11/05/2017
22:37:00
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale Archives des Rencontres Internationales Rencontres achevées

[Sent-Julian/Apex/Saphir Macrotech] Du gaz, encore du gaz, et beaucoup de fric.

CODE COULEUR POUR URAKANGregòri Faure, jurat délégué à la présidence : rouge
Josèpa Larroque, jurat déléguée à l'écologie : vert
Pèire Durand, jurat délégué aux affaires étrangères : violet
Eiquem Dasté, jurat délégué à l'énergie et aux infrastructures : bleu


kkkkkGregòri était de ceux qui étaient réticents à travestir la souveraineté de la Jurade pour de l'argent. Lui qui avait tant lutté à redresser le pays depuis les crises des années 1970, ayant contribué à son indépendance vis-à-vis de la République du Milois dans les années 1990, tout ça pour libérer les saint-julianais de l'influence de tiers, voilà qu'il était contraint par le reste des jurats de participer à une rencontre avec deux puissants conglomérats, avides de pouvoir, d'argent, et de ressources permettant d'étancher leur soif. L'objet de cette rencontre ne satisfaisait cependant pas tout le corps de jurats, et certains, y étaient même vivement opposés. Josèpa en faisait partie. Jurat déléguée à l'écologie depuis 2006, et ayant grandi dans un milieu traditionnel, rural, et proche de la nature, elle ne se voyait pas aller dans le sens de riches étrangers venus de l'autre bout du monde, qui allaient dénaturer tout ce pour quoi elle avait travaillé, dans le seul but d'enrichir toujours les mêmes, les riches, les riches et encore les riches. C'est pourquoi, bien qu'opposée au projet, elle souhaitait prendre part aux discussions, dans le but de saboter les accords et préserver le patrimoine marin du pays. Car bien que faisant parti du même gouvernement, elle n'appartenait pas, contrairement à d'autres, à une riche famille vivant dans les domaines, tous plus huppés les uns que les autres de Saint-Julian, ni une famille vivant dans une gigantesque villa de Pilarque, et encore moins d'un négociant en vin des beaux quartiers de Vinascole, dont les intérêts convergent tous avec le Parti Libéral de Sent-Julian. Au contraire, à l'instar de Gregòri , Josèpa appartenait au Parti Paysan, davantage inscrit à gauche sur l'échiquier politique, mais conservateur sur les domaines sociétaux, ce qui lui avait permis de former une coalition avec le Parti Libéral et le Parti Conservateur Uni, qui se situent tous plus à droite politiquement.

kkkkkA l'inverse, il y en avait de ceux qui se réjouissaient de la rencontre à venir. Ceux dont l'exploitation de gisements de gaz allait les enrichir, renforcer leur influence, voire leur prestige. C'était le cas de Pèire. Jurat délégué aux affaires internationales, il avait permis cette rencontre entre le groupe raskenois ApexEnergy et le conglomérat kah-tanais Saphir Macrotech, bien que Luchian, l'autre jurat délégué aux affaires internationales, doyen du collège, y avait également contribué pour une grande partie. Mais voilà, son âge avancé, ses rhumatismes et la fatigue que provoque l'exercice d'une telle fonction l'avait contraint à rester alité, permettant à Pèire de récolter tout les honneurs au cas où un accord serait signé. A moins qu'un autre ne vienne les lui dérober. Eiquem était justement celui qui était susceptible de faire de l'ombre à Pèire. Jeune, séduisant, riche et ambitieux, également jurat délégué à l'Energie et aux Infrastructures, il était tout désigné pour piloter les négociations. Celles-ci étaient justement de son ressort. Ayant fait des études de Physique à Mesolvarde, ville de l'extrême-orient eurysien connue dans ce domaine, financé par son père, riche négociant en vins de Saint-Julian et provenant de la haute société du pays, c'est par ses compétences, mais surtout ses connexions en coulisse, qu'il a su se hisser au sommet du pays et obtenir un siège de jurat lors des élections de 2010.

- Pour quelle heure atterrit l'avion de monsieur Meyer ?

- Je ne sais pas. Ahmed, à quelle heure est-il sensé arriver ?

- A onze heures, missieur,
répondit Ahmed, le majordome, et surtout bon à tout faire de Pèire Durand.

- Bien. J'ai hâte. Vous n'êtes pas de cet avis, Gregòri ?

- Si, si. Disons que j'aurais préféré regarder les courses hippiques à la télévision, mais soit, qu'il en soit ainsi.

- Vous savez bien qu'il y a un temps pour tout. Et maintenant, c'est le temps de rencontrer nos invités.

- Oui, oui, oui.

- Ah, et d'ailleurs, monsieur Gaiman m'a prévenu qu'il aurait du retard, et qu'il ne pourrait venir qu'en fin d'après midi.

- Raaah mais sans déconner ! Déjà que ça me fait chier d'être ici, faut en plus qu'il y en ait un qui ait du retard !
... ... ... ... Et justement, quand on parle de retard, en voilà deux qui auraient dû arriver plus tôt ! Vous savez bien qu'on a encore des dossiers à terminer pour être prêts pour la rencontre. Il soupire. Bon allez, mettons nous au travail. Quoique vu l'heure, on ferait mieux de se préparer à aller à l'aéroport. Tant pis pour les dossiers, ils ne sont pas si utiles que ça. Et au pire, le cabinet s'en chargera pour nous. Ahmed, contacte ma secrétaire Indra et dis-lui que je veux que le cabinet boucle immédiatement tout ça.

kkkkkC'est donc plutôt énervé que Gregòri prit ses affaires pour rejoindre le véhicule qui le mènerait à l'aéroport de Vinascole. Les autres n'auront qu'à prendre l'autre voiture, pensait-il. C'était quand même fou de se dire qu'il était entouré d'incompétents. Cela dit, avec un âge aussi avancé et un caractère aussi prononcé, il n'était pas si difficile de penser et se convaincre que tout le monde était incapable, sauf soi-même. Enfin bref, ça lui passerait, et à mesure que la journée passerait, son humeur changerait, en espérant que les premières discussions avec les envoyés d'Apex et Saphir Macrotech se passeraient bien. Une musique de mariachi alguareno vient soudain lui rappeler qu'il était dans sa voiture, et qu'il ne bougeait pourtant pas depuis presque 5 minutes.

- Bon alors Alfonso, qu'est-ce-que tu branles ? Mets-les-gaz ! Et enlève moi cette musique de merde aussi, on est pas dans ton pays. Ici, on est en terre civilisée !
Rasken, 16 aout 2012, 9h00

Suite à la réponse positive de la jurade de Sent-Julian, les équipes d’Apex Energy s'étaient préparées pour cette rencontre des plus importantes. Il y a deux mois, Apex avait soumis son rapport à la jurade, mentionnant les réserves significatives de gaz dans ses eaux. Peu de temps après avoir rendu son rapport, nous sommes maintenant deux mois plus tard, le 16 août 2012, jour de la rencontre entre Apex, la jurade et Saphir Macrotech pour statuer sur les termes et les bénéfices que chaque groupe tirera de l’exploitation du gaz.


Commandant de bord – À tous les passagers, c’est le commandant de bord qui vous parle. Nous sommes sur le point de décoller en direction de la jurade de Sent-Julian depuis l’aéroport Eberstadt. Il est actuellement 9h50 du matin, la température extérieure est de 29 degrés, et notre vol durera en tout 1h et 25 minutes. Nous espérons que vous passerez un agréable voyage.




Le vol s'est déroulé sans accroc, et l'avion s'est posé comme prévu 1 heure et 25 minutes plus tard à l'aéroport de Vinascole.


Commandant de bord – Mesdames et Messieurs, c’est votre commandant de bord qui vous parle. Nous venons de nous poser à l’aéroport. J’espère que vous avez passé un agréable vol et, comme convenu avec Apex Energy, cet appareil reste disponible pour repartir à tout moment.

Falko Mayer – Bon, allons-y. On a du travail aujourd’hui.

Le groupe – Oui monsieur.


La délégation d’Apex Energy descendit de l’avion et alla saluer les représentants de la jurade de Sent-Julian.
Rappel du code couleurGregòri Faure, jurat délégué à la présidence : rouge
Josèpa Larroque, jurat déléguée à l'écologie : vert
Pèire Durand, jurat délégué aux affaires internationales : violet
Eiquem Dasté, jurat délégué à l'énergie et aux infrastructures : bleu


kkkkkEn dépit de la bonne volonté d'Alfonso, le retard qu'il avait pris pour démarrer le véhicule de Gregòri, ajouté aux embouteillages sur la route de l'aéroport, aurait presque pu faire arriver le jurat délégué à la présidence en retard. Mais il n'en était rien. Même s'il était arrivé après ses confrères, Gregòri Faure réussit presque par miracle, dans un élan de lucidité rare après avoir bu à lui seul une bouteille de vin rouge dans la voiture, à arriver à l'heure. Le sexagénaire n'était pas saoul, mais il avait connu des jours meilleurs. Il n'était en somme qu'un peu chamboulé, sonné, mais pas hors service pour autant. Ainsi donc il put rejoindre Pèire, Eiquem et Josèpa sur le tarmac, après que l'avion de la délégation raskenoise d'ApexEnergy ait atterri.

- Soyez le bienvenu monsieur Mayer. Comment s'est passé votre vol ? Bien j'espère ! En tout cas, nous sommes ravis que vous ayez pu venir jusqu'ici. Monsieur Gaiman, le représentant de Saphir Macrotech, ne devrait se joindre à nous qu'en fin de journée. Nous avons donc prévu de l'attendre un peu en vous faisant visiter Vinascole, où nous déjeunerons, puis Sent-Julian-ville, où se dérouleront nos discussions. J'espère que cela vous conviendra. Permettez moi de vous présenter mes confrères jurats : Josèpa Larroque, jurat déléguée à l'écologie ;

- Bonjour monsieur Meyer, dit-elle en souriant.

- Eiquem Dasté, jurat délégué à l'énergie et aux infrastructures ;

- Enchanté, c'est un plaisir pour moi de vous rencontrer.

- et Pèire Durand, jurat délégué aux affaires internationales, avec qui vous avez déjà échangé par écrit, et sans qui cette rencontre n'aurait pas eu lieu.

- Bonjour, dit-il en hochant la tête et en prenant un air gêné, même s'il ne l'était pas vraiment.

kkkkkMonsieur Meyer ne semblait pas particulièrement gêné par le nombre d'interlocuteurs qu'il aurait à convaincre aujourd'hui et ces prochains jours, lors des discussions à venir. C'était en tout cas le ressentiment qu'avait Gregòri à son propos. Mais l'heure était avant tout à la détente, puisque la visite, en voiture, des rues de Vinascole se passa assez calmement. Vinascole était une ville charmante et raffinée, quoiqu'assez simple et de taille modeste. Sa population de plus de 200 000 personnes en faisait une ville majeure du pays, comptant pour plus du tiers en population, mais n'avait aucune importance ni internationalement ni régionalement. Son poids économique n'était pas non plus si conséquent que ça, car même si les entreprises ayant déplacé leur siège à Sent-Julian pour des raisons fiscales l'ont fait à Vinascole, son attrait ne valait pas forcément celui de Pilarque, qui attire chaque année riches évadés fiscaux et nouveaux investisseurs cherchant des terres constructibles à prix relativement bas. Malgré tout, la ville, quoique modeste en taille, restait sympathique à visiter et admirer, et ses beaux quartiers y jouent pour beaucoup, car ils s'étendent sur presque toute la cité, qui n'a pas changé en taille ni en population depuis plus de trois siècles. Cette bonne atmosphère se retranscrit d'ailleurs dans les assiettes, et c'est ce que Monsieur Meyer va pouvoir observer.

kkkkkAssis en terrasse sur le toit d'un restaurant en plein cœur de Vinascole avec les jurats venus l'accueillir, il put déguster des mets produits à Sent-Julian, une fierté pour le pays et la filière locale. Car même si la production agricole et alimentaire, vins exclus, est assez négligeable, la production de mets rares et d'exception est l'un des fers de lance du pays, qui fournit chaque année à de nombreux pays des viandes de canards, des truffes et des huîtres entre autres. Il se trouve ainsi, et sur proposition en amont d'Eiquem Dasté, que ce sont ces produits qui sont proposés au représentant d'Apex, d'une part pour vanter les qualités du pays, mais également pour tenter de séduire l'envoyé raskenois. Même si personne ne saurait dire comment Monsieur Meyer a réellement apprécié ces plats, celui-ci a cependant remercié le chef du restaurant pour ce déjeuner.

kkkkkLa journée, qui semblait désormais davantage ressembler à une visite touristique qu'à des discussions sur d'éventuels accords économiques, se poursuivit à une trentaine de kilomètres au nord, dans un château viticole non-loin de la ville de Sent-Julian, au château Milion. Outre la visite du vignoble et des caves à vin, c'est véritablement la dégustation qui permit une réelle détente entre Meyer et les jurats, et l'on entendit même Josèpa Larroque rire, allant même jusqu'à faire le bruit du cochon, ce qui arrive lorsque l'on rit, mais qui s'en suit inexorablement par un grand moment de honte, ce qui arriva pour la jurat d'ailleurs. « Ah, voilà la truie qui se met à grogner », se disait même Eiquem Dasté, qui l'appréciait autant qu'un végétarien apprécie les steaks de bœuf. Quoiqu'il en soit, une fois la dégustation terminée, l'après-midi se termina naturellement dans la capitale Sent-Julian, au bureau de Gregòri Faure, où la secrétaire de Monsieur Gaiman, le responsable de Saphir Macrotech en Eurysie, rejoignit tout le monde, pour noter d'éventuels sujets importants qu'il serait bon de traiter une fois que tout le monde serait présent. Mais étant donné que la journée était presque finie, les discussions n'allaient pas être tournées sur les pans techniques des installations gazières à venir, mais davantage des projets de chaque partie et des résultats d'ApexEnergy observés lorsque l'entreprise sondait les eaux du pays. Ainsi donc comment commencèrent réellement les discussions, à presque 17 heures.
Enzo Gaiman souriait. Cela n'avait rien de notable : le directeur des opérations eurysiennes de Saphir Macrotechnologies souriait fréquemment. Il était en moyenne d'excellente humeur et c'était peut-être l'une de ses principales qualité. On ne trouvait pas grand chose à redire sur son comportement ou sa façon de faire les affaires qui était, toujours, d'un degré conséquent d'amabilité. Loin de correspondre à l'image que l'on se faisait traditionnellement des kah-tanais, il était en fait une espèce de créature apatride, qui avait passé ces dernières années à sonder les capitales d'Eurysie et à gérer les affaires courantes d'un des plus important réseau d'infrastructures logistiques, énergétiques et télécom du monde. Les investissements du fond était d'ampleur historique, caractéristique qu'ils partageaient avec les ambitions du consortium.

Pour autant la pression ne semblait pas avoir d'impact sur lui. Il restait d'humeur stable et badine. Plus encore depuis que l'on avait déménagé les locaux et le siège de son organisation en Sent-Julian. Il s'y plaisait particulièrement et avait rapidement appris à connaître les notables locaux : capitaines d'entreprise, aristocratie économique et culturelle, hommes politiques et courtisans de tout ordre.

S'il restait un expatrié, il commençait à se sentir ici chez lui, un avantage qu'il espérait pouvoir exploiter durant ces négociations. Apex ne représentait pas un risque existentiel pour sa compagnie, mais son mandat était clair : limiter au maximum l'influence de cet organe Raskenois. L'alternative serait déplaisante pour tout les partis impliqués, mais ne dépendrait de toute façon pas de lui.

Il arriva parfaitement à l'heure, paré de son meilleur costume et d'un léger parfum siliquéen.

"Messieurs ! J'espère que vous avez tous passé une excellente journée." Il s'adressa au Raskenois. "Charmant pays, oui ? Encore qu'il faut plus d'une après-midi pour bien l'apprécier. Vous verrez. Alors. Ne tardons pas, commençons. Nous savons pourquoi nous sommes ici et nous savons que cela peut prendre du temps avant d'arriver à une décision."

Falko Mayer – Je vous l’accorde, monsieur Gaiman, de ce que j’ai pu admirer, Sent Julian est un pays magnifique, avec des paysages splendides et une excellente cuisine.

Mais comme vous le dites, nous avons beaucoup de choses à discuter durant ces négociations. Bien, même si je pense que monsieur Gregòri Faure et ses collègues connaissent le dossier dans les moindres détails, laissez-moi vous faire une présentation rapide de ce que nous savons à l’heure actuelle.

Pour commencer, Apex Energy, mon entreprise, a entamé le 2 février dernier, soit il y a plus de 6 mois, un dialogue avec la jurade afin de mettre en lumière les possibles ressources gazières du pays. Suite à la réponse positive de la jurade, nous avons envoyé notre navire exploratoire afin de sonder les fonds marins. Cela a révélé un champ gazier de taille importante composé d’un gisement principal et de gisements satellites. Baptisé Toreik, celui-ci aurait des réserves en place de 492 milliards de mètres cubes. D’après les analyses que nous avons menées, nous espérons pouvoir atteindre un taux de récupération du gaz brut d’environ 66 %, soit 326 milliards de mètres cubes exploitables. Ce taux est considéré comme étant dans la moyenne basse ; sur d’autres gisements, des taux de plus de 80 % sont observés, mais la géologie de Toreik nous laisse penser qu’il sera très compliqué, voire impossible, d’atteindre de tels taux de récupération.

Comme vous avez pu le remarquer, j’ai parlé de gaz brut et non de gaz naturel, car le gaz présent dans le gisement est composé de plusieurs éléments en plus du méthane. Ceux-ci auraient également la possibilité d’être valorisés, comme l’hélium par exemple, dont les quantités exploitables sont estimées à 18 milliards de mètres cubes. Une autre information importante est la forte teneur en sulfure d’hydrogène dans le champ, qui atteint presque 5 %, ce qui classe le gaz dans la catégorie des gaz acides. Cela nécessitera la mise en place d’un traitement spécial via le procédé Claus.

En plus de cela, nous avons identifié un autre prospect qui pourrait donner un autre gisement de taille comparable à Toreik. Nous n’avons pas encore effectué de forage exploratoire, mais nous estimons son volume en place entre 400 et 500 milliards de mètres cubes.


Une fois sa présentation terminée, Falko se tut et, dans un premier temps, laissa ses interlocuteurs absorber les informations, puis dans un deuxième temps, leur donna l'opportunité de répondre.
Haut de page