11/05/2017
22:50:06
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Scènes diverses [RP Interne / Local]

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30 Juillet 2023,
Cité de Lykaron, République de Fortuna,
Palatium Solaris,
Au crépuscule,


La journée était bien avancée, pour ne pas dire presque achevée à dire vrai, au loin déjà l'implacable soleil opérait une retraite stratégique, pas à pas, rayon après rayon, disparaissant petit à petit dans le lointain horizon sans pour autant cesser de resplendir sur les étendues océaniques leucytaléenne. La chaleur implacable dont il était l'un des vecteurs les plus assidus était en recul pour sa part, et progressivement à mesure que les ombres gagnaient subtilement du terrain, l'on voyait poindre déjà le retour de la fraîcheur portée par la nuit et ses ténèbres. Un répit pas uniquement acceptable mais aussi essentiel dans cette existence au sein de cette terre aride et battu par les éléments qu'était l'Afarée. Qu'importait son rang après tout, sa richesse ou ses idées, devant la nature, ses caprices et ses affront, tous étaient égaux, de l'humble plébéien de basse extraction au Strategos s'étant hissé à la force de son esprit et de ses bras à sa positon jusqu'à l'incarnation même du pouvoir et de l'aristocratie hellène qu'était la Basilissa Lykaronienne. A ceci près que cette dernière avait des outils et des "arguments" afin de contrebalancer les incartades des éléments. Mais même avec cela, l'existence était pénible, peut être était-ce aussi dû aux divers autres maux, problématiques et autres sujets d'intérêt s'imposant sans quémander quelconque avis et devant recevoir inévitablement attention si ce n'est traitement.

Toujours est-il que le départ de l'astre solaire jusqu'au renouveau du cycle était une satisfaction certaine, le spectacle à lui seul du crépuscule avait quelque chose de fascinant, un amalgame de superbe et de nostalgie, une simple satisfaction pouvant palier à l'esprit bien mieux que de nombreux plaisirs terrestres. Les petites choses n'est-ce-pas... Les jardins et leur agencement, de même que leur position surélevée y étaient aussi un paramètre non négligeable, offrant une vue imprenable autant qu'un refuge permettant de méditer en toute quiétude avec pour seuls témoins la végétation et les bestioles ayant fait leur des murs végétaux leurs demeures... Ainsi que les gardes en faction certes, mais ces derniers savaient se faire discret, c'était dans leur intérêt après tout, la monarque pouvait se montrer très irritable lorsque l'on se risquait à la déranger sans... Raisons valables. Ce qui n'était visiblement pas un facteur d'intimidation pris en compte par l'une des têtes habituées des lieux. L'emblème de la Rose d'Albâtre était un de ces symboles que l'on apercevait tous les jours au sein du Palais, que ce soit via la livrée des serviteurs, sur les brassards des Gardes affiliés ou même sur les atours du Castellan de la place forte d'Ar Corvus, c'était là une vision quotidienne pour les résidant du siège du pouvoir Lykaronien. Après tout, le Comes de l'Olionaï était l'entité faisant office de vigie comme de souffleur à bien des égards, murmurant aux oreilles du trône dès qu'il le pouvait quand à ce qui se déroulait dans le monde et notamment dans le voisinage.

En temps normal il y avait des horaires, des procédures, des us, des coutumes à respecter ci et là afin de converser avec la Monarque, mais en fonction des situations et surtout en fonction des personnes, l'on dispensait des passes droits, ou plutôt l'on faisait semblant de ne rien voir et l'on passait outre tant que les concernés n'outrepassaient guère leurs statuts et n'abusaient pas de la patience extrêmement limitée de leur suzeraine. Celle ci pour sa part siégeant à l'ombre du belvédère surplombant la citée se complaisait d'une tasse chaude de café alors que les traits de la fatigue accablait son visage en cette fin de journée. Un geste de la main avait suffit à signaler au Grand Chancelier, apparu à l'angle des haies et s'étant immédiatement prosterné en l'attente d'instructions de sa suzeraine, qu'il pouvait se relever et s'exprimer sur les raisons de sa présence.


Severus Sil Volta - Votre Majesté Impériale, j'ai ouï dire que la session du conseil avait été houleuse ce matin, je gage que le Patriarche et le Maître des Balances ont déjà accaparé toutes votre vigueur, mais je crains qu'il y ai des évolutions à l'extérieur du territoire dont vous devez être informés sans attendre et qui concernent l'Empire plus ou moins directement.

L'impératrice arqua un sourcil, son attention ayant été vraisemblablement capté et reçu en ses mains un assortiments de documents formant un compte-rendue sur des évènements étant advenue au cours de la journée, prenant quelques instants pour feuilleter le tout, les sourcils arqués se froncèrent progressivement alors qu'un las soupir émergeait des entrailles de la souveraine. Le cas échéant celle ci s'absorba une gorgée de son breuvage d'ébène, elle allait en avoir besoin...

Irène Crysionos - Voilà qui est pour le moins singulier. Singulier mais pas pour autant entièrement surprenant. En même temps qu'elle idée d'impliquer le territoire aux aboutissants contestés dans ses plans. C'est une erreur de débutant flagrante. Et voilà, les Peiratís ont flairés la trainée de sang et par l'odeur alléchée se précipitent en fins limiers mettre à profit la situation. Le petit caporal de Lyonnars n'a pas été fin sur ce coup là, quoique l'a-t-il été un jour ?

Severus Sil Volta - D'après les déclarations et les quelques images glanés par ci par là des badauds, il semble en effet que des effectifs navals ont été déployés afin d'occuper les eaux environnantes de l'Oblast, mais aucune déclaration d'intention n'a peur l'heure été émise officiellement. Bien que nous pouvons théoriser qu'il s'agit là d'une démonstration de force visant à rappeler à tous qui sont les maîtres des mers du Nord. Quand à savoir si les Pharois vont couvrir le régime Lorenzien ou les pousser à la sortie... Seul le temps le diras.

Irène Crysionos - L'Oblast est de peu d'importance, au final ce n'était rien de plus qu'un poids mort, une poterne ouverte en plein dans le dos de la Loduarie, et là, en se tournant vers la Translavya, les rouges ont offert gracieusement ledit dos à tout ceux désirant frapper. Le Pharois était attendu au tournant, mais l'OND ? Oh voyez donc les héros du jour, portant fièrement les bannières de la liberté et droits civiques, brandissant l'égide pour protéger les pauvres agressés contre l'ogre Loduarien. Le coup était habile, l'occasion idéale, un mouvement de maître pour des barbaroïs.

L'impératrice marqua une pause un instant, portant son regard vers l'horizon tout en méditant sur quelques points lui venant à l'esprit. L'action de l'OND était attendu en un sens, logique même au regarde de la poudrière eurysienne, mais à un tel point ? Ce n'était pas un léger coup de poing sur la table... Bien loin de là. C'était une proclamation, un message, et peut être même un appât, un savant piège dissimulé dans le coup. Les prochains jours allaient être très intéressants...

Irène Crysionos - Perdre la face ou se jeter dans la gueule du loup qui n'attend qu'un mouvement pour sauter à la gorge. Vraiment habile... Le petit caporal de Lyonnars a en une journée été mis au pied d'un mur et a vu son impétuosité et ses excès de passions se retourner contre lui et son oeuvre des derniers mois.

Severus Sil Volta - Une sortie sans les honneurs vaut parfois mieux que la poursuite vers une voie sans issue favorable. Si tant est que le vice ne soit pas poussée et que les choses aient déjà été décidés en amont. Le sort de l'oblast semble déjà décidé selon toute logique, reste ceci dit le cas de l'excursion en mer Blême. Le cas de la Translavya n'est certes qu'une excuse, mais n'est hors d'atteinte pour autant, après tout l'Isthme Afaréen est proche, tout comme le Faravan, l'un de leurs membres.

Irène Crysionos - De fait. Un ultimatum pour être crédible doit impliquer de pouvoir mettre à exécution les clauses le composant. La démilitarisation de l'Oblast implique une cessation de la menace sur la Translavya depuis le nord, mais celle du sud demeure. Il est fort peu probable que tous ces gens aient décidés de se concerter pour bluffer tous ensemble, et disposent théoriquement des moyens logistiques et matériels afin d'intervenir si la flotte Loduarienne s'entête à s'attarder.

Severus Sil Volta - Une théorie plausible. Si c'est le cas, alors ce sera la retraite ou l'affrontement. Se pose alors la question de notre rôle dans toute cette histoire désormais votre Majesté Impériale.

Un large sourire malicieux se forma sur le faciès de l'impératrice à cette pensée. Son rôle, ses cartes, ses opportunités. Une réaction en chaîne qui donnait raison à certains et offraient des horizons pour le moins improbables et singuliers.


Irène Crysionos - La question est vite vue. Les Loduariens bien que ce soient des ordures de communistes ont respectés leur part du contrat. Nous en ferons de même en ce qui nous concerne. Les termes tiennent toujours en l'état. Cependant au vue de la situation, il y a fort à parier que nous allons recevoir des nouvelles des rouges, nous ou la Tour Blanche. Poussés au pied du mur quelqu'un est une stratégie efficace, cependant ceux qui ont appliqués à la lettre les instructions du manuel du parfait petit stratège ont oubliés les deux règles essentielles. Achever immédiatement la cible et surtout s'assurer qu'elle n'ait aucune autre porte de sortie sur le long terme.

Severus Sil Volta - En temps et en heures, les acculés se souviendront de ceux qui ne leur auront pas craché au visage et de fil en aiguille seront poussés dans leurs bras afin de leur être redevable.

Irène Crysionos - Cette harpie de Rimini doit jubiler à l'heure actuelle, ses petites manigances ont payés de toute évidence, une pièce de théâtre bien plus importante que ce qu'elle avait envisagée avec de nouvelles portes en train de s'ouvrir. D'un simple battement de l'aile, le papillon a déclenché un effet de réaction en chaîne. Un geste anodin et une rhétorique en apparence banale, et voilà un arbre aux fruits mûres dont nous allons pouvoir nous saisir sans aucuns efforts.


Severus Sil Volta -
Mais avant la récolte, il convient de sécuriser le jardin. L'état major de la Tagma et le Strategos de Keon ainsi que le commandeur des Chevaliers de Saint Michael sur l'île sont déjà au fait de la situation.

Irène Crysionos - Inutile de surréagir, les loups ne sont pas stupide et la meute n'osera pas s'attaquer au lion qui dort si le dogue vient se réfugier dans sa tanière. Contentons nous d'agiter les drapeaux en campant sur nos positions... Dites au Strategos d'intensifier les patrouilles dans l'espace publique et de faire montre de la présence de la Tagma sur Keon en prétextant des exercices. Ce fait là servira de rappel suffisant. Pour le reste, le commandant naval de Balsarah doit être sur les nerfs et agira si nécessaire il y a. Avec les affaires Velsniennes récentes, l'Armada est prête à appareiller à tout instant et ne laissera passer aucune tentative d'intimidation ou plus encore. Et ce n'est certainement pas dans l'intérêt de l'essaim d'opportunistes de leur donner des raisons de s'irriter. Sur ce, vous pouvez disposer.

Et d'un geste de la main, comme en écho au début de cette conversation, la souveraine de Lykaron intima l'ordre au Grand Chancelier de se retirer, s'en retournant avec beaucoup à théoriser, ce alors que les derniers rayons du soleils disparaissaient à l'horizon et que les ombres engloutissaient les dernières lueurs.
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20iem jour du mois de Janvier de l'an 2017 après le crucifié,
Cité de Lykaron, Empire éponyme, République de Fortuna,
Palatium Solaris, Salle des Portulans,
Dans la journée,


La salle des Portulans était une pièce traditionnelle officiant comme pivot et coeur des vieux dispositifs des Palazzios Fortunéen d'antan, dans celles ci de nos jours les vieilles gloires et les prises de guerre ou richesses arrachés à d'âpres négoces étaient traditionnellement exposés et aux yeux des gens du commun, de la plèbe et des simples d'esprits, il s'agissait plus d'authentiques musées et de désormais collections privatisées par les élites que de quoi que ce soit d'autres. En cause le culte du mystère qui régnait dans et autour de celles ci car les us et coutumes interdisaient explicitement l'entrée dans ces salles à quiconque d'extérieur à la maisonnée du propriétaire des lieux, à quelques exceptions historiques près qui tenaient du caprice ou de l'urgence en général mais ne s'étaient jamais généralisés. Ce faisant, les lieux avaient conservé cette aura d'étrangeté et d'inconnue qui régnait autour de leur légende, mais surtout et plus encore s'imposaient comme un véritable sanctuaire, un site supposément permettant de se retirer afin de penser et méditer disaient-on, et dans cette ironie la plus totale qui caractérise l'Histoire, ces avis et théories sur la nature des lieux n'étaient finalement pas si éloignés de la réalité. Et pour cause, une salle des portulans n'était pas seulement un lieu pour se remémorer, non, les trophées n'étaient qu'une anecdote, un agrément visant à peine à se remémorer de ce qui avait déjà été fait, du chemin déjà parcouru, et envisager ce qu'il restait à accomplir.

Car le véritable intérêt des lieux, c'était ses cartes. Oui, des cartes, par dizaines et extrêmement détaillés, traitant d'absolument tous les domaines et les échelles de perception du monde, incluant celles présentant le Globe dans son ensemble, celles détaillant les nations d'un continent en particulier, celles exposant les spécificités d'urbanisme d'une cité ou encore même celles qui illustraient la grandeur et variétés des reliefs d'une aire géographique ciblée. Un des vieux proverbes des Rhêmiens d'autrefois disait que les Strategos et Legate des glorieuses Légions tendaient à se battre systématiquement deux fois à chaque étape de leurs campagnes, livrant bataille une fois sur le champ de bataille en tant que tel, mais aussi avant celle ci réalisée sur les carte. Pour se faire il n'était d'ailleurs pas rares que lesdites pièces incluent des sets de pièces taillés en bois représentants des fantassins, de la cavalerie, des navires et autres catégories de ces troupes et éléments que l'on retrouvait lors des guerres, des ensembles qui servaient comme l'on pouvait s'en douter à simuler le placement approximatif d'armées et de théoriser avec une vision claire quand aux mouvements, stratégies et tout ce qui pouvait advenir tant que c'était imaginable sur le terrain mais depuis la sécurité du coeur du site de pouvoir d'une dynastie. Généralement, et afin de maximiser les opportunités de planification c'était aussi en ces lieux qu'étaient stockés, bien que souvent dans des compartiments secrets et des antichambres dissimulés derrière des murs pivotables ou sous des trappes terrés en dessous d'imposants tapis, d'innombrables rapports divers et variés incluant autant des documents administratifs et diverses listes obtenus de manière légale que certains issues d'activités subversives et provenant d'espions ou d'éclaireurs.

Ainsi, ce n'était pas peu dire que de considérer une salle des Portulans comme un véritable Quartier Général d'un commandement se préparant ou menant une guerre, ce qui souvent leur valait d'être mieux gardés que les salles aux trésors en tant que tel, il fallait dire qu'elles étaient aussi régulièrement prises pour cibles par des rivaux ou des ennemis qui cherchaient à s'emparer des secrets et informations dissimulés derrière les murs du sanctuaire. Bien que dépositaire de l'héritage de Rhême, les Despotes Lykaroniens avaient au fil du temps fait d'innombrables sacrifices, souvent et de plus en plus amputés leur fierté afin de se conformer à la réalité de leur situation, leur dépendance vis à vis de leur sauveur, et ce faisant avaient sciemment fait le choix d'adopter des usages et des traits culturels aux Fortunéens qui ne cessaient tel une bête vorace d'absorber à vue tout ce qu'ils pouvaient lors de leurs voyages à travers le monde, rapportant souvent de précieux enseignements permettant de briser des statu quo divers. Et pourtant, un site hautement stratégique comme une salle des Portulans n'était qu'un ajout très récent qui avait été débuté par feu le Père de la Basilissa actuelle, Theodorus V Sil Crysionos, mais qu'il n'avait jamais pu achever de son vivant, s'étant malencontreusement noyé lors d'un accident de Gondole alors qu'il se rendait au Palais des Doges de Fortuna même lors d'une édition du Carnavale de la République il y a un peu plus de vingt ans.

Officieusement toutefois, cela n'avait rien d'un accident, il s'agissait d'un assassinat soigneusement planifié, l'on découvrit d'ailleurs à posteriori lorsque la Maréchaussée Fantôme rendit les comptes de son enquête, alors que le Concile avait tiré des ficelles pour étouffer l'affaire sur la sphère publique, que les coupables étaient très probablement liés à la faction Landrine de la Mascarade, ce qui relança les vieilles querelles qui gangrenaient les antichambres de la République Fortunéene pour une nouvelle ère de Vendetta qui fut contenu mais au prix du retrait de la politique du Doge et Arbitre ayant précédé l'actuel tenante du poste. Ces évènements avaient laissés bon nombre de non-dits et remis à plus tard une énième lutte de pouvoirs qui culminerait avec la guerre civile Velsnienne et verrait le triomphe du parti Lykaronien. Mais à l'époque, cela avait surtout laissé le Despotat, ou l'Empire entre les mains d'une jeune Basilissa encore assez inexpérimentée et peu informée de ces réalités, de ce poison multi-centenaire qui meurtrissait les états et les relations depuis des lustres. Elle n'avait jamais oubliée, cette tristesse qui lui avait emplit le coeur lors de son couronnement, alors même qu'elle devait faire bonne figure et simuler que rien ne l'atteignait, pour pouvoir régner et ne pas plonger le peuple dans la confusion.

Après coup, elle avait réalisée que ses tentatives de passer outre, de renouer les liens et d'achever le cycle de la haine en roue libre depuis bien trop longtemps, étaient vaines et naïves, ses plus grands regrets que d'avoir perdu tant de temps dans cette entreprise. Après tout, on l'avait fort bien remerciée car peu après la naissance de ses filles jumelles le malheur avait encore frappée la Maison Impériale de Lykaron lorsqu'un laquais soudoyé à la solde des Landrins tenta de la Défenestrer des hauteurs du Palais Impérial, la Garde trop lente et surprise par cette tentative folle n'avait pas été assez rapide, si ce n'était pas pour l'intervention de son Consort, son cher aimé, qui s'était jeté devant l'assaillant, prenant sa place dans ce qui s'acheva comme une chute devant être mortel, elle aurait très certainement rejoint son Père, son frère ainé, et tout ceux bien avant elle. Finalement, c'était peut être à ce moment là que tout avait basculé, qu'elle avait commencée à changer, passant de cette jeune femme accomplie, avec un semblant de bonheur dans son existence et l'espoir d'accomplir de grandes choses pour un avenir meilleur, à cette coquille où il manquait toujours de choses à mesure que le temps passait, cette enveloppe charnelle dévorée par les flammes noirs de la haine qui était obsédée par la vengeance... Oui... C'était à cet instant que cela avait commencé, qu'elle avait perdue de manière irrémédiable quelque chose pour la première fois dans son âme et dont le processus avait continué au fil des années, lorsque les meilleurs physiciens de l'Empire et même de la République Fortunéenne avaient de façon unanime affirmé qu'il était peu probable que son Consort, qui avait miraculeusement survécu à la Chute qui devait être selon toute logique mortelle, se réveille un jour du coma qui le réduisait à un état de légume voué à se flétrir lentement.

Les purges, les caprices, les sautes d'humeurs, tout cela était arrivé progressivement et peu à peu, pas nécessairement dans et ordre, ou dans une suite particulière, c'était simplement arrivé, sur un coup de tête, face à cette douleur sourde qui étreignait une âme se mourant. D'abord de façon éparse, puis plus régulièrement, encore et toujours plus... De plus en plus loin. Tout comme ces visions d'ennemis dissimulés dans les ombres, certainement il y avait une bonne dose de paranoïa dans son comportement désormais, mais comment lui en vouloir ? Les serpents étaient partout, et ce depuis des lustres. La vue des flammes, de voir se réduire en cendres tout ce qu'elle haïssait s'était révélé être un palliatif à la souffrance très efficace, tout autant que voir la chaire de sa chaire grandir de loin à l'abri des excès de la cour sous la garde bienveillante de son Cousin Sévérus qui avait été son premier soutient envers et contre tout au fil des ans. La succession serait assurée, mais la question qui demeurait serait si elle aurait à subir les mêmes horreurs que la Basilissa avait vécu, et ses prédécesseurs avant elle.

La réponse avait été claire comme de l'eau de roche et immédiate.

non...

Non.

NON !

Plus jamais ça ! Il fallait achever le cycle par tous les moyens imaginables, mettre un terme à la boucle infernale de la haine, mais pas par la réconciliation et le dialogue. Non, cela avait échoué à chaque fois, hier comme jadis. La vermine n'entendait que la force comme rapport valable, il convenait donc de la mater. Ou de l'éradiquer purement et simplement, le déshonneur et la mort de surcroît. Les Landrins... Ces Scaelas n'avaient été que les premiers sur la Liste. Ils étaient blessés, pas mort car sauvés de justesse par l'Arbitre qui avait décrété un arrêt des hostilités par la volonté du reste du concile. Qu'à cela ne tienne, ils étaient à terre pour suffisamment longtemps de tel manière à ce que finir le travail puisse se faire un peu plus tard. Maintenant il fallait profiter de l'occasion pour reprendre le vieux projet, réussir là où avaient échoués tous les Empereurs de Lykaron jusqu'à présent... Abattre la vieille ennemie. Les Usurpateurs, cela même qui participaient systématiquement et activement à chaque complot Landrin, les ennemis héréditaires, ni plus ni moins. Comme il ne pouvait y avoir qu'une Rhême, il ne pouvait plus y avoir qu'une Dynastie, peu importe par quels moyens.

Dans son sanctuaire, dans sa salle des Portulans, l'Impératrice avait passé des heures à livrer d'intenses batailles sur les cartes, reproduisant celles de ses ancêtres, analysant en détails leurs erreurs, comparant les situations d'autrefois avec l'actuelle, détaillant avec précision l'état de la géopolitique, prenant en compte les moyens et les options sur la table. De cela elle en avait tiré de multiples conclusions, et avaient déjà commencé à manoeuvrer en conséquence au cours des dernières années. Velsna n'avait été que le début, Lorenzo et la Translavya une étape sur le chemin, le Gondo et la cultivation de liens avec le Grand Kah une nécessité. Le Sommet de Mpanga, une expérimentation riche en enseignements. La prochaine phase du plan, qui était on ne pouvait plus limpide et clair dans l'esprit de sa conceptrice, allait bientôt se mettre en marche. D'abord la Tranquillité en Leucytalée... Puis ce serait au tour de la mise en place du collet afin d'étrangler progressivement l'ennemi.

Au coeur de la pièce, sur une carte représentant le bassin de Leucytalée, une pièce représentant une Tour et surnommée "Ducatus" trônait, son emplacement ? Le Duché d'Erythrea. L'objectif était défini, le Retour au pouvoir des Ducs Légitimes Villipanum en Erythreion était un impératif. Mais pour espérer cela, il convenait de préparer le terrain, à l'intérieur même du territoire, mais aussi sur le plateau dans son ensemble, dans toute la région.

La voie était tracée, et les dés en seraient jetés.
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