Encyclopédie sitade
Posté le : 28 mai 2024 à 23:20:09
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Les Clubs sitades : l'envers du décor parlementaire
Un Club sitade
Qui détient le pouvoir en Sitadie ? Il est difficile de répondre à cette question, tant deux pouvoirs de nature différentes se disputent le contrôle de la Sitadie : le pouvoir industriel, et le pouvoir étatique. Ainsi, la distribution du pouvoir en Sitadie fait régulièrement l'objet d'une comparaison avec la distribution entre le pouvoir temporel et spirituel du Moyen-Âge eurysien. D'un côté, les représentants de la Diète et le Gouvernement mènent la politique du pays, et animent les débats médiatiques d'un flot d'idées très diverses : c'est le pouvoir spirituel sitade. De l'autre, les industriels façonnent le cadre de vie quotidien des sitades, non seulement à travers la vie au travail, mais aussi par la consommation, et la forte influence sur les administrations publiques de la République.
Industriels et Politiques poursuivent chacun aussi bien des buts personnels que collectifs. L'objet de cette brève encyclopédique n'est donc pas de s'attarder sur les buts personnels, qui varient par définition d'un individu à un autre, mais d'étudier les buts collectifs en se focalisant sur les Clubs sitades.
I. Le Club d'Andèves, club nationaliste et premier club sitade
Les Clubs sont apparus au cours du XIXème siècle, en Sitadie. Ils prenaient alors la forme de cafés littéraires secrets entre les écrivains souhaitant l'indépendance de la Sitadie. Le premier club naquit en 1821 à Andèves, au nord de Catalles, capitale sitade. Il rassemblait donc des nationalistes sitades, royalistes comme républicains. Cependant, le Club fût dissous en 1826. En 1834, le duc Marc de Visurges, rallié à la cause indépendantiste, réunit de nouveaux certains nationalistes du Club d'Andèves en les invitant à Visurges. Opposé à la cause républicaine, Marc ne rassembla que des royalistes. Parallèlement, les républicains parvinrent à reconstituer un Club à Détriges. Le Club de Visurges, royaliste, prit rapidement le nom de "Club latin", et le Club de Détriges, républicain, prit le nom de "Club celtique".
II. Le Club latin, club traditionaliste et royaliste
Le Club latin, reconnu officiellement par le duc Marc, visait à soutenir l'ambition de Marc de faire de son duché un duché indépendant, et de conquérir les autres duchés sitades pour fonder un Royaume unifié. Marc meurt cependant en 1846, et le Club latin se rallie alors à Andreas II de Visurges. Le Club latin cherche à instaurer en Sitadie une monarchie parlementaire et démocratique, attachée à ses traditions et à la religion. Il prend le nom de "latin" en raison de sa rhétorique attachée à l'histoire de la Sitadie chrétienne et occidentale, tout en s'opposant à l'Orient et à l'Eglise orthodoxe conçus comme les occupants de la Nation sitade.
III. Le Club celtique, club républicain, nationaliste et raciste
Le Club celtique n'est lui reconnu par aucune autorité publique. Composé d'écrivains nationalistes et républicains, il prône une révolution visant à instaurer une République sitade démocratique, et débarrassée des ducs et des princes, conçus comme des freins à la démocratie et des agents de l'Occupant ou des autres pays étrangers. Il prend le nom de "celtique" en raison de sa rhétorique attachée à l'histoire antique de la Sitadie, et à son héritage celtique. Les membres du Club celtique ont ainsi à de nombreuses fois flirtés avec les théories raciales, prônant la supériorité, sinon l'exception de la "race sitade".
Il est parfois déconcertant de savoir que l'indépendance sitade, vecteur d'affranchissement, de liberté et de démocratie, a été au départ portée d'un côté par des royalistes traditionalistes, et de l'autre par des républicains nationalistes parfois racistes.
IV. Le Club lugien, républicain et universaliste
Cependant, un nouveau club apparaît en 1848, année de l'indépendance, à Catalles : c'est le Club lugien. Le Club lugien prend son nom de la cathédrale de Saint Lug, à Catalles, occupée par des révolutionnaires républicains anti-cléricaux. Les Lugiens s'opposent à l'instauration d'une monarchie, et défendent la mise en place d'une République unitaire et forte afin de se défendre contre les militants réactionnaires et les régimes hostiles. Ainsi, de fait, les Lugiens se rallient rapidement au Club celtique, sans jamais en faire partie pour autant. Là où les Celtiques défendent une conception de la Nation comme étant une entité porteuse de l'héritage du peuple sitade, les Lugiens considèrent la Nation comme une entité universaliste, égalitaire et donc ouverte à qui le veut.
A partir de 1899, les Lugiens et les Celtiques porteront ensemble le projet républicain contre les Latins. La révolution de 1899 portera ainsi les Républicains au pouvoir en 1901 avec l'abolition de la monarchie. Les Lugiens occuperont très vite l'ensemble des sphères du pouvoir au détriment des Celtiques.
V. Les Clubs de la Porte et du Hall, respectivement socialistes et libéraux
En 1901, l'Assemblée nationale est mise en place par les Lugiens, et 1 an plus tard, les Lugiens de l'Assemblée nationale contrôlent la quasi-totalité des pouvoirs de la République. Les Lugiens règnent en maîtres, et mettent en place une République unitaire comme ils l'avaient prévus, mais sont vite rattrapés par des conflits internes. D'un côté, l'aile gauche de l'Assemblée, d'inspiration socialiste, souhaite la mise en place du suffrage universel direct et la garantie de nombreux droits sociaux. De l'autre, l'aile droite, d'inspiration libérale, souhaite le maintien d'un suffrage censitaire et d'un renforcement des droits individuels face aux droits sociaux. C'est le "schisme lugien" de 1902, qui a lieu dans le bâtiment de l'Assemblée nationale : alors que les Lugiens de l'aile droite décident de voter l'ouverture des frontières pour les biens et les personnes en l'absence des Lugiens de l'aile gauche, ces derniers frappent aux portes de l'Assemblée pour exiger pouvoir voter ces lois. Cet évènement, complexe mais très imagé, marquera la distinction entre les Lugiens de gauche, qui deviendront le "Club de la Porte" (Portistes), et les Lugiens de droite, qui cherchent à empêcher ceux de gauche de rentrer dans l'Assemblée, et prennent le nom du "Club du Hall" (Hallistes).
L'épisode des lois d'ouverture des frontières entraînera cependant une vague d'insurrections contre les "Hallistes" qui tentèrent d'écarter les "Portistes", et ces derniers parviennent à prendre le pouvoir. On peut déjà à l'époque distinguer deux périodes : la première, entre 1901 et 1902, est une période de partage des pouvoirs entre les Lugiens, période marquée par la mise en place d'une République hyper-centralisée et l'évincement de l'ensemble des institutions de la monarchie. La seconde période, entre 1902 et 1904, est marquée par le contrôle de l'Assemblée par les Portistes, qui mirent en place le suffrage universel direct, et garantirent de nombreux droits sociaux.
Cependant, après l'enfermement du pays et les nombreux échecs des Portistes, les Hallistes parviennent à récupérer le pouvoir par un coup d'Etat. L'Assemblée nationale est dissoute, et est remplacée par la Diète et le Sénat. Si la Diète est élue au suffrage universel direct, le Sénat est lui élu à un suffrage indirect très complexe. Dans les faits, le régime halliste, qui s'étendra de 1904 à 1908, sera dominé par le Sénat, largement contrôle par les Hallistes. Le régime halliste mettra fin à la plupart des droits sociaux, considérés comme des vecteurs d'instabilité du régime, mais accentuera cependant de nombreuses libertés individuelles comme la liberté d'expression, perçue comme une garantie contre la propagande étatique. En effet, les Hallistes se méfient des dérives de l'Etat, et dénoncent la volonté de la part des Portistes d'imposer leurs conceptions grâce à l'Etat.
Les Latins et autres royalistes parviennent toutefois à remporter les élections sénatoriales de 1908, et les Hallistes se trouvent alors minoritaires dans la Diète, à majorité portiste, et dans le Sénat, à majorité latine/royaliste. La monarchie est rétablie en 1908, après 9 ans d'instabilité.
VI. Le Club des Sabres, club nationaliste
C'est avec le retour de la monarchie qu'un nouveau Club se forme parmi les dissidents des Clubs de la Porte et du Hall : le Club des Sabres. Les Sabristes sont pour la plupart des Lugiens qui ont rejoint l'armée républicaine, et qui préfèrent une politique de "rassemblement" plutôt qu'une politique de division entre Portistes et Hallistes. Le Club des Sabres apparaît donc en réaction à la restauration de la monarchie, dont elle craint que celle-ci ne serve plus les intérêts de la Nation comme ce put être le cas avant la Révolution. Pour autant, le Club des Sabres se distingue des autres Lugiens en ce qu'il accepte cette restauration tant que le nouveau roi respecte la volonté populaire. La "construction idéologique" du Club des Sabres arrive finalement à sa fin en 1911, lorsque les membres du Club des Sabres investissent la nouvelle Diète royale, et décident de destituer le Roi. En effet, les Sabristes sont entrés en désaccord avec le roi Gabriel I en raison de sa politique trop docile envers ses ennemis eurysiens. Les Sabristes craignaient effectivement que la Sitadie ne devienne à nouveau dépendante d'un autre Etat ou soit vassalisée. Le Club des Sabres devint donc un Club nationaliste, protectionniste, mais aussi unitariste et universaliste, très marqué par l'idéal méritocrate de l'Armée. Il se distingue du Club celtique en ce qu'il rejette toute idée de Fédération et qu'il préfère la conception universaliste de la Nation portée par les Lugiens, et se distingue du Club latin en ce qu'il souhaite un lien direct entre le dirigeant et la population, que l'hérédité seule ne saurait remplacer.
Le Club des Sabres réussit à faire de l'un de ses leaders, Carl Veltimares, le chancelier de la République, qui mettra effectivement en place une politique militariste et protectionniste, tout en maintenant un lien très plébiscitaire avec les citoyens.
VII. Le Club rouge, club communiste
Sous la République de 1911, de nouveaux Clubs, emprunts d'idéologies plus modernes, se forment. D'abord, le Club rouge apparaît en 1912 en réaction au régime de Veltimares considéré comme "fasciste". Le Club rouge prône une application des idées socialistes et communistes de façon assez classique : révolution du prolétariat, dictature du prolétariat, puis communisme. Les Rouges seront progressivement emprunts d'idées plus réformistes, tendant parfois vers le réformisme démocratique.
VIII. Le Club soldave, club anarchiste et régionaliste
Ensuite, le Club soldave apparaît en 1915, alors que les Soldaves sont de plus en plus lésés par l'exploitation des mines de charbon de leur région. Le Club soldave n'est pas très loin du Club rouge, dont il est une émanation. Cependant, il prône la méfiance de l'Etat, voire son renversement, et est plus proche des idées anarcho-syndicalistes que des idées communistes dans leur sens traditionnel. Les Soldavistes prônent à l'origine l'indépendance de la Soldavie, mais sont assez vite rejoint par des partisans d'une confédération démocratique sitade, hypothèse qui ne nécessiterait pas nécessairement une sécession de la Soldavie vis-à-vis de la Sitadie.
IX. Le Club de Lyones, club libertarien
La fin du régime de Carl Veltimares en 1918 permet aux Portistes et aux Hallistes d'investir à nouveau les sièges de la Diète. Cependant, avec la forte croissance économique et industrielle que connaît la Sitadie, les théories économiques jusque là portées par les Hallistes se voient confrontées à des questions économiques de plus en plus complexes. Les Hallistes "orthodoxes" prônent alors l'intervention de l'Etat afin d'assurer le bon fonctionnement des marchés. Ainsi le Club des Hallistes rassemblent à la fois des néo-mercantilistes et les partisans d'une régulation monétaire. Face à l'affirmation de cette "jurisprudence économique" interventionniste, certains Hallistes s'éloignent du Club et forment le Club de Lyones. Ce club prend ses racines dans les nombreuses réunions d'économistes et philosophes à l'Université de Lyones, qui formeront l'Ecole sitade. Les Lyonistes prônent la restriction drastique, voire la fin, des interventions de l'Etat dans l'économie. Et parfois même l'abolition pure et simple de l'Etat.
X. Le Club de Natrèbes, club fédéraliste et coopérativiste
Le Club de Natrèbes est un club un peu à part, car relativement discret et éloigné du pouvoir. Il est formellement créé en 1946 à l'Université de Natrèbes. Il rassemble alors des économistes chrétiens, qui cherchent à résoudre la question sociale d'une façon alternative au socialisme traditionnel. L'Ecole de Natrèbes devient alors un courant économique prônant la démocratie économique, sous forme de coopératives ouvrières, voire parfois de socialisme de marché. Le Club de Natrèbes découle de cette école en s'appliquant aussi à d'autre champs que l'application purement économique. En effet, le Club de Natrèbes s'est affiché aux côtés des régionalistes, et se présente parfois comme une alternative plus "modérée" aux revendications du Club soldave en proposant une alternative fédéraliste.
XI. Le cas du Club "orthodoxe"
On parle parfois d'un onzième club, le Club "orthodoxe", pour désigner les monarchistes opposés au Club latin. Ce sont souvent des monarchistes proche de l'Eglise orthodoxe, qui ne souhaitent pas forcément l'indépendance de la Sitadie. Cependant, le "Club orthodoxe" n'existe pas matériellement, est n'est en fait composé que d'anciens aristocrates nostalgiques de la période pré-indépendance, aristocrates qui ne se rencontrent pas forcément entre eux.
Schéma des descendances entre Clubs
Liste synthétique des Clubs sitades
Un Club sitade
Qui détient le pouvoir en Sitadie ? Il est difficile de répondre à cette question, tant deux pouvoirs de nature différentes se disputent le contrôle de la Sitadie : le pouvoir industriel, et le pouvoir étatique. Ainsi, la distribution du pouvoir en Sitadie fait régulièrement l'objet d'une comparaison avec la distribution entre le pouvoir temporel et spirituel du Moyen-Âge eurysien. D'un côté, les représentants de la Diète et le Gouvernement mènent la politique du pays, et animent les débats médiatiques d'un flot d'idées très diverses : c'est le pouvoir spirituel sitade. De l'autre, les industriels façonnent le cadre de vie quotidien des sitades, non seulement à travers la vie au travail, mais aussi par la consommation, et la forte influence sur les administrations publiques de la République.
Industriels et Politiques poursuivent chacun aussi bien des buts personnels que collectifs. L'objet de cette brève encyclopédique n'est donc pas de s'attarder sur les buts personnels, qui varient par définition d'un individu à un autre, mais d'étudier les buts collectifs en se focalisant sur les Clubs sitades.
I. Le Club d'Andèves, club nationaliste et premier club sitade
Les Clubs sont apparus au cours du XIXème siècle, en Sitadie. Ils prenaient alors la forme de cafés littéraires secrets entre les écrivains souhaitant l'indépendance de la Sitadie. Le premier club naquit en 1821 à Andèves, au nord de Catalles, capitale sitade. Il rassemblait donc des nationalistes sitades, royalistes comme républicains. Cependant, le Club fût dissous en 1826. En 1834, le duc Marc de Visurges, rallié à la cause indépendantiste, réunit de nouveaux certains nationalistes du Club d'Andèves en les invitant à Visurges. Opposé à la cause républicaine, Marc ne rassembla que des royalistes. Parallèlement, les républicains parvinrent à reconstituer un Club à Détriges. Le Club de Visurges, royaliste, prit rapidement le nom de "Club latin", et le Club de Détriges, républicain, prit le nom de "Club celtique".
II. Le Club latin, club traditionaliste et royaliste
Le Club latin, reconnu officiellement par le duc Marc, visait à soutenir l'ambition de Marc de faire de son duché un duché indépendant, et de conquérir les autres duchés sitades pour fonder un Royaume unifié. Marc meurt cependant en 1846, et le Club latin se rallie alors à Andreas II de Visurges. Le Club latin cherche à instaurer en Sitadie une monarchie parlementaire et démocratique, attachée à ses traditions et à la religion. Il prend le nom de "latin" en raison de sa rhétorique attachée à l'histoire de la Sitadie chrétienne et occidentale, tout en s'opposant à l'Orient et à l'Eglise orthodoxe conçus comme les occupants de la Nation sitade.
III. Le Club celtique, club républicain, nationaliste et raciste
Le Club celtique n'est lui reconnu par aucune autorité publique. Composé d'écrivains nationalistes et républicains, il prône une révolution visant à instaurer une République sitade démocratique, et débarrassée des ducs et des princes, conçus comme des freins à la démocratie et des agents de l'Occupant ou des autres pays étrangers. Il prend le nom de "celtique" en raison de sa rhétorique attachée à l'histoire antique de la Sitadie, et à son héritage celtique. Les membres du Club celtique ont ainsi à de nombreuses fois flirtés avec les théories raciales, prônant la supériorité, sinon l'exception de la "race sitade".
Il est parfois déconcertant de savoir que l'indépendance sitade, vecteur d'affranchissement, de liberté et de démocratie, a été au départ portée d'un côté par des royalistes traditionalistes, et de l'autre par des républicains nationalistes parfois racistes.
IV. Le Club lugien, républicain et universaliste
Cependant, un nouveau club apparaît en 1848, année de l'indépendance, à Catalles : c'est le Club lugien. Le Club lugien prend son nom de la cathédrale de Saint Lug, à Catalles, occupée par des révolutionnaires républicains anti-cléricaux. Les Lugiens s'opposent à l'instauration d'une monarchie, et défendent la mise en place d'une République unitaire et forte afin de se défendre contre les militants réactionnaires et les régimes hostiles. Ainsi, de fait, les Lugiens se rallient rapidement au Club celtique, sans jamais en faire partie pour autant. Là où les Celtiques défendent une conception de la Nation comme étant une entité porteuse de l'héritage du peuple sitade, les Lugiens considèrent la Nation comme une entité universaliste, égalitaire et donc ouverte à qui le veut.
A partir de 1899, les Lugiens et les Celtiques porteront ensemble le projet républicain contre les Latins. La révolution de 1899 portera ainsi les Républicains au pouvoir en 1901 avec l'abolition de la monarchie. Les Lugiens occuperont très vite l'ensemble des sphères du pouvoir au détriment des Celtiques.
V. Les Clubs de la Porte et du Hall, respectivement socialistes et libéraux
En 1901, l'Assemblée nationale est mise en place par les Lugiens, et 1 an plus tard, les Lugiens de l'Assemblée nationale contrôlent la quasi-totalité des pouvoirs de la République. Les Lugiens règnent en maîtres, et mettent en place une République unitaire comme ils l'avaient prévus, mais sont vite rattrapés par des conflits internes. D'un côté, l'aile gauche de l'Assemblée, d'inspiration socialiste, souhaite la mise en place du suffrage universel direct et la garantie de nombreux droits sociaux. De l'autre, l'aile droite, d'inspiration libérale, souhaite le maintien d'un suffrage censitaire et d'un renforcement des droits individuels face aux droits sociaux. C'est le "schisme lugien" de 1902, qui a lieu dans le bâtiment de l'Assemblée nationale : alors que les Lugiens de l'aile droite décident de voter l'ouverture des frontières pour les biens et les personnes en l'absence des Lugiens de l'aile gauche, ces derniers frappent aux portes de l'Assemblée pour exiger pouvoir voter ces lois. Cet évènement, complexe mais très imagé, marquera la distinction entre les Lugiens de gauche, qui deviendront le "Club de la Porte" (Portistes), et les Lugiens de droite, qui cherchent à empêcher ceux de gauche de rentrer dans l'Assemblée, et prennent le nom du "Club du Hall" (Hallistes).
L'épisode des lois d'ouverture des frontières entraînera cependant une vague d'insurrections contre les "Hallistes" qui tentèrent d'écarter les "Portistes", et ces derniers parviennent à prendre le pouvoir. On peut déjà à l'époque distinguer deux périodes : la première, entre 1901 et 1902, est une période de partage des pouvoirs entre les Lugiens, période marquée par la mise en place d'une République hyper-centralisée et l'évincement de l'ensemble des institutions de la monarchie. La seconde période, entre 1902 et 1904, est marquée par le contrôle de l'Assemblée par les Portistes, qui mirent en place le suffrage universel direct, et garantirent de nombreux droits sociaux.
Cependant, après l'enfermement du pays et les nombreux échecs des Portistes, les Hallistes parviennent à récupérer le pouvoir par un coup d'Etat. L'Assemblée nationale est dissoute, et est remplacée par la Diète et le Sénat. Si la Diète est élue au suffrage universel direct, le Sénat est lui élu à un suffrage indirect très complexe. Dans les faits, le régime halliste, qui s'étendra de 1904 à 1908, sera dominé par le Sénat, largement contrôle par les Hallistes. Le régime halliste mettra fin à la plupart des droits sociaux, considérés comme des vecteurs d'instabilité du régime, mais accentuera cependant de nombreuses libertés individuelles comme la liberté d'expression, perçue comme une garantie contre la propagande étatique. En effet, les Hallistes se méfient des dérives de l'Etat, et dénoncent la volonté de la part des Portistes d'imposer leurs conceptions grâce à l'Etat.
Les Latins et autres royalistes parviennent toutefois à remporter les élections sénatoriales de 1908, et les Hallistes se trouvent alors minoritaires dans la Diète, à majorité portiste, et dans le Sénat, à majorité latine/royaliste. La monarchie est rétablie en 1908, après 9 ans d'instabilité.
VI. Le Club des Sabres, club nationaliste
C'est avec le retour de la monarchie qu'un nouveau Club se forme parmi les dissidents des Clubs de la Porte et du Hall : le Club des Sabres. Les Sabristes sont pour la plupart des Lugiens qui ont rejoint l'armée républicaine, et qui préfèrent une politique de "rassemblement" plutôt qu'une politique de division entre Portistes et Hallistes. Le Club des Sabres apparaît donc en réaction à la restauration de la monarchie, dont elle craint que celle-ci ne serve plus les intérêts de la Nation comme ce put être le cas avant la Révolution. Pour autant, le Club des Sabres se distingue des autres Lugiens en ce qu'il accepte cette restauration tant que le nouveau roi respecte la volonté populaire. La "construction idéologique" du Club des Sabres arrive finalement à sa fin en 1911, lorsque les membres du Club des Sabres investissent la nouvelle Diète royale, et décident de destituer le Roi. En effet, les Sabristes sont entrés en désaccord avec le roi Gabriel I en raison de sa politique trop docile envers ses ennemis eurysiens. Les Sabristes craignaient effectivement que la Sitadie ne devienne à nouveau dépendante d'un autre Etat ou soit vassalisée. Le Club des Sabres devint donc un Club nationaliste, protectionniste, mais aussi unitariste et universaliste, très marqué par l'idéal méritocrate de l'Armée. Il se distingue du Club celtique en ce qu'il rejette toute idée de Fédération et qu'il préfère la conception universaliste de la Nation portée par les Lugiens, et se distingue du Club latin en ce qu'il souhaite un lien direct entre le dirigeant et la population, que l'hérédité seule ne saurait remplacer.
Le Club des Sabres réussit à faire de l'un de ses leaders, Carl Veltimares, le chancelier de la République, qui mettra effectivement en place une politique militariste et protectionniste, tout en maintenant un lien très plébiscitaire avec les citoyens.
VII. Le Club rouge, club communiste
Sous la République de 1911, de nouveaux Clubs, emprunts d'idéologies plus modernes, se forment. D'abord, le Club rouge apparaît en 1912 en réaction au régime de Veltimares considéré comme "fasciste". Le Club rouge prône une application des idées socialistes et communistes de façon assez classique : révolution du prolétariat, dictature du prolétariat, puis communisme. Les Rouges seront progressivement emprunts d'idées plus réformistes, tendant parfois vers le réformisme démocratique.
VIII. Le Club soldave, club anarchiste et régionaliste
Ensuite, le Club soldave apparaît en 1915, alors que les Soldaves sont de plus en plus lésés par l'exploitation des mines de charbon de leur région. Le Club soldave n'est pas très loin du Club rouge, dont il est une émanation. Cependant, il prône la méfiance de l'Etat, voire son renversement, et est plus proche des idées anarcho-syndicalistes que des idées communistes dans leur sens traditionnel. Les Soldavistes prônent à l'origine l'indépendance de la Soldavie, mais sont assez vite rejoint par des partisans d'une confédération démocratique sitade, hypothèse qui ne nécessiterait pas nécessairement une sécession de la Soldavie vis-à-vis de la Sitadie.
IX. Le Club de Lyones, club libertarien
La fin du régime de Carl Veltimares en 1918 permet aux Portistes et aux Hallistes d'investir à nouveau les sièges de la Diète. Cependant, avec la forte croissance économique et industrielle que connaît la Sitadie, les théories économiques jusque là portées par les Hallistes se voient confrontées à des questions économiques de plus en plus complexes. Les Hallistes "orthodoxes" prônent alors l'intervention de l'Etat afin d'assurer le bon fonctionnement des marchés. Ainsi le Club des Hallistes rassemblent à la fois des néo-mercantilistes et les partisans d'une régulation monétaire. Face à l'affirmation de cette "jurisprudence économique" interventionniste, certains Hallistes s'éloignent du Club et forment le Club de Lyones. Ce club prend ses racines dans les nombreuses réunions d'économistes et philosophes à l'Université de Lyones, qui formeront l'Ecole sitade. Les Lyonistes prônent la restriction drastique, voire la fin, des interventions de l'Etat dans l'économie. Et parfois même l'abolition pure et simple de l'Etat.
X. Le Club de Natrèbes, club fédéraliste et coopérativiste
Le Club de Natrèbes est un club un peu à part, car relativement discret et éloigné du pouvoir. Il est formellement créé en 1946 à l'Université de Natrèbes. Il rassemble alors des économistes chrétiens, qui cherchent à résoudre la question sociale d'une façon alternative au socialisme traditionnel. L'Ecole de Natrèbes devient alors un courant économique prônant la démocratie économique, sous forme de coopératives ouvrières, voire parfois de socialisme de marché. Le Club de Natrèbes découle de cette école en s'appliquant aussi à d'autre champs que l'application purement économique. En effet, le Club de Natrèbes s'est affiché aux côtés des régionalistes, et se présente parfois comme une alternative plus "modérée" aux revendications du Club soldave en proposant une alternative fédéraliste.
XI. Le cas du Club "orthodoxe"
On parle parfois d'un onzième club, le Club "orthodoxe", pour désigner les monarchistes opposés au Club latin. Ce sont souvent des monarchistes proche de l'Eglise orthodoxe, qui ne souhaitent pas forcément l'indépendance de la Sitadie. Cependant, le "Club orthodoxe" n'existe pas matériellement, est n'est en fait composé que d'anciens aristocrates nostalgiques de la période pré-indépendance, aristocrates qui ne se rencontrent pas forcément entre eux.
Schéma des descendances entre Clubs
Liste synthétique des Clubs sitades
- Club soldave (1915-...)
- Club rouge (1912-...)
- Club de Natrèbes (1946-...)
- Club de la Porte (1902-...)
- Club lugien (1851-1902)
- Club du Hall (1902-...)
- Club de Lyones (1919-...)
- Club des Sabres (1908-...)
- Club celtique (1835-...)
- Club d'Andèves (1821-1826)
- Club latin (1834-...)
- "Club orthodoxe" (...)