11/05/2017
16:08:06
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Ligne Rouge des Changelins [Catherine III & le Doge]

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Le valet se retire discrètement après avoir fait en sortes que le verre à pied soit remplie comme il se devait d'Hypocras, la boisson la plus en vogue de tout Fortuna s'il en est. Contemplant l'horizon en étant juchée à la rambarde délimitant les extrémités de la terrasse, le Doge Sérénissime n'y a pourtant guère prêtée attention, trop occupée à constater l'arrivée des premiers vents d'hivers, certes un peu en avance mais en somme déjà annonciateur des changements de saisons à venir, mais surtout, ce qui l'importe avant tout c'est en l'état d'achever en grands renforts de volutes de fumée cette cigarette si précieuse à l'heure actuelle. Rares sont les occasions de souffler lorsque l'on est Doge de Fortuna après tout, et même en ayant "pris une pause" afin de se retirer un temps dans une villa privée, les fonctions et les obligations sont toujours à l'affut, même ici, même aujourd'hui.

Après tout, l'appel qu'avait prévue de passer sa Grâce, même s'il y avait une dose de personnel dans la chose avait inévitablement ses relents professionnels. C'était le lot des dirigeants quelques part. De surcroit, l'actualité et l'évolution rapide des choses ne laissait guère plus le choix et l'on ne pouvait repousser éternellement une discussion qui s'avérait in fine inéluctable. Autant le faire dans un moment d'accalmie et selon ses termes après tout.

Les chiffres, Francesca Federica ne les connaissaient que trop bien, ils étaient ancrées dans son esprit comme si ce dernier fut marqué au fer rouge, quoique l'image était plus dure et douloureuse que la réalité qui était en vérité aux antipodes de l'idée. Les jeunes années et les mémoires ainsi que les souvenirs faits ont la dent dure après tout et pas même les fonctions régaliennes n'ont pu couper court à cette relation toute particulière qui vit encore, assidûment entretenu par les deux gardes-foyers concernées. L'Histoire a un sens de l'ironie assez caractérisée... C'est le moins que l'on puisse dire. Si seulement les choses avaient pu rester aussi simple qu'autrefois... Mais l'on n'échappe pas au destin, et il faut bien que quelqu'un supporte les maux du monde, de surcroit, il est d'autant plus facile de le faire lorsque l'on connaît personnellement un homologue en faisant de même, seul un dirigeant peut en comprendre un autre après tout.

Prenant place sur le fauteuil disposé à son attention, quelques secondes suffirent une fois le téléphone dédiée en main afin de composer le numéro de la ligne concernée en ce jour. Quelques instants après que la tonalité se fasse entendre et que finalement l'autre bout décroche. Le Doge s'autorisa un sourire, gardant à portée de main l'hypocras patientant calmement en son sein cristallin.


Francesca Federica di Fortuna "Le Doge" - << Votre Majesté Catherine IIIe du nom par sa volonté, de la Dynastie de Courvoisier, Reine de Teyla, Duchesse de Manticore, Mère des fils et filles sous l'égide de sa couronne, Guide et Unificatrice de la Nation, son peuple et ses trois maisonnées princières sous son titre unique et éternel de Teylus Regina... Les humbles roturiers des limpides eaux du Lidos vous saluent cordialement. >>

Proclama-t'elle sur un ton des plus solennel à un tel point qu'il était difficile de différencier si c'était là un sérieux à toute épreuve ou une pure parodie.
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Catherine Courvoisier
Catherine Courvoisier de nom, Catherine III de choix.


Sa Majesté se trouvait au Palais Grayson, communément appelé le Palais Royal, où elle accueillait une réception prestigieuse des plus éminents ducs du Royaume de Teyla. L'objectif de cette réception était de maintenir des liens étroits entre chaque famille et de projeter une image d'amitié au sein de l'aristocratie et de la royauté aux yeux du grand public. Ce n'était pas une chose aisée, même pour Sa Majesté, habituée des jeux de cour, car des inimitiés existaient au sein de l'aristocratie. Toutefois, elle n'avait pas laissé éclater le royaume en diverses factions ou clans familiaux pour le moment, ce qui lui était plaisant et amplement suffisant. Sans qu'elle ne sache comment, Honoré Dubois, main de la Reine, se retrouvait à ses côtés, alors qu'il était censé être à l'opposé de cette pièce dans le palais.

Cela avait toujours surpris Sa Majesté, l'homme parmi les plus imposants par sa carrure du Royaume de Teyla arrivait toujours à se faire discret et à échapper aux yeux de Sa Majesté lorsque cela était nécessaire. C'était l'une face cachée d'Honoré, qui lui plaisait, notamment, car cela était très utile en tant qu'intendant officieux de Sa Majesté pour garder des contacts avec les Changelins à travers Honoré. Alors qu'Honoré Dubois décrivait la raison de sa présence, l'appel du Doge de Fortuna, Sa Majesté se rappela lors du moment présent du titre qu'on récitait lors de la cérémonie d'intronisation de la main de la Reine, tout en supposant que ça laissait l'ouverture pour demander des services à une société secrète :

Vous, désormais Main de Sa Majesté, vaillant Protecteur et Chevalier de la Reine, combattrez pour elle tant sur les champs de bataille que lors des duels, lorsque des mécréants remettront en cause son autorité, son honneur ou sa légitimité. Ni la loi de Dieu, ni celle de l'homme ne pourra arrêter votre mission, dorénavant une obligation sacrée. Vous parcourrez le monde à la recherche d'hommes aussi fidèles que vous, d'armes aussi tranchantes que votre verbe, d'armures aussi solides que votre esprit pour réaliser cette mission. Chefs d'État et cours étrangères vous accueilleront avec le prestige qui vous est dû et dû à Sa Majesté, et vous aideront à accomplir votre devoir. À présent main et protecteur de Sa Majesté, êtes désormais élevé au titre du commandement du régiment royal qui a juré de protéger Sa Majesté.

Tout en se dirigeant vers son bureau, après s'être excusée auprès de ses invités, elle prit le temps de réfléchir sur les duels. La pratique des duels avait toujours été très présente dans la société de Teyla, à l'époque moderne comme à l'époque médiévale, et elle devait le reconnaître par honnêteté intellectuelle, surtout en ce qui concerne la présence des duels à l'époque moderne. Ceux-ci avaient beaucoup évolué depuis l'arrivée des idées de la démocratie libérale, et quatre-vingt-dix-huit pourcents des duels étaient désormais des duels sportifs. Par nature, les duels sportifs n'étaient pas mortels. Elle se remémora les trois catégories de duels pour travailler sa mémoire et sa culture. Les duels à l'épée, les duels à l'arme de poing ou à la carabine, et les duels au sabre, les plus populaires au sein du Royaume de Teyla. Elle se souvenait des scènes de liesse populaire dans l'arène publique lors des finales, entraînant des manifestations de joie immenses dans le boulevard principal à l'occasion de l'émergence d'un nouveau vainqueur.

Les duels judiciaires et d'honneur étaient soumis à des restrictions légales plus strictes au sein du Royaume. En effet, seuls les membres de la famille royale de premier et second degré étaient habilités à convoquer un duel pour ces motifs, dans le cas où l'honneur ou l'intégrité d'un membre de la famille royale était mis en cause dans une affaire judiciaire ou d'honneur. Les militaires, en particulier les membres de la garde royale, pouvaient également demander à Sa Majesté, en sa qualité de cheffe des Armées et d'État, de convoquer un duel si leur honneur était remis en question. Ce qui déplaisait le plus à Catherine III, c'était le caractère vague de la loi concernant la notion "d'honneur", qui permettait souvent d'invoquer ce prétexte dans des situations où la raison judiciaire était inexistante. Par ailleurs, la procédure de convocation d'un duel restait particulièrement non civilisé pour Sa Majesté. L'homme qui souhaitait provoquer quelqu'un en duel devait déclarer "Je vous provoque en duel", suivi des raisons et du type de duel souhaité, en présence de la personne concernée. Celle-ci ne pouvait refuser de combattre, sauf en cas de décision judiciaire autorisant un désistement pour raisons médicales. Fort heureusement la dernière fois qu'on a vu un duel non-sportif remonte à plus de vingt ans. La mort du Duc de Villdor à travers l'épée d'un "gueux" avait calmé toute la Royauté.


Duel

Sa Majesté seule dans son bureau, surprise de l'appel, décrocha le téléphone, une antiquité de mille neuf cent soixante-neuf, avec une roulette pour composer un numéro. Un souvenir de son père, qu'elle ne pouvait jeter, elle ne pouvait que l'utiliser. Elle porta le combiné du téléphone à son oreille puis, après avoir écouté attentivement, elle dit sur un ton de neutralité tendant vers une certaine joie :

« Votre Excellence, Très estimée Doge, c'est un honneur. Nous avons tant à nous dire. »

La dernière phrase, en apparence anodine, souligne en réalité l'importance de cet appel téléphonique. Les deux femmes avaient fait connaissance lorsque Sa Majesté avait effectué son service militaire à Fortuna. À l'époque, la future Doge, alors libraire, avait suscité la curiosité de la future souveraine. La fille du souverain de Teyla avait même invité l'actuelle Doge au sein de la capitale, au Palais Grayson, il y a de cela des années. Avec le temps, les deux femmes sont devenues des cheffes d'État respectées : Catherine III, Reine de la prospérité pour le peuple teylais, et la Doge, le Doge du consensus, renforcé par les négociations menée entre la Loduarie et divers pays, une qualité particulièrement appréciée par les Teylais. Le fait que les femmes n'aient pas entretenu de correspondance depuis deux ans renforce l'importance historique de cet appel, d'autant plus que le Royaume de Teyla et Fortuna sont respectivement la deuxième et troisième puissance économique du continent Eurysien, et que leurs armées sont complémentaires. En analysant la phrase de Catherine, on comprend qu'elle mettait en lumière la complexité immense du continent eurysien, des relations Teylo-Fortunéennes et des liens entre les deux femmes. Ce n'était pas une simple phrase, mais un éclaircissement nécessaire.
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F.F.D.F - << Tant à nous, voilà une fort belle manière de tourner un euphémisme. Il y a tellement de sujets qu'il conviendrait d'aborder que l'on pourrait en créer une biographie sur une journée et ce en trois volumes distincts si ce n'est plus... La question qui se poserait-alors est d'une évidence limpide, quoi aborder en premier ? >>

Affirma le Doge, un léger sourire en coin de bouche face à la pensée évoquée. L'image prêtait à sourire mais n'était pas si loin de la réalité, elle était même cruellement exacte à quelques détails exagérés près, c'était là le lot des nations en plein coeur de l'action internationale et au grand damn de nombreux pays, le vieux monde était de ces régions les plus animés pour le meilleur comme pour le pire.

F.F.D.F - << Mais une chose à la fois et selon les bienséance de surcroît. Je tenais en premier lieu à vous adresser d'une part les condoléances et soutient d'usage qui s'imposent face à cette catastrophe sans précédent ayant court à l'heure actuelle avec ce nuage nucléaire en maraude. Au nom de la nation Fortunéenne mais aussi en mon nom propre, en tout état de cause j'espère que les dommages occasionnés ne sont pas aussi graves qu'ils pourraient l'être et que le Royaume et son people se portent bien. Si souhait en est fait, la Sérénissime peut apporter toute l'aide qu'il sera estimée nécessaire afin d'endiguer ce fléau et opérer un retour à la normale au plus vite, pour le bien de tous et c'est aussi ce que toute amitié sincère digne de ce nom se doit d'accomplir. >>

Témoignage édifiant de la complexité des relations qui entremêlaient l'âme des nations et celles des personnalités à leur tête dans une danse endiablée où il était parfois difficile de distinguer l'une de l'autre comme aux temps féodaux d'antan. Comme quoi même au temps de l'internet et des partis politiques dans des organisations internationales, il y avait certaines choses qui ne changeaient pas ou peu tout du moins.

F.F.D.F - << Pour le reste, une préférence est-elle au goût du Trône de Teyla ? Velsna peut être ? Après tout les projecteurs sont à nouveau braqués sur la grande République, et ce d'une bien déplaisante manière s'il en est. Pour toi comme pour moi j'imagine d'ailleurs, il n'y a rien de plus détestable que l'incertitude, et à l'heure actuelle, il n'y a que ça à perte d'horizons. >>

Déplaisante était là aussi un euphémisme, mais cela devenait la métaphore d'un abcès qui ne cessait d'enfler et qu'il était urgent d'adresser avant qu'il n'empoisonne de manière irrémédiable la mâchoire.
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Catherine Courvoisier
Catherine Courvoisier de nom, Catherine III de choix.


Sa Majesté renifla sèchement lorsque son interlocutrice lui parla de Velsna. Cela lui rappelait toutes les intrigues, les jeux de comédie et les notes diplomatiques autour du dossier Velsnien. Ce dossier, prioritaire, révélait chaque mois son lot de surprises et la décision du Premier ministre de laisser éclater la guerre civile "Pour laisser les charognards s'entretuer et se casser la gueule diplomatiquement" avait semble-t-il fonctionné jusqu'ici, devait avouer Sa Majesté. Un révélateur énorme vis-à-vis de Miridian, une nation partenaire du Royaume de Teyla qui ne prévenait pas son partenaire d'un débarquement qui avait lieu à quelques kilomètres de ses côtes. Un drôle de partenaire, rien que laisser la guerre éclater fut utile pour cela. Les procès d'une décision cruelle du Premier ministre étaient balayés par "Velsna ne touche pas aux civils" par ce même personnage. En réalité, ce n'était pas l'idée première du Royaume de Teyla, mais Vinola allait perdre, à quel point la panique a joué ?

« Cela me semble être un sujet approprié, Velsna, quand on regarde les évènements récents. Bien que son interlocutrice ne pouvait pas le voir, Sa Majesté rétrécit les yeux, pour se rappeler l'émission des Heures des Comptes et les détails sur le fameux pavillon, qui avait fait rire tout le gouvernement. À ce souvenir, un rictus éclaira son visage qui avait les marques visibles du pouvoir inscrit sur lui à jamais. Elle dut se retenir de rire puis continua :

Tout d'abord, il me semble que vous, Fortuna, êtes la deuxième nation de l'Organisation des Nations Commerçantes à vous préoccuper des événements à Velsna. Dois-je y voir une initiative de l'organisation ou des initiatives personnelles ? Mais tu as raison, je le reconnais, les projecteurs braqués sur cette nation sont tristes, d'autant plus que toutes les chancelleries confirment l'embarquement de nouvelles troupes, dont nous n'avons pour l'instant pas les détails. Ce premier débarquement reste un acte audacieux, mais le seul possible dans cette situation, avec une aviation qui reste neutre.

Je vais être franche avec toi, ce débarquement rend la situation très dangereuse et ouvre la possibilité d'un conflit à haute intensité. Aucune nation, même partenaire comme Miridian, ne nous a prévenus de ce débarquement, ce qui me fait dire qu'ils iront au bout, sauf une pression intense mise par le Royaume de Teyla et d'autres nations, au hasard membres de l'Organisation des Nations Commerçantes. Toutefois, bien que nous respections entièrement la souveraineté de la Grande République ainsi que ses choix, nous avons une préférence pour Vinola si quelqu'un doit finir gagnant de la guerre. Un homme très naïf qui croit que tout lui est acquis, même son innocence qu'il prétend avoir sans jamais avoir le besoin de le démontrer. Il ne se rend pas compte que nous pouvons faire tomber la moitié des Velsniens pour corruption, détournement de fonds. Ils viennent commercer à Teyla en pensant que notre libéralisme économique, fait du système un système non contrôlé, mais c'est bien le contraire. Nous laissons beaucoup de possibilités pour les acteurs économiques, mais si vous avez le malheur de sortir du système a Teyla alors toute la maréchaussé viendra à votre porte.


Elle laissa un long silence, un très long silence s'installer pour que la Changelin au bout du téléphone comprenne parfaitement le message, pas si subtil, mais sous-entendu.

Je ne sais pas si Fortuna souhaite intervenir face à la situation actuelle et aux affronts que nous ont faits Miridian et Rasken. Néanmoins, si Fortuna envisage une intervention, je ne peux que conseiller, en tant qu'amie, à Fortuna d'agir discrètement et de ne pas intervenir de manière brutale.L'un des triumvirs pourrait décider d'enclencher les clauses de défense des divers traités que Velsna a, surtout que s'il y a une intervention, cela ne sera pas forcément à travers des mercenaires. Puis, nous avons vu que face à une menace extérieure comme Achos, ils ont su s'unir. Cependant, si la cheffe des armées de cette même nation souhaite envoyer une de ses flottes dans les ports Teylais et opérer conjointement dans la Manche Blanche, nous y serions tout à fait favorables. Cela rappellera à ces tribuns ( militaires ) que les puissances régionales, issues de deux organisations différentes, surveillent attentivement le jeu auquel ils ont tous décidé de participer. Nous ferions en sorte, de contrôler les critiques qui pourraient émaner de nos partenaires de l'Organisation des Nations démocratiques, ils ont bien compris que le Royaume de Teyla souhaite garder un contrôle sur le dossier Velsnien diplomatiquement et ils semblent l'accepter.

Quel est l'avis de Fortuna et du Doge dans guerre civile ? »



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Le Doge écoutait dans un silence religieux les dires de son interlocutrices, ne pouvant s'empêcher toutefois d'élever un sourire d'amusement face à la vérité si flagrante de certains points soulevés et surtout de certaines informations très intéressantes dévoilées à demi-mot, de toute évidence la Sérénissime Fortuna n'était pas la seule nation à avoir fait les frais des cachoteries d'une certaine nation... Oh l'ironie était délicieuse... A un tel point que à mesure que les déclamations se faisaient, l'on voyer se dessiner les contours d'une invitation telle que l'on ne pouvait guère refuser.

F.F.D.F - << Fortuna a beaucoup d'avis sur la question de la guerre Civile Velsnienne, tout dépends à qui l'on s'adresse. Mais le Doge a une opinion plutôt tranchée sur le sujet. Ou tout du moins en avait une, un avis est amené à évoluer en fonction des circonstances après tout. Mais faisons les choses dans l'ordre. Quiconque songerait à des aspirations de l'ONC vis à vis de Velsna se tromperait lourdement même si l'on peut poser à dire vrai la question à juste titre car deux nations membres ont portées leurs regards et même plus encore. L'ONC n'a que faire de la Grande République et ses nations membres ont d'autres priorités plus... Propres diras-t-on. En d'autres termes, il s'agit là uniquement, pour Fortuna comme pour Miridian d'initiatives personnelles. Dans notre cas, il est inutile d'épiloguer des heures durant, tous connaissent les liens historiques qui unissent la Sérénissime à la Grande République, à bien des égards Velsna est une fille ayant prise son envol, ce ne sont ni plus ni moins que les liens les plus précieux du monde qui lient nos actions à son destin à ce jour, ceux du sang. >>

De fait, de nombreuses familles de Velsna étaient des émanations de dynastines Landrines ou Fortunéennes ou disposaient de branches cadette à l'inverse au sein de la Sérénissime, des liens multicentenaires pour certains qui perduraient encore à ce jour et expliquait en partie l'intérêt tout prononcée non seulement de certaines élites mais aussi d'une part non négligeable de la population pour les évènements accablant ceux qu'ils considéraient à juste titre comme des cousins.

F.F.D.F - << Pour ce qui est du Miridian en revanche... Il me peine immensément d'entendre que leurs dirigeants et représentants n'ont pas crû bon de te prévenir toi ou ton gouvernement et ce en dépit des liens qui unissent vos deux nations... Toutefois je ne suis guère étonnée à dire vrai. Force est de constater que nous sommes dans le même cas à une différence près ceci dit. Leur ministère des affaires étrangères a cru bon de nous contacter non pas pour nous prévenir de leur prise de position, car celle ci était de toute évidence déjà actée en pleine connaissance de cause qu'ils se positionnaient contre des intérêts Fortunéens, mais pour essayer de nous amener à signer un accord à la sauvette qui relève plus d'une basse fourberie ne les avantageant réellement qu'eux. Enfin, je suppose que c'était quelque chose à prévoir... Mais je dois avouer être surprise, très surprise, je ne m'attendais pas à ce qu'il s'engage... A ce point... Enfin, ce qui est fait est fait et l'on ne peut revenir dessus. >>

Ces paroles avaient été prononcées avec une certaine amertume, témoignant du fait que le Doge avait vraisemblablement en travers de la gorge l'intervention directe de la flotte du Miridian dans toute cette histoire, oh bien évidemment les pavillons pour s'assurer du passage et que nul action ne soit entreprise par l'Armada de Santa Léone, voilà qui était attendu... Mais ça ? De surcroît après avoir sciemment fait le choix de prendre le parti d'un autre camp que celui tacitement soutenu en apparence par la Sérénissime. Cela faisait beaucoup, et plus ces dires de Teyla... Oh il y avait décidément beaucoup à dire, mais pas maintenant... Tout les méfaits se paieraient un jour quoi qu'il arrive.

F.F.D.F - << Un conflit de haute intensité n'est plus une possibilité, c'est une réalité désormais, cela va arriver, précipité par la bêtise et l'opportunisme. Malheureusement, rivaliser sur ces qualités n'offrira guère de victoire à ton poulain je le crains. Comme tous les autres il est Velsnien, avec toutes ses tares qu'il peine certainement à dissimuler tant certaines paraissent évidentes et d'autres se profilent à l'orée tel ne ombre, mais l'heure des complots et des manigances est dépassée. C'est l'heure des chefs de guerre désormais, et si je devais m'aventurer à théoriser, je dirais qu'il n'en a guère l'étoffe et va se voir proposer un Mirage passant pour un Graal afin d'obtenir dans le cas d'un SI des miettes misérables dont il devra se contenter. Tout du moins c'est comme cela que je procéderais en lieu et place de l'homme fort de la Marinera. Vinola se pensait chevalier du nouvel âge et ne finira qu'agneau sacrifiée sur l'autel de la victoire d'un autre. Tragique fin s'il en est dont je ne me serais guère émeut auparavant... Toutefois... >>

Le Doge marqua une pause, fronçant les sourcils par réflexe avant de reprendre.


F.F.D.F - << Les avis peuvent évoluer comme je disais. Certains points demeurent semblables certes, notamment sur le fait que je conserve en mémoire lesdits accords de défense de la Grande République, engager directement des troupes seraient contre-productifs à moins d'avoir une excuse valable, mais l'expérience à montrée qu'il était bien plus utile de rôder à l'affut en se montrant que de se jeter sur une proie à découvert. Tu veux connaître l'avis du Doge sur la guerre civile ? Celui ci est très simple, s'il il est tout à fait possible de limiter la casse pour Fortuna grace à certaines de nos composantes en cas de triomphe de l'Amiral et ses alliés, force est de constater que en dépit des promesses, la belle part ira à des puissances étrangères, notamment extra-continentale et probablement plus encore. Après tout rien ne laissait présager qu'il accepterait de compromettre des principes en recourant aussi directement à une intervention étrangère. >>

De fait, chaque action, chaque remise en question de dis et de valeurs avaient été dument notées, et en conséquence l'on en tirait de potentielles conclusions probables des plus désagréables.

F.F.D.F - << Si ce n'était pas pour ça, l'idée de Vinola tirant son épingle du jeu pour remodeler Velsna dans une forme inconnue aurait arrachée une grimace d'angoisse... Mais au regard de ces considérations, et à dire vrai du degrés colossal de corruption des Grands de Velsna dont tu témoigne via tes mains habiles... Hmmmm... Disons qu'une autre voie peut être envisagée. Scaela, si il demeure l'homme fort de Velsna pour l'heure demeurera isolé diplomatiquement en l'état même s'il l'emporte, ce qui causera inévitablement de nouveaux maux de crânes pour tout le monde en Eurysie. Par chance toutefois, il apprécie prêter son oreille à certains de nos illustres Patriciens, notamment son cher cousin Dom Sergio, le sang de son sang... Rien de tel que la famille pour transmettre de précieux conseils après tout. Alors peut être... Alors peut être... Une issue toute autre à cette tragédie en cours pourrait voir le jour. Après tout, certains ont manigancés pour nous mettre à l'écart de tout évidence... L'avis du Doge est alors ainsi : Pourquoi ne pas leur rendre la monnaie de leur pièce ? S'ils ne veulent pas nous voir à leur petite soirée, nous pouvons toujours nous inviter nous même à celle ci et réécrire une partition convenable pour nous deux. Après tout, puisque la parole et les partenariats n'ont plus nécessairement la même valeur, autant célébrer les vieilles amitiés. >>

Symboliquement dans le même temps, le Doge leva son verre d'hypocras à cette idée, sirotant dans la foulée une lampée avant d'enchaîner.

F.F.D.F - << La rupture est consommée définitivement entre l'Amiral et le mécène, mais tout n'est pas encore perdu entre ledit mécène et l'idéaliste. Nous avons toutes deux encore des cartes à jouer, assez pour mélanger à nouveau le jeu... Mais nous aurons tout le temps de discuter des détails en long et large en face à face... Il est plus que temps que je contemple de mes propres yeux la magnificence de Manticore et honorer par la même occasion la Légionnaire d'honneur de la maison Courvoisier. Je connais de nombreux officiers d'Il Stato dà Mar qui n'attendent qu'une occasion afin de faire quelques retrouvailles et converser du... Bon vieux temps... De même qu'ils seraient plus qu'heureux que de monter les bâtiments qu'ils commandent désormais... Hmmmm... Une visite d'état doublée d'une parade militaire, aérienne et navale entre deux puissances régionales laissées sur le carreaux par de grossiers personnages, ce afin de célébrer les vieux usages et des services militaires d'autrefois. Quelle délicieuse idée s'il en est... Les apparences, il n'y a que ça de vrai... >>
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Catherine Courvoisier
Catherine Courvoisier de nom, Catherine III de choix.




« En réalité, je n'ai aucun doute sur la non-implication de l'Organisation des Nations Commerçantes à Velsna, la plupart des nations de cette organisation ne sont pas Eurysiennes, contrairement à l'Organisation des Nations Démocratiques. Même si celle-ci ne considère la situation qu'à travers le prisme d'Achos, nous ne voulons pas que la partie velsnienne envahisse un pays impunément. Il est compréhensible que Fortuna s'intéresse à Velsna au regard des événements historiques, c'est un fait que je comprends parfaitement. Nous ne pouvons pas rompre des liens culturels aussi ancrés par pur sadisme ou pour des raisons politiques, seul un ignare agirait de la sorte dans cette situation. C'est pourquoi l'appel de Fortuna pour parler de la Grande République me convient parfaitement. Nous ne pouvons pas nous parler alors que des nations décident d'envahir, à travers des mercenaires et un débarquement certes, la Grande République de Velsna.

Concernant le sujet Miridian, je suis peiné qu'ils n'aient pas pris la peine de vous parler. Vous êtes dans la même organisation, qui a dans ses textes fondateurs des principes d'alliance défensive. Il est inconcevable que cela arrive entre les membres de l'Organisation des Nations Démocratiques. Nous avons clairement identifié que la cohésion et le partage d'information sur ce genre de sujet est un élément essentiel. Pour en revenir à Miridian, la République de Miridian recevra dans les prochains jours une missive rappelant ce que le Royaume estime être des principes cruciaux entre les partenaires. »


Le choix des mots de Sa Majesté était précisément choisi, comme un entraînement nécessaire pour les déclarations publiques qui allaient suivre les différentes actions qu'allaient décider Fortuna et Teyla. Lier le débarquement à une "invasion" tout aussi fallacieux que cela l'était, permettait de mettre Scaela et Vinola dans une situation de légitimité, ceux qui défendaient la Grande République face à une invasion. Le soutien de Fortuna pour Scaela fut avoué à l'instant par le Doge, si le Royaume de Teyla devait se retrouver à parler à Scaela, alors celui-ci devait lui reconstruire une image, dont il a participé à détruire, par ailleurs le Triumvir ne semblait pas se soucier de son image, pensa Sa Majesté. Exclure Scaela et Vinola de l'invasion montrait aussi que le Royaume de Teyla allait défendre son "Poulain" tout en n'excluant pas Scaela de la partie.

L'insistance de Sa Majesté sur la République de Miridian n'était pas un pur hasard. Le Royaume se rendait compte que Miridian avait soutenu un homme contraire aux intérêts de Fortuna, sans comprendre le lien culturel et historique entre Scaela et Fortuna, et inversement Fortuna se rendait compte que Miridian avait désavoué Vinola, soutenu par le Royaume de Teyla. Cela ne pouvait que remettre en doute la sincérité des partenariats côté Miridian. La République était-elle sincère auprès de ses partenaires ? Le Royaume allait devoir éclaircir cette question, et en attendant pouvait revoir ses actions vis-à-vis de Miridian, la seule limite étant l'Organisation des Nations Démocratiques.


« Tu as raison, le conflit actuel risque de se transformer en un conflit de haute intensité, mais nous ne devons pas nous précipiter dans cette voie. Ce serait une erreur bien trop importante. Lorsque je dis "nous", comprends le Royaume et la République. Nous avons un avantage qu'ils n'ont pas : l'image. Maintenant qu'ils ont abattu leurs cartes, le gouvernement de Teyla pourra insister, dans divers communiqués et déclarations publiques, sur l'intolérable ingérence étrangère menée par des nations non-eurysiennes. Un affront fait à la Grande République, donnant ainsi le beau rôle à Vinola et Scaela. Tant dit que Digrassi conspire avec l'étranger pour renverser la République. En parlant d'image, je pense immédiatement à l'émission "L'Heure des Comptes". Les sous-entendus à notre encontre sont scandaleux, cependant je dois reconnaître une certaine pertinence dans l'analyse concernant le vote du second en faveur de l'arrêt de l'enquête sur la mort de feu Patrice, ainsi que sur les motivations qui l'ont poussé à agir de la sorte. Nous n'avons bien entendu aucune preuve, mais nous penchons vers la même hypothèse que ces propa... journalistes... »

Lapsus contrôlé ou non contrôlé ? Difficile de répondre à l'interrogation.*

« À l'occasion de l'arrivée de la flotte fortunéenne et des officiers d'Il Stato dà Mar, que nous accueillons avec grand plaisir et tout l'honneur dû à leurs rangs et au prestige de leur armada, le Royaume de Teyla souhaite informer ses partenaires de l'Organisation des Nations Démocratiques. Cette démarche vise à éviter toute inquiétude non justifiée. Nous comprenons qu'une méfiance pourrait naître chez nos partenaires s'ils apercevaient un groupe aéronaval sans en avoir été informés au préalable. Je te propose donc, que nos services écrivent des missives conjointes, communes à nos partenaires de la région, à savoir la République Fédérale de Tanska, Fédération des Communes de Zélandia et Royaume-Uni d'Ynys Dyffryn et du Kentware. Ces missives sont une opportunité, à mon sens, pour inviter lesdites nations à participer à des patrouilles communes ou des exercices en commun. Il me semble que des patrouilles soient la meilleure des options. Il nous faudra insister sur le fait que les patrouilles doivent avoir pour objectif militaire d'avertir nos cinq nations de mouvement naval de nations tierces au regard des évènements malheureux à Velsna. Le Premier ministre, Angel Rojas, me fait confiance et il ne verra pas d'un mauvais œil des renforts venant de la mer vu le nombre de navires neutre dans la Mer Blanche. Le cabinet du Premier ministre et celui du ministre des Affaires étrangères signeront les missives diplomatiques pour le compte du Royaume de Teyla.

Oh ma chère, j'oubliais, il est rare que nous pouvons fêter l'amitié entre deux nations et une longue relation entre deux chefs d'états. Vous pouvez donc dire à tout votre entourage et vos marins qu'ils seront invités à dîner au Palais Royal, le Palais Grayson. Quoique nous devrions, peut-être aller au Palais Raymond VI, c'est un palais bien plus grand. »


Ces derniers mots étaient sincères, une sincérité profonde de la part de Catherine III, qui souhaitait accueillir le Doge avec tous les honneurs qu'il lui est dû. Elle imaginait déjà les foules se rassembler sur les quais, les cheveux tournoyant au gré du vent marin, ajoutant une touche de charme à cette scène festive. Le Doge, debout sur le porte-avions entrant dans le port, saluerait la foule et Sa Majesté depuis les hauteurs du mastodonte des mers. L'image du porte-avions faisant son entrée dans le port, avec en arrière-plan les navires teylais, ainsi que ceux des partenaires Tanskiens, Caratradais et Zélandiens, si ceux-ci acceptaient, contribuerait à renvoyer une image d'unité. Bien que la réalité soit bien plus complexe, Catherine III espérait que ce regroupement de force navale commune serait un symbole fort au regard des évènements actuels à Velsna.

Alors que Rasken, Miridian et d'autres s'essayent à la guerre, le Royaume de Teyla et Fortuna montrent une image de retrouvaille. Deux nations, incarnées par deux femmes dont le destin les avait fait se rencontrer il y a des décennies, se retrouvent en ce jour de fête au Royaume de Teyla. C'est un symbole puissant, un message aux nations de la Mer Blanche : la fête contre la guerre. Cependant, ce n'était pas le seul message envoyé. Il était également clair que quand ces deux puissances régionales se sentent atteintes dans leur honneur, elles s'unissent. Alors, les courants marins se mettent au service de Fortuna, lorsque les navires de Fortuna fendent les flots, les mers entrent dans un calme que personne ne peut changer. Les tempêtes tant redoutées s'écartent devant la puissance de la Stato dà Mar. Tandis que la couronne de Teyla s'élève parmi les peuples pour faire régner la justice, rien ne peut arrêter tant le prestige de cette couronne est connu à travers le monde.

Elle finit par dire à voix basse :


« Il me semble que le débarquement massif constitue un argument de poids en faveur du renforcement de la frontière entre le Royaume de Teyla et Velsna. Je suis convaincu que le message envoyé par votre visite accompagnée de notre Armada, ainsi que par le déploiement de l'armée Teylaise, sera parfaitement compris par tous les acteurs qui ont décidé de jouer à un jeu qui ne nous plait guère. »


* Un jet de dé pourra te donner la réponse.
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