09/08/2014
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TOPIC OFFICIEL - Suivi Grand Ling

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EMPIRE DU GRAND LING
大靈帝國 / Da Ling di guo
armoiries de l'Empereur.

Note à l'attention des lecteurs et sortant du cadre RP.
Chers lecteurs, bienvenus sur le Topic Officiel. Ce topic sert à concentrer toutes les actualités du Grand Ling. Toutefois, ma volonté n'étant pas de se limiter à des articles de presse mais alterner entre nouvelles brèves via la presse (principalement LDNS et TVLing) et écrits plus recherchés et plus romancés pour détailler la vie de la Cour, du Cabinet, etc.

Ainsi donc, prenez place et surtout — je l'espère – plaisir à découvrir la vie au Grand Ling à travers plusieurs points de vue. Tantôt un journaliste pro-gouvernement, tantôt un journaliste d'opposition ou encore, tantôt un narrateur omniscient.
Ce message sera le dernier sortant du jeu de rôle alors refermons le quatrième mur et bonne lecture !

SOMMAIRE
LA PRESSE :
Économie
-

Société
-

Politique
- Élections législatives, le Parti Unioniste s'essouffle ?
- Élections législatives : l'Union fait toujours la force.

Culture
-

Divers
-


LE ROMAN :
- Le crépuscule du Jade - Préparation du Bicentenaire de l'Empire.
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ÉLECTIONS LÉGISLATIVE, LE PARTI UNIONISTE S'ESSOUFFLE ?
Par MEI Lin - Politique

Dans une semaine, jour pour jour, nous connaîtrons la nouvelle composition de la chambre basse de la Cour Législative et par extension, le prochain Premier Ministre le plus probable. Pendant presque 15 ans, l'Union a dominé le paysage politique lingois qui était lui-même dominé, durant 30 ans, par les deux partis fondateurs de l'Union : Libéral-Monarchie (自由君党 - Ziyoujundang) et le Parti nationaliste lingois (林民党 - Linmindang). Toutefois, l'Idylle semble en voie de s'achever ou plutôt commence à s'essouffler. Il y a encore cinq ans, « le parti préféré de Sa Majesté ! » selon le slogan, jouissait d'une telle popularité que les néophytes de la politique lingoise doutaient de l'existence d'une opposition sincère. Timide, réservé, absent de certaines circonscriptions ; il était impossible quand on ne disposait pas du badge unioniste d'être crédible face à un député de l'Union.
Le pluralisme politique était celui qui souffrait le plus de cette situation puisque condamné à être un pays embrassant le monopartisme, un régime à parti unique bien malgré lui. Il a fallu attendre le 28 mars 2008 pour qu'un projet de loi sur le pluralisme politique, le Ensuring Political Pluralism by Requiring Measures in the Great Ling Act, surnommé More Politics! Act voit le jour et qu'enfin, l'imposante Union cède quelques parts du gâteau pour une meilleure représentativité des lingois. Des courants mineurs prirent de l'importance, certains prônant même la fin du monarchisme, chose encore inenvisageable au début du siècle. Le gouvernement PEIFU II venait d'ouvrir sa boîte de Pandore.

Mais si l'Union a autant convaincu de monde pendant des décennies, et cela, alors que la liberté d'opinion est garantie depuis presque un siècle, ce n'est pas par la multiplication de mesures coercitives ou par goût foncièrement prononcé pour les politiciens unionistes, mais bel et bien parce que ses statuts imposent l'excellence pour représenter le peuple. Peu de scandale judiciaire ou sexuel (2 en 15 ans), toujours une élocution irréprochable de la part de ses membres et surtout, « le parti préféré de Sa Majesté ! ». La vérité est peut-être moins gracieuse que cela. Certes, l'Union fait figure de bon élève par rapport à certains membres de l'opposition comme le milliardaire SICHUAN Xu, fondateur de Ling Petroleum et député du Parti populaire monarchiste, mais ce qui justifie une telle popularité, c'est encore le faible taux d'alphabétisation dans les campagnes. Si les citadins sont éduqués à 97%, l'école, bien qu'obligatoire, est encore trop souvent un luxe pour les paysans ou ouvriers. Dans le Wujiang, seulement 38,9% de la population est alphabétisée et parmi eux, uniquement 18% des 12-20 ans vont à l'école. Alors, tant que les récoltes sont bonnes, tant que le temps est bon, que le ciel est bleu, tant qu'ils ont des amis qui sont aussi des amoureux ; pour qui voter est un sujet bien lointain.

Ça, c'était la réalité du Grand Ling jusqu'en juin 2008. Alors que l'Union remportait seulement 237 des 465 sièges de la Chambre des Députés, ce fut la première claque pour les unionistes : d'autres idéologies existent ! Eh oui, le More Politics! Act avait permis de limiter les budgets de campagne et interdisait à certains secteurs stratégiques de financer des politiciens comme le secteur de la pétrochimie ou de l'Armée. En outre, il mettait en place un fond gouvernemental chargé de rembourser une partie des frais de campagne pour tout parti réalisant un score de plus de 10%, soit les partis de l'Union (51%), du Yongdidang (19%), du Shegongdang (11%) et du Huanqingdang (10%). Le gouvernement PEIFU II n'était pas guidé par un sentiment démocratique, mais bel et bien par des intérêts plus pragmatiques. Puisque l'idée commune était que seule l'Union parvenait à faire des scores de plus de 10%, seule l'Union aurait des remboursements de campagne et donc, ferait des économiques. Parce qu'il existait une myriade de petits partis insignifiants autour du colosse unioniste, ils seraient encore plus limités dans leurs moyens et le monopartisme chérit de l'aile droite du parti pourrait fleurir et s'épanouir dans une assemblée lavée de toute opposition.
Fait est que rien ne s'est passé comme prévu et qu'aujourd'hui, tous les sondages réalisés jusqu'ici donnent Ecolucide (Huanqingdang) comme en phase de devenir le principal opposant de l'Union, notamment parce qu'outre le fait d'avoir centré leur lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la biodiversité ; ils le font avec lucidité, sans forcer dans les extrêmes et donc, sans empêcher les paysans parfois illettrés, d'avoir à manger dans leur assiette demain encore.

Fort de 47 siège à la Chambre des Députés, actuellement ; dès le six, ils pourraient en obtenir 50 de plus, mais la question est de savoir si ces sièges seront rafflés principalement à la majorité unioniste ou auprès des timides opposants comme le Shegongdang ou le Minzhujundang ayant respectivement 51 et 28 sièges. Quoi qu'il en soit, l'Union n'a pas dit son dernier mot, spécifiquement à la faveur du Yondidang, principale opposition à la Cour Législative, ils occupent 88 places qu'ils pourraient bien vouloir partager avec l'Union pour faire avancer leur agenda politique de droite.
Il ne reste que sept petits jours pour en avoir le cœur net, sept petits jours pour savoir ce que les petits paysans désintéressés feront pendant qu'on devinera aisément les choix des citadins expérimentés.

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ÉLECTIONS LÉGISLATIVE : L'UNION FAIT TOUJOURS LA FORCE.
Par SEAMMOOL Lee - Politique

Le 10 octobre dernier, les lingois étaient invités à se prononcer dans les urnes pour redéfinir le paysage politique national suite à la dissolution de la Chambre des Députés par Sa Majesté. En effet, il faut dire que la situation entre le Parlement lingois et le Gouvernement était de plus en plus tendu et le vote de défiance du 24 septembre dernier n'a rien arrangé à la chose. Fort de cette expérience, l'Empereur a appelé à l'unité et à ce que le peuple s'exprime en dissolvant l'Assemblée pour convoquer de nouvelles élections. Ces élections ont été bien plus importantes que les élections nationales de 2009 puisque pour la première fois depuis des années, l'Union (Lianhedang) semblait fragilisée. Tous les observateurs nationaux et internationaux estimaient comme imminent la « désunion ». La fermeture des derniers bureaux à vingt heures entraina le début d'une longue attente, notamment pour le Premier Ministre Peifu parce qu'il remettait son titre en jeu.

Les premiers résultats sont tombés dès 20 h 30 et donnaient déjà une trop courte avance à l'Union, ce qui n'est généralement pas bon signe. Deux heures plus tard, le résultat final était prononcé et validé dans la foulée par la Cour Suprême. L'Union fait vraisemblablement toujours la force puisque outre conserver ses 237 sièges acquis en 2009 ; ils en remportent 27 de plus. Cette victoire ne fut rendue possible que par l'union des partis monarchistes entre eux, à savoir le Lianhedang, le Yongdidang et le Minzhujundang. Pour être d'autant plus honnête, les sièges revenant au Lianhedang ne sont d'ailleurs techniquement plus que de 228, les 36 autres étant partagés entre les 21 du Yongdidang et les 15 du Minzhujundang.
En outre, c'est le Huanqingdang qui a déjoué les pronostics. Si les scénarios les plus optimistes donnaient une cinquantaine de sièges supplémentaire par rapport à 2009, ce n'est pas moins de 105 sièges que le parti à su récupérer, notamment en profitant des dissensions au sein du Shegongdang classé plus à gauche que lui et surtout, en volant quelques votes au Lianhedang.

La dernière ligne droite de ces élections fut hier lorsque les candidats, désignés par les partis leur de congrès tenus entre le 10 et le 12 octobre 2013, se sont opposés pour obtenir le vote de confiance de la Cour Législative. Sans surprise, le Lianhedang était largement donné vainqueur du fait de sa nouvelle alliance avec le Minzhujundang et le Yongdidang. Sous conditions imposées par les représentants du Yongdidang, PEIFU Li n'a pas été autorisé à se présenter comme candidat pour le parti de la majorité, titre offert à ZHOU Lee réputé plus consensuel, particulièrement pour sa position à l'aile conservatrice du parti. Face à lui, il y avait MIU Andréa pour le Jinbudang ; LIU Jie pour le Shegongdang et TANAKA Kaito pour le du Huanqingdang. Malgré le verbe affirmé de TANAKA Kaito et des autres candidats, aucun n'a pu voler le vote de confiance de la Cour à ZHOU Lee, convoqué ce jour par Sa Majesté pour former un gouvernement en son nom.

Dans les prochains jours, Monsieur le Premier Ministre ZHOU devrait proposer son Cabinet à l'Empereur et à la Cour Législative qui devront l'approuver pour reprendre l'exercice de l'État laissé là où le Cabinet PEIFU II l'a laissé.

Nouvelle composition de la Chambre des Députés.

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Situation par défaut GL
LE CRÉPUSCULE DU JADE
Préparation du Bicentenaire de l’Empire.

Les premiers rayons de l’aube perçaient avec langueur la couche de nuage qui flottait au-dessus de la Cité Impériale encore endormie. Les « petites gens » comme l’informelle coutume désignait les serviteurs du palais, commençaient leur travail de fourmis. Il y avait quelques tâches à accomplir pour réveiller la vieille demeure de la famille impériale et surtout, pour dissimuler les souvenirs que la tempête de la nuit dernière avait concédé à offrir. Ça des jardiniers récupéraient et taillaient les branchages des ginkgos plantés en 1832 dans le parc du palais, là des suivantes préparaient le réveil des dames de la cour.
Sept heures venait d’être annoncé par les cloches des temples shintaoïstes, les églises et bien d’autres édifices publics de Neijing. À sept heures, l’Empereur était réveillé par les eunuques de la Direction des Chambres, l’un des services du tentaculaire Département de la Maison Impériale.
Dans l’épaisse moiteur d’une chambre au réveil où régnait une très forte odeur de bois d’agar, de cèdre et de cannelle ; un petit groupe de serviteurs, ayant abandonné le bien le plus précieux d’un homme, s’affairaient à aider Ling Chongsheng pour son habillement. MiaoMiao, l’un des plus appréciés du Vieil Empereur, s’approcha du lit où gisait un corps, d’apparence sans vie.

- Sire, il est l’heure, dit-il.

Le gisant ne daigna pas répondre, aussi MiaoMiao se racla la gorge pendant que certains de ses compères s’affairaient à préparer la pièce pour Chongsheng.

- Sire, il est sept heures. Monsieur le Premier Ministre ne va pas tarder.

Soudain, le gisant finit par obtempérer et s’éveilla doucement dans quelques toussotements que sa condition avait obligés ces trois dernières années. MiaoMiao sourit et recula d’un pas pour s’incliner au plus bas.

- Relève-toi MiaoMiao, il est bien trop tôt pour le cérémoniel, dit Ling Chongsheng en se frottant les yeux avec lassitude.

Deux serviteurs tirèrent les rideaux de soie qui obstruaient les fenêtres de la chambre impériale et ouvrirent ces dernières. Les lumières soudaines des fenêtres dénudées parvinrent jusqu’aux yeux fatigués de l’Empereur qui ne put retenir un râle de désapprobation. Il n’avait jamais supporté cette façon de faire, pas même alors qu’elle était restée inchangée depuis au moins deux cents ans. Il avait fini par se convaincre que cette tradition, aussi désagréable fût-elle, était un mal nécessaire pour ragaillardir un corps endormi.
La pièce dans laquelle dormait le Jade depuis près de trente-cinq ans se découvrit sous un nouveau jour. Elle était relativement modeste et se situait dans une annexe du Palais Impérial. Les murs étaient recouverts de moulures en bois et peints en rouge. Différentes scènes de vie peinte de manière traditionnelle venaient apporter quelques teintes de couleur. Au plafond, s’élevant au moins à quatre ou cinq mètres, d’autres moulures encadraient un lustre principal qui avait été équipé voilà bien longtemps des progrès offerts par la fée électricité. Ling Chongsheng se redressa avec l’aide de son serviteur et posa ses pieds nus sur le sol en dalle de pierre un peu trop froid à son goût. Après une quinte de toux et quelques bâillements, l’Empereur se leva sous le flot de parole d’un eunuque qui récitait les nouvelles lues dans un journal local. Ling Chongsheng tituba jusqu’au centre de la pièce où un tapis épais représentant une version stylisée du Dragon d’Azur et d’un fenghuang. Là, un balai se tint autour de lui, d’abord pour éponger son front ensué puis pour retirer sa robe de chambre, le laver et le revêtir de sa tenue de petit déjeuner. C’était une forme de rituel appelé le Premier Habillement auquel Ling Chongsheng n’avait jamais dérogé, même aujourd’hui. Ces dernières semaines, c’était devenu de plus en plus difficile d’habiller l’Empereur parce qu’il perdait régulièrement du poids, mais également parce qu’il était devenu un petit bonhomme trapu. Le portrait qui trônait au-dessus d’un âtre, qu’un eunuque chargeait en bois pour allumer un feu malgré les vingt-quatre degrés Celsius de l’extérieur, le représentant vers ses quarante ans en compagnie de l’Impératrice, l’Impératrice Douairière et ses cinq enfants n’avait plus rien à voir avec ce qu’il était devenu. C’était comme regarder la déchéance en face sans même pouvoir avoir pitié, car tous savaient qu’ils refuseraient ardemment qu’on lui rappelle que cela faisait trois ans qu’il devait partager son corps avec un mal.


Le Vieux Dragon toussa encore jusqu’à devoir porter un carré de soie blanche à sa bouche qu’il confia rouge à MiaoMiao. Celui-ci le fit disparaitre dans la poche intérieur de sa tunique. Un dernier eunuque s’approcha, la tête si inclinée qu’on aurait dit que son visage n’était qu’un amas de cheveux, il portait un petit plateau d’argent sur lequel était disposé un verre d’eau et deux comprimés. Sans un mot ni une grimace, l’Empereur vida le contenu en croquant ses deux cachets réputés pour avoir un goût si infâme que le citron semblait rendre le visage attrayant de ceux qui croquaient dans son fruit.

- Je crains ne plus supporter ces immondices encore bien longtemps, dit l’Empereur d’une voix monocorde alors qu’il nouait la ceinture de sa robe.
- Votre médecin a été clair, ô Vénérable Auguste. Si vous voulez vivre suffisamment longtemps pour voir le Troisième Prince s’acquitter de ses devoirs de père, vous devez continuer de prendre votre traitement, répondit MiaoMiao en aidant son monarque à enfiler sa pantoufle droite.
- Le goût est si… pre, c’est beaucoup d’inconfort pour des résultats plus que mitigés.

MiaoMiao prit le deuxième pied entre ses mains et y inséra l’autre pantoufle.

- Je fais confiance au jugement du Jade Réincarné, mais peut-être que nous n’aurions pas eu cette discussion aujourd’hui, sans cela. Il prit une pause pour se relever et continua en fixant ses propres pieds. Peut-être que Sa Majesté n’aurait plus jamais parlé depuis des mois ou des années et que c’est le Premier Prince, devenu monarque, qui aurait participé à ce Premier Habillement.
- Ou Peut-être que j’aurais été de meilleure humeur présentement. Conclue l’Empereur avant d’aller lourdement s’asseoir sur un fauteuil disposé à côté d’une table, dans un coin de la pièce.
Là-dessus, MiaoMiao et tous les autres eunuques se jetèrent à terre, tous étaient tournés vers l’Empereur, la tête collé au sol.
- Que Sa Majesté le Vénérable Auguste de Jade me pardonne si jamais je suis coupable de son humeur. Un mot et je me ferai Zishi. Prononcèrent presque tous en cœur les serviteurs.
- Pauvres idiots ! Vous savez pertinemment que je ne parlais pas de vous, relevez-vous et que l’on… L’Empereur s’arrêta pour échapper une toux grasse qui laissa juste assez de temps aux eunuques pour se relever. Que l’on me conduise au Grand Salon pour le repas.

Les eunuques répondirent d’une seule voix et deux d’entre eux aidèrent l’Empereur à se relever pendant que quatre autres ouvraient et fermaient la voie du petit cortège impérial.


Le Grand Salon se trouvait dans l’un des nombreux pavillons du Palais Impérial. Plus précisément, il se trouvait à quelques centaines de mètres de la chambre impérial, dans la cour de l’Aurore Éclairée. Celle-ci hébergeait également le Fangshan, c'est-à-dire les cuisines impériales, mais également le garde-manger, un fumoir qui était en fait un petit salon destiné aux seconde partie de soirée après les dîners où les hommes se retrouvaient pour fumer ; et également diverses chambres d’amis.
La pièce même du Grand Salon était tout en longueur et en son centre se trouvait une grande table pouvant accueillir au moins dix à quinze convives. Les murs étaient richement décorés et d’énormes lanternes lingoises tombaient du plafond, accrochés à même les poutres de la charpente qui trônait aussi haut que le plafond de la chambre de Ling Chongsheng.
Lorsque le Monarque entra, tous ceux attablés se levèrent sans mots-dire et c’est la toux de plus en plus grasse et la respiration sifflante de l’Empereur qui cassaient l’effroyable silence régnant dans la pièce depuis quelques instants.
Il fut installé lourdement sur une chaise que les eunuques prirent soin de rapprocher de la table. D’un geste nonchalant de la main, il congédia — ou remercia — ses serviteurs. MiaoMiao s’approcha de son Empereur et déposa un carré de soie propre sur la table, à portée de main du vieil auguste. L’ambiance dans la pièce était terriblement froide et tendue. Aucun des membres de la famille impériale présents ici ne s’adressaient la parole et ne se regardaient encore moins. Il semblait évident, même pour quelqu’un qui était étranger à ces gens, de voir qu’un mal profond et lointain habitait leur relation. Ce genre de non-dits familiaux qui avaient la fâcheuse habitude de détruire plutôt que rapprocher, ce genre de secret que famille publique comme celle de la Maison Impériale ne pouvait pas se permettre d’exposer aux yeux de tous. Mais le Palais Pourpre avait ses chuchots et leurs maitres. Il était devenu aisé de connaître la vie de chacun des membres de la famille impériale lorsqu’on faisait partie des élus travaillant ou vivant au sein de cette demeure de plusieurs hectares. Aussi, une servante avait raconté qu’une histoire de tromperie était en cause, mais l’un des jardiniers avait démenti en expliquant que la raison était sur la légitimité de l’Héritier. Enfin, cela était sans compter le chasseur de rat qui avait entendu par l’intermédiaire d’un maçon que l’Empereur prévoyait de marier les enfants de l’Héritier avec ceux de la Première Princesse pour renforcer la lignée et le Sang. Il était facile de connaître ce qu’on voulait ou croyait connaitre sur la famille impériale, plus difficile d’obtenir les vérités.
Soudain, la Première Princesse, Son Altesse Impériale Ling Chunhua se racla la gorge et déposa ses mains sur ses cuisses en se tournant vers son père l’Empereur.

- Bonjour, Votre Majesté.
- Bonjour, mon enfant, répondit l’Empereur sans la regarder.

MiaoMiao apporta un petit bol de riz, du bouillon de poulet et un thé au Monarque avant de s’incliner bas et quitter la pièce.

- Comment fut votre nuit ? Reprit la jeune femme.
- Moins bien que celle d’hier, mais probablement meilleure que celle de demain.

La jeune femme soupira avant de poursuivre.

- Père, que dit le médecin ?
- Les mêmes banalités que depuis des mois. Assez parlé de ma santé. Nous savons tous le mal qui m’afflige et je suis plus intéressé par celle de mes chers enfants ici. Il se tourna vers le jeune homme qui ne devait pas avoir plus de quarante-cinq ans. Cher Premier, les préparatifs du bicentenaire avancent ?
- Oui, Votre Majesté. Une très belle cérémonie se tiendra le dix-neuf juin, selon votre convenance, mais… Il s’arrêta un instant en reposant sa cuillère dans son bouillon. Père, un dernier mot sur votre santé, serez-vous là pour voir ce que vous avez mis des années à organiser ?
- Si Seiryu — un autre nom pour parler du Dragon d’Azur — consent à ne pas m’envoyer chevaucher Qilin jusqu’au Ciel, alors il n’existe aucune raison qui pourrait m’empêcher d’y assister, Jiajing.
- Puisse Seiryu, Tian et Yuhuang vous entendre.
- Puisse-t-il surtout assurer à mes enfants et mon peuple paix, sérénité et santé.

Une femme d’à peu près le même âge que Jiajing reposa délicatement sa tasse de thé et se tourna vers l’Empereur, elle était d’une rare beauté, les yeux pétillants. Elle posa sa main sur celle de son époux.

- Votre Majesté, Père, Jiajing a extrêmement bien avancé sur la cérémonie. Mon époux saura vous rendre fier qu’importe où vous serez.
- J’en suis heureux, Fang. Pour ne rien cacher à ma belle fille, j’avais de légers doutes sur les capacités de Jiajing. Encore une fois, le sacré Ciel s’est joué de mon instinct.

Une autre femme, plus jeune de quelques années et non moins jolie, s’arrêta quelques instants de bercer le bébé qu'elle portait dans ses bras pour fixer Fang et Jiajing à tour de rôle.

- Qu’importe où il sera ? Sa Majesté sera sur son trône, saluant ceux qui défileront devant lui. Ne soyez pas trop pressée de remplacer Mère comme consort.
- Je… Balbutia Fang en fixant la jeune femme. Il n’a jamais été question d’avoir hâte de voir Sa Majesté mourir ou plutôt de me voir couronner Impératrice consort. Je puis vous l’assurer, Princesse Yu Ming.
- Ce ne serait pas la première fois que vous vous hâter à vous rapprocher du pouvoir. Enchérit un jeune homme à la droite de la princesse.
- Et vous, ça ne serait pas la première fois que vos diffamations portent atteinte à ma famille.

Ling Chongsheng sembla prit d’une énergie nouvelle. Il se recula brusquement pour se lever au point que l’imposant fauteuil sur lequel il était assis se renversa au sol dans un fracas épouvantable.

- Assez ! Dit-il en tapant du poing sur la table qui se répercuta en échos dans la vaisselle. La Couronne et cette maison, celle du Dragon, ne peut pas survivre encore des siècles si vous continuez de vous affronter continuellement. Vous êtes mes enfants et je vous aime si profondément qu’il m’est insupportable de revoir chaque jour cela.

Ling Chongsheng marqua une pause. Soudainement, il parut dix ans plus vieux, il n’avait plus aucun souffle et l’on aurait dit qu’il n’avait pas dormi depuis au moins trois nuits. Ses yeux paraissaient ridiculement petits et les poches du dessous donnaient l’impression d’être énorme, renforçant le sentiment de vieillesse sur son visage. Il prit une inspiration et d’une voix plus calme reprit.

- Il est temps que vous fassiez la paix et oubliez ce passif corrosif. Ce n’est pas votre empereur qui le demande, mais votre père. Ce vieil homme qui ne sera peut-être plus là encore longtemps. Ce vieil homme qui ne pourra jamais trouver de repos si sa Maison continue de se déchirer.

Des eunuques avaient relevé l’imposant fauteuil et l’avaient rapproché de l’Empereur. Ce dernier, d’un geste très peu assuré, se laissa tomber dedans, récupérant le carré de soi disposé par MiaoMiao pour s’éponger le front et tousser grassement, crachant dedans quelques glaires de sang.


Un long silence s’ensuivit durant lequel tous mangeaient, du moins ceux qui disposaient encore d’un appétit suffisant. Ni Fang, ni Jiajing, ni Yu Ming s’échangèrent de regard. L’Empereur finit son thé sans avoir touché ni au bouillon, ni au riz et, se massant l’estomac en dissimulant une grimace de douleur, finit par se relever avec énormément de difficulté, si bien que deux serviteurs durent l’épauler. Ils conduisirent l’Empereur vers sa chambre où celui-ci fut habillé dans sa tenue du jour. C’était un très joli ensemble brun foncé dont la chemise à cinq boutons terminait en col mandarin. Là-dessus, une médaille en forme de croix stylisée avec entre les branches les armoiries de l’Empire, en fond le Soleil et au centre les armoiries impériales fut posée à la droite de sa poitrine et une longue écharpe en soie jaune fut déposée de son épaule gauche à sa hanche droite. Celle-ci finissant en nœud duquel s’échappa l’emblème du shintaoïsme dont il était le chef.
Peu après et quelques carrés de soie ensanglantés plus tard, l’Empereur fut amené à son bureau qui se trouvait non loin du Pavillon de la Vertu Céleste, abritant le trône du Dragon. Il lisait, non sans difficulté, le LDNS du jour qui racontait entre autres choses qu’une coulée de boue à Qingyun avait fait cinquante morts et vingt-sept blessés. Soudain, on toqua à la porte et un eunuque entra directement.

- Votre Majesté, Monsieur le Premier Ministre Li PEIFU. Dit l’eunuque, le menton incliné et les yeux fixant un point imaginaire du plafond.
- Faites entrer, répondit l’Empereur en retirant ses lunettes de vue et repliant soigneusement le journal qui avait été repassé quelques heures plus tôt.

Un petit homme chauve entra. Il avait une petite moustache et le visage fin. Il portait un costume trois pièces parfaitement ajusté et bleu nuit. Il s’approcha du bureau de l’Empereur avec un petit coffre de bois rouge et s’inclina très bas avant de déposer ladite boite face à Sa Majesté et le contempla quelques instants. L’Empereur paraissait encore plus vieux et fatigué que ce matin. Pire encore, PEIFU Li avait connu l’Empereur bien avant sa maladie. Ling Chongsheng avait toujours eu la réputation d’avoir une santé de fer et surtout une vitalité remarquable. Aujourd’hui, il semblait terriblement vieux, fatigué et ses yeux étaient devenus presque vitreux. Par moment, il était difficile de ne pas avoir l’impression que c’était un corps sans âme, la moitié d’un être vivant menacé par un sablier invisible et une épée de Damoclès bien réelle. Ling Chongsheng avait probablement plus que quelques semaines, quelques mois de vie, mais tout en lui laissait croire qu’il ne lui restait plus que quelques heures.

- Bonjour, Li. J’espère que l’AIGU — l’Agence Impériale de Gestion des Urgences — que je vous ai suggéré de créer il y a deux ans va s’avérer utile à Qingyun.
- Bonjour, Votre Majesté. J’espère que vous allez bien. Oui, c’est une tragédie ce que vivent les Qingyunese. Aux dernières nouvelles, deux hélicoptères de secouriste quadrillent la zone pendant que les pompiers au sol tentent de trouver d’autres survivants dans les décombres.
- Bien. Que le Ciel ait pitié de ces pauvres âmes.
- Oui, puisse-t-il. Vous trouverez tous les dossiers important du Gouvernement, la cérémonie du Bicentenaire est évidemment une priorité.
- Avez-vous eu vent des progrès du Prince Jiajing ? Les invitations ont-elles été envoyées ?
- Je ne saurai le dire, Sire. Mes Départements et moi-même, nous nous sommes concentrés sur la gestion de l’événement et de la sécurité de tous.
- Comment cela vous ne sauriez le dire ? J'ai confié la gestion du côté de la Maison Impériale au Premier Prince et vous, vous en occupez du côté de l'État. Vous ne communiquez donc jamais ? L'Empereur haussa un sourcil.
- C'est-à-dire que le Prince ne tient pas au courant votre Cabinet de l'évolution de ses préparatifs. Nous avons plus ou moins le plan de ce qui doit être fait, mais pas si cela a été fait.
- Je vais devoir parler au Premier Prince alors. Cette cérémonie ne saurait être un échec parce que deux hérons n'arrivent pas à communiquer.
- Votre Cabinet serait honoré de votre aide sur le sujet, Sire. Pour revenir à notre partie de la cérémonie, il nous faudra peut-être envisager quelques renforts venant de l’armée.
- L’armée ? Ling Chongsheng fixa son premier ministre d’un œil de juge. En plus de trente-quatre ans de mon règne, jamais aucun soldat lingois ou étranger n’est rentré en arme dans le Shengjie. Sous le règne de mon père non plus, par ailleurs.
- Veuillez m’excuser, Sire, mais, hélas, ni vous avant cela, ni votre père, que Seiryu le bénisse ; n’avez eu à fêter deux siècles de règne de la Dynastie Ling. Encore moins dans votre état.

L’Empereur allait lui répondre quelque chose, mais comme le Coquin de Sort en avait après lui, il se mit à tousser violemment pendant quelques longues secondes. Le Premier Ministre prit la carafe d’eau qui se trouvait non loin du bureau et servi un verre qu’il tendit à Chongsheng. Celui-ci le prit en tremblant de la main et porta le verre à ses lèvres. Il put boire deux gorgées avant qu’une toux étouffée par l’eau vint laisser apparaître des volutes rouges dans le verre qui dansèrent quelques instants avant d’être englouties par le vieil auguste. Celui-ci finit par poser le verre vide, s’essuyer la bouche dans un carré de soie et reprit.

- Vous avez raison. Ce que nous allons vivre est nouveau, mais je ne dérogerai pas à la règle de préserver la pureté de ma capitale. Le Shengjie ne sera pas bafoué sous mon règne.
- Entendu, sire. Répondit simplement Peifu.

Ling Chongsheng sorti de la poche intérieure de son ensemble une petite clé en fer forgé qu’il introduisit dans la serrure de la boite. Il la déverrouilla au son d’un clic caractéristique et l’ouvrit. Elle contenait plusieurs dossiers, ceux du moment évoqués en introduction par son premier ministre Une petite bande de couleur disposée en diagonale dans l’angle droit supérieur indiquait le degré d’importance. Sur le premier, il était écrit « BICENTENAIRE » en majuscule et le ruban affichait une couleur rouge. Comme à son habitude, PEIFU Li s’approcha de l’Empereur et se glissa légèrement derrière lui, la tête inclinée vers la boite.

- À l’intérieur de ce dossier, vous trouverez un compte-rendu complet des avancées de la cérémonie et surtout, des documents nécessitent votre signature. C’est concernant le budget spécial voté par la Cour Législative. En effet, pour des raisons de sécurité, l’enveloppe votée l’an dernier a dû être revue à la hausse.
- Combien ? Dit l’Empereur en tournant la tête vers son premier ministre.
- Une bagatelle, seulement quatre-cent cinquante millions de taëls d’or.
- Seulement ? Est-ce une blague Peifu ?
- Ç'eût été plus si nous n’avions pas mieux négocié avec les syndicats représentant les forces de l’ordre et ceux du ferroviaire. S’empressa de dire le Premier Ministre en se raclant la gorge.
- Et Ç'eut été moins si vous n’étiez pas autant obsédés par la sécurité.
- Sire, au regard de la détestation de certaines nations pour notre mode de vie et notre régime, au regard de l’opposition grandissante et de la menace républicaine chez nous, au regard du banditisme et de la particularité même de la cérémonie ; c’était un mal nécessaire.
- Mh, grogna l’Empereur.
- Comme je vous le disais, les syndicats ont accepté un bon compromis puisque nous avons obtenu d’eux qu’ils s’en tiennent aux trois-cent vingt taëls d’or de prime que nous proposions pour la journée.
- Trois-cent vingt ? Mais nous n’avons pas d’argent magique, Monsieur le Premier Ministre. Il va nous falloir emprunter ou pire encore, faire tourner la planche à billet et risquer une déflation.
- Certes, mais ces questions se poseront plus tard à l’occasion du vote du budget rectificatif de l’année 2015. J’envisage déjà de proposer la création d’un impôt de solidarité pour la Maison Ling.
- Vous voulez taxer les lingois pour qu’ils financent cette cérémonie ?
- En quelque sorte. Temporairement, évidemment. PEIFU Li sourit.
- Je ne donne pas cher de votre peau face à des travailleurs à qui on a vendu pendant des mois la loi de séparation des finances de l’État et de celles de la Couronne. Oubliez cette idée et poursuivez donc.
- Certes, Sire. Il tourna les pages du dossier jusqu’à la dernière où l’Empereur apposa son sceau et sa signature. Ainsi donc, reste la question des invités. Qui souhaitez-vous voir à la cérémonie ?
- A priori toute la famille impériale, mille quatre-cent lingois à l’intérieur même du Palais comme chaque année et peut-être des personnalités lingoises et étrangères.
- Certes oui, mais deux cents ans, c'est une date importante. Ne faudrait-il pas inviter des politiciens étrangers ? Des chefs d’État, des monarques, des casse-têtes d’un point de vue sécurité, finalement.
- Nous demanderons aux dirigeants Nazuméens en priorité, alors. Le Xin et le Negara Strana en priorité. Le Fujiwa, le Jashuria et le Burujoa ensuite.
- Excellent choix, comme toujours le Yuhuang accompagne votre esprit et peut-être pour conclure le Wanmiri, Tahoku et la Ramchourie. Peifu inclina sa tête avant de présenter une nouvelle feuille où l’Empereur dut apposer son sceau et sa signature.
- Oui, en effet.

L’Empereur se pencha pour lire d’un peu plus près le document pendant qu’un eunuque arriva pour servir deux tasses de thé et repartir aussi vite. Le Premier Ministre se racla la gorge.

- Il s’agit, Votre Majesté, des secteurs de la capitale qui seront bloqués pour éviter tout incident puisque le défiler doit se tenir ici, les événements là et votre tribune sera… Ici.

En même temps qu’il parlait, son doigt se déplaçait sur une carte de la capitale impériale.

- Comment les habitants de ces quartiers accèderont à leurs domiciles ?
- Pour la journée, ils seront invités à ne pas y être ou à ne pas sortir de chez eux.
- N’oubliez pas que nous sommes avant tout une démocratie garantissant certaines libertés fondamentales comme celle de se mouvoir.
- Sire. J’entends votre attachement à nos valeurs, mais il va falloir faire certains compromis pour garantir que Votre Majesté, sa famille et ses invités ne soient pas inquiétés. Répondit calmement PEIFU Li alors que l’Empereur tourna la tête doucement vers lui et le fixa. Sa respiration sifflante.
- Faites en sorte de troubler le moins possible mon peuple, alors.
- Oui, Votre Majesté. Nous ferons tout pour qu’ils soient le moins dérangés possible.


L’échange continua un long moment. Il avait été questions de plusieurs sujets, certaines lois que la Cour Législative avait votées et qui attendaient le sceau impérial pour être promulguées. Le dernier dossier arriva bientôt entre les mains de l’Empereur. Celui-ci avait pour titre « SUCCESSION ». Ling Chongsheng fut surpris de voir cela et finit par se convaincre que ce dossier ne traitait pas de sa succession, mais des règles de succession en général. Le Grand Ling avait toujours eu une politique très libre concernant cela, il n’existait pas d’impôt sur les succession et les frais notariés étaient limités. Toutefois, le Premier Ministre eut quelque peu de réticence à en parler franchement. Il s’aventura enfin sur le sujet alors que les mains éprouvées du vieil auguste tournaient les pages du dossier pour en lire le contenu.

- Oui, bien, le dernier sujet à traiter concerne la dernière loi votée par la Cour Législative concernant les règles de succession de la Couronne.
- Plait-il ? La Cour souhaite dicter à la Couronne comment celle-ci doit choisir son héritier ?
- Ce n’est pas exactement cela. Jusqu’ici la Couronne a toujours pris une grande liberté à ne choisir que l’aîné mâle du couple impérial et si ce choix fut toujours le bon, force est de constater que l’époque voudrait voir s'opérer des changements dans les modalités du choix.

L’Empereur s’arrêta une nouvelle fois. Il se leva — avec difficulté — et alla se placer devant l’une des larges ouvertures de la pièce. Il contempla un instant le paysage. Celui-ci observait les jardiniers en action sur des haies récalcitrantes, des eunuques traversant d’un pas précis et rapide la cour qu’une large porte laissait apparaître en arrière-plan. Sur sa droite, au milieu de l’étang artificiel, un couple de jeunes adultes — probablement des enfants de dame de la cour — semblait se jouer la sérénade au bruit blanc de l’eau s’écoulant paisiblement d’une petite cascade artificielle.

- L’Empire existe depuis deux-mille-six-cent quatorze ans. La Couronne, depuis plus de trois-mille-deux-cent vingt-quatre ans. Jamais au cours de notre très longue Histoire, une assemblée populaire a pu dicter à la Couronne comment choisir ses héritiers.
- Eh bien, vos aïeuls les Jia faisait cela dès neuf-cent quatre-vingt-trois et jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par les Qian en… L’Empereur l’interrompit.
- Assez. Je connais l’Histoire de mes ancêtres. La Maison Jia a apporté énormément à notre civilisation, mais les votes de successions n’ont jamais fait que confirmer le choix de l’Empereur en plus de n'être élus que par les nobles et les hauts-fonctionnaires. Nous devons notre stabilité à nos lois coutumières et si ma Dynastie a accepté de concéder de son pouvoir au peuple avec grand intérêt, ce n’est pas pour se faire dicter qui est digne d’être l’héritier de Yuhuang.

L’Empereur se tourna à présent vers son Premier Ministre qui inclina la tête immédiatement en le voyant de face.

- Monsieur le Premier Ministre, vous répondrez à la Cour que Ling Chongsheng choisira son héritier comme il l’entend et que Ling Jiajing choisira le sien comme il l’entend et que mes petits enfants et arrière-petits-enfants en feront de même.
- J’informerais Son Excellence Nakamura de votre souhait, mais en tant que représentant de la Justice de l’Empereur ; je me dois de désapprouver cette solution. Le peuple désire voir plus de… Il s’arrêta pour peser ses mots. D’égalité entre les enfants de l’Empereur en espérant que Sa Majesté ira toujours dans le sens des libertés et de l’égalité du peuple ainsi qu’il l’a toujours fait.
- Nous ne sommes pas le peuple, nous sommes la Maison Impériale. La Maison Impériale suit les traditions et coutumes que Yuhuang et ses héritiers ont mis en place. La Maison Impériale descendent des dieux et retourneront auprès d’eux une fois leur mandat achevé.
- Ainsi a parlé le Dragon. Conclue le Premier Ministre, n’approuvant décidément pas.

PEIFU Li reprit tous les dossiers qu’il rangea dans la boite de bois rouge de laquelle ils étaient sortis et la referma à clé. Ling Chongsheng toussa de nouveau en fixant par sa fenêtre alors que le Premier Ministre s’approcha de lui. Il déposa à côté de l’Empereur, sur une petite table, la clé en fer forgée et se recula pour s’inclina au plus bas.

- Notre réunion est ainsi terminée, du moins pour moi. Votre Majesté. Je vous présente mes excuses pour les désagréments du dernier cas traité. Les invitations partiront ce soir et demain. Avez-vous un sujet dont vous voudriez me faire part avant que je retourne dans mon bureau, Votre Grâce ?

Ling Chongsheng ne répondit pas, aussi PEIFU Li quitta la pièce après s’être incliné de nouveau et traversa le petit jardin et la cour sous les yeux de l’Empereur pour regagner son aile du palais où le Cabinet travaillait.
Ling Chongsheng fut pris d’une quinte de toux puissante qu’il retenait depuis quelques minutes, il dût s’asseoir et user de plus que de simples carrés de soie. MiaoMiao entra au même moment pour récupérer les deux tasses de thé refroidies et encore pleine de tout à l’heure. Il trouva son Empereur par terre qui crachait et toussait encore. Il entendit simplement entre deux quinte “appelle mes médecins, vite”.

Armoiries de l'empire du Grand Ling
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