11/05/2017
16:13:18
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[NS - Grand Kah] Discussions à Hijau pour l'avenir stranéo-kahtanais


Le Tanaman, un grand bloc gris et moderne dans une ville parsemée de couleur

L'air était lourd à Hijau. Après plusieurs jours de pluie intense, celle-ci s'abattait toujours légèrement sur la ville et sa flore luxuriante. Certaines rues avaient même été bouchées mais le problème fut rapidement résolu par l'ingénieux système de canalisation. Néanmoins, Kawaya Haryanto était arrivé la veille afin de découvrir les lieux, et subit ainsi ces petites inondations. Malgré ces inconvéniants, cela ne la dérangeait pas. La pluie rendait la végétation encore plus belle. C'est ce qui représentait le mieux le Negara Strana selon elle. Du haut de sa chambre du Tanaman, célèbre et luxueux hôtel de la ville dont la sobriété tranchait avec les vives couleurs de la ville, la Première Commissaire du Peuple contemplait la ville en sirotant son thé encore chaud.

Les discussions qu'elle allait menée aujourd'hui étaient importantes. Si le Negara Strana noue de nombreuses relations avec ses voisins fujiwans et jashuriens, le Grand Kah demeure un allié naturel avec qui les relations baties confirment cette tendance intuitive. Lors de son premier mandat, Kawaya Haryanto avait conclu avec ses homologues de nombreux accords commerciaux. Le plus important d'entre eux permit la mise en place d'une communication permanente entre les Commissariats délégués au Commerce sur les marchandises agricoles, permettant une régulation des prix constantes. Cela avait permis de baisser considérablement les prix de l'alimentaire stranéen, mais aussi kahtanais. Entre temps, le Negara Strana a pu rejoindre l'Internationale Libertaire, confirmant sa volonté d'appliquer un socialisme libertaire. Alors qu'il était prévu que des Commissaires se rencontrent afin de réfléchir à la mise en place de politique libertaire coopérative entre le Negara Strana et l'exclave de Heon Kuang, les discussions du jour avaient davantage l'ambition d'aborder les politiques et positions de la tête des Etats.

Ainsi, Kawaya Haryanto attendait la citoyenne Actée Iccauhtli, Commissaire aux Affaires Exterieurs. Les deux femmes ne s'étaient jamais rencontrées, mais Kawaya inspirait déjà un grand respect pour Actée dont elle avait longtemps entendu parler. Lorsqu'elle eut finit son thé, la Première Commissaire du Peuple se dirigea au petit aéroport d'Hijau où elle accueillit la citoyenne kahtanaise. Après s'être saluée, les deux femmes montèrent rapidement dans le convoi afin d'échapper à la pluie. Une fois de retour au Tanaman, Kawaya installa son invitée.


Kawaya Haryanto: "Nous sommes bien mieux à l'intérieur ! Je suis très heureuse de vous accueuillir au Negara Strana, j'espère que le voyage était meilleur que l'arrivée. [elle rit]. Le Grand Kah est un partenaire important, il est primordial pour nous de conserver un dialogue régulier et sincère. Mais, avant de commencer nos discussions, voulez-vous une tasse de thé ? Pour en avoir goûté encore ce matin, je vous confirme que le thé produit ici, à Hijau, est excellent."
Il pleuvait.

Où qu'elle allait cela semblait être une triste constante. Même son dernier passage en Afarée équatoriale avait été l'occasion d'une de ces rares pluies de saison, inondant le sable et mettant les systèmes de canalisation des villes à rude épreuve. Ma vie, pensa Actée, s'efface sous la pluie. Elle le vivait bien. Il n'y avait pas de honte à exister dans l'humidité d'une journée d'automne, cachée du soleil par quelques nuages gris. Elle n'était pas destiné au soleil. Sa luminosité l'agressait et tout ce qu'il mettait en valeur lui déplaisait. L'ombre et le gris cachaient ses cicatrices, mettait en valeur ses traits, lui permettait d'exister à peu près sainement.

Aussi ne fit-elle aucun commentaire sur le temps. Elle savait que d'autres le feraient à sa place. Des journalistes, notamment, qui s'amusaient de ce hasard la condamnant aux pires climats. Ceux un peu plus sérieux se pencheraient plutôt sur la nature importante du moment. Ce sommet bilatéral était l'occasion de renforcer des liens avec un partenaire qui n'avait fait que briller par son amitié et sa fidélité politique. Les coopérations, économiques comme sécuritaires, entre l'Union et la République tendaient à confirmer qu'il existait ici comme ailleurs une amitié internationale des prolétaires et de leurs avocats. Le stranéens, en plus du reste, avaient ces vieux réflexes d'anciens communistes de Parti, à admirer le chef et à lui prêter une forme de génie que les libertaires n'envisageaient jamais. C'était ce qui les faisait passer pour humble : ils ne croyaient pas à l'individu seul, mais bien aux constructions collectives. Ce qui, évidemment, soulevait la question : qu'allait-on construire, ici ?

Actée sourit. De grandes choses, évidemment.

"Mon voyage s'est très bien passé. Quand je me dirige vers le Nazum j'ai l'impression de me diriger vers l'avenir. C'est un privilège, camarade." Elle inclina légèrement la tête en avant puis se redressa, très souriante. "Du thé ? Oui, avec plaisir. Ah, et pour tout vous dire nous n'attendons pas moins qu'un dialogue sincère. Nous sommes deux pays alliés mais, au delà de ça, nous sommes membres du LiberalIntern et de la famille socialiste. Nos intérêts sont nationaux mais internationaux. Nos objectifs similaires : nous parlons ici en amis, je crois."
La pluie battait sur la grande vitrée de l'hôtel qui donnait sur la ville. L'ambiance était chaleureuse, et un silence étrange s'installa. Pas si étrange que ça, car il semblait traduire une certaine entente entre les deux femmes qui sirotaient leur thé encore chaud. Kawaya Haryanto posa sa tasse sur le meuble et répondit à Actée.

Kawaya Haryanto: "Oui, je vous le confirme, nous parlons ici en amis. Et, je ne vais pas tourner autour du pot très longtemps, mais je vous propose d'engager dès maintenant nos discussions. Plusieurs sujets pourront être aborder aujourd'hui, mais j'aimerais débuter par les questions internationales. Nos lignes diplomatiques tendent à se rapprocher donc je doute que cette discussion mène à litiges. Cependant, l'actualité internationale a été rythmé par bon nombre d'évènements et il me semble important d'en discuter ensemble.

Vous venez de mentionner l'Internationale dont nos Etats respectifs sont membres, mais aussi la famille socialiste. Récemment, il ne vous aura pas échappé qu'une Union internationale nouvelle fut créée visant à rassembler les communistes et socialistes du monde. Le Conseil des Commissaires du Peuple a décidé de ne pas faire participer le Negara Strana au Sommet menant sa création, malgré la pression des communistes taihoranistes. Naturellement, un tel projet mené par la Loduarie nous a peu donné confiance. Néanmoins, les communistes stranéens présents ont pu me faire parvenir ce qui a pu être dit. Une bonne partie des discussions ont tourné autour de l'utilité et l'essence même de cette Union. A vrai dire, le projet semble s'aligner, dans sa brève description, aux intérêts de la République Socialiste. Beauoup ont, apparemment, opposé l'Union au Liberalintern mais la comparaison me semble, pour être honnête, assez mauvaise. Les deux organisations n'ont fondamentalement pas les mêmes objectifs, et l'absence de clause défensive et similaire au sein de l'Union la rend tout de suite inférieur dans ses prérogatives que le Liberalintern.

J'ai également appris que l'Union du Grand Kah avait signé le Traité final proposé. J'aimerais, personnellement, en faire de même pour le Negara Strana. Malgré les réticences de certains au Conseil et à l'Assemblée Populaire, je pense que les institutions me suiveront.

En bref, je voulais avoir votre avis sur cette fameuse Union Internationale du Communisme et Socialisme. Même si, comme j'ai pu vous l'exposer, je ne la pense aucunement concurrente au Liberalintern, je ne pense pas que sa création soit anodine, surtout si l'on regarde de près les organisations prenant part au traité.
"
La question provoqua un silence pensif chez la kah-tanaise, qui sembla d'abord envisager une réponse de diplomate avant de hausser les épaules : à quoi bon, le Negara Strana était un pays allié.

"Pour être parfaitement honnête avec vous, le Grand Kah considère très cyniquement cette Union comme un engin d'impérialisme loduarien. Dans notre analyse, elle vise avant tout à répandre une ligne eurycommuniste et à couper l'herbe sous le pied du LiberalIntern sur les questions d'hégémonie culturelle et de leaderhip révolutionnaire."

Elle marqua un temps puis haussa un sourcil. Si on avait tendance à l'oublier, Actée était une fière représentante des mouvements radicaux du Grand Kah. Courant politique fermement associé aux actes révolutionnaires et s'opposant au réformisme des modérés par une vision souvent assez volontariste de la politique internationale. Elle n'avait jamais mâchée ses mots concernant la Loduarie et son avis sur la question tenait en deux mots "idiot utile". Les gouvernements auxquels elle avait pris part n'avaient pas hésité à casser les reins de la Loduarie lorsqu'elle dirigeait ses efforts dans une direction déplaisant à l'Union. A d'autres occasions, elle l'avait soutenu, si plus discrètement.

"Ce traité est non-contraignant et en l'état il ne rassemble que trois États et une nuée de petits partis. Pour dire les choses très concrètement nous avons rejoindre ce groupement dans une logique d'entrisme, afin de modérer son fonctionnement mais, aussi, d'en prendre le contrôle si cela venait à devenir nécessaire. Son existence nous impose aussi de remobiliser les efforts du LiberalIntern sur les questions partisanes et anti-impérialistes afin de nous assurer une vraie existence.

En attendant il faut surveiller et contrôler cette Union, et à ce titre votre participation à un tel projet serait très appréciée, si je puis me permettre.
"
La Première Commissaire fut d'abord assez décontenancée par le franc-parler de la kah-tanaise. Il fallait dire que ces derniers, par leurs contacts précédents, ont habitués les stranéens à une certaine diplomatie et sobriété caractéristique. Néanmoins, on reconnaissait ici bien la prétentieux et condescendance kah-tanaise qu'on ne pouvait leur enlever. Factuellement, la citoyenne Actée avait loin d'avoir tord. La Loduarie a toujours manifesté un impérialisme impétueux, et cette Union ne dérogeait pas à l'indiscretion loduarienne. Leur volonté était clair.

Kawaya Haryanto: "Bien. Il est vrai que mon analyse était bien trop comparative, mais il est évident que la Loduarie a ici des ambitions impérialistes. Je pense que le Grand Kah et le Negara Strana, face à ce facheux élément, jouent la même partition: ménager ce bémol loduarien pour faire résonner davantage notre mélodie, notre ligne, celle d'un socialisme démocratique. Nous nous joindrons ainsi à l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme. Même si nos modèles divergent dans les détails, il est évident que les fondations de nos sociétés convergent. En tant qu'Etat membre, nous pourrons peser et modérer les volontés incommodes des loduariens.

En outre, je vous rejoins sur le Liberalintern. Alors que les questions partisannes me semblent peut être délicates à aborder au vue des différences notables des Etats membres, la lutte anti-impérialiste peut assurément être davantage valorisée au sein de l'organisation. Nous devrions le faire valoir lors des prochaines discussions. Madame Diwa, représentante stranéenne au Liberalintern, pourra assurément co-animer les discussions sur le sujet.
"


Elle prit une pause pour boire son thé avec lequel elle manqua de se brûler les lèvres. Après avoir posé sa tasse, elle reprit la parole.


Kawaya Haryanto: "De façon plus générale, je pense que nous pouvons nous appuyer l'un à l'autre sur la scène internationale. Nous avons évoqué ici la scène socialiste et libertaire, mais cela est d'autant plus valable sur la scène régionale par la présence de l'exclave de Heon Kuang. Ces derniers temps, les choses changent au Nazum. D'un côté, l'impérialiste Burujoa semble avoir rallié à sa cause les vieux empires nazumis croulants par la création du Cercle Cathayen. De l'autre côté, dans le sud nazum et l'océan des perles, le Wanmiri et le petit Etat de Villas & Tafanu attirent les investissements du monde entier. Le Negara Strana a déjà lourdement investi chez ce premier, et les relations que je peux entretenir avec madame Tymeri sont tout à fait satisfaisantes. Si l'Union et la République constituent un tandem dans cette région du Nazum, il me semble nécessaire de nous assurer que ces Etats nous soient favorable. Et ce, notamment au sein des Accords de Sokcho qui, malgré leur vertu pacificatrice, témoigne d'une tension persistente entre ses membres une fois le pallier des locaux passé.
Elle acquiesça en entendant que le gouvernement de son interlocutrice allait candidater au sein de l'Union internationale. Il y avait une lutte à mener, pieds à pieds, avec les autocrates. Et pour se faire il faudrait utiliser la meilleure et principale armes des libertaires : l'entrisme. Accompagnée de ses sœurs, la récupération et la subversion.

"Cette union n'a pas un fonctionnement démocratique, quand on se penche sur ses institutions. Les eurysiens bourrent les urnes et remplissent les bancs à renfort de partis frères et de structures fantoches. Il faudra probablement nous emparer des structures d'adhésion pour permettre l'entrée de nos propres hommes au sein de l'organisation si nous ne voulons pas devenir les faire-valoir d'une ligne dure et autocratique."

Elle tapota la table du bout des doigts puis acquiesça à nouveau. Elle prenait toujours le temps de réfléchir, ou de faire mine de réfléchir, quand on lui avançait une proposition. Dans les faits son esprit était rapide, et elle savait précisément ce qu'elle avait le droit de dire ou non, ce que son assemblée accepterait de suivre ou non, quelle était la ligne officielle de la confédération. Tout de même, elle devait montrer à ses interlocuteurs qu'elle considérait réellement leurs propos. Et ne pas leur laisser penser, indépendamment de si cela était vrai ou faux, que l'Union était déjà préparée à toute éventualité, toute proposition.

"Oui ce... Cercle Cathayen nous inquiète, si je dois dire les choses honnêtement. Si ses nations membres sont individuellement peu dangereux vous n'êtes pas sans savoir que l'Union s'oppose à toute forme de néocolonialisme, or l'Empire Burujoa travaille en ce moment même avec la Mahronie pour recomposer leur vieil empire. Je ne sais pas encore quelle sera la posture de mon gouvernement lorsque l'intégration gouvernementale sera effective, mais nous craignons le pire pour la suite. Fort heureusement le Nazum est un continent qui nous offre aussi la possibilité de faire émerger un réel front de gauche. Voyez-vous le Wanmiri, pour être issus d'une révolution avant tout démocrate, est une nation qui peut selon nous évoluer vers une direction tout à fait satisfaisante pour un peu que l'on prenne le temps de se rapprocher de ses principales leaders d'oppinion. La question de Villas & Tafanu est elle aussi centrale si l'on veut organiser clairement la lutte anti-coloniale, anti-impérialiste et anti-capitaliste. Nous investissons nous-mêmes sur place à des fins de contre-invasion économique, si je puis dire."

Elle pencha la tête sur le côté.

"Maintenant la victoire de notre ligne n'est pas une fin en soi : vous mentionnez les accords de Sokcho. Très satisfaisants en eux-même. Reste à savoir ce que nous pourrions en faire avec une majorité en son sein. Que pourrions-nous réellement proposer à nos voisins qui permettrait de les subvertir dans une direction favorable aux prolétaire de tout pays sans pour autant les alarmer ?"
Kawaya Haryanto écoutait attentivement. Depuis qu'elle a posé son thé, ce sont les paroles de la citoyenne Actée qu'elle buvait. Les deux femmes étaient totalement en phase, et pour cause, la République et l'Union partage les mêmes intérêts. De toute manière, au vu des conditions matérielles, c'est bien l'une des seules lignes diplomatiques viables qui s'offre au gouvernement de Kawaya Haryanto.


Kawaya Haryanto: "Il est clair que le Nazum n'est pas perdu. Malgré le libéralisme jashurien, l'autoritarisme fujiwan et l'impérialisme burujoa, l'espoir existe. Cette espoir, nous le faisons vivre depuis longtemps mais le Wanmiri a bel et bien ravivé la flamme. Mais nous devons l'entretenir. Si la récente révolution démocratique a permi d'établir un terrain fertile, il ne faut pas laisser pousser les mauvaises herbes. C'est pour cela que le Negara Strana essaie d'entretenir les meilleurs liens possible et d'y investir massivement, notamment dans l'éducation, grâce à l'Operasi Renaisans. Nos envoyés commissarials nous ont rapportés que le Grand Kah suivait la même voie, j'en suis fort aise. Le Wanmiri peut, avec des efforts et du temps, passer d'une société capitaliste à socialiste et libertaire assez aisément, je crois. Ces desseins seront davantage réalisable une fois que la population locale se rébellera contre l'impérialisme économique eurysien. Ce même travail peut être réalisé à Villas & Tafanu que vous avez cité, également sensible à nos causes. A l'instar de la situation wanmirienne, l'Union et la République marche main dans la main pour contrer les tentatives impérialistes des capitalistes locaux ou eurysiens."


Elle marqua une pause afin que ses paroles s'imprègnent dans la discussion, dans l'air, dans la pièce et dans l'esprit d'Actée. Avant cette discussion sincère et franche, Kawaya Haryanto n'avait jamais assumé les positions impérialistes du Negara Strana. Impérialiste ? Le mot était sûrement un peu fort, et la Première Commissaire voulait se rassurer elle-même. Les opérations menées visaient avant tout à empêcher les autres nations de satisfaire leurs intérêts plutôt que de satisfaire les siens. Au final, la montée du socialisme favorisera le Negara Strana disait-on. De toute façon, le Negara Strana dispose de bien trop peu de moyen. Ces opérations rimaient parfois à rien, même si les conséquences d'une réussite sont fortement favorables. Néanmoins, pour le socialisme régional et la place géopolitique de la République, il était nécessaire de mener à bien ces opérations. En reprenant la parole, elle prit un ton grave.


Kawaya Haryanto: "Désormais, je vais vous livrer mon analyse en ce qui concerne les actions que nous pouvons menés au sein des Accords de Sokcho. Je proposerai ensuite des solutions. A vous de me dire si vous partagez et si vous aboutissez aux mêmes conclusions. Pardonnez moi si je monopolise un instant la parole, mais ces sujets me semblent importants.

Donc, nos actions au sein des Accords de Sokcho sont limitées. Mais cela est à notre avantage car l'existence même de ces accords nous permet de tenir le Jashuria en tenaille. Alors que le géant nazumi compte les utiliser à son avantage, l'axe Kotarakyat - Heon Kuang - Sivagundi peut constituer une digue solide à la vague d'Agartha. Nous devons devenir le centre de gravitation de ces Accords, être "l'incontournable". Cette prise en tenaille peut passer par son immobilisation jusqu'à la prise de ses intérêts. Ne nous voilons pas la face, le Jashuria tentera de faire sienne les colonies listoniennes un jour ou un autre. Ce travail sera délicat mais nous pouvons, en restant sur nos gardes et nous préparer militairement à intervenir, prendre l'ascendant par les circonstances sans trop faire d'éclats. [elle reprit son thé pour en boire une gorgée].

Par ailleurs, en dehors du Jashuria, nous estimons, en interne, qu'il est tout à fait possible de faire monter les mouvements socialistes radicaux ou communalistes au sein du Fujiwa. Bien sûr, l'objectif premier serait de pouvoir contraindre le gouvernement Kojima de lacher prise sur Moon, mais je pense que nous avons l'occasion de faire renaitre une vraie gauche dans ce pays historiquement conservateur. C'est un projet insidieux, mais nous pouvons le mener. Mobiliser l'opinion publique n'est pas à négliger, notamment lorsqu'on connait le potentiel des masses. Néanmoins, dans un contexte de dialogue et de réconciliation entre le Fujiwa et le Negara Strana, notre diplomatie et notre repertoires d'actions se trouvent largement limités.

Plus globalement, que pouvons nous faire pour peser davantage dans les Accords de Sokcho et l'équilibre géopolitique régionale ? Il me semble nécessaire de faire évoluer nos relations diplomatiques au plan militaire. L'armée stranéenne a toujours été tourné vers la marine, elle en a héritée de grands moyens. Cependant, notre matériel vieillit, sans compter que l'armée de terre et de l'air sont à la ramasse. Notre tradition n'est pas celle-ci mais, nous sommes dans une situation qui nous contraint à devoir acquerir du matériel par des voies externes. Le Grand Kah étant un allié de taille et proposant à la vente du matériel militaire, j'aimerais engager avec vous un dialogue qui pourrait aboutir à un achat grouper pour moderniser l'armée stranéenne. Ensuite, il serait envisageable d'effectuer des entrainements et démonstrations militaires conjointement.
"
"Oui nous avons entrepris une politique assez similaire à la votre et pour les mêmes raisons, en ce qui concerne le Wanmiri. Notre investissement massif dans leur économie et nos initiatives d'éducation populaire sont autant de graines que nous devons maintenant faire germer : mon idée serait de permettre l'apparition d'un parti de masse, ou au moins d'un mouvement ouvertement libertaire, certains des leaders d’opinion locaux y seraient favorables à certains égards et l'esprit révolutionnaire est encore frais, propre à s'élancer dans ce genre de grandes entreprises."

Elle marqua un temps, leva le nez puis pencha la tête que le côté.

"Ne nous leurrons pas : notre force c'est que nous défendons la vérité. S'il est important de chasser chaque impérialiste et de permettre aux citoyens de faire de la politique une chose tangible et non abstraite, le succès de nos idées est dans l'ordre des choses : ce sont nos rivaux qui luttent contre le sens du courant, le courant c'est l'Histoire, nous ne sommes en cela que ses acteurs. Sokcho, justement, offre un cadre de travail qui nous semble pour notre part trop rigide. Du moins, au premier abord. Pourtant vous soulevez d'excellents points, camarade. Premièreent oui : elle nous permet de créer un front diplomatique en mesure de limiter la liberté d'action du Jashuria en la rendant conforme aux respects de nos intérêts. Ce qui veut dire que la guerre secrète à l’œuvre au Wanmiri ne peut que s'intensifier puisque notre tenaille ne tient que par son soutien qui, inversement, est essentiel à la réalisation des ambitions Jashuriennes. Les colonies Listoniennes, justement, représentent autant de cartes que nous pouvons jouer habilement. Par exemple il va sans dire que nous pourrions exploiter les ambitions irrédentistes du Fujiwa contre le Jashuria si la question de Macao venait à sortir des chancelleries pour entrer dans les casernes. Nous devons rester des acteurs de paix et saisir le moment opportun. C'est une forme de guérilla, au final. Nos ancêtres révolutionnaires seraient probablement fiers.

D’ailleurs à ce propos, ils se tutoyaient, et je propose que nous fassions de même. Ces conventions de politesse m’intéressent assez peu quand je suis avec une amie du genre humain. Oui ?

Merci, pour reprendre, je partage ton analyse concernant le Fujiwa, même si je doute du succès à court ou moyen termes de tels mouvement. Le Fujiwa est un pays d'apolitiques, comme à l'accoutumé c'est avant tout l'indifférence et la colère qui ouvrent la voie au fascisme. Le règne de la minorité. Pour autant, les récents évènements - concernant notamment nos amis insulaires - ont pu réveiller quelques consciences et je crois savoir qu'un de nos... Ardents poètes s'y serait rendu avec une armada d'humanitaires et de militants pour y faire je ne sais quoi.
" Elle marqua un temps. A son ton, il semblait qu'elle n'aimait pas beaucoup le poète fou et se méfiait de ses initiatives. Après tout c'était lui qui avait, bien qu'involontairement, inspiré la nouvelle vague de nationalisme au Grand Kah. Elle continua.

"A vrai dire, ce poète pourrait devenir notre homme. Aucun de nos gouvernements ne peut réellement agir contre le Fujiwa. Nous avons récemment convoqué l'ambassadeur du Fujiwa pour entendre ses explications sur la situation du pays, mais cela n'ira pas plus loin. D'Alcyon, lui, est un indépendant, et populaire avec ça. SI nous lui donnons les bonnes consignes et les bons moyens il pourrait être l'élément perturbateur et à l'origine d'un véritable réseau anti-fasciste puis révolutionnaire. Cette option ne doit pas être négligée, d'autant plus qu'il aurait déjà, de ce que j'ai compris, des liens avec la résistance et les mouvements indépendantistes issus des minorités locales.

Pour le dernier point, tu sais déjà que le Grand Kah serait très favorable à tout effort permettant de moderniser vos forces armées. Vous êtes une puissance alliée à plus d'un titre et au delà de ça, nous préférons l'argent propre de nos amis que celui, salle, de ces capitalistes pensant s'armer quand leur petite monnaie finance la corde qui les pendra. Dès mon retour à Axis Mundis je demanderai à la Convention qu'elle mette en place une comission pour traiter la question dans les plus brefs délais. Ensuite, la question des entrainements communs ira de soi. À vrai dire c'est quelque chose que j'aimerai organiser à l'échelle du LiberalIntern dans son ensemble. Avec la réactivation récente de l'ONC nous devons nous attendre à ce que notre bonne vieille organisation quitte son statut d'amicale de théoriciens et d'économistesp our reprendre sa nature première et anti-fasciste."
"
Il n'est pas fréquent que la Première Commissaire du Peuple se fasse tutoyer dans ce genre d'entrevue officiel. Néanmoins, il est vrai que l'atmosphère confortable et le caractère révolutionnaire des deux femmes permettent d'en arriver là. En même temps, plus les minutes passaient, plus elles s'ouvraient à la discussion et à l'honnêteté. Kawaya était quand même un peu étonné au début, et rougit un peu en acquiesant à Actée.


"Il est clair qu'il est possible de faire naitre des mouvements révolutionnaires et libertaires au Wanmiri qui est un terrain fertile pour nos idées. Nous pouvons notamment nous appuyer sur la mafia local qui a, pour empiéter sur le sujet que tu as finalement abordé, déjà pu aider les révoltés à Moon. Le travail est facilité par le sentiment anti-eurysien qui pousse à la naissance d'idée anti impérialiste. De nombreuses variables sont en notre faveur et nous devons en profiter. Sans même aller très loin dans les actions subversives, rapprocher Eddonna Tymeri du pouvoir nous serait déjà bénéfique. Bien plus révolutionnaire et progressiste que son frère, elle constitue une alliée de taille."


Elle marqua une pause, repensant au poète qu'Actée avait mentionné. D'Alcyon, poète intrépide qui s'était rendu à Moon. D'après la BCI (Agence Centrale de Renseignement), plusieurs groupuscules libertaires kah du Negara Strana l'aurait suivi. Qu'est ce qu'ils y font exactement ? On ne savait trop. Néanmoins, il déstabilise la gouvernance colonial fujiwane, ce qui n'est pas de refus.


"Je dois avouer être encore un peu sceptique vis-à-vis de ce poète. Après, j'ai totalement confiance en tes propos et en la capacité du Grand Kah à maitriser cet individu, si je peux le dire ainsi. Je te confirme également qu'il dispose de nombreux contact. Nos services de renseignement ont remarqué qu'il a mobilisé les courants libertaires au Negara Strana et a établis de nombreux contacts à Moon. Tout cela mit bout à bout me donne envie de croire que d'Alcyon pourrait nous aider. Je reste un peu méfiante mais cet homme est notre seul solution.

Maintenant, je suis heureuse de d'entendre que le Grand Kah pourra aider notre armée à se développer, même si j'en suis bien peu surprise en tant que révolutionnaires. Nous essayons de moderniser notre matériel et nos méthodes de travail mais il est sur que l'aide de la Grande Soeur Paltoteranne ne peut que nous être bénéfique. Par ailleurs, je te suis totalement sur la fonction LiberalIntern. Je n'ai fais rejoindre le Negara Strana à l'organisation que très récemment mais j'ai bien consciente qu'elle s'est dressée face à la menace fasciste. Aujourd'hui, l'ONC a l'air de se réveiller comme tu viens de le mentionner et leur aggressivité anti-communiste ne peut que nous inquiéter. La militarisation croissantes des nations capitalistes de l'ONC nécessitent une réaction rapide. Ma déléguée au Liberalintern, Vanesa Diwa, m'a déjà alerté sur cette situation. Elle soutiendra évidemment toute proposition kahtanaise en faveur de l'unité de l'Internationale face à la menace fasciste.

Par ailleurs
[elle se pencha légèrement, en avant pour reprendre son thé qu'elle avait déposé plus tôt] Vanesa l'avait déjà mentionné au Liberalintern, mais le Negara Strana reste disponible si les kahtanais ont besoin d'aide avec les Communes Unies du Paltoterra Oriental. Bien sûr, ce n'est pas la petite soeur qui va aider la grande, d'autant plus sur son terrain. Cependant, on reste là. Tu sais, les relations qu'on entretenait avec les kommunateranos, ou je ne sais plus comment tu les appelerais aujourd'hui, étaient plus bonnes. La population locale voyait d'un bon oeil les stranéens et plusieurs coopérations culturelles étaient prévues. Si ça peut vous servir, nous demeurons à disposition"
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