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[R.S. Prodnov - Gallouèse] Une rencontre officieuse à Ligert

Hôtel de La Villestreux, Nantes
La rencontre se déroule dans l'Hôtel-Particulier de La Villecassière

Participants :
  • A.L. Victorovich, Ministre des Relations Extérieures de la République Sociale du Prodnov
  • G. de l'Hairdre, ministre des affaires étrangères du Duché de Gallouèse
Date : 10 janvier 2013

Le ministre du Prodnov socialiste fut reçu à sur le sol ligérois par une discrète escorte en civil. Son avion d'une compagnie pharoise avait atterri dans la matinée à l'aéroport du Champ-d'Enfasse, c'est-à-dire un aéroport d'affaire de petite affluence. Une voiture était à sa disposition pour le conduire dans le centre de la capitale, à l'Hôtel-Particulier de La Villecassière, où devait se tenir la rencontre. La voiture roula une bonne demi-heure avant de s'arrêter devant un immeuble néo-classique en bord de fleuve, sur lequel flottaient trois drapeaux, dont le pavillon national gallèsant. Le bâtiment était un monument historique qui servait pour des réceptions, voir plus - il était habitable - et le reste du temps était visitable. À l'intérieur, un décorum luxueux, certainement hérité d'un passé colonial. Le ministre Victorovitch fut conduit à l'étage, dans le grand-salon. La porte était gardée par un agent de sécurité. Au-dedans, le ministre put serrer la main de Gwetran de l'Hairdre. Derrière eux, des fauteuils disposés face-à-face devant une table-basse. Pas de drapeaux ou autre ornements officiels.

« Monsieur le Ministre ! Gwetran de l'Hairdre, enchanté de faire votre connaissance. Vous avez fait bon voyage ? Nous pouvons discuter ici, dans ces fauteuils, ou bien là-bas, autour d'une table, comme vous voulez. »

Alors qu'il parlait, un interprète traduisait ses propos en russe.
C’était les premiers pas d’un dirigeant prodnovien sur un sol étranger depuis le début de la guerre. Exclusion faite du déplacement d’Alexei Malyshev au Pharois – qui avait tout précipité – la République Sociale avait été contrainte à la sobriété par un agendas intérieur chargé et sulfureux. Loin d’être anodin, que la visite d’Artemiy Loginov à Ligert soit placée sous le sceau du secret était éloquent.
D’autres s’en seraient effarouché, pas lui. Ancien haut fonctionnaire de l’état-major prodnovien, le ministre des Relations extérieures s’était depuis longtemps fait à l’idée qu’on ne gouvernait pas une nation révolutionnaire sans un minimum de tact et de subtilité. La crise qui s’annonçait au Communaterra en était la dernière démonstration en date et les errements de Lavrov Slava également. La RSP se trouverait des alliés, ou périrait, dût-elle pour cela pactiser avec des nations contre-révolutionnaires.

Le B.A.GU.E avait tout bien préparé. Le bateau, l’avion, l’alibi et un traducteur franco-russe. Loginov se chargerait de parler le Pharois dont il maîtrisait quelques bases. On embarqua à Galkovine pour arriver le lendemain à Albi, capitale hétéroclite d’un royaume disparu, et surtout particulièrement multiculturelle et bigarrée. Comme souvent, les Pharois savaient masquer leurs traces, l’argent qui entraient dans leur économie se retrouvait miraculeusement blanchi, et ceux qui entraient à Albigärk disparaissaient dans la foule estudiantine.

De là, il était facile de prendre l’avion vers Liget, aéroport du Champ-d'Enfasse. Loginov se détendit lorsqu’il sentit l’énorme appareil vrombir sous lui et soudain ils étaient dans les airs. La vraie partie commencerait à leur arrivée, mais d’ici là il avait quelques heures pour dormir et grâce aux décalage horaire, elles ne comptaient même pas.

Loginov et son traducteurs débarquèrent anonymes au Champ-d'Enfasse, simple passagers étrangers au milieu des autres. La richesse du Pharois avait démocratisé le touriste et aux yeux d’un Gallésant peu habitué, il n’était pas toujours aisé de distinguer un Albien d’un slave. On les prit en charge et ils sortirent de la zone de l’aéroport pour découvrir rapidement une banlieue bourgeoise et boisée tout à fait charmante. Un hôtel particulier pourvoirait à leurs besoins de discrétion.

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Gwetran de l'Hairdre se trouvait à l’étage, Artemiy Loginov Victorovich le salua.

- Un excellent voyage, répondit-il avec l’aide du traducteur. « Je découvre la Gallouèse avec plaisir, du peu que j’en ai vu c’est un pays magnifique. »

Il hésita une demi-seconde entre les fauteuil et la table puis se dirigea vers cette-dernière d’un air entendu. « Réglons d’abord les questions qui nécessitent de se concentrer. »

Gwetran de l'Hairdre semblait un homme direct et ce n’était pas plus mal.

- Je peu désormais vous l’annoncer officiellement, l’OND a répondu favorablement à notre demande d’envoyer des observateurs. Il semble que toutes les nations de l’organisation se prêteront au jeu. Il y aura également des observateurs Albiens et Pharois conformément aux accords passés avec la République de Peprolov mais étant donné le rôle joué par ces-derniers dans le conflit, leur parole pèsera assurément moins que celle des diplomates Gallèsant. Je suis en mesure de vous fournir le détail de l’organisation des élections si vous souhaitez vous en enquérir maintenant, ou le laisser à votre équipe. Je peux également vous faire un résumé.

Loginov parlait sans fiches, mais elles s’égrenaient dans sa mémoire à mesure qu’il parlait. Si la conversation allait plus dans le détail, il lui faudrait sortir ses dossiers, mais tant qu’à faire il était capable de faire sans pour le moment.

- L’affaire des élections mises à part, je vous renouvelle les vœux que j’avais formulé par correspondance diplomatique. Le Prodnov serait heureux de se rapprocher des nations d’Eurysie de l’ouest et particulièrement de la vôtre, en raison de la voix notable qu’elle représente à l’internationale. Pour le dire peut-être plus franchement, nous n’apprécions guère le procès moral que tendent à faire les nations de l’OND et de l’ONC à ceux qui ne partagent pas comme elles une conception restreinte du commerce et de la démocratie. Nous ne nieront pas l’héritage socialiste qui est le notre mais nous pensons a minima que celui-ci doit être en mesure d’incarner une contre-proposition au modèle des démocraties libérales. La concurrence qui leur est si chère quand elle leur profite doit également avoir lieu sur le plan politique. Par ailleurs nous n’adhérons pas non plus au modèle laxiste et permissif libertaire qui mène au banditisme pharois ou à l’impérialisme kah-tanais.

Il marqua une pause un instant.

- Nous estimons qu’avec la montée en puissance de pôles militaires et politiques, le monde se trouve dans un moment charnière monsieur de l'Hairdre. Je ne suis pas en train de vous proposer un énième pôle qui répéterait les erreurs des autres, mais bien de faire entendre la voix du non-alignement sur les grandes organisations aux prétentions morales hégémoniques.
« Soit monsieur, vous semblez vouloir parler de géostratégie, donc commençons par là. Nous reviendrons sur le sujet des élections après. Je veux bien les détails pour mon équipe, et un résumé de la situation. »

Il fit une pose, et prit une grande inspiration alors qu’adjoint lui transmettait un dossier de notes.

« Donc, question géostratégie… j’entends votre problème avec le… la sorte d’autoritarisme moral de l’OND et, dans une autre mesure, de l’ONC. Pour les second, c’est culte du libre-échangisme, donc du capitalisme - je n’insisterais pas sur les divergences que nous pourrons avoir, vous et moi, sur la question - mais nous comprenons une sorte de revendication de « camp du bien » qui vous pose problème autant qu’à nous. Et pour les premiers, même histoire, et si j’ose dire entre nous, en pire : comment revendiquer être le seul camp de la démocratie ? Bref, cette émergence de pôles politico-militaire comme vous dites, pour ainsi dire « absolutistes » puisqu’ils veulent imposer leur modèle, pose problème. Vous prônez le non-alignement, et nous aussi nous le faisons depuis longtemps. Pour cela nous sommes passés par l’UNIL, qui défend à la fois l’indépendance, mais aussi le pacifisme, je serais donc ravi d’entendre votre opinion sur cette union d’ailleurs. Et puis surtout, ce que vous attendez du Duché. Je vous l’ai déjà communiqué à l’écrit : nous sommes, à terme, pour une reconnaissance internationale de la RSP ; mais cela et des liens approfondis dépendent de la bonne tenue des élections de juin. »
- Je dois bien vous avouer que le Prodnov n’a pas et n’a pas eu de position officielle sur l’UNIL. Notre nation en était trop éloignée et à l’époque accaparé par des problèmes d’un autre ordre pour nous pousser à adopter une position claire. Néanmoins nous n’avons aucune hostilité à l’égard de ce genre d’initiatives régionales et autonomes des grands courants idéologiques à prétention hégémonique.

En ce qui concerne nos attentes, elles sont assez générales. Il est évident que la reconnaissance de la République Sociale comme seul régime politique légitime à gouverner le Prodnov est la première de nos ambitions, mais celles-ci sont également d’ordre diplomatique et culturelle. Le premier ministre Malyshev a souhaité rompre avec l’isolement historique du Prodnov et s’ouvrir à l’eurysie de l’ouest dont la Gallouèse est assurément un représentant stable et dynamique.

Le ministre gallèsant écouta attentivement le diplomate du PCRP parler. Il prit un air entendu, qui cachait une certaine déception : Artemiy Loginov ne semblait pas enclin à se dévoiler dans cet échange, et ce serait donc à lui d'avancer ses hypothèses.

« Je vois. Vous désirez en fait une ouverture générale, c'est ça ? Une ouverture sur le Monde ? Bon. Soyez-en sûr, le Prodnov sorti de la guerre ne restera enfermé sur lui même. Je ne vous parle pas d'économie, rassurez-vous monsieur le ministre ! »

Sa tentative de boutade ne sembla pas faire mouche. Il reprit donc.

« Mais, pour que nous puissions avancer, il faudrait que nous sachions plus précisément vers quoi nous nous orientons. Je vous l'avait dit dans mon courrier, peut-être un peu froidement, mais le Duché est prêt à devenir un partenaire de la RSP à condition que celle-ci fasse ses preuves. Nous avons dit que nous reviendrons sur le cadre des élections plus tard, mais finalement, tout cela est lié ; et j'aurais d'ailleurs des propositions à vous faire quant au rôle d'observateur que le Duché aura à jouer. Bref. Qu'attend le gouvernement Malyshev de ses "nouvelles relations" avec l'Eurysie Occidentale ? Et a fortiori des relations qui s'ouvrent, ou s'ouvriront bientôt je l'espère, avec le Duché ? À quoi "notre voix à l'internationale" pourrait-elle vous être utile ? »
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