Ici sera répertorié l'ensemble des articles, résumés et extraits des ouvrages de l'Université de Mistohir en charge d'assurer la documentation historique de la nation estalienne par la réunion des archives, preuves archéologiques et récits/écrits historiques ainsi que l'ensemble du travail de la frange historienne estalienne et étrangère sur l'Estalie depuis sa fondation. L'ensemble des sources de la section Histoire de l'Encyclopédie sont issus des travaux des historiens de l'Université de Mistohir par défaut, les travaux des autres universités estaliennes sont accréditées sous le nom de celle de Mistohir compte tenu de la réglementation du 17 Août 1965 sur la centralisation de la documentation historique et de la fonction professionnelle des historiens.
Section Histoire - Encyclopédie Nationale d'Estalie
Posté le : 27 juin 2024 à 16:02:42
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Ici sera répertorié l'ensemble des articles, résumés et extraits des ouvrages de l'Université de Mistohir en charge d'assurer la documentation historique de la nation estalienne par la réunion des archives, preuves archéologiques et récits/écrits historiques ainsi que l'ensemble du travail de la frange historienne estalienne et étrangère sur l'Estalie depuis sa fondation. L'ensemble des sources de la section Histoire de l'Encyclopédie sont issus des travaux des historiens de l'Université de Mistohir par défaut, les travaux des autres universités estaliennes sont accréditées sous le nom de celle de Mistohir compte tenu de la réglementation du 17 Août 1965 sur la centralisation de la documentation historique et de la fonction professionnelle des historiens.
Posté le : 06 jui. 2024 à 22:17:49
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Jozef Guduniak, historien estalien (1924-1998).
La première trace d'une présence humaine dans le territoire estalien remonte aux premières grandes migrations venant d'Afarée des premières grandes espèces humaines que sont les Homo Erectus puis plus tard les hommes de Néandertal. La première trace d'Homo Erectus sur le sol estalien remonte à environ 2 millions d'années avant notre ère, durant le Paléolithique inférieur. On sait de sources sûres aujourd'hui que l'Estalie n'était pas une terre accueillante d'un point de vue géographique et climatique. Si les plaines orientales de l'actuelle Estalie étaient certes fertiles, la région avait une température moyenne assez basse et un taux d'humidité très élevée : la pluie était fréquente sur le sol estalien et la météo souvent rude. A l'ouest, il semblerait que de grandes forêts comblaient les vallées situées entre les différentes chaînes de montagnes estaliennes. Ces zones boisées étaient très denses en végétation et la faune locale y était assez abondante mais aussi hostile. On sait par exemple que le climat froid a favorisé la prolifération des Machairodontinae, une famille de félins à dents de sabres dont le dernier spécimen le plus récent retrouvé à ce jour dans le monde se trouvait en Estalie, éteint il y a environ 10 000 ans de cela. De fait, la faune hostile et le climat difficile faisait que l'Estalie n'était que peu peuplée par rapport aux régions alentours, les mouvements de migrations qui suivront la première d'Homo Erectus démontrera que l'Estalie agissait presque comme un repoussoir pour les populations qui faisaient le détour de la région pour s'installer plutôt autour.
Ce manque de migrations intenses des espèces humaines qui se suivront dans les migrations depuis l'Afarée va mener à un taux de remplacement des espèces assez lent sur le territoire : on retrouve généralement les fossiles parmi les plus récents d'espèces disparues comme les Homo Erectus dont le spécimen le plus récent retrouvé date de seulement 150 000 ans avant notre ère (à une époque où l'Homo Erectus avait, dans la plupart des continents, complètement disparu) et de même pour le Néandertal dont les traces les plus récentes datent de seulement 30 000 ans avant notre ère. Le règne d'Homo Sapiens tels que nous le connaissons aujourd'hui est donc plus récent en Estalie du fait du faible peuplement de la région et l'accueil peu chaleureux que proposait la région. Ainsi, on retrouve une présence d'Homo Sapiens en Estalie qui date, pour le plus vieux fossile retrouvé à ce jour, d'il y a 45 000 ans.
Pourtant, celle-ci semblait avoir aussi changé au fil des millénaires sur le plan géographique : le climat se réchauffait de manière globale et il semblait qu'à l'est de l'Estalie moderne, les grandes plaines favorisaient la croissance démographique locale. En effet, c'est alors que la population grandissait dans la partie orientale de l'Estalie que se développa le pastoralisme nomade qui entraîna à son tour à la formation de premières tribus nomades. Ce fut le mode de vie de l'est de l'Estalie tandis que les régions montagneuses de l'ouest semblaient se rapprocher davantage d'un mode de vie sédentaire, se nourrissant principalement de la pêche des grands lacs occidentaux. Ironiquement, on pense par ailleurs que l'agriculture a été implantée en premiers lieux dans de petites zones défrichées à l'ouest de l'Estalie, dans des régions pourtant moins avantageuses sur le plan agricole qu'à l'est dont la terre était alors bien plus fertile et favorable au développement de l'agriculture. Néanmoins, il semblerait que le pastoralisme prévalait alors et ce mode de vie va subsister pendant une longue période.
On sait déjà fort bien que l'Estalie n'existait pas avant au moins le VIIIe siècle après J-C. Pourtant, cela n'a pas empêché un certain lot de peuples de toutes origines, aujourd'hui disparues, qui ont peuplés et ont parfois établis le centre de leur pouvoir sur le territoire estalien actuel. Parmi ces peuples, le plus connu n'est rien de moins que les Sytaliens, apparus sur le sol estalien à partir du Xe siècle avant J-C. On ne connaît pas bien leurs origines ethniques même si on suppose, compte tenu de l'histoire génétique des habitants bas-estaliens aujourd'hui qu'ils provenaient des steppes situées plus à l'est de l'Eurysie et devaient certainement être d'origine tataro-mongole même si on retrouve aussi des gènes issus des peuples persanes d'Afarée. Il est plus probable que les Sytaliens soient un mélange des deux, même si certains historiens contestent qu'un couplement génétique entre les deux groupes génétiques ait pu se produire à cette période, la distance navale entre les deux aires culturelles étant alors très importante et qu'un tel couplement aurait été certainement remarqué dans les sources grecques de l'époque, la civilisation hellénique se trouvant au carrefour de ces deux civilisations. Il faut de surcroît nuancer l'appelation même des Sytaliens : le nom de Sytalien est un nom issu de l'historiographie classique grecque pour définir de manière plus générale les peuplades nomades vivant au nord de la civilisation hellénique. Il était donc très probable que ce peuple sytalien ne soit pas pleinement uniforme mais certainement un amas de principautés, de royaumes et de tribus de différentes origines n'ayant en commun rien d'autre que leur mode de vie. Et pour cause, nous en savons un peu plus sur leur mode de vie.
On souligne chez les Sytaliens deux caractéristiques assez propres : leur nomadisme pastoral alors bien adapté aux biomes dans lesquels les Sytaliens évoluaient et un style guerrier alors très différent de celui du monde grec qui en faisait l'historiographie. Le nomadisme sytalien était un modèle économique bien adapté à la géographie locale et pratiqué de façon rigoureuse avec des migrations saisonnières caractéristiques où des itinéraires bien précis étaient tracés entre les différents pâturages fixes qui étaient partagés entre les tribus sytaliennes. Les Sytaliens élevaient majoritairement des bovins et des ovins mais aussi et surtout, des chevaux. Le cheval était l'animal le plus polyvalent de l'élevage sytalien : il fournissait les montures pour la guerre, servait de force de traction pour les voyages et était aussi utile pour l'alimentation des Sytaliens qui mangeaient régulièrement la viande de cheval et se servaient régulièrement du lait de jument pour en faire du lait fermenté ou du fromage qui était généralement revendu à prix d'or sur les marchés côtiers helléniques. Les Sytaliens utilisaient généralement des chariots aménagés et servant directement d'habitats à la fois pour loger mais aussi pour se déplacer lors des migrations saisonnières. Généralement, es Sytaliens étaient redoutés par les populations plus au sud d'eux, notamment les différentes Cités États helléniques qui, pour la plupart, devaient délaisser le contrôle de la périphérie du monde hellène aux tribus sytaliennes. Cela avait pour effet que les Sytaliens dominaient concrètement le commerce entre le nord (l'Eurysie centrale) et le sud (l'Eurysie méridionale). De fait, les Sytaliens dominaient les peuples sédentaires de la périphérie hellénique et y récupérait du blé afin de le revendre aux Hellènes. Les guerres récurrentes entre les tribus sytaliennes apportait aussi un commerce très lucratif d'esclaves qui était revendu ensuite aux cités états helléniques. En échange, les Sytaliens importaient généralement du vin, de la céramique ou de l'orfévrie.
Néanmoins, ce système économique nécessitait une chose essentielle : les Sytaliens devaient faire la guerre en permanence afin de conserver le contrôle des routes commerciales, maintenir le flux constant d'esclaves issus des guerres et surtout car la guerre chez les Sytaliens était sanctuarisée comme un rituel sacré dans leur religion polythéiste. Bodukiak, le dieu de la guerre dans le panthéon sytalien, est quasiment le seul dieu de tout le panthéon sytalien a nous être parvenus des sources helléniques pour la simple et bonne raison que c'était le dieu fondateur de toute la mythologie sytalienne : il était le dieu principal, le Roi même des autres Dieux et il aurait fondé le monde en plantant la Flèche Fondatrice dans le sol infertile de la steppe. De fait, la guerre était périodique, comme les saisons et les migrations, ne pas faire la guerre durant l'année du calendrier sytalien était souvent l'arrêt de mort du chef de la tribu en question qui était jugé trop faible pour faire survivre la tribu. Donc la steppe était dans un état de guerre permanent et les Sytaliens y ont développés une façon de faire la guerre alors très unique pour l'époque que la plupart des peuples des steppes qui les suivront vont reprendre et améliorer en fonction de leurs époques jusqu'à l'apparition de la poudre à canon. Cavaliers hors pair, les Sytaliens ne possédaient pas d'étriers ou de selles très rigides mais étaient capables d'être des archers à cheval redoutables au combat, utilisant pour la première fois de l'histoire les tactiques que l'on connaît désormais bien du style guerrier des steppes : le harcèlement à distance, la retraite feinte, le rempart mobile des chariots renforcés contre les projectiles adverses. La plupart des guerriers sytaliens étaient des archers à cheval, très légers et portant un arc composite de petite taille mais très puissant tandis que l'aristocratie sytalienne composait la majorité de la cavalerie lourde sytalienne (dont les armures étaient souvent d'origine hellénique d'ailleurs) qui chargeait et massacrait les rangs adverses une fois suffisamment affaiblis par le harcèlement des archers montés. On sait aussi que de sources sûres, les hommes n'étaient pas les seuls à combattre, les jeunes femmes célibataires se battaient également à l'égal des hommes durant les campagnes et on sait que cette particularité féminine des Sytaliens va marquer l'imaginaire hellénique, les populations nord helléniques devenant hantés par des mythes de féroces guerrières sytaliennes venues du nord égalant à elles seules dix hoplites. Ces légendes démontrent certainement que les guerrières sytaliennes étaient certainement aussi redoutées que leurs homologues masculins et devaient certainement recevoir un entraînement militaire similaire aux hommes. Des pratiques rituelles liées à la guerre étaient aussi de vigueur, les Sytaliens avaient notamment l'habitude de boire le sang de leurs victimes aux festins de victoire, utilisant généralement les crânes comme des coupes à boire et utilisant la peau écorchée des vaincus comme tapis. La plupart des historiens du XIXe siècle avaient émis l'hypothèse que ces descriptions helléniques étaient largement exagérées afin de bien faire la différence entre le monde hellénique et le monde barbare mais on a su retrouver à partir de 1972 des sites archéologiques sytaliens où on a retrouvé des crânes spécialement conçus pour servir de coupes à boire, ce qui prouve qu'il y avait bien un type de rituel très similaire à celui décrit par les sources helléniques. Enfin, on sait qu'au-delà de la collection de crânes, les Sytaliens avaient généralement l'habitude d'apporter quelques crânes accrochées à leurs montures durant les batailles afin de terrifier leurs ennemis.
D'un point de vue religieux et culturel, même si on ne connaît pas en détail le panthéon sytalien, on est sûrs que les Sytaliens concevaient une vision très spécifique de la vie après la mort. Pour eux, la vie après la mort était conçue comme une prolongation de la vie terrestre dans un autre monde et qu'il était certainement possible de transférer des objets dans l'au-delà aux côtés des défunts. Ainsi, la plupart des chefs de tribus sytaliens avaient le droit à de très fastes sépultures remplies d'or, de mobilier de luxe et bien souvent, des dizaines de servantes étaient sacrifiées afin d'accompagner le chef de tribu dans l'au-delà. De plus, les guerriers avaient aussi droit à une sépulture, certes commune, mais les sépultures guerrières sont toujours accompagnées de bannières militaires appropriées, représentant un animal ou un Dieu. Dans d'autres cas, ce sont les bannières d'armées vaincues, généralement des cités helléniques mises à sac par les nomades sytaliens, qui sont déposées dans les sépultures guerrières.
La sédentarisation des Sytaliens (IIIe siècle av. J-C) :
A partir du IIIe siècle avant J-C, les Sytaliens commencèrent petit à petit à se sédentariser et à fonder une société proto-urbaine autour de certaines villes fortifiées très imposantes. Ainsi, sur le site antique de Fransoviac (située à 28 kilomètres à l'est de la ville actuelle), on sait que la ville de Fransoviac existait déjà au IIIe siècle avant J-C et était certainement la plus grande ville de la région. Pour cause, elle fut un grand centre d'échanges des commerçants à la fois sytaliens, helléniques mais aussi celtes, germaniques et tatares. Fransoviac était alors le point névralgique de tout le commerce de l'Eurysie centrale pendant plusieurs siècles. De plus, c'était une ville bien gardée, les fondations de la ville montrant les imposantes palissades sytaliennes comme plus imposants encore que les oppidums celtiques plus à l'ouest du continent ce qui montre que les Sytaliens étaient certainement un peuple très adaptatif, capable de vivre dans un mode de vie nomade mais aussi capable de se sédentariser et de construire de grandes bâtisses. On pense que durant ce siècle-là, Fransoviac était certainement la ville la mieux fortifiée du continent et sa population était également très dense par rapport aux villes antiques contemporaines. La découverte de Fransoviac et de son antique démontre tout de même une grande fertilité de l'Eurysie centrale et de ses grandes plaines à l'époque pour qu'une population aussi grande puisse s'y installer.
A partir de -195, on a la trace officielle d'un premier royaume sytalien réellement émergent avec Fransoviac pour centre de pouvoir. Ce royaume, nommé par les historiens rémiens le Royaume Thucylisien, était un imposant royaume semi-urbain et semi-nomade qui était surtout redoutée pour ses conquêtes d'une part et par la férocité habituelle du style de guerre des Sytaliens. Dès -187, les Thucylisiens vont s'étendre dans tout l'est de l'Estalie actuelle, soumettant les royaumes et tribus sytaliennes en déclin une à une jusqu'à atteindre la côte orientale eurysienne en -154 sous l'égide du Roi Usus II. C'est alors l'apogée de ce que l'on nomme rapidement l'Empire Thucylisien.
Comme la plupart des empires de la steppe néanmoins, l'Empire Thucylisien va rapidement s'avérer instable à contrôler et gérer pour ses nouveaux conquérants. En effet, à part l'ouest de l'Empire, les populations côtières étaient souvent des petites cités états sédentaires à la culture très différente de celles des Thucylisiens. Ainsi, l'Empire va subir une première période de déclin à la mort du fils d'Usus II, Hammurab Ier, en -109. A la mort d'Hammurab, celui-ci n'a aucun héritier légitime à faire succéder au trône impérial : son fils unique est mort d'une chute de cheval durant l'été -111 et entre temps, il n'a pas eu de nouvel héritier. S'engage alors la guerre de succession thucylisienne entre -109 et -95 entre les favoris d'Hammurab, notamment ses généraux. La guerre de succession est violente et touche quasiment tout l'Empire. Les cités côtières orientales réussissent à reprendre leur indépendance au milieu des affrontements entre Sytaliens. La guerre oppose trois anciens généraux d'Hammurab : Frankovi (qui contrôle rapidement Fransoviac et l'ouest de l'Empire, se remariant avec la veuve d'Hammurab pour asseoir sa légitimité), Usus au sud-est et Kurioka au centre et l'est du territoire.
En brun : Frankovi / en rouge : Kurioka / en bleu : Usus.
La guerre de succession est probablement une des plus grandes guerres à grande échelle qui ait secoué alors l'Eurysie centrale slavo-tatare dans l'histoire même de cette partie du continent. En effet, en plus des Sytaliens eux-mêmes qui composaient la grande majorité des troupes des trois prétendants au trône impérial (ainsi que leur violence coutumière envers leurs adversaires comme avec les civils sur place), les trois armées vont aussi engager un grand lot de mercenaires et d'auxiliaires venus de toute l'Eurysie, notamment des auxiliaires rémiens et helléniques et des mercenaires germaniques. La guerre fut donc certainement très violente, débutant en -109 par une première campagne de Frankovi contre la ville de Glusia appartenant à Kurioka. Les Sytaliens n'étant que peu accoutumés à la guerre de sièges, ils vont beaucoup faire appel à des ingénieurs militaires rémiens pour guider leurs sièges. Glusia fut rapidement prise et exposait alors toute la steppe occidentale de Kurioka qui décida de contre-attaquer. Durant l'hiver -109/-108, il va décider de prendre l'initiative et d'attaquer le camp retranché de l'armée de Frankovi dans les alentours de la petite ville de Calusia. En cette saison hivernale, surtout cet hiver qui est particulièrement rude, les Sytaliens ont tendance à mettre fin aux combats pour reposer leurs montures et s'occuper en partie de leur bétail. La bataille de Calusia est donc une affaire de pure ruse de la part de Kurioka qui brise la tradition centenaire des Sytaliens. Même d'un point de vue tactique, il surprend tout le monde en menant en début d'engagement une charge générale de sa cavalerie lourde. Les soldats de Frankovi sont tout bonnement massacrés, n'ayant pas le temps de saisir leurs montures, une partie des hommes sont à l'extérieur du camp et sont poursuivis comme des bêtes sauvages par les cavaliers légers de Kurioka. La défaite est humiliante pour Frankovi mais celui-ci réussit à rétablir ses réserves l'année suivante et commence en premier à engager des mercenaires non-sytaliens, notamment des hoplites helléniques afin de parer les charges de cavalerie de Kurioka. Malgré sa victoire reluisante à Calusia, Kurioka ne peut reprendre Glusia dans la foulée. Ainsi, une seconde campagne s'engage en -108. Cette fois-ci, les deux armées, fortes d'environ 45 000 hommes chacun, s'affrontent à la bataille de Paidrac. La bataille est d'une boucherie sans nom entre les deux camps et tandis que les flèches pleuvent et accumulent les blessés dans les deux camps, la charge finale des deux cavaleries aristocratiques s'accompagne d'une véritable joute entre fantassins helléniques et rémiens (Kurioka engageant à son tour des Rémiens pour contrer les phalanges helléniques).
Finalement, au bout d'une lutte acharnée entre les deux adversaires, Kurioka finit par remporter définitivement la décision et réussit même à tuer le fils cadet de Frankovi alors à la bataille en écrasant le flanc droit par une manœuvre surprise. Cette victoire, une fois de plus, ne permet pas à Kurioka d'exploiter pleinement son succès étant donné que Frankovi prépare déjà une nouvelle armée pour poursuivre une troisième campagne et Usus commence à progresser lui aussi. Engageant des pirates rémiens, Usus réussit à s'emparer de toute la côte de l'Empire et les villes côtières clés de la région. Pleinement appuyé sur la côte, Usus peut maintenant mener deux armées pour ratisser l'est du territoire de Kurioka. L'après-bataille de Paidrac est une suite de campagnes et de contre-campagnes de pillage entre les trois belligérants, chacun n'ayant pas les moyens de mener des sièges à grande échelle sur les villes de leurs opposants. Cette situation dure jusqu'en -101 lorsque Frankovi est assassiné. Son fils aîné, amputé d'un bras à la suite d'une escarmouche en -103, est à peine respecté (les amputés dans la société sytalienne sont vus comme des indésirables car ne pouvant plus monter convenablement à cheval) par ses pairs et même sa belle-mère, Jakila (la veuve d'Hammurab) le rejette. Jakila, voyant que le fils de Frankovi n'a pas la stature de devenir empereur, elle coopère avec les conspirateurs nobles de la capitale qui assassinent le fils de Frankovi peu après. La mort de la lignée de Frankovi laisse le suspend du successeur que les conspirateurs vont nommer. Détestant la politique de Kurioka qui promouvait le partage des pâturages et cherche à protéger la petite paysannerie (qu'il considère comme le squelette de l'économie et des levées militaires), ils se rallient à Usus qui s'attache davantage à défendre la caste de la noblesse plutôt qu'à assurer les intérêts de l'Empire avant tout. Kurioka profite de l'agitation et dès -100, Glusia lui ouvre les portes par la ruse et Kurioka entre dans la deuxième plus grande ville du pays sans combattre. Puis en -99, il mène une campagne victorieuse contre les armées mal dirigées anciennement fidèles à Frankovi dont la mort a laissé un vide absolu dans la cohésion militaire de ses troupes. Cette campagne s'achève en -98 par la prise et le sac de Fransoviac, Kurioka ordonnant le massacre pur et simple de la population qu'il considère comme mondaine et corrompue par les Dieux pour avoir expressément tenter de s'en prendre à l'unité impériale. En -97, il retourne la totalité de son dispositif militaire contre Usus. Finalement, en -95, Usus meurt de maladie, peut-être de la grippe, et ne laisse aucun descendant derrière lui. Lassés par plus d'une décennie de guerres, les partisans d'Usus donnent leur reddition et reconnaissent définitivement Kurioka comme l'empereur légitime des Thucylisiens.
Kurioka fut un grand empereur : il va réformer la justice, promouvoir le pouvoir économique des petits propriétaires agraires, pousser à la sédentarisation des Sytaliens, favoriser le commerce des grandes villes mais surtout, il va conserver l'intégrité de l'Empire. En effet, après cette sanglante guerre de succession, l'Empire est affaibli et nombreux sont les peuples minoritaires et les cités aux abords de l'Empire qui souhaitent se détacher de l'autorité impériale ou décident de ne pas renouveler leur tribut envers l'Empire, alors source de financement importante pour l'empereur. Kurioka va donc mener plusieurs campagnes de répression au cours de son règne afin de conserver l'intégrité territoriale de l'Empire et en soumettant aux tribus les peuplades alentours, préférant les soumettre à un tribut rémunérateur plutôt qu'à dépenser inutilement dans la pacification et la conservation de ces territoires. Finalement, Kurioka meurt en -78 et est succédé par son fils, Kurioka II. Celui-ci, fort d'un Empire consolidé par son père, va surtout combattre l'expansion rémienne qui commence à se sentir. Tandis que l'actuelle Sitadie tombe aux mains des Rémiens durant cette même période, Kurioka II tente de prendre la région aux Rémiens pour que celle-ci agisse comme Etat tampon entre les deux empires. La géographie locale et l'utilisation d'auxiliaires sitades connaissant bien la région par les Rémiens permet à ces derniers de repousser successivement quatre campagnes thucylisiennes entre -75 et -58. Finalement, Kurioka meurt durant sa dernière campagne en Sitadie en -58 face aux troupes rémiennes qui capturent et assassinent Kurioka II durant sa captivité, croyant à tort que celui-ci n'avait pas de descendant. Les Rémiens avaient étés trompés par de fausses rumeurs dans les faits et à sa mort, Kurioka II est succédé par son fils de 17 ans, Ctésofa.
Ctésofa était jeune lorsque les Rémiens décidèrent de lancer une expédition punitive contre les Thucylisiens en -56 afin de s'emparer des régions côtières impériales. Sur mer, les Thucylisiens sont rapidement dominés par les Rémiens mais sur terre, la logistique rémienne est catastrophique et Ctésofa se révèle rapidement comme un solide tacticien en ce qui concerne le harcèlement de troupes. Les Rémiens tenteront de prendre plusieurs villes côtières mais à chaque fois, le blocus terrestre est violé en permanence par la cavalerie sytalienne qui reste hors de portée des armes rémiennes. Finalement, la mort du consul menant la campagne en -54 obligent les Rémiens à rebrousser chemin. Ces derniers reviendront néanmoins en -51. Une fois de plus, ils seront écrasés à la bataille de Cara, les légions rémiennes étant encerclées par la cavalerie légère thucylisienne avant d'être copieusement massacrée par la charge finale des cavaliers lourds. La bataille de Cara fut si catastrophique pour les Rémiens que cela engendra des troubles politiques au sein même de l'Empire, ce qui permit aux Thucylisiens de vivre en paix pendant quelques décennies. Sous le règne de Ctésofa, les Rémiens ne tenteront plus aucune expédition après Cara et Ctésofa put alors se consacrer au développement économique de son empire, développant notamment un remarquable système postal et commençant à investir dans une marine de guerre pour au moins protéger les côtes des pirates.
En -17, Ctésofa meurt et est succédé par son fils Kurioka III. Cependant, celui-ci doit faire face à l'opportunisme rémien habituel. Contrairement à son père, Kurioka III n'est pas un brillant stratège et ne peut empêcher la perte de la façade côtière de l'Empire en -16. Les Thucylisiens entrèrent sous son règne dans la seconde et dernière phase de déclin de l'Empire. En effet, la perte de la côte orientale va lourdement affecter le commerce avec l'Empire et les Rémiens, afin d'affaiblir leurs rivaux, vont bloquer les routes commerciales menant au sud de l'Eurysie et à l'Afarée. Ne devant plus que commercer avec les Germains à l'ouest, les Thucylisiens subissent une brutale dépression économique suivi d'un retrait du tribut de la plupart des peuplades avoisinantes. Kurioka III, incapable de rétablir la situation, sombre alors dans la paresse mondaine de la capitale tandis que les tribus sytaliennes qui composent la base de soutien primordiale de l'empereur gagnent en autonomie. La perte de moyens financiers de l'administration impériale permet à des satrapes locaux de gagner en autonomie et ces derniers agissent parfois dans une indépendance complète. La crise sociale et politique provoquée par l'inaction de Kurioka III va finalement mener l'empire à sa chute. En l'an 18; Kurioka III est assassiné par sa propre Cour et est remplacé par un général populiste, Usus, qui se proclame empereur en tant qu'Usus III. Ce Coup d'Etat ne provoque pas une guerre civile immédiate, Usus III réussissant à réprimer une partie des satrapes sans forcément les éliminer complètement. Les Rémiens décident alors d'achever cet empire gênant en l'an 25 en menant une campagne éclair visant Fransoviac, la capitale impériale. A la bataille de Glosovia, alors que les Thucylisiens sont en claire supériorité numérique face aux Rémiens, Usus III n'arrive pas à s'entendre avec les satrapes qui dirigent chacun leurs propres armées et qui s'arrachent la gloire de la victoire alors que la bataille n'est même pas encore engagée. La désorganisation et l'indécision thucylisienne profite aux Rémiens qui chargent le dispositif trop serré des Thucylisiens. Le combat qui s'ensuit est un massacre abominable, la noblesse sytalienne est massacrée par les légionnaires et la cavalerie lourde rémienne.
On ne sait pas vraiment ce qu'il advient d'Usus III après la bataille. Certains disent qu'il serait reparti à Fransoviac pour organiser la défense de la capitale, d'autres disent qu'il aurait été capturé et exécuté par les Rémiens, d'autres encore qu'il aurait été trahi et assassiné avant la bataille par un satrape avec qui il aurait eu une discorde personnelle mais il est tout simplement plus probable qu'il soit mort au combat comme beaucoup de nobles et de satrapes au cours de la bataille. En l'an 26, les Rémiens finissent par prendre l'imposante Fransoviac et rasent la ville. La capitale impériale est rasée de la carte et l'empire, lui, s'effondre définitivement et disparaît.
De la chute de l'Empire aux Premiers Slaves (Ier- IIIe siècle apr. J-C) :
La suite de l'histoire de l'actuelle Estalie après la chute de l'Empire Thucylisien est assez flou en ce qui concerne les sources rémiennes sur le sujet. Néanmoins, il est probable que la région a continué à être dominée par les Sytaliens pendant un moment encore, notamment par les descendants des satrapes de la fin de l'Empire qui fondèrent à leur tour des petites principautés essayant de reprendre péniblement le même modèle semi-nomade et semi-urbain de l'Empire sans vraiment égaler son fonctionnement dans sa forme antérieure. Certaines tribus sytaliennes sont revenues aux vieilles traditions nomades et continuèrent de mener des guerres entre eux, ne s'attaquant que rarement aux limes de l'Empire Rémien. On sait également que Fransoviac fut reconstruite quelques décennies après sa destruction par les Rémiens. Enfin, d'un point ethnologique, il semblerait que les Sytaliens aient finis par se mélanger à d'autres peuples de la steppe venus de l'est, menant petit à petit fin à l'identité culturelle sytalienne et se syncrétisant avec la culture d'autres peuples d'origine turcique. En Estalie, il semblerait que les Sytaliens présents aient abandonnés leur mode de vie nomade et se soit entièrement sédentarisés.
Cette situation durera jusqu'à la fin de l'Antiquité classique. A partir du III-IVe siècle, la région de l'actuelle Estalie va voir apparaître une nouvelle peuplade qui va devenir l'ethnie majoritaire de l'Estalie : le peuple slave.
Posté le : 13 jui. 2024 à 00:10:46
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Jozef Guduniak, historien estalien (1924-1998).
Il serait inconvenant de parler de l'histoire estalienne sans aborder un des points les plus controversés de l'histoire de l'Eurysie centrale : d'où viennent les Slaves ? Les historiens ont évidemment émis plusieurs théories et ont tentés de retracer l'histoire génétique des Slaves pour comprendre leurs origines. Il existe donc plusieurs théories à leur sujet, parfois contredites par les études scientifiques ou par des sources historiographiques qui nous viennent tout droit des auteurs helléniques et rémiens qui font mention des Slaves dès le Ier siècle après J-C. Des théories suggèrent plusieurs choix de provenance de l'est de l'Eurysie, la plus populaire considère que les Slaves étaient issus de peuples proto-slaves situés dans une périphérie entre le Prodnov et le Rusgorod actuel ainsi que le sud de ces deux Etats mentionnés, les montagnes samariennes et le nord de la Kartvélie actuel (où il est très tôt fait mention de peuples slaves vivant au nord, même si les historiens pensent plus probablement à des Proto-Slaves plutôt qu'à un peuple véritablement slave au sens médiéval du terme), comme on a pu le constater dans certaines sources sytaliennes. Il aurait été alors possible que des peuples mongoloïdes venus de l'est auraient déferlés sur la région et aient séparés les peuples locaux entre une partie qui se refugia plus en amont de la côte et une autre partie qui migra au sud-ouest. C'est certainement la théorie qui est la plus en vogue dans l'historiographie moderne mais depuis presque quarante ans, l'historiographie estalienne semble développer une autre théorie.
En effet, il semblerait que les premières traces d'une écriture cyrillique slave et donc des premiers écrits de la culture slave moderne aient étés retrouvés à l'ouest de l'Estalie moderne, aussi appelée l'Horistia. Non seulement on sait que les Slaves avaient tendance à emprunter une certaine étymologie hellénique dans la construction de leur langage et dans ce cas-là, on peut postuler que l'apparition des Slaves en tant que tels se soit déroulé plus au sud de l'Eurysie. De surcroît, on peut ajouter plusieurs points quant à cette théorie : que les Mongoloïdes qui auraient étés la source de la première grande migration proto-slave soient des Sytaliens ou des descendants de ceux-ci et que certaines sources sytaliennes affirment que des peuples "qu'ils avaient pourtant chassés aux quatre coins de la Terre" se soient refugiés dans l'Horistia moderne, bloquant toute expansion des Sytaliens à l'ouest de Fransoviac. Autre point : peu après le sac de Fransoviac par les Rémiens, on note une vague d'immigration inattendue venant de l'ouest et en peu de temps, la quasi-totalité de la région se sédentarise, ce qui est très inhabituel pour un peuple semi-nomade comme les Sytaliens. Enfin, l'emplacement de l'Estalie est stratégique et expliquerait les épisodes d'invasions slaves successives des territoires germaniques de l'Eurysie centrale dans la même période et dans les siècles qui suivront. En bref, l'historiographie estalienne considère que si les proto-slaves proviennent certainement de l'est de l'Eurysie orientale, la véritable culture slave est apparue en Horistia. Vu comme une théorie révisionniste, l'hypothèse n'est pourtant pas ignorée et sert encore aujourd'hui d'identité nationale forte aux Estaliens qui se considèrent toujours comme les gardiens de la culture slave, eux qui en seraient les dignes fondateurs.
Au-delà de l'apparition ethnique des Slaves dans une région à la fois fortement protégée au sens géographique dans l'Horistia sauvage, sur le plan politique, les Premiers Slaves s'organisaient sous la forme d'une confédération tribale. Ainsi, durant plusieurs siècles, la confédération tribale dite des Slavovites va dominer politiquement l'Horistia et mener régulièrement des raids dévastateurs à l'ouest comme à l'est. Il semblerait par ailleurs que les Slavovites soient à l'origine de la destruction du dernier satrape sytalien de la ville actuelle de Gardinov vers l'an 204, terminant ainsi le long règne de ce peuple sur la région depuis des siècles.
La confédération tribale des Slavovites fonctionne de telle façon pour que les Slavovites, de manière générale, restent souvent unis face aux menaces extérieures. Ce qui explique certainement le recensement d'un nombre finalement peu élevé de conflits à l'intérieur du territoire des tribus slavovites, souvent car combattre des tribus appauvris étaient moins rentables pour les guerriers de ces tribus que s'unir pour piller les peuplades avoisinantes. Souvent, les tribus en tant que telles s'établissaient autour d'un lien du sang concret ou imaginaire, d'un ancêtre commun ou d'une proximité géographique évidente. Chaque tribu était divisé dans un ordre très simple entre clans. Ces clans, plus ou moins nombreux en fonction des tribus, permettaient notamment à la tribu d'être fonctionnelle militairement. En effet, en cas de guerre, les clans contribuaient de façon équitable aux troupes partant en guerre et contribuaient également de la même façon à la défense de leurs colonies. Chaque tribu était dirigé par un chef de tribu, lui-même élu à la majorité par l'assemblée des chefs de clans. Même s'il était chef de tribu, le chef élu n'avait pourtant qu'un pouvoir nominal sur les autres chefs de clans, ceux-ci pouvant se faire la guerre et nouer des alliances au gré de leur volonté. Le seul rôle du chef de tribu consiste uniquement à garantir l'existence éternelle des clans qui composent la tribu (de façon métaphorique, bien souvent les clans disparaissaient ou se construisaient au gré des chefs, des disputes familiales ou de l'agrandissement des clans qui menait inéluctablement à leur division) et à coordonner les clans lors des guerres extérieures à la tribu. Quant à la confédération en elle-même, c'était surtout un réseau d'alliances tacites animées principalement par le lien du sang et la tradition religieuse dans laquelle les Slavovites étaient intimement convaincus qu'ils se devaient mutuelle assistance contre les étrangers. Ainsi, la confédération était surtout un amas d'accords de fraternité, de solidarité et de défense mutuelle entre les tribus de la région. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'Horistia fut toujours impossible à envahir pour les envahisseurs étrangers durant cette période. La connaissance du terrain, l'unité des Slavovites quand il s'agit de combattre un ennemi commun, la difficulté du relief et surtout la manière de combattre des Slavovites écartait naturellement les envahisseurs.
En effet, l'art de la guerre slavovite était particulier mais en même temps dévastateur pour tous ceux qui les affrontaient. Tout d'abord, il est étonnant de constater qu'étant donné le faible nombre de chevaux en Horistia, les Slavovites étaient rarement des cavaliers (même si leurs compétences équestres n'avaient pas à rougir des peuples qui les entouraient) donc la majorité de leurs troupes se trouvaient à pied. Pour autant, même sans chevaux, les Slavovites avaient une grande facilité à se disperser en petits groupes pour piller efficacement et rapidement des régions entières, empêchant généralement l'ennemi de riposter efficacement et de limiter sévèrement les pertes en cas de combat. Car oui, les Slavovites n'étaient pas nombreux compte tenu de la démographie de leur terre natale, ils se battaient souvent contre des peuples aux zones bien plus fertiles et donc favorable à la croissance démographique et capables de lever de plus amples armées. Pour autant, même en infériorité numérique constante, les Slavovites étaient redoutés à la guerre. En effet, ces derniers avaient développés une guérilla très efficace dans les marais, les montagnes et les forêts denses où ils se réfugiaient généralement lorsque les armées ennemies contre-attaquaient après un pillage. Les guerriers slavovites se battaient généralement avec des boucliers ronds, au javelot, à la lance ou avec un arc. Rares étaient les haches ou les épées, ces armes étant généralement réservés à la haute noblesse et aux guerriers les plus expérimentés. De plus, même si les Slavovites étaient surtout redoutés pour la petite guerre qu'ils menaient en permanence contre des armées plus importantes, cela n'empêchait nullement les Slavovites d'être victorieux lors des batailles rangées. Bien souvent, la tactique slavovite consistait généralement à écraser les flancs adverses afin d'encercler le centre et de l'écraser à son tour. Pour cela, les Slavovites disposaient un centre assez mince qui retenait aisément grâce à un mur de boucliers le centre ennemi alors bien plus nombreux tandis que les ailes, souvent plus dégarnies que le centre, devaient lutter contre la terrifiante charge du gros de l'infanterie slavovite. Bien souvent, les Slavovites étaient victorieux au combat dans des combats en infériorité numérique bien souvent. Ainsi, leur valeur au combat était très reconnue durant l'Antiquité tardive et les Rémiens eux-mêmes engageront les Slavovites comme mercenaires pendant des siècles.
Sur le reste, il est évident que les Slavovites étaient très largement polythéiste dans une région qui était empreint très largement du paganisme slave. On sait que le paganisme slave sur lequel se tournait les Slavovites était probablement la version la plus authentique du paganisme slave d'antan (beaucoup de pays slaves passés à la religion chrétienne ont souvent détruits les artefacts païens, or on sait que les Slavovites sont le peuple slave qui a conservé le plus longtemps sa tradition polythéiste païenne dans une Eurysie alors très christianisée) avec un culte des ancêtres omniprésent. On sait aussi que la religion païenne slave était très animiste, anthropomorphique envers les objets de la nature dont les Slavovites appréciaient la nature soi-disant divine. Contrairement à beaucoup de polythéismes de l'époque, le paganisme slave n'avait pas de panthéon structuré, celui-ci se construisait au gré des évènements de ce que les Slavovites nommaient les esprits ou les démons de la nature à qui les Slavovites donnaient des noms différents en fonction des siècles. Si on sait également d'autres peuplades slaves ultérieures que le paganisme slave a fait preuve de beaucoup de syncrétisme, ça n'a pas été le cas du paganisme slavovite qui rejetait de façon systématique les apports des polythéismes étrangers, ce qui rend le paganisme slavovite assez authentique, sauvegardé des influences polythéistes extérieurs comme le panthéon hellénique par exemple.
Enfin, on sait des sources de traduction rémiennes que la tradition juridique des Slavovites était principalement orale, l'écrit y était rarément pratiqué en dehors du commerce et de certains traités qui ont étés écrits généralement par des chroniqueurs étrangers ayant côtoyés les Slavovites. Le droit oral stipulait généralement que le chef de tribu, aussi nommé le prince dans la langue slave, était le chef de l'armée et avait des devoirs comme celui de protéger son peuple, décider de la teneur des procès, réglementer le commerce, décider de la paix ou de la guerre et de construire de nouvelles colonies fortifiées (qui deviendront les futures villes de la région). Ce traité oral, nommé par les Rémiens "Le Traité Slavovite" sous un air péjoratif à la base, était sacré pour la société slavovite et le prince qui était surpris en train de violer le traité pouvait être légitimement exécuté par ses pairs.
L'ère chaotique (Ve-VIIIe siècle) :
La confédération slavovite n'a évidemment pas été éternelle et a fini par s'effondrer à son tour. Les raisons sous-jacentes de l'effondrement complet de la confédération sont peu claires mais plusieurs raisons sont évoquées, souvent de façon simultanée. Tout d'abord, une guerre fraternelle destructrice qui aurait eu lieu entre la tribu dite des Norkad, une célèbre tribu reconnue surtout pour avoir terrifié la Tcharnovie et
les peuplades alentours durant l'Ere du Chaos, et la tribu des Korad, une tribu qui avait été connue pour être le principal fournisseur de mercenaires slavovites aux Rémiens. Or, vers le début du Ve siècle, la guerre d'indépendance novirienne d'Antov le Libérateur contre les Rémiens bouleverse grandement les affaires entre les Korad et les Rémiens et rapidement, les Rémiens n'ont plus les moyens de payer les Korad. Ceux-ci, perdant leur seul source de revenus profitable depuis des siècles, ne peuvent pas se tourner vers les Noviriens, alors trop puissants pour eux seuls (les autres tribus refusant de les aider). Alors les Korad se tournent vers les Norkad, qui ont récemment pillés la Tcharnovie et qui ont amassés une large fortune grâce à cela (et aux mines d'or qui commençaient à se développer à cette époque). Envieux, le chef des Korad, qui était le cousin germain du chef des Norkad, aurait assassiné ce dernier de façon déloyale et aurait lancé ses troupes sur les villages des Norkad pour y massacrer hommes, femmes et enfants. Les deux tribus vont se chercher des alliés pendant toute la guerre fratricide, menant à une dislocation progressive de la confédération et à la guerre entre Slavovites. Une autre raison fut certainement l'ère d'instabilité qui secouait la région. En effet, les alentours de l'Horistia avaient étés fortifiés au fil des siècles et les pillages moins rentables face aux fortifications adverses. Les Slavovites, peu expérimentés dans la guerre de siège, ne pouvaient que se briser les dents sur les murailles adverses. Les pillages avaient donc réduits au cours du IVe siècle pour laisser place au commerce. Or, l'instabilité liée à la chute de l'Empire Rémien et aux grandes migrations des populations nomades de l'est va réduire à néant le commerce et ruiner les Slavivotes. Enfin, en 401, une peste bubonique particulièrement sévère touche toute la confédération et tuent de nombreuses personnes dans une région déjà fort peu peuplée.
La guerre fratricide entre les Korad et les Norkad continuera pendant presque un siècle avant que finalement, les deux tribus finissent par disparaître presque au même moment lorsque leurs chefs respectifs décèderont durant la grande bataille de Volursk en 498 où la majorité des guerriers présents s'entretueront presque tous dans un des bains de sang les plus horribles et pourtant peu étudié du Haut Moyen-Age. La bataille marque la fin de la période tribale des Slavivotes qui, en conséquence de cette bataille sanglante, vont accepter d'importer des idées étrangères à leur système politique. C'est à cette période que les Slavivotes vont subir deux changements majeurs. Le premier est la découverte et l'adoption relativement précoce d'une forme de féodalisme, on voit apparaître des duchés, des comtés et autres principautés dans l'Horistia. Le second évènement sera le début des échanges démographiques plus intenses entre l'Horistia et les plaines fertiles à l'est de l'actuelle Estalie. C'est à cette époque que l'Horistia va débuter sa première phase de développement économique la plus intense dans une caractéristique très visible chez les géologues qui étudient l'histoire naturelle de l'Horistia : l'apport des peuplades slaves de l'est va mener à une marche en avant de l'agriculture. La région, alors densément boisée, est défrichée à grande vitesse et l'Horistia, autrefois une grande forêt entourée de vastes montagnes, est devenue rapidement en quelques décennies une grande vallée fertile entourée de montagnes (sauf les régions frontalières de l'Horistia qui sont restées densément boisées, artefact historique de ce que fut naturellement autrefois la région). Ce changement de relief et l'explosion démographique apportée par la généralisation massive de l'agriculture permet rapidement aux petites féodalités présentes dans la région de lever de grandes armées. Les Slavovites avaient perdus en revanche leur art à faire de la guérilla et privilégiait désormais les méthodes de combat plus rémiennes et latines, misant toujours sur une infanterie solide mais qui était désormais lourdement équipée d'épées et de haches, d'armures lourdes et surtout, c'est à cette période que les Slavovites vont développer une cavalerie de choc redoutable utilisant souvent des haches à deux mains leur permettant de faucher littéralement des dizaines d'ennemis en une seule charge. Si d'un point de vue politique, l'Horistia et même l'est de l'Estalie stagnent dans des conflits et des alliances constantes entre les seigneurs de la région qui tentent chacun de s'accaparer du pouvoir supplémentaire ou de maintenir simplement l'équilibre des forces, l'art de la guerre slavovite va subir une telle révolution dans sa façon de procéder. Une façon de faire que les universitaires médiévaux vont contester mais force est de constater que cette nouvelle façon de se battre fera la force des Slavovites puis des Estaliens face aux royaumes étrangers, faisant de ces guerriers parmi les plus redoutés du Moyen-Age eurysien.
Posté le : 27 août 2024 à 23:54:51
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Jozef Guduniak, historien estalien (1924-1998).
L'arrivée d'Estan le Grand en terre slavovite (750-781):
Les pistes de l'origine d'Estan le Grand sont assez vagues pour la plupart. La plupart des sources font état qu'Estan viendrait de l'ouest féodal. On peut imaginer que ces sources semblent les plus prometteuses et les plus sérieuses du fait des récits à propos d'Estant, que ce soit son mode de vie largement rattaché aux coutumes germaniques ou simplement la description dont en faisait les chroniqueurs de l'époque. Plusieurs pistes nous poussent à penser qu'Estan n'était pas slavovite : les chroniqueurs insistaient sur plusieurs points, notamment sur son absence d'appartenance à aucun des anciens clans ancestraux slavovites qui régnaient en tant que seigneurs féodaux dans l'Horistia, l'insistance sur sa provenance en dehors des querelles des seigneurs locaux ainsi que le dialogue énoncé par un des chroniqueurs entre Estan le Grand et un missionnaire de l'église de Juxins, celui-ci racontant comment Estan semblait très au fait de la religion chrétienne et semblait parler le même langage. Or, à l'époque, l'absence total de système éducatif commun entre les royaumes chrétiens occidentaux et les duchés d'Horistia slavovites ne pouvait signifier qu'une seule chose, c'est que Estan devait certainement avoir vécu un certain temps en terre chrétienne pour avoir appris leur langue et avoir des connaissances pertinentes sur le christianisme.
Les contes médiévaux de l'époque ne mentionnent qu'assez mal les débuts d'Estan le Grand en terre estalienne et le pourquoi du comment de son ascension, du moins en dehors des récits mythologiques. Le récit mythologique le plus commun des débuts d'Estan raconte qu'Estan, récemment arrivé en terre estalienne, avait amené avec lui une cohorte d'esclaves qu'il avait réussi à obtenir grâce à ses talents de guerrier-mercenaire en dehors des terres estaliennes. Tombé amoureux du culte païen slavovite, il aurait gravi les collines du Krenaya dans l'unique but de trouver un point en hauteur suffisamment haut pour montrer aux dieux son adoration par le sacrifice d'une partie des esclaves qu'il avait ramené. Alors Skyria, Dieu des Cieux, serait alors intervenu pour empêcher le sacrifice des esclaves d'Estan. Au lieu de cela, face à l'amour et la fidélité pure d'Estan envers les dieux, Skyria lui accorda le mandat divin de fonder le Royaume d'Estalie afin d'unir les "Vrais Slaves" sous une seule bannière et mettre fin au dessein des seigneurs féodaux slavovites empêtrés dans des guerres féodales permanentes, à la recherche de pouvoir et de terres pour agrandir leurs duchés. Skyria était exaspéré des guerres permanentes entre les Slavovites et Estan serait alors le remède à la civilisation des Premiers Slaves et, à travers ses qualités guerrières, son charisme inébranlable, ses compétences d'intendance et son amour inconditionnel aux dieux, il serait l'unificateur de l'Estalie, le Royaume des Dieux Slaves contre les hérésies étrangères.
Pour les historiens, il est au moins clair que ce récit mythologique révèle certaines informations véritables sur Estan : ce dernier était visiblement un mercenaire étranger et selon toute vraisemblance, il devait certainement être venu avec une cohorte d'esclaves mais aussi de colons et de soldats à la recherche d'une vie meilleure et d'un pouvoir plus large dans une région isolée des grands royaumes occidentaux et où tout semblait possible. La région était déjà connue pour sa production minière massive en or et les duchés et comtes de l'Horistia ne se gênaient absolument pas, pour financer leurs guerres, à vendre massivement l'or extrait en dehors de la région, ce qui fit de l'Horistia la plaque tournante du commerce aurifère de l'Eurysie centrale pendant près de trois siècles. Quant à la chronologie exacte des évènements, on sait que Mistohir a été fondé dans les alentours de 750 ce qui correspond certainement avec le début du Royaume d'Estalie en lui-même et des conquêtes territoriales d'Estan le Grand.
On en sait cependant bien plus que sur les moyens qu'Estan a utilisé pour parvenir à la fondation de son Royaume en tant que tel. Tout d'abord, en cette période, le christianisme orthodoxe avait déjà commencé à infiltrer l'Horistia et à remplacer petit à petit le paganisme slave traditionnel des Slavovites. De ce fait, en se revendiquant comme le protecteur de la foi paganiste slave, Estan réussit à rallier à sa cause un grand nombre de guerriers et de soutiens au sein des duchés où les ducs s'étaient déjà convertis au christianisme pour la plupart et avaient donnés des prérogatives importantes à l'église de Juxins qui exerçait alors une grande influence sur la poussée du christianisme dans la région. C'est ainsi que Estan put largement exploiter cette faille parmi les sujets du duc de Bolioska lorsqu'en 758, Estan le Grand va remonter la Prioka jusqu'à la ville minière principale de l'Horistia. Dès lors, alors que les villages se révoltaient contre le duc chrétien de Bolioska, Estan trouvait des partisans parmi les murailles des châteaux et fiefs du duché, ce qui lui permit de prendre simultanément plusieurs places fortes par la ruse, parfois sans même combattre. Ainsi, en 759, lorsque les troupes d'Estan assiègent la ville de Bolioska, la résistance des troupes ducales sont assez faibles, rapidement minés par la désertion des soldats paganistes, ne laissant qu'une faible minorité de guerriers chrétiens pour défendre la ville qui est rapidement prise. La flambeau du paganisme slave qu'utilisait habilement Estan était relativement efficace contre les seigneurs chrétiens de la région, lui permettant ainsi de causer la discorde dans les rangs adverses et d'utiliser la religion comme moyen de pression sur les éventuels partisans lors des batailles et des sièges.
Néanmoins, Estan ne comptait pas uniquement sur la ferveur religieuse du paganisme local étant donné qu'il devait aussi combattre des seigneurs eux aussi paganistes avec des armées généralement fidèles à leur seigneur. Dès lors, il fallait innover. En effet, après la prise de Bolioska, Estan avait formé un fief riche en ressources dans le nord de l'Horistia mais manquait généralement d'hommes. C'était souvent le plus gros problème des seigneurs féodaux de la région : celle-ci, malgré l'accélération démographique liée à la déforestation et l'agriculture, l'Horistia n'était que faiblement peuplée par rapport à ses voisins et chaque homme tué au combat était difficile à remplacer. Or, les batailles telles que les Slavovites avaient l'habitude de faire, étaient généralement très meurtrières, même pour les standards médiévaux eurysiens de l'époque. On évitait souvent donc les batailles rangées et on préférait dès lors la petite guerre, moins chère humainement. Néanmoins, pour Estan, la petite guerre était longue et coûteuse sur le long terme car elle ciblait surtout les populations civiles et donc le coeur de l'économie de ses territoires. Or, la richesse était alors la seule grande différence entre Estan et ses rivaux locaux, il devait conserver cet atout, quitte à obliger l'ennemi à accepter une bataille rangée en réunissant de grandes armées visant directement les capitales de ses adverses, de sorte à ce qu'ils s'obligent à riposter en mobilisant à leur tour toutes leurs forces.
C'est là qu'Estan tire son épingle du jeu : Bolioska devenant rapidement sous son règne un grand gisement d'or qui lui permet d'enrichir rapidement les caisses de la Couronne, il décide d'utiliser ces richesses dans la formation d'une cavalerie lourde, étrangement ressemblante à la chevalerie ouest-eurysienne. Cette cavalerie, largement protégée et lourdement équipée, était bien mieux équipé que la plupart des unités slavovites de l'époque. En effet, malgré leur vaillance, les Slavovites n'avaient que peu d'expérience dans la lutte contre la cavalerie et étaient parfois faiblement armés pour parer les charges de cavalerie lourde, n'ayant jamais vraiment eu affaire à des forces de cavalerie lourde coordonnées et ayant toujours privilégié entre eux la cavalerie légère plus adaptée à leur façon de combattre. Sauf que pour Estan, la cavalerie lourde constituait le coeur même de sa force armée et il y prêtait une attention particulière à leur formation et leur coordination au coeur des combats. C'est d'ailleurs à Estan que l'on doit l'insertion de plusieurs tactiques de cavalerie au cours du Moyen-Age réutilisés abondamment par les armées estaliennes durant leur histoire que ce soit la charge de cavalerie franche, la charge par échelonnage, l'enveloppement, la chevauchée, l'écran de cavalerie ou encore les attaques de cavalerie concentriques qui ont tous étés utilisés à un moment donné durant les batailles d'Estan contre les autres seigneurs de l'Horistia.
Ainsi, à partir de l'an 768, Estan va lancer une longue campagne contre une coalition des seigneurs féodaux du sud de l'Horistia basés autour des ducs de Pendrovac et de Detruskia qui rassemblent avec la plupart des comtes méridionaux de l'Horistia dans le but de combattre l'hégémonie gênante d'Estan sur le nord de l'Horistia, quasiment conquise par Estan et ses troupes. La guerre contre le sud de l'Horistia va durer presque une décennie entière, les deux camps luttant non plus pour la conquête de quelques fiefs entre eux mais bien pour la suprématie totale de l'Horistia entre un ancien ordre féodal slavovite et le centralisme de la royauté d'Estan qui cherchait à créer un royaume centralisé où il serait alors le seul souverain et le plus puissant à commander le reste de ses vassaux qui n'auraient militairement pas les moyens de l'exproprier du pouvoir. De ce fait, ce sont deux visions très différentes du destin de l'Horistia qui se présentent. Au début, Estan l'emporte largement sur ses adversaires, surpris par la cavalerie lourde d'Estan qui écrase littéralement les formations d'infanterie. A deux reprises, Pendrovac est assiégé par les forces d'Estan, celui-ci fait venir des ingénieurs militaires venus de l'ouest et du sud afin de parvenir à prendre la très bien fortifiée Pendrovac. C'est seulement en 774 après un assaut extrêmement meurtrier qui mènera finalement à la première destruction de Pendrovac. Celle-ci, ayant grandement résisté aux troupes d'Estan, fut saccagée une fois prise et réduite en cendres sous les ordres d'Estan qui avait décidé de raser complètement la ville de la carte. Cette destruction n'était pas purement gratuite et démunie de tout sens stratégique : les troupes d'Estan étaient rarement réputées pour leur pitié envers leurs ennemis vaincus et les pillages étaient fréquents. De ce fait, la prise d'une ville aussi importante que Pendrovac avait fait réfléchir beaucoup de sujets et le camp sudiste quant à leur sort face à Estan. En effet, se rendre était parfois préférable d'être massacré impunément par le vainqueur. Néanmoins, cela n'empêchera pas le duc de Detruskia d'être tout aussi combatif que son défunt compère de Pendrovac, sauvagement décapité au cours de la prise de sa ville. Celui-ci résistera longtemps, essayant d'innover à son tour par la mise en place d'une force de lanciers capable de résister aux assauts de la cavalerie estalienne. Cependant, Estan était un fin tacticien, utilisait énormément le relief et la météo à son avantage, quitte à être patient lors de ses campagnes, lui permettant de contre-carrer les lanciers adverses par des charges sur les flancs ou l'arrière lorsqu'il pouvait se le permettre. Le duc de Detruskia, sans être un mauvais commandant, ne faisait pas le poids face à Estan et devait se résoudre à subir une guerre de sièges au lieu de tenter désespérément d'écraser en bataille rangée les forces d'Estan, notamment après le massacre abominable de la bataille de Jaovik où les troupes detruskiennes sont prises en embuscade dans les forêts à l'ouest de Detruskia, criblées de flèche puis pris en étau par l'infanterie lourde d'Estan qui y massacre un grand nombre d'ennemis. Les récits mythologiques autour de cette bataille sont nombreux, notamment la bénédiction qu'aurait eu en public Estan de la part du Dieu de la Guerre, ravivant le moral de ses troupes qui se battirent comme des lions, enhardis par la bénédiction divine qu'ils avaient reçus. La prise de Detruskia après un long siège d'un an et demi en 777 met fin à cette grande guerre de l'Horistia et marque alors la fondation officielle du Royaume d'Estalie, Estan se proclamant Roi d'Estalie dans les ruines de Detruskia avant d'être couronné au Grand Temple paganiste de Mistohir (l'actuelle cathédrale de la capitale).
Après la fondation de l'Estalie en 777, Estan le Grand va limiter davantage les conquêtes, estimant nécessaire de mieux gouverner le Royaume qu'il avait nouvellement fondé, notamment en consolidant son emprise sur le territoire conquis auprès de populations parfois peu enthousiastes à son règne. Pour cela, Estan sera le premier monarque de son temmps à centraliser fortement le pouvoir de la Couronne, nommant des baillis et des sénéchaux royaux pour administrer les régions qui, pour la plupart, relevaient directement de l'autorité du monarque. La féodalité, sans être abolie, avait été restreinte par Estan le Grand qui y voyait un contre-pouvoir à son influence. Pour lui, si ses adversaires ont échoués à le contenir, c'est car les grands seigneurs slavovites qui lui ont faits face étaient limités par l'engagement limité de leurs vassaux et les luttes d'influence entre ces mêmes vassaux qui réduisait ainsi leur efficacité face à un ennemi commun une fois sur le champ de bataille. Se jurant de ne pas répéter les mêmes erreurs que ses rivaux, Estan avait donc que peu compter sur la noblesse et avait donc la plupart de son propre royaume sous l'emprise du domaine royal. Rapidement, dès 780, Estan va mettre en place le Code Estanien, un ensemble de codes juridiques visant à établir une juridiction de base en matière de droit religieux, privé, pénal, fiscal et administratif. La principale caractéristique de ce Code était assez nouvelle pour l'époque : celle de faire du Roi la seule autorité juridique de référence dans tout le Royaume. Agissant comme le juge suprême du Royaume, le Roi était le seul à établir, modifier ou supprimer des règles de droit dans le Royaume. Le Code en lui-même est aussi assez innovant pour l'époque car il prend une tournure très favorable envers les plus pauvres : il protège la plupart des sujets du Roi de l'esclavage ou de la servitude (notamment en facilitant les procédures d'affranchissement et en garantissant les droits des affranchis comme s'ils étaient nés libres), encourage la petite propriété paysanne, il punit sévèrement la corruption au sein des administrations royales, elle allège largement les sanctions faites aux femmes en ce qui concerne l'adultère et permet aux femmes sans dot de recevoir l'héritage de leur époux. Enfin, le Code établit ce qu'on peut apparenter pour l'époque des cours martiales visant principalement à faire appliquer un droit militaire spécifique dans le but de punir les déserteurs mais aussi les nobles qui pourraient se soulever, le but étant pour le Roi d'avoir un instrument de répression juridique contre les nobles et empêcher les nobles fêlons de réintégrer pleinement la société après une rébellion afin d'éviter des récidives de rébellion.
La mort d'Estan le Grand et la guerre de succession d'Estalie (781-785) :
Malgré qu'Estan fut un Roi réformateur pour son époque et largement consciencieux à la fois du sort des plus faibles mais aussi de son propre pouvoir, celui-ci avait rencontré une sévère opposition de la noblesse spoliée qu'il avait soumise au cours de sa vie de conquête et qu'il avait tenté vainement d'amadouer pour éviter une nouvelle phase de guerres féodales au sein du nouveau Royaume d'Estalie. Néanmoins, cela n'empêchera pas Estan de ne pas voir venir sa mort. En effet, alors qu'Estan préparait une nouvelle campagne militaire afin de conquérir les riches régions de l'est de l'actuelle Estalie, Estan est sauvagement assassiné dans son sommeil par plusieurs conspirateurs au sein de sa Cour. En première ligne se dressait alors le Grand Chancelier du Roi, Portisky Skoviliosnov. Celui-ci, nommé Grand Chancelier après la prise de Bolioska, avait été resté fidèle jusqu'à là à Estan durant ses conquêtes de l'Horistia. Néanmoins, après l'écriture du Code Estanien, le Grand Chancelier ne put remarquer le mécontentement sévère qu'avait apporté ce codé juridique auprès de la noblesse. De ce fait, le Grand Chancelier se prit à accepter de participer au complot et grâce à son charisme et son aura, il va réussir sans mal à convaincre le reste de la noblesse spoliée d'Estalie de le nommer Roi à la place d'Estan, le but étant de faire modifier le Code Estanien en supprimant les contre-mesures visant la noblesse, en supprimant les sénéchaux royaux pour accorder des fiefs à la descendance noble des anciens seigneurs féodaux slavovites, une nouvelle génération de nobles qui se sentait lésée par la perte des fiefs de leurs ancêtres et qui souhaitaient donc récupérer ce qui leur était légitime. Néanmoins, Portisky ne put se proclamer Roi immédiatement. En effet, si Estan n'avait pas eu de descendance biologique à proprement parler, il avait adopté un fils, Berkovac, qui était donc le successeur légitime de son père adoptif. Pour Portisky, son ascension au trône serait inacceptable : le jeune homme avait non seulement l'ambition de punir les conspirateurs de l'assassinat de son père mais était favorable de conserver l'héritage légal de son père adoptif ainsi que sa philosophie au pouvoir. En bref, pour Portisky, Berkovac n'était qu'un Estan II qu'il fallait abattre pour pouvoir accéder au trône et faire accomplir ses promesses auprès de la noblesse. Fort d'un soutien noble important, Portisky va prendre d'assaut Mistohir. La ville est prise en quelques heures à peine mais alors que les troupes conspiratrices prennent d'assaut le Palais Royal, Berkovac réussit à s'enfuir in extremis et fuit la capitale pour se réfugier à Detruskia. De là commence la guerre de succession pour le trône de l'Estalie.
Depuis Detruskia, Berkovac lance un appel aux armes contre la conspiration nobiliaire de Portisky. Malgré l'opposition passée envers Estan et ses guerres meurtrières, beaucoup se rallient à son fils adoptif. En effet, pour certains nobles, notamment dans le sud, Portisky est un natif de Bolioska qui fera tout pour favoriser les nobles issus des familles du nord et ainsi permettre de dépouiller plus largement le sud. Pour le peuple local, le Code Estanien était assez bien vu et l'ambition de Portisky de supprimer la plupart des avantages juridiques que le petit peuple avait gagné avec ce Code était vu comme une menace pour les paysannerie. Ainsi, durant l'hiver 781-782, Berkovac va réussir à rassembler presque 35 000 hommes, dont une majorité de vétérans ayant combattus aux côtés d'Estan de son vivant.
Au printemps 782, Berkovac passe à la contre-offensive, voulant rapidement mettre fin à la guerre et pensant que Portisky, par son manque de légitimité, aurait des troupes mal coordonnées à lui opposer. La bataille a lieu sur la plaine de Votria, juste au sud de Mistohir. Berkovac est confiant dans la loyauté et l'expérience de ses troupes et peut opposer 35 000 hommes face aux 20 000 que propose Portisky. Dans un excès d'orgueil, Berkovac ordonne une attaque frontale de sa cavalerie contre l'infanterie de Portisky. Or, Portisky, si ce dernier était relativement novice dans la matière militaire, s'appuyait largement sur un état-major de nobles expérimentés, certains ayant combattus Estan autrefois notamment. De ce fait, ça et l'espionnage permit à Portisky d'aménager le terrain avant la bataille, à l'abri des regards. Ainsi, la charge de la cavalerie de Berkovac fait face à une retraite feinte, les troupes de Portisky mimant une panique totale et fuyant à l'approche des cavaliers lourds redoutés de Berkovac. Cependant, la retraite se renverse en piège : l'avant-garde se réfugie derrière une seconde ligne de lanciers, non visibles dû aux premières lignes qui faisaient figure d'écran. Les lanciers sont de surcroît aidés par des piques positionnés et camouflées sous le sol. Les cavaliers lourds de Berkovac s'écrasent contre le centre ennemi. La charge est alors désordonnée, les cavaliers de derrière enjambent les cadavres des chevaux des premières lignes et se dispersent dans une mêlée indescriptible où les cavaliers, parfois à terre, se battent avec l'énergie du désespoir. Remarquant que son centre ne perce pas, Berkovac décide de charger à son tour avec sa garde personnelle pour raviver le moral de ses troupes et ordonne à l'infanterie de charger frontalement à son tour. La bataille qui s'ensuit est chaotique, parmi les plus sanglantes que va connaître l'Eurysie médiévale. Néanmoins, après plusieurs heures de massacre à grande échelle, Portisky va faire signe à ses troupes en réserve de mener un encerclement. Les flancs légitimistes ne tiennent pas face à l'assaut de Portisky et rapidement, la grande majorité de l'armée légitimiste est menacée d'encerclement. Berkovac comprend que malgré sa supériorité numérique, il n'arrivera jamais à remporter ce bras de fer sanglant et finit par ordonner la retraite. La retraite qui s'ensuit est aussi meurtrière que la bataille elle-même, les troupes de Berkovac sont poursuivies par la cavalerie légère ennemie et malgré la grande bravoure des légitimistes, la plupart des soldats légitimistes sont massacrés durant la retraite. Sur les 35 000 hommes de l'armée de Berkovac, seuls 5000 atteignent Detruskia, pour la plupart affreusement mutilés et blessés, le nombre d'hommes encore valides est restreint.
Pour Portisky, la victoire à Votria est une aubaine qui lui permet, l'année suivante, d'assiéger Detruskia en 783. Detruskia, située en hauteur et entourée de remparts imposants que Berkovac a pris soin de renforcer davantage, semble imprenable pour les troupes de Portisky. La population et la garnison, même si celle-ci est restreinte suite aux pertes de l'année précédente, sont déterminés à protéger la ville, assurés de leur bon droit de protéger et servir le souverain légitime de l'Estalie. Pourtant, Portisky adopte une tactique de siège très méthodique, il patiente calmement, harcèle périodiquement la ville et après avoir bien préparé ses engins de siège et préparer solidement la sape des murs, il lance l'assaut final en hiver 783. Dans la neige ardente de l'hiver estalien, les béliers et les tours de siège s'avancent et se posent contre les portes et les murailles de la ville tandis que des brèches sont faites à plusieurs endroits dans la ville. Profitant de sa supériorité numérique, Portisky attaque sur plusieurs fronts, prenant d'assaut toutes les brèches et presque chaque pan de la muraille face à une garnison qui faiblit en hommes chaque jour à cause du manque de provisions et aux attaques quotidiennes. Après plus d'une journée de combats acharnés dans les rues de la ville et sur les murailles, les troupes de Portisky prennent la ville mais Berkovac réussit à fuir de nouveau la ville en faisant une ultime percée avec la charge de la cavalerie. Alors que le bastion de la résistance à Portisky brûle, Berkovac est obligé de rester acculé dans les régions boisées du sud de l'Horistia.
En 784, Berkovac se replie avec les quelques milliers d'hommes qui lui sont restés fidèles dans les marais de Sarnol, dans l'extrême sud du pays. Conscient que ses forces sont trop peu nombreuses face aux imposantes armées de Portisky pour une bataille rangée, Berkovac mène la petite guerre traditionnelle slavovite aux troupes de Portisky en tendant des embuscades cavalières aux troupes de Portisky ainsi qu'à leur ravitaillement. Portisky réagit en divisant ses forces en détachements spécialisés et grâce à l'utilisation de guides locaux, il réussit à contre-carrer petit à petit les troupes de Berkovac lors des affrontements. Finalement, en automne 784, Portisky obtient l'information que Berkovac loge dans le village de Jarnogrod avec la majorité de ses troupes. Lançant un assaut nocturne, l'armée de Portisky prend par surprise le village et les troupes légitimistes. La surprise est totale et alors que le camp légitimiste est clouée au sol par les archers adverses, la cavalerie lourde de Portisky sème un chaos indescriptible dans la froideur nocturne, ne laissant que les flèches enflammées des archers pour illuminer le tout. Pris de panique, beaucoup de légitimistes fuient, en vain, ces derniers étant encerclés et rapidement massacrés sans aucune forme de pitié par leurs assaillants. D'autres restent, livrent leur dernier baroud d'honneur et se battent héroïquement contre des assaillants presque cinq fois plus nombreux. Berkovac ne peut plus s'enfuir cette fois-ci et il est capturé au cours de la bataille de Jarnogrod. En janvier 785, il sera décapité en place publique à Mistohir, mettant fin définitivement à la guerre de succession d'Estalie.
Portisky Ier est donc couronné Roi à Mistohir et met au pouvoir une dynastie bien connue de l'histoire estalienne car celle-ci va régner jusqu'au XXIe siècle et va accompagner l'histoire de l'Estalie jusqu'à la Révolution de Novembre 2013. Cette dynastie, elle se nomme les Skoviliosnov.
Posté le : 17 oct. 2024 à 00:03:58
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Le Haut Moyen-Age estalien :
Après l'arrivée au pouvoir de Portisky Skoviliosnov sur le trône du nouveau royaume d'Estalie, le nouveau monarque devait faire face à une situation hautement complexe. En effet, Portisky Ier devait contenter le plus possibles les nobles qui l'avaient aidés à prendre le pouvoir contre Estan le Grand et son fils adoptif tout en préservant le mieux qu'il pouvait son autorité royale sur le territoire afin d'éviter de devenir trop faible et d'être à son tour renversé par un quelconque noble ambitieux. En effet, la position du Roi aux débuts de l'Estalie n'est pas celle d'une figure respectée et légitime comme cela fut le cas par la suite dans l'histoire estalienne. La dynastie des Skoviliosnov n'avait qu'une très faible légitimité et ne pouvait compter que sur le soutien tacite et temporaire des nobles qui pouvaient très bien retirer leur approbation du jour au lendemain. Portisky va donc grandement favoriser les familles nobles afin d'apaiser ces dernières : il distribue des terres à ses vassaux, il accorde des privilèges fiscaux et politiques aux nobles et à travers le capitulaire de Pendrovac en 791, il accorde l'hérédité des fiefs confiés aux familles nobles. Le domaine royal à proprement parler se contente alors de Mistohir et de ses alentours. Pourtant, Portisky tente d'imposer des contre-pouvoirs, notamment une Assemblée des Grands qu'il réunit annuellement à Mistohir afin de rendre justice, de récupérer les doléances de la noblesse et donner une importance au moins symbolique à sa fonction royale (l'Assemblée des Grands donnait une certaine importance aux rites avant le début de la réunion, l'Estalie était encore polythéiste à cette période et pratiquait des sacrifices d'animaux avant chaque réunion notamment). Portisky réussira à se maintenir au pouvoir malgré les conspirations qui vont rapidement apparaître au sein d'une noblesse parfois revancharde, nostalgique de la période slavovite et ne voyant l'Estalie que comme une création artificielle des conquêtes d'Estan le Grand alors grandement méprisée, notamment au sud du pays. Portisky meurt en 801 de causes inconnues et c'est son jeune fils, Karov, qui lui succède. Karov doit faire face à son tour aux divisions issues de la noblesse et les soutiens de son père commencent à se retourner contre lui.
Finalement, face au manque de légitimité et la faible autorité de Karov, alors à peine âgé de 19 ans, le duc de Bolioska se révolte avec l'appui de plusieurs barons dans le sud du pays, prenant rapidement en étau l'ost royal qui est rapidement défait au printemps 802. Néanmoins, face à cet affaiblissement de l'autorité royale, le royaume d'Estalie paraît particulièrement vulnérable pour les royaumes étrangers et alors que le duc de Bolioska entame le siège de Mistohir, le duché de Kartalie déclare la guerre au Royaume d'Estalie.
Carte du duché de Kartalie au début du IXe siècle.
L'invasion kartalienne est dans un premier temps fulgurante et l'ouest de l'Horistia tombe rapidement entre les mains des troupes kartaliennes qui n'ont aucun mal à défaire un à un les armées des barons estaliens alors divisés et attaquant généralement chacun de leurs côtés. L'unité estalienne semble absente du conflit dans la première année du conflit, les nobles organisant leurs propres ost. On constatera même des affrontements récurrents entre le duché de Pendrovac et celui de Detruskia, les deux familles y régnant considérant déjà l'Estalie comme un royaume destiné à chuter et préférant s'accaparer le plus possible de territoires afin de participer au dépècement du royaume. Néanmoins, une succession d'évènements vont sauver in extremis le royaume de la disparition complète. La première n'est rien de moins que la mort du duc de Bolioska en 803, tué d'une flèche dans l'œil sous les remparts de Mistohir. La mort du duc et l'absence d'héritier majeur (le fils du duc n'a alors que cinq ans) provoque une lutte d'influence entre les comtes de l'ancien duc qui finissent par s'affronter les uns contre les autres sur les rives de la Prioka. Karov, voyant cela, réussit à rallier une partie des comtes dans ses rangs, reconstituent en partie son propre ost et éliminent le reste des troupes ducales. Il entre triomphalement dans la ville de Bolioska durant l'été 803, agrandit le domaine royal et réussit de ce fait à obtenir le soutien de la plupart des nobles du royaume (sauf du duc de Pendrovac qui refusera de fournir l'ost royal). En 804, à la bataille de Janosya, les troupes royales écrasent l'armée kartalienne après de rudes combats et obligent le duc de Kartalie à signer la paix durant l'hiver 804-805, mettant fin à la première guerre estalo-kartalienne. Pourtant, malgré cette victoire sur les Kartaliens et la consolidation de son pouvoir, le règne de Karov ne sera pas de tout repos et le nouveau roi estalien manquera à plusieurs reprises de se faire renverser par la noblesse estalienne qui n'a qu'un respect que très modéré voire absent pour la fonction royale. Ainsi, Karov va combattre pendant plusieurs années la famille des Pakovic, illustre famille noble qui dirige alors le duché de Pendrovac depuis l'époque slavovite. Les Pakovic vont lutter pendant plusieurs années contre l'autorité royale de Karov qui tentera par les moyens militaires de faire taire l'opposition. Entre 805 et 816, la politique royale s'oriente principalement vers la répression des nobles félons comme les ducs de Pendrovac qui réussissent à plusieurs reprises à défaire l'ost royal. Finalement, Karov engage des mercenaires orientaux en l'an 816 et dans une manoeuvre en étau massacre les troupes ducales d'Holiak II, duc de Pendrovac, à la bataille de Ganoviv. Pendrovac est assiégée mais face à la défaite sur le champ de bataille, Holiak II accepte de prêter serment de fidélité et de vassalité envers le roi Karov. Si sur le principe, le duc de Pendrovac se soumettra à l'autorité royale, dans les faits, sa politique (comme celle de la plupart des vassaux du roi à cette époque, alliés ou opposants à celui-ci) reste relativement indépendante autant sur le plan politique que militaire ou économique.
En 817 éclate la première guerre de succession de Kartalie. En effet, à cette époque, le duc de Kartalie, Robero Ier, meurt sans enfant et c'est alors son beau-fils, Koliak, comte de Sauvadok, s'empare alors de la possession ducale grâce au soutien de la majorité des barons du duché. Néanmoins, Karov n'est pas de cet avis et souhaite mettre sur le trône son fils cadet, Dimitry, à la tête du duché, son fils cadet étant le neveu de Robero Ier (étant donné que la seconde épouse (la première étant morte en 802 lors du siège de Mistohir) de Karov n'était autre que la sœur du duc de Kartalie, promise au roi d'Estalie à la paix de 805). Pour Karov, c'est surtout un prétexte tout trouvé pour s'emparer de la Kartalie alors encore à l'époque un vaste carrefour commercial qui s'était enrichi sur la fuite des marchands suite à la chute du Kraal. Pour Karov, l'obtention de ce duché pour sa famille était un moyen d'agrandir à la fois le territoire du royaume mais également un moyen d'avoir de nouvelles rentrées fiscales grâce au commerce et de nouveaux effectifs mobilisables pour les armées royales. La guerre ne se passe pas comme prévu : les troupes estaliennes sont prises en embuscade dans la chaîne de Kartalia et écrasée en novembre 817. De là, Karov enchaîne les incursions en Kartalie et malgré les nombreuses défaites estaliennes, celui-ci réussit finalement à prendre Sauvadok en 829 et réussit à mettre sur le trône son fils Dimitry en tant que duc de Kartalie. Cependant, il s'avère rapidement que Dimitry est instable psychologiquement et après un épisode où il tuera plusieurs gardes de sa Cour en juillet 829, son père décidera de prendre en charge les affaires du duché personnellement, délaissant Dimitry dans un état de régence constant.
Finalement, Karov décède en 831. Lui succède alors son fils aîné à la tête du royaume, Portisky II. Cependant, Portisky II accepte mal la possession de la Kartalie par son jeune frère et tente de destituer son frère afin de s'accaparer personnellement du duché. Rapidement, Dimitry est soutenu dans son rôle par les nobles kartaliens qui se rallient au duc pour combattre les troupes estaliennes qui sont rapidement défaites. Dès lors, la défaite de Portisky II aux Portes Chaudes le 8 Mars 832 mène à la fin des incursions estaliennes dans la région. La suite n'est pas de bonne augure pour le jeune duc kartalien : celui-ci est destitué et assassiné et alors remplacé par Koliak qui avait fui en Haute-Kartalie (sud de l'actuelle Kartalie) après sa défaite en 829. C'est à cette époque par ailleurs que la Kartalie va pleinement se convertir au christianisme. Cette différence religieuse entre une Kartalie nouvellement chrétienne et une Estalie encore polythéiste va mener à la fois à des escarmouches frontalières fréquentes entre Estaliens et Kartaliens mais va surtout mener à une augmentation régulière du moral des troupes kartaliennes, trempées dans le fanatisme religieux face à l'ennemi païen estalien. La conversion de la Kartalia va accentuer également celle de l'Estalie, qui se convertira massivement au christianisme le siècle suivant. Le règne de Portisky II est quant à lui assez peu intéressant, ce dernier allant surtout devoir lutter contre son troisième frère, Holiadok, qui va s'appuyer sur les Pakovic pour tenter de s'emparer du trône. Holiadok sera finalement vaincu à Kolograd en 836 et sera décapité en place publique sous l'ordre de son frère aîné.
C'est le fils unique de Portisky II, Saliov, qui devient roi d'Estalie à son tour en 860. Saliov sera le premier roi estalien qui va véritablement dessiner le contour des institutions royales estaliennes sous son règne. En effet, au-delà de l'Assemblée des Grands dont le rôle était devenu relativement symbolique vers la fin du règne de Portisky II, Saliov comprend que pour affirmer son autorité, il devait agrandir le domaine royal estalien et pour cela, il va enchaîner les conquêtes, les achats de terres et les mariages avec les différentes familles nobles du royaume. sa politique de mariage entre sa dynastie et la famille des nobles puissants du royaume va quelque peu apaiser les tensions, y compris avec les Pakovic, Saliov ira jusqu'à se marier avec la fille du duc de Pendrovac afin de s'assurer de la paix entre les deux familles. La situation se calme donc en Estalie : les conflits entre vassaux sont moins fréquents, l'agriculture se structure autour du système féodal de dépendance des hommes libres à leurs seigneurs et certaines villes comme Mistohir commencent à grandir progressivement. Mistohir devient rapidement le nouveau carrefour commercial de la région lorsque Sauvadok est ravagé par la peste en 869, faisant fuir la classe marchande qui s'y trouvait alors. Vers la fin du règne de Saliov, néanmoins, le christianisme effectue une large poussée sur le territoire estalien et le capitulaire de Bolioska de 898 met fin à l'illégalité du culte chrétien. Alors que le roi estalien vieillit dans sa capitale, les tensions vont commencer à remonter vers la fin du IXe siècle avec la conversion de la plupart des nobles méridionaux du royaume au christianisme. En opposition à la noblesse nordiste, conservatrice et traditionnaliste, les nobles vont s'affronter dans une importante guerre de religion entre 899 et 902 qui mènera à la défaite des polythéistes. Néanmoins, l'absence de système éducatif fort en Estalie mène rapidement à une pénurie du clergé en terme d'hommes de foi et Saliov, fidèle à la foi slavovite, refuse d'aller plus loin en soutenant la propagation de l'implantation de l'Eglise en Estalie. Saliov meurt en 908, laissant à son fils Palioki le soin de régler le problème du christianisme.
Rapidement, Palioki comprend l'importance du christianisme et se convertit quelques mois seulement après son couronnement. Rapidement, les effets de la christianisation du roi se font sentir : Palioki reçoit rapidement le soutien du clergé et de la nouvelle Eglise d'Estalie qui commence à faire son apparition. Si le monde universitaire estalien de l'époque, encore farouchement polythéiste, s'oppose à Palioki, ce dernier reçoit néanmoins le soutien de la majorité de la noblesse devenue elle-même chrétienne à son tour. Non seulement la ferveur religieuse se montre très forte dans les hautes strates de l'aristocratie estalienne mais celle-ci devient un vecteur d'unité pour l'Estalie. Palioki sera le premier roi a être sacré, alors par l'évêque de Mistohir, en 910. Le sacre de Palioki ouvre une nouvelle ère pour l'Estalie car cette ère, chrétienne de fait, va entamer la structuration d'un sentiment d'appartenance estalien de plus en plus fort basé sur trois principes fondamentaux : l'héritage culturel slavovite, la religion chrétienne et la personne désormais sacrée du roi.
L'ère chrétienne (Xe-XIe siècle) :
La période dite de l'ère chrétienne comme elle est souvent surnommée par les historiens estaliens est une période de consolidation du Royaume d'Estalie et de ses institutions politiques, économiques et culturelles. C'est sous cette période que les fondements de l'identité nationale estalienne vont naître mais c'est également à cette époque que la féodalité chrétienne va se structurer et prendre racine dans la société estalienne de façon définitive. En effet, jusqu'à là, le principe de la féodalité telle que l'a connue la grande majorité de l'Eurysie durant cette période avait certaines particularités au sein de l'Estalie médiévale polythéiste : les accords verbaux étaient fréquents et les serments de fidélité n'avaient qu'une faible valeur, l'honneur des familles nobles ne passait pas par le respect des traités et de la parole donnée (briser sa parole et ses promesses était chose courante) mais par la victoire militaire. C'est la guerre qui caractérisait ce système : l'absence de grande pression fiscale sur la population, la mobilité des paysans et le changement courant de familles régnantes sur les comtés faisait que la noblesse n'avait qu'une faible implantation sur les territoires qu'elle contrôlait. La principale source de financement de ces nobles était donc le pillage et en l'occurrence la récupération des trésors (qui désigne la totalité des biens matériels et monétaires d'une famille noble) des familles adverses afin de s'enrichir et consolider son pouvoir. Ce système empêtrait l'Estalie dans une sorte de guerre éternelle où le roi n'était au final qu'un aristocrate parmi tant d'autres essayant de gratter des territoires à ses voisins. Après la christianisation de l'Estalie, le système féodal va changer dans sa composition et sa structure et va incorporer un nouvel acteur dans le jeu politique et économique du royaume : l'Eglise.
Sous l'ère chrétienne, les frontières des fiefs seigneuriaux se figent de plus en plus, les familles s'implantent durablement dans les comtés et les duchés qui leur appartiennent et les descendants de ces familles, grandissant principalement dans le monde rural, s'attachent à la terre. Dès lors, à partir de Polioka, l'imposition fiscale va commencer à s'effectuer. Evidemment, pour éviter les révoltes, la plupart des revenus fiscaux de ces impôts revenaient en grande majorité aux seigneurs eux-mêmes qui étaient chargés de récolter l'impôt pour le "compte" du roi. Néanmoins, l'instauration des premières taxes royales comme le charriage (une taxe sur le transport des céréales entre les fiefs), les droits de péage, le tonlieu (taxé sur le bénéfice des marchés), la gabelle (impôt sur le sel) ou encore le cens. Ces impôts, dont la plupart du revenu revenait au seigneur inféodé, assurait néanmoins au roi une légère avance financière sur les autres seigneurs, disposant des revenus de son propre domaine royal et d'une faible partie des revenus fiscaux du reste du royaume. Le domaine royal fut divisé en deux prévôtés (celui de Mistohir et celui de Bolioska), chacun dirigé par un prévôt royal qui se chargeait de rendre justice en l'absence du roi et de récolter les impôts pour lui. Les prévôts royaux étaient ici nécessairement des hommes d'Eglise qui étaient généralement considérés comme le meilleur parti pour l'administration royale étant donné que ces derniers étaient les plus lettrés et avaient interdiction de porter les armes et de pratiquer une quelconque violence. Ces prévôts étaient donc tout à fait loyaux envers le Roi et permettait une plus grande large autorité royale sur son propre domaine. Bien sûr, cela n'empêchait pas les abus. Il est à noter que sous l'ère chrétienne, l'économie rurale va non seulement se stabiliser et provoquer une montée démographique intense du royaume d'Estalie mais va également mener au développement du servage. Cette pratique, déjà présente à l'époque slavovite, va s'accentuer sous l'ère chrétienne, du moins entre le Xe et le XIIe siècle. Les alleutiers se font alors plus rares, les terres libres sont accaparées généralement par la noblesse ou le clergé (les monastères deviennent notamment parmi les plus importants propriétaires fonciers du royaume) et les manses sont alors gérées par des serfs. L'esclavage, cependant, pratique récurrente à l'époque slavovite, disparaît complètement au Xe siècle sous l'impulsion de l'Eglise d'Estalie qui déclare en 955 que posséder un esclave est un péché, faisant très rapidement disparaître la pratique de l'esclavage au cours du Moyen-Age estalien. Quant aux serfs, il faudra attendre le XIIIe siècle pour que soit mis en place par l'Eglise les villes franches, des bourgades où le droit de suite (qui fait qu'un serf fuyant la terre qui lui est assigné restera un serf peu importe où il se situe) ne s'applique pas et donc de ce fait, ces villes affranchissent les serfs en masse. La pratique du servage disparaîtra définitivement vers le XVe siècle. Quant aux obligations du vassal, longtemps ignorées par les nobles dans l'Estalie polythéiste, la morale chrétienne reprend le dessus et les obligations vassaliques commencent à être prises en compte, respectées et parfois sacralisées (souvent par le monarque lui-même). Ces obligations, naturellement lourdes pour le vassal, sont à la fois morales et matérielles entraînant des droits et des services. La fidélité n'exige pas seulement que le vassal ne dise et ne fasse rien qui puisse nuire à son seigneur, elle oblige à se dévouer pour lui, à sacrifier jusqu'à sa liberté. En tant qu'otage et garant, il est personnellement et financièrement investi des engagements contractés par son suzerain. Même le château du seigneur ne lui appartient pas pleinement, le suzerain peut lui demander en principe les clefs du château afin d'y poser une garnison. Le seigneur doit évidemment en temps de guerre intégrer le service de l'ost ou de la chevauchée sous la bannière de son seigneur. Le suzerain, en retour, a aussi ses propres obligations à tenir : il lui est défendu de léser son feudataire, d'immédiatiser ses hommes, de construire des forteresses sur le fief de son vassal ou d'augmenter sans son avis les redevances financières qui lui doit. Généralement, il était pourtant fréquent que ce traité vassalique ne soit que partiellement respecté. L'organisation judiciaire de la féodalité estalienne, en cas de litige entre deux seigneurs, débouchait généralement sur le combat judiciaire (notamment la pratique du duel ou de la joute qui était fréquente afin de résoudre les conflits entre nobles sans pour autant partir en guerre) mais pouvait déboucher sur des guerres privées entre seigneurs, le suzerain n'avait qu'une faible autorité judiciaire sur les autres nobles, aussi inféodés à lui soient-ils.
Par ailleurs, ce sera Polioka qui va accentuer en premier lieu le développement de la bourgeoisie dans les grands centres urbains du pays. En effet, il va favoriser dès le début de son règne les mouvements communaux et les associations professionnelles, sociales et religieuses des grandes villes afin de favoriser la bourgeoisie marchande qui s'y développait progressivement. Dès lors, il va favoriser l'urbanisation progressive de l'Estalie, notamment de Mistohir en tant que telle. Néanmoins, le règne de Polioka restera très agité malgré la christianisation et le sacre qui lui conféra une certaine légitimité et consolida l'emprise royale sur l'Estalie. Il va essayer pendant plusieurs années de combattre la petite féodalité environnante qui détroussait les passants et persécutait les moines, domptant de nombreux châtelains dispersés dans et autour du domaine royal qui longait en somme la vallée de la Prika. Malheureusement, le roi ne pouvait se présenter partout à la fois, les évêques l'appelant généralement à l'aide face au brigandage fréquent de ces châtelains dont certains restaient néanmoins puissants. Excommuniant les ennemis qu'il ne peut combattre, Polioka tente de réunir des assemblées de paix à partir de 924 afin de calmer la petite noblesse mais ces assemblées n'ont qu'une valeur purement morale. A l'extérieur, Polioka va principalement mener une politique de bon voisinage, cherchant à s'attirer les grâces des successeur de l'Empire Kral dominant alors la région mais rapidement, à partir de 916, l'entente entre l'Estalie et certains royaumes successeurs va se dégrader, les deux blocs cherchant à consolider leur emprise sur les comtés se situant dans la zone frontalière, notamment autour de l'actuelle ville de Reich où les nobles pro-estaliens et pro-Kral vont s'affronter à plusieurs reprises avant de tomber sous l'influence Kral. En 923, alors que la guerre entre les successeurs du Kral et l'Estalie semble plus que probable, Polioka convoque l'empereur les plus grands rois successeurs à l'entrevue de Nicerois. Polioka, fervent chrétien, propose aux rois le rétablissement de la paix dans l'Eglise et propose une réforme du clergé commun aux deux monarques. Les monarques se firent le baiser de paix, entendirent la messe ensemble et finissent par s'entendre et signer un traité de paix. Néanmoins, un des rois présents à l'entrevue décède en 924 et au mépris de son traité avec le défunt roi, Polioka lance l'offensive en été 924 et s'empare de nombreuses villes frontalières de l'Empire. La guerre est particulièrement violente entre les successeurs du Kral et l'Estalie, l'ost royal estalien est en infériorité numérique permanente mais le développement de la cavalerie lourde estalienne, l'ingéniosité tactique de Polioka et le soutien tacite de la plupart des seigneurs à l'ost permet aux Estaliens de remporter plusieurs victoires et de s'emparer de la plupart de l'actuelle Transgoskovir. On pourra noter que la guerre en Estalie était une affaire principalement de nobles, la guerre étant réservée à cette petite élite aristocratique dont la guerre était le métier depuis la jeunesse : les armées estaliennes étaient donc naturellement faibles numériquement (les hommes libres étaient rarement mobilisés et lorsque c'était le cas, ils servaient dans des fonctions défensives comme gens d'armes pour la protection des garnisons et du ravitaillement) mais les cavaliers estaliens étaient particulièrement redoutables et bien équipées. Polioka réussira à mettre le siège sur la capitale impériale mais disparaît en juillet 931, probablement assassiné par un agent kral. Il laisse le trône à ses deux fils, Enrick et Portisky, qui se firent alors une guerre de succession en face des murs de la capitale kral pour déterminer le successeur du trône. Face à cette courte guerre civile à l'étranger, les Krals en profitent et écrasent les troupes estaliennes. Portisky est tué dans la retraite de l'armée estalienne et Enrick est proclamé roi sur le chemin de la retraite. La défaite estalienne devant les portes de la capitale impériale mena rapidement à la fin de la guerre en 934 lorsque les dernières places fortes impériales occupées furent libérées.
Le règne d'Enrick ne fut pas non plus de tout repos : il devait débuter son règne à la fois par la guerre contre le Kral mais également face aux révoltes du duc de Detruskia. En effet, en 933, le duc de Pendrovac décède sans succession. Son unique fils, Padric, est un bâtard et le duc de Pendrovac, avant de mourir, demande humblement au roi de se porter tuteur de son jeune fils. Enrick, pensant pouvoir acquérir la loyauté indélébile du futur duc de Pendrovac en devenant son tuteur, accepte les dernières volontés du vieux duc. Or, son cousin éloigné, le duc de Detruskia, ne reconnaît pas le bâtard du duc et se lance dans une guerre contre le duché de Pendrovac pour récupérer le titre. Enrick doit donc mobiliser ses troupes pour protéger le duché. Finalement, c'est au bout de quatre ans de guerre et d'un siège interminable de Detruskia qu'en 937, le duc de Detruskia reconnaît la légitimité du duc de Pendrovac.
On notera qu'Enrick s'attachait particulièrement à rendre l'Eglise d'Estalie relativement indépendante, essayant de privilégier les intérêts du clergé national face à l'Eglise de Juxent. On l'accusa de pratiquer la simonie et le parti réformiste ne l'épargnait pas mais la vraie raison de sa défiance envers Juxent était qu'avec le temps, l'Eglise de Juxent était devenue très conciliante envers le Kral, l'ennemi politique de l'Estalie d'alors. Estimant le Juxent comme un instrument politique des Kral, il chercha donc à séparer l'Eglise d'Estalie, c'est d'ailleurs à cette période que le roi reconvertit le Grand Temple paganiste de Mistohir en cathédrale.
En 955, Padric, devenu adulte, va se retourner contre son ancien tuteur, profitant d'une révolte populaire à Bolioska contre l'augmentation de la gabelle par le roi, pour tenter de s'emparer du sud du prévôté de Mistohir. La bataille de Hojadik sera une amère défaite pour les troupes royales, Enrick manque de s'y faire tuer. Face à la menace imminente des troupes de Padric contre Mistohir, Enrick appelle au secours le duc de Nitoskiolov, alors petit duc non-estalien situé à la bordure est du royaume d'Estalie. Le but était que celui-ci face diversion à l'est pour obliger les troupes de Padric à rebrousser chemin. Cela ne manque pas car les troupes de Nitoskiolov mettent le siège devant Pendrovac. Néanmoins, les troupes ducales sont vaincues par Padric en 956 et après une campagne très rapide, Padric réussit à prendre Nitoskiolov en 958. Néanmoins, le temps que la campagne du duc félon s'achève, Enrick réussit à mobiliser le soutien des autres nobles du royaume (convaincus de la trop grande puissance de Padric qu'ils considèrent désormais comme une menace) et en 959, Padric est tué lors de la bataille de Jakovilov. Sans héritier, Enrick décide de s'emparer du titre de duc de Pendrovac et intègre le duché de Nitoskiolov au royaume d'Estalie. Néanmoins, il sera obligé de céder le titre de duc à un cousin éloigné de la famille des Pakovic, Holiak III, qui reprend le contrôle du duché grâce au soutien des autres Grands du Royaume. Enrick agrandit donc le Royaume d'Estalie mais reste bloqué quant à l'agrandissement du domaine royal. Il meurt en 970 et est succédé par son fils unique, Portisky III.
Le règne de Portisky est un des plus longs de l'histoire estalienne (48 ans de règne entre 970 et 1018) mais aussi un des plus vides : jamais le pouvoir du monarque sur son propre royaume n'avait été aussi faible sous son règne que dans tous ceux qui vont suivre. C'est l'apogée de la puissance des féodaux. Pourtant, son règne ne débute pas trop mal : il participe à une guerre en 971 entre le duché de Kartalie et une coalition de comtes de la Haute-Kartalie, Portisky III cherchant à défendre la duchesse régente d'alors contre le prétendant haut-kartalien au duché. Si les troupes estaliennes et kartaliennes sont dans un premier temps victorieux, Portisky III va faire l'erreur d'obliger la duchesse kartalienne à marier son fils en bas-âge avec la fille de Portisky III. Ce mariage, que les Estaliens vont forcer la main aux Kartaliens, va renforcer l'influence des haut-kartaliens dans la région qui reçoivent des partisans de la petite noblesse kartalienne qui s'estime lésée par ce mariage. Finalement, Portisky III oblige le duché à prêter allégeance au roi d'Estalie. La duchesse perd toute légitimité aux yeux de ses sujets et en peu de temps, Sauvadok est prise : la duchesse et son fils sont massacrés et les haut-kartaliens mettent sur le trône du duché leur prétendant qui expulsent rapidement les Estaliens du territoire kartalien en 975.
Suite à cette démonstration de faiblesse de la royauté estalienne, le pouvoir royal va entrer dans une nouvelle période de déclin de son pouvoir. Entre les prévôtés du domaine s'intercalaient des petites seigneuries dont les possesseurs ne respectaient que ceux qui savaient se défendre. La plupart des offices de la couronne étaient alors tenus, à titre héréditaire par ces mêmes seigneurs qu'on trouvait régulièrement en guerre avec le roi durant son règne (les évêques en charge de ces prévôtés avaient étés expulsés de force au fil du temps). Le roi ne pouvait plus quitter Mistohir sans se heurter à la petite féodalité qui infestait les routes. Quelques campagnes furent bien menées mais force est de constater que l'autorité royale dépassait désormais difficilement les murailles de Mistohir.
En 992, la comtesse de Vital, petit comté du sud du duché de Pendrovac, craignant de voir son mari Foulkov la traiter comme il le fit avec ses deux anciennes épouses qu'il avait rejeté par la suite comme de viles courtisanes, et persuadée d'avoir assez de noblesse et de beauté pour plaire au roi, lui envoya une lettre d'amour pour proclamer son amour au roi. Le roi Portisky III fut très touchée de la déclaration d'une femme aussi belle et voluptueuse et consentit au crime de recevoir la comtesse à Mistohir et s'empressa de répudier la reine Margot qui lui avait pourtant donné deux fils. Il épousa la comtesse de Vital. De pareils incidents n'étaient pas rares dans le milieu féodal estalien où les mariages se nouait et se rompaient avec une facilité déconcertante tant l'Eglise était encore tolérante, incapable de changer les mœurs du mariage estalien issu de la tradition païenne. Néanmoins, ici, le mauvais exemple venait du plus grand prince d'Estalie, surtout que Portisky III n'était pas connu pour être un très bon chrétien. Excommuniés à plusieurs reprises par l'Eglise d'Estalie à partir de 995, le roi d'Estalie et sa nouvelle épouse adultère se soucièrent peu de l'anathème et trouvèrent deux évêques qui acceptèrent de les marier. Ainsi, jusqu'en 1004, le roi Portisky III vécut sous les malédictions de l'Eglise. Non seulement les prélats mais aussi les hauts barons et les Grands du Royaume s'associaient au roi pour résister aux volontés de l'archevêque de Mistohir qui, sous les demandes incessantes du Pape de Catholagne (le schisme entre catholicisme et orthodoxie n'avait pas encore eu lieu), cherchait à poursuivre l'anathème. Le duc de Pendrovac prit particulièrement la défense du roi, entrant même en armes dans la cathédrale de Mistohir :
Les légats ne se laissèrent pas intimider et excommunièrent malgré tout le roi une fois de plus. Cet épisode, célèbre sous le nom de la Menace Portiskyenne, gardera ses traces dans l'histoire estalienne, donnant l'image dans l'imaginaire collectif du noble estalien arrogant, incroyant et osant défier toutes les formes d'autorité, y compris celle de Dieu. Un épisode qui va marquer la littérature estalienne au XIXe siècle et va inspirer nombre de romans à ce sujet par ailleurs.
Finalement, au concile de Mistohir en 1004, les deux époux se soumirent puis, en dépit de leur serment, continuèrent leur vie commune. La papauté, là de cette situation, laissa les choses stagner, laissant flotter une victoire apparente sur Portisky III même si le roi d'Estalie était sorti victorieux de cette confrontation avec l'Eglise. Néanmoins, vieilli et épuise avant l'âge par ses infirmités et ses vices, Portisky III ne régnait plus que de nom. le prince hértier, Enrick, fils de sa première épouse, avait été armé chevalier en 998 et avait été associé à la couronne sans avoir été sacré pour autant. Sous le titre de duc de Mistohir, il remplissait en vérité la plus importante des fonctions royales qui consistait principalement à repousser les incursions récurrents des royaumes et peuples étrangers comme celle des royaumes kartvéliens au nord ou les Ilageois et les Kartaliens à l'ouest. Il se chargeait également de punir les brigandages des châtelains du domaine royal, une tâche qu'il va remplir avec succès par ailleurs. De l'an mil à 1018, la politique militaire du royaume est entre les mains du prince héritier. Néanmoins, si le jeune prince est maître de l'armée royale, le palais reste aux mains de la comtesse de Vital, sa belle-mère. Elle dispose, en tant que reine, des offices de la couronne, elle donnera l'archevêché de Mistohir à son frère et vendra les bénéfices de l'Eglise au plus offrant. Jalouse d'Enrick, qu'elle craint et déteste et qu'elle voudrait éliminer pour mettre sur le trône les deux fils qu'elle a eu avec Portisky III, Flaurus et Holiak, elle essaie en vain de le faire emprisonner par le duc de Kartalie lors d'une campagne de 1008. Elle va payer des clercs qui s'engagent à le tuer et tentera même de l'empoissonner, des tentatives d'assassinat à laquelle le jeune prince s'en tire in extremis. Portisky III tente de protester contre les pratiques de son épouse et s'indigne mais, toujours faible, prie son fils de lui pardonner. Il végéta encore quelques années avant de mourir en 1018. La haute et la basse noblesse s'agitaient, menaçaient de ne pas reconnaître le prince héritier. Enrick II, entouré de quelques fidèles et de quelques évêques, se fit couronner à la hâte dans les alentours de Bolioska.
Il est important que nous fassions un aparté sur la monarchie et sa situation à l'arrivée sur le trône d'Enrick II. Il faut savoir que sous Enrick II, l'identité de la monarchie estalienne va commencer à changer, utilisant notamment les appellations impériales de l'Empire Rémien. En effet, estimant être les successeurs légitimes des Rémiens dans la région (chose courante à l'époque), les Skoviliosnov vont copier le cérémonial impérial de la cour rémienne. Ils s'entourent par la suite d'un gouvernement bien spécifique comprenant un archichancelier, un chambrier, un bouteiller et un connétable. Un collège de clercs est attaché à la chapelle familiale. Le palais du Roi commence alors à être rempli de petits et grands officiers. Les barons et les évêques des provinces voisines y viennent faire des séjours temporaires, cet ensemble incohérent de conseillers à demeure et de courtisans de passage semble rester au centre de l'organe principale du gouvernement. Le roi lui-même, personne sacrée et inviolable, jouit d'un pouvoir théoriquement sans limites car il le tient de Dieu et doit l'exercer dans sa plénitude sur toute l'étendue du royaume. Il a pour mission de défendre le pays contre ses ennemis extérieures, de faire régner l'ordre au dedans, de rendre justice, de protéger les faibles et les opprimés et surtout l'Eglise et ses membres. Toujours en théorie, sa volonté se confond avec la loi. Le roi s'aide généralement des conseils et de l'appui des Grands du Royaume, réunis au sein de l'Assemblée des Grands, mais cette consultation au XIe siècle n'a aucun caractère obligatoire depuis fort longtemps : c'est une nécessité de fait à laquelle il se soumet quand il lui plaît et dans des conditions déterminées par lui seul. A côté du roi, la reine et l'héritier présomptif associés au trôné, reçoivent une double cérémonie d'onction et de couronnement. Aucune constitution fixe ne règle d'ailleurs la transmission du pouvoir même si elle s'applique dans les faits par primogéniture de l'aîné. Au début de l'Estalie, les nobles étaient souvent à tendance élective, souhaitant pouvoir désigner un roi eux-mêmes tandis que les Skoviliosnov avaient réussis à imposer le modèle du droit héréditaire sur le trône.
Dans les faits, la monarchie estalienne du XIe siècle est impuissante : le soi-disant souverain est un simple baron qui possède seulement en propre les bords de la Prika soit quelques comtés. Le domaine royal, soutien insuffisant de cette majesté théorique, n'est ni la plus vaste, ni la plus riche des seigneuries dont la réunion forme l'Estalie. Moins puissant que cerrains de ses grands vassaux, le Roi vit, comme eux, du produit de ses fermes et de ses péages, des redevances de ses paysans, du travail de ses serfs, des impôts déguisés qu'il prélève sous la forme de dons volontaires sur les abbés et les évêques de la région. Ses greniers lui fournissent le blé, ses celliers le vin, ses forêts la venaison. Il passe son temps à la chasse, pour son plaisir ou pour alimenter la table, et voyage constamment de villa en villa, d'abbaye en abbaye, obligé de mettre à profit ses droits de gîte et de changer souvent de séjour pour ne pas épuiser les ressources de ses sujets.
De ce fait, la royauté de cette époque est ambulante dans un va-et-vient perpétuel entre Mistohir et Bolioska où le passage du Roi, marqué par une escorte d'une petite troupe de chevaliers, de clercs, de scribes de la chapelle, forment l'escorte ordinaire de la famille royale. Ce n'est qu'à certaines occasions que les évêques et les barons grossissent les rangs du cortège royal. La Cour peut changer de caractère à souhait ; un jour une armée prête à combattre, un autre une assemblée où se discute la religion ou la politique, un autre un tribunal qui prononce ses arbitrages, rend des arrêts ou assiste aux joutes entre champions de justice. L'administration y est donc rudimentaire : les prévôts et les maires qui sont à la fois fermiers, receveurs, juges et agents de police exploitent ses propriétés. Ils apportent au roi une partie de ses revenus, en nature ou en argent, et gardent le reste pour leur salaire. Le système de gestion est rudimentaire mais n'en reste pas moins dangereux. Ces officiers ne songent qu'à pressurer les sujets du Roi, à les voler ou à transformer leur charge en seigneurie indépendante de fait. Les habitants redoutent parfois plus les prévôts du roi que la petite féodalité qui les pillent. Dans les bourgs ou les cités où le Roi n'est pas le seigneur unique, il possède quelques maisons et une grosse tour que des vicomtes ou des châtelains gardent en son nom mais ces commandants militaires abusent aussi de leur pouvoir odieux aux bourgeois qu'ils rançonnent ou même au roi lui-même en dépouillant les produits dus au fisc ou en se perpétuant de façon héréditaire dans leur fonction.
Avec Enrick II, quelque chose de nouveau se manifeste dans notre histoire. La disproportion qui existait entre la supériorité du titre royal et la faiblesse réelle du roi commence à diminuer. La monarchie concentre son action sur un plus petit espace, restreint son rôle de puissance générale et prend même, pour un temps, l'allure d'une seigneurie localisée. Mais elle gagne en solidité ce qu'elle perd en surface. Agissante et bien vivante, elle acquiert, pour la première fois, le prestige qui tient non plus à la majesté du rang et à la gloire des souvenirs mais à la valeur personnelle, à la force déployée et aux succès obtenus. Sous Enrick II, fondateur d'une tradition qui devait se transmettre à travers les siècles, commence l'immense évolution qui se poursuivra jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.
Le début du règne d'Enrick II devait d'abord débuter par une victoire militaire contre sa belle-mère et ses demi-frères en 1018 non loin de Mistohir. Néanmoins, Enrick II fit l'erreur de pardonner Holiak, l'un de ses demi-frères (Flaurus ayant été tué au cours des combats). Après avoir consolidé son emprise sur le trône, il nomme en tant que chancelier et sénéchal d'Estalie un certain Garlan, clerc de l'église de Mistohir, archidiacre de la cathédrale de Mistohir, c'était un homme intelligent et actif qui s'empara rapidement dès le début du règne d'Enrick II toutes les grandes charges de la couronne, dirigeant en même temps la chapelle familiale, le palais et l'armée. Au début favori du Roi, il va s'attirer les foudres de la Reine et de l'Eglise elle-même et devint finalement suspect pour le roi lui-même lorsqu'il s'allia avec Holiak, le demi-frère du roi, et tenta de rendre héréditaire la charge de sénéchal. Il fut renversé en 1027, chassé du palais, dépouillé de toutes ses charges et traité en ennemi public. Lui et Holiak vont mener une guerre pendant trois ans entre 1027 et 1030 afin de mettre Holiak sur le trône. Finalement, à la bataille de Detruskia de 1030, Enrick II réussit à vaincre le Garlan et fait exécuter les deux conspirateurs.
Au début de son règne, pour Enrick II, il fallait que le chef de la dynastie eût l'argent et des soldats ; et la première condition pour en avoir était d'augmenter le domaine, la propriété directe du souverain. Enrick II use de tous les procédés d'acquisitions territoriales possibles : achats, échanges, confiscations, conquêtes, tout lui fur bon pour devenir le plus grand propriétaire du centre de l'Horistia. Par malheur, cette terre du roi était hérissée de forteresses appartenant à des châtelains pillards, seigneuries indépendantes de fait, que les rois précédents du siècle dernier avaient laissé s'enraciner. Brûler et raser ces donjons, dégager les villes et les abbayes, rétablir les communications entre les prévôtés du domaine, faire la chasse aux brigands, permettre enfin au paysan de labourer, au moine de prier, au marchand de circuler en paix sur les routes : tel est le travail de haute police que Enrick II exécuta. La tâche était ardue : les seigneurs bandits ne combattaient pas seuls et avaient l'adresse de lier leur cause avec celle des grands seigneurs et des rois étrangers hostiles à la monarchie estalienne. Il fallut au total près de 34 années de guerres incessantes entre 1018 et 1042 pour dégager complètement le domaine royal de ces seigneurs brigands et permettre la stabilisation des terres royales autour de la Prika.
Orgueilleux de sa force physique, Enrick II aimait la guerre pour elle-même, sacrifiant sans hésiter au plaisir de se battre son devoir de chef d'armée et sa dignité de roi. Il faut reconnaître Enrick II avant tout comme un roi guerrier qui appréciait la chose militaire, son administration étant généralement délaissée à son gouvernement. Les guerres qu'il mena ne s'arrêtaient pas pourtant aux limites du domaine royal. Il va mater à plusieurs reprises les barons rebelles et forcer les grands seigneurs à respecter son autorité : une tâche inachevée car les rois estaliens prendront plusieurs siècles pour venir à bout du particularisme des grands seigneurs féodaux. Il mena également plusieurs guerres contre les royaumes kartvéliens et le duché de Kartalie afin de consolider les frontières royales et s'emparer des régions minières (souvent pour le compte de ses vassaux en échange de leur fidélité).
Néanmoins, on peut s'interroger sur la résistance d'Enrick II qui échappât à tant de périls et d'ennemis qui auraient pu écraser le domaine royal aisément. Ce miracle s'explique en partie par l'alliance entre Enrick II et le clergé. Evêques et abbés mirent à son service, non seulement la chevalerie de leur vasselage mais aussi des cadres d'infanterie organisés et des milices de paroisses conduites par leurs curés qui faisaient partie intégrante des troupes royales face aux châtelains brigands. Ainsi, Enrick II se servait de l'Eglise pour dompter les châtelains comme il savait utiliser son alliance avec l'épiscopat pour tenter d'introduire l'influence morale de la Royauté dans les grands fiefs. Ainsi, dans le duché de Pendrovac, relativement puissant et indépendant, il confirme les possessions et les privilèges de l'évêque de Pendrovac en 1021 au détriment du duc et il fera de même l'année suivante pour l'évêque de Detruskia. Enrick II doit beaucoup à l'Eglise mais lui donne beaucoup aussi. Il la défend contre les brigands féodaux de la grande et petite féodalité, il intègre des clercs à son gouvernement. Ses conseillers politiques et ses ambassadeurs sont des abbés issus de Mistohir ou des évêques. C'est en somme un soldat qui chevauche au milieu de clercs et de moines, il prodigue terres et privilèges aux évêchés, aux chapitres et aux abbayes. Il patronne le mouvement de régénération monastique qui se produisait alors dans toute l'Eurysie chrétienne.
A la fin de son règne, qui s'achève à sa mort en 1051, le prestige de la royauté estalienne remonte et cela se voit grâce à deux évènements. La première, c'est l'alliance entre l'Empire Ilageois et le Royaume d'Estalie contre le duché de Kartalie. Si la guerre contre la Kartalie fut globalement un échec, l'armée estalienne ayant été écrasée dans les montagnes de Kartalia et les Ilageois vaincus à leur tour en rase campagne, l'alliance démontre l'importance de la monarchie estalienne aux yeux des souverains étrangers. Ainsi, en 1051, lorsque meurt Enrick II, une nouvelle période s'ouvre pour la monarchie estalienne : une période de montée en puissance et de remise en question progressive mais réelle du système féodal autant par les rois eux-mêmes que par les contestations populaires qui vont se faire plus pressantes à partir de la seconde moitié du XIe siècle.
Légende :
Limites jaunes : limites du Royaume d'Estalie.
En bleu : le domaine royal.
En vert : les duchés (vassaux puissants).
En beige : les comtes, baillis et autres seigneurs féodaux.
En rouge : duché de Kartalia.
En violet : les comtés de la Haute-Kartalie.