11/05/2017
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[Miridian/Grand Kah] Entre deux mondes

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Il fallait renvoyer une image de paix. C'était en somme le mot d'ordre que les membres de la Convention avaient fait passer aux responsables du service protocolaire d'Axis Mundis. C'est que si nul n'ignorait que la Commune Spéciale se trouvait depuis peu au centre d'un dispositif militaire d'une rare intensité, la rencontre entre les autorités Confédérales et celle du Miridian devait être l'occasion d'un grand apaisement. Diplomatique, déjà, mais populaire ensuite, et il n'était pas dit que les aleuciens voient d'un bon œil l'image d'une commune militarisée, en proie à l'émulation nationaliste et révolutionnaire que provoquait chaque conflit au Grand Kah. De toute façon ce n'était pas la première impression que les kah-tanais souhaitaient donner, et ce quel que fut le contexte.

Alors on avait paré la ville de ses plus belles couleur et organisé une de ces grandes liesses populaires qui faisait tout le charme des villes de l'Union. Il ne s'agissait pas exactement d'une processus de dissimulation, mais plutôt d'une démonstration diplomatique rendue facile par l'aspect lointain de la guerre contre la Communaterra. Si des dizaines de milliers de kah-tanais étaient déployés dans ce pays, le poids économique et humain de la guerre ne se faisait pas sentir, au moins à ce stade.

En tout cas, festivités ou pas, Lac-Rouge était très éloignée de l'image que l'on pouvait se faire des villes communistes. Du moins si l'on habitait dans l'un de ces pays radicalement opposé au socialisme, où l'on confondait à dessein les dictatures d'Eurysie aux régimes libertaires présents sur les cinq continents. C'était une ville charmante, installée sur un lac. Les premiers peuples avaient drainés un marécage pour y installer leur royaume, et d'importants monuments avaient survécus à cette période lointaine : des grandes pyramides et places à l'immense digue qui séparait le fameux lac en deux. L'aéroport se trouvait sur la rive sud du lac et donnait sur de grands axes routiers dont une bonne moitié était réservée à un système de métro/tram, lesquels remontaient un avenue en ligne droite, traversant les nombreux quartiers de la ville comme une artère jusqu'à son cœur politique, la commune spéciale d'Axus Mundis. Loin des canaux et des quartiers tantôt modernes, tantôt traditionnels qui composaient l'ensemble du plan urbain, Axis Mundis était installée sur ce qui avait été le centre religieux et économique de l'empire Nahuatl, le Tribunal des Trois sièges, avant de devenir le centre de l'administration coloniale Eurysienne, puis Nazumis. Désormais c'était le centre de la révolution, et les immenses jardins et vieux palais qui entouraient la place centrale s'étaient vu adjoindre des ailes plus modernes, accueillant les innombrables commissariats et commissions administration la confédération.

Les Miridans eurent droit à une cérémonie d'accueil du plus bel effet : on fit sonner douze coups de canon durant leur remonté de l'avenue centrale puis ils traversèrent une haie d'honneur jusqu'au centre de la place, où se trouvait la statue d'un shogun colonial, couverte de banderole colorée et de tags ironiques montrant bien tout le respect que la révolution avait pour ses anciens tyrans. Arrivés sous la statut, la fanfare de la garde d'Axis Mundis, première instance militaire du Grand Kah, joua l'hymne du pays, puis on accompagna tout les représentants jusqu'à un palais contingent, où ils furent installés dans une salle de réunion moderne : une grande pièce rectangulaire, aux murs blancs et gris, éclairée par deux puis de lumière et une immense baie vitrée bordant la table basse où l'on devait s'installer. Derrière cette vitre on voyait le lac et les multiples jardins qui bordaient la structure.

La citoyenne Actée Iccauhtli, qui avait accompagné la délégation jusque-là s'absenta alors pour laisser place aux membres du Comité de Volonté Publique, à la tête duquel la citoyenne Meredith, qui faisait office de tête file officieuse du gouvernement kah-tanais. Cette dernière salua chaleureusement les représentants avant de les faire s'installer sur des coussins autour de la table. Actée réapparut avec un service à thé et commence à remplir divers tasses. Meredith acquiesça.

"Nous pouvons déjà nous féliciter d'en être arrivés là, installés autour d'une même table, à Axis Mundis." Elle sourit de plus belle. "Nous avons beaucoup de choses à nous dire mais je crois que le simple fait de nous rencontrer fait déjà beaucoup pour la paix. Alors. Souhaiteriez-vous commencer ? Je suppose que vous êtes venus avec de nombreux sujets." Elle leva les yeux et acquiesça en direction de la citoyenne Iccauthli, qui venait de lui servir une tasse. "Merci Actée."

Les autres kah-tanais ne disaient encore rien. Ils formaient un ensemble disparate et curieux, qui permettait de facilement les identifier. Viktor Anastase Miloradovitch, dit Caucase, "l'avocat des communes", Commissariat au Consensus. Visage scarifié, regard intelligent, porte un col Mao noir, se tient droit. Réputation de modéré isolationniste. Arko Acheampong "le chiffre" Commissariat au commerce extérieur, Commissariat du maximum. Architecte d'une part importante de la recomposition économique de l'Union après la crise de 2011, soupçonné de sympathie pour les libéraux. Aquilon Mayhuasca "le radical" Coordination à la théorie politique, rapporteur de la Volonté Publique auprès du Parlement, air d'intellectuel nerveux. Air dur. A manœuvré pour doter le Grand Kah d'une armée lorsque le pays était à son plus pacifique, sans doute très heureux des évènements au Commounaterra. Kisa Ixchet "madame des pavés" Commissariat aux affaires éducatives, Commissariat à la Santé. Quasiment inconnue sur la scène internationale, longue carrière dans l'humanitaire, révolutionnaire convaincue, mais empathique selon ce qu'on en savait. Styx Notario "la cryptique" Représentante de la Volonté Publique auprès de la Magistrature, Commissariat suppléant à la Sureté. Femme bizarre, au sourire vide et au regard scrutateur. Silencieuse, à la tête des services secrets de l'Union, ça au moins on le savait. Rai Itzel Sukaretto "la princesse rouge" : Commissariat aux affaires culturelles. Punk, ou gothique, ou les deux. Égérie d'une partie de la jeunesse mondiale, fille du dernier empereur kah-tanais, dictateur éliminé dans les années 90. Difficile à jauger, très présente sur la scène internationale.

Pour le moment, ils laissaient Meredith faire. Mais ils étaient là, ils observaient.
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Pour Miridian et pour la paix


L'avion diplomatique miridian venait de pénétrer dans l'espace aérien kah tanais, à son bord un homme seul et déterminé. Hans Golben contemplait pensivement le paysage s'offrant à lui depuis la vitre de l'avion. Son bilan de ministre des affaires étrangères était plutôt bon pour le moment, il avait connu de nombreux succès comme l'ouverture miridienne au monde, l'entrée dans l'ONC mais surtout son joyau: la CAN (dont il n'est pas le seul père). Toutefois a plusieurs reprises il avait connu des échecs et des crises, comme la crise du poisson ou encore la crise miridio-teyloise. Or les élections nationales miridiennes n'étaient que dans seulement 1 an, il était donc urgent de pacifier la relation avec le Kah afin d'éviter toute crise pouvant nuire au camp du kaiser actuel. Surtout que le principal motif de discorde la Communauterra n'était plus vraiment d'actualité. Les seuls points de désaccord restant était sans doute l'ONC et l'organisation de l'économie mais rien d'insurmontable.

Les miridians avait en général un avis mitigé à la limite du péjoratif sur le Kah. Sa participation à l'organisation Libertaire et sa doctrine économique socialiste était en total opposé de Miridian son système économique libéral et son adhésion à l'ONC. Toutefois les miridians pour la plupart faisait la différence entre le régime plutôt pacifique et démocratique du Kah et les sanglantes tyrannies communistes eurysienne comme la Loduarie ou encore le Kronos. Ainsi les miridians ne voyait pas le Kah en rival/ennemi mais pas non plus comme un ami (du moins pour le moment).

L'avion diplomatique miridian amorça sa descente et se posa sur l'aéroport d'Axus Mundis. Golben en sortit seul, le visage calme mais l’œil alerte. Il balaya du regard les beautés de cette ville qu'il n'avait encore jamais vu, il fût impressionné par les grandioses pyramides et observa avec attention cet étrange mélange de culture entre Eurysie, Nazum et Paltoterra. Golben n'était pas un féru d'architecture comme le Kaiser et ne contemplait donc pas les merveilles de cette ville comme ce dernier l'aurait fait. C'est de son statut d'ancien militaire qu'il apprécia tout particulièrement les nombreux honneurs mis en avant par les kah tanais. Il observa avec attention les soldats en tant de juger leur valeur au combat. Puis il suivit ses guides jusqu'à une salle de réunion où il s'installa, avant d'écouter la kah tanaise parler. Enfin lorsqu'elle eut finie il prit à son tour la parole:

Messieurs, Mesdames je vous salut. Comme vous l'avez si bien dit madame notre présence ici est un pas vers la paix et montre l puissance de la diplomatie et du dialogue. Puisque vous me l'avez demandé je vais donc commencer. Sur la Communuaterra tout d'abord je pense que le sujet n'est plus d'actualité, toutefois j'aimerais présenter mes condoléances à toutes les victimes kah tanaise de cette guerre. Je n'ai qu'un interrogation sur ce sujet et la voici: et maintenant quel est l'avenir de la Communauterra ?
Ensuite nous avons appris il y a peu la création d'une organisation nommée l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme dont vous faites partie. Je pense que vous pouvez comprendre que cette nouvelle nous a quelque peu inquiétée. L'apparition d'un organisation dont le principal membre fondateur est la Loduarie connue pour son bellicisme et son interventionnisme n'est pas très rassurante. Est donc apparu la crainte que la Loduarie se serve de l’organisation pour mener sa politique de confrontation et d'agression. J'aimerais donc connaitre si possible les buts du kah avec cette organisation ?
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Meredith reçut les condoléances prononcées par son interlocuteur d'un air grave, de circonstance. Cette guerre avait en fin de compte fait assez peu de morts, ce qui donnait à celles-là un statut d'autant plus important. Le Grand Kah s'était déjà déployé à l'étranger ces dix dernières années, mais il s'agissait techniquement de sa première guerre au sens traditionnel du terme. Plus de six mois de déploiement, des dizaines de milliers de kilomètres carrés de terrain capturés puis occupé et, donc, quelques centaines de mort et blessés. Sur la question du devenir de la région, elle laissa Anastase Miloradovitch répondre. Caucase, comme on le surnommait, était un isolationniste, peut-être le moins aventurier de la bande.

"La Communaterra n'existe plus, nous avons dissous le mouvement. Cependant nous avons pu établir un gouvernement provisoire avec l'aide d'habitants du Muzeaj. Ce gouvernement doit permettre la reconstruction de la région sur des bases saines. Respect de la démocratie, pacifisme, et tirer les conclusions de la violence et de l'autoritarisme de la Communaterra." Il se gratta le côté du visage, ses nombreuses cicatrices formaient un épais tapis de chair. Meredith sourit. "Il me semble que ce gouvernement est d'ailleurs en train d'organisé sa convention générale. Nous verrons bien quelle tête aura leur assemblée."

Elle sourit d'autant plus en entendant le sujet suivant. Aquilon fut le premier à dégaine.

"L'UICS n'est de toute façon pas une alliance militaire, si j'en crois le traité que nous avons signés. Maintenant vous voulez savoir pourquoi nous nous sommes engagés en son sein ? Pour la garder à l’œil."

Meredith acquiesça.

"C'est aussi simple que ça, oui. Nous sommes entrés et avons fait entrer plusieurs autres pays libertaires ou tenant du socialisme démocratique afin de pouvoir surveiller cette instance et peser sur ses décisions. Nous n'avons jamais eu peur de lutter contre la Loduarie, cette dernière essaye de faire main basse sur la sphère socialiste et nous entendons nous assurer que leur ligne eurycommuniste dure ne triomphe pas.
- Cette organisation peut aussi avoir son utilité," précisa Styx Notario.
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Golben avait écouter avec attention le kah tanais et lorsqu'il appris le sort de la Communauterra il souriant avec satisfaction. Au plus profond de lui-même il se réjouissait quelque peu de la disparition de ce pays. Il avait été un énorme danger pour la stabilité de la région ainsi que pour le Duché de Sylva allié de premier plan de la République de Miridian. Certes miridian avait quelque peu soutenu Communauterra (ce que le kah ne devait surtout pas apprendre), mais cela avait été à regret et dicté uniquement par la nécessité. L'issue du conflit convenait à la république et à ses intérêts, le reste n'avait que peu d'importance. Quant aux morts de la guerre et bien ils n'étaient pas miridians et communistes de surcroît, c'était donc des pertes acceptables. Golben prit la parole :

Je suis très satisfait de l'issue de ce conflit. Si comme vous le dites la Communauterra n'existe plus et a entamée une transition démocratique la situation est excellente. Ainsi la paix et la stabilité du Paltoterra ne seront plus menacées. Ce qui et vous le comprenez sans doute est dans l'intérêt d'une nation commerçante comme la notre. Tout comme il est le votre puisque vous ne serez plus menacés par un voisin belliqueux et agressif. Nous n'avons plus qu'a espérer que tout ce passe bien et que les habitants tirent les leçons de ce conflit.

Golben fit une petite pause puis parla à nouveau : Comme vous l'avez dit l'UICS n'est pas une alliance militaire. Toutefois nous avons des doutes sur les intentions de la Loduarie et cette organisation pourrait lui servir de tremplin à de futures guerres. Ainsi votre réponse m'a quelque peu rassurée. La présence d'éléments modérés au sein de l'organisation est une bonne chose et entraver toute tentative extrémiste de la Loduarie. Il est tout à votre honneur de vouloir surveiller cette organisation et nous vous en remercions. Si la ligne dure et agressive de l'euryiocommunisme venait à triompher la situation mondiale se tendrait et l'avenir du monde libre serait en danger. Quant au fait que l'organisation puisse avoir une utilité pour le kah nous n'avons rien à redire là dessus. Il s'agit des affaires internes du Grand Kah.
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« L'Eurycommunisme est une plaie », lâcha simplement Styx. « Pour nous c'est aussi un outil utile et nous avons pu en exploiter les déficiences à de nombreuses reprises, mais il ne vous aura pas échappé que c'est nous et nos alliés qui les avons chassés de Tcherchérie et du Mokhaï. »

Meredith sourit.

« Ne nous voilons pas la face. Votre pays est animé par un anti-communisme radical et votre opposition frontale à toute idéologie de démocratie pleine et de droit des travailleurs est attendue de la part d’un État aussi profondément conservateur et oligarchique que le vôtre. Notre position est qu’une fois la question Eurycommniste traitée, vous ferez en sorte de vous attaquer aux idéologies non-dégénérées du corpus socialiste. »

Styx haussa un sourcil mais ne dit rien. C’était effectivement la position Kah-tanaise : Miridian et ses pairs n’avaient de démocratie que le nom. Les notions d’héritage et d’inégalités économiques avaient fait émerger une nouvelle noblesse féodale collectionnant et concentrant les pouvoirs économiques et médiatiques. Leurs démocraties, profondément dysfonctionnelles, ne servaient en fin de compte qu’à calmer les demandes d’un peuple auquel on faisait miroiter une prospérité inatteignable sans une dose importante d’héritage, de népotisme, de corruption. En bref, c’était une république libérale. De fait il était normal que les classes supérieures du pays, qui faisaient la pluie et le beau temps de sa politique, s’opposent à toute idéologie visant à remettre les choses à plat et à offrir, à chacun, le droit à une vie saine. Cela était contraire à leurs intérêts.

Pour autant elle ne s’attendait pas à voir sa camarade exprimer les choses aussi frontalement. Elle attendit, curieuse. Meredith continua.

« Ce pourquoi il faudra encore du temps pour créer une vraie confiance entre nos régimes et les récentes déclarations va-t-en-guerre de votre gouvernement, visant à réactiver une ONC de plus en plus extrême-droitière, ne peut que nous inquiéter. Pour autant je veux bien croire que nous avons des objectifs et des intérêts communs. Concernant les Eurycommunistes, notamment, il est évident qu’il serait préférable pour tout le monde de les faire disparaître. Cela étant dit vous n’arriverez pas à faire taire définitivement les demandes de démocratie et de justice sociale, les étouffer sous leur forme actuelle ne sera pas possible si une alternative moins imbécile n’est pas proposée. Cette solution, le communalisme, existe. Très concrètement, nous allons rogner sur leur domaine. »
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A l'écoute de la kah tanaise nommée Meridith, Golben eut un petit sourire discret. Il devait avouer qu'il était surpris, les kah tanais n’étaient pas connus pour aller aussi droit au but sans enrober le propos de paroles diplomatiques. Là où a plupart des autres représentants diplomatiques d'autre pays auraient étés choqués et outrés, Golben appréciait l'audace de la kah tanaise. Il savait pertinemment que la teneur de sa réponse déciderait du succès ou non du sommet et des relations diplomatiques entre le Kah et Miridian durant les prochaines années. Il prit une profonde inspiration, regarda calmement Meridith droit dans les yeux, puis dit d'un ton tranquille :

Madame j'apprécie votre franchise, avant de pouvoir avancer il est nécessaire de s'expliquer afin d'établir une relation de confiance. Je vais donc vous répondre, non Miridian n'est pas un état fondamentalement anti communiste. Le problème que nous avons avec le communisme est double : le premier est sa propension quasiment inhérente à sa nature de ne pas remettre en jeu son pouvoir lors d’élections à la fin de son mandat créant de manière presque systématique des dictatures et le second sa tendance à la violence basé sur sa haine des religions et de la sois disant classe dominante. En outre s'ajoute à cela son infaisabilité économique, reposant sur le mensonge, la dissimulation et des systèmes de quotas créant pénuries et surplus inutiles. Mais ce dernier problème n'est pas d'une grande gravité puisqu'il relève du choix de l'électeur. En revanche vous pouvez comprendre que l'usage de la violence et l'instauration d'une tyrannie nous dérange. Ainsi notre grille de lecture pour juger les différents mouvements communistes dont le votre est double : use t-il de la violence ? Respecte il la démocratie ? Si oui alors notre position est la neutralité. Mais si cela est non, alors ledit mouvement communiste est considéré comme dangereux. En appliquant donc cette lecture, non Miridian une fois la question de Eurycommnisme réglée ne s'attaquera pas au communalisme. Tout simplement parce que pour le moment il respecte la démocratie et n'use pas de la violence. Si toutefois cela venait à changer bien évidemment la posture de Miridian évoluerait.

Dans un second temps, votre accusation d'être un état oligarchique et peu démocratique est ridicule. Ce ne sont pas des oligarques (qui d'ailleurs n'existent pas) qui contrôlent Miridian mais le peuple et ses représentants élus. Si certes il existe des riches à Miridian, leur fortune repose sur le mérite et non pas la naissance. Les familles riches d'il y a 30 ans ne sont plus celles d'aujourd'hui, car ce qui a été acquis en une génération peut être perdu à la suivante. En tant que méritocratie, à Miridian un fils d'ouvrier peut très bien faire fortune et un fils de riche industriel devenir ouvrier car il a mal géré son entreprise ou mal investi. Notre système récompense les meilleurs, les plus assidus et le seul rôle de l'état est de garantir qu'au départ de la course chacun soit le plus égal possible. Nous offrons à nos citoyens la liberté de se choisir la vie qu'ils souhaitent : une vie à travailler et à s'enrichir, une vie tranquille à stagner ou une vie de débauche te de plaisirs menant à la régression.

Pour en revenir à l'un de nos sujets de discorde, en effet Miridian s'efforce depuis quelques mois (même si cela reste léger) de relancer l'Organisation des Nations Commerçantes. Même si l’appartenance de plusieurs gouvernements de pays membres de l'ONC à l'extrême droite est quelque peu inquiétante, n'est ce pas là le résultat de la démocratie ? Leurs peuples respectifs ont fait le choix de confier le pouvoir à l'extrême droite et qui sommes nous pour juger de leurs choix ? Si nous avons tentés de relancer l'ONC c'est parce que cela est dans notre intérêt et celui du monde en général. Le commerce est essentiel à une économie exportatrice comme la notre mais est aussi utile au monde entier car il est vecteur de paix. Deux peuples qui commercent n'ont pas intérêts à se battre. Mais surtout pour la simple raison que le déclin relatif de l'ONC est venu de pair avec une augmentation croissante de conflits. Si il ne s'agit sans doute pas là d'une causalité, nous pensons qu'il s'agit tout de même d'une corrélation. D'autres organisations ont tentées de combler le vide que l'ONC a laissée comme l'OND mais en vain. En effet l'OND est ce qu'on appelle communément un chien qui aboie mais qui ne mord pas. Et c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas demandé à rejoindre cette organisation pourtant proche idéologiquement. A l'inverse l'ONC du temps où elle était au sommet mordais et jouait donc un rôle de dissuasion. Engager un conflit était possible mais une trop grande escalade ouvrait alors la voie à une intervention de l'ONC. Je vais tout de même relativiser ma position, il est vrai que l'interventionnisme de l'organisation a été trop loin. Toutefois la nouvelle ONC n'est plus celle d'hier et ne s'engagera plus sans raisons valables. Or si le grand Kah et ses alliés continuent la même politique que jusqu'à maintenant je ne vois pas en quoi ils seraient menacés puisqu’ils ne donnent aucune raison à une intervention. Vous avez d'ailleurs mentionné des déclarations va t'en guerre de notre gouvernement, j'aimerais bien
que vous m'expliquiez lesquelles.

Quant à l'Eurycommunisme, nous sommes d'accord avec vous, il est une plaie un cancer pour le monde et nos intérêts convergent sur cette question. Que le communalisme remplace l'eurycommunsime ne nous dérange nullement tant que ce remplacement ce fait par l'assentiment du peuple et la démocratie.
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"Ce ne sont pas des accusations", rectifia-t-elle sans se départir d'un sourire aimable. "Les déséquilibres de pouvoir socio-économiques inhérents aux systèmes capitalistes créent des situations d'oligarchie profitant à une classe au détriment des autres. L'élimination d'une classe d'héritier, dans un tel système, n'empêche pas l'apparition d'une autre au fil du temps. Cependant nous ne sommes pas ici pour tenir une conférence de sociologie ou d'économie. Je vous propose que nous en restions là en ce qui concerne ce débat sans quoi cela pourrait durer de longues, très longues, heures. Et pour un résultat assez discutable."

Elle ne souhaitait pas vraiment s'attarder sur ces questions. Les conceptions douteuses du ministre concernant les systèmes socialistes et sa croyance apparemment aveugle en l'existence d'une quelconque méritocratie n'étaient de toute façon pas le sujet du jour. De plus, elle sentait que Styx commençait doucement à s'impatienter. Cette dernière grimaça.

"Le paradox de la tolérance : tolérons l'intolérance jusqu'à ce qu'elle amène à des conclusions désastreuses pour tous. Sachant que l'extrême droite offre de fausses réponses à de vrais problèmes je trouve votre mansuétude à leur égard problématique. Nous n'attendrons pas que la xénophobie se change en racisme et que le nationalisme de change en fascisme pour assurer la survivance de nos démocraties. Sans parler du fait que le qualificatif même de "démocratie" est discutable dans des systèmes ou des collusions entre capitaux industriels et journalistiques permettent...
– Ce n'est pas le sujet, citoyenne.
– C'est absolument le sujet.
– Ce n'est pas la raison de cette rencontre.
– Soit. Cependant, et je reprends votre logique, s’il n’est pas de notre ressort de juger de gouvernements élus dans de bonnes conditions, je suppose que l’ONC lèvera sou peu les sanctions visant le gouvernement démocratique du Prodnov, élu et réélu dans des conditions démocratiques comme assuré par divers observateurs internationaux, et dont le chef d’État est sujet à une importante prime par les services de votre organisation."

Meredith secoua doucement la tête avant de reprendre.

"Ce que vous nous dites c’est que le caractère interventionniste de l’ONC est une bonne chose car il permet à cette dernière d’obtenir un rôle dissuasif. En d’autres termes, vous arrogez à l’ONC Le droit de se faire police du monde. Soit. C’est une position qui est à l’origine du rejet des pays non-alignés et de l’apparition de formations parallèles telles que l’OND mais qui ne peut pas être remise en cause sur des bases intrinsèques sous peine de faire de la morale, ce qui n’est pas notre sujet. Pour notre part, ce qui nous intéresse, c’est que vous parlez d’une nouvelle ONC, ne s’engageant plus sans raison valable. C’est très rassurant et nous ferons en sorte de maintenir de meilleures relations avec elle et ses composantes, si tant est que cette posture est bien celle de vos partenaires !

Si l’ONC venait à émettre une forme de communiqué reconnaissant l’existence de ces interventions "sans raisons valables", cela serait sans doute un signal très positif envoyé à l’ensemble des chancelleries du monde et permettrait probablement de faire taire les critiques datant de cette précédente ère.

Pour le reste, si nous restons assez irréconciliables sur le plan des idées, il semble que nous sommes au moins en mesure de nous entendre de façon superficielle sur un certains nombres de points ; Ma collègue soulevait la question du Prodnov – la guerre civile se terminant il serait de bon ton pour tous d’en acter les résultats et d’ouvrir la voie à un chemin mutuellement bénéfique, j’ai pour ma part soulevé la nécessité pour l’ONC de rendre publique les intentions louables que vous mentionniez. Ce sont des propositions comme d’autres pour permettre de donner des signaux visibles d’amélioration des relations. Nous sommes très heureux de voir que ces discussions pourront avoir un impact bénéfique, quoi qu’il en soit.
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