11/05/2017
16:19:51
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale Archives des Rencontres Internationales Rencontres achevées

Les champions du Nazum, rencontre Jashuria - Burujoa

5555
kikokonai
Des maisons traditionnelles montagnardes dans la préfecture de Kikokonai

Les relations entre la troisième république du Jashuria et l’Empire Burujoa sont depuis longtemps qualifiées de cordiales, voire amicales par les observateurs géopolitiques. En effet, les deux grandes puissances du Nazum ont depuis plusieurs années mené à bien des “coopérations mutuellement bénéfiques” selon les termes employés par le Département impérial des Affaires étrangères. Ces coopérations protéiformes regroupent un réseau électrique commun, des partages de données universitaires ou encore des exercices militaires réguliers.

Cependant, les observateurs géopolitiques aboutissent presque tous à la même conclusion, presque évidente, que ces coopérations sont avant tout un affichage de la part des deux nations pour entretenir l’image d’un Nazum stable et prospère. En effet, les deux puissances ont tout intérêt à montrer au monde entier que le Nazum est le continent le plus pacifique et florissant au monde, en comparaison aux très tourmentés Eurysie et Paltoterra. C’est ainsi que ces deux pays pourtant radicalement opposés, l’un est une république démocratique, l’autre un empire autocratique, l’un joue à fond la carte de l’alignement de l’ONC quand l’autre privilégie la multipolarité…

De plus, les tensions risquent d’être croissantes entre les deux pays à mesure que chacun des deux va croître et va vouloir augmenter son influence régionale, voire internationale. Si la Jashuria n’a jamais caché ses politiques résolument hégémoniques en intervenant notamment au Mokhaï ou ne masquant pas sa volonté de réprimer tout débordement entre deux nations nazumis. Quant à lui, le Burujoa s’est montré plus craintif, préférant cultiver ses relations de voisinage avant d’affirmer une politique résolument de réunification de la Maronhi avec l’Empire et la pose de la première pierre, il y a quelques semaines à Suwei, d’une organisation de coopération internationale fondée sur l’appartenance des nations à la sphère culturelle cathayenne.

C’est donc pour éviter toute forme de malentendus actuels ou futurs, que les deux nations ont décidés, collectivement, de se retrouver pour une rencontre “amicale” dans la très pittoresque préfecture de Kikokonai, haut lieu du tourisme en montagne au Nazum connus pour ses villages atypiques, ses chemins de randonnés et ses forêts luxuriantes.


kikokonai
Les délégations jashuriannes et burujoises contraintes de prendre le téléphérique pour accéder au château

La délégation jashurianne fut d’abord accueilli à l’aéroport local de Mankhorin, plus grande ville de la préfecture de Kikokonai par tout un parterre de dignitaires burujois comme la présidente du Comité des Préfectures d’Ylma Jinu, le Représentant préfectoral, les Délégués municipaux, l’ambassadeur jashurian au Burujoa mais surtout Keiko Burujoa, princesse impériale et directrice du Département Impérial des Affaires étrangères, considérée comme la numéro 2 de l’exécutif burujois, derrière son grand frère, l’empereur Tadashi IV.

Après de vives salutations, les délégations prirent place dans des voitures et paradèrent quelques minutes dans la ville de Mankhorin, sous les acclamations d’une foule nombreuse avant de rejoindre le village de Yamataka pour visiter un authentique village montagnard ylmasien, avant de déguster quelques produits locaux comme des Karasumi, une confiserie à base de farine de riz cuite, du thé, du jus de carotte et du boeuf wagyu. Enfin, des céramiques locales et des objets en laque ont été offerts par la princesse Keiko à l’ambassadrice Lalanna Preecha.

Les mets dégustés et les présents offerts ont tous été minutieusement choisis par l'ambassadeur du Jashuria en collaboration étroite avec l’impératrice Katherine Ière et la princesse Keiko en marque d’amitié. Par ailleurs, les burujois ont préféré d’abord mettre en avant leur cheffe de la diplomatie, au lieu de l'empereur, pour respecter les pratiques diplomatiques jashuriannes préférant traiter avec les diplomates “professionnels” plutôt que les chefs des exécutifs.

kikokonai
Le château de Kikokonai lieu de l'entretient solennel entre la première ambassadrice et l'empereur

Enfin, une fois cette petite balade touristique et culinaire terminée. Les délégations reprennent la route du château de Kikokonai en voiture, les deux diplomates profitèrent du trajet pour s’échanger quelques amabilités tout en admirant le paysage montagnard qui s’offrent à eux par les larges vitres du véhicule impérial. Dans chaque village, de nombreux burujois munis de drapeaux des deux pays acclament le cortège et brandissent régulièrement le slogan “vive l'amitié éternelle entre le Burujoa et le Jashuria”.

Une fois arrivés à la gare du téléphérique, les plus importants membres des deux délégations prennent place dans la cabine pour accéder au château, là où doit se tenir la rencontre de très hautes importances. Pour l’occasion, la cabine a été entièrement révisée et modernisée et deux fauteuils plus confortables ont été installés afin de rendre le voyage plus confortable pour l'ambassadrice Lallana et son homologue burujoise. La montée vers le château est absolument majestueuse avec un passage au plus près de temples et de pagodes nichés au cœur d’une magnifique forêt.

kikokonai
Lallana Preecha (de dos) serrant la mains à Keiko Burujoa à l'entrée du château de Kikokonai

Une fois arrivées au sommet, les deux délégations se séparèrent quelques instants pour un “temps de repos”, en prenant notamment le temps de se changer avant la très importante séance de photo officielle pour nourrir les propagandes respectives.

Après quelques minutes de détente, les deux diplomates se retrouvent devant les portes du château pour une poignée de main se voulant historique mais également très codifiée. Les mots échangés avaient déjà été prévus à l’avance, tout comme les interactions de chacune. Le tout se déroula entouré du crépitement des flashs de dizaines de photographes ne voulant pas rater une seconde de cet instant unique.

Après cela, la princesse Keiko invita l'ambassadrice Lallana à entrer dans le château afin de rencontrer l’empereur Tadashi IV qui l'accueillit chaleureusement en lui présentant son épouse Katherine Ière et son fils, le prince héritier Leonhardt.
6860
La Troisième République du Jashuria avait décidé de montrer à l’Empire Burujoa le respect qu’un estimé voisin méritait. Les relations entre les deux puissances étaient relativement complexes. Toutes les deux briguaient l’hégémonie sur le Nazum, avec des stratégies très différentes. Si l’Empereur cherchait avant tout à remettre en place les réseaux de filiations impériales par-delà les océans et au Nazum médian, le Jashuria, lui, s’affairait à travailler sur des coopérations internationales, aussi bien par le biais de l’ONC que par des partenariats locaux, via les Accords de Sokcho. Les deux entités avaient jusqu’à présent conserver des relations plus qu’amicales, mais dans les coulisses du pouvoir, un feu couvait. En effet, sous l’apparente bonhommie des deux pays, les réseaux diplomatiques, militaires et économiques s’activaient pour consolider les positions de leurs différents atouts au Nazum afin de parer à la moindre éventualité.

Les Jashuriens étaient des gens prudents et patients. L’apparente amabilité du Burujoa était plus qu’appréciée et jusqu’à présent, le pays n’avait jamais failli à ses promesses, mais les Jashuriens n’étaient pas naïfs. Dès que le Burujoa en aurait l’occasion, il profiterait de la moindre faiblesse pour contester les positions jashuriennes dans le continent et saper son autorité. Il en était ainsi avec les empires : une part du gâteau ne leur suffisait jamais. La même critique aurait pu être faite au Jashuria ceci dit … et cela aurait été de bonne guerre. Les Jashuriens n’avaient jamais caché leur désir d’imposer leur contrôle sur le Nazum, à leur manière. Mais là où les empires cherchaient à dominer par la force, le Jashuria cherchait avant tout à faire en sorte que les autres intrigants finissent par s’apercevoir que jouer le jeu du Jashuria s’avérait gagnant sur tous les tableaux. Le pays n’avait jamais menti sur son idée d’aire de prospérité commune.

Toujours est-il que les sujets sur lesquels le Jashuria et le Burujoa allaient devoir se confronter dans les prochaines années étaient de nature à envenimer les relations entre les deux entités politiques principales du Nazum. La question des feudataires de l’Empire Xin en était une. L’Empire restait influent, mais moribond et ses feudataires s’écharpaient continuellement sans que l’Empire n’intervienne directement. Au sein du Palais Impérial, les intrigues de Cour prévalaient sur la politique internationale et paralysait ce qui avait autrefois été une puissance de premier plan dans le continent. Restait à savoir ce qu’il conviendrait de faire de ses feudataires, dont nombre d’entre eux étaient à proximité de l’Empire Burujoa et menaçaient directement sa sécurité. L’arrivée du Grand Ling dans l’équation changeait quelque peu les paramètres, car l’Empire du Grand Ling affichait une politique ouvertement libérale et mercantile, à des lieues des autocraties xénophobes dans ses parages. Restait à savoir comment influencer la zone sans que le Burujoa et le Jashuria ne finissent à couteaux tirés.

L’autre sujet important sur lequel le Burujoa et le Jashuria pouvait s’écharper était bien entendu le sujet des colonies listoniennes. Les provinces listoniennes du Nazum avaient pendant longtemps été une épine dans le pied des deux pays, tant et si bien que la question n’était pas de savoir si oui ou non ces derniers en prendraient possession, mais plutôt quand et comment. L’invasion d’une colonie listonienne risquait de créer des remous à l’international et si les deux pays voulaient pouvoir agir en toute impunité, il leur faudrait bien évidemment des casus belli solides et indémontables. Le souci était que ni les Jashuriens, ni les Burujoas ne s’étaient mis d’accord sur un partage effectif de ces colonies listoniennes ni même sur un protocole d’intervention. Il restait aussi la problématique du Grand Kah et des pays voisins, qui pouvaient eux-aussi tirer leur épingle du jeu et se montrer hostiles quant à la prise de possession de ces colonies.

Il restait aussi de nombreux sujets annexes, mais tous tournaient autour du futur du Nazum à plus ou moins long terme. Partisan d’une approche partenariale raisonnée, le Jashuria savait que le Burujoa pouvait être un partenaire de poids, mais se méfiait de ses propensions hégémoniques. Le Jashuria savait aussi que certaines de ses vieilles familles aristocratiques rescapées de l’Empire Yahudharma et de l’Administration Fortunéenne voyaient dans le Burujoa un modèle à suivre, la forme impériale contemporaine ravivant dans une partie de sa population une certaine nostalgie. Elles incarnaient ce qu’il restait de la vieille noblesse du Jashuria et possédaient des liens avec l’essentiel des familles nobles des pays voisins. Si elles n’étaient pas dangereuses en tant que telles, elles disposaient de réseaux dans tout le continent et pouvaient être un levier important dans le rapprochement des pays.

En témoignage de l’intérêt que portait la Troisième République du Jashuria à l’Empire Burujoa, le pays avait dépêché la Première et la Quatrième Ambassadrice à Kikokonai. Si le secteur du Nazum était d’ordinaire le pré-carré de la Quatrième Ambassadrice Parvati Mathai, les relations historiques du Burujoa avec le Jashuria s’étaient établies avec la Première Ambassadrice. Il n’était donc pas étonnant que le pays dépêche les deux ambassadrices pour cette occasion unique en son genre.

Accueillie avec déférence à l’entrée du château de Kikokonai, la délégation jashurienne fit preuve des précautions d’usage avec la cohorte de journalistes qui se pressaient autour de Keiko Burujoa. Le décorum était à l’image de la solennité de cette rencontre qui se voulait historique. Ce n’était pas tous les jours que l’Empereur Tadashi IV accueillaient les représentants des nations étrangères. Les deux ambassadrices saluèrent la foule et répondirent aux chaines nationales avec le protocole et la langue de bois en vigueur dans les milieux diplomatiques jashuriens afin de faire parler les chaînes d’informations en continu.

Bombardée de photos aux côtés des officiels burujoas, la délégation jashurienne prit son temps, afin de marquer les esprits. Le Jashuria respectait à la lettre le protocole établi par son hôte et se montra particulièrement amène avec les journalistes. La séance photo terminée et les préparatifs effectués, les Jashuriens furent introduits dans l’enceinte du palais afin de rencontrer l’Empereur. Suivant Keiko Burujoa selon les usages en vigueur, la délégation pénétra dans les halls et les antichambres plus impressionnants les uns que les autres avant d’être introduits dans la salle de réception où attendaient l’Empereur, ses conseillers et sa garde personnelle.

Les Jashuriens s’inclinèrent respectueusement comme le voulait la tradition et saluèrent l’Empereur.

« Votre Majesté, nous vous remercions de nous accueillir en votre demeure de Kikokonai. Nous sommes ravis de voir que vous, votre famille et votre peuple vous portez à merveille. Recevez nos plus sincères salutations de la part du peuple jashurien et du Cercle Intérieur. » déclara Lalana Preecha.

L’un des agents de la délégation s’avança alors devant les deux ambassadrices et déposa à mi-distance un coffret en ébène serti de dorures. Lorsqu’il l’ouvrit, il révéla une magnifique édition de l’Arthashâstra, le traité de gouvernant politique daté du IVe siècle avant notre ère. L’édition, en elle-même, datait du Xe siècle et avait été parfaitement conservée et restaurée par les plus habiles des artisans du livre jashuriens.

« Votre Majesté, veuillez accepter ce présent de la part de la Troisième République du Jashuria. Une édition du Xe siècle de l’Arthashâstra, notre plus précieux traité d’art politique. Puisse-t-il vous inspirer dans votre gouvernance. » ajouta respectueusement Parvati Mathai.
3694
“Votre Excellence, mesdames la première ambassadrice Lalanna Preecha et la quatrième ambassadrice Parvathi Matai, tout le plaisir est pour le peuple burujois qui vous accueille en cette demeure qu’il a construite il y a plusieurs siècles. J’espère que le voyage n’a pas été trop éprouvant et que vous appréciez ce petit prologue touristique dans notre magnifique préfecture de Kikokonai.”

Après cela, l’empereur chaussa des lunettes pour examiner attentivement l’exemplaire de l’Arthashâstra qui lui est offert.

“C’est vraiment un très bel ouvrage que voici… Et remarquablement conservé, je suis profondément honoré que vous fassiez un tel privilège à notre Empire. Je vous promet qu’il nous sera d’une grande inspiration et sera très précieusement conservé dans une des nombreuses bibliothèques de Kurofunaro, notre belle cité impériale.”

L’empereur invite ses hôtes de marque dans un très beau salon du palais de Kikokonai, décoré dans le plus pur style ylmasien et abondamment sublimé de fleurs fraîches. Sa Majesté prit place d’un côté d’une immense table en bois d’acajou richement sculpté et la délégation jashurianne lui fit alors face. A peine tous les officiels et diplomates assis qu’une dizaine de geishas portant chacune un plateau de service à thé traditionnel ylsasien rentèrent dans la pièce et déposèrent devant chaque personne ledit plateau.

La véritable cérémonie du thé dans la tradition ylmasienne est extrêmement codifiée, complexe et assez longue, afin de ne pas inutilement impressionner les invités, la diplomatie burujoise a privilégié une version allégée du rite ancestral du thé. Ainsi, les invités n’ont pas eu besoin de se purifier les mains dans le tsukubai, ni d’admirer quelques œuvres dans le tokonoma et encore moins de s’asseoir dans la position absolument inconfortable, pour tout étranger, du seiza. Au contraire, les jashurians sont assis suivant la mode occidentale sur d’imposantes chaises en bois et ont directement face à eux le service à thé complet. La tradition veut aussi que l’hôte nettoie chaque ustensile : le chawan ou bol à thé, le chasen ou fouet et le chashaku, l’écope à thé devant chacun de ses invités, ce qui ici à été préalablement fait par des serviteurs de l'empereur avec une eau pure prélevée dans les petits ruisseaux d’eau pure des montagnes environnantes.

De même que le thé matcha, en fine poudre selon les rites ylmasiens et non en feuille comme on peut le retrouver dans d’autres régions de l’Empire, du Nazum est du monde est disposée dans une petite coupelle à part pour permettre à chacun de doser son thé. Par ailleurs, l’eau n’est pas chauffée quand à l’accoutumée devant les invités sur un brasero à bois mais déjà versée bouillante dans des petites bouilloires en fonte. En revanche, la première gorgée est toujours réservée à l’hôte, pour voir si le thé est bon, ici l’empereur Tadashi IV, puis à l’invité de marque, ici Lalanna Preecha.

Une fois cet ancestral rituel terminé, l’empereur prit la parole.

“Le programme qui nous attend est très riche, nous devons parler de nos relations bilatérales avec bien évidemment nos coopérations mutuellement bénéfique mais aussi la façon dont nous devons aborder nos politiques étrangères respectives dans notre voisinage immédiat, dans le Nazum et dans le monde entier. Nous ne devons pas nier, tous les deux, que nos deux pays seront amenés dans un futur proche à passer d’une relation amicale à une relation davantage conflictuelle en raison de la montée en puissance de nos pays respectifs. Par ailleurs, le risque de se sentir trahi par l’autre ne cessera jamais d'augmenter. Toutefois, je ne crois pas à la fatalité et je pense qu’il faudrait directement rentrer dans le cœur du sujet en parlant des colonies listoniennes. Je parle bien évidemment de Macao, Terra Verde et Hachurui. Puisque je pense que nous sommes tous les deux d’accord pour mettre fin à ce “statu quo” parfaitement inacceptable pour notre continent. Nous ne pouvons tolérer qu’un pays aussi répressif, militariste et résolument anti-liberté puisse ainsi exister au Nazum, qui plus est un empire. Je pense qu’il est absolument primordial d’imaginer une politique de “libération” de ces colonies résolument nazumis.”
3529
Les Jashuriens acceptèrent le thé avec plaisir, comme le voulait la tradition, et firent les salamalecs d’usage. Au Burujoa, comme au Jashuria, le protocole était ce qui séparait le manant des gens de la haute – le barbare prisonnier de ses passions face à l’être civilisé qui porte un regard apaisé sur le monde. Ces rites ancestraux n’étaient pas simplement là pour faire joli : ils portaient, dans leur structure-même, le poids de millénaire de culture et d’usages. Quiconque était un tant soi peu versé dans les arts de la table jashuriens et burujoas pouvait voir qu’une étrange partie se déroulait ; une partie où hôtes et invités se jaugeaient mutuellement, au travers des gestes répétés mille fois. Le silence était d’or, et il en disait plus que milles mots.

Confortablement installée à l’Eurysienne, la délégation jashurienne écouta religieusement l’ouverture des discussions professée par l’Empereur. A sa suite, Lalana Preecha prit la parole :

« Votre majesté. Il est d’usage de dire au Jashuria qu’avec l’âge vient la sagesse. Les relations conflictuelles que vous suggérez me font plus songer à une crise d’adolescence eurysienne qu’à la maturité qui vous sied d’ordinaire. La Troisième République du Jashuria reste égale à elle-même et nous cherchons avant tout la concorde avec nos proches voisins. Toutefois, vos remarques concernant les colonies listoniennes du Nazum ne tombent pas dans l’oreille de sourds. Nous sommes au courant des regards que vous portez sur les territoires listoniens du Nazum et il va de soi que nous devons trouver une solution sur plusieurs points.

Nous sommes d’accord pour vous concéder que ce statut quo ne profite à personne, pas même à l’Empire Listonien. En effet, nos opérations visant à saboter leur économie se sont à ce jour révélées suffisamment fructueuses dans la région pour faire en sorte que Macao et les colonies méridionales soient sous notre coupe économiquement, ou, à défaut, ne puissent se développer correctement. Nous sommes en position de laisser la situation se dégrader au sein des colonies jusqu’au point de non-retour.

Le fait est que s’emparer des colonies listoniennes n’est pas un problème militaire, mais diplomatique et démographique. Ce n’est pas un problème militaire car l’Empire ne dispose pas de la capacité de projection nécessaire pour contester notre domination aérienne et maritime au Nazum. Mais il s’agit d’un problème diplomatique et démographique. En effet, l’invasion des colonies listoniennes, sous quelque prétexte que ce soit, sera vue par la communauté internationale comme une félonie et entachera à jamais notre image. Si l’Empire Listonien est vu comme moribond, il n’en reste pas moins un Etat souverain et l’envahir nuirait à nos images de marque. Deuxièmement, certains de nos voisins pourraient prendre parti pour la défense de la Listonie et le Nazum pourrait se retrouver dans une guerre larvée dont nous ne tirerons aucun profit. Enfin, le problème est démographique. Les colonies listoniennes du Nazum comporte un grand nombre de Listoniens, plusieurs millions. Les intégrer à nos sociétés ne se fera pas sans heurt et à supposer que nous puissions annexer ces territoires, des précautions devront être prises pour s’assurer que les éléments séditieux soient correctement circonscrits et réduits au silence. Un tel processus pourrait prendre des générations …

C’est pourquoi actuellement, en l’absence d’un casus belli indéniable, l’invasion des colonies listoniennes reste un pari hasardeux. Concédons cependant que les fruits sont juteux et qu’il serait tentant de les cueillir. Mais tout jardinier sait que les fruits les plus mûrs peuvent être acides. Par conséquent, votre majesté, la Troisième République du Jashuria ne saurait que vous conseiller la prudence et la patience. Si nous devons frapper, conjointement, il faut que nos raisons soient indéboulonnables. Mais à la solution militaire, nous avons pour l’instant préféré un patient travail de sape … Mais peut être avez-vous une idée qui pourrait profiter à nos deux pays ? »


4845
L’empereur Tadashi IV prit, comme à son habitude, quelques notes, avant de répondre d’un ton très calme, très posé. Comme toujours, aucun bruit, aucun chuchotement ne fut entendu pendant l’intervention du suprême souverain burujois. Les burujois osent à peine bouger ou même déglutir de peur de déranger leur empereur tout puissant.

“Votre Excellence Preecha, avec tout le respect que je vous dois je n’ai pas explicitement parlé d’invasion militaire de ces territoires mais plus simplement de libération. J’ai volontairement utilisé ce terme assez ouvert et vague, puisque plus notre vision des choses sera globale et large, plus nos chances de parvenir à nos buts seront élevées. En effet, je partage votre constat sur l’impossibilité d’une invasion militaire, non pas à cause d’un déséquilibre des forces armées, je pense que, toute chose égale par ailleurs, une coalition des armées jashuriennes et burujoises seraient capable d’infliger une très lourde défaite à la Listonie. Des pays pourraient bien évidemment s’allier à eux mais pas dans leur voisinage proche et nous pourrions également rapidement mobiliser nos proches alliés régionaux.

Je partage votre constat sur l’inexistence, à l’instant T, d'un casus belli acceptable pour la communauté internationale, mais aussi pour nos peuples respectifs. Bien évidemment, le peuple burujois a un certain enclin historique à la guerre et aux invasions coloniales mais je crois que cet attrait pour le colonialisme s'est éteint avec les siècles. Et je ne parle pas de l’acceptation au Jashuria, véritable république démocratique qui pourrait être gravement secoué par une telle entrée en guerre, de notre propre initiative. Par ailleurs, si la première phase des opérations militaires, consistant à neutraliser les capacités de nuisance de l’armée coloniale listonienne pourrait être rapidement achevée, disons en quelques semaines. La seconde phase, visant à l’occupation et à la pacification des différentes colonies ainsi que leur reconstruction pourrait être particulièrement délicate. En effet, nous savons tous les deux que la Listonie reste un pays assez fermé et que la population sera peu encline à l’occupation par nos pays respectifs de ces régions. Même si, dans les arrières pays, notamment à Hachurui, il existe d’importantes poches de descendants burujois ou tahokais qui seront beaucoup plus enthousiastes par cette occupation.

Donc, pour en revenir à ma première remarque, la libération des régions listoniennes seraient beaucoup plus globales, on pourrait imaginer un effondrement plus massif de cet empire. Nous pourrions activer nos divers réseaux diplomatiques et inciter nos plus grands alliés à enclencher un mouvement plus global de libération de la Listonie. Nous pourrions imaginer un ensemble d’actions visant à une déstabilisation de la Listonie pour continuer à isoler militairement, diplomatiquement l’Empire tout en faisant petit à petit changer de camp l’opinion générale, des listoniens mais aussi des peuples du monde entier. Par le biais d’associations, de nos organismes de développement internationaux nous pourrions entamer diverses actions de bienfaisance, d’humanitaires, d’aides aux populations qui monteraient crescendo. Nous pourrions commencer par de simples dons de nourritures, puis diverses actions de développement local, on repeint une classe d’école puis on aménage la cantine scolaire avant de refaire la cour et enfin de construire toute une école. Bien évidemment, le risque de frottement avec l’administration listonienne est réel et important, mais en maniant de manière intelligente les médias et la propagande interne, comme externe, l’opinion générale pourrait rapidement changer de camp. Nous pourrions également en faire de même sur le plan militaire, avec des provocations légères et pacifiques visant à faire douter le peuple listonien. Si nous menons très subtilement ces provocations en se protégeant derrière des intérêts civils, commerciaux ou humanitaires nous pourrions pousser la Listonie à la faute… impardonnable. Ou sans aller jusque là, des intrusions régulières mais pacifiques à proximité des eaux listoniennes, des frontières terrestres ou de l’espace aérien pourraient nous permettre de tester les capacités de réaction de l’Empire ainsi que de faire douter les listoniens sur la fragilité apparente de leur pays. Nous pourrions également continuer d’augmenter nos mainmise économiques sur ces colonies afin de saper le sentiment d'appartenance à la Listonie et vanter nos modes de vie respectifs.

Donc, pour faire simple, nos pays doivent agir collectivement sur divers tableaux : économiques, médiatiques, humanitaires, diplomatiques, militaires… Je pense qu’un gros travail devra être mené sur la propagande aussi bien intérieure, à l’intérieur de la Listonie qu’à l’intérieur de nos deux pays, même si cela devrait être beaucoup plus simple au Burujoa qu’au Jashuria mais également dans certains pays capable d’intervenir. Je pense notamment au Grand Kah, dont nous devons sécuriser absolument son soutien, ou au moins sa non intervention, comme de l’ensemble des pays de l’ONC. Concernant les autres pays du Nazum, nos alliances respectives et notre hégémonie commune devraient refroidir les pulsions interventionnistes des nazumis les plus excités.”


Enfin, madame Preecha, permettez moi de finir avec un petit trait d'humour mais je ne m'attendais pas qu'une diplomate de talent comme vous, venant d'une république démocratique comme la vôtre associe si rapidement la libération à une opération militaire.
5799
Les deux ambassadrices hochèrent ostensiblement la tête à mesure que l’empereur égrenait ses arguments en faveur d’une intervention sur les colonies listoniennes. La possibilité d’actions d’influences sur la base d’un soft power élargi était séduisante, mais c’était sans compter le fait que le Jashuria et ses produits avaient été déclarés hérétiques par l’Eglise listonienne. Les produits culturels du Jashuria étaient désormais traqués et brûlés sur place publique, quand ils n’étaient pas tout simplement jetés à la mer. Malgré l’adoucissement du régime listonien ces dernières années, l’Eglise, elle, veillait à ce que les Jashuriens ne puissent influencer directement le pays, ce qui limitait grandement les possibilités d’action des influenceurs. Au vu de la vigilance de l’Eglise listonienne, les actions d’influence directes étaient proscrites. Même si le Jashuria pouvait compter sur un soft power fort, à partir du moment où la réaction standard était de brûler les livres et les produits informatiques, les options restaient limitées.

« Vous n’êtes pas sans savoir que l’Eglise listonienne a mis à l’Index la plupart de nos productions culturelles. La diffusion de l’influence jashurienne s’en retrouve donc limitée. Qu’il s’agisse de nos films, de nos œuvres littéraires ou de notre musique, tout est surveillé par les prélats et immédiatement détruit. De ce côté, nous pouvons facilement dire que notre influence restera limitée tant que nous n’aurons pas réussi à trouver un moyen de faire plier l’Eglise listonienne, déclara Lalana Preecha. Ceci dit, l’influence de l’Eglise listonienne dans les colonies se heurte à la mentalité d’une partie de la population, qui vénère d’autres dieux que le Dieu unique. Il devrait être possible d’appuyer sur cette spécificité pour déclencher chez la population une forme de mise en défaut de l’Eglise listonienne.

« J’ajouterai, continua Parvati Mathaï, que si nos options sont limitées sur l’influence culturelle que nous pouvons avoir sur les colonies listoniennes, nos modes d’action ne se limitent pas à cela. Nous pouvons aisément coordonner les entreprises jashuriennes, du moins, entrer en contact avec les grandes corporations, pour qu’elles agissent directement sur l’économie listonienne en appuyant sur ses faiblesses et en investissant directement dans les colonies pour petit à petit les « racheter ». Quant aux associations, aux investissements discrets et autres opérations d’influence, cela reste tout à fait dans le domaine du possible de notre part. Cela resterait une méthode des plus adéquates si nous voulons à terme parvenir à rattacher ces colonies à nos contrées. Plus nous les séparerons culturellement et économiquement de la métropole et plus elles nous seront … redevables. Sur le plan de notre politique intérieure, je pense que le Cercle Intérieur sera particulièrement réceptif à l’idée d’orienter l’opinion publique vers une potentielle libération des colonies listoniennes. »

Les grandes corporations du Jashuria étaient largement plus efficaces dans leurs méthodes que l’Etat jashurien. Au sein du pays, le pouvoir des grandes entreprises était suffisamment grand pour que celles-ci disposent des marges de manœuvres nécessaires pour que leurs griffes atteignent les contrées alentours. Miser sur les grandes industries du pays pouvait se révéler profitable. Elles avaient, de manière assez subtile, participé à la déstabilisation de l’économie de Macao plus d’une fois, si bien que la métropole était toujours étouffée par le commerce jashurien. Mais l’empereur avait raison : il était tout à fait possible de pousser la Listonie à la faute en utilisant la pression économique générée par les entreprises burujoises et jashuriennes sur ses provinces d’outre-mer.

Il restait le problème des autres pays … mais il y avait toujours une solution pour gérer cela.

« Les autres pays sont actuellement bien trop occupés avec l’archipel de Moon pour nous opposer le moindre refus ou avoir le poids diplomatique suffisant pour nous empêcher de faire quoi que ce soit. Leur attention est rivée sur l’archipel et nous faisons en sorte qu’il le reste. La situation risque de devenir rapidement ingérable entre les différents protagonistes et il est à craindre que les retombées de ces évènements n’atteignent Macao, ou pire, notre pays. Si tel devait être le cas, nous nous verrions dans l’obligation d’intervenir pour pacifier la situation, ou au contraire, de la laisser embraser l’archipel jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Le principal problème n’est donc pas le Nazum en tant que tel, mais les puissances étrangères sur d’autres continents. Nous sommes d’accord avec vous sur le fait que le Grand Kah pose et posera toujours un souci via son exclave, mais l’Histoire nous a montré que les Kahtanais étaient des gens avec qui il est possible de discuter, ajouta Lalana d’un ton neutre. »

« Ceci étant dit … le souci n’est pas tant de disserter sur nos potentiels de nuisance respectifs que de définir un plan d’action commun qui puisse satisfaire l’ensemble des parties. Au lieu d’actions isolées, il nous faudrait un plan d’action commun, plus à même de servir nos desseins. Il sera nécessaire de définir au sein de comités stratégiques discrets des plans pour réaliser cette procédure de « libération » des colonies listoniennes. Car, à n’en pas douter, les Listoniens tenteront de nous barrer la route dès qu’ils prendront conscience de ce qui se trame dans leurs territoires, conclut Parvati. »

Les dames ambassadrices ne relevèrent pas la pique de l’empereur. Après tout, le Jashuria était une terre de convenances. Relever une pique n’était pas digne de leur rang et de leur statut au sein de la République du Jashuria. Il n’était pas nécessaire d’envenimer la situation.

Il n’en restait pas moins que le jeu en valait la chandelle. Déployer le soft power jashurien combiné à celui des Burujoa était peut-être un pari gagnant sur le long terme. Avec un peu de chance et de patience, les colonies listoniennes tomberaient dans l’escarcelle du Jashuria et du Burujoa, consolidant l’hégémonie des deux nations. Mais plus que tout, cela consoliderait grandement les liens entre les deux nations, qui se voyaient engagées dans un projet commun : celui de bouter les Listoniens hors du continent. Si le projet échouait, il n’en resterait pas moins que le Jashuria et le Burujoa se seraient rapprochés et auraient appris à travailler ensemble dans une direction commune, limitant les risques d’accrochages sur le long terme. Dans l’ensemble, c’était un pari gagnant, même si les colonies listoniennes résistaient.
4761
L’empereur Tadashi IV réfléchit un instant en essayant de bien prendre en compte tous les enjeux. Lui aussi pense également que dans tous les cas, le Jashuria et l’Empire sortiront gagnant de cette future lutte commune. Après tout, la 5e puissance du monde aidé par le plus grand Empire du monde ne devrait pas avoir de mal à gérer la décolonisation de petits confettis d’un empire au bord du gouffre.

“Mesdames, comme vous le savez, vous avez à faire aujourd’hui à un maître de la colonisation. Il est vrai que cela fait plusieurs siècles que nous avons arrêté nos petites virées à caractère culturelles et sociales à l’étranger mais c’est comme le vélo ou la marche, cela ne s’oublie pas.”

La princesse Keiko Burujoa prit la parole pour ramener la conversation vers un sujet un peu plus sérieux.

“Voyez-vous, nous avons justement pensé à cela. Il est exact que l'Église de Listonie est un sacré obstacle pour nos relais culturels mais il existe des moyens de contournement. Comme vous l’avez très justement relevé, l’Eglise a beaucoup moins de poids auprès des populations autochtones nazumis qu’elle ne peut l’avoir auprès des colons, c’est déjà un bon point pour nous qu’il faudra capitaliser rapidement. Bien évidemment, nous pouvons essayer de nous reposer sur les cultes locaux qui entretiennent des liens plus ou moins forts avec nos propres cultes. Mais nous pouvons également instrumentaliser nous aussi une Église, la plus grande de toutes et la plus universelle, celle de Catholagne. Je ne sais pas si vous êtes tout à fait au courant mais le pape Pie XVI est particulièrement attaché à l’universalité du monde catholique dans son ensemble, il sera donc très coopératif si nous lui démontrons à quel point cette Église dissidente est dangereuse et nuisible. L’Empire dispose de fidèle relais jusque dans le cercle décisionnelle le plus proche de la Catholagne, comme les évêques Mataio Amaru et Yusuke Ujiyasu respectivement Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et Préfet de la Congrégation pour le Clergé Séculier. Mais nous pouvons également nous reposer sur le frère de notre impératrice, monsieur Elmer von Cartier, secrétaire chargé de l'Économie de la Catholagne.”

L’empereur Tadashi IV connaissait déjà les objectifs de sa sœur Keiko Burujoa, il n’écouta ses propos que d’une oreille. Il hésita à prendre la parole mais la laissa à son beau-frère, le prince Shu Burujoa, directeur du département des Finances.

“Concernant l’économie nous sommes d’accord que c’est également un point essentiel et nous partageons votre priorité sur l’incursion de nos entreprises dans l’économie des colonies. Je pense que nos deux pays peuvent, sans mettre en danger leur propre économie, se permettre d’acquérir quelques pans stratégiques. Nous devons nous fixer des priorités d’achat, je pense notamment aux moyens de télécommunications tels que les chaînes de télévision et de radio mais également les opérateurs téléphoniques ou les fonctions supports. Nous pouvons également penser à certaines infrastructures publiques, aussi variées que possible, je pense bien évidemment à des routes mais également aux divers réseaux de transport : trains, bus… Nous devrions également sérieusement étudier la gestion des services publics dans les colonies listoniennes, voyez vous, je pense qu’il est essentiel de prendre pied dans tous les services ingrats mais essentiels comme l’eau potable, l’assainissement, l’énergie ou les ordures ménagères. Vous allez sans doute ne pas voir où nous voulons aller mais si on arrive à prendre pied dans ces services publics industriels, on pourrait avoir d’énormes moyens de chantages envers le gouvernement listonien ou aussi auprès de la population. Ou de l’autre côté, si nous sommes capables d’assurer un niveau de service équivalent à celui que nous offrons à nos propres populations, nous pourrions également faire douter les listoniens sur les compétences de leur gouvernement colonial. Nous devons constamment jouer sur plusieurs tableaux pour être efficaces.”

Après avoir laissé parler sa sœur et son beau-frère, l’empereur Tadashi IV prit la parole pour développer un autre axe de réponse.

“Concernant l’aspect militaire, je pense que nous devrions nous diriger vers une forme de guerre dite hybride. Nos armées respectives ont largement les moyens de supplanter les forces listoniennes, nous disposons de très nombreux chasseurs, nous avons tout deux des portes avions et un certain nombre de blindés. Mais une approche trop belliciste nous apportera plus de problèmes qu’autre chose, alors qu’avec une approche plus légère et sournoise, nous pourrions obtenir davantage de résultats. J’avais notamment pensé à des incursions maritimes légères, d’abord un bateau de pêche, qui se rapproche de plus en plus, puis deux bateaux de pêche, qui se rapprochent de plus en plus et ainsi de suite. Ensuite, on pourrait y ajouter des avions de tourisme civil, qui à nouveau se rapprochent de plus en plus des limites et qui sont de plus en plus nombreux. Une forme de harcèlement constant qui ne cesserait de prendre de l’ampleur quitte à y ajouter par la suite un volet terrestre et à remplacer les bâteaux de pêche par des patrouilleurs et les avions de tourisme par des avions de chasse. Nous devons instaurer le doute, dans toutes les strates de la Listonie.”

Oui, une telle aventure était dangereuse et pourrait conduire les trois pays à la guerre, mais au final, il ne s’agit que de navires de pêche et de pilotes égarés.
Haut de page