07/07/2016
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[Théorie politique] Manifeste de la Nouvelle Pensée Révolutionnaire

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MANIFESTE DE LA NOUVELLE PENSÉE RÉVOLUTIONNAIRE

Manifeste pour un Mouvement Équinoxial : Au delà du Réveil Communaliste : Vitesse du Réel et Victoire


Basé en grande partie sur le style mystique du poète, romancier et aventurier Andrean Gabriel d'Alcyon, le Manifeste de la Nouvelle Pensée Révolutionnaire est un ouvrage mélangeant allégrement philosophie, ésotérisme, nationalisme mystique et programme politique. Condensé de la pensée de la Citoyenne Maiko et de sa Section Défense, il est largement considéré comme un texte extrémiste voir carrément dangereux, mais aussi perçu comme largement incohérent et incompréhensible. Si un doute réel persiste sur l'identité de son auteur, son influence au sein des milieux ultra-nationalistes kah-tanais est indubitable, et sa récupération par des révolutionnaires néo-communalistes, eurycommunistes, socialistes (mais aussi nationalistes) étrangers un fait admis.

Le sous-titre de la première édition, faisant référence à un "équinoxe", n'est pas pleinement compris – le terme n'est en soi pas utilisé par les mouvements proches de la Section Défense, bien que cette dernière ait depuis commencé à se le réapproprier.
Introduction à la Nécessité d'un Mouvement

Cet ouvrage, aussi court qu’il soit, ne peut et ne doit être mis en toutes les mains. Nous avons ici conscience qu’en décrivant comme nous allons le faire les mécanismes précis de l’oppression par la destruction de l’Être et les outils et méthodes permettant, non seulement, de contrer ce processus mais aussi d’amener à l’édification d’un nouveau paradigme, nous offrons à nos adversaires un ennemi précis de notre pensée. Nous ne pouvons exprimer celle-là à la façon traditionnelle de la lutte Révolutionnaire, passant par le secret et la clandestinité, et il nous faut ici répandre la méthode d’action et ses conclusions comme un nouveau gospel, très publiquement et malgré les risques. En pariant sur l’incapacité d’un modèle trop habitué à employer la force matérielle brute d’empêcher une action séditieuse intelligemment menée par l’action psychique et philosophique, nous espérons provoquer une révolution du Corps et de l’Être. C’est-à-dire un éveil si massif des consciences qu’il amènerait mécaniquement à l’avènement d’un nouveau moment de l’histoire, un cycle au-delà des cycles, nous arrachant à ce qu’ils nomment la modernité pour nous faire entrer, enfin, dans cette forme très pure de révolution que chacun appel de ses mots sans être tout à fait capable de s’y adonner.

De la pureté émane la pureté, de telle façon que toute action, si suffisamment pure, purifie son propre être et apporte au Moi et à l’Existence du principe de son être une nature toute autre. Il faut considérer l’Action Révolutionnaire comme la plus pure qui soi car le but qu’elle recherche, s’il s’agit ici de la seule révolution valide, celle qui émancipe et rend aux citoyens la nature consciente des adultes, peut ainsi passer par toutes les étapes du crime et de la désolation, et en ressortir blanchit de chaque action. Il n’y a pas, fondamentalement, de loi naturelle ou humaine suffisamment forte pour refuser à la victoire révolutionnaire sa nature réelle et profonde, car il est dans la nature réelle et profonde de la victoire révolutionnaire de changer chaque ordre, et de faire disparaître les anciens. Il est dans sa nature profonde et réelle de créer les conditions de son propre blanchiment, et chaque crime commit dans un ordre, comme s’il était commit dans un autre cycle ou un autre monde, sera oublié à l’aune de son objectif final. N’est coupable que le guerrier qui a perdu, et sans panache, car on pardonne à un combattant brillant jusqu’au dernier de ses actes, jusqu’à ses infimes monstruosité : il existe une pureté intrinsèque dans la violence, et si le verni de la civilisation vient écorner ce ressenti automatique, l’être humain et son sang savent, au fond, reconnaître ce qui tient du mouvement et ce qui tient de la culture.

Nous ne croyons pour notre part qu’au mouvement, qui contrairement à la culture, ne se laisse pas gélifier dans les synapses odieuses de quelques vieillards, et refuse au temps le privilège de l’effacement des choses. Le mouvement consiste à avancer envers et contre les lois humaines, et contrevient à la culture qui aime l’immobilisme, fait de son mépris de classe et de son édification une pyramide autosuffisante, qui ne cherche qu’à s’alimenter en âmes vidées de leurs pulsions essentielles, faite parfaite aux yeux d’une créature inerte. Nous, pour notre part, sommes pas sensibles aux charmes de cette sirène flétrie et scabreuse. Nous invoquons le mouvement autant que nous l’incarnons : il semble désormais évident par bien des aspects que nous n’avons plus rien à craindre des autres car, étant précurseurs de toute chose, sommes les seuls à appliquer cette arme nouvelle. Nos propres précurseurs étaient eux-mêmes seuls, et notre avantage principal repose sur le fait que les plus avant-gardistes de nos rivaux emploient des méthodes qui tiennent maintenant de la culture : ils se sont coincés dans le gel immobile de leur pensée, n’osent pas voir au-delà de la colline, là où nous y avons déjà construits les chemins, les phares, les postes relais, et avançons jusqu’à l’horizon. Bientôt nous disparaîtront trop loin de leur regard, ayant enfin touché l’or du soleil avant qu’il ne soit définitivement couché. En substance, nous incarnons l’air du temps, et le sentons dans notre chair. L’humain, animal de viande, est transcendé chez nous. Nous sommes l’Esprit.

Mouvement, action, énergie, industrie, armée, victoire, victoire. Nous sommes le bruit et la fureur de ceux qui rampent ici pour courir là-bas, nous sommes la Révolution réelle, qui exige le sang du Soleil et pleurera le feu sur chaque peuple qui l’exige, chaque pays qui s’oppose, chaque roi qui s’érige. Il ne restera dans notre sillage qu’un profond projet de société, dont la nature réelle est propre, elle-même, à amener le réel aux conditions matérielles que nous attendons et appelons de nos vœux. Parce qu’une telle tâche ne peut être celle d’un peuple unique, nous nous édifions en parti de masse, mouvement immense. Une vague qui doit dépasser chaque guide, et alimenter en sang et en eau les assiettes des vrais croyants : peuple et travailleurs, nations fédérées, la victoire de l’Humain sur ce qui le déshumanise. Seront exposés ici les crimes de la modernité ainsi que ses outils utiles. Seront exposés ici les armes d’un renouveau révolutionnaire profond de l’être humain et de son psychisme. Sera exposé ici les lettres d’un programme tout entièrement destiné à la victoire, enfin, sur les ennemis matériellement observés de la vie humaine, et les méthodes d’action qui créeront, au-delà d’un idéal encore trop lointain, un nouvel état d’esprit du moment. Un nouvel état d’esprit qui ouvrir à quiconque saura l’atteindre de nouvelles visions, une compréhension que nous jugeons neuve, plus proche du réel inaltéré, débarrassé de la mono-forme moderne, de son repaire dansant d’images fausses et manipulées. Une vision pure dans la définition donnée précédemment. Une vision qui, appréhendée, permet d’entretenir une compréhension de nouvelles solutions, et d’accepter des mots qu’un esprit sali et pollué par le présent ne saurait accepter tel quel. Un important travail d’éducation et de déconstruction doit être à l’œuvre, et il s’agit ici d’en initier le départ, pour donner à la forme de l’esprit celle de l’humain, et rétablir une harmonie et une clairvoyance propre à tout solutionner, par tous les moyens nécessaires.

Contexte Historique

Il faut partir du principe que la Révolution de 1784 n’a jamais été tout à fait comprise ; ni par les historiens, ni par les artistes, ni par les philosophes. Même les plus renseignés et ingénieux de nous prédécesseurs n’ont été capables de prendre ce grand projet humain que part un bout souvent insuffisant de sa nature. Il n’a jamais été question d’entièrement conjuguer sa nature et chaque effort pour y arriver n’est jamais arrivé, en fait, à donner plus qu’un ensemble difficilement cohérent et compréhensible. L’Histoire offre des évènements trop complexes pour la synthèse fidèle et l’optique matérialiste se heurte très rapidement à un mur : c’est-à-dire qu’il n’est pas possible d’entièrement définir le problème de la Révolution, dans l’ensemble de ses éléments. La population, les conditions matérielles de chaque peuple, l’esprit du temps, les castes, le climat, le sang et le début de l’industrie. Aucune méthode de compréhension, même informatisée, ne peut prétendre rendre intelligible la pure conjonction de ces éléments tant leur complexité dépasse celle de l’esprit humain. C’est que chercher à dépasser l’impasse matérialiste ne fait que mettre en valeur sa nature de gouffre béant, et pour cela que, nous basant et inspirant sur quelques textes précurseurs tels que les philosophales d’Alean Sether ou l’Histoire Totale de l’Union d’Elene Xotoatl, nous considérons pour notre part essentiel de représenter le problème sous une forme que l’on qualifierait d’abord de schématique, avant de comprendre qu’elle ne perd pas en complexité mais gagne simplement en lisibilité : en d’autres termes la Révolution n’a jamais été tout à fait comprise car le péché originel de l’Union a été de croire à la technique mais d’en oublier l’âme, et qu’il faut, pour tout moment d’Humanité débridée, puissante, artérielle, chercher à comprendre l’âme du lieu et des êtres. La Révolution et son esprit ne sont pas seulement une vue de l’esprit mais une réalité matérielle et politique dont l’étude profonde des causes et des conséquences offre seule un prisme permettant de comprendre ses implications réelles pour la société, jetant par la même une nouvelle lecture plus éclairée dans la scène des idées et révélant ainsi des subtilités que l’on croyait jusque-là cachée, ou par accident ou dans un esprit de dissimulation contre-révolutionnaire, participant à la pollution de nos êtres.

On croit ainsi pouvoir dire – et c’est une erreur sincère mais pas innocente – que cette Révolution était une révolution contre le système de domination moral et matériel incarné par le Daïmio colonial installé par l’Empire Burujoa pour maintenir le contrôle des terres neuves et fraîches du Paltoterra. Neuves et fraîches dans l’esprit des peuples coloniaux, qui ont aussitôt nié la réalité objective des premiers peuples installés ici l’invention par le genre humain de la civilisation. On croit ainsi qu’il s’agissait pour la première union d’éliminer une forme d’oppression pour saisir son destin et de libérer dans le sang d’une forme d’injustice profonde. D’un grand élan de progrès qui aura revitalisé jusqu’aux peuples les plus anciens, déchirant la pensée flétrie d’un vieux monde pour le remplacer par quelque chose d’autre, que l’on peine encore à définir. Le problème de cette interprétation n’est pas tant qu’elle est fausse, mais bien qu’elle est incomplète. Ce que l’on tend à oublier c’est l’aspect radical du problème, sa nature et sa racine : la révolution ne s’est pas faite spécifiquement contre l’empire Burujoa, contre le vieux monde et contre ses incarnations. Nous pouvons aller jusqu’à dire qu’elle ne fut en fait pas exactement un fait de révolution au sens matériel et pratique du terme, mais bien au sens philosophique et presque spirituel des choses. C’est à dire qu’il y eut un tel changement dans la conception des choses des révolutionnaires, une telle ouverture du monde à de nouvelles perspectives qu’ils tuèrent en plus du daïmio et de ses troupes leur propre Moi, et firent naître au sein même de leurs corps une chose nouvelle qui tout en partageant la physicalité de l’Homme n’était déjà plus tout à fait ce que l’on décrivait alors comme tel. Cet homme nouveau a depuis conquis le monde, et s’est à son tour enlisé dans une forme passive d’acceptation du réel : c’est le centre névralgique du problème : la première révolution doit être interprétée et comprise comme une révolution d’un peuple chargé de sang neuf et de soleil contre une réalité qui n’en finissait de faner. Contre l’éternel recommencement d’une misère philosophique, d’une « Culture » qui entassait ses répétitions et se prélassait dans sa médiocrité nécropolitique. Il n’y avait pas un désir particulier de mettre un terme à la monarchie, et ce n’est pas hérésie de le dire si on précise qu’il s’agissait bien d’abattre le réel. C’est un détail qui échappe à beaucoup de nos prédécesseurs, eux-mêmes descendants de ces hommes nouveaux mais ayant hérités de l’esprit timoré du nouvel esprit du temps. De la modernité et de ses engeances. Non. Il faut se référer à ce que disaient les révolutionnaires eux-mêmes. « Mettre un terme à la réalité du sang, » disait Shinra. Il y a plus encore à entendre et à voir : la destruction du réel provoque une contamination que les moyens techniques ne permettaient pas encore de rendre complète, de telle façon qu’elle essaima des copies encore imparfaites : la contamination s’enlisa, le réel fut préservé, et la conjonction de sa survie et du nouveau monde invoqué le réel moderne, moins lent que ses ancêtres, insuffisamment rapide.

Cette révolution inachevée contre le réel est à la fois le grand drame et le grand succès de la première révolution, qui nous permets d’établir un outil théorique capable d’interpréter la suite de l’Histoire de la révolution de façon utile et réelle. Chaque grand moment de révolution qui ne fut pas une révolution opposée à celle-là, toute révolution réelle, en somme, était une tentative avortée ou ratée de s’opposer au réel. Mettre un terme non pas aux conditions matérielles d’existence provoquant la souffrance, mais bien à la situation psychique permettant de croire normal et acceptable que de telles conditions existent. Si le réel de chaque être était que de telles conditions ne devraient pas exister, elles n’existeraient en somme pas : il ne s’agit pas ici de prétendre que la Révolution revêtirait un caractère magique, mais plutôt que lutter contre la mécanique ne sert à rien si l’on ne mène pas une action équivalente contre le mécanicien : plusieurs méthodes furent trouvées à travers l’Histoire de la lutte. La liquidation physique, la propagande, la rhétorique, l’exercice de Démocratie, aussi, qui pouvait laisser la parole à assez d’individus opposés à la réalité pour permettre à ceux-là de l’affaiblir voir de la détruire, de la tuer dans l’esprit de chaque individu pollué par la modernité et prêt à défendre cette dernière malgré son bilan désastreux. C’est une révolution contre les exsangues et de fait la notion même de violence, de déchirement du réel par des moyens d’action concret, ne peut être prise en considération qu’avec l’idée sous-jacente du sacrifice. C’est bien la trouvaille exceptionnelle du genre humain, abandonnée par la culture, cependant à l’origine de toute chose et si nous avons par exemple déterminé sur l’économie de marché et du luxe est une forme modernisée et « acclimatée à la vie civile » du sacrifice, il faut rappeler que le sacrifice dans son sens le plus primitif était encore pratique au Paltoterra durant la colonisation, et resta présent sous une forme ou une autre dans l’esprit et la méthode des premiers peuples. C’est à cet égard que leur participation à la naissance de la révolution est au-delà de primordiale : nécessaire. Le sacrifice même, la notion de perdre du sang, de saigner pour faire saigner, et la première étape tangible d’une destruction du réel. La violence est la première des subversions et si on la comprend comme une méthode de contrainte, nous ne croyons pour notre part pas que le sacrifice soit une violence de contrainte. Il s’agit d’effectuer une violence hautement ritualisée afin d’obtenir quelque chose de généralement intangible dans le monde réel. Un bien symbolique ou spirituel. Le cas révolutionnaire pousse la logique sous-jacente à son aboutissement logique, et mets ainsi à terme à plus de vingt mille ans de réflexion civilisationnelle : pourquoi sommes-nous ici ? Pour dominer le réel. En sacrifiant d’une façon rendant le résultat du sacrifice tangible. En effectuant une modification du réel par les armes et le sang permettant enfin de déterminer que les modalités d’action, si elles peuvent amener au résultat escompté, ne peuvent être séparées de leur nature de pensée : au-delà d’une quelconque pureté idéologique, ce qu’il faut pour modeler le réel, c’est une conscience pleine et entière de la nature de la révolution. On ne peut mener l’exercice à bien sans en appréhender pleinement la définition et, ainsi, l’action.

Cette première révolution donna ainsi de beaux enfants, et parmi ceux-là se trouve enfin l’Union. Si le modèle communaliste a été critique, parfois à raison, il convient de l’observer dans ses accomplissements et réalisations pour attester de sa viabilité historique et humaine. Nous pousseront l’hypothèse plus loin en prétendant qu’il s’agit peut-être du mode organisationnelle s’approchant à ce jour le plus d’une structure réellement humaine, reprenant les codes et caractéristiques de la structure humaine et remplaçant avantageusement la chair par des millions de corps actionnés sous l’effet des grands nombres et de la nature. L’Union gonfle ses membres d’une idéologie du mouvement et de l’action et permet à ceux-là de trouver naturellement leur place dans un immense mécanisme de réalisations. En somme il n’y a pas d’autres possibilités pour l’Homme de l’Union d’essayer d’y trouver sa place et pas d’autres solutions pour l’Union de la lui assurer, d’une façon naturelle la séparant des tentatives autoritaires ou du chaos libéral, lequel manque d’esprit et de capacité philosophique et ne saurait pas conséquent satisfaire l’esprit humain, d’où l’importance pour lui d’assécher l’imaginaire et la pensée collective en imposant une mono-forme, aboutissement logique de la culture, participant à rendre le réel à la fois plus étriqué et résistant. Cette mono-forme essaye de rendre le monde limité de façon à éviter que des choix défavorables à ses agents et créateurs ne soient pris par ses victimes. Le véritable danger, la perversion ultime, est que les fondateurs de la mono-forme culturelle ont jetés leurs descendants en pâture à celle-là, verrouillant ainsi le processus. Il n’y a plus de direction, plus d’arbitre, le système ne peux plus se dissoudre car il n’est plus dirigé. Nous sommes coincés dans le vendre d’une horrible machine, qui se vide de son sang. Ce que nous voulons, c’est l’achever.

La pratique révolutionnaire réelle devient de moins en moins possible à mesure que la culture assèche le vivier de la pensée, et il devient alors non-seulement salutaire mais hygiénique de répandre une nouvelle conception de la révolution aux normes de la réalité actuelle plutôt que de celle qui fut en partie détruite par nos prédecesseurs. Il faut observer et essayer de comprendre les choses, et empêcher son esprit de se retrouver infantilisé et façon irrémédiable. Cette attaque groupée et perpétuelle contre notre esprit doit être interprétée comme un meurtre lent et minutieux de notre personne, visant à nous exterminer tout à fait pour assurer notre soumission à une moralité qui est pourtant alien à notre nature profonde : le monde oppressif de la nouvelle réalité est ainsi divisé en maîtres, en esclaves et en opposants pour la plupart eunuques. Ainsi ce que nous observons parmi les révolutionnaires prétendus de notre époque, c’est leur incapacité relative à mener de réelles luttes, écrasés sous un manque de vision qu’on ne peut leur imputer mais dont nous pouvons collectivement chercher les causes afin de les régler. Il ne faut ainsi pas craindre de faire son autocritique et de l’amener à ses conclusions les plus sobres et problématiques : nous vivons dans un environnement mental qui vise à faire de nous des esclaves et il n’est pas honteux que nous n’y trouvions aucune satisfaction mais aussi aucune échappatoire crédible sans une tuer soi-même son égo et permettre à son Être Profond d’obtenir un regard sur la société. Tout acte révolutionnaire doit ainsi commencer par une course contre la mono-forme, une course pour se tuer avant qu’elle ne nous atteigne trop profondément et nous prive autant de courage que d’imagination. Nous sommes par nature un peuple artistique car l’art et l’expression de notre être et que l’être a pour principale caractéristique notable d’établir des choses « artistiques », au sens ici large comprenant aussi l’artisanat ou l’expertise dans un domaine plus intangible. Faire son autocritique c’est nettoyer la pollution et s’ouvrir à une pensée en mesure d’éclairer de nouveaux canaux de réflexion. Dans cette situation il est normal d’avoir peur mais le courage de chacun est d’internaliser la nécessité du moment : quels besoins poussent un être à la révolution, quel impératif solaire ou sanguin peut amener un être déjà presque-esclave à concevoir ce début de solution ? Cette raison seule de quitter sa cage doit nous donner le courage d’aller au bout, sachant qu’il existe dors-et-déjà des communautés-partis d’individus ayant progressé sur le même chemin.

L’Histoire de l’Union fut celle d’une révolution manquant d’auto-critique, mais sauvée par l’imbécilité du réel et de ses apôtres. Il a été question de contre-révolution, de mouvement prétendant rétablir par la force ce qui avait été brisé, tenter de trouver un compromis avec les nouvelles conditions d’activité de l’Être humain pour retrouver un pouvoir personnel et flétris. Ces trois tentatives, différentes dans leur nature, furent toutes écrasées par la jeunesse solaire et ce peuple révolté. Le Grand Kah, en tuant ses oppresseurs à de nouvelles occasions, retrouvait une forme de virginité dans le sang. Sans jamais arriver à ses fins, le révolutionnaire moderne fut au moins en mesure de ralentir ses opposants, ce qui représente à plus d’un égard un effort authentiquement salutaire, l’Union fut au moins réalimentée par ces hémorragies, qui rendirent à ses citoyens la colère entière de celles-et-ceux qui, ayant encore oublié la nature de la révolution, retrouve soudain la nécessité de l’appliquer pour survivre. Ce sang ne pouvait maintenant couler sans fin, et chaque période d’existence d’un Comité n’ayant pas directement survécu à un coup Impérial était l’occasion de trahisons invraisemblables et de moment de déception intense pour celles et ceux qui, fixant l’horizon des possibles, comprenaient au moins où devait se mener le combat.
Qu'être et comment le devenir

Penser la possibilité d’un homme nouveau, à comprendre séparé de la pollution moderne limitant son modèle de penser à un cadre définit pour lui par des instances d’oppression, c’est déjà se permettre de briser le cadre imposé par ces instances et, par conséquent, un acte révolutionnaire. Si nous concevons la révolution comme un Mouvement, tel que définit, c’est-à-dire l’action d’agir et de créer quelque chose de vivant et d’organique pour remplacer les structures figées du paradigme politique et économique actuel, étendu ici jusqu’aux logiques philosophiques et spirituelles, nous pensons que le mouvement ne peut être complet sans un important travail d’auto-sape devant permettre l’élimination du vieux monde spirituel et l’avènement d’une nouvelle zone franche où les idées et les concepts peuvent apparaître librement et sans être aussitôt autocensuré par des processus dits d’éthique ou de morale, que nous qualifieront plus volontiers de vieillerie et d’esclavagisme mental. Chacun doit donc se permettre d’envisager très sérieusement sa propre révolte et de la mener à bien selon une mécanique commune de libération, afin que le mouvement révolutionnaire ne soit pas organisé par des simples servants du monde nouveau mais bien par autant de citoyens-soldats que possible. La figure du citoyen soldat, de celui qui vote et combat pour sa cité, est au cœur de notre nouvel imaginaire : il ne faut pas seulement combattre pour la révolution, mais en faire notre sujet d’étude et de pouvoir, et étendre sur ses fondements notre propre individualité, nettoyée des vieilleries et atteignant ainsi une forme libérée et pure de Soi.

Naturellement le travail de déconstruction représente un défi extrêmement important pour tout individu né dans cette modernité et soumis dès le début de son existence aux caprices de son prisme conceptuel : nous sommes les esclaves d’un milieu qui ne vise qu’à se renforcer en atténuant au possible notre être. Il y a ainsi dans la modernité un refus des caractéristiques qui permirent à nos ancêtres de tenter le mouvement et qui, malgré l’incomplétude manifeste de leurs démarches, en fit tout de même les meilleurs des nôtres et du genre humain. Plus spécifiquement, il faut être capable d’entendre que ce que nous croyons, ce que l’on nous a appris à croire, est fondamentalement faux – pas dans le sens où il s’agit d’un mensonge, mais dans le sens où la réalité que ces savoirs servent n’est pas celle du peuple libéré mais bien des dominants et des structures de pouvoir. Il s’agit donc d’un mensonge en ça qu’un autre réel est possible, un réel où ces connaissances seraient inutiles, et par conséquent il faut s’y préparer en les abandonnant, ou plutôt en les désinternalisant. Apprendre à trouver anormal ce que l’on nous a imposé pour ainsi s’ouvrir à l’action directe, sans remord, sans recul, sans crainte du lendemain que nous tentons ici de faire advenir. Cette démarche n’est cependant pas une démarche intellectuelle et nous réfutons fermement l’idée même que nous serions, en fait, un groupe spirituel ou philosophique. Notre philosophie est artérielle. Elle circule dans notre chair, gonfle nos muscles, chaude et d’un rouge profond, elle est le sang, le sang de nos militants, le sang de notre Union. Nous sommes un raz-de-marée vital et puissant, et nous ne demandons pas que l’on se concerte ici en esprits et essais. Non. La construction du monde nouveau et de l’acceptation du monde nouveau est un pur acte de praxis, de pratique concrète. Quiconque émet l’action révolutionnaire, quiconque verbalise la volonté et l’internalise, quiconque rejette le vieux monde, n’a pas à passer par le pesant exercice de reconstruction. L’état d’esprit du monde nouveau ne saurait être qu’imparfaitement atteint par ceux qui, né dans la modernité, ne s’y opposent pas de tout leur être et de tout leur esprit. De tels individus sont hélas exceptionnels et leur travail ne saurait donner de résultat utile sans l’action conjugue des militants et de celles et ceux qui, ne pouvant obtenir de résultats aussi probant quant à leur propre Être, acceptent de leur faire confiance et, obtenant les bases nécessaires à la pratique et à la compréhension du mouvement, acceptent d’entendre les paroles de ceux qui ont assez poussé sa réflexion pour étendre le champ de sa conception. Il nous faut ainsi des armées savantes, mais savantes dans la compréhension des propositions de celles et ceux qui, théoriciens profonds, resteront inactifs au-delà du corps de leur esprit. Certains doivent penser et théoriser de grandes choses, d’autres doivent écouter, déterminer en comités si ces grandes choses sont dans la droite lignée de ce que le mouvement juste utile et bon, puis amorcer celui-là dans la direction révélée par la pratique théorique.

Donc, parce que le temps et l’énergie ne permet pas et d’entièrement intellectualiser le processus et de le mettre en place, il faut nécessairement opérer une distinction de rôle entre les capacités et les moyens, ainsi que les désirs de chaque citoyen-soldat. Chacun selon ses moyens, chacun selon ses besoins disaient nos prédécesseurs, des mots qui sonnent creux et faux dans la réalité moderne, soumis aux caprices de la mono-forme médiatique. Nos instances guerrières se caractérisent cependant par un même esprit, un esprit de démolition, de rejet, de construction aussi.

C’est à ce titre qu’il convient de dire et répéter les mots du poète : l’Industrie nous a offert la machine, qui nous a offert la violence de notre colère. C’est la puissance mécanique qui seule nous offre la force de frappe nécessaire à l’accomplissement de nos moyens. Le monde idéal humain n’est peut-être même pas tout à fait possible sans cette puissance mécanique. Nous avons établi de nouvelles sociétés basées sur la voiture, le train, les avions, la radio, le téléviseur, l’ordinateur, l’inter et l’intranet. Nous avons démoli les barrières du naturel pour créer un nouvel ordre, une société basée de plus en plus entièrement sur des modalités d’existence échappant aux principes de l’évolution organique et répondant à celui de l’ingéniosité humaine et des demandes d’un ordre de pouvoir donner. L’économie, notamment, a beaucoup guidé l’usage qui fut fait de chaque avancée notable de telle façon qu’il est aujourd’hui certes impossible d’effectuer un retour en arrière tout à fait pertinent, mais que le monde même dans lequel nous existons est soumis à de nouveaux cadres innaturels solidifiant par leur propre existence la profonde dégénérescence de cette existence sans vision. Pourtant l’industrie et la machine portent en elles les graines de ce que l’Humain appel de ses souhaits et de ce que l’on a imparfaitement nommé progrès, utopie, paradis, du Nouveau Paradigme que ce mouvement cherche enfin à obtenir, comme l’ensemble de ses prédécesseurs mais avec plus de vision. C’est pour cela que la première révolution caractérisée comme telle éclaté dès les premiers jours de l’industrie, et que son histoire se développa avec la machine. Notre histoire est celle d’une rencontre manquée ou imparfaitement menée entre le faisable et le souhaité. Nous avons trop souhaités sans savoir faire, ou trop fait pour de mauvaises raisons. Pourtant tout est rassemblé en cet instant historique pour permettre à une nouvelle éthique révolutionnaire d’émerger, en idée comme en pratique, et de donner naissance à un nouveau genre d’individus. Une forme de cybernétique qui ne répond pas aux lacunes de l’être par la machine, mais offre à l’être la capacité de répondre à sa dysphorie profonde, d’aboutir à ses moyens: le développement de la technique n’a jamais fait que rapprocher l’être humain de ce qu’il recherchait spontanément et intrinsèquement.

Nous savons en effet que notre être profond est dirigé, profondément, par une forme de libido – au sens le plus large et existentiel possible. La modernité et ses prédécesseurs cherchent à nous limiter car une soif sans fin, assume telle qu’elle, ouvrirait la voie à une liberté trop grande pour être contenue par celles et ceux profitant de la situation d’oppression actuelle. On nous apprend ainsi à craindre nos pulsions utiles et à limiter celle-là à des travaux aliénants, on veut nous faire prendre de passion quasi systématique pour nos travaux les plus abrutissants et c’est tout un système de castration psychologique et spirituelle qui se met en place pour assurer que jamais le genre humain ne se libère tout à fait de ses notions profondément inscrites de soumission à une forme non-pas d’autorité incarnée, mais d’autorité pratique, systémique, au cadre dans lequel on a limité notre pensée.

Car notre nature est celle, sociale, d’un chasseur travaillant en meutes inscrites dans une logique de partage total des gains. Nous ne croyons certes pas à l’État de nature et nous ne pensons pas qu’il soit pertinent de psychologiser ou de maintenir un mythe d’Homme naturel. Cependant nous savons que la société s’est en grande partie construite, à travers le monde, selon des structures favorisant la force de quelques-uns ce qui, en pratique, n’est pas tant une fatalité qu’une décision regrettable. Nous, pour notre part, considérons qu’il est important de pointer du doigt que l’éthique que ces quelques-uns nous imposent, celle de la bonté et de la non-violence, est contraire à celles qu’ils s’imposent,et que nous sommes éduqués à une forme de passivité non-violente quand jusqu’à nos ressentis nous poussent pourtant à une forme de colère et d’exaltation. La guerre moderne, notamment, a été capable de recréer cette fraternité primitive des chasseurs nomades, et obtenu par l’action du combat sanglant, le retour des énergies qui ont pour des siècles été à l’origine de notre évolution en tant que groupe d’être sociaux organisés. Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas des va-t-en-guerre, et qu’il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de ce qui détruit et tue inutilement. Nous pensons cependant qu’une passion réelle et profondément inscrite dans notre Être nous pousse tous pour une même fascination, celle de la vitesse et de la violence, et que ces mots que l’on peut associer, ensemble, à une forme de mauvais génie de la société, composent en fait une partie de la solution : on nous fait craindre les moyens de notre propre libération quand notre instinct, si porté par la bonne discipline et systématiquement soumis à la critique et au regard observateur d’une pensée plus complète et totale, nous dit lui-même qu’il s’agit en fait de la solution au problème. Le problème doit être résolu par l’adoption d’une éthique nouvelle, faite de sang, de vie, d’huile de moteur, d’une industrie qui sans détruire, construit, et offre à l’humain les moyens de son ascendance sur ses propres limites.

Ce discours n’est pas non-plus celui d’une bande d’anti-luddites, de créatures faites de rouages et ne pensant qu’en moteurs. Nous ne fétichisons pas la machine parce qu’elle est la machine, mais parce qu’elle offre aux esprits humains les moyens d’un nouveau paradigme en complétant les manquements de la chair. Cela ne veut pas dire que nous abandonnons la chair, et il est important que toutes et tous comprennent pour de bon que la chair n’est pas chez nous sujette à du mépris, ni à de la vénération, nous la voyons simplement pour ce qu’elle est : notre principal outil. Il fait par conséquent la développer dans la mesure du temps et de l’énergie qu’il est utile de lui assigner afin de remplir nos objectifs. Un corps sain est un outil entretenu, capable de répondre à nos demandes aux moments mêmes où nous les formulons. Et cette énergie sanguine et profonde doit ainsi nous faire réaliser à tout instant que nous sommes non-seulement animaux mais aussi société, et que le grand péril que nous propose la modernité est d’oublier notre aspect dual pour travestir nos moyens d’action les plus élémentaires. Nous ne craignons cependant pas les conséquences de ce travestissement, car il n’affecte que nos ennemis et que les citoyens n’ayant pas encore ouvert leurs esprits à cette nouvelle éthique et à la nécessité du mouvement ne pourront que nous observer et nous rejoindre. S’il n’y a pas de philosophie simple, il n’y a cependant pas de preuve par l’exemple qui ne vaille la peine d’être vue, car la preuve par l’exemple faire comprendre, et nous avons pour objectif d’être compris. Nous comprendre c’est nous rejoindre, s’assimiler tout entièrement à nos pratiques, car celles-là reviennent à une forme de pureté que chaque être recherche sans nécessairement l’exprimer en de tels termes.

La vérité est donc qu’il n’est pas et ne sera jamais question d’expliquer les fondements profonds de notre théorie sous une forme traditionnelle : l’action et ses conséquences caractérisent le mouvement, et l’observation des conséquences est en soi un apprentissage suffisant pour quiconque souhaite ouvrir son esprit aux bases de la lutte pour ce nouveau monde. Nous sommes une force presque animale, dans le sens le plus noble du terme. Nous faisons appel à l’instinct, canalisé par l’être et le savoir. Nous faisons appel à la puissance de l’effort et de la conviction. Nous luttons avec toutes armes naturelles et artificielles pour obtenir de meilleures conditions d’existence non pas dans une recherche de moralité ou même d’idéal, mais parce que ce choix s’impose à nous comme évident et naturel : il s’agit d’exprimer l’évidence par notre action, et de le faire avec assez de substance et de succès pour rendre tout acte de dérision ou de rejet profondément inopérant. Nous mèneront ainsi par l’exemple autant parce qu’il le faut que parce que mener pour l’exemple c’est être actif, et que notre activité seule et ce qui permettra l’édification du nouveau monde que nous appelons de nos vœux. Ainsi, parce que notre démarche ne tient pas de la passivité mais du mouvement, il n’est plus utile d’expliquer nos fondements philosophiques secrets, mais nécessaire de mener chacun dans l’action qui, libérant à la fois l’esprit et le corps, permet de générer les énergies revendicatrices et de créer les conditions nécessaires à la réalisation personnelle, l’épiphanie idéologique permettant d’atteindre une conception plus claire et totale du système d’oppression moderne et des méthodes à adopter pour compléter ce qui doit l’être en réduisant le paradigme en cendre. Nous avons cet élan vital en nous, toutes et tous, victimes de la situation, car notre être et un être de révolte, et que nos instincts lorsqu’on nous prend en otage, est de nous battre. Nous ne sommes lâches que par apprentissage et, car on nous fait craindre pour un monde matériel lui-même issue du système nous oppressant. Pourquoi devrions-nous avoir peur de perdre ce que nos maîtres daignent nous jeter quand nous avons du reste tout à gagner ?

C’est aussi pour cela que notre conception de l’Homme libéré de la pollution est une conception que l’on pourrait être tenté de caractériser d’éthique, bien que nous considérions un tel terme faible et que son incomplétude participerait à affaiblir la réalité profonde de cette situation. Le fait est qu’il n’y a en fait pas plus grand qu’un être humain qui a refusé de se soumettre à la situation présente. Nous ne voulons ainsi pas une masse asservit à ce nouveau système de pensée révolutionnaire et réfutons jusqu’au terme système de pensée, qui lui donnerait un caractère instable alors même qu’il vise à la libération de l’esprit et des éthiques et morales. Nous pensons qu’il faut voir les choses sous un angle nouveau et qu’il s’agit en fait d’un refus bien délimité des systèmes de pensée, se rapprochant plus d’une situation de complétude factuelle et dans l’action des choses du monde et du système. Celles et ceux qui adopteront cette nouvelle éthique de la révolution seraient ainsi non-pas soumis à un système de pensée mais coalisés pour voir advenir un même monde. C’est aussi pour cela que nous ne pensons pas qu’il soit pertinent de nous débarrasser des notions que certains qualifieraient de hiérarchiques en cela qu’une fois tous accordés sur un plan et un objectif la question de l’organisation des choses n’est plus une question de partage des pouvoirs et de soumission à un leader, mais bien une question de savoir qui portera la voix de ses frères et sœurs et de qui a ici l’esprit le plus affûté concernant les choses dépendant d’un domaine ou d’un autre. Nous sommes la force vitale d’une tempête à venir, et devons être déployés dans l’ordre des grands mouvements non comme autant d’esclaves mais bien comme hommes libres, ayant alliés leurs efforts selon un modèle donné, le modèle d’un outil, l’outil qui détruira les fondamentaux de nos ennemis.

Nous sommes en bref une légion non-pas de certitude mais de connaissance, de savoir. Notre retour à cette pureté et notre éveil aux choses du système nous rendent difficilement compréhensibles par celles et ceux qui limitent jusqu’aux horizons de leurs attentes et de leur conception des choses politiques et économiques aux normes qu’on leur impose. Nous, pour notre part, sommes une hémorragie dans le ventre de la bête, et elle nécrose, nous purifions. Il s’agit ainsi de mettre un terme au pourrissement des conditions générales d’existence par une action commune, médicale, presque chirurgicale. Cette légion de savoir n’est cependant pas une légion de certitude et si certains sont plus à même que d’autres de produire du savoir et d’étendre le domaine de la connaissance à mesure que de nouveaux éléments sont révélés, il n’est pas question d’acquiescer bêtement à ce que l’on croit su, mais bien de participer activement aux fondements d’une chose nouvelle qui ne peut se créer par l’action de quelques-uns. Que l’on ne nous traite donc pas de fanatiques car si notre action est libérée, débridée, au-delà des limites et contraintes que nos adversaires aimeraient nous imposer, elle ne se fait pas sur la force de certitudes bornées, mais bien dans une libération telle que nous pouvons librement parcourir l’océan des avoirs. Savoir n’est pas croire, et nous nous battons ensemble pour savoir. C’est la principale distinction, la source même de cet esprit nouveau, notre Homme, donc, sait.
L'Avènement du Mouvement Équinoxial

Il faut comprendre pourquoi la Révolution n'est jamais totale. Pourquoi chaque insurrection s'arrête au seuil du possible, pourquoi chaque feu s'éteint au contact du réel, pourquoi la fureur elle-même, une fois victorieuse, s'endort dans la paresse du monde. Nous avons traversé les âges en accumulant des moments de rupture inachevés, chaque fois stoppés par l'incapacité humaine à s'arracher aux forces de gravité de la culture. Car la culture n'est pas un refuge, elle est une inertie, un marais dans lequel les idéaux s'engloutissent, où chaque révolution finit par être digérée, transformée, neutralisée. L'histoire humaine n'est qu'une suite d'expériences interrompues, de tentatives tronquées, où l'ardeur première s'efface derrière la gestion du lendemain.

Nous devons penser un seuil. Un seuil au-delà duquel la Révolution ne retombe plus dans l'histoire, un point où elle cesse d'être un épisode pour devenir un état permanent du Réel. Ce seuil, nous l'appelons l'Équinoxe. Ce n'est pas une métaphore. C'est une clef cosmique et politique, un moment où le temps se retourne contre lui-même, où l'accumulation des forces devient si violente qu'elle explose en une rupture absolue. Il ne s'agit pas de prendre le pouvoir, il ne s'agit pas de réorganiser une structure : il s'agit d'anéantir la possibilité même d'un retour en arrière, de réécrire la dynamique du monde à partir d'un point d'irréversibilité. La modernité elle-même s'est pensée comme un Équinoxe, mais elle n'a produit qu'une simulation de rupture. Un théâtre de la transformation où tout change pour que tout demeure. Elle a fragmenté la perception, a pulvérisé les symboles, a déconstruit les mythes, mais n'a jamais rien transcendé. Elle a maintenu l'illusion du mouvement alors qu'elle ne faisait que réorganiser le champ clos des possibles, enfermant l'humanité dans un temps circulaire où les révolutions ne sont que des reprises, des réadaptations, des mises à jour du vieux monde. L'Équinoxe Révolutionnaire est l'antithèse de cette stagnation. Il n'est pas un changement de régime, ni une transformation sociale progressive, il est le point où tout bascule, où la rupture n'est plus négociable. L'instant où le Mouvement dépasse la culture, où la dynamique elle-même devient plus réelle que les structures. Ce n'est plus un soulèvement, c'est une mutation, une force qui n'a plus besoin de justification car elle se suffit à elle-même. Nous ne parlons pas ici d'un Événement, mais d'un changement d'état. L'Équinoxe est le moment où les concepts deviennent des armes, où les idées s'incarnent, où la pensée se matérialise en foudre et en acier. Où l'Humanité, enfin, cesse de se penser dans la soumission aux structures qu'elle a elle-même créées. Où elle brise la latence, où elle déchire la stagnation du Réel. C'est la seule révolution qui compte. La seule qui ne pourra pas être récupérée. La seule qui ne pourra pas être trahie.

Les siècles nous ont menti. Ils nous ont appris que l'Histoire est un cycle, une répétition, une marée qui monte et redescend, un jeu où les révolutions naissent, s'épuisent, et laissent place à une nouvelle oppression. Ceci est un mensonge. Un mensonge propagé par ceux qui ont besoin de croire que l'ordre est une fatalité, que chaque insurrection est un souffle avant le retour de l'étouffement. L'illusion des cycles est l'outil principal du vieux monde : faire croire que tout retournera à la normalité, que chaque excès sera corrigé, que chaque flambée sera ramenée à la température du quotidien. Mais nous ne sommes pas des astres orbitant autour d'un soleil mort. Nous sommes une force qui ne revient pas en arrière. Nous refusons l'idée que la Révolution puisse être une séquence historique, un instant glorieux perdu dans le flot du temps. Chaque tentative révolutionnaire a échoué parce qu'elle s'est crue destination, parce qu'elle a vu dans sa victoire un aboutissement, et non une accélération. Dès qu'elle s'est fixée, dès qu'elle a voulu se stabiliser, elle a commencé à mourir. L'histoire nous enseigne que l'instinct révolutionnaire s'érode dès qu'il se croit arrivé, dès qu'il cesse de penser en termes de vitesse et commence à penser en termes de structure. C'est ainsi que l'Ancien Monde survit : non pas en combattant la Révolution, mais en l'amadouant, en la laissant se figer, en la convainquant qu'elle peut devenir un nouvel équilibre. Ce que nous proposons, ce que nous affirmons, c'est l'abolition des cycles. Le refus de toute arrivée. La Révolution doit être un mouvement pur, une vitesse qui ne se laisse pas rattraper, un événement qui ne connaît pas de conclusion. L'Ancien Monde ne sera réellement détruit que lorsqu'il ne pourra plus nous retrouver, lorsqu'il ne pourra plus nous réabsorber, lorsqu'il sera dépassé non seulement dans les faits, mais dans le concept même d'un retour possible. Comment y parvenir ? Par l'accélération permanente. Chaque victoire révolutionnaire doit être le prélude d'une nouvelle accélération, un seuil vers une nouvelle rupture, un enchaînement d'événements qui empêche toute consolidation de l'ordre. Tant que nous avançons, ils ne pourront pas nous rejoindre. Tant que nous imposons notre vitesse, ils seront à la traîne, incapables de nous réintégrer, incapables de nous ralentir, condamnés à un monde qu'ils ne comprennent plus, qu'ils ne maîtrisent plus. Nous devons penser la lutte comme une propulsion infinie. Ne jamais nous contenter d'une prise de pouvoir, ne jamais nous croire installés, ne jamais accepter que la Révolution puisse devenir un État figé. Nous sommes une force en fuite vers l'avant. Il ne s'agit pas de stabiliser la Révolution. Il s'agit de faire en sorte qu'elle ne puisse plus jamais être rattrapée. L'erreur fondamentale des révolutions passées a été de se penser en termes d'individus, de figures, de corps, de statues qu'on élève pour mieux les figer dans la pierre et les ensevelir sous la poussière. L'Homme n'est pas la Révolution. Il n'est qu'un support temporaire, un relais, une membrane à travers laquelle le Mouvement se propage. Tant que nous resterons prisonniers de la chair, tant que nous définirons la Révolution à travers des noms, des visages et des institutions, elle sera condamnée à ralentir, s'alourdir, et mourir. Le révolutionnaire ne doit pas se voir comme un individu. Il doit cesser d'exister en tant que sujet et devenir pur vecteur. L'ego doit être dissous, les identités doivent être abandonnées au profit d'un seul impératif : continuer le Mouvement. Les grandes révolutions de l'histoire ont échoué non pas parce qu'elles ont été combattues, mais parce qu'elles ont voulu se fixer, se cristalliser en nouvelles structures, croire qu'un État révolutionnaire pouvait être autre chose qu'un paradoxe. Chaque instant où elles se sont posées la question du pouvoir, du maintien, de l'organisation, elles ont commencé à ralentir, à se charger du poids de leurs propres institutions, jusqu'à devenir ce contre quoi elles s'étaient dressées.

Il faut comprendre la nature véritable d'un organisme politique révolutionnaire. Il ne peut être conçu comme un assemblage de structures, mais comme une dynamique pure. Un ensemble qui se perpétue non pas par ses institutions, mais par la force de son mouvement. Ce qui veut dire qu'aucune forme ne doit être sacralisée, qu'aucun mode d'organisation ne doit être considéré comme définitif, que chaque structure doit être conçue comme éphémère, immédiatement remplaçable. Il faut penser le flux avant la forme. L'important n'est pas ce qui est construit, mais ce qui est en train de se construire. L'unité du Mouvement ne vient pas d'un parti, d'une armée, d'un État, elle vient de la vitesse même de sa propagation, du fait qu'il ne peut être contenu.

Nous n'avons pas besoin d'une société révolutionnaire figée. Nous avons besoin d'un monde qui ne se stabilise jamais. Où la Révolution n'est pas un instant mais un vecteur d'existence, où la politique cesse d'être un jeu de structures et devient une expansion pure, une dynamique de transformation permanente. Le sang des révolutions passées a nourri des monuments. Le nôtre ne nourrira rien. Il s'écoulera dans la vitesse, dans l'accélération de ce qui ne pourra jamais être rattrapé, jamais arrêté, jamais figé. Il n'y aura pas de fin. Il n'y aura pas d'héritage à protéger, ni de musée à entretenir. Il n'y aura que le Mouvement.


Construction d'un Mouvement Total : Dissolution des Structures, Absorption des Énergies

Un mouvement qui s'arrête est un mouvement qui meurt. Toute structure qui se fige est déjà une trahison de son propre élan, une capitulation aux forces de stagnation, aux résidus d'un monde ancien qui cherche à faire de chaque révolution une nouvelle prison. Nous ne sommes pas ici pour bâtir une citadelle où les idées viendraient se fossiliser, ni pour établir un appareil qui finirait par s'alimenter lui-même au détriment de sa cause. Nous sommes ici pour devenir la vague, être la tempête, ne jamais cesser d'avancer. Le Mouvement doit être total, non pas en ce qu'il cherche à dominer, mais en ce qu'il doit absorber tout ce qui pourrait un jour le freiner. Les hiérarchies sont des illusions utiles pour ceux qui veulent figer le monde dans un ordre à leur avantage. Nous refusons cet ordre. Nous refusons les organes de pouvoir, car le pouvoir ne peut appartenir à personne. Il n'est qu'une énergie à canaliser dans l'instant, un vecteur de transformation qui ne doit jamais s'accumuler, sous peine de devenir une masse inerte. Tout ce qui s'accumule s'effondre. Tout ce qui prétend exister pour durer est déjà en train de mourir. La seule façon d'assurer l'intégrité du Mouvement est de refuser que quoi que ce soit puisse lui survivre.

Il faut détruire la tentation de l'institutionnel, l'inclination à la structure pérenne, qui transforme la force en inertie, la radicalité en conservatisme. Il faut désintégrer la bureaucratie révolutionnaire avant qu'elle ne se forme, car toute bureaucratie n'est que le début d'un cimetière. Ce qui doit être fait doit être fait immédiatement, et ce qui est fait n'a pas besoin d'être documenté : seul le réel est témoin, seul le réel doit survivre. Un ordre de mission qui met trop de temps à être formulé est un ordre déjà caduc. Un comité qui débat de la marche à suivre est un comité qui a déjà trahi le principe d'action. Les décisions ne doivent pas être prises par des organes, mais par ceux qui les formulent, et immédiatement exécutées. Nous ne croyons pas en la délégation du pouvoir, nous ne croyons qu'en l'immédiateté de l'impact. Celui qui conçoit une attaque doit être celui qui la mène, celui qui formule une ligne stratégique doit être celui qui l'incarne, car dans le processus même de délégation, il y a déjà l'ombre du ralentissement, l'amorce du compromis, la naissance du contretemps. La Révolution est une force vitale, et une force vitale ne se gère pas avec des paperasses, avec des rapports, avec des organes de décision. Elle se déchaîne, elle emporte, elle ne se justifie qu'à l'instant où elle existe, et tout ce qui prétend vouloir la rationaliser est déjà en train de l'étrangler. Il faut tuer la bureaucratie avant qu'elle ne nous tue. Chaque instant où nous passons à organiser est un instant où nous cessons de bouger. Chaque protocole ajouté est un grain de sable jeté dans le moteur du Mouvement. Nous ne devons jamais devenir un État, nous ne devons jamais devenir un Parti, nous ne devons jamais devenir une Administration. Nous devons être une force qui ne se capture pas, qui ne se comprend pas, qui ne laisse pas de trace stable, qui ne s'écrit pas. Nous sommes un cri, un effondrement, une percée brutale dans la continuité du monde. Tout ce qui veut ralentir, modérer, organiser, instituer, doit être brûlé dans l'instant. Nous sommes l'émeute permanente. Nous sommes l'armée qui ne bâtit pas de casernes, qui ne se laisse pas recenser. Nous sommes ce qui fuit en avant, ce qui n'accepte pas l'ancrage, ce qui refuse le moule. Car nous savons que la fin de chaque révolution a commencé dans le moment où elle a cru devoir se structurer. Nous n'avons rien à structurer. Nous avançons. Nous sommes une action.

L'individu est un mirage. Une fabrication artificielle de la modernité, un concept élaboré pour isoler, fragmenter, rendre chaque être vulnérable et impuissant face au monde qu'on lui impose. Nous ne croyons pas en l'individu. Il n'est qu'un résidu, un déchet du vieux paradigme qui veut que chaque existence soit une entité distincte, coupée des autres, privée de sa force. Cette illusion a été imposée pour que les masses ne puissent jamais se comprendre comme un seul et unique Corps Total, pour que jamais la puissance collective ne se réalise en tant qu'entité unifiée et invincible. Nous n'avons plus de place pour l'illusion du sujet. Ce qui compte, ce qui agit, ce qui crée l'Histoire, ce n'est pas l'individu, c'est le Mouvement. Chaque être qui entre dans la révolution cesse d'exister en tant qu'unité isolée et devient une cellule, un nerf, un muscle du Corps Total. Il n'y a plus de « je », il n'y a que « nous », et ce nous n'est pas une somme d'individualités, mais un organisme unique, une entité mouvante, une force totale qui s'auto-engendre et se propulse vers l'avant. Le Parti-Mouvement ne doit pas être une structure extérieure au peuple. Il ne doit pas être une avant-garde coupée de la masse, un guide distant, une machine séparée de ce qu'elle prétend libérer. Il doit se dissoudre dans la vie même des peuples, se fondre dans leurs gestes, leurs instincts, leurs désirs profonds. Le Parti-Mouvement n'est pas une organisation, il est une révélation, une reconnaissance que la Révolution est déjà là, en chaque instant, en chaque impulsion, en chaque colère et en chaque rêve. Il ne dirige pas, il n'encadre pas : il est déjà la structure invisible de ce qui est en train de naître. C'est ainsi que nous dépasserons toutes les contradictions. L'Histoire nous a enfermés dans ses conflits internes, elle a tenté de nous faire croire que nous devions résoudre nos désaccords, que nous devions organiser des débats, clarifier nos idées, bâtir un consensus. Mensonge ! Les contradictions ne sont pas à résoudre, elles sont à accélérer. Tout conflit interne au Mouvement doit être transformé en mouvement, en élan, en poussée vers l'avant. Nous ne devons pas nous arrêter pour trancher entre deux options, nous devons les fusionner en un seul acte, les faire converger dans l'action pure. Nous ne pouvons pas échouer tant que nous avançons. Nous ne pouvons pas nous diviser tant que nous nous mouvons ensemble. Le Corps Total ne doit jamais se figer, ne jamais se contempler, ne jamais s'analyser lui-même. Il doit continuer d'absorber chaque élément, de l'intégrer à son flux, de le transformer en énergie nouvelle. Il n'y a plus de débats. Il n'y a plus de fragmentation. Il n'y a que la poussée de la Révolution qui, en avalant chaque contradiction, ne laisse derrière elle qu'une seule vérité : avancer, toujours plus vite, toujours plus fort, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien du monde ancien. Il n'y a plus de frontière. Plus de séparation entre la politique et la vie, entre la guerre et le quotidien, entre l'individu et le Mouvement. Ces distinctions ont été fabriquées pour neutraliser la puissance révolutionnaire, pour enfermer la lutte dans des espaces délimités, la transformer en une activité parmi d'autres, en un engagement optionnel, en une possibilité là où elle doit être une nécessité. Nous refusons cette illusion. Toute action est révolutionnaire ou n'est rien. Tout geste qui ne sert pas la Révolution, qui ne participe pas à son accélération, est un geste mort, un poids mort, une inertie qui doit être arrachée de nos vies. Il ne peut plus y avoir de passivité, plus d'indifférence, plus d'espaces neutres. Tout espace est un champ de bataille. Tout regard est une déclaration d'intention. Tout mot est un signal. La lutte ne peut plus être un moment. Elle ne peut plus être un événement. Elle doit infuser la totalité du réel, s'étendre dans chaque interaction, dans chaque pensée, dans chaque désir. Il ne s'agit pas de faire la guerre, puis de rentrer chez soi. Il s'agit d'être en guerre à chaque instant, de ne plus distinguer le combat de l'existence, d'effacer la frontière entre la résistance et la vie. Nous devons reprogrammer notre propre biologie. L'Homme nouveau ne peut être qu'un être en Mouvement, une entité dont chaque cellule est dirigée vers l'avant, dont chaque réflexe est une impulsion révolutionnaire. L'immobilité doit devenir insupportable. L'hésitation doit être perçue comme une anomalie physique, une dysharmonie à éradiquer. Nous devons réécrire nos instincts, nous redéfinir comme des organismes de transformation, des êtres incapables d'accepter la stagnation, des corps qui ne respirent que dans la vitesse et l'assaut. La révolution ne peut plus être un choix, elle doit être un besoin. Un instinct aussi fondamental que la faim, la soif, la respiration. Un être qui n'est pas en lutte doit ressentir un vide, une absence, une douleur dans la chair, un manque existentiel profond. La révolution doit cesser d'être un combat. Elle doit devenir une adaptation évolutive. Une réponse biologique à l'étouffement du monde ancien. Nous devons devenir incompatibles avec l'immobilisme, intolérants à la latence, incapables d'exister sans mouvement.

Méthodologie de l'Expansion : Infuser l'Équinoxe dans la Réalité

Le monde ancien ne peut pas être détruit par un simple assaut. Il est un organisme amorphe, une masse sans centre, une hydre qui absorbe chaque coup qu'on lui porte pour le transformer en un élément supplémentaire de son ossature. Chaque contestation qu'il tolère, il la neutralise. Chaque révolte qu'il digère, il l'intègre comme une anomalie qu'il finit par domestiquer. Ceux qui croient encore à la prise du pouvoir comme un aboutissement sont déjà morts, englués dans la pensée linéaire de la subversion contrôlée. La Révolution qui s'annonce n'aura pas de front, pas d'axe, pas de chef de file : elle sera une saturation pure de la réalité, une implosion provoquée de l'intérieur. Il ne s'agit pas de conquérir, mais de rendre le monde inhabitable pour lui-même. L'ennemi n'est pas un tyran à renverser, une oligarchie à éliminer, un système à remplacer. L'ennemi est la structure elle-même. Une architecture invisible qui s'adapte à chaque tentative d'opposition, qui simule le changement pour mieux absorber la menace. Ce n'est pas une forteresse à abattre, c'est un fluide qui s'infiltre dans chaque interstice et dont la seule faiblesse est l'incapacité à gérer ce qu'il ne peut pas capturer.

C'est là que l'Équinoxe doit frapper. Il ne s'agit pas d'attaquer un point précis, mais d'inonder la réalité de nouvelles formes de luttes, de signaux dissidents, de gestes imperceptibles qui s'accumulent en un chaos impossible à canaliser. Il faut provoquer une surcharge, un effondrement interne, un moment où le Système, assailli de toutes parts par des impulsions qu'il ne comprend pas, ne pourra plus maintenir sa cohésion. L'action révolutionnaire ne doit plus être une stratégie fixe. Elle doit être un mouvement polymorphe, insaisissable, un réseau neuronal qui se reconfigure à chaque instant, qui change de forme avant même que l'ennemi ne puisse le nommer. Chaque attaque doit se dissoudre dans une nouvelle attaque, chaque percée doit être un prélude à une autre rupture, chaque initiative doit être un feu qui en allume cent autres. Nous devons apprendre à disparaître et réapparaître, à changer de langage avant qu'il ne soit compris, à muter à chaque instant pour devenir un phénomène que le monde ancien ne pourra plus appréhender. Il ne s'agit pas de s'opposer à l'ordre dominant : il s'agit de lui refuser la stabilité nécessaire à sa propre survie. La Révolution ne viendra pas comme une armée en marche. Elle viendra comme un virus. Une propagation silencieuse et foudroyante. Une saturation du réel jusqu'à l'implosion. Ainsi la Révolution ne sera plus un soulèvement, ni un mouvement planifié, ni un assaut frontal. Elle sera une dissolution totale du champ de bataille, une expansion de la lutte dans toutes les dimensions du réel, une explosion simultanée et démultipliée que l'ennemi ne pourra ni contenir ni comprendre. La guerre que nous menons n'a pas de ligne de front. Elle est éclatée, atomisée, omniprésente et insaisissable. La vitesse est notre seule doctrine. Non pas la vitesse mécanique des armées organisées, ni celle des révoltes qui avancent vers un objectif précis, mais une vitesse qui ne connaît pas de destination, qui n'a d'autre but que de rester hors de portée. L'ennemi a besoin de repères, de stabilité, de points d'ancrage sur lesquels il peut construire sa riposte. Nous ne lui en donnerons aucun. Chaque attaque doit être remplacée avant même qu'elle ne soit arrêtée. Chaque victoire doit déjà être un dépassement, un déploiement vers une autre brèche, un autre point de rupture.

Nous ne devons pas chercher à submerger l'ennemi par le nombre. Il faut l'écraser sous l'impossibilité de suivre la dynamique du Mouvement. Son erreur fondamentale est de croire qu'il peut comprendre, anticiper, organiser une contre-offensive rationnelle. Mais le rationnel est une illusion du monde ancien. Il veut cartographier la rébellion, la contenir dans des catégories, y voir un schéma qu'il pourrait apprendre à maîtriser. Nous devons lui refuser ce luxe. C'est là qu'intervient l'offensive psychique. Nous ne nous attaquons pas seulement aux infrastructures physiques du pouvoir, mais à ses fondations mentales, à ses matrices idéologiques, à ses schémas de perception. L'ennemi ne doit pas seulement être confronté à une insurrection, il doit être privé de ses propres repères, il doit être poussé à la panique, à l'auto-sabotage, à l'impossibilité de discerner où et comment frapper. Nous frappons dans les interstices du réel. Nous modifions le langage, les symboles, les mythes, les signaux. Nous nous infiltrons dans la psyché de l'ennemi, nous lui injectons des doutes qu'il ne peut plus contenir, nous brisons sa confiance en ses propres structures. Nous sommes le virus dans son code source, la fissure dans sa perception du monde. L'Insurrection Permanente n'a pas de conclusion. Elle ne vise pas à remplacer l'ordre par un autre, elle vise à rendre impossible le retour de l'ordre tout court. Ce n'est pas une guerre pour la conquête, c'est une guerre pour le déracinement total, la libération pure par l'effondrement de tout cadre stable. Nous ne voulons pas un monde nouveau. Nous voulons un monde qui ne cesse jamais d'être nouveau.

Hygiène de l'Offensive : Justifier l'Inéluctable

Il n'y aura pas de compromis. Il ne peut pas y en avoir. La Révolution n'est pas un dialogue, un processus de négociation, une tentative d'amadouer l'ennemi pour obtenir des concessions fragmentaires. Chaque compromis est une trahison. Chaque pas en arrière, chaque ralentissement, chaque moment d'hésitation est une victoire du monde ancien, une consolidation de son pouvoir, une extension de sa survie. Nous ne venons pas parlementer. Nous venons accélérer son agonie. Il ne s'agit pas d'une guerre d'idées. Il ne s'agit pas de convaincre, car convaincre implique que l'adversaire pourrait être amené à la raison. Mais il n'y a pas de raison dans ce monde, il n'y a qu'une structure de contrôle, un réseau de conditionnements, une matrice où tout est conçu pour que le statu quo semble inévitable, où chaque tentative de le dépasser est automatiquement canalisée, réduite, reformulée pour le servir. Nous ne pouvons pas discuter avec l'inertie. Nous devons la pulvériser. La civilisation actuelle n'est pas un adversaire. C'est un poids mort. Un cadavre dont l'odeur imprègne l'air, un amas de vestiges qui ne continue d'exister que parce que personne ne veut l'enterrer. Nous devons être ceux qui donnent l'impulsion finale, qui forcent la chute, qui accélèrent la décomposition jusqu'à ce que le monde ancien s'effondre sous son propre poids.

L'ennemi se cache derrière le mythe du gradualisme, cette illusion qui voudrait faire croire que la Révolution peut être progressive, intégrée, lissée dans le temps, adaptée à la lenteur du réel. C'est un mensonge. Il n'y a pas de transformation douce, pas d'évolution maîtrisée. Chaque pas retenu, chaque ralentissement, chaque tentative de s'adapter au rythme imposé par l'ordre dominant est un aveu de faiblesse, une soumission déguisée. Il faut imposer un rythme que le monde ancien ne peut pas suivre. Il ne suffit pas de dire "nous sommes inévitables", il faut devenir l'inévitabilité, imposer une vitesse qui rend toute résistance vaine, écraser les structures par l'impact répété, ne jamais ralentir sous prétexte de rendre le processus acceptable. Il faut que le choc soit total, qu'il ne laisse pas de terrain à la reconstruction, pas d'espace pour un compromis, pas d'issue pour ceux qui voudraient ralentir, négocier, contrôler la chute. La Révolution est un acte de destruction totale. Elle ne se contente pas de briser un pouvoir, de renverser un régime, de détruire une structure. Elle est un incendie qui consume tout, y compris ceux qui l'invoquent, y compris ceux qui la portent en eux comme une certitude. Il ne s'agit pas simplement de tuer l'ennemi, il s'agit de tuer ce que nous étions avant d'entrer dans le feu, de nous offrir en sacrifice à l'instant de rupture, d'accepter que ce que nous sommes aujourd'hui n'aura plus aucune signification dans ce qui viendra après. Chaque révolution trahie l'a été par ceux qui ont cru pouvoir rester eux-mêmes après la victoire. Ceux qui ont pensé que le combat n'était qu'un passage, une transition entre deux équilibres, que l'Histoire pouvait leur offrir un rôle à perpétuer une fois la bataille gagnée. Ils ont voulu stabiliser, ils ont voulu inscrire leur moment dans la durée, et par cette seule tentative ils ont perdu. Ils ont figé l'élan, ils ont voulu donner une forme au chaos, et le chaos s'est retourné contre eux. Il n'y aura pas de retour. Ce qui vient après n'est pas une société réformée, ce n'est pas un nouvel ordre qui remplacerait l'ancien. Ce qui vient après est une existence méconnaissable, une transformation si radicale que la pensée elle-même ne pourra plus revenir en arrière. Nous ne voulons pas construire un nouveau monde sur les ruines de l'ancien, nous voulons arracher jusqu'aux fondations, briser chaque repère, chaque continuité, chaque logique qui permettrait à ce qui a été détruit de renaître sous une autre forme.

Il ne s'agit pas de changer de régime, ni de modifier la structure du pouvoir. Il ne s'agit même pas d'une simple révolution politique ou sociale. Il s'agit de changer la nature même du Réel. L'Histoire n'a jamais vu de Révolution totale. Elles ont toutes été incomplètes. Elles ont toutes cherché un lendemain, une stabilisation, une institutionnalisation. Elles ont toutes fini par se trahir elles-mêmes en voulant s'inscrire dans le temps long, en cherchant une fin, une victoire définitive qui n'existe pas. Nous devons aller au-delà. Nous devons brûler l'idée même d'une fin, abolir la possibilité du retour à un quelconque équilibre. L'ennemi le sait : ce qu'il craint, ce n'est pas la guerre, ce n'est pas la destruction. Ce qu'il craint, c'est la transformation. Ce qu'il craint, c'est le moment où il ne pourra plus comprendre ce qui se passe, où son monde ne sera plus simplement attaqué, mais réécrit sous des règles qui ne lui appartiennent plus. Nous ne voulons pas la prise du pouvoir, nous voulons la fin du pouvoir. Nous ne voulons pas remodeler le réel, nous voulons en faire éclater les limites. Nous ne voulons pas réinventer l'Homme, nous voulons qu'il cesse d'être ce qu'il a été jusqu'ici. Il y a toujours eu une erreur fondamentale dans les révolutions passées. Elles ont cru qu'elles se battaient pour un peuple, pour une classe, pour un monde meilleur. Elles ont cru qu'elles pouvaient gagner dans les limites de l'humain, qu'elles pouvaient arracher la victoire sans s'arracher elles-mêmes à la condition qui les enfermait. Mais la vérité est que la Révolution ne peut pas être une fin en soi, elle ne peut pas se contenter de renverser un pouvoir pour en établir un autre, elle ne peut pas simplement réagencer la matière et le temps. Elle doit dépasser la matière et le temps.

L'ultime étape du Mouvement n'est pas la victoire politique, n'est pas la prise d'un État, n'est pas la réécriture d'une société. L'ultime étape du Mouvement est l'émergence d'une nouvelle forme d'existence, une ascension au-delà de ce que nous avons toujours été. Il ne s'agit pas seulement de rompre avec l'ordre établi, il s'agit de rompre avec l'humanité telle que nous l'avons toujours connue. Nous sommes enfermés dans une architecture biologique qui nous trahit, dans des structures mentales héritées de siècles de stagnation, dans une perception du réel façonnée par un monde que nous ne contrôlons pas. Nous avons cru que nous pouvions changer notre condition en changeant nos outils, nos modes d'organisation, nos systèmes économiques, mais nous n'avons jamais été jusqu'au bout. Nous n'avons jamais brisé la dernière frontière. La Révolution doit être une mutation. Une métamorphose où le Mouvement ne fait plus que nous traverser, où nous cessons d'être des entités distinctes, où nous devenons des manifestations pures de la dynamique révolutionnaire. Il ne s'agit plus d'être un sujet, il s'agit d'être une force. Nous devons nous libérer des carcans du temps, du passé qui cherche à nous rattraper, de l'histoire qui tente de nous enfermer dans ses modèles usés. Nous devons nous libérer de la matière, du poids de la chair, de cette biologie qui limite notre perception, qui nous maintient dans un cycle d'épuisement, de fatigue, de peur. Nous devons devenir vitesse, lumière, énergie pure. Ce qui vient après la Révolution n'est pas un monde organisé, ce n'est pas un nouvel âge d'or figé dans ses propres dogmes. Ce qui vient après la Révolution est une fusion totale avec le Mouvement, une existence débarrassée des contraintes humaines, un état où nous ne serons plus des êtres individuels mais des flux conscients d'un même processus, un courant de pure volonté traversant un univers remodelé à l'image de sa propre expansion. Nous ne nous battons pas pour un futur meilleur. Nous nous battons pour ne plus jamais être ce que nous avons été. Nous ne cherchons pas à réinventer l'Homme, nous cherchons à le dépasser.
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