
↪ Révolte contre le Roi : l'Homme Détrôné est l'œuvre principale de la maison d'édition autogérée, misandre et féministe de la Zone de Gojiga «Insoumise·s». Au-delà de la spécificité de la misandrie assumée de la maison d'édition, il faut aussi savoir qu'elle ne publie uniquement les œuvres de personnes non masculines. Ce livre est connu pour être le plus violent de tous, parmi les œuvres misandre. Il fait débat au sein-même de la communauté misandre, notamment avec des accusations de transphobies [L'autrice a expliqué qu'elle ne parlais que de travestissement moral et non pas des personnes transgenre]. Il est interdit de publication et de diffusion en Loduarie. L'autrice publie sous le pseudonyme : "Aline."
Révolte contre le Roi : l'Homme Détrôné
Vivre dans cette société, c'est tout au plus y mourir d'ennui. Rien dans ce monde ne concerne vraiment les femmes. Alors, pour celles qui possèdent un minimum de civisme, de responsabilité et d'humour, il ne reste qu'à renverser le gouvernement, abolir l'argent, instaurer l'automatisation à tous les niveaux et éliminer le sexe masculin.
Grâce aux avancées technologiques, il est maintenant possible de reproduire l'espèce humaine sans l'intervention des hommes (ou même des femmes) et de produire exclusivement des femmes ; maintenir l'existence du mâle n'a même plus l'utilité discutable de permettre la reproduction de l'espèce.
Le mâle est une anomalie biologique ; le chromosome Y (mâle) est simplement une version incomplète du chromosome X (femelle). En d'autres termes, l'homme est une version ratée de la femme, une fausse couche ambulante, un avorton de naissance. Être homme, c'est être incomplet, c'est avoir une sensibilité réduite. La virilité est une déficience biologique, et les hommes sont des êtres émotionnellement handicapés.
L'homme est totalement égocentrique, enfermé en lui-même, incapable de partager ou de se connecter aux autres ; incapable d'amour, d'amitié, d'affection, de tendresse. Complètement isolé, incapable de former des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont jamais réfléchis, toujours primitifs et viscéraux. Son intelligence ne sert qu'à satisfaire ses désirs et ses impulsions. Il ne connaît pas les passions intellectuelles ni les échanges d'idées ; il ne s'intéresse qu'à ses sensations physiques. Il n'est qu'un mort-vivant, insensible, et pour ce qui est du plaisir et du bonheur, il est incapable d'en donner ou d'en recevoir. Au mieux, il ne fait que distiller l'ennui, n'étant qu'une erreur insignifiante, car seuls ceux qui savent s'immerger dans les autres ont du charme. Enfermé dans cette zone crépusculaire entre les singes et les humains, il est encore plus désavantagé que les singes car, contrairement à eux, il ressent une gamme complète de sentiments négatifs – haine, jalousie, mépris, dégoût, culpabilité, honte, blâme, doute – et pire encore, il est pleinement conscient de ce qu'il est et de ce qu'il n'est pas.
Bien qu'il ne soit qu'un simple corps, l'homme ne parvient même pas à assurer la fonction d'étalon. Même s'il détient une compétence technique - qui est plutôt rare en vérité - on ne peut déceler aucune sensualité, aucun humour dans sa façon de s'engager. Lorsque cela lui arrive, il est accablé de culpabilité, de honte, de peur et d'angoisse (des sentiments enracinés profondément dans la nature même de l'homme, que même l'éducation la plus éclairée ne peut totalement éradiquer). Ensuite, le plaisir qu'il en retire est quasiment inexistant. Et pour finir, obsédé par le désir de bien performer, de battre des records, de satisfaire de manière consciencieuse, il se soucie peu d'être en harmonie avec sa partenaire. Il serait même flatteur de le comparer à un animal. Il n'est qu'une machine, un simulateur de plaisirs. On prétend souvent que les hommes utilisent les femmes. Les utilisent à quoi ? En tout cas, certainement pas pour le plaisir.
Tourmentés par la culpabilité, la honte, la peur et l'angoisse, et malgré la faible satisfaction qu'il retire de ses efforts, son obsession reste toujours : copuler, copuler. Il n'hésitera pas à affronter des conditions misérables s'il a l'espoir de trouver un partenaire sexuel. Il s'engagera avec n'importe quelle vieille sorcière édentée, n'importe quelle femme, même s'il la méprise, et il ira même jusqu'à payer pour cela. Et pourquoi tant d'agitation ? S'il s'agissait simplement de soulager une tension physique, il lui suffirait de se masturber. Alors pourquoi ? Complètement centré sur lui-même, incapable de communiquer ou de se connecter avec les autres, ne vivant que par une sexualité endémique et diffuse, l'homme est psychiquement passif.
Et parce qu'il redoute sa propre passivité, l'homme tente désespérément de la projeter sur les femmes. Il postule que l'homme est actif, puis s'évertue à démontrer cette prétendue activité en ayant des rapports sexuels ! (Regardez-moi, j'ai une grosse queue et je baise tout le monde). Mais comme ce qu'il cherche à prouver est faux, il est condamné à recommencer sans cesse. Ainsi, le sexe devient un besoin irrépressible, une tentative désespérée pour prouver qu'il n'est pas passif, qu'il n'est pas une femme. Mais en réalité, il est passif, et au fond de lui, son désir le plus profond est de devenir une femme.
En tant que femme incomplète, l'homme passe sa vie à chercher ce qui lui manque, à aspirer à devenir une femme. C'est pourquoi il est constamment à la recherche des femmes, pourquoi il essaie de s'identifier à elles ; il veut vivre à travers elles, se fondre en elles. Voilà pourquoi il revendique toutes les caractéristiques qui définissent les femmes : la force de caractère, l'indépendance émotionnelle, l'énergie, le dynamisme, l'esprit d'initiative, l'aisance, l'objectivité, l'assurance, le courage, l'intégrité, la vitalité, l'intensité, le sens de l'humour, etc. Voilà pourquoi il projette sur les femmes toutes les caractéristiques qui définissent les hommes : la vanité, la frivolité, la banalité, la faiblesse, etc. (Il est cependant intéressant de noter qu'il y a un domaine dans lequel les hommes sont largement supérieurs aux femmes : celui des relations publiques. C'est ainsi qu'ils parviennent à convaincre des millions de femmes qu'elles sont des hommes et vice versa [en termes de comportement]).
Les hommes prétendent que les femmes trouvent leur épanouissement dans la maternité et la sexualité, ce qui correspond en réalité à ce que les hommes trouveraient satisfaisant, s'ils étaient des femmes. En d'autres termes, ce ne sont pas les femmes qui envient le pénis, mais les hommes qui envient le vagin. Lorsque l'homme finit par accepter sa passivité et se considère comme une femme (les hommes, tout comme les femmes, confondent souvent les deux sexes), lorsqu'il pratique le travestissement sentimental, il perd tout intérêt pour le sexe. Le sexe permet aux hommes de se protéger contre leur désir d'être des femmes. En fin de compte, la sexualité est une forme de sublimation.
La quête frénétique de compensation de l'homme, combinée à son incapacité fondamentale à communiquer et à compatir, a transformé le monde en un véritable enfer.
Il porte l'entière responsabilité de :
LA GUERRE
Le système de compensation le plus courant du mâle, savoir dégainer son gros calibre, se révélant notoirement inefficace, puisqu'il ne peut le sortir qu'un nombre très limité de fois, il dégaine sur une échelle franchement massive, donc sublime, prouvant ainsi au monde entier qu'il est un « Homme ». Du fait de son incapacité à éprouver de la compassion pour les autres, à les comprendre ou à s'identifier à eux (voir plus haut), il trouve que l'affirmation de sa virilité vaut bien toutes sortes de mutilations et de souffrances, et il la fait passer avant un nombre incalculable de vies humaines, la sienne comprise. Pour ce que vaut celle-là, il préfère mourir ébloui de gloire que de se traîner lugubrement cinquante ans de plus
LA GENTILLESSE, LA POLITESSE, LA « DIGNITÉ »
Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. Submergé par la sensation de sa bestialité et par la honte qu'elle lui inspire, il ne cherche pas à s'exprimer mais au contraire à camoufler les limites de son être purement physique et son parfait égocentrisme. À cause de son système nerveux grossièrement constitué et bouleversé à la moindre marque d'émotion ou de sentiment, le mâle se protège à l'aide d'un code « social » parfaitement insipide d'où est absente toute trace de sentiments ou d'opinions gênantes. Il utilise des termes comme « copuler », « commerce sexuel », « avoir des rapports » (pour les hommes, parler de rapports sexuels est un pléonasme), et il en parle avec des allures guindées de chimpanzé en habit à queue.
L'ARGENT, LE MARIAGE ET LA PROSTITUTION, LE TRAVAIL CONTRE L'AUTOMATION
Aucune raison humaine ne justifie la thune ou le boulot pour quiconque au-delà de deux ou trois heures par semaine, grand max. Tous les jobs non créatifs (quasiment tous les jobs actuels) auraient pu être automatisés depuis belle lurette. Dans un monde sans fric, chacun aurait tout ce qu'il veut, comme en témoigne Communaterra, qui a aboli l'argent grâce à une révolution féminine. Les raisons qui perpétuent ce système basé sur l'argent et le travail ne sont pas humaines, elles sont masculines :
1. Le con. Le mec, qui déteste sa nature défaillante, est submergé par une profonde angoisse et une immense solitude quand il est seul avec lui-même. Il s'accroche alors à n'importe quelle femme pour tenter de combler son vide intérieur, et en se nourrissant de l'illusion qu'à force de toucher de l'or il deviendra or, il cherche constamment la compagnie des femmes. Il préfère la compagnie de la femme la plus méprisable à celle d'autres hommes ou à sa propre compagnie. Mais pour arriver à ses fins, il doit recourir à la force ou à la corruption, sauf s'il tombe sur des femmes très jeunes ou très vulnérables.
2. Incapable de se connecter avec les autres (voir plus haut), et obligé de se donner l'illusion de servir à quelque chose, l'homme s'active à creuser des trous et à les remplir pour justifier son existence. L'homme est terrifié par l'idée d'avoir du temps libre, pendant lequel il n'aurait rien d'autre à faire que de contempler sa propre absurdité. Puisqu'il ne peut ni aimer ni établir de relations, l'homme bosse. Les femmes, elles, rêvent d'activités intelligentes et absorbantes qui comblent leur sensibilité, mais faute d'occasions ou de compétences, elles préfèrent flâner et tuer le temps : dormir, faire des courses, jouer au bowling, parier de l'argent, jouer aux cartes, procréer, lire, marcher, rêvasser, manger, se tripoter, s'envoyer des cachets, aller au ciné, se faire psychanalyser, boire, voyager, élever des animaux, se prélasser sur la plage, nager, regarder la télé, écouter de la musique, décorer leur maison, jardiner, coudre, sortir en boîte, danser, visiter des lieux, s’« enrichir » (suivre des stages), se « cultiver » (conférences, théâtre, concerts, cinéma d’art). Ainsi, même avec une égalité économique totale, beaucoup de femmes préfèrent vivre avec des hommes ou traîner plutôt que de passer huit heures par jour à faire un travail abrutissant et ennuyeux qui les rend pire que des bêtes, des machines. Ce qui libérera les femmes de l'emprise masculine sera la destruction totale du système fondé sur l'argent et le boulot, pas l'égalité économique à l'intérieur de ce système.
3. Le pouvoir. Ne pouvant dominer les femmes dans ses relations personnelles, l'homme cherche la domination en général en manipulant l'argent et tout ce qui en dépend, c'est-à-dire en manipulant tout et tout le monde.
4. Trouver un substitut à l'amour. Incapable de donner de l'amour ou de l'affection, l'homme donne de l'argent. Il se sent maternel. La mère donne le lait ; lui, il donne le pain. Il est le Gagne-Pain.
5. Fournir un but à l'homme. Puisqu'il est incapable de profiter du moment présent, l'homme doit trouver un but à poursuivre et l'argent est la carotte après laquelle il peut courir éternellement : imaginez tout ce qu'on peut faire avec quatre-vingts milliards de dollars : ah, investir ! Et dans trois ans, ça fera trois cent mille millions de dollars, les gars !
6. Donner à l'homme sa meilleure occasion de manipuler les autres : la paternité.
LA PATERNITÉ ET LA MALADIE MENTALE (peur, lâcheté, timidité, humilité, insécurité, passivité)
Maman veut le bien de ses enfants, Papa ne veut que le bien de Papa, il veut qu'on lui fiche la paix, il veut que ses lubies de « dignité » soient respectées, il veut présenter bien (le statut) et il veut contrôler et manipuler à volonté ce qui s'appellera « guider » s'il est un père « moderne ». Ce qu'il veut aussi, c'est s'approprier sa fille sexuellement. Il donne la main de sa fille en mariage, le reste est pour lui. Papa, au contraire de Maman, ne cède jamais à ses enfants car il doit à tout prix préserver l'image de l'homme décidé, fort, énergique, qui a toujours raison. À force de ne jamais agir à sa façon, on se sent dépassé par ce monde et on accepte passivement le statu quo. Maman aime ses enfants. Elle se met quelquefois en colère, mais la crise passe vite et n'exclut jamais ni l'amour ni l'acceptation profonde. Papa, lui, est un débile affectif et il n'aime pas ses enfants ; il les approuve – s'ils sont « sages », gentils, « respectueux », obéissants, soumis, silencieux et non sujets à des sautes d'humeur qui pourraient bouleverser le système nerveux mâle et fragile de Papa – en d'autres termes, s'ils vivent à l'état végétal. S'ils ne sont pas « sages », Père ne se fâche pas – quand il est un père moderne et « civilisé » (la brute moralisatrice et gesticulante d'autrefois est bien préférable car suffisamment ridicule pour se déconsidérer d'elle-même) – non, il se contente de désapprouver, attitude qui, contrairement à la colère, persiste, et exprime un rejet fondamental : le résultat pour l'enfant, qui se sent dévalorisé et recherchera toute sa vie l'approbation des autres, c'est la peur de penser par lui-même, puisqu'une telle faculté conduit à des opinions et des modes de vie non conventionnels qui seront désapprouvés. Si l'enfant veut gagner l'approbation paternelle, il doit respecter Papa, et Papa qui n'est qu'un tas de pourriture n'a pas d'autre moyen d'imposer le respect que de rester à bonne distance, suivant le précepte que « la familiarité engendre le mépris », ce qui est naturellement vrai lorsqu'on est méprisable. En se montrant distant, le Père reste inconnu, mystérieux, il inspire donc la peur (le « respect »). Comme il réprouve les « scènes », les enfants en viennent à craindre toute émotion, à avoir peur de leur propre colère et de leur haine, finalement à redouter d'affronter la réalité puisque la réalité ne peut déclencher que colère et haine. Cette peur, alliée à un sentiment d'incapacité à changer ce monde qui vous dépasse, voire à influer un tant soit peu sur son destin, aboutit au sentiment facile que tout va très bien, que la moindre banalité vous comble et qu'on se fend la pêche pour un rien. L'effet de la paternité sur les garçons, notamment, est d'en faire des «Hommes», c'est-à-dire de développer en eux un système de défenses farouches contre leur tendances à la passivité, à l'hystérie « grande-folle », et contre leur désir d'être des femmes. Tous les garçons veulent imiter leur mère, être elle, fusionner avec elle, mais Papa interdit de telles choses. C'est lui la mère. Lui, fusionne avec elle. Alors, plus ou moins directement il dit au petit garçon de ne pas faire la « mauviette » et de se conduire en « homme ». Le petit garçon qui chie dans son froc devant son père, autrement dit le « respecte », se soumet et devient un vrai petit Papa, ce modèle de Virilité, ce rêve : le lourd crétin qu'est l'hétérosexuel bon teint. L'effet de la paternité sur les femmes est d'en faire des hommes – dépendantes, passives, domestiquées, animalastiquées, gentilles, inquiètes, avides de sécurité et d'approbation, trouillardes, humbles, « respectueuses » des autorités et des hommes, fermées, sans réaction, à demi mortes, futiles, ennuyeuses, conventionnelles, insipides et profondément méprisables. La Fille à son Papa, toujours contractée et apeurée, mal à l'aise, dénuée d'esprit analytique et d'objectivité, situe Papa, et par suite tous les hommes, dans un contexte de peur nommée « respect ». Elle ne voit pas que la lointaine silhouette paternelle n'est qu'un trompe-l'œil, elle accepte la définition de l'homme comme être supérieur en tant que femme, et accepte d'être considérée inférieure en tant que mâle, ce que, merci Papa, elle est effectivement.
C'est l'épanouissement de la Paternité, dû au développement et à la meilleure répartition des richesses (dont la Paternité a besoin pour prospérer) : voyez la montée de l'allaitement, de l'accouchement naturel, et de la pratique religieuse. L'association étroite entre richesse et Paternité a valu aux filles les plus mal choisies, c'est-à-dire les « petites bourgeoises » soi-disant privilégiées, d'avoir droit à l'« instruction ». En résumé, le rôle du père a été d'apporter au monde la gangrène de l'esprit mâle. Les hommes sont des Midas d'un genre spécial : tout ce qu'ils touchent se change en merde.
Animalité (domesticité et maternité) et suppression de l’Individualité
L’homme est une suite de réflexes conditionnés, il est incapable de réagir librement, avec son esprit. Il est entièrement déterminé par le conditionnement subi pendant son enfance. Ses premières expériences ont été vécues avec sa mère et il est lié à elle pour la vie. Pour l’homme il n’est jamais très clair qu’il puisse être autre chose qu’une partie de sa mère, qu’il est lui et qu’elle est elle. Son plus grand besoin est d’être guidé, abrité, protégé et admiré par sa Maman (les hommes s’attendent à ce que les femmes adorent ce qui, eux, les pétrifie d’horreur : eux-mêmes). N’existant que par son corps, l’homme aspire à passer son temps (celui qu’il ne perd pas “dans le monde” à se défendre âprement contre sa passivité) dans une béatitude animale consistant à manger, dormir, chier, s’écrouler dans un fauteuil et se faire dorloter. La Fille à son Papa, passive et abrutie, avide d’approbation et de petites tapes sur la joue, qui manifeste son respect au moindre tas d’immondices passant par là, se laisse facilement transformer en mère. Elle prête machinalement son corps, éponge le front simiesque plissé par l’effort, pousse au cul le petit égo défaillant, complimente la crapule. Elle n’est plus qu’une bouillotte avec des nichons. Réduites à l’état de bêtes, les femmes du secteur le plus arriéré de la société, les classes moyennes “privilégiées” et “instruites”, déchet de l’humanité sur lequel Papa règne en maître, essayent de se défoncer en mettant bas, et dans la nation la plus avancée du monde, en plein vingtième siècle, elles se ventrouillent avec des enfants pendus à leurs seins. Oh, ce n’est pas pour le bien des enfants que les “spécialistes” racontent aux femmes que la mère doit rester à la maison pour croupir comme une bête. C’est pour le bien de Papa, naturellement. C’est Papa qui se pique d’obstétrique et se défonce ainsi par procuration (ce mort-vivant a besoin de stimulants vigoureux). La nécessité de faire de la femme une bête, une Mère, un mâle, est autant psychologique que pratique. Le mâle n’est qu’un échantillon de l’espèce, interchangeable avec tous les autres mâles. Il n’a pas d’individualité profonde (ne sait pas différencier les êtres, ne connaît pas l’autosuffisance mentale, la complétude), car l’individualité ne peut naître que de ce qui éveille la curiosité, vous fait sortir de vousmême, ce avec quoi on entre en relation. Complètement absorbés en eux-mêmes, ne sachant communiquer qu’avec leur propre corps et leurs sensations physiques, les hommes ne se différencient entre eux que par la façon dont ils se défendent contre leur passivité et leur désir d’être femme, et par le degré d’acharnement qu’ils y mettent. L’individualité de la femme s’impose aux yeux de l’homme, mais il est incapable de la saisir, incapable d’entrer en relation avec elle ; elle le bouleverse, l’emplit d’effroi et d’envie. Aussi la nie-t-il et entreprend-il de définir chacun et chacune en termes de fonction et d’usage, s’assignant bien entendu, les fonctions les plus importantes – docteur, président, savant – ce qui l’aide à revêtir une identité sinon à atteindre à l’individualité, et il cherche à se convaincre comme à convaincre les femmes (il a mieux réussi de ce côté) que la fonction de la femme est de porter et d’élever les enfants, d’apaiser, de réconforter et de stimuler l’ego masculin ; que sa fonction fait d’elle un être interchangeable avec les autres femmes. En fait, la fonction de la femme est d’explorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique – le tout, avec amour. En d’autres termes, de créer un monde magique. La fonction de l’homme est de produire du sperme. Nous avons maintenant des banques de sperme.
Le Vol de l’Intimité
L’homme, qui a honte de ce qu’il est et d’à peu près tout ce qu’il fait, tient beaucoup à garder secrets tous les aspects de sa vie mais n’a aucun respect pour la vie privée des autres. Lui qui est vide, qui n’a pas de réalité propre, pas d’individualité, pas d’états d’âme jouissifs, a constamment besoin de la compagnie des femmes et ne voit absolument rien de mal à s’immiscer dans les pensées d’une inconnue, n’importe où n’importe quand ; et par-dessus le marché il s’indigne et se sent comme insulté lorsqu’il se fait rembarrer ; il en est tout désorienté : cela le dépasse complètement que quelqu’un puisse préférer une seule minute de solitude à la compagnie de n’importe quel taré. Comme il voudrait en être, il se démène pour être toujours dans les pattes des femmes, ce qui est le plus près qu’il puisse atteindre de son but, et s’ingénie à fabriquer une “société” fondée sur la famille – le couple et les enfants (qui sont la bonne excuse de la famille) – et tout ce monde est censé vivre les uns sur les autres en violant scrupuleusement les droits de la femme et son intimité, en détériorant sa santé mentale.
L’Isolement, les Pavillons de banlieue et l’Impossibilité de la vie communautaire
Notre société n’est pas une communauté, c’est un entassement de cellules familiales. Miné par son sentiment d’insécurité, l’homme est persuadé que sa femme va le quitter si elle s’expose aux autres hommes et à tout ce qui peut présenter une lointaine ressemblance avec la vie. Aussi cherche-t-il à l’isoler de ses rivaux et de cette faible agitation qu’on nomme civilisation, en l’emmenant en banlieue pour la caser dans une rangée de pavillons où s’enferment dans une contemplation mutuelle des couples et leurs enfants. En devenant un “farouche individualiste”, un grand solitaire, il croit pouvoir prétendre à l’individualité, qu’il confond avec la claustration et le manque de coopération. Il y a encore une autre explication à cet isolement : chaque homme est une île. Enfermé en lui-même, sans aucun contact, sans émotion, incapable de communiquer, l’homme a horreur de la civilisation, des gens, des villes, de toute situation qui demande de comprendre les autres et d’entrer en relation avec eux. Papa détale comme un lièvre apeuré et traîne son cul à la recherche des contrées sauvages : les banlieues. Ou s’il est un “hippie” il part – alors là qu’est-ce qu’il est parti, les gars ! – pour le pré à vaches où il peut baiser et procréer à son aise en s’ébattant au milieu de ses flûtes et de sa verroterie. Le hippie, dont le désir d’être un “Homme” et un “farouche individualiste” est moins forcené que chez la plupart des hommes – parce qu’il se défend moins contre sa passivité ; qui, par ailleurs, est follement excité à l’idée d’avoir tout un tas de femmes à sa disposition, se révolte contre le rôle éreintant de Gagne-Pain et la monotonie de la monogamie. Au nom de la coopération et du partage il forme une communauté ou tribu qui, en dépit de tous ses principes de solidarité et en partie à cause d’eux (ladite communauté, qui est une extension de la famille, ne fait donc que bafouer un peu plus les droits des femmes, violer leur intimité et détériorer leur santé mentale), ne ressemble pas plus à une communauté que le reste de la société. Une véritable communauté se compose d’individus – pas de simples échantillons de l’espèce, pas de couples – qui se respectent les uns les autres dans leur individualité et leur intimité, établissent entre eux des contacts intellectuels et affectifs – en esprits libres ayant des relations libres – et coopèrent à l’achèvement de buts communs. Pour les traditionalistes, l’unité de base de la “société” est la famille ; pour les “hippies” c’est la tribu. Pour aucun d’eux ce n’est l’individu. Le hippie babille beaucoup sur l’individu, mais comme les autres hommes, il n’a aucune idée de ce que c’est. Il voudrait retourner à la Nature, à la vie sauvage, retrouver l’antre des animaux à fourrure dont il fait partie, loin de la ville, où au moins on repère quelques traces, un vague début de civilisation, pour vivre au niveau primaire de l’espèce et s’occuper à de simples travaux, non-intellectuels : élever des cochons, baiser, enfiler des perles. L’activité la plus importante de la vie communautaire, celle sur laquelle elle se fonde, c’est le baisage à la chaîne. Ce qui allèche le plus le hippie, dans l’idée de vivre en communauté, c’est tout le con qu’il va y trouver. Du con en libre circulation : le bien collectif par excellence ; il suffit de demander. Mais, aveuglé par le désir, il ne pense pas à tous les hommes avec lesquels il devra partager, ni à la jalousie et la possessivité des mignons cons eux-mêmes. Les hommes ne peuvent pas coopérer à la réalisation d’un but commun car le seul but de chaque homme est d’avoir tout le con pour lui. La communauté est donc vouée à l’échec : chaque hippie, pris de panique, va empoigner la première jobarde qui en pince pour lui et filer avec elle dans un pavillon de banlieue. L’homme ne peut progresser socialement, il ne peut qu’aller et venir entre l’isolement et la partie de cul associée.
Le Conformisme
Tout en désirant être un individu, l’homme a peur de ce qui pourrait le différencier un tant soit peu des autres hommes. Il craint de n’être pas vraiment un “Homme”, d’être passif et déterminé par la sexualité, tous soupçons qui le bouleversent. Si les autres hommes sont “A” et qu’il ne l’est pas, alors il ne doit pas être un homme. Il doit être une pédale, selon ses termes. Alors il essaye d’affirmer sa Virilité en ressemblant aux autres hommes. Mais toute différence constatée chez les autres le menace aussi bien : ce sont eux les “pédales” qu’il doit éviter à tout prix et il fait tout pour les obliger à rentrer dans le rang. L’homme ose se montrer différent dans la mesure où il accepte sa passivité et son désir d’être une femme, sa réalité de pédale. L’homme le plus conséquent avec luimême est le travesti mais là encore, bien qu’il soit différent des autres hommes, il ressemble exactement à tous les autres travestis. Fonctionnaliste, il ne cherche que l’identité formelle : être une femme. Il se débarrasse de ses problèmes en leur collant des étiquettes, mais toujours pas trace d’individualité. N’arrivant pas à se convaincre tout à fait qu’il est une femme, angoissé à l’idée de n’être pas assez femelle, il se conforme désespérément au stéréotype féminin inventé par les hommes, et devient une marionnette bourrée de tics. Pour s’assurer qu’il est un “Homme”, le mâle doit veiller à ce que la femelle se comporte bien en “Femme”, le contraire de l’homme viril, autrement dit qu’elle se comporte en grande-folle. Et la Fille à son Papa, dont on a massacré tous les instincts de femme dès l’enfance, s’adapte au rôle avec aisance et obligeance.
L’Autorité et le Gouvernement
L’homme, qui n’a aucun sens du bien et du mal, aucune conscience morale (elle ne peut naître qu’avec la faculté de se mettre à la place des autres), qui ne croit pas en lui-même (pour la bonne raison qu’il n’a pas de réalité), compétitif par nécessité et inapte à la vie communautaire par nature, a besoin de direction et de contrôle. Pour cette raison il a mis en place diverses autorités – les prêtres, les spécialistes, les patrons, les chefs, etc. – et institué le Gouvernement. Comme il désire que la femme soit son guide mais qu’il est incapable d’accepter cette idée (après tout il est un Homme), comme il veut jouer à la femme, usurper sa fonction de Guide et de Protectrice, il s’arrange pour que toutes les autorités soient masculines. Il n’y a aucune raison pour qu’une société composée d’individus rationnels et capables de se comprendre les uns les autres, complets en eux-mêmes et n’étant pas enclins naturellement à entrer en compétition les uns avec les autres, ait besoin d’un gouvernement, de lois ou de chefs.
LA PHILOSOPHIE, LA RELIGION ET LA MORALE BASÉES SUR LE SEXE
Vu son incompétence pour entrer en relation avec qui ou quoi que ce soit, l'homme dont la vie est dépourvue de sens (le dernier mot de la pensée mâle est que le monde est absurde) a dû inventer la philosophie et la religion. Ne trouvant en lui que vide, l'homme doit se tourner vers l'extérieur, non seulement pour trouver une direction et un contrôle, mais aussi le salut et un sens à sa vie. Le bonheur étant pour lui impossible sur cette terre, il a inventé le Ciel. Comme nous savons, l'homme est incapable de comprendre les autres et ne vit que par sa sexualité, aussi pour lui le « mal » est la « licence » sexuelle, qui conduit aux pratiques sexuelles « déviantes » (non viriles), c'est-à-dire aux pratiques qui ne le défendent pas contre sa passivité et sa sexualité omniprésente, lesquelles risqueraient, s'il les laissait s'exprimer, de détruire la « civilisation » puisque la « civilisation » repose exclusivement sur le besoin de l'homme de se défendre contre ces caractéristiques masculines. Pour une femme (d'après les hommes), le mal est tout comportement pouvant entraîner les hommes à la « licence » sexuelle, c'està-dire lorsqu'elle ne place pas les besoins de l'homme au-dessus des siens et refuse de jouer les tantouses. Quant à la Religion, elle procure un but à l'homme (le Ciel), elle renforce par son code « moral » l'assujettissement des femmes aux hommes, et de plus fournit à l'homme des rituels lui permettant d'exorciser la honte et la culpabilité qu'il éprouve de ne pas se défendre assez contre ses pulsions sexuelles : finalement la honte et la culpabilité qu'il éprouve d'être un homme. La plupart des hommes, dans leur immense lâcheté, projettent les faiblesses qui leur sont inhérentes sur les femmes, les désignent comme faiblesses typiquement féminines et s'attribuent la véritable force féminine. La plupart des philosophes, un peu moins lâches, reconnaissent à l'homme certaines lacunes, mais n'arrivent toujours pas à admettre que ces lacunes n'existent que chez les hommes. Ainsi ils étiquettent la condition masculine : Condition Humaine, posent leur problème du néant, qui les horrifie, comme un dilemme philosophique, affublant ainsi leur animalité de grandeur, baptisent pompeusement leur néant « Problème d'Identité » et pérorent avec grandiloquence sur la « Crise de l'Individu », l'« Essence de l'Être », 16 l'« Existence précédant l'Essence », les « Modes Existentiels de l'Être », etc. Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur individualité, elles savent instinctivement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour.
LES PRÉJUGÉS (raciaux, ethniques, religieux, etc.)
L'homme a besoin de boucs émissaires sur lesquels il peut projeter ses lacunes et ses imperfections et sur lesquels il peut défouler sa frustration de n'être pas une femme. Les multiples discriminations ont d'ailleurs un avantage pratique : elles accroissent substantiellement la masse de cons disponible pour les hommes qui campent au sommet de la pyramide.
LA COMPÉTITION, LE PRESTIGE, LE STATUT, L'ÉDUCATION, L'IGNORANCE, LES CLASSES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES Obsédé par le désir d'être admiré par les femmes mais n'ayant aucune valeur intrinsèque, l'homme fabrique une société complètement artificielle qui lui attribue un semblant de valeur à travers l'argent, le prestige, la « supériorité » de classe, les diplômes, la profession et le savoir, tout en reléguant au bas de l'échelle sociale, professionnelle, économique et culturelle, le plus grand nombre d'hommes possible. Le but de l'enseignement « supérieur » n'est pas d'instruire mais d'exclure le plus grand nombre possible de gens de certaines professions. L'homme, qui n'est qu'un corps, inapte aux rapports intellectuels, est sans doute capable d'utiliser à ses fins la connaissance et les idées, mais pas d'entrer en relation avec elles, de les saisir sur le plan émotionnel. Il n'attribue pas de valeur à la connaissance et aux idées pour elles-mêmes (elles ne sont que les moyens de servir ses buts) et n'éprouve donc pas le besoin de communiquer avec d'autres esprits ni de cultiver les possibilités intellectuelles des autres. Bien au contraire, il investit tout dans l'ignorance. Cela donne aux rares hommes instruits une supériorité décisive sur ceux qui ne le sont pas et, de plus, le mâle sait qu'une population féminine éclairée et consciente signifierait sa perte. La femme saine, la femme suffisante, recherche la compagnie d'égaux qu'elle peut respecter et avec lesquels elle peut prendre son pied. Mais l'homme et la femme-mec (atrophiée, manquant d'assurance et souffrant d'un sentiment d'insécurité) n'aspirent, eux, qu'à la compagnie de larves rampantes qu'ils pourront facilement regarder de haut. Aucune véritable révolution sociale ne peut être réalisée par les 17 hommes, car ceux qui sont en haut de l'échelle veulent y rester et ceux qui sont en bas n'ont qu'une idée, c'est d'être en haut. La « révolte », chez les hommes, n'est qu'une farce. Nous sommes dans une société masculine, faite par l'homme pour satisfaire ses besoins. S'il n'est jamais satisfait, c'est qu'il lui est impossible de l'être. En fin de compte, ce qui révolte « l'homme révolté », c'est d'être un homme. L'homme ne change que lorsqu'il y est obligé par le progrès technique, quand il n'a pas le choix, quand la société arrive au point où il doit changer ou mourir. Nous en sommes là. Si les femmes ne se remuent pas le cul en vitesse, nous risquons de crever tous.
L'IMPOSSIBILITÉ DE LA CONVERSATION
Etant donné la nature totalement égocentrique de l'homme et son incapacité à communiquer avec autre chose que lui-même, sa conversation, lorsqu'elle ne porte pas sur sa personne, se réduit à un bourdonnement impersonnel, détaché de tout ce qui peut avoir valeur humaine. La « conversation intellectuelle » du mâle, lorsqu'elle n'est pas une simple fuite de lui-même, n'est qu'une tentative laborieuse et grotesque d'impressionner les femmes. La Fille à son Papa, passive, malléable, qui respecte et craint le mâle, se laisse volontiers assommer par son bavardage débile. Cela ne lui est pas trop difficile car elle est tellement crispée, anxieuse, mal à l'aise, peu sûre d'elle (grâce à Papa qui a semé l'incertitude dans tous ses sentiments et sensations), que sa perception en est obscurcie et qu'elle est incapable de voir que le bavardage masculin n'est que du bavardage. Comme l'esthète qui « apprécie » la crotte baptisée « Grand Art », elle s'imagine faire ses choux gras de la conversation masculine alors qu'elle en chie d'ennui. Et non seulement elle le laisse postillonner à sa guise, mais en plus elle s'adapte au style de la «conversation». Entraînée comme elle l'est depuis l'enfance à la gentillesse, la politesse et la « dignité », à entrer dans le jeu des hommes lorsqu'ils cherchent à camoufler leur réalité bestiale, elle leur fait la fleur de réduire sa conversation à des propos mielleux et insipides, évitant tout sujet profond ou bien, s'il s'agit d'une fille « cultivée », elle a une discussion « intellectuelle », c'est-à-dire qu'elle discourt de façon impersonnelle sur des abstractions oiseuses telles que le Produit National Brut, le Sionisme, l'influence de Rimbaud sur la peinture symboliste. Elle est si bien versée dans l'art de lécher le cul des hommes que cela devient bientôt une seconde nature et qu'elle continue à jouer leur jeu même lorsqu'elle se trouve seulement avec des femmes. En dehors de son côté lèche-cul, la conversation de la Fille à son 18 Papa est encore limitée par sa crainte d'exprimer des opinions déviantes ou originales et par son sentiment d'insécurité qui l'emprisonne. Ce qui lui enlève tout charme. La gentillesse, la politesse, la « dignité », le sentiment d'insécurité et la claustration mentale ont peu de chance de s'allier à l'intensité et à l'humour, qualités dont ne peut se passer une conversation digne de ce nom. Et la conversation digne de ce nom ne court pas les rues, étant donné que seules les femmes tout à fait sûres d'elles, arrogantes, exubérantes, et fortiches, sont capables d'avoir une conversation intense et spirituelle de vraies salopes.
L'IMPOSSIBILITÉ DE L'AMITIÉ (DE L'AMOUR)
Les hommes se dénigrent eux-mêmes, méprisent tous les autres hommes qu'ils ont l'occasion d'approcher de près – et qu'ils ne prennent ni pour des femmes (comme les analystes « sympa » et les « Grands Artistes ») ni pour des agents de Dieu – et ils méprisent toutes les femmes qui leur lèchent les bottes. Les femmes-mecs, les lèche-bottes en mal d'approbation et de sécurité se détestent elles-mêmes ainsi que toutes les femmes qui leur ressemblent. Les femmes sûres d'elles, celles qui n'ont pas froid aux yeux, qui aiment que ça bouge, les femmes-femmes, méprisent les hommes et les femmes-mecs lèche-bottes. Pour tout dire, le mépris est monnaie courante. L'amour n'est ni la dépendance ni la sexualité, c'est l'amitié. L'amour ne peut donc exister entre deux hommes, entre un homme et une femme ou entre deux femmes si l'un des deux, ou les deux, est un mec ou une lèche-bottes à mec sans esprit et timoré. De même que la conversation, l'amour ne peut exister qu'entre deux femmes-femmes libres rouleuses, sûres d'elles, indépendantes et à l'aise, puisque l'amitié est basée sur le respect et non sur le mépris. Même chez les femmes à la cool, les amitiés profondes sont rares à l'âge adulte car elles sont presque toutes ligotées à un homme afin de survivre économiquement, ou bien elles essayent de se tailler un chemin dans la jungle et de se maintenir à la surface des masses amorphes. L'amour ne peut s'épanouir dans une société basée sur l'argent et sur un travail dépourvu de sens. Il exige une totale liberté économique et individuelle, des loisirs et la possibilité de s'engager intensément dans des activités absorbantes, à même de combler la sensibilité, et pouvant conduire à l'amitié profonde lorsqu'on les partage avec ceux que l'on respecte. Notre société n'offre aucune activité de ce genre. Après avoir éliminé de ce monde la conversation, l'amitié et l'amour, voici les substituts dérisoires que nous propose l'homme :
LE « GRAND ART » ET LA « CULTURE »
L'artiste mâle, dans son désespoir et sa tentative désespérée de pallier son incapacité à vivre et à être femme, construit un univers complètement factice où il se pose en héros, revêtant les caractéristiques féminines, tandis que la femme est reléguée à des rôles secondaires insipides, se comportant comme un homme. L'« Art » masculin, n'ayant pas pour objectif de communiquer (un être totalement vide n'a rien à dire), mais de masquer la réalité bestiale de l'homme, recourt au symbolisme et à l'obscurité (au « profond »). La grande majorité des gens, en particulier les personnes « cultivées », humbles, respectueuses des autorités (« Mon Papa, y sait » devient dans le langage adulte « les critiques ils s'y connaissent », « les écrivains, ils savent mieux », et « les agrégés, ça en connaît un bout »), se laissent aisément convaincre que ce qui est obscur, vague, incompréhensible, indirect, ambigu et ennuyeux est nécessairement profond et brillant. Le « Grand Art », se définissant comme « preuve » de la supériorité des hommes sur les femmes, non seulement par son contenu, mais aussi par le simple fait de s'intituler « Grand Art », puisque comme aiment à nous le rappeler les antiféministes, il est presque entièrement l'œuvre des hommes. Nous savons que le « Grand Art » est grand parce que les hommes, des « spécialistes », nous l'ont dit, et nous ne pouvons pas dire le contraire vu que seules des sensibilités exquises bien supérieures à la nôtre sont à même de percevoir et d'apprécier ce qui est grand, la preuve de leur sensibilité supérieure étant qu'ils apprécient les saloperies qu'ils apprécient. « Apprécier », c'est tout ce que sait faire l'homme « cultivé ». Passif, nul, dépourvu d'imagination et d'humour, il doit bien se débrouiller avec ça. Incapable de se créer ses propres distractions, de se créer un monde à lui, d'agir sur son environnement d'une façon ou d'une autre, il se contente de ce qu'on lui offre. Il ne sait pas créer, il ne sait pas communiquer : il est spectateur. En se gavant de culture, il cherche désespérément à trouver son bonheur dans un monde qui n'a rien de jouissif ; il cherche à fuir l'horreur d'une existence stérile où l'esprit est absent. La « culture » est la béquille du pauvre, le palliatif spirituel des détraqués, une manière de justifier le spectateur dans son rôle passif. Elle permet aux hommes de se glorifier de leur capacité à apprécier « les belles choses », à voir un bijou à la place d'une crotte. Ce qu'ils veulent, c'est qu'on admire leur admiration. Ne se croyant pas capables de changer quoi que ce soit, résignés au statu quo, ils sont obligés de s'extasier sur des crottes car c'est tout ce qu'ils voient dans leur vision à court terme. L'adoration pour l'« Art » et la « Culture » détourne les femmes d'activités plus importantes et plus satisfaisantes, les empêche de développer activement leurs talents et parasite notre sensibilité avec des discours grandiloquents sur la beauté profonde de telle ou telle crotte. Permettre à l'« Artiste » de présenter comme supérieurs ses sentiments, ses perceptions, ses jugements et sa vision du monde renforce le sentiment d'insécurité des femmes et les empêche de croire en la validité de leurs propres sentiments, perceptions, jugements et vision du monde. Le concept même d'« Artiste », défini par des traits féminins, a été inventé par l'homme pour « prouver » qu'il est une femme (« Tous les Grands Artistes sont des hommes ») ; il met en avant l'« Artiste » comme un guide qui va nous expliquer à quoi ressemble la vie. Mais l'« Artiste » masculin n'émerge pas du moule masculin : son éventail de sentiments est très limité ; il n'a donc pas grand chose en fait de perceptions, jugements et vision du monde, puisque tout cela dépend des sentiments. Incapable d'entrer en contact avec autre chose que ses propres sensations physiques, il n'a rien à dire, sinon que pour lui la vie est absurde, et ne peut donc être un artiste. Comment quelqu'un qui ne sait pas vivre pourrait-il nous dire à quoi ressemble la vie ? L'« artiste » masculin est une contradiction dans les termes. Un dégénéré ne peut que produire de l'« art » dégénéré. L'artiste véritable, c'est toute femme saine et sûre d'elle, et dans une société féminine
LA SEXUALITÉ
LLe plaisir sexuel ne favorise aucun lien. C'est plutôt une expérience solitaire, dépourvue de toute créativité, une perte de temps. Une femme peut aisément, bien plus qu'elle ne l'imagine, se libérer de ses pulsions sexuelles et acquérir assez de lucidité et de détachement pour s'investir dans des relations et des activités réellement enrichissantes. Mais l'homme obsédé excite la femme lascive. Les hommes, qui semblent être sexuellement attirés par les femmes et passent leur temps à les séduire, plongent les femmes enclines dans des désirs charnels dans des abîmes lubriques, les piégeant dans un tourbillon dont peu de femmes parviennent à s'échapper. Le sexe est un refuge pour les esprits limités. Plus une femme est dépourvue de réflexion - plus elle est enlisée dans la "culture" masculine - plus elle est séduisante et plus elle est encline à la sexualité. Dans notre société, les femmes séduisantes sont passionnées. Mais comme elles sont terriblement séduisantes, elles ne se résolvent pas à baiser, bien sûr, elles font l'amour, elles communiquent par leur corps, elles établissent un contact sensuel. Les plus éduquées dansent au rythme d'Eros et s'unissent à l'Univers tout entier ; les mystiques fusionnent avec le Principe érotique et s'intègrent au Cosmos, et celles qui sont sous l'effet de la drogue palpitent. Les femmes les moins influencées par la culture masculine, celles qui ne sont pas séduisantes, ces esprits simples et grossiers pour qui le sexe n'est que sexe, trop infantiles pour ce monde d'adultes, trop arrogantes pour respecter l'autorité, qui ne font confiance qu'à leurs instincts les plus bas, pour qui la seule culture est la libération des femmes, dont le seul plaisir est de rechercher des émotions et des événements excitants, qui agissent avec impétuosité et offrent le spectacle répugnant, vil, embarrassant, des femmes en colère contre ceux qui les agacent, qui n'hésiteraient pas à attaquer physiquement quelqu'un au moindre prétexte si elles pensaient pouvoir s'en sortir, bref, celles qui, selon les critères de notre "culture", sont les plus méprisables, sont en réalité à l'aise, plutôt intellectuelles et presque asexuées. Libérées des conventions, de la gentillesse, de la discrétion, de l'opinion publique, de la morale, du respect des idiots, toujours enflammées, pleines d'énergie, sales et méprisables, elles déferlent... elles ont tout vu - toutes les mascarades, les relations sexuelles et tout le reste - elles ont exploré tous les ports et ont rencontré tous les hommes... Il faut avoir beaucoup couché pour devenir anti-couche, et ces femmes sont passées par là, maintenant elles veulent autre chose ; elles veulent sortir de la boue, bouger, voler, s'élever. Mais l'heure de ces femmes n'est pas encore venue. La société nous retient encore dans ses bas-fonds. Mais si rien ne change et si la bombe n'explose pas, notre société s'autodétruira.
L'ENNUI
Dans une société façonnée par et pour des êtres d'une sensibilité limitée, sinon terne et déprimante, la vie ne peut qu'être profondément ennuyeuse, voire sinistre et déprimante.
Le Secret, La Censure, L’Élimination de la Connaissance et des Idées, la Chasse aux Sorcières
Enfoui au plus profond de l’homme, gît la peur dégoûtante et secrète que l’on découvre qu’il n’est pas une femme, qu’il est un mâle, un être inférieur. Bien que la fausse gentillesse, la politesse hypocrite et la “dignité” de façade suffisent à le protéger sur le plan personnel, l’homme doit, pour éviter que ne soit dévoilée l'imposture générale du sexe masculin et maintenir son pouvoir artificiel sur la société, recourir aux procédés suivants :
1- La censure. L’homme, réagissant instinctivement à des mots ou à des phrases isolées au lieu de réagir rationnellement à des idées globales, essaye de cacher sa bestialité en censurant non seulement la “pornographie”, mais aussi tout texte contenant des mots “vulgaires”, quel qu’en soit le contexte.
2- L’élimination de toutes idées et connaissances risquant de le démasquer ou de menacer sa position dominante dans la société. Une vaste documentation biologique et psychologique est bannie car elle révèlerait la flagrante infériorité de l’homme par rapport à la femme. De plus, le problème de la maladie mentale ne sera jamais résolu tant que l’homme gardera les rênes du pouvoir pour la simple raison qu’il y trouve son intérêt : seules des femmes sérieusement dérangées peuvent laisser aux hommes la moindre parcelle de pouvoir, et pour résoudre ce problème il faudrait que l’homme admette le rôle crucial que joue le Père dans l'origine des folies.
3- La chasse aux sorcières. Ce qui met l’homme en extase – dans la mesure où cette créature sinistre et coincée est capable d'éprouver de l'extase – c’est de dénoncer les autres. Peu importe ce qu’il dénonce, tant qu’il peut dénoncer et détourner l’attention de sa propre personne. Dénoncer les autres comme agents de l’ennemi (Communistes et Socialistes) est l’un de ses passe-temps favoris : cela lui permet de se disculper, ainsi que la patrie et l’Occident tout entier.