26/11/2014
21:45:27
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Rencontre pour l'Atome : Apex Energy/Laboratoire Henri Ventafalle

Il était 9 heures du matin à l'aéroport de la capitale Raskenoise. Oskar Brötzmann et le reste de la délégation d’Apex Energy attendaient patiemment l'arrivée de l’avion d'Edward Mirski et de la délégation du Laboratoire Henri Ventafalle. Peu après 9h05, Oskar Brötzmann fut prévenu que l’avion était en approche et qu’il serait là d’ici peu. Quelques minutes plus tard, l’avion se posait sur le tarmac de l’aéroport. Une fois arrêté, Oskar Brötzmann s’approcha de l’avion pour souhaiter la bienvenue à Edward Mirski.


Oskar Brötzmann – Bienvenue à Rasken, très cher. Comment allez vous, le voyage n’a pas été trop long, j’espère ?
Edward Mirski, sortant de l'avion avec sa délégation, fut surpris par le cadre idyllique d'Eberstadt. Il n'avait, pour ainsi dire, jamais quitté son pays, où toute question d'esthétique avait été rejetée, façonnant ainsi le visage austère de Drovolski. Sortant rapidement de l'avion, il fit la rencontre d'Oskar Brötzmann, son homologue chez Apex Energy. Il lui fit un signe de la tête et répondit à ses premières paroles :

« Le voyage s'est très bien passé, nous sommes heureux d'être arrivés sans encombre et sommes impressionnés par la beauté de votre aéroport. Merci pour cet accueil. »

Ils se dirigèrent ensuite vers des lieux plus accueillants.

Oskar Brötzmann – Je vois, je suis heureux de l’apprendre. Si vous voulez bien nous suivre, nous allons emprunter la HSL jusqu’au siège social d’Apex Energy. J’ai réservé une salle de réunion pour notre rencontre. Même si le trajet sera court, si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser, j’essaierai d’y répondre au mieux.
Edward Mirski, avec sa délégation, le suivit sans plus de commentaires et se permit ces quelques mots :

« Le siège se situe à proximité de l'un de vos sites nucléaires ? »

Pas du tout, le siège d’Apex se situe en plein cœur de la capitale. Vous ne devriez pas tarder à l’apercevoir; du haut de ses 470 mètres, on le remarque de loin. Sinon, le site nucléaire le plus proche est celui de Tremblay, à environ 80 km d’Eberstadt.


Pendant qu’Oskar Brötzmann discutait avec son interlocuteur, la voiture passa le péage avant de s’engager sur la HSL.


Edouard Mallet – On devrait être dans la capitale dans environ 7 minutes grâce à la HSL, plus 4 ou 5 minutes pour atteindre le siège vu que ça roule bien aujourd’hui.

Oskar Brötzmann – Je vois, j’étais sceptique au début, mais la HSL nous fait vraiment gagner un peu de temps.

Edouard Mallet – C’est surtout sur les longues distances que c’est intéressant, mais oui, ça nous fait gagner un peu de temps dans le cas présent.
Assez surpris par la vitesse de la voiture, fait rarissime en Drovolski, un secrétaire de M. Mirski s'exclama discrètement :

"Comment faites-vous pour aller aussi vite ? C'est un moteur à explosion ? J'ai l'impression que vous allez plus vite que nos trains !"

M. Mirski poursuivit :

"C'est vrai que c'est impressionnant. Nous serons arrivés rapidement grâce à la vitesse de votre transport. On va rarement au-dessus de 50 km/h à cause de nos moteurs électriques peu performants. Le pétrole a de l'avenir chez vous."

Il aperçut la tour d'Apex Energy, la trouvant resplendissante.
Oskar Brötzmann et le chauffeur Edouard Mallet furent assez surpris par la réaction de la secrétaire de M. Mirski. Rouler à 250 km/h était certes récent à Rasken, mais cela faisait déjà plusieurs décennies que la limitation sur les autoroutes raskenoises était fixée à 150 km/h. Même en dehors de Rasken, les limitations de vitesse étaient souvent comprises entre 110 et 130 km/h, alors une telle réaction surprit quelque peu les deux Raskenois. Au point où ils se demandèrent si, mis à part le nucléaire, le niveau technologique de l’Empire constitutionnel de Drovolski n'accusait pas un sérieux retard dans certains domaines.


Oskar Brötzmann – 50 km/h ? C’est peu, effectivement. La vitesse moyenne sur nos autoroutes doit être autour de 135 km/h et celle sur les HSL autour de 230 km/h. Après, ça consomme, c’est sûr, mais le pétrole n'a jamais vraiment été un problème à Rasken, le prix à la pompe n'a jamais été aussi bas. Et au moins, ça nous permet de faire un Eberstadt/Hamförd en 2 heures alors que les villes sont séparées par 500 km.

L’électrique peut être une bonne solution, mais le stockage reste un gros problème. Les batteries sont lourdes, la recharge prend la journée, au bout de 5 à 10 ans elles sont mortes, ça se recycle très mal, etc etc. À Rasken, on a préféré miser sur les biocarburants. Une usine pilote d’Apex devrait démarrer début 2014, d’ailleurs.
Il le prit à ces mots, toujours effaré par les avancées technologiques tout à fait différentes entre son pays et Rasken :

"En effet, nos voitures sont marginales du fait des problèmes de batterie. Moi-même, je n'en ai pas ; j'utilise, comme tout Mesolvardien, principalement le trolleybus et le train, les deux moyens de transport électriques du pays n'ayant pas besoin de batterie. Pour ce qui est des produits chimiques, nous pouvons vous aider. Si les technologies de pointe ne sont pas le fort de Drovolski, la chimie, les métaux et le nucléaire, ça, on sait faire. La SCM utilise un de ses réacteurs pour produire de l'ammoniac qui, liquéfié, est un carburant très puissant. Il est utilisé chez nous non pas pour les véhicules mais pour la régulation de pointe de notre réseau électrique, n'ayant pas les technologies pour une motorisation performante en dehors de camions plus proches du tank que de la voiture. Nous sommes disposés à vous partager ces technologies. Sommes-nous bientôt arrivés ?"

Oskar Brötzmann – Je vois, vous régulez votre réseau avec de l’ammoniac. À Rasken, nous le faisons avec un important parc de centrales à gaz. Avec les dernières mises en service en 2009, nous avons 13 000 MW installés. Malheureusement, nous ne pourrons pas les remplacer par des générateurs à l’ammoniac comme vous, pour plusieurs raisons, dont deux majeures.

Premièrement, le climat. Rasken a la particularité d’avoir, à l’intérieur de ses frontières, le plateau de Crystal. C’est une immense steppe située à environ 4000 m d’altitude et qui recouvre près de 30 % de la surface du pays. Depuis 2011, ce plateau est considéré comme vital, mais c’est à double tranchant. En effet, ce plateau a la particularité de pouvoir littéralement ramener l’hiver en plein été. Sous certaines conditions très spécifiques, de grandes masses d’air froides peuvent quitter le plateau de Crystal et provoquer une vague de froid sur le reste du pays en plein mois de juillet. Le pire événement fut celui de la canicule de juillet 2001. Un jour, il faisait 40°C, et le lendemain, il faisait négatif dans quasiement tout le pays pendant près de 5 jours, atteignant un record de -26°C dans la capitale. Cette baisse brutale de température peut s’effectuer en seulement quelques heures, entraînant une envolée de la consommation. Cette envolée très rapide de la consommation est une des raisons pour lesquelles nous gardons encore nos centrales à gaz, qui peuvent atteindre leur puissance maximale en quelques minutes.

Deuxièmement, Rasken dispose de normes de pollution assez strictes en ce qui concerne les rejets de CO2 et autres polluants. À ce titre, et pour montrer que c’est possible, nous (Apex) nous sommes engagés à compenser totalement les émissions de CO2 dues à nos activités d’extraction. Ces émissions sont actuellement d’environ 47 millions de tonnes par an. En brûlant du biogaz et en séquestrant les émissions de nos centrales à gaz, nous retirerions de l’atmosphère près de 25 millions de tonnes de CO2 annuellement. De plus, le biogaz peut être utilisé pour substituer le pétrole dans certains procédés pétrochimiques.

Sur ce, nous sommes arrivés.


Après cela, le groupe grimpa à 80 mètres de hauteur, au 20e étage de la tour.
Un peu surpris par le luxe de la pièce, M. Mirski prit la parole.

"Rassurez-vous, la combustion de l'ammoniac ne produit pas de CO2, heureusement. Je comprends néanmoins vos préoccupations. L'ammoniac est un combustible synthétique qui se comporte un peu comme le GPL, mais sans carbone. Cependant, nous sommes ici pour parler de nucléaire. Alors, de quel sujet souhaitez-vous nous parler en premier ? Nous sommes impatients d'en savoir plus."

Après avoir pris une brève pause, M. Mirski ajusta légèrement sa position dans son fauteuil, manifestant un intérêt sincère pour la discussion à venir.

"Nous reconnaissons l'importance cruciale du développement nucléaire dans la transition énergétique mondiale. Vos innovations dans ce domaine ont attiré notre attention et nous sommes particulièrement curieux d'entendre vos idées et vos propositions. Peut-être pourriez-vous commencer par nous exposer vos dernières avancées en matière de sécurité nucléaire, un aspect qui revêt une importance capitale pour nos futurs projets collaboratifs."

Il conclut avec un sourire encourageant, prêt à écouter attentivement les réponses et à engager un dialogue constructif.

Oskar Brötzmann – Vous avez raison, la sécurité est primordiale. Pour un site industriel classique, elle est déjà importante, mais pour un site nucléaire, elle doit être encore plus renforcée.

Premièrement, lorsque nous décidons de l’emplacement d’un site nucléaire, l’un des premiers facteurs que nous prenons en compte est l’activité sismique de la région. Pour cela, nous considérons le séisme le plus fort recensé dans la région et nous ajoutons 0,5 sur l’échelle de Richter. Deuxièmement, nous prenons également en compte les possibilités d’inondations ou de crues des fleuves. Ce point est particulièrement pertinent pour les centrales nucléaires, car les sites choisis sont généralement en bordure de fleuve. Pour répondre à cette menace, nous avons mis en place plusieurs mesures :

    -Nous avons installé des digues et d’autres murs de protection tels que des barrages autour de nos installations pour les protéger en cas d’inondations. Chaque structure est étudiée en fonction de son emplacement pour être dimensionnée de manière optimale. Elles peuvent ainsi résister bien au-delà des conditions normales pour assurer une protection maximale de nos installations.

    -En parallèle, nous avons des systèmes avancés de drainage autour de nos sites pour garantir une évacuation rapide et efficace des eaux en cas de crue. Les systèmes de drainage sont régulièrement inspectés et entretenus pour garantir leur fonctionnement en toutes circonstances.

    -En cas de crue plus importante que prévue, tous les équipements critiques, comme les générateurs de secours et les systèmes de refroidissement, sont placés sur des plateformes surélevées. Cela garantit que les systèmes les plus importants restent opérationnels même en cas d’inondation.

    -En plus des protections permanentes, nous avons des barrières temporaires et des pompes de secours prêtes à être déployées en cas de crue qui dépasserait les défenses prévues. Ces équipements permettent de renforcer rapidement la protection et d’évacuer l’eau des zones sensibles.

    -Pour renforcer ces mesures, nous avons mis en place des systèmes d’alerte précoce et de surveillance continue pour détecter les signes avant-coureurs de crues. Ces systèmes sont complétés par des plans d'urgence et des exercices de simulation réguliers afin d’entraîner le personnel de l’installation.

Tout cela constitue les défenses d’une centrale contre les agressions naturelles. Cependant, comme vous le savez, une agression humaine est tout à fait possible. Pour cela, les centrales nucléaires sont équipées de dômes de protection capables d’encaisser un crash d’avion de ligne. Avec les récents événements entre Translavia et la Loduarie, nous envisageons de renforcer davantage ces dômes pour pouvoir encaisser un ou deux missiles balistiques.

Ensuite, nous avons mis en place des mesures visant à garantir de manière stable un approvisionnement en électricité à tous les équipements de la centrale. Par exemple, nous avons mis en place dans nos centrales un système d’îlotage électrique pour que la centrale s’auto-alimente en cas de coupure de courant. Nous avons également des générateurs de secours au diesel pour fournir une alimentation fiable en cas de perte de l'alimentation principale. Ces générateurs sont conçus pour démarrer automatiquement et fournir une puissance suffisante pour maintenir les fonctions essentielles du réacteur, y compris le refroidissement et les systèmes de sécurité. En plus des générateurs de secours, nous avons des batteries permettant de prendre le relais en cas de coupure de courant, le temps que les générateurs de secours prennent le relais. Ces batteries garantissent qu'il n'y ait pas de perturbation dans l'alimentation des systèmes vitaux. Ajoutons que tous ces systèmes sont redondants et souvent présents en double.

Je ne vais pas tout mentionner, mais je finirai avec ces deux exemples. En cas de fusion du cœur du réacteur, il y a formation de corium. Comme vous le savez, cette lave radioactive génère sa propre chaleur et il est très difficile de la refroidir, le seul moyen étant de l’étaler. Pour cela, nous avons mis en place des bassins de récupération sous la cuve. Ces bassins ont pour rôle d’étaler le corium afin de le refroidir plus facilement. Ils empêchent ainsi la propagation du corium et minimisent les risques de percée de l'enceinte de confinement.

Le deuxième système que je vais mentionner est celui des recombineurs d’hydrogène passifs. À partir du moment où de l’hydrogène s’accumule dans le bâtiment réacteur, il y a un risque d’incendie voire d’explosion, compromettant ainsi l’enceinte de confinement. Ce genre de système fonctionne sans source d'énergie externe et est conçu pour catalyser la recombinaison de l'hydrogène avec l'oxygène pour former de l'eau, réduisant ainsi le risque d'explosion. Ces systèmes sont robustes, fiables et nécessitent peu de maintenance, ce qui en fait une solution idéale pour garantir la sécurité même en cas de scénarios d'accidents sévères.


Oskar Brötzmann s’arrêta de parler et prit un verre d’eau pour se désaltérer, laissant le champ libre à son interlocuteur pour répondre.
M. Mirsk, comblé par un tel professionnalisme, dit :

"Nous sommes très heureux de voir le professionnalisme dont vous faites preuve pour la sûreté de vos installations, c'est impressionnant et nous sommes satisfaits de votre réponse, mais qu'en est-il des performances de vos cœurs de réacteur ? Pourrions-nous en voir un de plus près ? Combien de combustible, lequel, quel enrichissement, qui est votre fournisseur ? Quelle puissance thermique ? Quel rendement ? Combien de barres ?"

Oskar Brötzmann – Malheureusement, je crains que cela ne soit pas vraiment possible de voir le cœur. Si vous étiez venue quelques semaines plus tôt, vous auriez pu, mais là, nous avons démarré le réacteur numéro 3 de la centrale d’Osterwald il y a peu, le bâtiment réacteur étant donc totalement fermé. Le réacteur numéro 4, quant à lui, est encore en construction et ne possède pas encore sa cuve.

Mais je peux cependant répondre à vos questions ici. Pour ce qui est de notre fournisseur, que ce soit du minerai brut ou du combustible enrichi, il s’agit de nous. Avec notre centre d’enrichissement de Balmer et prochainement celui de Schulz. Cependant, pour ce qui est du minerai brut, nous n’avons qu’une seule mine qui sera épuisée dans une dizaine d’années. Par la suite, nous comptons récupérer l’uranium contenu dans les cendres de charbon que nous avons stockées depuis les années 50. Avec cela, on pourra alimenter 11 réacteurs de 1200MW pendant 1 an, ou moins de réacteurs pendant plus de temps. Mais à l’avenir, ce sera depuis la Tchernovie voisine que nous importerons la majorité de notre uranium. Nous avons déjà engagé des négociations pour pouvoir prospecter leur sous-sol. Pour ce qui est du combustible en lui-même, nous utilisons un combustible enrichi à hauteur de 4% d’uranium 235.

Ensuite, on assemble ce combustible dans des pastilles de 12,5 grammes chacune, on empile 200 de ces pastilles pour former des crayons de 4 mètres de hauteur pour 2,5 kilogrammes. Pour finir, on assemble 400 de ces crayons pour former un assemblage combustible d’une tonne. Chaque assemblage combustible a une puissance thermique de 22,2MW. Pour nos réacteurs de 1200MW électriques, on rassemble 150 assemblages combustibles et pour ceux de 1600, c’est 200.

Pour ce qui est du rendement, nos RPR ont un rendement compris entre 36 et 37 %.
Pas très étonné de la réponse, il poursuivit :

"C'est conforme à ce que nous pensions. Vos réacteurs sont des PWR de dernière génération, parfaits pour l'exportation. Mais en matière d'efficience et de surgénération, nous pourrions grandement vous aider. En effet, nos réacteurs, les Mesol-1900, peuvent surgénérer l'uranium pour que vos stocks puissent durer indéfiniment. En vue de vos stocks, nous pourrions vous apporter une aide dans la recherche de votre propre filière et construire un VHTR pilote pour vos procédés industriels gourmands en chaleur.

Qu'en dites-vous ?"

En ce qui concerne la construction de VHTR pour la production de chaleur, j'en discuterai avec Monsieur Jonathan Hopfner. Cela pourrait l'intéresser. Le ministre de l'Industrie pousse depuis quelque temps pour la création d'une nouvelle zone industrielle centrée sur l'industrie lourde, avec des aciéries, de la chimie, etc. Quant à la surgénération et aux stocks d'uranium, ne vous inquiétez pas. La Tcharnovie dispose de réserves abondantes. De plus, nous sommes également en discussion avec Ambar.
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