’un peuple. Nous sommes un corps civique, comme le dit si bien mon confrère DiGrassi à longueur de journée. Nous sommes un groupe de citoyens politiquement organisé vers un seul et même but : assurer la continuité de notre liberté, notre libertas. Ainsi, si d’aventure une force voulait faire tomber notre cité, il faudrait tous nous passer au fil de l’épée.
Et à ce titre, les trois hommes à cette table, moi y compris, sont de ceux qui se sacrifieront en premier pour vous, au mépris de leurs propres vies. Regardez DiGrassi dans les yeux, et vous verrez le sens de la discipline et l’esprit laconique qui a permis à nos ancêtres fortunéens de triompher des hordes occitanes et achosiennes. Regardez Vinola dans les yeux, et vous verrez la fougue de la jeunesse qui donne à notre cité sa vitalité. Nous prendrons les coups pour vous, nous nous interposerons devant toutes les instabilités et les modèles politiques défaillants que l’étranger tente de faire entrer dans notre maison bien rangée. Ces coups, nous nous engageons à les subir jusqu’au bout, jusqu’à ce que nos corps soient couverts par les cicatrices. Que gagnons nous à faire cela ? Rien. Mais nous le faisons pour le salut de votre gloire et de votre fortune, pour notre cité. C’est pour cela que vous, membres du Sénat, vous nous avez nommé. Vous avez jugé que notre cité devait être défendue face à ses propres caprices, face à ses questionnements qu’elle peut avoir lorsque des étrangers lui tendent un miroir déformant, qui ne leur montre que ce qu’ils veulent que nous devenions. Et ce soir, nous, triumvirs, nous pouvons vous promettre que nous porterons sur nos épaules le poids de ce fardeau jusqu’à ce que vous jugiez bon de nous le retirer, tel Atlas portant le fardeau du monde sur lui.
Buvez, mes frères et mes sœurs de Sénat, car, comme pour tout dans la vie des velsniens, personne ne le fera à votre place.
Posté le : 05 jui. 2024 à 11:33:48
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J’ai ouïe dire que nos voisins du sud se fourvoient encore dans quelque intrigue sournoise, mais que pouvons-nous attendre d’autre de leur part ? Nous leur avons tendu la main avec un traité, le Sénat de Velsna leur a donné les lauriers de la paix. Et regardez donc ce qu’ils nous ont offert en échange de tout cela : de la vindicte, du bellicisme et de la haine. Car ce peuple est bien incapable de donner autre chose que ces sentiments, de nous les propager et d’empoisonner nos cœurs. Car je le dis, ce n’est pas de notre faute si nous sommes dans la contrainte de les haïr, mais bien la leur. Ils sont les seuls et uniques responsables de cette situation, qui est scandaleuse à des égards que je vais présenter à cette noble assemblée.
Envisageons nos malheurs avec sang-froid, et défendons-nous avec courage, car nous allons en avoir besoin. Voici le premier de ces malheurs : l’AIAN. Nous avons été bons avec eux par le passé, trop bons pour la simple raison que certains d’entre eux sont encore vivants. Velsna a été bien trop généreuse avec les survivants de cette secte, comme à sa mauvaise habitude. Nous avons beau nous plaindre de ces sauvages à longueur de temps à ces excellences parfumées du continent, ceux-ci n’ont jamais compris notre situation et à la mauvaise graine à laquelle nous avions affaire. Quand on désherbe un jardin, on doit toujours en arracher TOUTES les mauvaises herbes, sans quoi il faut s’attendre à ce qu’elles repoussent. La bonté de Tomassino et de DiGrassi d’en laisser en vie certains nous a donc conduit à cette situation, celle qui a mené à l’ignoble attentat que nous avons subi sur les marches mêmes de ce Sénat ! Ces animaux sont montés sur les marches de ce palais sacré par nos pairs et l’ont souillé avec le sang de nos enfants et de nos concitoyens. Ils ont commis l’irréparable et se sont fourvoyer dans leurs vieilles malices avec un plaisir qui confine à la démence. Encore une fois, Velsna a répondu à cela avec timidité et faiblesse. Le « compromis », que leurs sénateurs répètent à longueur de temps. Mais je vais vous dire à quoi il a mené. Les achosiens nous avaient promis de faire la lumière sur la culpabilité de ces criminels, nous avons montré patte blanche et nous sommes portés prêts pour enquêter à leurs côtés. Mais c’est bien à croire qu’ils cachent quelque chose lorsque cette enquête est au point mort depuis des mois ! Toujours des excuses et toujours des prétextes ! Et comme de par hasard, le premier reflexe de ces terroristes aura été de passer leur frontière pour y chercher refuge en la patrie des achosiens. Ces éléments sont-ce t-ils pas des preuves accablantes d’une complicité ? Permettez-moi de heurter vos pudeurs en vous répondant que oui : l’Achosie est coupable de tous ces maux, j’en ai la certitude ! Il faut détruire l’Achosie !
Vifs applaudissements et acclamations à l’extrême droite de l’assemblée. Protestations sur les autres bancs.
Mais s’il n’y avait que ça…car un fourvoiement ne va jamais sans une suite de fourberies et de mensonges. Car depuis des mois, sous notre nez, les achosiens tractent avec une autre de ces peuplades, conspirent en leurs terres pour nous encercler, nous et nos familles ! Ils pensent vainement que leur salut vient du caractère mesquin de ces kolisiens qui vivent par-delà la mer. Les têtes de pierre ! Rien que ça ! Ils discutent, ils rient ensemble, ils flirtent. Après avoir amené l’OND à nos frontières, voilà que nous devrions faire face à une alliance de ces deux vils peuples à quelques kilomètres de notre cité ! Car ne vous y trompez pas : les kolisiens ne sont pas les derniers lorsqu’il s’agit de briser des paroles. Eux et leur ZEE ont empoisonné la Manche Blanche avec leur venin durant plus d’une année. Une année au cours de laquelle nos pécheurs et nos exploitants de la mer se sont appauvris sous les enfreintes manifestes à la liberté de notre cité, celle de circuler librement sur les flots ! La liberté que nous avons gagnée lorsque nos ancêtres se sont installés en ces terres froides. Et ce ne sont pas les seuls perfides avec lesquels ils conspirent. Les astériens sont aussi sur nous, et attendent que nous tournions le dos pour nous poignarder ! Eux que notre Sénat a choyé, eux à qui nous avons offert cadeaux et riches présents, eux auquel le Sénat de Velsna n’a que trouvé trop d’excuses. Eux, se liguent également envers nous pour des raisons qui ne se résument à nulle autre que de la détestation de notre simple existence ! Nul doute que ces amitiés ne sont qu’une énième provocation, mais c’est celle de trop ! Celle qu’il ne fallait pas faire.
Je vous le dis ainsi, même si cela en choquera certaines : ces infâmes ne nous laissent pas le choix et nous mettent dos au mur : il faut détruire l’Achosie ! Détruisez l’Achosie, et l’AIAN n’aura plus de base arrière ! Détruisez l’Achosie, et personne ne viendra jamais nous frapper dans le dos ! Détruisez l’Achosie et nous obtiendrons justice pour tous nos morts ! Détruisez l’Achosie , et les kolisiens ne nous menaceront plus jamais !
Le reste de l'humanité ne se plaindra pas car c'est faire son bien que d'extirper le mal. C'est être bienfaisant pour la patrie que de punir des terroristes soutenus par un Etat voyou. Qui pourrait demander grâce pour des tueurs de vieillards et d’enfants ? Que l’on donne une médaille à ceux qui seraient comme moi, pris d’une telle pensée, car ce serait là juste rétribution.
Que les peuples de toutes les cités velsniennes ouvrent enfin les yeux sur les étranges et atroces maximes du gouvernement achosien, et qu'ils tremblent devant la perspective de le voir amasser des troupes étrangères à nos portes. Et si, dans ce moment de peur et d’incertitude, des peuples aveuglés ou asservis par les mensonges achosiens n'entendent pas notre juste et inévitable dénonciation, un jour les peuples de nos ci-tés, effrayés de leur tyrannie, la fourberie de leur nature et la corruption de leur gouvernement, un jour les peuples de Velsna, coalisés par le besoin général de la liberté, réaliseront leur vœu sans même consulter cette assemblée. Ils se feront justice sans vous, et cela sera de votre faute s’ils seront sortis de l’état de droit de notre République.
En attendant que ce vœu des hommes libres se réalise, chassons les achosiens de notre territoire. Ceux qui se cachent parmi nous, ceux qui n’ont pas daigné com-prendre que leur place est de l’autre côté de la frontière. Qu’attendons-nous donc pour se faire ? Achos se refuse à nous offrir la justice ? Soit, très bien ! Alors, en échange, pour leur faire grâce du retour de tous ces achosiens que nous nourrissons à nos crochets sur notre sol ? Ceux qui seraient capables de nous égorger dans nos lits avec un grand sourire, de s’en prendre à nos enfants et à nos institutions !
Aussi, voici ma proposition en état à ce gouvernement, en attendant que ce dernier ne retrouve son courage que de s’opposer à la fourberie du gouvernement achosien. Nous devons, en l’état, être prêts à expulser les citoyens de notre cité qui ne daigneraient pas présenter le sentiment d’appartenance qui est dû à cette dernière. Ce ne serait que sécurité que de se prémunir d’éventuelles attaques de cette minorité de la population qui parle encore dans cette langue barbare et sauvage. Ainsi, je propose l’expulsion temporaire de ces derniers hors du territoire de notre cité, jusqu’au règle-ment de nos différends avec le gouvernement voyou d’Achos. Après tout, ils se sentiront bien plus à l’aise en cette patrie qu’en la notre.
La proposition du sénateur fut rejetée à 671 voix contre 329
Posté le : 22 août 2024 à 18:05:22
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Ainsi, la requête d’excuses officielles et publiques du gouvernement wanmirien, par un quelconque miracle, était arrivée en tête de l’ordre du jour du vieux Zonta. Comme à chaque début de séance, les sénateurs devaient attendre le démarrage de la session, qui était signifié par l’arrivée du Sénateur-Doyen au perchoir. Celui-ci était accompagné de cinq licteurs qui faisaient rideau entre lui et les autres sénateurs. Les cicatrices du coup d’état de Scaela étaient encore fraiches, et quelques précautions étaient encore de mise. On aida le vieil homme à monter sur sa hauteur et on lui fit don de son album sénatorial contenant l’ordre du jour. Zonta a le privilège de l’ancienneté, aussi, personne ne se doit prendre la parole avant lui, et cela vaut même pour des personnages aussi importants que Matteo DiGrassi, l’ancien triumvir. Sans quoi le sénateur auteur de cet affront pourrait être exclu du Sénat pour une certaine période.
Le vieil homme parle :
« Au Sénat et à notre Conseil Communal, je vous salue, mes frères et mes sœurs, vous qui partagez avec moi cette République. Je déclare cette session ouverte et vous informe de notre première question. Il y a trois jours, notre estimée Maîtresse du Bureau du Grand commerce fut interpellée par des étrangers. Et il fut demandé de part du gouvernement du pays wanmirien, la formulation d’excuses publiques au sujet de la période coloniale. Que devons-nous faire, mes frères ? La Grande République demande vos conseils et attend vos propositions. ».
Les sénateurs se regardaient l’air hébété : on ne leur avait jamais demandé une telle chose. Ces individus n’ont pas l’habitude de cette attitude consistant à « s’excuser ». Si dans l’opposition, on se montre intéressés et dans l’attente d’arguments, dans les rangs conservateurs, on entend un discret grondement, qui enfle et enfle encore, et qui se transforme en vif éclat de rire collectif, qui dure une bonne trentaine de secondes. Le vieil homme, pourtant lui aussi sou couvert d’un sourire, repris en main la séance :
« Allons, mes frères. Calmons-nous donc et reprenons le contrôle de nos émotions, mais si nous nous dressons là face à une tâche difficile. Sénateur Mattia, toi qui ris plus fort que tous les autres réunis, voudrais tu prendre la parole pour me dire ce qui t’amuses tant ? ».
Le jeune sénateur ONDehors, conformément à la coutume, se lève de son siège et vient au-devant de ses confrères, se présentant face à eux et dos au perchoir du doyen. Debout, il commence à dérouler sa parole et sa clameur :
- Mes frères. De la majorité et de l’opposition. C’est là une bien curieuse requête qui suscite en effet, notre attention. Nous sommes affairés à conduire les affaires de notre cité, nous veillons à la reconstruction de notre patrie, nous recommençons à faire des affaires et avons repris notre grand commerce d’une main ferme. Nous veillons à ce que nos intérêts ne se heurtent pas à ce qui pourrait détruire notre République, par une gouvernance sage qui n’attire pas le mauvais œil de l’extérieur, comme de l’intérieur. Nous sommes en bon terme avec tout ce qui pourrait commercer, et sommes satisfaits ainsi. Nous sommes de bons payeurs, qui remboursons toujours nos dettes. Et nous venons ensuite au Wanmiri, dont nous couvrons les habitants de trésors et bijoux brillants et luxueux. Nous leur donnons tout et faisons acte de notre bonne volonté, dans une attention soutenue qui confine à l’indécence. Et eux, en retour, que font donc ces barbares ? Ces amateurs d’épices qui sont si innombrables sur leurs plages, qui baignent dans l’indigence et la disgrâce ? Ils nous demandent des excuses. Des excuses ! Mais des excuses pour quoi ? Qu’avons-nous fait, nous, qui sommes assis dans cet hémicycle, qui mérite de se mettre le ventre à plat et de faire à ces étrangers le plaisir d’une proskynèse que l’on faisait autrefois aux empereurs rhémiens ? Pour vous, honorable doyen qui cherchez à comprendre la cause de mon impudence, je vous en donne trois.
Nous avons là des étrangers qui exigent des excuses pour un affront qu’ils n’ont pas subit de leur existence. Nous avons là des individus qui pensent que nous leur devons un préjudice moral, au nom de souffrances qu’ils n’ont jamais endurées eux même. Nous venons à eux avec le laurier, et ils viennent à nous en nous reprochant des évènements s’étant produits il y a cinq siècles ? Devons nous présenter des excuses pour Tavaani ? Je pense, mes frères, que vous connaissez ma réponse à cette impudence.
S’ils veulent des excuses, qu’ils demandent ce que les citoyens de Tavaani en pensent. Et ensuite, qu’ils regardent l’état de leur propre archipel qu’ils estiment, au nom d’une obscure veillété territoriale, leur appartenir de droit, comme si les habitants de Tavaani voulaient vivre à leurs côtés. Nos concitoyens possèdent le droit de disposer d’eux même, quoi qu’en pensent le gouvernement d’un pays qui abandonne ses administrés à la misère et au dénuement ! Je préviens ces excellences de la majorité, la demande formulée à notre encontre ne sera que la première d’une longue série d’offensives à notre encontre, et qui ne vaut pas que nous tendions la joue. Les wanmiriens pensent que parce que les voisins parlent la même langue qu’eux, ceux-ci doivent obligatoirement être rattachés à une forme d’espace vital ethnique. Mais nous, velsniens, sommes différents : notre patrie est là où notre corps civique réside. Et nos concitoyens wans de Tavaani ont la même place dans le cœur de notre cité que des citoyens d’Umbra, de Vatluna et de Saliera ! Voilà donc ma première raison : je refuse d’alimenter la machine d’un Etat qui s’estime avoir un droit d’ingérence auprès de de populations qui n’ont jamais exprimer le souhait d’être rattachée à leur obsession de leur nationalisme.
Voici là, ma seconde raison : Pensez-vous que les habitants de Tavaani ont le désire d’entendre ces excuses de notre part ? Si c’était le cas, il y a bien longtemps que cette requête aurait été formulée par ces derniers. Qu’avons-nous à nous rapprocher ? D’avoir fait d’eux des frères ? Des citoyens dotés de droits civiques ? De leur avoir insuffler cette envie d’entreprendre et de réussir ? Nous avons tout donné à nos concitoyens de Tavaani : la joie de la médecine, de l’éducation, d’un bon salaire, le droit de se représenter eux même au sein de nos institutions. Et qu’ont donc les wanmiriens qui pourraient faire envie à nos gens ? Les wanmiriens, plutôt que d’exercer leur revendication vers l’extérieur, devraient apprendre en premier lieu à fournir à leurs citoyens des routes goudronnées, des hôpitaux, des véhicules à moteurs et des soins de santé. Ce faisant, je pense que nous pouvons disposer de la liberté de ne pas prendre en compte cette requête qui confine à l’insolence.
Et enfin, voilà ma troisième raison de tourner en ridicule cette demande pour le moins comique, qui il est vrai, aura eu le mérite de me décrocher un sourire. Jamais, et en aucun cas un pouvoir étranger ne devrait nous obliger à quoi que ce soit. Nous sommes le Sénat des Mille de la Grande République, nous n’avons de compte à rendre à aucune pouvoir sur Terre si ce n’est Dame Fortune. Nous sommes un corps souverain sur toute l’étendue du territoire de la Grande République, l’incarnation du corps civique constitué de l’ensemble de nos citoyens. Nous n’avons pas mis tous nos efforts dans la balance afin de conserver notre indépendance durant tous ces siècles, pour se voir contraints de fournir des excuses injustifiées à une nation du quart-monde.
Pour finir, mes derniers mots seront destinés à notre gouvernement, ces excellences du Conseil Communal dont les membres sont parmi nous. Faites la seule erreur de répondre positivement à la requête de ces étrangers, Hommes du Patrice, faites-leur le moindre geste de servitude qui déshonorerait l’incarnation du corps civique nous sommes…faites cette erreur et le groupe ONDehors se verra dans l’obligation de se retirer de toute participation gouvernementale. Je vous mets au défi de le faire, car si tel est le cas, vous devrez vous battre contre nous sur toutes les propositions de lois à venir dans cet ordre du jour. Nous ne vous lâcherons plus d’une semelle, car nul ne peut se permettre de fouler l’honneur du corps civique comme vous le feriez sans conséquence.
Posté le : 29 août 2024 à 13:28:01
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Achosie maudite
Maceria : Excellences sénateurs, vous qui êtes l’élite de tous les velsniens, il m’est un sujet cher auquel, à mon estimation, le Conseil Communal actuel fait preuve de la plus suprême des incompétences ! Vous le savez tous, vous vous regardez entre vous sans vous l’admettre. Mais scrutez bien le blanc de vos yeux, car cela n’enlèvera rien à l’ignominie que nous subissons en ne faisant qu’évoquer ce nom : Achos.
Huées depuis la plupart des gradins
Maceria : Oui, plaignez-vous tant que vous le voulez, mais quel degré d’incompétence faut-il avoir pour que vous réalisiez à quel point nos cités d’Achosie du Nord, celles que nous nous devons de protéger, courent un danger grave. Velsna, entends-moi, car il s’agit bien là d’une crise existentielle telle que l’avez décrit son excellence Altarini. Velsna a trois ennemis qui menacent son existence, et avec qui il convient de ne jamais transiger : l’Achosie, Kolisburg et la Zélandia. Et la situation que nous vivons en île celtique concerne deux d’entre eux. Et vous, que faites-vous ? Si ce n’est mettre votre tête dans le sable en prononçant un oui béat à toutes les demandes de ces sauvages ? Rien !
Un an ! Cela fait un an jour pour jour depuis que nos citoyens de Strombola ont été frappés au cœur par des terroristes, possédants d’une méthode issue d’un autre âge. Dans ce cas, qu’attendons-nous ? Ils utilisent de telles méthodes ? Alors nous devons répondre ! Au lieu de cela, nous tractons avec ceux chez qui ces criminels se sont réfugiés ? Rendez vous compte du ridicule de cette situation ? Croyez vous que nous devrions racheter le contenant de ce qui nous est volé au perpétrateur d’un tel crime ? Bien sûr que nous. Pourtant, c’est ce que nous faisons.
Alors, excellences, peut-être qu’au lieu de s’empêtrer dans des aventures hasardeuses en pays des margoulins, nous devrions nous préoccuper en premier lieu de la sécurité de nos cités ! Cessons cette intervention inutile à Rasken, et faisons rentrer nos enfants à la maison pour nous préparer à cette affaire autrement plus sérieuse qu’est celle de l’Achosie maudite. Oui excellences, je vous le dis, que maudite soit l’Achosie qui perturbe la tranquillité que nous nous sommes engagés à maintenir avec la meilleure des volontés. Que maudite soit l’Achosie de cette mauvaise foi qui retarde toute tentative de négociation à notre égard. Qu’attendons-nous bon sang ?
Applaudissements sur les bancs d’ONDehors et des Optimates. Gabriele Zonta rappelle à l’ordre en frappant trois fois avec sa canne, les licteurs font de même avec leurs faisceaux
Zonta : Quelle verbe et quelle fougue, excellence Maceria. L’on aurait moi lors de ma prime jeunesse.
Rires épars
Zonta : Mais n’en doutez point, ce n’est guère un compliment. Car j’ai longtemps été aussi ignorant de la chose politique que vous, me laissant rattraper par un grand amour des lettres velsniennes classiques qui il est vrai, sont inspirantes. Une négociation est toujours longue et laborieuse, excellence Maceria, et je ne vous en veux pas de vous l’apprendre. Après tout, jamais aucune commission de travail de notre Sénat illustre ne vous a convié aux affaires étrangères. Ce faisant, votre lecture de la situation me semble catastrophique. Le Sénat aurait inutilement envoyé de l’aide à l’un de ses alliés les plus proches ? J’en doute. Car comme vous ne le savez…peut-être pas, tout service se rend un jour ou l’autre, et des pertes d’Apex nous seraient désastreuses. Je comprends que cela ne vous intéresse guère, excellence, mais pensez donc à vos amis fortunéens qui entendent mettre la main sur ces capitaux.
Rires et applaudissements sur la plupart des bancs
Zonta : Mais passons. Qui parmi nous aurait le cran de dire que l’Achosie n’est pas un sujet important ? Personne à ma connaissance. Et celui qui aurait cette pensée se confronterait certainement un grand nombre de problèmes. Mais excellence Maceria, afin de résoudre un problème, il nous faut le prendre par tous les sens, et non pas seulement celui de l’agression pure et simple. Ce qui paraîtra ainsi si nous procédons de la sorte. Alors je vous en prie, excellence : si vous souhaitez voir notre cité en état de guerre avec la moitié de l’Eurysie, faites donc. Mais en ce qui me concerne, je tiens à la grandeur de notre cité et sa prospérité. Sujet suivant, excellences...