En dépit du fait que l'on approche à grands pas de l'hiver, il y avait quelque chose qui clochait à Fortuna en ce jour, de fait l'air semblait lourd et pesant comme si les cieux eux même se retenaient de se confondre en tapages rageurs. Pourtant il n'y avait guère que les nuages maussades trônant par delà l'horizon et jouant à cacher autant que faire se pouvait le soleil dans les faits... Quoique, peut être que cette impression, principalement propre aux employés de l'aéroport et certains passants étaient dû au fait qu'un nombre anormal de personnel des sociétés de sécurité privés ainsi que des forces de Police républicaines hantaient les lieux pour ainsi dire, plus précisément, une piste entière légèrement à l'écart ainsi que les bâtiments attenants avaient été vidés pour l'occasion et les environs grouillaient littéralement de patrouilles tournant ci et là comme si elles attendaient quelque chose. Aucune ou peu de communication annonçant simplement que le tout avait été réservé pour affaires "officielle", dispensant quelques contreparties aux individus affectés pour la forme, le mystère complet entourait la chose.
Toutefois, sur la terrasse d'un café vidé de sa vie ordinaire, non loin de ladite piste au centre des attentions, deux personnages hauts en couleurs étaient pour leur part en plein coeur du maelstrom qui s'annonçait, pour le meilleur comme pour le pire, tant bien que mal pour l'un et par obligation pour le second.
Patrizio Derrizio - << Vous m'en devrez une Sergio et toi après ça.
>>Dom Juan Altarini - << Oh voyons, je croyais que c'était toi qui m'en devais une. N'ai-je pas fait en sortes que ton escapade aérienne se terminant dans l'une des villas de l'autre excitée de Lykaron passe totalement sous les radars de la presse ?
>>Le vieux Derrizio fronça les sourcils en se remémorant la chose avant de hausser les épaules tout en se résignant aux faits.Patrizio Derrizio - << Certes, point pour toi. Mais tout de même, étiez vous obligés d'aller aussi loin dès le début ?
>>Le présentateur de l'heure des comptes, tasse en main, se gorgea d'une lampée de café tout en observant son interlocuteur dans un silence religieux, ne laissant que son sourire caractéristique comme seule réponse dans un premier temps avant de finalement présenter quelques mots.Dom Juan Altarini - << Aussi loin ? Oh mais ce n'est rien ça. Une simple mise en bouche de ce qui pourrait éventuellement arriver. Je sais bien que tu déteste ces petits jeux, mais tout de même, tu dois bien te douter qu'il y a mille et unes manières d'aller "Loin", BIEN PLUS "Loin" que de simple simagrées verbaux, une lettre de menace n'est rien de plus qu'un amuse-bouche, un échauffement, lorsque l'on veut obtenir ce que l'on veut.
>>Derrizio roula des yeux un instant avant de les lever vers le ciel, feintant une fausse consternation.Patrizio Derrizio - << Oh par pitié, tu ne va pas me faire à moi les leçons sur les stratégies marchandes et les arts oratoires. Réserve ça à tes rejetons, aux Raskenois ou que sais-je...
>>
Dom Juan Altarini - << En parlant de rejetons, comment se portent les tiens ? J'ai ouï dire qu'ils avaient maille à partir avec ceux de la Rimini.
>>Patrizio Derrizio - << Une dispute sur les parts d'une exploitation minière, rien de nouveau sous les tropiques... La Rimini a parfaitement transmis ses gênes de hargne à sa descendance ceci dit. Nonobstant elle...
>>Le Patricien fut interrompu par un assistant des services diplomatiques en provenance de la Tour de contrôle, visiblement les invités du jour étaient en vue et leur appareil, en train de se poser. Instruction fut donné aux subordonnés de se charger de l'accueil et de les mener à la terrasse où allait vraisemblablement se passer l'entrevue du jour.
Sur le Tarmac, point de tapis rouge ni de fanfare afin d'accueillir les émissaires des deux personnes morales raskenoises. Non, rien de bien brillant ou pimpant, quelque chose de plus austère en la personne de quelques membres officiels du personnel de la Torre Bianca flanqués de deux colonnes respectivement au repos à droite et à gauche de la sortie de l'appareil dans un silence de mort. Ces derniers de par leurs emblèmes du triton Landrin appartenaient à la société de sécurité privée Mondita associée aux Gens Altarini et Scaela selon toute vraisemblance, au loin plusieurs véhicules et officiers de police quadrillaient les abords de la zone.
Toutefois, le plus "curieux" fut certainement l'intéressé en tête de tout ce cortège qui patientait au centre de celui ci, devant la sortie de l'appareil. Coiffé d'un Fedora, voyant siéger devant ses yeux deux verres opaques caractéristiques de ces lunettes de soleil stéréotypés des films d'espions, et une cigarette au bec crachant des volutes de fumée, l'intéressé n'arborait pour sa part aucune insigne distinctive particulière, à peine une chevalière sur sa main gantée représentant un emblème léonin gravée à même l'or massif de celle ci.??? - << Bien le bonjour, Messieurs Dames de Rasken. J'ose espérer que le voyage a été plaisant en dépit des perturbations météorologiques de fin d'années. Le temps n'est guère clément pour personne dans cette partie du monde à cette époque. Enfin, vous pouvez m'appeler "Leone". J'ai à charge de vous réceptionner et vous conduire jusqu'à Il Signore Derrizio et Dom Altarini qui patientent sur une terrasse juste à côté. Je me permet d'ailleurs un conseil d'ami, évitez les Expressos là bas, ils sont parfaitement immonde contrairement aux thés glacés, ceux à l'orange sont particulièrement exquis qu'importe la saison, de même qu'ils ménagent la patience.
>>
Le dénommé "Leone"Sur ces mots, le dénommé Léone étendit son bas droit en direction de la fin des colonnes qui n'avaient pas bougés d'un centimètre, invitant les Raskenois à le suivre.