11/11/2014
12:45:30
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[Aleucie & Paltoterra] Grande Conférence Native de Kahitz

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Place du Palais des congrès de la cité de Kahitz le jour de l'ouverture de la Grande Conférence Native - 11/10/2013

11 octobre 2013, la grande conférence de Kahitz prévue depuis déjà plusieurs mois démarre enfin. La grande place qui sert de parvis au palais des congrès de la cité de Kahitz est recouverte d'une foule dense venue pour accueillir les délégations des ethnies natives des quatre coins des deux continents.
Le Premier ministre akaltien, M. Ibach Ajtzac, était sur le perron du grand bâtiment pour serrer la main tour à tour aux membres de chaque délégation et leur indiquer où ils devaient se diriger. Une fois tous les représentants assis dans un grand amphithéâtre, ce fut au tour de Mme Piliz Kisin, la ministre de la Culture, de les saluer :


Je suis très heureuse que vous soyez venus si nombreux pour ce grand rassemblement natif dans notre pays ! Je ne serai pas longue, le but est en premier de voir avec quelles idées vous êtes venus prendre part à ce sommet.
Pour le contexte, la préservation des cultures natives aleuciennes et paltoterranes tient très à cœur à notre gouvernement, et cette politique s'est notamment renforcée avec l'installation du Forum Culturel Aleucien ici même, dans cette cité, ainsi que par le triste constat que nous avons fait récemment : l'Akaltie est le dernier État souverain autochtone du "Nouveau monde", tous les autres étant principalement dirigés par les descendants des colons. Nous nous proposons donc en défenseurs des droits des peuples premiers de nos continents, et avons souhaité fonder une organisation dans ce but. Bien évidemment, ceci n'est pas quelques chose à faire "seul", mais avec l'aide du plus d'institutions représentatives possible. Nous vous avons donc contacté dans ce but, mais je crains de ne pas vous avoir appris grand chose de plus que ce qui était déjà indiqué dans nos missives d'invitation jusqu'à présent.
Je vais donc laisser la parole à M. Ajtzac qui va ouvrir les débats en donnant un bref aperçu de la vision de notre pays sur notre sujet.


Ibach Ajtzac s'avança vers le micro et commença :

Notre but est avant tout de créer une entraide entre peuple rescapés des sombres époques de colonisation qu'ont dû traverser nos ancêtres. De nos jours, pour le peu d'habitants natifs restants dans les pays, les conditions de vie sont souvent moins aisées que celles des descendants de colons, et les nouvelles lois ne vont pas toujours dans le bon sens (bien que nous ayons observé une nette amélioration dans les dernières décennies). Une organisation réunissant tous nos peuples aurait un poids bien plus considérable sur les gouvernements, et aiderait sans doute à la mise en place de mesures plus égalitaires dans les pays où ce n'est malheureusement pas encore le cas. Peut-être que ceci aiderait aussi à calmer les tensions entre les différentes ethnies au sein des pays, qui vont parfois très loin voire jusqu'à des attentats, que nous désapprouvons au passage bien évidemment. Ce n'est clairement pas la bonne manière de faire avancer les choses. Ce ne sont heureusement que les faits de minorités extrémistes d'individus, et les majorités raisonnables ont préféré se réunir ici pour s'allier. Je vous laisse maintenant donner vos opinions respectives sur ce que doit devenir ce projet que nous avons initié, car c'est à cette assemblée entière que ce choix revient.

Le Premier ministre recula du micro, descendit de l'estrade et retourna s'asseoir avec les autres représentants akaltiens, attendant qu'une première délégation prenne la parole.
Était venue comme prévu une délégation sylvoise, une triple plus précisément puisque comptant trois représentants : un pour chaque population autochtone de Sylva (ou plutôt Kazannou, nom d'origine du pays). La première figure était Maxette Deschamps, historienne spécialisée sur le peuple Moundlo et conséquemment parfaitement qualifiée pour les représenter. Plus importante nation autochtone avant et même après l'arrivée de colons gallèsants, c'était l'alliée naturelle de ces arrivants avec qui elle avait pu asseoir son influence sur la région. Les Moundlo vivant le long des littoraux (marins comme fluviaux, leur nom signifiant littéralement "gens de l'eau"), ils étaient d'excellents marins et en avaient profité pour avoir des réseaux de circulation performants. Cela leur avait notamment assuré un commerce, mais aussi et surtout une communication rapide, leur permettant de former l'unique superpuissance de Kazannou. Et quand les colons gallèsants sont arrivés, certaines grandes familles Moundlo se sont parfaitement entendus avec, ont commercé, se sont alliés et en ont profité pour étendre leur domination. Elles avaient conséquemment assuré la prospérité de leur peuple même après la colonisation, chose qui se ressentait socialement et politiquement maintenant : les Moundlo modernes constituaient les descendants d'autochtones les plus riches et éduqués, très favorables aux mouvements libéraux ou monarchistes (puisqu'ils avaient bénéficié de la monarchie coloniale gallèsante).

Il y avait ensuite Emilia Taneur, romancière et militante du côté des populations Mounbwa, ou "gens des bois". C'étaient là les autochtones vivant plus profondément dans les forêts, avec une capacité de circulation moindre qui se traduisait par un ensemble de nations désunies et très localisées. Il y avait bien eu des périodes où une nation Mounbwa se démarquait, mais les limites d'expansion se prononçaient très rapidement avec les contraintes pour voyager, et l'accession au statut de grande puissance cohérente se dérobait toujours à eux.
Ils avaient toujours été rivaux des Moundlo, ces derniers ayant pris de façon décisive le dessus lors de leur alliance avec les gallèsants à leur arrivée. C'est sous cette coalition qu'ils ont déclinée, incapables de lutter face à des adversaires imbattables. La chose s'était transmise jusqu'à ce jour avec un racisme très prononcé à l'égard des Moundlo, et un penchant fortement anti-monarchiste. Pour autant, les Mounbwa restaient de grands nostalgiques de leurs heures de gloires, les faisant apprécier aussi bien le collectivisme que le libéralisme qu'ils conciliaient sans souci.

Et finalement était là Rodrigue Maçon, petite figure communiste de Sylva et techniciens dans les mines. Mounlao endurcis, il vivait dans les montagnes de Kazannou. Son peuple avait historiquement toujours fonctionné en petites communautés très solidaires. Les complications pour circuler en montagne et la faible population de par les limitations qu'imposaient les reliefs (tant sur l'agriculture que les habitations) ne justifiait aucun débordement ni concurrence sur les territoires de chacun. Les Mounlao avaient au contraire vu la nécessité de se coordonner pour supporter les incursion Mounbwa ou Moundlo. Farouche et revendiquant fermement leur esprit communautaire, ils vivaient avec les récits de leurs ancêtres : longtemps indépendants, c'est eux qui avaient le plus longtemps résisté à la progression de l'alliance Moundlo-gallèsante, quand bien même leur défaite fut inéluctable. Il en résultait le point de départ du communisme sylvois, qui donna par la suite le collectivisme en se propageant au sein du libéralisme Mounbwa. Mais les Mounlao restaient des radicaux vigoureusement opposés aussi bien au libéralisme qu'au monarchisme, faisant d'eux les populations les plus contestataires de Sylva.

C'était donc trois représentants, de trois peuples autochtones aux convictions bien différentes. L'histoire les avait forcés à se croiser quand tous voulaient un chemin différent, et maintenant ils se détestaient. C'est Emilia la Mounbwa qui prit la première la parole :

-Bonjour à tous, c'est un plaisir d'avoir été invité à cette conférence et j'exprime toute ma gratitude pour notre hôte. En effet, il est regrettable de constater à quel point les populations autochtones de Paltoterra et Aleucie ont été reclus dans leurs propres terres natales, repoussées par des colonisateurs violents et hégémonistes. Lutter contre cette inertie sociale délétère alimenté par un modèle sociétal profondément injuste est une priorité dans nos intérêts. Et cela demandera de la cohésion, notamment pour répondre à la complaisance de certains pour les descendants de colons, bénéficiant injustement de ces acquis qu'ils ont saisis à nos ancêtres.

Il fallait que son intervention soit percutante et marquée d'un esprit d'opposition, tradition typiquement sylvoise où baignaient des groupes sociaux très différents et parfois complètement opposés. Maxette la Moundlo ne lui laissa pas poursuivre davantage et, avec une relative subtilité, s'empara de la parole :

-En effet, sont visibles les traces de la colonisation qui ont fait des victimes et des vainqueurs sans mérite. Il s'agit pourtant du passé duquel il est inutile de tirer rancœur ou culpabilité, mais seulement des leçons. Les descendants de colons ne sont pas moins habitants de nos terres que les descendants d'autochtones, et persévérer dans la dissension n'a rien de constructif. Nous devons lutter pour l'égalité, oui, et cette égalité passera par une acceptation de l'autre et un travail conjoint sur un pied d'égalité !

Avait parlé ce qui serait considéré en Sylva comme un porte-parole du pouvoir en place, non pas directement du gouvernement, mais du modèle sociétal qui dictait les règles. Si Emilia avait mis les pieds dans le plat, Rodrigue se devait d'aller encore plus loin pour marquer le coup :

-Difficile est néanmoins de trouver ce pied d'égalité, quand les castes sociales se profilent toujours plus distinctement. Perpétuer le modèle colonial qui s'est imposé à nous, modèle bâti par et pour les colons, ne permettra jamais de réparer ce que ledit modèle implique. Pire, défendre ce modèle parce que l'on en profite détruira toutes chances de réparer ses torts, quelque en soient les discours tenus sur l'équité.
L'héritage de la colonisation a persisté bien trop longtemps et aucune forme de compromis ne saurait instaurer un modèle juste, à partir d'un autre profondément articulé autour d'une conquête et d'une stratification. Il s'agit maintenant de se demander de façon concrète : comment pourrons-nous décortiquer ces relents de sociétés coloniales pour en bâtir de nouvelles, saines et se débarrassant de toutes les tares de l'impérialisme ?

C'était tout, les trois représentants venaient déjà de donner un avant-gout d'une des difficultés qu'il y avait à assurer la lutte anti-coloniale : faire converger des sociétés autochtones définitivement différentes et parfois avec des histoires ayant façonné des intérêts aux antipodes.
L'Astérie, nation imposante en Aleucie de par sa population (avoisinant les 60 millions en métropole), avait envoyé cinq représentants autochtones en Akaltie.

La tribu des Mekoleok était la plus importante du pays. Composant 15% de la population du Pays d'Ustel et 5% de la Lothafrancie (en ne comptant que les autochtones complets, c'est-à-dire ceux ayant des parents et grand-parents eux-mêmes autochtones), les Mekoleok se distinguaient par une appartenance au libertarianisme et aux valeurs astériennes en soit consternante. Très intégrés, ils participent activement à la vie publique, et la plupart vivent modernement. Ils forment tout de même un total de 1.5 millions de personnes. Ils sont représentants par :

  • Mme. Jehual Funtalie. Cette septuagénaire, originaire d'Arcagnac dans le Pays d'Ustel, fût la fondatrice de l'organisation "Vasek Mekoleok", en langue mekoloek "Au secours des Mekoleok". Originalement conçu dans l'objectif de combattre le racisme anti-mekoleok, certes peu prégnant mais existant tout de même, l'organisation se nomme aujourd'hui "Vasek Otoknoni", "Au secours des autochtones", ayant un objectif beaucoup plus global, marqueur de la cohésion entre les natifs d'Astérie, assez antagonistes avec les tensions natives sylvoises. Jehual Funtalie avait notamment été mairesse d'Arcagnac et députée de la Chambre Régionale du Pays d'Ustel, puis un bref passage à la Diète Confédérale, écourté par une maladie passagère qui l'avait cloué au lit.
  • Mr. Klark Quènt. Celui que l'on considère depuis peu comme le "petit protégé de Mme. Funtalie" n'a que 25 ans. Entrant dès sa majorité dans l'organisation de sa chaperonne, il s'est fait remarqué par son activisme que certains anciens ont parfois jugé de réactionnaire. Prenant librement la parole à chaque instant, étant vu à toutesde l' les manifestations de Boulogne-sur-Serne, grande ville du nord de la Lothafrancie au bras de son petit ami aussi membre de l'organisation, il a été personnellement choisi par la doyenne pour l'accompagner à Kahitz.
  • Mme. Aurora Kilikomara. La trentenaire, pure produit des montagnes ustéliennes, est une membre récente.


La deuxième tribu autochtone représentée était celle des Quémarres. Population autochtone formant la majorité de la région autonome du Quemarra, au sud de la Paltoterra, les Quémarres était grosso modo divisés en deux parties : les urbains, vivant dans la métropole d'Aymachua, qui rassemble elle-même la moitié de la population régionale. Les non-quémarres étant minoritaires en Quemarra, la question d'une quelconque répression était caduque ; Les Quémarres était plutôt maître de leurs destins. La deuxième partie était constituée par les "Forestiers", comptant pour un quart des Quémarres et vivant dans la jungle luxuriante qui représente 80% de la superficie quémarre. Leur nombre exacte est peu aisée à connaître : beaucoup d'entre eux vivent complètement reclus du monde moderne.

Patricio Guemaychua est un Aymachuan pur-sang. Député de la Diète Confédérale en tant que représentant du Quemarra depuis vingt ans, il n'a de cesse de revendiquer au mieux possible les droits autochtones. Quant à Arturo Chuatipita, il est issu d'une petite communauté villageoise de l'arrière-pays. Censé représenté les Forestiers, il risque surtout de ne représenter qu'un fragment d'entre eux, ceux-ci étant très dispersés...


La troisième et avant-dernière tribu était celle des Pakatikata. Très discrets, au nombre de 100 000 entre la Ciaone et la Tararomérie, ils se distinguent surtout par leur nom de famille aux longueurs disproportionnées, en raison de leur traduction... comme la représente ici-présente, Sylvia Kotokatikatikokoyawekolakotrazikolawyokakolito, qui signifie "Jeune fille qui court dans l'herbe et se prend un arbre". Les noms de famille ne sont en effet pas vraiment des noms de famille chez les Pakatikata : celui-ci est décidé à l'âge de 10 ans, soit selon un trait de caractère, ou selon une anecdote. Pour le cas de Sylvia K., cela semble évident... Par exemple, son fils de 11 ans se nomme "Louis Mafouekatzilafiotizaklokikikikopolitanostrokitzapfio", ce qui signifie "Discret mais colérique à l'occasion avec une touche de susceptibilité". De le naissance jusqu'à 10 ans, les jeunes Pakatikata portent les noms collés du père et de la mère, juste dans un but administratif, donnant des noms de famille atrocement long, comme, pour notre représentante : Sylvia Sikokolatziokaflotiyarizbolatikowayoyoyoyokali-Pfazltotirazaltiyanaklyowafrogzitowak. Bon, souvent, sur la carte d’identité, on ne marqué que "Sylvia Siko-Pfaz". Mais, bref de présentation, passons aux suivants.

Les derniers sont les Weyong, au nombre de 20 000, dans le nord de la Lurie principalement. Il s'agit de la seule communauté autochtone ayant véritablement été victimes de violences eurysiennes, leur population ayant été décimée par une maladie qualifiée de "créée par le Diable", à savoir la grippe.

C'est le représentant de ces derniers, Fabrice Demontok, qui prit la parole :

Nous, Weyong, avons été victimes plus que tout autres de ces violences. Nous ne sommes plus que 20 000, et... je proclame ici-même que beaucoup de mes confrères souhaitent la mort imminente de tous les descendants de colons. A l'évidence, les Weyong n'étaient pas reconnus pour leur pacifisme. Nous avons oublié de préciser : s'ils ne sont que 20 000, c'est parce que les 200 000 Weyong des années 50 s'étaient entretués dans une véritable guerre civile de deux mois à cause, à la base, d'une histoire de cheval tué par un jeune Weyong qui l'avait pris pour une chèvre... bref, cela faisait longtemps que les Weyong ne s'étaient pas entretués, mais ce n'était certainement pas la communauté la plus soudée.

Sylvia K. prit la parole précipitamment :
Mais, nous n'en arriverons bien évidemment pas là. Nous, Pakatikata, prônons la paix civile. Les massacres autochtones ont eu lieu il y a des siècles... Aujourd'hui 45 millions d'Astériens sont composé au moins en partie de sang autochtone en raison du mélange des cultures.

Jehual prit la parole :
Effectivement. Même si nous nous battons encore aujourd'hui contre les ingrats qui nous crachent à la figure, ils sont peu nombreux. En Astérie nous n'avons pas beaucoup de problèmes... Mais je pense que les oppositions sylvoises sont intéressantes... comment prétendre à une union si déjà entre vous, vous vous déchirez ?
Les kah-tanais continentaux, comme ils appelaient eux-mêmes les ressortissants des communes du Paltoterra, avaient beaucoup de mal à se positionner sur la question de ce qu'ils nommaient pudiquement les "premiers peuples". Non pas qu'il y ait eu chez eux le moindre doute quant à la nécessité de permettre aux nahualtèques, nueltèques, chan-chans, zoeltèques, ayan et autres peuples précoloniaux à garder leurs terres et à jouir des mêmes droits et devoirs que les fils et filles de colon, mais l'Union s'était construite en terre d’immigration et de syncrétisme. Si une immense partie de la culture populaire et politique de l’Union descendait directement des pratiques locales, et si les Révolutions avaient toutes donné un rôle important sinon central aux premiers peuples, on ne savait pas vraiment si ceux-là devaient être représentés par eux-mêmes, par des délégués spécifiques, jouir d’une forme de discrimination positive ou ne profiter d’aucun traitement de faveur, dans l’hypothèse où le système confédéral permettrait déjà la protection et le respect de leur culture.

La dernière révolution avait créé une forme de consensus. En ciblant spécifiquement les premiers peuples et leurs pratiques, les gens de la Junte les avaient une fois encore soudés de façon quasi indissociable à leurs frères socialistes, et l’idée selon laquelle le Kah n’était jamais que la continuation de plusieurs millénaires de civilisation s’était faite évidence en ça que c’était bien la pratique marxiste-communaliste qui avait permis la protection de leurs valeurs et art de vivre.

Il n’y avait pas de Commissariat ou de Commission à la question des premiers peuples. Pas de règles spécifiques pour eux. Ils étaient kah-tanais, et se considéraient dans l’ensemble comme des communes similaires aux autres, sinon par leur histoire lointaine. Ce fut ainsi la commissaire aux affaires éducatives et à la santé, Kisa Ixchet, qui fut déployée pour assister à cette rencontre. D'origine Nahuatl, ce choix avait été fait pour des questions de "sensibilité politique". Ou, en d’autres termes, car il aurait peut-être été mal perçu d’envoyer un descendant de colon ou un métis à une réunion visant à solutionner un problème de racisme systémique et perpétué par des systèmes économiques et politiques intrinsèquement occidentaux. Elle était tout de même accompagnée des communes générales couvrant les territoires premiers peuples traditionnels. Loin d’être ici pour faire de la figuration, ils la laissaient cependant s’exprimer sur les sujets strictement protocolaires ou confédéraux. "Madame des pavés", comme on surnommait la citoyenne Ixchet, s’exprima enfin.

"Excusez-moi pour ce tropisme kah-tanais, j'en ai conscience, mais il faut selon nous avoir conscience que la question des premiers peuples est une question de répartition des richesses ou, en d'autres termes, de gestion des affaires économiques. La répartition des richesses, défavorable, que permettent les systèmes asservis aux impulsions de gouvernements ou d'élite économique tendent à créer des situations de déséquilibrée allant croissant à mesure que les ayant héritent des fortunes leurs ancêtres et les laissés pour compte des dettes des leurs. Traiter la question des premiers peuples c’est prendre la question des inégalités de pouvoir et de moyens et la traiter par un angle spécifique.

Le Grand Kah juge cette approche nécessaire compte tenu des conséquences encore visibles du génocide qu’a représenté la colonisation, et qui ont encore de beaux jours devant elles, je pense par exemple à la situation très complexe de nos amis et frères Westaliens, qu’un gouvernement se qualifiant lui-même de démocratique persiste à humilier, violenter, spolier.

Alors. Pour nous il faut savoir quels moyens nous souhaitons nous donner à la fin de cette conférence. S’il s’agit d’un accord diplomatique non contraignant il faut assumer dès maintenant que nous feront peu. Si nous sommes près dès maintenant à mettre la pression aux régimes barbares, cette rencontre en peut pas aboutir à une simple déclaration commune. Il faut définir nos ambitions pour définir ensuite nos moyens d’actions. Pour le moment nous n’avons qu’une seule certitude : la nécessité d’agir.
"
Arrivés à Kahitz, les représentants du peuple hamajak attendent beaucoup de cette conférence pour l'avenir des leurs. Bien qu'en terre favorable à leur cause, ils savent que le retour ne se fera pas sans accros avec certains mouvements politiques westaliens et le gouvernement pourrait très bien avoir déjà envoyé des "observateurs non-officiels", pour vérifier que leurs propos n'entrent pas dans la catégorie "extrémiste". Oui, même hors de leurs frontières la nouvelle loi sécuritaire reste une épée de Damoclès au-dessus de leur tête et leurs paroles pourraient faire l'objet d'un examen judiciaire une fois de retour au pays. Bien que la lutte des droits hamajaks prend ses racines dans les guerres amérindiennes westaliennes du XIXème siècle, elle ne se structure réellement qu'à partir des années 50, où un "sursaut indigène" les pousses à se rassembler entre eux. En plein dans la période ségrégationniste de la Grande République, les indigènes s'insurgent contre leur traitement injuste et donnent rapidement naissance à deux courants de pensée encore bien présent aujourd'hui : les indépendantistes, pour la création d'une nation hamajak indépendante et les autonomistes, qui souhaitent qu'un nouvel État-Républicain autonome soit constitué pour les peuples amérindiens, mais toujours dans Westalia. Si au début les gouvernements successifs se montrent très répressif à ces mouvements, la gauche va commencer à prendre sous son aile ces groupes d'activistes à partir du début des années 70 et permettre, en 1979, la signature des Accords de Columbia, mettant fin à toutes les lois racistes et ségrégationnistes en place dans le pays. A partir de là, le peuple hamajak va connaître un nouveau bon démographique qui va entraîner la célèbre crise des ghettos, à la fin des années 80 et au début des années 90, où la population dites "citadines" de ces indigènes connaissent un fort taux de criminalité et d'incivilités répétées, menant inévitablement Victor Hardenbor, actuel Président Fédéral, au pouvoir, avec un programme de justice punitive et de répression forte à l'encontre des hamajaks vivant dans des quartiers pouvant être qualifié de "ghettos", vestiges du passé ségrégationniste. De nouvelles lois passent et plusieurs associations et mouvement indigènes sont interdites au cours de cette période, principalement de courant indépendantiste, menant inévitablement à la formation du mouvement terroriste Southern Hamajak Liberation Front, à la fin des années 90.

Avec la nouvelle loi sécuritaire de 2013, ce sont désormais les mouvements autonomistes, jusque-là peu touchés, qui sont ciblés par le gouvernement. L'interdiction du Hamajak National Front, en début d'année, a particulièrement marqué les esprits et poussant au "nouveau sursaut indigène", pour reprendre la dénomination de certains spécialistes. Parti politique, nouvelles associations, manifestations, les autonomistes ne se laissent pas faire et leur représentant le plus connu, le Sénateur Gary Sikyatavo, est sur tous les fronts pour défendre les droits de son peuple. Ainsi, à Kahitz, on retrouve des mouvements soudés qui se composent principalement du Columbia's Act (principale association de défense des droits hamajaks), la section relations extérieures du Mouvement Social Hamajak (Parti politique) et le Conseil des Amaras (conseils regroupant les clans hamajaks). La plupart de ces groupes ne touchent pas (ou plutôt plus) de subventions publiques et pour ceux qui en bénéficie, elles se réduisent chaque années, ne survivant que grâce au financement de mécènes et de leurs membres. Aucun mouvement indépendantiste à l'horizon, clairement exclu par les représentants ayant fait le déplacement, notamment pour le caractère terroriste que même les autonomistes leur reconnaissent depuis quelques années.

Si trouver un porte-parole individuel pour cet événement ne fut pas facile, c'est tout de même le Chef Vipponah Shuman qui fut choisi pour prendre la parole en leur nom. Chef d'un clan mineur hamajak de la région d'Horvanx, sénateur sous les couleurs du MSH et socialiste convaincu, c'est un homme populaire auprès de sa communauté qui se présente devant le microphone :

Vipponah Shuman

Vipponah Shuman : Chers camarades d'Aleucie et de Paltoterra , la communauté unie des hamajaks de Westalia souhaite tout d'abord vous remercier pour votre déplacement commun ici même et tout particulièrement à nos amis akaltiens pour avoir réussi à réunir autant de peuples natifs de nos deux continents.

Il n'est une surprise pour personne que mon peuple connaît une nouvelle période difficile sur ses terres ancestrales et que des figures bien sombres semblent de nouveau se profiler à l'horizon de notre avenir, aussi bien en Westalia que pour nos frères en Lermandie, dont le gouvernement est complice de celui du tyran Hardenbor. Tout au long de notre histoire, nous avons subits l'avidité d'une colonisation violente, sanglante et génocidaire. Au fil des siècles, notre confiance fut trahie plusieurs fois par les gouvernements de colons qui continuèrent à perpétrer spoliages et agressions contre notre communauté. Peut-être que certains vont penser que notre époque, ce XXIème siècle, est celui de la lumière, de la civilisation... Mais l'obscurantisme et le péché d'avarice reste profondément encré dans certains gouvernements à l'égard des peuples indigènes qui subissent les répercussions du passé, mais aussi les violences d'aujourd'hui. En tant que petit représentant d'un clan, je vois mes terres natales et sacrées se faire dévaster pour voir mines, usines et fermes industrielles prendre place.

De l'autre côté, les hamajaks continuent de connaître un taux de pauvreté élevé et croissant, accumulent les emplois mal payés et épuisants, pour finir avec une vie courte et toujours autant de problème légué à leurs descendants. Madame Kisa Ixchet, de la délégation kah-tanaise, souligne ainsi un point important du fléau qui frappe nos peuples : la répartition des richesses. Toute la colonisation s'est basé sur l'enrichissement des colons et l'appauvrissement des natifs, au moins en Westalia. Le plus important est de pouvoir créer une société où tout indigènes n'a pas à craindre le lendemain, mais également son voisin ! Qu'il est des origines coloniales ou non, nous devons tous nous souder face aux adversités économiques et sociales que nous pouvons subir. Ne reproduisons pas les travers du passé en pointant du doigt telle ou telle communauté, mais luttons plutôt contre l'avidité et les inégalités qui frappent nos sociétés, ensemble et sans discrimination.

La communauté unie des hamajaks de Westalia se tient prête à participer et à soutenir de son mieux les efforts qui iront dans ce sens, au sein de cette conférence. Des décisions fortes doivent être prises, qui peuvent avoir un réel impact sur la vie des populations natives d'Aleucie et de Paltoterra, surtout pour les plus démunies. Unissions nous pour le progrès social de nos peuples !


Certains passages de son intervention furent accompagnés d'une forte émotion, jamais de colère, jamais de haine, mais toujours un sentiment mêlant tristesse et espoir. Ce discours donne aussi une bonne idée durapport qu'entretiennent les autonomistes avec le concept très westalien de "l'Union sacrée". Si la droite westalienne le défini comme l'union nationale des peuples en un seul, la gauche parle plutôt d'union sociale du peuple, qui souhaite mettre fin aux énormes écarts entre les classes les plus pauvres et celles les plus aisées, en n'excluant aucune origine qui se retrouve dans le concept de "Westalia". Ce discours est également une bonne manière de voir qu'elle est la vision des autonomistes hamajaks : arriver à construire une société avec les autres peuples de la Grande République, là où les indépendantistes jugent qu'ils seront de nouveau bernés et que seule l'émancipation totale de leur peuple pourrait permettre une véritable société prospère.


« Grand-père, accorde-nous ta sagesse », imploraient-ils.

Des mains s'enfoncèrent dans l'urne en terre cuite, faisant remonter aux yeux de tous un amas de cendres. D'un geste précis, elles vinrent étaler sur le visage de leur porteur une couche importante qui, au contact des peintures corporelles, s'appliquèrent sans difficulté apparente. L'homme qui venait de s'imprégner de la sagesse du grand-père se saisit ensuite de la coupe de cachiri, en pris une gorgée, et la déposa avec précaution au côté de l'urne. Ceux qui patientaient dans la file en firent de même une fois leur tour venu. Ils étaient désormais prêts à parler.

Les Maronhos n'étaient pas cannibales, dû moins la plupart du temps. De ce qu'on connaisse de mémoire d'homme et des recherches archéologiques, aucun peuple natif du plateau maronhien n'aura, dans ses spécificités culturelles, compter le fait de tuer autrui pour s'en nourrir. Mais ils s'avèrent que ceux-ci croyaient profondément en l'essence des choses. Ainsi, tout ce qui avait âme à leurs yeux, c'est-à-dire toutes choses, possédait une essence transmissible responsable des habilités de l'âme. Le grand-père, mort il y a déjà fort longtemps, était connu de son vivant pour être le sage parmi les sages ; s'imprégner de son essence signifiait donc s'imprégner de sa sagesse. Il n'y avait plus rien à manger de lui ; il n'avait de restes qu'un amas de cendres placé dans une urne en terre cuite. C'est donc à la manière des siens qu'il guidait ceux qui venaient après lui.

Si cette sagesse leur était nécessaire c'est que l'assemblée en question s'apprêtait à quitter leur terre, à s'envoler pour la Grande Conférence Native de Kahitz. En effet, le respect entre peuples du supercontinent aleucio-paltoterran n'allait pas de soi. L'histoire était une chose si complexe que la présenter comme une simple opposition entre ceux d'ici et ceux d'ailleurs relevait de la pure aberration. Les Maronhos s'étaient longtemps fait la guerre entre eux, s'étaient parfois alliés à quelques colonisateurs contre un peuple adverse, avaient souvent vendus, comme ils le faisaient déjà entre eux, leurs ennemis à leurs alliés, leurs frères de culture et de sang à leurs voisins fraichement débarqués. En témoignait la perte en quantité de ce que l'on nommait les nations maronhos ; autrefois nombreuses, l'on n'en comptait plus que sept. Le fait n'était pas exclusivement dû à la pression qu'exerçait les ressortissants du Nazum, mais aussi à cette spécificité des natifs qu'était l'ethnocide. Les guerres, les razzias, les rapts se faisaient avec tant d'insistance, que les souvenirs d'anciennes tribus se perdaient dans le temps et que les survivants de celles-ci se fondaient dans de nouvelles, plus importantes, qu'elles soient celles de leurs anciens alliés ou de leurs anciens ennemis. Il n'est pourtant pas question ici de ressentiment quelconque ; il n'y avait certes pas de pitié - la chose leur étant inconnu dans un tel contexte -, mais il n'y avait pas plus de haine, du moins entre eux.

Les évènements qui posèrent les bases de la construction de la Maronhi en tant que territoire stable et qu'État de droits, annihilèrent le schéma de prédation qui avait valu comme principe jusque-là. Un engagement commun pour une mise en avant d'une part de leur modèle culturel participa aussi à souder de nouveaux liens. Entre natifs, ils demeuraient néanmoins une plaie qui poussait à la méfiance et qu'il relevait historiquement d'une prédation asymétrique. Il s'agissait des incursions natives de peuples extérieurs au plateau maronhien. Nombreux et organisés en cités, descendus dans les humbles carbets de quelques familles tout au plus, de véritables expéditions frappaient le grand bois pour offrir en sacrifice à leurs dieux les cœurs de ceux qui ne pouvaient en rien se mesurer à eux. De plus, les représentants autochtones de la Maronhi nourrissaient la crainte que la conférence n'aboutisse qu'à la mise en valeur d'une unité native forcément favorable aux héritiers des grandes cités, des monuments, des panthéons de dieux et des écritures. Ces héritiers, ils les nommaient couramment « ceux d'en haut » ou « ceux qui peuplent la pierre », s'opposant à ce qu'ils étaient : « ceux d'en bas », « ceux qui peuplent le bois ».

Délaissés culturellement par la politique républicaine pseudo-universaliste au courant de la seconde moitié du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, ainsi que par le décret d'union nationale au sortir de la guerre civile qui avait pour avantage d'apaiser les tensions mais comme désavantage de mettre en danger les minorités par une absence de véritable reconnaissance des spécificités des uns et des autres, de ce qui était souhaité par beaucoup et nommé comme « les privilèges », ou encore « les libertés ». En ce sens, les libertés n'étaient pas comprises comme une chose floue, applicable à des peuples que l'on aurait décidé de faire fondre dans une marmite unitaire, mais des outils pour se protéger en tant que communauté choisie et définie par les affres du temps. Bien favorablement, la nature de la géographie maronhienne, et notamment celle d'où s'épanouissaient les Maronhos, était telle qu'elle paralysait les territoires dans l'enclavement, mais protégeait involontairement les tribus des flux culturelles et identitaires qui suivaient naturellement les flux économiques. Alors que la Maronhi cherchait à désenclaver ce qui était, il fallait opter pour une politique culturellement et identitairement protectrice, repenser la citoyenneté, les identités, la liberté de circulation ou d'établissement, ce qui se fit au début des années 2010.

Dans les bouches du commun, « Maronhien » ne signifiait pas grand chose ; ce n'était qu'une forme de supra-identité qui signifiait une appartenance à l'un des peuples qui composait la Maronhi. En d'autres termes, l'on aurait pu dire que « Maronhien » signifiait simplement « sujet de Maronhi ». L'hostilité vis-à-vis de flux migratoires en direction du territoire maronhien ne signifiait donc pas pour ce commun une crainte quant à une déformation d'une identité maronhienne, mais une crainte quant à la défiguration des peuples composants le territoire, un empiétement sur les diverses minorités qui marquaient la carte de Maronhi. Le projet de mutation du régime semblait alors aller dans le sens d'une poursuite dans le processus de protection des communautés, en passant par exemple par une autonomisation des territoires et des localités, ainsi que par des frontières invisibles internes et la limitation d'établissement en dehors de sa zone communautaire, autant pour les natifs que les créoles.

Pour les Maronhiens, l'altérité est une leçon de l'histoire, par l'infinité qu'elle laisse entrapercevoir, elle est le terreau du dynamisme et donc de la protection ; elle présente des avantages cognitifs et sociaux essentiels qui rendent nécessaire sa préservation. Chaque culture, dans ses sensibilités, modes de fonctionnement, rapports au monde ou à l'autre, etc, leur semble offrir un réservoir unique de connaissances et d'expériences pour se préserver. Cependant, pour que ces différences culturelles puissent pleinement s'épanouir et ne pas se fondre dans une homogénéité stérile, il parait crucial de maintenir des frontières qui protègent l'intégrité de chaque communauté. Ainsi, dans cette conception, la mise en place de frontières, qu'elles soient invisibles ou administratives, permet de préserver cette diversité, en protégeant les minorités contre l'assimilation forcée ou l'érosion de leur identité dans un syncrétisme maximaliste comme projet politique qui ne serait pas un enrichissement de la somme ce qu'elle absorbe, mais un appauvrissement de ce qui fut pour la constitution de ce qui sera. Faire le jeu de ce qui a tout absorbé, tout mal digéré pour en faire une bouillie, c'est, selon un récit populaire, se mettre dans la peau d'un géant qui, se croyant sans équivalent, sans égal, s'assoupit d’insouciance et se fait égorger dans son sommeil. En séparant les différentes cultures par des frontières respectueuses, en regardant l'autre faire selon lui, sans haine ou mépris, on assure non seulement la survie de chaque groupe culturel, mais on enrichit également le tissu social global, permettant à l'altérité de jouer pleinement son rôle dans l'évolution cognitive et morale de l'humanité.

La Gran Man accorda naturellement un droit de représentation des Maronhos à la Grande Conférence Native de Kahitz. Les représentants natifs furent ensuite désignés entre les autochtones eux-mêmes, sans véritable règle, par accord entre les chefs coutumiers et les piayes, les chamans itinérants dont les conseils pesaient et dont les compétences, comme pour les chefs, étaient naturellement testées dans un certain nombre de rites initiatiques. Bientôt, une poignée de représentants de toutes les « nations natives » s'envola pour l'Akaltie, aussi bien des Awanapis que des Ikikwés, des Amjahos que des Onaghos, des Hmonékis que des Kwayaks ou des Kuli'nas.

Les représentants natifs de Maronhi arrivèrent enfin. Leurs visages étaient marqués de peintures tribales et des cendres sacrées du grand-père. Le cortège, composé de chefs coutumiers, de piayes et de figures emblématiques des « sept nations natives » maronhiennes, avançait avec une dignité silencieuse. Ces hommes et femmes, choisis pour porter la voix des leurs, étaient tous conscients de l'importance de ce rassemblement unique. Une fois installés dans l'amphithéâtre, ce fut Kaywa Akwé, un piaye respecté parmi les Awanapis, qui se leva pour prendre la parole. S'approchant lentement du micro, il plongea un regard serein et perçant dans l'assemblée, comme pour évaluer les âmes de ceux qui l'écoutaient. Après un moment de silence, il entama son introduction.

« À vous qui êtes venus de tous les horizons, nous vous saluons. C'est avec l'esprit empli d'humilité que nous, qui sommes ceux du grand bois, nous nous tenons devant vous aujourd'hui. Nous remercions nos hôtes pour cette invitation à partager nos visions. Nous sommes ici pour parler, pour écouter, et pour apprendre.
Mes aïeux chassaient avec rage ceux de mes comparses. Ils ont aidé et ont été aidé par ceux qui ont traversé la grande salée pour venir jusqu'à nous. Il est un monde où cela n'aurait cessé, et où aujourd'hui nous nous chasserions encore. Du Nazum, d'Eurysie ou d'Afarée, ils sont venus sans que nous puissions nous mesurer ; l'absence de moyens de nous projeter dans l'avenir, à concevoir l'avancement fut notre perte en tant que dominants. Croître et nous donner les moyens de nous élever, en commençant par croire que nous le pouvons, est sans doute le pas le plus décisif que nous avons à faire. La question matérielle est importante, sans nul doute, et elle appelle à se désenclaver ou à se saisir des ressources nécessaires, mais j'ai vu trop de mes frères ne savoir que faire une fois les outils de leur propre réussite en main. Rejeter la faute sur autrui serait facile, assurément, mais elle n'aurait jamais comme finalité de nous faire tenir droit. La pauvreté native est persistante et ses explications sont multifactorielles. Le manque de perception de notre réussite, notre difficulté à nous projeter dans l'avenir, nos habitus héréditaires corrélés à une trop longue absence de réelle altérité sur notre territoire et à un manque d'éducation sur ces phénomènes, participent grandement à notre sort. »


Maronhos
La délégation malistaise est représentée par le président Sorik Jandor qui parlera au nom de tous les malistais. La délégation vient avec beaucoup d'espoir quant à l'issue de cette conférence. Le Malisto est composé intégralement d'autochtones d'une seule et unique identité malistaise, bien qu'il y est quelques différences dans les coutumes en fonction des régions. Le pays a connu une guerre contre les colons qui s'est conclue par une victoire malistaise et un renvoi des envahisseurs. Depuis cette guerre, le peuple malistais n'a, plus jamais, été mis en danger. Le respect et la paix sont des valeurs fondamentales dans la culture du pays, cette conférence ne fera pas exception à l'usage des valeurs malistaises. Le président Sorik Jandor se présente à cette conférence vêtu d'une tunique traditionnelle le "Ōsalmar".


Sorik Jandor Ōsalmar


Sorik Jandor, monte les marches de la scène de l'amphitéâtre et prend la parole :

"Suite à l'invitation reçue pour assister à cette grande conférence de Khalitz, le peuple malistais ne pouvait s'abstenir. Le peuple malistais souhaitait en tout premier lieu remercier et féliciter le gouvernement Akaltien pour cette initiative prise. Étant une des rare nation souveraine restante dirigé et composé d'autochtone, le peuple malistais est heureux et soulagé de voir qu'il n'est pas seul. Seul à lutter contre toute forme de colonialisme, seul à essayer de faire perdurer une identité et des cultures autochtones.

L'objectif souhaité par le peuple malistais concernant cette conférence serait de créer une véritable organisation entre natifs. Cette organisation, devrait être utilisée comme moyen de protection des cultures, histoires, langues et coutumes des différents peuples ici présents. Cette protection se doit d'être faite dans la paix et dans le respect. Nous ne devons pas agir de la même manière que les peuples colonisateurs ont agi sur nous. Redevenir maître de nos territoires serait impossible, les nouvelles populations y sont installées depuis trop longtemps et nous ne devons pas agir avec violence et barbarie. Nous devrions plutôt essayer de faire cohabiter ces différentes cultures, faire en sorte qu'aucun ne soit perdant. Il est important que nous ne fassions qu'un dans cette avancée des droits des peuples natifs. Restons unis, car c'est dans la différence que se cultive l'intelligence !"


Une fois, son discours terminé Sorik Jandor repart s'asseoir à sa place.
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