11/05/2017
23:14:27
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Entrevue (ça change de rencontre) secrète entre l'Astérie et des Velsniens en colère

ENTREVUE SECRETE A PAUILHAC
AUCCITONNE DU SUD

En ce mois de mars, comme d'habitude à cette période de l'année, la pluie battait son plein dans la mégapole sud-auccoise. Quelques grondements d'orages et des éclairs lointains illuminaient ça et là le ciel, donnant une ambiance lugubre digne d'un film dramatique. Les gens se pressaient dans les rues, voulant atteindre au plus vite un abri, au travail ou à la maison. Dans les cours d'école, les balançoires pendaient tristement, les enfants étant confinés à l'intérieur des bâtiments.
La plupart des pauilhacois, l'intégralité en réalité, n'était pas au courant que ce jour était bien spécial. Dans un petit bâtiment situé à 400 mètres de la Chambre Régionale Sud-Auccoise, un jeune homme d'une vingtaine d'années attendait patiemment, l'air maussade, regardant fixement sa tasse de café, presque vide, avec un fond d'un liquide noir qui avait perdu toute sa chaleur. A côté de lui, se tenait un homme grand et de bonne corpulence. Celui-ci faisait les cent pas dans cette petite pièce, cachant sous son veston l'insigne qui prouvait son rang de député de la chambre sud-auccoise. Enfin, assis sur une chaise à l'angle de la pièce, un autre homme, qui avait atteint un âge qu'on pouvait facilement qualifier de "vénérable", fumait avec une pipe, embaumant la pièce d'une fumée qui peinait à s'échapper par la petite fenêtre entrouverte. Le bruit de la pluie résonnait fortement.
Les trois hommes se trouvait en réalité dans une petite pièce souterraine, à l'abri des regards. Ici, pas de caméras, pas de micros, juste quatre murs noirâtres qui n'avaient pas vu un seul membre de la race humaine depuis... même l'historien le plus pointu n'aurait su le dire. Un peu d'eau ruisselait d'un coin de la pièce.

Le vieil homme ôta sa pire de sa bouche et prononça les premières paroles depuis plus d'une heure :

Ca me rappelle quand on se cachait des Listoniens.

Roberto, le jeune homme assis devant sa tasse de café, releva la tête avec un regard interrogateur en direction du vieil homme.

Comment ça ?

Le vieil homme toussa, passa sa main doucement dans sa longue barbe blanche qui lui arrivait aux genoux.

Pendant la guerre d'indépendance de la Funtalie, les soldats listoniens nous traquaient sans cesse.

Roberto esquissa un léger sourire, se tourna vers l'homme qui continuait de marcher, puis se retourner vers le vieillard.

Vous êtes funtaliens ? Vous maîtrisez pourtant si bien le français... Vous avez combattu contre les Listoniens ?

Le vétéran hocha doucement la tête, bougea les jambes en faisant craqueler ses rotules.

Ma mère était gallésane. Elle a été... elle n'a pas survécu à la guerre d'indépendance. Je suis resté trois jours enfermé dans un trou à rat comme celui-ci, en espérant que la Legia Mortis ne viendrait pas nous débusquer... Ils n'auraient eu aucune pitié.

L'homme obèse, traînant sa bedaine d'un bout à l'autre de la salle, dit d'un air aigri :

Bon ils arrivent ces Velsniens ?! C'est quand même pas compliqué... J'aimerais bien être parti avant de voir ce toit nous effondrer sur la gueule.

Roberto bougea doucement sur sa chaise. Cet homme austère le mettait mal à l'aise... Dommage que "V", la femme qu'il avait vu à Velsna, ne venait pas. Un peu de féminité n'aurait pas fait de mal...

Soudain, des pas se firent entendre au-dessus d'eux. Le député sud-auccois porta un doigt à ses lèvres, puis monta doucement les marches qui menait à la pièce du dessus. Enfin, doucement est un bien grand mot... son poids faisait tellement craquer les marches qu'on l'avait certainement entendu à Velsna. En arrivant à la quatrième marche, la planche de bois céda. L'homme lâcha un juron et continua.

En arrivant en haut, il reconnut d'un coup d'oeil ses invités... Seuls des Velsniens pouvaient s'habiller comme ça.

Bienvenue à Pauilhac ! Belle journée de merde hein... Bon, on fera les présentations en bas, suivez-moi... Et faîtes gaffe, ya une marche qui s'est euh... cassée. C'est un vieux bâtiment. A tout moment on se prend le bâtiment dans la gueule. Bon allons-y !

D’ordinaire, on associait rarement Velsna au courant politique du socialiste, ou même du communisme. Pourtant, c’est de détromper sur beaucoup de choses. En effet, bien que le droit syndical y soit quasi inexistant, que la représentation politique soit totalement verrouillée par des institutions ploutocratiques et que la place dans la presse dépende souvent du portefeuille, différents mouvements ont fleuri, pour la plupart dans la clandestinité, principalement dans des bastions ouvriers et industriels, comme dans les usines de la marque automobile Strama, dans la cité de Saliera, ou sur les docks des chantiers navals de Laurenti Alfonso, près de Velsna. Longtemps désorganisé et confidentiel, le mouvement ouvrier connait cependant depuis peu de grands changements qui ont favorisé les conditions d’une émergence. Aujourd’hui, ce qui paraissait impossible il y a dix ans est devenu possible, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’instabilité croissante des institutions de la Grande République et la paralysie gouvernementale ont sérieusement entamé ses capacités de répression des mouvements syndicaux naissants. Pendant que le Triumvirat se déchirait comme une maladie déchire les entrailles d’un patient malade, les différents mouvements politiques et groupuscules obscures ont commencé à s’agréger au cours de l’année 2012. Les évènements récents en Achosie n’ont fait qu’accélérer le processus. Sous l’impulsion du journaliste qui a dédié sa vie à l’éclairage qu’il apporte sur la contestation au pouvoir républicain, les chefs de groupuscules de cinq micro-partis ont ainsi formé, sous la houlette de l’ancien métallurgiste Georgi Marcos, le PEV, le parti eurycommuniste velsnien.
Très tôt, les eurycommunistes ont ainsi cherché à entrer en contact avec des mouvements internationaux et des gouvernements favorables, en vain…jusqu’à ce que ces derniers parviennent à attirer l’attention de l’un de leurs plus proches voisins : les asteriens de l’Aucitonnie du Sud.
La traversée de la frontière fut laborieuse, et marquée par plusieurs contrôles au vu du peu de contact entre les deux pays. Tant Velsna que l’Astérie n’ont pas à cœur l’ouverture de relations diplomatiques officielles, sans pour autant tomber dans un état de conflit.


Le véhicule banalisé s’arrêta devant cet endroit désolé, une modeste Strama coupé noire, peu cher et courant afin de ne pas attirer l’attention. Il en sortait non pas une jeune femme avenante comme l’espérait Roberto, mais quatre hommes d’âge mûr, et l’on en venait à se demander comment quatre personnes adultes aient pu tous rentrer dans cette voiture minuscule. A leur tête, le vieux métallurgiste au crane dégarni, Marcos, et sa bonhommie habituelle, tout sourire le poussait à s’élancer le premier en direction du bâtiment.

Le secrétaire général

A la tête de ses compères, il fit irruption dans la pièce et fut rejoint rapidement par les asteriens. Il serra d’une main ferme la poigne de son homologue, avec ces accents de joie et de soulagement de ne pas être tombé sur un traquenard de la Segreda, le renseignement velsnien :
- Ah. Je suppose que vous êtes nos contacts. Bonjour camarades, ravi de faire votre connaissance, Georgi Marcos, secrétaire général du Parti eurycommuniste velsnien. Pardonnez-nous pour toutes ces discrétions, mais c’était nécessaire. Vous ne voulez pas savoir ce que l’on fait aux nôtres de l’autre côté de la frontière. Quoi qu’il en soit, je vous remercie de votre accueil, même si celui-ci se fait…dans des conditions disons…particulières. C’est ici que se dérouleront les discussions ? Héhé…ça ne diffère pas trop de nos lieux de réunions.
Le gros bonhomme qui avait accueilli les "eurycommunistes" lâcha un léger rire. Il rigola moins lorsque la planche de l'escalier lâcha complètement sous son poids qui aurait donner des cauchemars à un nutritionniste.

Je m'appelle Paolo. Vous verrez, ça a l'air lugubre de l'extérieur, mais de l'intérieur... bah c'est encore pire ! Mais il était hors de question d'attirer l'attention, l'Astérie ne veut pas rentrer tout de suite en guerre ouverte avec ces bourges de Velsna !

Les cinq hommes, peinant à pénétrer dans la cage d'escalier, descendirent lentement, enjambant la planche cassée qui gisait plus bas. Ils entrèrent dans la petite salle carré.

Je vous présente Jean-Pascal ! Enfin c'est son nom francisé, parce qu'en funtalien ça donne.. João Pasca... lito, ou un truc comme ça. Il a peut-être l'air aussi vieux que cette salle, mais je peux vous jurer qu'il est capable de vous coller une raclée aux échecs si l'envie vous prend de le défier ! Enfin, si vous apportez un jeu d'échec.

Il regarda rapidement les quatre hommes.

Evidemment que non. Et le jeunot ici présent s'appelle Roberto. Enfin, c'est le nom qu'il s'est donné à cette fête grandiose dans le palais des trois gueux. Mais je l'ai aussi connu en Juan, Vicente et Antonio. Enfin c'est sans compter, et il entra dans un fou rire la fois où on l'a fait boire de la vodka bas de gamme pour son entrée dans la Soresne et qu'il a incarné une jeune femme du nom de Maria pendant deux heures !

Voyant que ses invités ne trouvaient pas l'anecdote bien marrante, il effaça son sourire comme par magie et fit mine de tousser.

Mais je vous en prie, assez-vous !

En disant cela, il se rendit compte qu'il n'y avait que trois chaises.

Ou alors, comme on dit, on discute mieux debout ! M'enfin on est pas venu les mains vides ! Roberto, va chercher les bières !

Avec un soupir, le jeune homme se leva de sa chaise et alla ouvrir une caisse bleue derrière lui. Cette réunion, qui s'annonçait fabuleuse, tournait au cauchemar. Entre un vieillard qui allait crever à coup sûr dans les prochaines heures, un gros qui occupait la moitié de la pièce à lui tout seul et quatre ancêtres rongés aux os, il vivait un rêve !

Après plusieurs minutes passées à s'installer comme ils pouvaient, Jean-Pascal prit la parole.

Bon, passons aux choses sérieuses. Je tiens à vous le dire, nous sommes nous trois aptes, dans les mesures du raisonnable, à prendre des décisions au nom de l'Union. On ne va pas tourner autour du pot : qui êtes-vous, que faîtes-vous et que voulez-vous exactement ?

Loin de trouver ennuyeuse l'anecdote de "Paolo", deux des cadres du PVE esquissèrent un rire étouffé à l'écoute de leur contact asterien. L'un d'eux répliqué au secrétaire général:
- Si c'est tout ce qui faut pour s'incruster dans une fête guindée, pourquoi on y a pas penser avant Georgi ?
Le rire, bien que contenu, se transmit alors à tous les cadres du parti présent. L'un d'eux renchérit:
- Il pourrait même se faire passer pour la dona de Scaela et lui empoisonné sa bouffe !

Georgi Marcos se ressaisit et demanda un silence qu'il obtint par un simple: "Il suffit, camarades.". Il s'adressa alors aux contacts asteriens sans attendre:
- Bière ou vin, cela fera l'affaire, camarades. Permettez moi d'abord de faire des présentations plus formelles que ce que notre agent vous a faite. Je m'appelle Gerogi Marcos, métallurgiste de profession aux usines automobiles Strama avec vingt-cinq ans de métier, et accessoirement secrétaire général du Parti Eurycommuniste Velsnien nouvellement formé. Mais je suppose que vous n'attendez pas de moi tant une biographie qu'une illustration des idées que nous portons, alors j'irai droit au but. Je nous définirais comme un parti d'avant-garde révolutionnaire, dont le but est l'élévation de la classe ouvrière au pouvoir à Velsna, que ce soit par des élections ou par la guerre. Quand on fait une Révolution, il faut accepter que casser des œufs, qu'on se le dise.
Sur le plan interne, je dirais que nous sommes partisans d'un certain centralisme démocratique. Nous encourageons les membres du parti à discuter et débattre d'une décision politique au moment de la prendre, et une fois que la décision du parti est votée à la majorité, tous les membres du parti doivent faire respecter cette décision. Ainsi est le centralisme démocratique: liberté de discussion et unité d'action. C'est une présentation courte, mais je suppose que ces jeunes hommes ne veulent pas un organigramme complet de notre parti.

Ce que nous faisons ? Eh bien, nous faisons en sorte que notre formation sorte de l'anonymat des usines pour se propager au reste de la population velsnienne, par une communication dynamique, des propositions concrètes, et si l'occasion s'y prête, à une préparation à une lutte armée. La violence est regrettable mais dans ce contexte, c'est la seule chose que certains comprennent au sein de la caste.

Le secrétaire général

Ce que nous voulons ? Je croyais que notre contact avait été clair, mais je vais reformuler. Pour permettre l'émergence d'un parti il faut à la fois des effectifs militants et un contexte politique et économique qui permet la diffusion de nos idées. Ces deux facteurs, nous les avons déjà si j'ose dire. Mais ce qu'il nous manque cruellement, ce sont des fonds pour faire tourner cette boutique. Plus de fonds = plus de moyens, à la fois pour les activités militantes de base: tractage, mise en place d'imprimeries, système de pots de vins pour faire fermer les yeux des autorités quand nous sommes en danger etc... Bref, un parti, ça coûte cher, surtout quand il passe en clandestinité. Nous ne demandons pas le monde: pas plus de quelques millions de florius, rien de plus. Et dans les cas extrêmes, cela nous aidera à nous procurer des armes en cas de répression. Bref, je dirais que votre appui va s’avérer crucial pour le devenir du socialisme à Velsna. C'est pas pour vous mettre la pression hein...mais il y a de l'enjeu. D'autant que le Triumvirat est trop occupé ailleurs pour nous surveiller et qu'il s'agit donc d'une occasion qui ne représentera peut-être pas. Pensez vous que l'on peut déjà se mettre d'accord sur cette aide financière ?
Roberto prit les devants :

Effectivement, votre contact m'avait parlé d'une aide financière. Et c'est surtout ce dont j'ai parlé à mes collègues. Et si nous avons accepté cette entrevue, c'est que... globalement ils sont d'accord. La situation actuelle à Velsna est intolérable. Je l'ai vu de mes yeux. Pendant que des bourgeois se goinfrent dans un palais à fomenter des complots entre eux, des travailleurs crèvent de faim et peinent à nourrir leurs familles. L'Astérie considère qu'elle ne peut pas se limiter à de belles paroles.

En réalité, l'Astérie est plutôt ambitieuse sur le sujet. Pascalito ?


Le vieillard lâcha un soupir qui aurait suffit à laisser une place à la morgue.

Nous commencerons par un plan d'investissement conséquent. La somme que vous demandez nous paraît convenable pour un début. Cependant, il y a plusieurs problèmes. Je suppose que vous comprendrez. Premièrement, il ne s'agirait pas de verser des millions d'argent qui risquerait d'être détournés. A ce sujet nous voulons un compte-rendu détaillé de l'utilisation faite de l'argent. Et cet argent sera versé à un organisme central. Il ne s'agirait pas de permettre à un mec de s'enrichir.

L'Astérie est prête à s'engager au delà d'un simple aspect financier. Enfin, rien d'officiel... il n'est évident pas question, pas pour l'heure en tout cas, de s'impliquer dans un conflit armé. Et même dans l'Union ce projet n'est pas connu de tous. On évite en général de cacher des choses aussi importantes aux citoyens, mais ce serait contre-productif. Nous pensons que faire des entorses aux règles peut s'avérer parfois utile. Cela dit, l'Union possède des factions secrètes au sein de la Soresne. Il serait aisé d'imaginer que des hommes et des femmes volontaires deviennent du jour au lendemain velsniens et apportent matériels, argent et stratégie directement sur place.

J'espère satisfaire vos demandes ?

Le secrétaire général du PEV accueillit la réponse des asteriens avec un soulagement qu'il cacha à peine. Un sourire presque contagieux fut la première réponse, accompagné des murmures enjoués de ses confrères. L'un d'entre eux tend à Georgi un carnet bardés griffonnages et de notes, dont il se saisit tout en accusant réponse à ses interlocuteurs, auprès desquels il est de plus en plus à l'aide, d'autant que sa demande a été satisfaite:
- Je vous remercie bien bas, camarades. Je suis bien de votre avis, d'autant que moi et mes camarades vivons cette situation au quotidien. Velsna est aux mains d'agents d'une bourgeoisie dégénérée qui ne se rend pas compte du mal qu'elle fait à un nombre incalculable de gens. Ils creusent leurs propres tombes, si vous voulez mon avis.
Vous et et moi, je pense que nous avons nos divergences idéologiques, mais je pense que vous roulez pour le même camp que nous, et ça fera largement l'affaire.


Marcos prend alors un ton professoral et pédagogue bougon qui est caractéristique de sa personne.

Après tout, il est bien normal d'adapter le socialisme au contexte dans lequel nous évoluons. Vous avez eu la chance de vivre dans un pays ou les libertés déjà existantes ont permis l’émergence de mouvements libertaires. En ce qui concerne notre propre pays, je pense qu'il faut s'employer à appliquer la théorie loduariste au contexte velsnien, et à déterminer la manière la plus adaptée de faire triompher notre révolution dans un pays d'oligarques. Je ne connais pas très bien l'histoire asterienne, mais j'ai l'impression que vous avez surpassé le capitalisme dans une paix relative, et renverser des structures sociales de démocratie libérale. Velsna est un peu différente car chez nous, le capitalisme se double par un système censitaire qui s'apparente à un système de castes. Il appartient à un groupe de révolutionnaires professionnels, bien organisés et déterminés, de donner l'impulsion historique décisive qui anéantira ces institutions dégénérées. Velsna doit impérativement, selon moi, passer par cette étape si elle veut découvrir la voie du socialisme. Du moins, c'est ainsi que nos statuts l'ont théorisé. Et comme on dit chez nous: le parti c'est le parti, pas vrai ?

Mais bref, trêve de théorie politique. Je suppose que vous n'avez pas prit le risque de nous inviter ici pour ça. Passons aux comptes. Nous avons pris les devants et avons déjà fait les comptes des besoins financiers du parti, histoire de vous mettre en confiance et de ne pas vous donner l'impression que nous faisons dans la gabegie financière.


Le secrétaire se penche alors sur le calepin que lui a transmis l'un de ses camarades, tout en posant ses lunettes sur son nez, à longue distance de ses yeux qui donnaient l'impression que ces dernières étaient là pour la décoration.

Ici, nous comptons les sous. Bon, en premier lieu les frais d'activité militante. Autant commencer par le plus simple. Entre les frais de déplacement de nos militants à l'année, les locations d'imprimeuses pour les affiches et les tracts et les autres frais de fonctionnement, nous en avons pour 1 921 199 florius pour cette année. Autre secteur de dépense: nous avons les frais liés à la corruption potentielle que nous aurons à faire vis à vis des forces de l'ordre étant donné que nous sommes encore une organisation...marginale et que le gouvernement n'hésitera pas à écraser par un quelconque moyen juridique. Je pense que sur ce point là, nous pouvons estimer nos besoins à environ trois millions de florius. Pour finir, le maintien d'une force militante armée qui demande des armes et des équipements liés aux activités clandestines. Mes camarades ont compté...2 012 363 florius et...47 centimes....bordel Guiseppe j'arrive même pas à lire ce que t'as écrit. C'est quoi ça, une virgule ?


Son camarade se penche vers lui en lui répondant sur le ton de la correction:
- Non. C'est écrit 2 012 363 florius et 87 centimes.

Georgi Marcos se corrige alors:
- J'ai fait une erreur dans les chiffres c'est pas la première fois. T'es sûr que c'est 87 ? On dirait pas. Bon, qu'importe. Au total, ça nous fait 5 933 562 de florius.
- Mais nan Georgi c'est pas ça ! 6 millions !
- Bon 6 933 562 de florius alors. Le compte est bon. Maintenant arrêtez de m'emmerder avec vos chiffres.


Bref, pour changer de sujet camarades, n'ayez pas de crainte, le PEV n'est pas encore prêt à d'impliquer dans une lutte armée. Il va sans doute nous falloir des mois, voire des années à tisser un maillage assez dense pour se faire. Aussi, dormez sur vos deux oreilles, camarades, cette somme est la seule chose que nous vous demanderons aujourd'hui. Mais si de votre côté, vous avez d'autres questions ou explications à demander, n'hésitez pas.
Big Daddy, comme le surnommait Roberto, répondit :

C'est une somme conséquente. Nous ne pourrons pas vous verser ça en une seule fois. Mentit aux citoyens astériens est une chose que nous pouvons faire dans ce contexte, les prendre pour des cons, non. Nous échelonnerons cette aide au fil des mois. Et, ne vous préoccupez pas des centimes, franchement ça nous est égal. Tant que nous savons cet argent utile, et si cela ne nuit pas aux Astériens, pas de problème !

Concernant les armes, l'Union peut très bien vous en fournir. Nous n'avons pas le stock de l'Alguarena, mais nous avons quelques petits trucs qui pourrissent dans des casernes. Autant qu'il soit utile. Nous pourrions le faire passer par la frontière. Douane velsnienne ou pas, il y a toujours un moyen de passer. Ca vous fera du matériel pas trop merdique.

Et autre petite chose. Nous préférerions ne pas rester sur le banc de touche... oh mais Pascalito vous l'a dit. Bref, un minimum de contact régulier nous suffira. Et rappelez-vous : l'Auccitonne du Sud est prête, officiellement, à accueillir tous fugitifs velsniens qui le souhaiterez à demander l'asile à l'Union. C'est la moindre des choses.

Mais bon, si vous n'avez rien d'autre, je vous dit rendez-vous dans un an ! Et cette fois-ci, ce sera à la Diète de Liatina que nous vous recevrons officiellement, j'en suis sûr !
Georgi Marcos enleva ses lunettes de son nez et se tâcha de rassurer les asteriens sur les transferts financiers:
- Ne vous en faites pas, camarades. Nous n'avons aucun délai précis à respecter, je laisse à votre discrétion la façon dont vous entendez faire usage de votre propre argent. Je puis vous garantir que l'investissement en vaudra la peine: plus le PEV sera renforcé, plus votre gouvernement pourra se permettre d'envisager d'établir des relations officielles avec Velsna, chose qui peut vous paraître contre-nature aujourd'hui. Il en va de même pour les armes: notre travail est de longue haleine et nous vous laissons la discrétion du délais que vous entendez.

Sur ce camarades, ce fut un plaisir de visiter nos voisins du nord. J'ose espérer que nous nous recroiserons avant l'année prochaine ! Après tout, la réunion de la prochaine Internationale socialiste approche à grands pas et nous comptons bien croiser plusieurs délégués venant de vos contrées.


Les cadres de PEV se levèrent de leurs chaises et firent leurs chaleureuses adieux à leurs homologues asteriens avant de disposer. Le vieux Marcos leva et serra le poing gauche à l'adresse de ses hôtes avant de remonter dans sa petite Strama blanche.

HRP: rencontre terminée pour moi. Ton aide au PEV aura des conséquences sur l'après Triumvirat.
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