21/02/2015
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Première rencontre diplomatique entre la Fédération d'Albel et le Reinaume d'Aumérine à Paradis

Première rencontre diplomatique entre la Fédération d'Albel et le Reinaume d'Aumérine



Paradis, capitale fédérale
Paradis, capitale fédérale d'Albel

Paradis, le 16 février 2003

En cette journée plutôt ensoleillée pour le mois de février, le gouvernement de Paradis s'apprêtait à accueillir la première visite diplomatique officielle d'une puissance étrangère depuis plusieurs années. Alors que cela faisait déjà près d'une décennie que le monde était traversé par un pic d'influence sans précédent des courants politiques isolationnistes, on assistait depuis quelques mois à une réouverture progressive des États sur le monde et une considération grandissante pour l'altérité. Les échanges économiques internationaux renaissants étaient naturellement suivis par la reprise des contacts diplomatiques, et c'est dans ce contexte que le Reinaume d'Aumérine s'était adressé au Département d’État albelais pour entériner les liens d'amitié historiques qui liaient les deux nations aleuciennes.

La main tendue par le gouvernement aumérinois fut naturellement saisie par les autorités albelaises qui, en plus d'accepter la proposition d'échange d'ambassades formulée par son partenaire, invita par ailleurs celui-ci à une rencontre diplomatique officielle sur son propre sol. Le gouvernement fédéral accordait une grande importance à ce sommet, y voyant l'occasion d'un rapprochement concret et durable avec le Reinaume, qu'il considérait comme le potentiel partenaire le plus fiable de la Fédération sur le continent aleucien. En effet, la République du Satral semblait encore trop léthargique pour qu'un rapprochement soit envisagé, tandis que l'Arkencheen suscitaient un priori plutôt négatif à Paradis, surpris par l'annonce de la privatisation sans consultation préalable des détroits des Îles Fédérées, risquant de nuire gravement au commerce international transitant par la Mer des Campos Azules.

L'enthousiasme du gouvernement albelais, qui s'était déclaré prêt à se faire représenter par le Président de la Fédération en personne au cours de cette entrevue, avait néanmoins été rapidement calmé par la diplomatie aumérinoise, laquelle avait répondu en annonçant le déplacement de son Ministre des Affaires Étrangères uniquement. Les autorités fédérales voyaient en cette rétrogradation hiérarchique l'expression évidente par le gouvernement aumérinois d'une volonté de ne pas précipiter son rapprochement avec la Fédération d'Albel, préférant établir en ce jour un premier contact avant le potentiel établissement ultérieur de relations plus étroites. Paradis s'était adapté à la communication tacite de son partenaire en limitant sa représentation à sa seule Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques, Ségolène Poltanova, qui s'était par ailleurs personnellement chargée d'assurer les premiers échanges épistolaires avec son homologue aumérinois. Elle accueillit celui-ci devant la nouvelle ambassade du Reinaume à Paradis, sous les flashs des appareils photo des journalistes qui immortalisèrent la poignée de main entre les deux dignitaires.

Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Je vous souhaite la bienvenue à Paradis, Excellence. J'espère que votre voyage fut agréable.
Côté aumérinois, les esprits s’animaient de cette même effervescence. Avec le succès de l’introduction d’un premier émissaire en Arkencheen, la Couronne aumérinoise était sur la bonne voie et entendait bien maintenir le rythme sans en changer de cap. D’ailleurs d’autres rencontres étaient d’ores et déjà programmées, notamment avec le lointain Empire du Naka.

Quelques instants après que l’avion se soit immobilisé sur le tarmac, la passerelle escamotable vint se positionner devant la porte située proche du cockpit et permit aux occupants de l’appareil d’en sortir. Après quelques pas maladroits sur ses escarpins, l’ambassadrice alla à la rencontre de son comité d’accueil situé quelques mètres en contre-bas, suivit sur ses talons par la délégation aumérinoise.

Une délégation composée de plusieurs délégués dont deux représentants le gouvernement, un pour les employeurs et un autre pour les travailleurs. Chacun d’entre eux agissant indépendamment des autres comme le souhaite bien entendu le protocole. Auxquels il faut encore y adjoindre une demi-douzaine d’accompagnateurs, parmi lesquels différents conseillers techniques.


durocher
Ariane Durocher, Ambassadrice d'Aumérine auprès d'Albel

- Le voyage fut court mais s'est parfaitement bien passé, merci pour cette attention, Excellence.
- Quel pays charmant ! Et le climat y est également splendide !
La Secrétaire d'État aux Affaires Diplomatiques espérait au moins rencontrer en personne son homologue aumérinois, en la personne du Ministre des Affaires Étrangères avec lequel elle avait échangé quelques jours auparavant. Même pas. Soit les politiciens aumérinois étaient très casaniers, soit ils n'accordaient pas si grande importance à l'entrevue suscitée par la diplomatie albelaise, y voyant davantage une simple formalité qu'autre chose. Pour Ségolène Poltanova, il importait donc de clarifier au plus vite les intentions du Reinaume.

Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Je suis ravie que notre pays et son climat se trouvent à votre convenance, d'autant qu'en temps qu'ambassadrice, il se peut que vous deviez y demeurer sur une période assez longue. Vous me voyez toutefois navrée de constater que Monsieur Boyd se soit trouvé en indisponibilité de venir participer en personne à cet événement. Non pas que je ne sois pas honorée de me trouver en votre compagnie, bien au contraire. Toutefois, comprenez-vous, mon gouvernement et moi-même accordons un vif intérêt au rapprochement diplomatique de la Fédération d'Albel avec le Reinaume d'Aumérine. Comme j'ai déjà pu l'exprimer dans les missives adressées à votre chancellerie, nous considérons le Reinaume comme le potentiel partenaire le plus fiable sur le continent, et espérons pouvoir établir, à assez court terme, une coopération allant au-delà d'un simple échange d'ambassades. J'espère voir cette ambition partagée par le gouvernement que vous représentez.
En écoutant son vis-à-vis, l’ambassadrice eut un sourire non complaisant avant de chercher ses mots. Elle sentit le malaise monter en elle puis baissa la voix, comme pour avouer un secret honteux :

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Ariane Durocher, Ambassadrice d'Aumérine auprès d'Albel

- Je suis navrée, je pense que c’est avant tout un malentendu car dans votre dernière missive, vous parliez de rencontrer le représentant de Monsieur le Ministre des Affaires étrangères.
- Il a donc dû très certainement penser que sa présence n’était pas requise...


Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un personnage surgit. C’était l’autre membre de la délégation représentant le gouvernement aumérinois, apportant avec lui le présent.

- Hmm !
- Permettez-moi de vous remettre le cadeau qui vous est destiné !
- Voici l'arbre de l’amitié !


L’arbre en question était un érable à écorce de papier ou de cannelle. Sans doute l’un des plus beaux et originaux de l’espèce. On le trouvait souvent comme arbre d'ornement dans les parcs et les jardins en raison de son écorce exfoliée et brillante, de couleur cannelle, et de son beau feuillage rouge d'automne.

- Il n’aime pas tellement le climat tropical, mais peut tout à fait s’épanouir dans les hauts du territoire albelais. Ses feuilles en trifolié et sa couleur rougeâtre rappelleront l’Aumérine et sont gage d’une amitié sincère entre nos deux pays, cela pour plus de cent ans au moins.
Ségolène Poltanova se sentit forcée de saisir le présent qui lui était tendu, en signe d'acceptation. Elle attrapa donc le pot dans lequel le jeune arbre était planté et le tira vers elle. Cependant, elle n'avait pas anticipé le poids de l'objet, et vacilla quelque peu avant de parvenir à retrouver son équilibre. Les branches de l'érable le rendaient imposant, si bien que la Secrétaire d’État dut pencher la tête légèrement en arrière pour éviter de se faire griffer le visage, tout en continuant d'esquisser un sourire distordu. L'un des membres de sa suite surgit pour débarrasser la jeune femme, qui épousseta rapidement sa veste pour en enlever les traces de terres. Malgré sa gêne apparente, Ségolène Poltanova se trouvait rassérénée par le présent aumérinois, dont la symbolique exprimée par l'ambassadrice du Reinaume rassurait quant aux intentions de ce nouveau partenaire continental.

Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Je vous remercie pour ce magnifique cadeau, auquel je suis certaine que nous pourrons trouver une place aux conditions adéquates. Je ne peux que souhaiter que l'amitié qui lie Albel et l'Aumérine dureront au moins aussi longtemps que vivra cet arbre. À ce propos, et afin que nous puissions entrer dans le vif du sujet de notre rencontre, puis-je me permettre de vous demander comment le Reinaume perçoit la situation internationale actuelle, et quelle est la doctrine qu'il compte adopter pour s'insérer sur la scène diplomatique ?
Tous deux médusés devant cette scène mélancolique, les deux dignitaires aumérinois se regardèrent comme deux ronds de flan, puis à l’ambassadrice de répondre d’une voix bougonne :

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Ariane Durocher, Ambassadrice d'Aumérine auprès d'Albel

- Eh bien… Il ne vous aura sans doute pas échappé que mon pays adopte plutôt une stratégie d’ouverture à la fois souple et progressive avec ses plus proches voisins pour en faire, je l’espère, les partenaires commerciaux de demain et peut être même des alliés…
- Par ailleurs et plus largement, les annonces faites par le gouvernement arkencane et la montée d’un militarisme global, auxquels s’ajoute ce nouveau soubresaut de tension en Cémétie, un territoire déjà durement touché par les conflits larvés, doivent bien entendu nous interpeller.
- Mon pays devra donc rester attentif à l’évolution de la situation et tâcher de ne pas se faire surprendre, tout en ayant le soucis permanent de répondre aux défis futurs.
- Nous aimerions également voir dans un avenir proche, peu importe qui en porterait le projet, l’émergence d’une organisation internationale capable de promouvoir et de défendre les valeurs de la paix, ainsi que de protéger et de garantir les mêmes droits à l’enfance et à la femme partout dans le monde.
- Je vous retourne maintenant la question.
Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Nous partageons vos appréhensions quant à l'attitude du gouvernement arkencan. Albel a été profondément surpris par l'annonce unilatérale de la privatisation des détroits d'Arkencheen, dont les conséquences néfastes pour le commerce international sont évidentes, alors que les Îles Fédérées se situent à un point de passage stratégique. Notre fédération se trouve évidemment particulièrement affectée par cette mesure de par sa proximité avec l'Arkencheen, et il va sans dire que les ambitieux projets de militarisation annoncés par les autorités arkencanes ne nous rassurent guère en pareil contexte.

Le cas de la Cémétie, en revanche, me laisse dubitative. Ce pays est certes plutôt divisé politiquement, mais je ne partage pas vos craintes concernant une éventuelle explosion de la situation. Nous comptons au contraire beaucoup sur un renforcement du pouvoir princier et la stabilisation politique du pays qui s'ensuivrait, laquelle permettrait au gouvernement cémète de se consacrer davantage au développement de ses infrastructures, et notamment à l'élargissement du canal de Césanès, qui représenterait une formidable opportunité d'ouverture de routes commerciales nouvelles. Il va sans dire qu'un tel projet serait particulièrement bien accueilli par Albel, étant donné l'alternative qu'il représenterait face au banditisme commercial arkencan en Mer des Campos Azules.

J'espère par ailleurs que les intentions évoquées par la diplomatie cémètes d'organiser une conférence internationale finira par se concrétiser. Après toutes ces années d’isolationnisme généralisé, je pense que le temps est venu de l'émergence d'une nouvelle coopération internationale. Sans pousser nos ambitions aussi loin que celles de la standardisation idéologique à l'échelle mondiale que vous semblez souhaiter, les conséquences de ce réveil progressif des consulats doivent être anticipées. J'ose espérer toutefois qu'une telle initiative se tiendra sans la participation de la Bête Immonde de Skalinya. La Fédération d'Albel défend des valeurs de liberté, et il est hors de question que nous traitions de quelque manière que ce soit avec un État porteur d'une idéologie aussi abjecte.
L’ambassadrice aumérinoise eut un sourire suave à l’énoncé de ce dernier point puis enchaina presque immédiatement derrière les propos de la ministre albelaise :

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Ariane Durocher, Ambassadrice d'Aumérine auprès d'Albel

- Par nature, l’idéologie que vous me présentez là est l’ennemie de la monarchie.
- Je plussoies donc entièrement à vos propos concernant l’idéologie adoptée par le très discret gouvernement de Skalinya.
- Tout ceci est d’autant plus préoccupant encore que rien ne semble filtrer de la situation interne de ce pays…
- Ses citoyens sont-ils contraints à vivre et à mourir dans des camps de travail, sont-ils affamés… ?
- Autant d’interrogations qui restent à ce jour en suspens.
- L’ambitieux projet Césanés, vu comme il se présente, me parait en l’état assez hypothétique.
- En effet, je vois mal comment est-ce que nos navires pourraient emprunter ce canal de manière sécurisée dans une région où les tensions atteignent régulièrement leur paroxysme, créant de fait toutes les conditions à la naissance d’un nouveau spot de pirates.
- Comme vous, je reste perplexe quant à une sortie de crise par le haut…
- La réponse apportée par le gouvernement cémétien devra être nécessairement politique, et pas uniquement militaire.
- Et il me semble que ce soit la deuxième voie que privilégie Héraclée par ses récents communiqués. Mais là encore, je peux aussi me tromper, je dois également reconnaître que la Couronne se préoccupe bien davantage de la situation géopolitique en Aleucie.
- Ce qui me fait rebondir sur le cas Arkencheen…
- Je faisais quant à moi allusion à son militarisme plus que pour la privatisation de ses détroits, car si l’Arkencheen va jusqu’aux termes de ses objectifs militaires celui-ci entretiendrait, sur le papier, un rapport de force de vingt-cinq contre un avec la plupart des nations, et selon les données actuellement connues.
- Vu comme cela, autant dire qu’il vaille mieux s'en faire un ami plutôt qu’un ennemi… De plus, un Arkencheen fort, c’est aussi l’image d’une Aleucie forte, je pense que nous devons exploiter cette force plutôt que de chercher à la réduire…
- A ce jour, bien que nous ayons la situation sous notre loupe, rien ne justifierait de prendre quelconques mesures de rétorsions contre l’archipel aleucéen.
- Il y a de nombreux endroits où l’on paie une taxe pour passer, à commencer par les péages de nos autoroutes… De fait, je trouve assez légitime que soit rétribuer justement les agences, du privé comme du public, chargées d’entretenir et de sécuriser ces passages dont le trafic maritime peut y être très important.
- Là aussi, il est préférable je pense de ne pas braquer Jacalbulco avec un pistolet sur la tempe et de plutôt discuter avec lui pour comprendre toute la problématique qui le lie à ces détroits et voir, pourquoi pas avec l’ensemble des pays aleuciens, comment répartir le poids de son fardeau.
- Je comprends la frustration de votre gouvernement face à ces privatisations, mais là aussi, je pense qu’il y a déjà matière à s’occuper de l’Aleucie avant d’aller se lancer dans un projet aussi incertain que celui d’un canal cimétéen, dont la première pierre n’a toujours pas été posée et ne le serait qu’une fois la situation politique revenue au calme.
- Je pense qu'il est de notre rôle de raisonner Jacalbulco et de l’y aider à régler d’abord ses problèmes, pour le bien commun de l’Aleucie.
Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Le lancement d'une coopération avec Héraclée serait effectivement, en quelque sorte, une solution de dernier recours, qui contraindrait tout de même nos convois commerciaux à effectuer un long détour dans leurs trajets vers l'Eurysie. Nous avons déjà quelques pistes de résolution, apportées par notre nouveau partenaire hausmanien, dont le territoire pourrait constituer une plaque tournante des flux commerciaux entre l'Aleucie et les continents eurysien et afaréen. Il se pourrait par ailleurs que le Sommet Aleucien destiné à se tenir bientôt à Zénith soit l'occasion de traiter directement l'affaire de la privatisation des détroits arkencans avec les principaux concernés, si ceux-ci se trouvent disposés à trouver une solution qui apaise définitivement notre région.

Pour ce qui est de leur militarisme apparent, je dois avouer que cette question ne me préoccupe pas autant qu'il semble en être pour vous. Certes, les efforts de militarisation déployés par les Îles Fédérées sont importants, mais il faut considérer le fait que le monde dans son ensemble s'est démilitarisé plutôt fortement, si ce n'est excessivement, au cours de ces dernière décennies d'isolationnisme généralisé. En conséquence, il n'est guère surprenant que certains États cherchent à corriger ces écarts. C'est notamment le cas d'Albel, dont les efforts en la matière ont suivi ceux fournis par l'Arkencheen et la Cémétie. Je ne doute pas qu'une croissance simultanée de nos moyens militaires permette de préserver un rapport de force équilibré.

Quoiqu'il en soit, je suppose que nous ne règlerons pas toutes les problématiques continentales aujourd'hui, et encore moins à deux. Tous ces sujets auront certainement l'occasion d'être évoqués lors du prochain Sommet Aleucien. Je propose donc que nous closions ce volet pour aborder la question du rétablissement formel de nos relations bilatérales. La première étape de l'échange d'ambassades étant franchie, peut-être devrions-nous réfléchir à une coopération plus concrète, notamment en matière économique et commerciale. Qu'en pensez-vous ?
durocher
Ariane Durocher, Ambassadrice d'Aumérine auprès d'Albel

- Effectivement, n'exagérons rien, et vous avez entièrement raison de souligner ce trait de divergence.
- Je reconnais que le mot est un tantinet trop fort lorsque je parle de militarisme.
- De plus, l’Arkencheen qui s’impose aujourd’hui comme la première puissance économique mondiale, et avec une avance très confortable, peut tout à fait supporter ces efforts militaires.
- Nous ne sommes clairement pas là dans le cas de figure d'un quelconque régime totalitaire faisant passer les requêtes de ses armées avant les besoins élémentaires pour sa population. Je pense par exemple aux médicaments et à la nourriture.
- C’est pourquoi l’un des moyens qui consiste à diminuer passivement sa puissance est de lui acheter des armes, en plus de permettre de se battre à armes plus ou moins équivalentes en cas de conflit malgré un rapport de force numériquement inférieur, cela contribue notamment à la défense du continent de manière générale.
- Or comme je le disais, l’Aleucie a naturellement tout à gagner de se solidariser plutôt que de se diviser, notamment face à la montée en puissance de certaines nations eurysiennes, avec un Walserreich en tête du peloton…
- Ce dernier semble avoir le vent dans les voiles pour prendre dès demain le leadership de l’Eurysie, et ses hommes politiques y tiennent un discours nettement plus sécuritaire qu’en Arkencheen…
- Mais assez parler de géopolitique pour l’instant, et comme vous le dites si bien, nous en aurons encore au menu le vingt-huit juin prochain lors du sommet de Zénith.
- Puisque mon gouvernement a lui aussi répondu favorablement à l’invitation de l’actuel pouvoir haussmanien, car nous pensons que cette initiative nourrit de bonnes intentions.
- Cependant, je crains devoir vous annoncer d’amblée que mon gouvernement risque de s’abstenir quant à une éventuelle décision pouvant interpréter le statut des détroits de l’Arkencheen.
- En effet, l’Aumérine pense que cela relève plutôt de l’ingérence dans les affaires d’un autre État, qui plus est, avec lequel nous entretenons par ailleurs des relations cordiales.
- Mais je suis certaine que nous pouvons trouver des solutions pour désenclaver votre pays.
- Tout comme l’Haussmanie voisine, l’Aumérine vous ouvre ses infrastructures à destination des échanges commerciaux à l’échelle régionale ou internationale.
- Ce qui nous amène à discuter des barrières douanières…
- Nous sommes pour cela prédisposés à vous proposer des tarifs préférentiels, comme pour l’ensemble de nos partenaires aleuciens, car encore une fois, il en va de l’intérêt de l’Aleucie et parce que nous souhaitons mettre un point d'honneur à la proximité et à l'entente avec nos plus proches voisins.
La Secrétaire d’État préféra s'abstenir de répondre davantage à son interlocutrice sur les sujets relatifs à l'Arkencheen et au Sommet de Zenith. Le désaccord entre Albel et Aumérine sur la question arkencane était évident, et il paraissait inutile de poursuivre la discussion à ce propos au risque de tendre la rencontre, d'autant plus alors que le Reinaume avait pour le moment bien moins d'intérêt à se montrer favorable à la Fédération plutôt qu'aux Îles Fédérées, lesquelles semblaient être habilement parvenues à faire passer sous leur influence le partenaire aumérinois, en soutenant son effort de remilitarisation. Ségolène avait donc préféré recentrer la discussion sur des problématiques de coopération bilatérales qui ne concernaient qu'Albel et Aumérine.

Ségolène Poltanova, Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques
Ségolène Poltanova
Secrétaire d’État aux Affaires Diplomatiques

Un abaissement des barrières douanières va dans le sens du rapprochement que nous souhaitons, et s'inscrit dans une démarche plus globale de l’État albelais en faveur d'une libéralisation des échanges de biens et de capitaux avec ses partenaires. Nous ne croyons guère en la pertinence de la ligne protectionniste qui domine au sein du commerce international depuis une décennie, et qui continue encore d'être agité comme étendard par certains États pour justifier des attitudes les plus indignes. Toutefois, nous prônons également la réciprocité en la matière, c'est pourquoi je propose la mise en place d'une commission bilatérale chargée de mettre en place une grille tarifaire commune à la Fédération d'Albel et au Reinaume d'Aumérine, qui s'appliquerait à tous les échanges de marchandises s'exerçant dans une direction comme dans l'autre. Ladite commission pourrait également étudier les points de différence entre les normes commerciales, sanitaires et industrielles de la Fédération et du Reinaume, afin de mettre en lumière ceux pouvant faire l'objet d'une convergence réglementaire, dans le but de garantir une concurrence libre et non faussée entre les acteurs économiques albelais et aumérinois.

Par ailleurs, nous serions également favorables à une ouverture mutuelle de nos marchés financiers, afin que les titres aumérinois puissent être échangés sur les places boursières albelaises, et inversement. La Fédération d'Albel est également prête à ouvrir le marché primaire de ses obligations d’État aux investisseurs aumérinois. Il ne s'agirait pas là de faire concurrence aux titres de créance du Reinaume, bien entendu, dans la mesure où, si vous ne vous y opposez, l'ouverture s'effectuerait dans les sens. Mais une telle initiative nous permettrait de bénéficier d'une plus large gamme d'investisseurs potentiels, dans l'intérêt évident de ces derniers par ailleurs. Une convergence entre nos réglementations prudentielles respectives pourrait alors être étudiée afin, là aussi, de garantir la concurrence libre et non faussée entre les établissements financiers des deux pays.
durocher
Ariane Durocher, Ambassadrice du Reinaume d'Aumérine auprès de la Fédération d'Albel

- Entendu.
- Faisons comme cela.
- Une commission bilatérale réunissant nos plus fins experts dans ce domaine très complexe qu'est celui de la finance verra le jour.
- Pour le reste, j'approuve la proposition d'ouvrir nos marchés du secteur primaire aux investisseurs albelais et vice et versa.
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